Les vies de papier – Rabih Alameddine

J’ai ce livre « à lire » depuis des années. On me le conseille sans cesse quand on parle de « livres qui parlent de livres » mais allez donc comprendre pourquoi, je l’ai confondu avec « Les maisons de papier »… et j’étais certaine de l’avoir lu. Ce qui, visiblement, n’étais pas le cas. C’est corrigé maintenant!

De quoi ça parle

Nous sommes à Beyrouth, au 21e siècle. Aaliya a 72 ans et en a vu d’autres. La guerre a rythmé les années, elle n’a jamais beaucoup aimé les gens, mais sa vie est nourrie par les livres et l’art.

Mon avis

Comme vous avez pu le constater dans ma tentative de description, ce n’est pas un roman qui se laisse facilement expliquer. Pour apprécier, il faut aimer les livres qui parlent de livres, les citations-qui-nous-font-fouiller (et réfléchir) et surtout, accepter d’errer avec Aaliya au fil de ses souvenirs et des rues de Beyrouth, présentes et passées. Ça peut sembler fouillis. J’ai trouvé ça splendide. Exigeant, mais magnifique.

D’abord, il faut préciser que l’auteur est un homme. Pourtant, Aaliya existe vraiment. Alameddine réussit de façon assez fascinante à se glisser dans sa peau d’une femme libanaise, avec tout ce que ça implique d’injustices et de soucis quotidiens. C’est que dans ce roman, Aaliya ne « fait » pas, elle « est ». Elle est une femme qui a son passé, ses traumas, ses incertitudes et sa façon d’appréhender le monde, soit à travers les livres et l’art. Femme répudiée par un mari impuissant, issue d’une famille traditionnaliste pour laquelle les filles, ça ne vaut pas grand chose. Elle a été libraire toute sa vie et depuis toujours, le premier janvier, elle traduit un roman en arabe. Mais pas n’importe lequel : un roman écrit originalement dans une autre langue que l’anglais ou le français… les seules autres langues qu’elle comprend. Donc, une traduction de traduction. Elle interprète le monde à travers les livres, dans lesquels elle s’est créé une petite bulle hors de l’espace et du temps, peut-être pour oublier qu’au fond, elle n’aime pas tant que ça ce qu’elle est?

Ce roman est truffé de magnifiques citations et nous amènent à réfléchir. Parfois, c’est presque confrontant tellement ça tape juste. Aaliya tente de se barricader dans ce monde de papier, qui devient plus réel que la vie, mais des événements qui peuvent sembler insignifiant vont venir secouer ses fondations et laisser pénétrer le réel dans son petit univers. C’est un roman qui parle des femmes, de la guerre, de la filiation, du vieillissement et de la traduction, le tout au rythme de pensées et des souvenirs d’Aaliya qui ressurgissent au fil des pages.

Un ode à la littérature, certes, mais aussi une réflexion sur la place qu’elle peut prendre dans une vie sans prendre toute la place. Est-ce que ça suffit vraiment? A-t-on tout de même une place dans le monde? J’en ressors avec une loooongue liste de romans et ouvrages que je veux lire. C’est pas gagné hein!

18 Commentaires

Passer au formulaire de commentaire

  1. Je l’ai lu quand il est sorti et j’avais beaucoup aimé.

    1. On l’avait vu partout à l’époque. Mais va savoir pourquoi, ce n’est que maintenant que je me décide!

  2. Je suis sûre que j’aimerais aussi .

    1. J’ai vraiment aimé. Je ne comprends pas pourquoi je ne l’ai pas lu avant.

  3. Une merveille ☺️

    1. Tu avais raison, I know!

  4. Oh ça a l’air tout à fait dans mes cordes, c’est noté!

    1. J’espère que ça va te plaire autant qu’à moi.

  5. De trop nombreuses citations m’avaient empêché de prendre plaisir à cette histoire.

    1. Ah moi j’adore les citations. Je suis limite frétillante à chaque fois.

  6. J’avais bien aimé mais je me souviens de m’être dit de ne pas lire le livre comme un roman, plutôt à picorer de temps en temps…

    1. Picorer… je ne sais pas si j’aurais autant aimé de cette manière. Mais tant que chacun trouve son compte dans sa façon de lire.

  7. Le genre de livres qui pourrait me plaire, merci pour la découverte.

    1. Tu me diras!

  8. Je n’avais pas réussi à terminer ce roman, malgré ses qualités, je l’avais trouvé trop décousu, « fouillis » , justement.

    1. Oh, tu me vois déçue. J’ai tellement aimé.

  9. Je ne peux que le noter

    1. Ouiiiiii!!

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.