Le chant des oubliées – Kristin Hannah

De cette autrice, j’ai lu Le chant du rossignol, un autre récit de guerre qui m’a parfois fait lever les yeux au ciel, mais qui savait tirer les bonnes ficelles pour nous impliquer émotivement. Quant j’ai vu cet autre « Chant » (The Women, en anglais), je me suis dit que je pourrais tenter le coup.

De quoi ça parle

Frankie McGrath habite une île paradisiaque (républicaine et riche) en Californie. Dans les années 60, les jeunes américains sont envoyés au Vietnam et dans sa famille, les hauts faits de guerre sont vénérés. Du haut de ses 21 ans, la jeune femme souhaite elle aussi faire partie du mur des héros et s’engage comme infirmière pour aller au Vietnam.

Et là-bas, rien n’est comme elle l’avait imaginé. Et rien ne ressemble à ce qui est dit dans les journaux.

Mon avis

Quand je lis un roman historique grand public, je m’attends tout à fait à ce que j’ai eu ici. Un personnage au centre qu’on voit évoluer alors qu’en arrière plan se déroule la grande histoire sur écran géant. Je suis souvent prête à accepter un côté grandiloquent, un côté « un personnage va tout vivre » et quand l’histoire se déroule en temps de guerre, je sais que ça va être triste. Impossible qu’il en soit autrement.

C’est tout à fait ce que j’ai eu ici. J’ai lu ce roman de 600 pages en 2 jours, complètement investie dans cette histoire. Certes, c’est un peu long, certes, c’est parfois un peu prévisible mais l’autrice nous prend par les sentiments. Elle a pour moi réussi à rendre vivant cette parenthèse complètement folle et trop intense qu’est la guerre. Les gens y vivent l’horreur, mais il y a parfois des moments d’exaltation nécessaires pour survives. Les valeurs se confrontent, la normalité se modifie et la vision de la vie s’en trouve transformée. Et ensuite, il faut revenir.

Frankie arrive comme une petite fille gâtée, en parfaite touriste, pour les mauvaises raisons. Elle va grandir au Vietnam, voir les deux côtés de la médaille et comprendre petit à petit qu’on leur ment. Et le retour va être infernal. Parce que c’est bien connu, « il n’y avait pas de femmes au Vietnam ». Pourquoi serait-elle en choc post traumatique? Pourquoi ferait-elle des cauchemars? Elle est revenue aux États-Unis sous les crachats et les quolibets, son service n’a jamais été reconnu, sa famille réagit plutôt mal et ne la reconnaissent plus. Bref, rien ne va.

À travers l’histoire de Frankie qui se remet difficilement, dont la vie sera faite de hauts et de bas, nous voyons l’histoire de toutes ces femmes qu’on a oubliées alors qu’elles ont soigné les soldats et vu la mort en face. Ses deux meilleures amies sont les seules à la comprendre et la complexité des relations humaines et familiales est au premier plan. On a le goût de secouer son père. Le chant des oubliées n’est pas une romance. Il y a des histoires d’amour, des relations, parfois hors du temps, parfois malsaines, mais ce n’est pas le point central du roman. Nous avons plutôt Frankie par rapport à elle-même.

Il m’a manqué un je ne sais quoi dans l’écriture pour que ce soit un coup de coeur, mais j’ai passé un très bon moment de lecture.

Maisons perdues, maisons rêvées – Mélissa Grégoire

Je vous ai dit qu’il y avait quelque chose qui m’attirait irrésistiblement vers les romans qui ont le mot « maison » dans le titre? C’est exactement pour ça que j’ai lu ce roman.

De quoi ça parle

Marie habite avec Antoine, un homme un peu plus âgé qu’elle. À travers ces pages, elle revisitera en esprit les maisons qu’elle a habitées ou qu’elle a voulu habiter.

Mon avis

Il est difficile de bien expliquer ce qu’est ce roman. C’est un ouvrage très intérieur, très personnel, où la narratrice, Marie, semble vivre dans une perptétuelle nostalgie du passé et des lieux qui l’ont marquée. Elle vit avec son conjoint qui voit arriver la retraite, la dernière maison et on sent qu’ils ne sont pas toujours à la même place, ce qui ne simplifie par leur quête de nid, de cocon.

Vous savez, pour moi, le chez soi, ça a un une résonance particulière. Mon chez moi a moi, je l’ai perdu dans un glissement de terrain il y a 3 ans. J’ai dû faire ce deuil sans l’avoir décidé. L’importance de ce qui nous entoure, des atmosphères, j’y ai réfléchi, croyez-moi. Il va sans dire que cet apect nostalgique me rejoint. Fermer la porte d’un lieu, c’est un peu comme quitter une certaine époque de nos vies. Bref, ça me parle.

Nous avons donc une histoire profondément intime. C’est lent, c’est contemplatif, le couple principal se cherche un chez soi après la vente d’un chalet du bas du fleuve qui semblait « logique » mais dont ils ne se remettent pas. De cette situation émergent des réflexions sur le besoin de s’isoler, le besoin de vivre aussi, et sur le côté parfois irréconciliable des deux. De plus, certains amis sont en fin de vie, ce qui pousse encore plus loin l’introspection. Où en est Marie, elle, dans son parcours?

Bref, un roman qui n’est pas pour tout le monde vu le peu d’intrigue, mais c’était pour moi.

Unmask Alice – Rick Emerson

J’ai pris un risque avec ce livre. Tout ça parce que je suis psychorigide et que je ne voulais pas faire une vidéo « Je lis les favoris de… » sans lire l’un des favoris de Sylvain Démenti. Et bon. Comment dire…

De quoi ça parle

En 1971 paraissait Go Aks Alice (L’herbe bleue, en français), le journal posthume d’une jeune adolescente rebelle toximane. Plusieurs années plus tard, il a été révélé que l’autrice était en fait Béatrice Sparks, une dame de 54 ans bien sous tout rapport, membre de l’église des Saints des derniers jours. Et elle ne s’est pas arrêtée là.

Mon avis

Le sujet m’intéressait. Les scandales et les arnaques littéraires et leurs conséquences, ça me parle. Et ça ne partait pas si mal. La première partie, centrée sur « Go Ask Alice » m’a interpelée. J’ai lu ce roman ado et j’ai été bouleversée. Je n’avais pas réalisé que ce n’était pas une « vraie » ado et je me suis limite sentie flouée quand je l’ai appris. Ça, c’était bien.

Mais ensuite… ensuite…

La deuxième partie, j’ai failli abandonner. J’ai trouvé ça ÉTERNEL. Vous savez, ces articles click bait qu’on voit parfois sur les réseaux sociaux et qui ne finissent pas de finir? Ceux qui nous demandent de cliquer et de recliquer encore pour connaître la suite? Ben, c’était ça. On finit par comprendre le comment du pourquoi mais c’était quand même beaucoup, beaucoup trop long. Donnez-moi le même contenu en 150 pages et j’aurais apprécié. Mais 384? C’était pour moi étirer la sauce.

Je pourrais parler du manque de références, même si l’auteur nous mentionne que nous n’avons qu’à aller sur internet pour vérifier. Je pourrais aussi dire que pour donner tant de détails sur les sentiments et les discours internes des gens dont elle parle, l’autrice a dû avoir vraiment, vraiment beaucoup de sources précises. Mais je pense que j’étais agacée et que j’ai été un peu pointilleuse à ce sujet.

Ceci dit, on nous dépeint une femme mesquine, ambitieuse et prête à tout pour être célèbre. Elle n’a pas beaucoup de bons côtés disons et le mal qu’elle a fait autour d’elle, surtout à une famille en particulier, était incompréhensible. Une véritable mythomane, elle invente n’importe quoi. Et à l’époque d’avant internet, c’était un plus facile. Son discours a décidément influencé certaines dérives, notamment en ce qui concerne le satanisme. Par contre, suis-je prête à prendre le tout pour du cash et à accepter toutes ces conséquences qui sont décrites comme des conséquences directes des journaux écrits par Beatrice Sparks? Pas certaine car il pourrait également s’agir de cooccurences dans un contexte déjà fragilisé et fertile pource type de craintes?

Bref, pas pour moi. Je m’en doutais mais maintenant, je le sais!

Superméchant débutant – John Scalzi

Je n’aurais lu ce roman sans l’avis hyper positif de Mamaki de « Sous le ciel ». Jamais. Elle m’a eu avec « grand n’importe quoi ». Quand c’est absurde, I’m in. J’ai été élevée avec Terry Pratchett, n’est-ce pas!

De quoi ça parle

Charlie végète un peu dans sa petite vie, entre son pub préféré, son divorce et un job qui ne lui plaît pas. En plus, les sous viennent à manquer et son propriétaire n’est pas du genre patient. Et un jour, son oncle milliardaire, Jake, meurt. Le problème, c’est qu’il n’en avait jamais entendu parler.

Un magnat du parking, sur papier. Mais en vrai… disons qu’il ne s’attendait pas à une base ultrasecrète et une association de superméchants!

Mon avis

Okaaaaaay! C’était quoi ça?

En ouvrant ce roman, il faut s’attendre à tout et à n’importe quoi. Surtout à n’importe quoi en fait. Imaginez hériter d’un poste de superméchant alors que clairement vous n’en demandiez pas tant. Et que vous n’avez clairement aucune, mais aucune aptitude pour la tâche.

Charlie se retrouve donc sans trop comprendre comment chez un notaire où il découvre l’univers de son oncle. Qu’on tente de poignarder. Dans sa tombe. Rien de moins. Je ne vous en dirai pas plus car ce qu’il y a de chouette, c’est de découvrir où ça s’en va et quelles absurdité l’auteur va inventer. Et croyez-moi, vous ne pouvez pas tout deviner. Même moi je n’ai pas tout deviné. Ce n’est pas peu dire.

J’ai beaucoup ri en lisant cette histoire qui m’a fait ouvrir de grands yeux. Non mais sérieux? On va aller là? C’est très imaginatif, souvent drôle, pas hyper profond… bref, un bon moment lecture. Suis-je aussi enthousiaste que Mamaki? Je ne crois pas même si j’ai aimé. J’aurais aimé qu’on aille encore plus loin dans la folie et il m’a manqué un petit quelque chose pour égaler mes grands favoris de l’absurde. Mais je relirai l’auteur.

La mesure – Nikki Erlick

Ce roman, c’est ma vision de l’horreur. Du coup, je ne l’aurais jamais lu sans la chaude recommandation de mon amie Daphné qui m’ a dit qu’elle pensait que j’allais survivre. Et même plus, que ça pourrait me plaire.

De quoi ça parle

Après ce jour, l’humanité ne sera plus jamais la même. Ce jour, c’est celui où tous les humains adultes ont reçu une petite boîte. Dans la boîte, une cordelette et un mot :

« À l’intérieur se trouve la mesure de votre vie. »

Qu’arriverait-il si on savait quand on va mourir?

Mon avis

Oh my god que je ne voudrais pas que ces petites boîtes arrivent chez moi. Quel dilemme. Ouvrir ou ne pas ouvrir? Et si ça s’arrêtait là!

Dans ce roman, l’autrice se pose vraiment la question. Qu’arriverait-il au plan personnel à l’arrivée de la cordelette? Et au plan sociétal? Comme nous suivons de nombreux personnages dans ce roman, il est possible d’explorer différentes réactions, différentes façons de voir les choses et croyez-moi, elle n’a pas oublié beaucoup de scénarios. Il y a ceux qui ouvrent sans se poser de questions, ceux qui décident de tenter d’oublier la boîte, ceux qui ont de longues cordelettes, de courtes cordelettes, ceux dont les proches vont mourir avant eux et ceux qui les quitteront. Et chacun va réagir à sa façon à ces situations.

Et en parallèle, impossible de ne pas réfléchir. Qu’est-ce que je ferais, moi? Et si j’allais mourir bientôt, qu’est-ce que je ferais différemment. Et si je savais, au contraire, que j’allais avoir une longue vie? Est-ce que je stresserais moins? Ici, ce qui est intéressant, c’est la réaction de la société et surtout d’un certain politicien assez dégueulasse qui tente de profiter de la chose pour mousser sa campagne. Une nouvelle discrimination survient, celle contre les courtes cordelettes. Doit-on les employer, les fréquenter? Sont-ils plus violents? Entre manifestations, groupes de soutien, ostracisme et solidarité, tout peut arriver, et tout arrive.

J’avoue que j’ai ressenti un coup de mou au milieu du roman et que ça a traîné pas moments. Certains personnages sont détestables à souhaits, parfois même trop. Il faut dire que la politique américaine, ça me sort par les oreilles ces temps-ci. Mais j’ai passé un bon moment de lecture, les pages se tournaient toutes seules et ça m’a fait réfléchir.

Étude pour l’obéissance – Sarah Bernstein

Ce roman a été traduit par Catherine Leroux. C’était suffisant pour que je le lise!

Présentation de l’éditeur

Une femme s’installe dans un pays nordique, d’où ses ancêtres ont été chassés, afin de s’occuper de son frère récemment divorcé et de sa maison. Autour de ce vaste manoir, la campagne est le théâtre d’événements inexplicables affectant les animaux de ferme. Misant sur sa dévotion et sur son obéissance pour se faire accepter des villageois, elle découvre bientôt que ses gestes ont l’effet inverse.

Mon avis

Quel court roman déroutant! Est-ce que je le conseillerais à tout le monde? Certes pas. Nous sommes dans un roman contemplatif, où il ne se passe pas grand chose, le tout avec une superbe plume. Clairement pas la tasse de thé de tout le monde. Êtes-vous surpris de savoir que c’est la mienne?

J’ai donc beaucoup aimé cette plongée dans un terroir hostile, souvent machiste, avec une narratrice qui souhaite juste obéir pour être acceptée dans cet univers. Elle est venue s’occuper de son frère après son divorce (pauvre petit homme, il a besoin de se faire nourrir dans les dents) et elle se sait particulière. Elle apprécie les balades en forêt, est célibataire et femme… rien pour faciliter les choses pour elle. Quand des choses étranges commencent à arriver aux animaux du village, on la pointe rapidement du doigt.

La protagoniste a toujours voulu « bien » faire. Dernière de famille, pour elle, servir les autres est une évidence mais l’a tenue à l’écart de tous, y compris d’elle-même. Le rejet de la communauté ne peut que faire écho à celui qu’a subi son peuple des années auparavant. Notre narratrice est-elle fiable? Qu’est-ce qui est réel? Ce ne sera jamais clair mais si vous aimez vous laisser porter par les mots et que vous acceptez de ne pas tout comprendre, ça peut vous plaire.

En dehors de la gamme – Ann Cathrine Bomann

Je suis assez fan de ce que publient ou traduisent les éditions La Peuplade. Quand j’ai vu qu’il était dans les favoris de Cindy Landes, je me suis dit que c’était l’occasion.

De quoi ça parle

Danemark, Université d’Aarhus. Nous sommes en 2024 et Anna et Shadi étudient en psychologie. Leur mémoire porte sur le deuil, alors que leur directeur est impliqué dans un projet fou avec Danish Pharma. Il s’agit de la Collocaïne, un médicament qui promet de guérir le deuil prolongé, celui dont les gens ne sortent pas.

Sauf que juste avant la commercialisation, des questions sont soulevées : et si certaines données avaient été mises de côté?

Mon avis

Non mais quelle surprise, ce roman. Surprise dans deux sens, en fait. Le premier, c’est qu’à cause du mot « gamme », je croyais qu’on allait parler de musique. Non mais loin de là! Nous sommes plutôt dans un thriller médical! Et le second, c’est qu’alors que je ne m’attendais à rien, j’ai dévoré ce roman. Rien de moins.

Il faut dire que je lis beaucoup en bioéthique et en éthique en général, dû à mon travail. Ce n’est pas un thème que je recherche nécessairement dans mes lectures « plaisir ». Pourtant, ici, j’ai totalement adhéré, surtout que ce roman presque dystopique a été publié juste au moment où le diagnostic de « deuil prolongé » venait d’être reconnu par le Danemark.

Nous avons quatre personnages principaux, quatre visions du deuil, quatre façon différentes de voir ce projet « Collocaïne » de Danish Pharma. Chacun a perdu quelque chose, chacun y réagit à sa manière et le traitement proposé va les interpeler chacun à leur manière. Nous avons deux étudiantes bien différentes, la bonne élève et l’élève qui pense hors du cadre, un professeur d’université qui commence à avoir des doutes et la chercheuse principale au laboratoire. Ça permet de réfléchir sur le deuil, sur l’importance des sentiments et sur les diagnostics à tout prix. On comprend aussi à quel point les universités et les entreprises pharmaceutiques peuvent être intimement intriquées et ça questionne toute la question de la liberté scientifique.

L’histoire de construit petit à petit, la tension monte et les pages se tournent toutes seules. J’ai beaucoup aimé.

The Wedding People – Alison Espach

J’ai vu ce roman dans plusieurs listes de favoris 2024. Je ne sais pas si je serais allée vers lui d’emblée par peur du feel good sirupeux mais si Sous le ciel a aimé… j’étais prête à tenter.

De quoi ça parle

Phoebe a réservé une chambre dans un magnifique hôtel près de l’océan. Son « happy place » rêvé. Elle a décidé que ce serait l’endroit où elle mettrait fin à ses jours. Sauf qu’à l’arrivée, elle réalise que TOUS les autres clients de l’hôtel sont les participants à un mariage. Et pas n’importe quel mariage… la million dollar wedding week d’une demoiselle Lila.

Mon avis

Non mais quel bon divertissement! Il y avait longtemps que je n’avais pas eu autant envie de revenir à un roman même si les thèmes de départ ne sont pas nécessairement ceux qui m’attirent généralement. Avouez que le point de départ est capoté!

Nous avons donc Phoebe, la trentaine. Son mari l’a abandonnée en plein pendant la pandémie, après des essais de FIV infructueux. Deux ans plus tard, après un certain événement, elle décide qu’elle n’a plus rien à attendre de la vie, qu’elle ne sera jamais heureuse et que, en gros, ça suffit. Sauf que Lila, la mariée, n’a aucune intention de laisser cette illustre inconnue gâcher SA semaine!

Nous rencontrons donc la protagoniste à un moment où elle n’a plus rien à perdre. Tant qu’à faire, pourquoi ne pas être totalement elle-même et totalement franche ? Elle va donc se retrouver mêlée aux Wedding People sans trop le vouloir et finalement, elle va revivre petit à petit au contact de ces gens fort imparfaits et dans un moment très particulier. Disons qu’elle n’en demandait pas tant au départ. C’est donc l’histoire d’une jeune femme qui se redécouvre elle-même après avoir été prise dans un étau sans s’en rendre compte. Mais sous couvert d’humour et de situations un peu folles, l’autrice traite de sujets plus sérieux tels que le couple et la fin de celui-ci.

Des personnages pleins de failles que l’on découvre petit à petit, je les ai tous aimés malgré leurs défauts. Il y a un bon rythme, j’ai souvent souri… et j’ai passé un bon moment de lecture!

Le Roi-Soleil – Marie-Eve Cotton

C’est mon amie Sab et les livres qui m’a donné envie de lire ce roman, vu qu’il était dans ses favoris 2024. Je ne savais pas du tout de quoi il était question (oui, je sais, je lis souvent des livres complètement au hasard) mais je me fie généralement à ses avis vu que nous avons beaucoup de goûts communs!

De quoi ça parle

Maude Fournier est intelligente, jolie, riche et médecin. Elle semble avoir tout pour elle. Mais Maude a tué sa fille.

Mon avis

Ce roman est percutant, c’est le moins que l’on puisse dire. C’est à travers sa confession au psychiatre engagé par la Défense que nous allons voir ce que nous allons voir ce qui l’a menée là. Pourrait-elle être déclarée non-criminellement responsable?

Qu’est-ce qui a pu mener cette femme, bien sous tout rapport, à tuer sa fille? Car aucun doute n’est possible, elle A tué sa fille. Elle va donc raconter son histoire. Son mariage avec un professeur et médecin ambitieux et aimé, son histoire familiale particulière aussi. Car son père était un célèbre réalisateur québécois encensé de tous et sa mère vit encore dans sa lumière 20 ans plus tard.

Nous avons une plume incisive, presque clinique, mais qui va droit au but et souvent là où ça fait mal. On ne fait pas dans la dentelle. Toutefois, en très peu de pages, l’autrice réussit à traiter de plusieurs thèmes cruciaux et à donner à réfléchir. On parle ici de colère des femmes, ces femmes qu’on ne croit pas, qu’on qualifie trop facilement d’hystériques. Ça parle du boys club aussi, de l’impunité que permet parfois la célébrité et des conséquences sur les autres. Ça parle de dynamiques familiales parfois malsaines, ça parle des sacrifices quotidiens que doivent souvent faire les femmes et qui sont considérés comme totalement normaux… le tout sans jamais marteler. Pas besoin. C’est assez clair comme ça.

Pour ma part, le roman m’a fait m’interroger sur mes propres biais implicites. Car on s’attache à Maude malgré son geste. Est-ce en lien avec son côté « bien sous tout rapport » et membre de mon endogroupe (ou presque)? La relation entre les soeurs m’a aussi énormément touchée.

Bref à lire, avec le coeur bien accroché.

La dixième muse – Alexandra Koszelyk

J’aime la plume d’Alexandra Koszelyk, je crois que ça commence à être connu. Ici, il était question d’Apollinaire. La chose qui étonne est que je ne l’aie pas lu dès sa sortie.

De quoi ça parle

Quand Florent conduit un ami au cimetière du Père Lachaise, il ne s’attend pas à rencontrer Guillaume Apollinaire. Il décide impulsivement de rapporter chez lui un mystérieux morceau de bois… et il se retrouve pris dans un tourbillon de souvenirs du poète et se rapprochera de plus en plus de l’obsession.

Mon avis

Je suis toujours aussi fan de l’écriture de cette autrice. C’est magnifiquement écrit, poétique et très lyrique et quand il est question d’un poète, c’est particulièrement approprié. Il avait tout pour me plaire ce livre. Un livre qui parle de livres, le thème de l’obsession… et au départ, j’étais certaine que ce serait un coup de coeur.

Pourtant non. J’ai bien aimé, sans être totalement emportée par le récit qui promettait, pourtant. Une structure un peu répétitive à la longue? Une finale qui s’en va complètement ailleurs et qui m’a moins convaincue, même si elle noue tous les fils et rassemble son intrigue? Bref, j’ai mis une semaine et demie à le terminer, ce qui est tout de même parlant.

Nous avons donc un aller-retour passé-présent presque constant. J’ai adoré les parties dans le passé où plusieurs personnes significatives de la vie d’Appolinaire le racontent. L’homme fascine, intrigue. Ses vers parsèment le texte et donnent envie de se replonger dans ses vers (même si j’ai mes préférés!). J’ai aimé la variété des points de vue qui nous offre une vision fragmentée mais vivante du poète. J’ai été moins charmée par Florent et son histoire (à la place de sa conjointe, je l’aurais baffé… et je pense que c’est ce que l’autrice souhaitait). Quant à la fin… je suis restée dubitative. Un autre narrateur prend le relai et nous partons presque en réalisme magique. Encore une fois, ça avait tout pour me plaire. Et c’est bien fait en plus. On a des ébauches de réponses à toutes les coïncidences du roman. Sauf que je n’avais pas envie de m’éloigner de Guillaume pour ne le retrouver que par bribes. Bref, cette dernière partie, bien que magnifiquement écrite, a été plus ardue pour moi.

Un roman très atypique, qui aborde à la fois la fascination, la poésie et l’écologie. J’ai bien aimé sans adorer… et il demeure que je lirai tout ce qu’écrit l’autrice!