La petite bonne – Béatrice Pichat

J’avais repéré cet ouvrage dans mes recherches sur la rentrée littéraire. Le pitch m’avait interpellée. Et quelle bonne lecture ça a été.

De quoi ça parle

Elle travaille chez les Daniel. Elle est la boniche. Puis un jour, Madame part trois jours et la laisse en compagnie de Monsieur, ancien pianiste prodige maintenant prisonnier d’un corps qui est devenu inutile, suite à la bataille de la Somme. Et il va lui proposer quelque chose de surprenant. Et si elle acceptait?

Mon avis

Je ne m’attendais à rien de ce roman en vers libres, avec cette héroïne sans réelle identité à part celle d’être au service des autres. Nous sommes après la guerre et notre petite bonne doit laver les carrelages, soulever des paniers trop lourds de ses mains gercées par le froid. C’est son travail. Et ses patrons , chez qui elle défile, sont les gens qu’elle côtoie pratiquement le plus.

Monsieur Daniel, Blaise, ne lui parle jamais. C’est sa femme qui traduit ce qu’il dit, lui, miracle de la médecine moderne, devenu lourdement handicapé. Une gueule cassée. Alexandrine, sa femme, s’en occupe du mieux qu’elle peut, partagée entre amour, abnégation et ressentiment.

J’ai beaucoup aimé l’alternance des points de vue, l’ambiance un peu hors du temps et irréelle qui est créée. On assiste à des bribes d’interactions, des flashes de vie. Trois personnes qui s’entrecroisent en tentant de se rencontrer malgré les réticences de Blaise qui n’a pas l’intention de se laisser approcher si facilement. Lui, il juge, évalue. Et la petite bonne va le surprendre malgré lui. C’est à travers la musique qu’ils vont communiquer, même si Blaise, lui, a bien l’intention de ne pas continuer comme ça longtemps. J’ai beaucoup aimé le choc de leurs sensibilités, les questions qu’ils se posent et leurs façons différentes de se comprendre. Un peu. Quant à Alexandrine, Madame, même si elle est plus froide et vieux jeu, ses réactions sonnnent vrai. Elle tente de faire « la bonne chose » sans toutefois y parvenir. J’ai été touchée par tous ces personnages.

Bref, un très très bon moment de lecture.

Madelaine avant l’aube – Sandrine Collette

Je n’étais pas tentée au départ par ce récit de terroir. On dirait que j’ai besoin d’un incitatif pour prendre ce type de roman. Et puis il a été nominé pour un pris… et je l’ai lu et j’ai bien fait.

De quoi ça parle

Nous sommes dans un tout petit hameau appelé Les Montées. Nous sommes un peu hors du temps, mais entre paysans et propriétaire, il y a un gouffre. Aux Montées, il y a les trop belles jumelles Aelis et Ambre et, plus bas, la vielle Rose, qui a recueilli Bran, le narrateur de la première partie du roman.
La vie y est cruelle, répétitive, on se bat pour manger, pour survivre.

Et un jour arrive Madelaine, fillette sauvage qui va s’attacher à Bran et qui sera adoptée par l’une des jumelles qui n’a pas pu avoir d’enfants. Et elle va tout bouleverser

Mon avis

Entendons-nous, nous sommes dans un récit lent, plongé dans la vie au quotidien de paysans, vie dure, profondément injuste, au rythme des saisons, des pluies et des gelées, le tout sous la coupe du maîtrequi se fiche bien de tout leur prendre et surtout de son fils, dont les femmes doivent se cacher. Sinon, il prend tout ce qu’elles ont à offrir. En fait, il prend même ce qu’elles n’offrent pas. Et personne de dit rien. Ça ne donnerait rien de toute façon.

Bran, adopté par la vielle Rose qui connaît les herbes. Un peu sorcière, elle va attraper Madelaine, enfant sauvage, rebelle, moins formatée que le reste des habitants. Elle va profondément bouleverser ceux qui la côtoient, probablement parce qu’elle leur renvoie une image d’eux-mêmes qu’ils ne veulent pas voir. Nous allons suivre un petit groupe d’enfants, fils des jumelles, qui tentent de faire leur place dans ce monde hostile. Ils n’ont pas tous les mêmes ambitions, mais peu importe, la suite ne sera pas simple. C’est profondément révoltant, parfois horrible, d’une violence inouie. Les personnages sont travaillés, ils évoluent vraiment et c’est surtout magnifiquement écrit.

Et je pense que la plume est ce qui m’a fait m’accrocher malgré la lenteur du récit et le côté répétitif qui pourra déplaire à certains. Toutefois, la nature omniprésente, presque un personnage en soi, m’a accrochée et les escapades de Madelaine et des enfants pour tenter de trouver nourriture, herbes et plantes sont presque cinématographiques. Et, surtout, à un moment, j’ai été surprise. Vraiment. Je n’avais rien vu. Même si j’aurais dû. Juste pour ça, ça a donné une demi étoile supplémentaire.

Récit dur, troublant, qui pose la question de la soumission. Que peut-on faire quand le système est bien huilé, quand chacun a le contrôle sur ceux du dessous? Pourquoi accepter l’inacceptable? Peur que ce soit pire si on ose bouleverser les choses? Madelaine remet le tout en question, avec son regard de petite fille rebelle, qui voit encore les petits moments de bonheur et la beauté de la famille choisie.

Une bonne lecture.

Les sentiers de neige – Kev Lambert

J’ai toujours hâte de lire les romans de Kev Lambert car non seulement il s’agit pour moi des plumes les plus marquantes de sa génération, mais on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Ici, nous avons d’une histoire d’enfance sur fond de réveillon de Noël et de partys de famille. Parfait pour lire au début des vacances de Noël.

De quoi ça parle

2004. Zoey, 8 ans, va vivre son premier Noël depuis la séparation de ses parents. Il ne se sent pas bien dans sa peau, voudrait jouer avec des jouets dits « de fille » et n’est pas toujours bien traité à l’école. Pour Noël, il va dans la famille de son père au Lac-St-Jean où il ne se sent pas à sa place mais aussi où il y a sa cousine préférée, Emie-Anne, celle qui ose tout. Tous les deux vont partir dans un monde imaginaire où il devront sauver un mystérieux personnage masqué

Mon avis

Il y a toujours quelque chose dans la plume de Kev Lambert qui vient me chercher. Ici, nous nous éloignons du style plus formel de « Que notre joie demeure » mais c’est toujours aussi bien fait. Défitivement, il sait écrire. Je suis prête à lire n’importe quoi de cet auteur. Ici, nous sommes dans un conte un peu surnaturel, qui fait parfois pense à Ça de King par sa façon de parler des traumatismes de l’enfance, avec un brin de Zelda et des références à toutes ces portes secrètes qu’on ne trouve jamais. Sauf qu’ici, les deux enfants vont la trouver.

Pour apprécier, il ne faut pas avoir peur du côté « conte » et des métaphores qui vont avec. Pour ma part, j’adore les voix d’enfants, surtout quand elles sont dérangeantes. Emie-Anne l’est presque autant qu’une certaine Bérénice de l’oeuvre de Réjean Ducharme (vacherie de vacherie). Elle est née dans un autre pays et se sent étrangère malgré tous les efforts de sa mère pour éviter que ça se produise. Mère qu’elle méprise ouvertement. Pour Zoey, Emie-Anne est fabuleuse, extravertie alors qu’il préfère rentrer dans coquille. Et lors de cette soirée de Noël, ils vont se trouver et partir pour de grandes aventures.

Nous avons donc une réflexion sur l’identité, sur les secrets refoulés ainsi que sur la crainte du passage à l’âge adulte, qui bien qu’inévitable, leur fait terriblement peur. Surtout ne pas être comme eux, ces adultes qui portent toujours un masque, masque qui tombe parfois après 3-4 bières. Et ce n’est pas toujours beau. La famille de Zoey a un gros accent du lac, s’ils trouvent quelque chose mauvais, c’est « gai » et tout le monde est bien ancré dans les valeurs dites « traditionnelles ». La fête est vue à hauteur d’enfant, avec toutes les incohérences que ça soulève. C’est à la fois touchant et drôle.

Si nous voyons certes le côté des enfants, Lambert nous entraîne parfois dans la tête des adultes, ceux qui font de leur mieux, ceux qui souffrent aussi et ceux qui sont juste trop centrés sur eux-mêmes. Ceci apporte nuance et profondeur au récit centré sur le mal-être des enfants, souvent difficile à comprendre. Bref, une réussite quand on adhère au côté fantastique et qu’on accepte de ne pas tout comprendre.

La ballade du Serpent et de l’oiseau chanteur – Suzanne Collins

Quand ce roman est sorti, on m’avait dit de passer mon chemin, qu’il était moins bien que la trilogie d’origine. Puis, 4 ans après, on m’a dit le contraire. Je l’ai donc lu. Et j’ai bien fait.

De quoi ça parle

Nous sommes 64 ans avant la trilogie originale et les Hunger Games en sont à leur 10e éditions. Le Capitole a décidé d’impliquer les élèves dans les Jeux en les nommant mentors. Coriolanus Snow, issu d’une noble famille désargentée, est du nombre. Il sera donc jumelé à Lucy Gray, la fille du district 12, sur laquelle personne n’aurait parié. Bienvenue dans l’histoire d’un grand méchant!

Mon avis

J’aime beaucoup les « villain origin story ». J’aurais dû savoir que je passerais un très bon moment, surtout que The Hunger Games fait partie de mes dystopies préférées. Nous passerons quelques mois avec Coriolanus Snow, ceux qui seront déterminants dans son parcours. De quoi est fait un vilain? De son passé? De ses choix? De lui-même? Ici, Suzanne Collins ne se contente pas de nous dire « il a eu une dure vie donc maintenant, il tue des gens ». Nous avons droit à une vraie évolution en terrain fertile. Si nous rencontrons un jeune homme crédule, qui tente de faire la bonne chose au début du roman, il est loin d’être un humain parfait. Arrogant, persuadé de sa propre importance, il souhaite récupérer l’honneur perdu de sa famille, il veut briller, avoir le pouvoir. Dès le départ. Toutefois, dans les jeux, il agit certes pour lui-même mais n’est pas non plus un être méprisable. Pas vraiment, il y a pire que lui. C’est petit à petit qu’il va faire des choix, qu’il va déterminer lesquelles des personnes influentes de sa vie il va croire.

Et c’est ce que j’ai vraiment apprécié. Certes, la spirale le prend assez rapidement, mais c’est une modification profonde de sa façon de voir le monde, de considérer les gens, qui va le transformer et lui apprendre à ne plus jamais être vulnérable. Car il l’est devant Lucy Gray, son tribut, de qui il va tomber amoureux. J’adore ce personnage, droite dans ses bottes malgré ses failles et les décisions difficiles qu’elle a dû prendre. Tous les personnages secondaires sont intéressants et l’évolution de leurs relations l’est tout autant. Ils sont pris dans leurs croyances et leurs perceptions et ils vont se confronter sans toujours réussir à s’influencer suffisamment. C’est selon moi hyper bien fait.

Bref, une réflexion sur la nature humaine, une histoire qui nous transporte de l’arène au district 12, beaucoup d’action et de moments déchirants. Être dans la tête de Snow devient de plus en plus difficile au fil des pages, alors qu’il est encore persuadé d’être le bon de l’histoire et de ne pas avoir eu le choix. Impossible de ne pas apprécier les liens avec la trilogie originale et de s’imaginer la colère et le désarroi du Président Snow quand Katniss est apparue. J’aime beaucoup la finale ambigue.

Bref, une lecture qui me donne envie de relire la trilogie originale… et d’écouter le film. Maintenant, je chante The hanging Tree!

Tata – Valérie Perrin

J’ai déjà lu Valérie Perrin. Changer l’eau des fleurs m’avait plu, dans le genre roman grand public émouvant qui rejoint une grande quantité de gens. La prémisse de Tata me plaisait bien… alors je l’ai lu!

De quoi ça parle

Quand Agnès reçoit un appel de la gendarmerie, elle a la surprise de sa vie. On lui annonce que sa tante célibataire, Colette Septembre, est décédée. Sauf que Colette est déjà morte. Trois ans plus tôt. Elle va donc revenir dans le petit village où elle a passé tous ses étés pour tenter de résoudre le mystère qui entoure sa tante.

Mon avis

Encore une fois, j’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman de Valérie Perrin. C’est un roman à la plume très accesible, avec des personnages très attachants sans être parfaits. Certes, certaines ficelles sont parfois faciles, il y a un côté folklorique, on tombe un peu dans la surenchère de malheurs et de thèmes exploités mais, allez savoir pourquoi, ça a passé et c’est pour moi une bonne lecture.

Nous avons donc Agnès, cinéaste célébrée qui a vécu un divorce difficile duquel elle ne se remet pas. Son ex-mari célèbre a refait sa vie mais elle l’aime toujours et ce retour aux sources obligé n’est pas simple pour elle. Sa tante qu’elle croyait morte et qui ne l’était finalement pas se révèle une femme bien plus complexe que la vieille fille rigide fan de foot qu’elle semblait être. Agnès va retrouver des cassettes enregistrées – sans montage – par sa tante et cette écoute lui permettra une incursion dans le quotidien de Colette et ainsi savoir ce qui se cachait dans les pages blanches de l’histoires familiales.

C’est donc un roman sur les secrets de famille. Les nombreux secrets de famille. C’est que Colette en a vu des choses, ayant grandi dans une petite ville, dans une famille paysanne pauvre avec une mère qui ne l’aimait pas. Elle est prête à tout pour protéger son petit frère Jean, pianiste prodige et faire son propre chemin dans la vie, idéalement par elle-même, Et nous, comme lecteur, nous voulons connaître la suite de l’histoire, nous voulons savoir pourquoi elle a choisi de faire semblant de mourir trois ans plus tôt.

C’est donc une histoire de découverte de soi et de reconstruction, de souvenirs d’enfance et de retour aux sources. Certes, j’ai ressenti des longueurs vers la fin du roman et le procédé de l’écoute des cassettes s’épuise après un moment, même si l’histoire de Colette est centrale. J’aurais peut-être aimé explorer davantage la relation tante-nièce mais somme toute, c’était agréable. Et j’ai eu envie d’aller voir un match de foot!

Mr. Mercedes – Stephen King

Ma mère et mon frère ont adoré Holly. Je voulais le lire sauf que j’ai cru comprendre qu’il fallait avoir lu la série de Bill Hodge avant. Alors voilà. J’ai commencé.

De quoi ça parle

Bill Hogue est un policier à la retraite. Un policier qui s’ennuie ferme à la retraite. Il reste hanté par un dossier, celui du tueur à la Mercedes qui, un jour, a foncé à toute allure dans une file d’attente avec une luxueuse voiture, pour ensuite disparaître dans la nature. Quand il reçoit une lettre du dit tueur, il va sortir de sa torpeur et débuter la traque.

Mon avis

Je suis fan de King. Je sais que je passe toujours un bon moment dans ses romans et je m’attache généralement aux personnages. Du coup, mes attentes sont élevées. Mr. Mercedes est un bon roman, qui m’a tenue en haleine et qui m’a divertie du début à la fin. Ceci dit, ce n’est pas mon King préféré. Même si c’était bien. On dirait que je ne juge pas Stephen King avec le même standard que les autres auteurs!

Nous avons donc un personnage principal qui m’a beaucoup plu et que je prendrai plaisir à suivre dans les prochains romans qui lui sont dédiés. Il ne s’embarrasse pas des règles, ne vit pas du tout bien sa retraite et il se sent revivre dans son rôle de flic. Il ne veut pas passer la main à ses anciens collègues, même s’il sait clairement qu’il le devrait et on comprend pourquoi. Bref, un très bon personnage.

Stephen King est un vrai conteur. Son écriture est cinématographique et, comme d’habitude, j’ai eu l’impression de voir les images défiler devant mes yeux. De plus, il réussit toujours à glisser dans ses romans un portrait de l’époque, avec ses bons et ses mauvais côtés. Nous avons aussi un méchant bien méchant dans la tête duquel il ne fait pas bon vivre, même le temps d’un roman. Il est raciste, homophone, sexiste, méprisant… impossible de ne pas réagir à ses propos. Clairement, ça ne va pas bien dans sa tête. Et il va le faire subir à tous. Là aussi, c’est très réussi. La scène d’ouverture est glaçante.

J’ai aussi beaucoup aimé les personnages secondaire, notamment Holly, qui apparaît un peu plus tard dans le roman et qui est… un phénomène! J’adore Holly et sa bizarrerie. Le jeune Jerome est aussi un personnage succulent. J’ai moins apprécié l’histoire avec Janey, soeur d’une femme impliquée dans l’histoire, qui m’a semblée un peu capillotractée et la partie du milieu est moins haletante mais, somme toute, c’est une bonne lecture, avec un King qui utilise les codes du polar/thriller avec des clin d’oeils à ses anciens romans. Je lirai la suite… mais je pense quand même attendre un peu!

Le guide et la danseuse – R.K. Narayan

J’ai lu ce roman en Inde, lors de mon récent voyage, plongée dans la culture de l’endroit. Aurais-je autant aimé si je l’avais lu à un autre moment? Je ne sais pas. Toujours est-il que ce roman est arrivé juste à point.

De quoi ça parle

Raju, au départ, n’avait rien d’un saint homme. À sa sortie de prison, il va s’installer dans un temple abandonné et il sera repéré par un paysan qui le prend pour un sadhu, un saint homme. Il va accepter le rôle, devenir swami et être nourri par la population, tout en réfléchissant sur son passé et sur ce qui l’a mené là.

Mon avis

Je ne sais pas s’il m’aurait été possible d’apprécier ma lecture sans avoir entrevu la culture indienne et la façon de penser des Indiens. J’ai vu ces saints hommes errants, j’ai ressenti cette atmosphère de foi profonde qui émane parfois des gens et des communautés. J’ai aussi pu voir la débrouillardise des Indiens qui n’ont pas le choix d’avoir plusieurs cordes à leurs arcs. Bref, j’aurais pu aimer, mais j’en aurais certainement manqué des bouts.

Le récit n’est pas linéaire mais il demeure très accessible. La plume est simple malgré les thèmes variés et spirituels. Nous le rencontrons après sa sortie de prison alors qu’il se fait passer pour ce qu’il n’est pas : un saint homme. Pourtant, il va donner le change parce que c’est plus simple. Sauf que la mousson n’arrive pas et que l’eau manque. Que peut faire le swami? Petit à petit, il va raconter son histoire et nous allons voir ce qui l’a amené là. Est-il vraiment un Guide?

Né d’un père commerçant, le jeune Raju tient boutique à la gare, oeuvrant comme guide touristique occasionnellement pour les riches visiteurs. Est-il qualifié? Pas du tout. Il va apprendre sur le tas et y croire. C’est lors d’une de ces missions qu’il va rencontrer Rosie, femme mariée qui ne souhaite que danser. Son mari est passionnée d’archéologie et ne la regarde que très peu, contrairement à Raju, qui est fasciné. La femme est ici soit une femme parfaite, soit une prostituée au yeux des gens et la présence de l’ensorcelante jeune femme ne va pas faire ressortir que les bons côtés de Raju, qui va céder à ses passions et à des instincts pas saints du tout. Pourtant aucun personnage n’est tout d’une pièce, chacun a ses bons et ses mauvais côtés, chacun peut trahir ou faiblir. Ils ne sont que plus intéressants.

Nous avons ici un récit de rédemption alors que Raju se coule peu à peu au rôle qu’il s’est inventé, mais ce n’est pas non plus gagné d’avance. De plus, on peut y voir une critique de la société de l’époque. Bref, même si les croyances qui sont au centre du récit sont loin des miennes, c’est une très bonne lecture.

Meurtres avec vue – DreadfulWater – 1 – Thomas King

C’est mon amie Yueyin qui m’a conseillé la lecture de cette série. Elle m’a parlé de littérature autochtone, de crimes pas trop gore et de polars avec de l’humour dedans. Of course, j’étais pour!

De quoi ça parle

Thumps DreadfulWater était policier en Californie. Était. Il a quitté cet univers pour le nord, à Chinook, près d’une communauté autochtone. Il souhaite seulement faire son petit bonhomme de chemin en tant que photographe mais quand un meurtre survient dans le futur casino dont les bénéfices reviendraient à la communauté, il se trouve malgré lui empêtré dans l’histoire. C’est que le suspect numéro 1 n’est nul autre que le fils de sa « bonne amie », membre importanté de la communauté. Il va donc se mettre le nez dans l’enquête.

Mon avis

Voici donc le genre de roman auquel je demande de passer un moment et d’être un peu dépaysée si possible. C’est tout à fait ce que j’ai eu ici. J’ai été transportée dans une réserve dans les montagnes, avec son lot de petites magouilles et de grands projets. Si l’enquête est somme toute conventionnelle, les personnages ne le sont pas et la plupart d’entre eux sont prometteurs et hauts en couleurs. Nous avons une coroner au coeur solide, une femme du conseil de bande prête à tout pour son fils, un officier de police qui fait de son mieux et une réceptionniste qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. L’esprit de communauté est partout présent, on sent l’entraide malgré tous les obstacles qui se dressent devant eux. L’atmosphère est super réussie.

Thumps est un personnage en soi. Il a abandonné la police pour une raison qui sera révélée dans le roman et se reconstruit petit à petit. Il est attachant, bourru mais surtout très drôle. En fait, la plume est drôle. La façon de présenter les événements, parfois tragique, devient occasionnellement hilarante. Le regard jeté sur les événements est décalé et intelligent, il joue avec les stéréotypes sans jamais sombrer dans la farce. Du coup, je serai ravie de lire les autres tomes de la série.

Célèbre – Maud Ventura

Je n’ai pas lu le premier roman de l’autrice, Mon mari. Je me suis toutefois laissé tenter par celui-ci, l’attachée de presse me l’ayant très très bien vendu. Et j’ai bien fait de l’écouter!

De quoi ça parle

Cléo a toujours voulu être célèbre. Mieux, elle a toujours SU qu’elle serait célèbre. Elle le mérite après tout. Elle y travaille, elle fait tout pour et après tout, elle est Cléo Louvent!

Elle devient star internationale et nous entraîne dans la part cachée de la célébrité.

Mon avis

Non mais quelle lecture! J’ai rarement autant détesté un personnage que la célèbre Cléo Louvent, qui est tout de même une sérieuse candidate au titre de Number one sociopathe! L’histoire est racontée au « je » et nous sommes dans sa tête pendant tout le roman, ce qui est parfois épuisant. Entre la façade et la réalité, il y a tout un monde, voire tout un univers. Peut-être deux.

On nous dresse donc un portrait au vitriol du monde des célébrités, des ultra riches et des grandes vedettes. Le personnage de Cloé est certes caricatural et détestable mais elle fascine et nous entraîne dans toute une ride. On se demande jusqu’où elle va aller dans sa méchanceté et dans ses exigences, et elle réussit toujours à aller plus loin. Après cette lecture, impossible de ne pas se questionner sur nos idoles et sur ce qu’elles sont « en vrai ». Disons que l’univers du show business n’est pas tendre et qu’on se demande presque comment nous, on réagirait. Certes pas comme ça, j’ai trop horreur de faire de la peine aux gens… mais bon… quand même.

C’est donc l’histoire d’une ascension et d’une apogée. Cloé avait tout planifié, elle se croit réellement supérieure, porte un jugement sans concession sur l’ensemble du monde et est prête à tout pour atteindre ses buts. Disons que côté santé mentale, il y a de quoi creuser. Si on rit un peu au départ devant sa haute opinion d’elle-même et son acharnement, on est vite catastrophé face à son égocentrisme et ses traits tyranniques.

C’est donc sur une île déserte que nous la rencontrons Cléo. Non mais une île ultra-secrète-juste-pour-les-meilleurs, il lui fallait ces vacances. Ça et s’éloigner de la folie ambiante pour composer son quatrième album qui sera encore mieux que les précédents. C’est de cet endroit qu’elle nous raconte son histoire… et elle va nous raconter comment elle est venue à s’exiler à cet endroit.

Une histoire profondément dérangeante et une héroïne qu’on adore détester! Je veux lire « Mon mari » maintenant. J’ai bien aimé la vision de l’autrice sur l’obsession.

Refaire l’amour – Myra-Belle Béala de Guise

Je dois tout de suite l’avouer, j’ai failli abandonner ce roman. J’ai réalisé assez tôt que ce n’était pas pour moi mais parce que je suis butée, j’ai encore du mal à abandonner. Aurais-je manqué quelque chose? Dans mon cas, pas vraiment, même si j’ai préféré la fin au début (et au milieu). Ceci dit, deux de mes amies ont adoré. Bref…

De quoi ça parle

Stella et Mikaël sont devenus parents presque avant d’être adultes. Devant son chum, Stella n’est pas « forte ». Elle le voit, elle se liquéfie. Le grand amour. De cette union, Lou est née. Maintenant, Lou a 13 ans et elle aimerait bien une vie plus harmonieuse. Sauf qu’entre ses parents, rien ne sera jamais simple…

Mon avis

Si j’ai continué ce roman, c’est parce que la plume de l’autrice me plaisait. J’aimais bien les dialogues, que je trouvais naturels, et la façon de raconter cette histoire remplie d’éternels recommencements me plaisait. L’écriture et les mots. L’histoire, moins.

C’est donc l’histoire d’une relation toxique dans laquelle est prise une jeune fille de 13 ans qui n’en demandait pas tant. Stella est une femme intelligente qui craque complètement pour Mikaël, terriblement manipulateur, roi du ghosting et de la non-reconnaissance de ses torts. Entre eux, au lit, c’est torride… sauf qu’il n’y a jamais d’après, au grand désespoir de Stella. Et en tant que lectrice, c’est épuisant. Toujours la même histoire, à répétition. J’aurais voulu frapper Mikaël.

Je suis consciente que c’était probablement le but de l’autrice, de nous faire ressentir ces cycles infernaux. Plusieurs d’entre nous sont déjà « retombées » auprès d’un mec trop beau qui ne voulait qu’une part (ou une partie) de nous. Alors qu’on savait, au fond. Mais il y a Lou, qui semble parfois la plus mature des trois, et vivra aussi plusieurs désillusions. Bref, j’avais le goût de secouer tout le monde.

J’aurais apprécié que le récit se concentre sur autre chose que la relation entre Mikaël et Stella, qu’on découvre d’autres aspects d’eux. Ici, j’ai trouvé des longueurs et je me suis lassée. Ceci dit, ce sont des longueurs bien écrites! Si l’autrice écrit sur un autre thème, je réessaierai probablement.