Les Austeneries – la suite!

Voici donc la deuxième partie de ma série « Jane Austen ». Ici, je parle des dérivés Austeneniens, la littérature para-austenienne… bref, les Austeneries, comme on dit ici.

Livres mentionnés – Le club Jane Austen – Karen Joy Fowler – Austenland – Shannon Hale – Confessions d’une fan de Jane Austen – Laurie Viera Rigler – Tribulations d’une fan de Jane Austen – Laurie Viera Rigler – Jane Austen et moi (Lost in Austen) – Emma Campbell Webster – This pen for hire – Laura Levine – Trilogie de Pamela Aidan – Une telle assemblée – The confessions of Fitzwilliam Darcy – Mary Street – Le journal de Mr. Darcy/Wentworth/Knightley – Amanda Grange – Emma and Knightley – Rachel Billington – Old friends and new fancies – Sybil Brinton – The Darcys and the Bingleys – Marsha Altman – Impulse and Initiative – Abigail Reynolds (et le reste de sa bibliographie) – Le journal de Bridget Jones – Helen Fielding – Fitzwilliam Darcy, Rock Star – Heather Lynn Rigaud – Pride, prejudice and Jasmin Field – Melissa Nathan – Lions and Liquorice – Kate Fenton – L’amour est de foin/La rencontre idéale (ou presque) – Angela Morelli – Me and Mr Darcy – Alexandra Potter – Persuading Annie – Melissa Nathan – Jane Austen in Scarsdale – Paula Marantz Cohen – Miss Austen – Gil Hornby – Writing Jane Austen – Elizabeth Aston – The lost memoirs of Jane Austen – Syrie James – Longbourn – Jo Baker – La mort s’invite à Pemberley – PD James – The stars we steal – Alexa Donne – Persuade me – Juliet Archer

Kaikeyi – Vaishnavi Patel

C’est totalement un cas de « j’ai choisi le livre pour la couverture ». En fait, j’ai choisi le livre pour sa couverture dans les favoris d’une booktubeuse que je suis. Call me futile!

Mon avis

Voici donc une réécriture féministe du Ramanaya, poème épique presque sacré pour certains hindous. L’épopée mythologique originale – que je ne prétendrai pas bien connaître dans ses multiples versions – raconte entre autres l’histoire du prince Rama, septième réincarnation de Vishnou, qui sera écarté du trône de son père. Et qui est Kaikeyi dans tout ça? L’une des trois femmes de son père, la vilaine de l’histoire, la responsable de l’exil de Rama. Ici, on nous raconte son histoire.

Mon avis

Ce n’est pas un secret, j’aime les réécritures, surtout celles qui s’éloignent des habituelles réécritures de Disney (qui sont eux-mêmes des réécritures… bref, vous comprenez). Ici, l’autrice choisit de combler les vides. On en sait assez peu sur Kaikeyi (du moins dans la version que j’ai lue) et on lui invente ici une histoire, une vie, un passé, des motivations. Je dirais que c’est une réécriture de type « what if »… Et si Kaikeyi n’était pas juste une méchante dans l’histoire?

Kaikeyi est une femme qui a été élevée dans un monde d’hommes. Un monde où les femmes ne comptent pas, où elles sont quantité négligeable, un vrai patriarcat. Et Kaikeyi veut faire quelque chose pour que ça change. Quitte à tirer des ficelles. Et elle en a la capacité. Vraiment. J’ai apprécié les côtés sombres de de l’héroïne, ses petites manipulations pour atteindre son objectif. Dans sa tête, elle n’a pas le choix. Pas d’autre moyen. La fin justifie-t-elle les moyens?

Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde dans ce roman. J’ai apprécié apprendre à connaître Kaikeyi petit à petit, j’ai aimé reconnaître les personnages du mythe et voir comment ils étaient interprétés par l’autrice. Tout ce roman, c’est ça. Pourquoi Kaikeyi a-t-elle agi comme elle l’a fait? Et si elle avait une raison?

Bref, c’est une histoire féministe, une histoire de femmes. Une histoire de maternité aussi et d’amitié entre femmes. C’est cette dernière partie que j’ai davantage apprécié. Les relations entre les femmes, leur manière de se soutenir de faire ressortir le meilleur des autres femmes. Peut-être le gris s’efface-t-il un peu à la fin, mais j’ai aimé les côtés doux-amers ainsi que la finale… même si on savait clairement où ça s’en allait. J’aurais peut-être préféré que Kaikeyi ait davantage de zones d’ombre, mais pour moi, ça a clairement fonctionné!

Les vies de papier – Rabih Alameddine

J’ai ce livre « à lire » depuis des années. On me le conseille sans cesse quand on parle de « livres qui parlent de livres » mais allez donc comprendre pourquoi, je l’ai confondu avec « Les maisons de papier »… et j’étais certaine de l’avoir lu. Ce qui, visiblement, n’étais pas le cas. C’est corrigé maintenant!

De quoi ça parle

Nous sommes à Beyrouth, au 21e siècle. Aaliya a 72 ans et en a vu d’autres. La guerre a rythmé les années, elle n’a jamais beaucoup aimé les gens, mais sa vie est nourrie par les livres et l’art.

Mon avis

Comme vous avez pu le constater dans ma tentative de description, ce n’est pas un roman qui se laisse facilement expliquer. Pour apprécier, il faut aimer les livres qui parlent de livres, les citations-qui-nous-font-fouiller (et réfléchir) et surtout, accepter d’errer avec Aaliya au fil de ses souvenirs et des rues de Beyrouth, présentes et passées. Ça peut sembler fouillis. J’ai trouvé ça splendide. Exigeant, mais magnifique.

D’abord, il faut préciser que l’auteur est un homme. Pourtant, Aaliya existe vraiment. Alameddine réussit de façon assez fascinante à se glisser dans sa peau d’une femme libanaise, avec tout ce que ça implique d’injustices et de soucis quotidiens. C’est que dans ce roman, Aaliya ne « fait » pas, elle « est ». Elle est une femme qui a son passé, ses traumas, ses incertitudes et sa façon d’appréhender le monde, soit à travers les livres et l’art. Femme répudiée par un mari impuissant, issue d’une famille traditionnaliste pour laquelle les filles, ça ne vaut pas grand chose. Elle a été libraire toute sa vie et depuis toujours, le premier janvier, elle traduit un roman en arabe. Mais pas n’importe lequel : un roman écrit originalement dans une autre langue que l’anglais ou le français… les seules autres langues qu’elle comprend. Donc, une traduction de traduction. Elle interprète le monde à travers les livres, dans lesquels elle s’est créé une petite bulle hors de l’espace et du temps, peut-être pour oublier qu’au fond, elle n’aime pas tant que ça ce qu’elle est?

Ce roman est truffé de magnifiques citations et nous amènent à réfléchir. Parfois, c’est presque confrontant tellement ça tape juste. Aaliya tente de se barricader dans ce monde de papier, qui devient plus réel que la vie, mais des événements qui peuvent sembler insignifiant vont venir secouer ses fondations et laisser pénétrer le réel dans son petit univers. C’est un roman qui parle des femmes, de la guerre, de la filiation, du vieillissement et de la traduction, le tout au rythme de pensées et des souvenirs d’Aaliya qui ressurgissent au fil des pages.

Un ode à la littérature, certes, mais aussi une réflexion sur la place qu’elle peut prendre dans une vie sans prendre toute la place. Est-ce que ça suffit vraiment? A-t-on tout de même une place dans le monde? J’en ressors avec une loooongue liste de romans et ouvrages que je veux lire. C’est pas gagné hein!

Jane Austen July – Les romans d’Austen et ses dérivés

Jane Austen et la blogo, c’est une longue histoire d’amour. Voici donc la première partie de ma contribution et une vidéo où vous vous parle de mes lectures des romans d’Austen!

Une cosmologie de monstres – Shaun Hamill

Non mais vous avez vu cette couverture? Quelle beauté! Avez-vous besoin d’en savoir davantage sur la raison pour laquelle j’ai lu ce roman? Oui? Alors, un mot. Cthulhu. Voilà. Vous savez tout.

De quoi ça parle

Bienvenue à Vandergriff, Texas, où habite la famille Turner, dont l’histoire sera racontée sur plusieurs années par Noah, le plus jeune fils. Cette famille frappée par la malchance verra plusieurs de ses membres disparaître mystérieusement, alors qu’ils opéraient une maison de l’horreur et que Noah, se sentant seul, devient ami avec une mystérieuse créature.

Mon avis

J’ai grandi avec Lovecraft. Avant de savoir lire entre les lignes et de comprendre de quoi parlait vraiment ses histoires. Du coup, tout ce qui implique des références Lovecraftiennes, ça me parle. Et ici, nous sommes clairement dans un univers effrayant, vu au départ à travers les yeux d’un enfant qui n’en voit que certains aspects.

Noah nous raconte donc sa famille, en commençant par la rencontre de ses parents en passant par la vie de ses soeurs Sydney, actrice dans l’âme, et Eunice qui ne s’accepte pas telle qu’elle est et qui tente de remplacer les figures parentales absentes ou évanescentes. Entre la maison hantée dans la cour et son père qui perd peu à peu le contrôle Noah grandit avec les visites de celui qu’il appelle « Mon ami », monstre qui le visite la nuit et qui lui apprend à voler.

Voici donc une histoire que j’ai beaucoup aimé, surtout pendant la première partie où l’auteur trace un portrait fin d’une famille à travers le temps, alors qu’autour d’eux, des gens disparaissent. La relation entre Noah et son « ami » questionnent. Existe-t-il vraiment? Réalité ou fruit d’une imagination esseulée ou malade? Pendant un long moment, j’ai choisi de me laisser porter par l’histoire, sans trop me poser de questions. C’est souvent mélancolique, tout en gardant un petit côté inquiétant car, du coin de l’oeil, des ombres planent. J’ai beaucoup aimé cet aspect et comme je suis une nostalgique dans l’âme, je suis toujours contente de lire des personnages adultes qui posent un regard parfois tendre sur leurs années d’enfant.

La plume m’a énormément plu, certaines citations nous transportent ailleurs et j’ai beaucoup aimé l’atmosphère troublante et poisseuse de cette petite ville bien ancrée dans son époque, où les monstres ne sont pas toujours ceux que l’on croit… quoique…

Si j’ai moins apprécié certains aspects de l’histoire (notamment certains aspects de l’histoire à partir de l’adolescence de Noah… il me semble que ce n’était pas nécessaire), j’ai aimé que l’auteur nous emmène « jusque là ». C’est souvent poétique, rempli de personnages plein de failles, d’éléments sombres et dérangeants. C’est qu’il en arrive, des choses terribles, dans cette histoire. Bref, une fois dedans, je ne pouvais plus le lâcher… et j’ai réellement beaucoup aimé.

Un très bon moment de lecture.

Cemetary Boys – Aiden Thomas

Oui, je sais. Lire un roman se passant à l’approche du Dia de Muertos en mai, c’est étrange. Mais qui a dit que j’étais logique?

De quoi ça parle

Dans une communauté latinx de Los Angeles, Yadriel est l’héritier d’une lignée de brujos et de brujas ayant des pouvoirs qui leurs sont propres en lien avec le passage des morts et la guérison. Sauf que dans cette communauté patriarcale et portée sur les traditions, Yadriel est trans. Il veut être un brujo et est prêt à tout pour le prouver et être accepté pour ce qu’il est. Pour le prouver, il va tenter de ramener son cousin, récemment décédé… et ramener plutôt un tout nouveau fantôme qui semble bien décider à rester avec lui.

Mon avis

Entendons-nous, je savais que j’embarquais dans un roman YA. Et pourquoi, POURQUOI, ne suis-je pas capable de laisser derrière moi mes attentes d’adulte quand je lis des romans jeunes adulte? Je suis parfaitement capable en Middle grade ou en jeunesse. Mais on dirait qu’en fantasy YA, j’aurais tellement envie « d’autre chose » dans cet univers que je deviens frustrée. Et c’est un peu ce qui est arrivé ici.

J’ai vraiment aimé le contexte : nous sommes dans une communauté vénérant Notre-Dame de la mort à quelques jours du Dia de muertos. Toute cette partie m’a beaucoup plu : culture, traditions, mythes… c’est certes un peu « exposé » mais j’ai tout de suite été plongée dans l’atmosphère. Entre les préparatifs de fête, les bribes d’espagnol et le cimetière… j’y étais. J’ai aussi apprécié la représentation (quoi que je ne sois absolument pas concernée) et l’exposition des réalités des jeunes trans. D’après ce que j’ai lu, plusieurs personnes se sont senties représentées dans cette histoire et on ne peut qu’applaudir. Est-ce que je pense qu’on aurait pu aller encore plus loin dans le concept? Certes. Mais l’expérience de Yadriel sentait le vécu et on ressent l’anxiété et les craines de Yadriel, on réalise à point ça prend toute la place pour lui. De plus, Julian, fantôme hyperactif qui ne veut pas quitter ce monde, m’a beaucoup fait rire avec son impulsivité et son incapacité à cesser de bouger.

C’est une histoire qui permet un regard nouveau sur certaines réalités. Toutefois, l’écriture est très simple (la répétition des prénoms m’a agacée) et les choses sont dites, pas montrées. Et c’est dommage car au départ, je croyais que la plume allait me plaire. Mais quand on tombe dans l’action, le tout devient essentiellement une expositions d’actions les unes à la suite des autres. J’ai senti que toute l’intrigue avec la mort du cousin (dont le personnage principal semble assez peu attristé) n’est qu’un prétexte pour parler de l’intrigue amoureuse et de l’évolution de Yadriel… qui est parfois très égocentré. Ceci dit, étant donné ce où il en est dans son cheminement, c’est un peu normal. Si j’ai beaucoup aimé l’intérêt amoureux (il me fait rire), c’est très insta-love (l’histoire se déroule en quoi… 3 jours), il y a tout de même un peu beaucoup de regards enamourés au détriment, comme je le mentionnais précédemment, de l’arc narratif qui, je le croyais, allait être le principal. Et on a quand même une fin un peu… facile. J’aurais préféré aure chose.

Une bonne lecture, qui m’a donné le goût de lire davantage de fantasy/fantastique avec du folkore de l’Amérique centrale et du Mexique. C’est divertissant, on passe un bon moment, mais je ne suis pas aussi enthousiaste que la plupart.

Mid Year Book Freak out Book Tag

0:00 – Intro 1:17 – Quelques stats (mais pas trop!) 3:13 – Livres préférés 6:13– Meilleure suite de série 7:41 – Nouveauté que j’ai très envie de lire 9:10 – Sortie la plus attendue 9:48 – Plus grande déception 11:13 – Meilleure surprise 11:55 – Nouveaux auteurs chouchous 13:03 – Nouveau fictional crush 13:28 – Nouveau personnage préféré (et le pire en prime) 15:41 – Livre qui m’a fait pleurer 16:28 – Livre qui m’a rendue heureuse 17:06 – Plus beau livre acheté 17:45 – Livres que je veux lire d’ici la fin de l’année 18:20 – Meilleure adaptation / préférée 

Livres cités – Promenade au phare – Virginia Woolf – Martin Eden – Jack London – Le démon de la colline au loup – Dimitri Rouchon-Borie – Dolorès Claiborne – Stephen King – Les éclats – Bret Easton Ellis – L’Assassin Royal – Robin Hobb – Les chroniques de San Francisco – Armistead Maupin – Fantasy et Moyen Âge – ActuSf – Nevermoor – 4 – Jessica Townsend – La reine de rien – Geneviève Pettersen – No-no-yuri – Aki Shimazaki – Finley Donovan is killing it – Elle Cosimano – The yellow wallpaper – Charlotte Perkins Gilman – Kindred – Octavia E. Butler – Betty – Tifanny McDaniel – Les marins ne savent pas nager – Dominique Scali – Emily Wilde’s encyclopedia of Faeries – Heather Fawcett – Les vies de papier – Rabih Alameddine – We ride upon sticks – Quan Barry – Le seigneur des anneaux – Tolkien – Où vivaient les gens heureux – Joyce Maynard

Le livre des soeurs – Amélie Nothomb

Avec moi, Amélie, c’est ça passe ou ça casse. Je ne la lis pas systématiquement chaque année mais allez donc savoir pourquoi cette fois-ci, j’ai été tentée par son nouvel opus. Je l’ai donc écouté en me dirigeant vers Québec pour aller au salon du livre.

De quoi ça parle

Tristane est née du couple fusionnel que forment Florent et Nora. Trop fusionnel. La « petite fille terne » verra sa vie changer quand arrivera Laëtitia, une petite soeur, à qui elle décide de lui offrir l’amour et l’attention que leurs parents sont trop occupés pour leur donner.

Mon avis

Voici donc un Nothomb très Nothombien. Une famille dysfonctionnelle, un roman-conte, des situations dérangeantes et des prénoms qui ne s’inventent pas (Tristane et Laëtitia, sans compter Bobette). Ici, nous rencontrons Tristane, qui a appris rapidement à ne pas déranger. Ses parents sont trop occupés à s’aimer pour avoir de la place pour une enfant. Une enfant terne en plus. C’est une fillette vive, intelligente, qui va s’épanouir quand ses parents décident finalement de lui « faire une soeur ». Ben quoi, il faut bien lui trouver un jouet.

Ce roman est un ode à l’amour sororal et la relation entre les deux filles est lumineuse. Un lien tangible s’établit entre les deux et même si certaines situations sont complètement improbables, les voir évoluer ensemble est presque magique. Ça parle des mots, de leur pouvoir, ça parle de musique, celle qui tire vers le haut, ça parle d’amour, de désamour aussi. Là où Tristane est terne, Laëtitia est pétillante et vivante. Résultat de l’amour reçu?

J’ai beaucoup aimé la lecture de ce court roman. J’ai un souvenir vif de la première partie mais comme je suis paresseuse et que j’écris ce billet 3 semaines après la lecture, j’ai dû relire toute la deuxième pour pouvoir écrire ce billet. Oups?

Bref, j’aime toujours la plume d’Amélie, sa façon de tout transformer en conte… un opus réussi! Même si j’en avais oublié une bonne partie!

Feuilles volantes – Alexandre Clérisse

J’ai lu ce graphique en raison du prix des libraires du Québec. En fait, si je l’avais croisé en librairie, je l’aurais certainement lu car je super fan du graphisme. Et cette impression s’est confirmée avec la lecture.

De quoi ça parle

Trois époques, trois personnages ayant un point commun : raconter des histoires avec des images.

Mon avis

Quelle drôle de bande dessinée! Entendons-nous, j’ai eu une très agréable surprise avec cet album et je suis carrément tombée en amour avec le graphisme. Tout m’a plu dans le visuel: les couleurs , la mise en page originale, les dessins intriqués et la perspective parfois très « basic », qui rappelle presque les enluminures. Quand je tombe en pâmoison avec certaines pages et que je me mets à les contempler, c’est clairement bon signe.

Quant à l’histoire, ça parle de création et des défis que ça peut représenter selon les époques. On se promène d’une ligne du temps à l’autre, d’un univers à l’autre et les histoires s’entremêlent au point de nous amener à se poser la question : quelle est l’histoire, et quelle est l’histoire dans l’histoire. J’ai beaucoup aimé le fait que les quelques incohérences – notamment au Moyen Âge – soient notées par d’autres personnages (ouais, c’est qu’il y a l’histoire dans l’histoire dans l’histoire… ) ainsi que les clins d’oeil d’un récit à l’autre (fou rire à l’idée de la fosse sceptique).

Bref, créer, peu importe l’époque, comporte des écueils. Une BD qui transcende les genres (entre le coming of age, la SF et l’historique), une histoire somme toute universelle et un graphisme qui m’a totalement séduite!

C’était ma BD de la semaine! Tous les billets chez Noukette cette semaine

Les abeilles grises – Andrei Kourkov

Croyez-le ou non, j’avais dit que je vloguerais une semaine de lecture où je lirais les gagnants du prix des libraires du Québec 2023. Je les ai lus. Je n’ai pas nécessairement vlogué par contre. Juste un tout petit peu. Ceci dit, ce roman a gagné le prix fiction hors-Québec et c’est pour cette raison que je l’ai lu.

De quoi ça parle

Nous sommes dans le Dombass, vers 2017. Sergeï Sergeïtch habite en zone grise, zone désertée entre les deux armées. De son ancien village, il ne reste que deux hommes, lui et son ami-ennemi Pachka. Sa plus grande richesse sont ses abeilles et c’est pour leur permettre de butiner loin des explosions qu’il va finir par quitter son village pour passer l’été ailleurs.

Mon avis

Nous avons ici un roman assez étrange, qui nous fait voir la guerre à hauteur d’homme. Au Dombass, le conflit dure depuis 3 ans déjà et les deux seuls habitants du village – qui ne pouvaient pas se sentir en temps de paix – tentent de se tenir compagnie bon gré mal gré, afin de tromper la solitude et de préserver un semblant de vie sociale alors que tout est triste et vide. D’un côté les séparatistes russes, de l’autre, les Ukrainiens. Sergeïtch, lui, est apolitique mais clairement, il préférerait habiter rue Chevtchenko que rue Lénine. Je dis ça, je dis rien.

Ici, très peu d’action. Des dialogues parfois surréalistes entre deux hommes qui attendent la fin de la guerre comme on attend Godot. Entre tirs d’obus et morts dont ne sait déterminer le camp, ils font leur gros possible sans électricité, sans personne, avec parfois de la vodka, du miel et, pour notre protagoniste, des abeilles. Ses ruches sont le centre de sa vie, le modèle à suivre. Leur modèle de collaboration en aurait beaucoup à apprendre aux hommes, selon lui. Le récit est rythmé de moments du quotidien, quand les scènes de guerre sont devenues la norme. Étonnament, ça a été ma partie préférée malgré sa monotonie et sa grisaille.

Quand Sergeïtch prend la route, ses ruches sur sa remorque, on ressent davantage l’amour de la nature de la poésie qui s’en dégage. Notre protagoniste ne souhaite qu’une vie simple, en accord avec celle-ci mais il se retrouve étranger partout, autant en Ukraine qu’en Crimée (annexée par la Russie en 2014). Partout, on lui demande ce qu’il peut bien faire là, on suppose sur ses origines, ses allégeances, et il réussira à la fois à se faire apprécier et à rendre les gens méfiants juste en étant lui, un homme qui arrive de la zone grise avec ses abeilles. La menace est partout, on sent la présence russe juste au-dessus de son épaule. Bref, un portrait fugace de la vie à cet endroit précis, entre les Ukrainiens, les Russes, les séparatistes et les Tatars de Crimée, discriminée de tous et chacun.

Si j’ai beaucoup aimé la langue et l’état de situtation, j’ai tout de même ressenti quelques moments d’ennui et d’incompréhension face au comportement de Sergeïtch. Et je vais demander de l’aide : je sens qu’il y a une image forte avec la finale. J’ai des idées. Mais je ne suis vraiment pas certaine d’avoir bien compris la signification de cette fin. Sans doute est-ce moi qui n’est pas à la hauteur du roman… mais je n’aime pas tant me sentir comme ça! Please explain!