Les abeilles grises – Andrei Kourkov

Croyez-le ou non, j’avais dit que je vloguerais une semaine de lecture où je lirais les gagnants du prix des libraires du Québec 2023. Je les ai lus. Je n’ai pas nécessairement vlogué par contre. Juste un tout petit peu. Ceci dit, ce roman a gagné le prix fiction hors-Québec et c’est pour cette raison que je l’ai lu.

De quoi ça parle

Nous sommes dans le Dombass, vers 2017. Sergeï Sergeïtch habite en zone grise, zone désertée entre les deux armées. De son ancien village, il ne reste que deux hommes, lui et son ami-ennemi Pachka. Sa plus grande richesse sont ses abeilles et c’est pour leur permettre de butiner loin des explosions qu’il va finir par quitter son village pour passer l’été ailleurs.

Mon avis

Nous avons ici un roman assez étrange, qui nous fait voir la guerre à hauteur d’homme. Au Dombass, le conflit dure depuis 3 ans déjà et les deux seuls habitants du village – qui ne pouvaient pas se sentir en temps de paix – tentent de se tenir compagnie bon gré mal gré, afin de tromper la solitude et de préserver un semblant de vie sociale alors que tout est triste et vide. D’un côté les séparatistes russes, de l’autre, les Ukrainiens. Sergeïtch, lui, est apolitique mais clairement, il préférerait habiter rue Chevtchenko que rue Lénine. Je dis ça, je dis rien.

Ici, très peu d’action. Des dialogues parfois surréalistes entre deux hommes qui attendent la fin de la guerre comme on attend Godot. Entre tirs d’obus et morts dont ne sait déterminer le camp, ils font leur gros possible sans électricité, sans personne, avec parfois de la vodka, du miel et, pour notre protagoniste, des abeilles. Ses ruches sont le centre de sa vie, le modèle à suivre. Leur modèle de collaboration en aurait beaucoup à apprendre aux hommes, selon lui. Le récit est rythmé de moments du quotidien, quand les scènes de guerre sont devenues la norme. Étonnament, ça a été ma partie préférée malgré sa monotonie et sa grisaille.

Quand Sergeïtch prend la route, ses ruches sur sa remorque, on ressent davantage l’amour de la nature de la poésie qui s’en dégage. Notre protagoniste ne souhaite qu’une vie simple, en accord avec celle-ci mais il se retrouve étranger partout, autant en Ukraine qu’en Crimée (annexée par la Russie en 2014). Partout, on lui demande ce qu’il peut bien faire là, on suppose sur ses origines, ses allégeances, et il réussira à la fois à se faire apprécier et à rendre les gens méfiants juste en étant lui, un homme qui arrive de la zone grise avec ses abeilles. La menace est partout, on sent la présence russe juste au-dessus de son épaule. Bref, un portrait fugace de la vie à cet endroit précis, entre les Ukrainiens, les Russes, les séparatistes et les Tatars de Crimée, discriminée de tous et chacun.

Si j’ai beaucoup aimé la langue et l’état de situtation, j’ai tout de même ressenti quelques moments d’ennui et d’incompréhension face au comportement de Sergeïtch. Et je vais demander de l’aide : je sens qu’il y a une image forte avec la finale. J’ai des idées. Mais je ne suis vraiment pas certaine d’avoir bien compris la signification de cette fin. Sans doute est-ce moi qui n’est pas à la hauteur du roman… mais je n’aime pas tant me sentir comme ça! Please explain!

2 Commentaires

  1. Un livre que j’ai beaucoup aimé et qui a reçu un coup de cœur à mon club de lecture.
    Un auteur russophone qui s’est engagé sans réserve auprès de l’Ukraine dans cette guerre fratricide.

    1. Ah alors tu vas peut-être pouvoir me dire. Il y a clairement une métaphore à la fin… et je ne comprends pas du tout. La grenade? C’est quoi le truc?

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