Le Dieu des petits riens – Arundhati Roy

Depuis mon périple indien, j’ai envie de découvrir davantage la littérature de ce pays. Entendons-nous, les endroits où je suis allée sont assez loin du Kerala où se passe cette histoire. Mais j’ai quand même quelques références.

De quoi ça parle

Rahel et Estha sont jumeaux. Des « faux jumeaux » mais qui n’ont qu’une seule âme. Ils vivent dans un village indien avec leur mère Amma, divorcée, leur oncle Chacko, chef d’entreprise converti au communisme pour les besoins de son portefeuille, leur grand-mère aveugle et leur petite-grande-tante Baby Kochamma, ancienne bonne soeur encore amoureuse d’un prêtre irlandais. Ils ont 8 ans quand un événement vont les séparer.

Mon avis

Ce roman, c’est tout ce que j’aime. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé : j’ai passé un superbe moment de lecture, après un petit flottement initial, le temps que je me fasse une place dans ce récit que nous abordons un peu en plein milieu. Cette narration, entre passé et présent, m’a beaucoup plu et j’ai aimé ces allers-retours alors que nous, lecteurs, nous voyons arriver l’inexorable sans rien pouvoir faire. Inexorable arrivé 23 ans auparavant. Alors que l’on nous raconte l’histoire de trois générations simultanément.

À huit ans, difficile de savoir à qui on peut faire confiance. Difficile aussi de comprendre qui on peut aimer et jusqu’où. Pour ces jumeaux, ce ne sera jamais clair. Ils se sont attachés à Velutha, jeune intouchable intelligent et drôle, qu’ils vont voir quotidiennement. Sauf qu’entre Touchables et Intouchables, toute relation n’est pas bienvenue. Ni celle-là ni aucune autre. Surtout aucune autre. D’emblée on sait qu’il va arriver un drame. D’emblée, on sait que Sophie Mol, la cousine anglaise, va mourir. On sait aussi qu’Estha sera Renvoyé-à-l’Expéditeur.

C’est certes un roman sur les inégalités sociales et sur le système de castes dont les prémisses semblent profondément ancrés dans la construction de la société indienne mamis c’est surtout le récit de la perte de l’innocence. Le jeu du langage, les mots inventés, la façon de jouer avec l’anglais des jumeaux, langue coloniale, le tout ajoute au regard parfois naïf qui est jeté sur leur monde et leur famille. Certains personnages sont détestables (non mais la petite-grande-tante) et leur façon de tenter de se sauver eux-mêmes va précipiter tout le monde dans le drame. Pourtant on voit pourquoi ils ont agi ainsi. On n’est pas d’accord, mais on comprend. Et on comprend aussi pourquoi c’était difficile pour eux d’agir autrement tellement certaines notions sont internalisées.

Bref, une excellente lecture. J’ai adoré.

3 Commentaires

  1. Alors il faut que je persiste ! J’ai commencé ce livre puis j’ai arrêté au bout de quelques dizaines de pages, un peu perdue … Et j’en étais désolée parce que j’en avais entendu beaucoup de bien !

  2. J’avais moi aussi beaucoup aimé, en revanche, Le ministère du bonheur suprême, de la même auteure, m’est tombé des mains, et j’ai dû l’abandonner au bout d’à peine 100 pages…

  3. Une lecture faite après ton voyage en Inde ?

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