Frankenstein à Bagdad – Ahmed Saadawi

Après avoir relu Frankenstein, j’ai décidé de commencer un vlog où je lirais des romans qui en sont inspirés. Celui-ci était parfaitement raccord avec mon challenge Lisons l’Asie en plus. Yavait plus qu’à!

De quoi ça parle

Dans le Bagdad d’après Sadaam Hussein, les attentats sont quotidiens. Dans le quartier de Batawin, anciennement riche mais aujourd’hui délabré et repaire de caïds habitent plusieurs personnes en ayant vu d’autre. Un photographe, un journaliste, un propriétaire d’hôtel décrépi, une vieille dame qui attend désespérément son fils mort et Hadi, un chiffonier conteur.

Hadi, n’en pouvant plus des cadavres abandonnés, décide d’en amener un chez lui et de le compléter, avec des parties d’autres gens morts lors d’attentats ou de tirs perdus. Le seul problème, c’est qu’un jour, il réalise que cette créature, ce Trucmuche, a disparu… et qu’il souhaite se venger.

Mon avis

Voici un roman dans lequel j’ai eu besoin de temps. Il n’est pas vraiment long mais j’ai mis trois éternités à le finir, allez savoir pourquoi. Peut-être parce que je ne comprenais pas tout, manquant de background historique sur l’histoire récente de l’Irak. Peut-être aussi que je n’arrivais pas à démêler les personnages qui ont des noms qu’il m’était facile de confondre. Normal, direz-vous, c’est une autre culture, un autre registre. Toujours est-il que pendant la première moitié du roman, si on ne donnait pas le métier du personnage, je n’avais aucune idée de qui il s’agissait. Bref, pas simple de s’attacher à qui que ce soit et de comprendre les multiples trames.

Ceci dit, je ne pense pas que ce soit le but du roman. Si au départ, on ne voit de lien avec le roman initial que la créature, on réalise ensuite que le thème du bien et du mal et de la responsabilité – personnelle ou collective. Qui est ce Frankenstein de Bagdad? Vengeur ou criminel? Et si c’était un peu des deux? Qui est tout bon ou tout mauvais? Et existe-t-il vraiment ou bien est-il seulement une histoire?

C’est que c’est Hadi qui raconte cette histoire, et que ce n’est pas toujours simple de démêler le vrai du faux. C’est un vieil homme qui boit du matin au soir et que personne ne croit. Les récits enchassés rappellent aussi le roman original alors que la créature va raconter son histoire et ses questionnements… qui trouveront leur chemin vers le roman que nous lisons. Et chacun des témoins, à leur manière, contient en lui du bon et du moins bon. Comment déterminer lequel est lequel quand tout s’effondre autour de nous et que l’histoire n’a pas encore décidé qui seraient les « bons »? Quand tout est chaos et destruction?

À travers les yeux des habitants aux prises avec leurs propres problèmes et questionnements, nous pourrons explorer la question de la corruption, des croyances mais surtout de la justice, peu importe d’où elle vient. Un roman qui m’a fait réfléchir mais qui n’a pas été une lecture fluide pour autant. J’étais intéressée et étouffée par la poussière des explosions en Irak, mais on aurait dit que je ne pouvais que le lire petit à petit, maogré la touche d’humour qui parsème parfois le récit.

À tenter… mais il faut s’accrocher au début. Ce qui semble dispersé va finir par se rassembler.

Frankenstein – Mary Shelley

J’ai lu Frankenstein adolescente. J’en avais un pas pire souvenir mais comme le roman était à l’honneur du Club Démenti, je me suis dit que ce serait une bonne idée de le relire. Surtout que je venais de recevoir cette très belle édition. C’était un signe!

De quoi ça parle

Voici l’histoire bien connue du Dr. Viktor Frankenstein, savant fou qui voulait créer la vie… et qui a réussi. Pris d’horreur devant sa créature, il l’abandonne à son propre sort, en faisant un être terriblement seul. La créature n’aura de cesse que de punir ce créateur, qui en a fait ce qu’il est.

Mon avis

Tout le monde sait que j’aime les classiques. J’aime leur prose parfois alambiquée, j’aime les « tropes » de l’époque (dont la plus fréquente est la coïncidence) et j’aime me replonger dans les croyances passées. Lire avec les références des différentes époques nous oblige toujours à nous mettre dans une position inconfortable ainsi qu’à réaliser à quel point, malgré le chemin qui nous reste à faire, les croyances ont évolué. Bref, ce roman a été publié en 1818 alors que Mary Shelley avait 18 ans, pendant la régence. Toutefois, la légende raconte que cette histoire avait d’abord été imaginée en 1815, lors d’une soirée où Shelley, son futur époux Percy et Lord Byron, avaient choisi de se raconter des histoires terrifiantes. Il y en a eu deux versions et je n’ai pour ma part lu que la dernière… mais je suis fort, fort curieuse de lire la première maintenant. Oui, on a bien compris, Mary Shelley avait 17 ans.

Ce récit est une histoire en poupées russes. Un explorateur qui souhaite trouver la route maritime du nord aperçoit un homme au bord de la mort, qui pourchasse une étrange créature. Il se prend d’amitié pour Frankenstein (parce que c’est lui), qui va lui raconter son histoire. Et dans son histoire, il y en aura une autre, celle de la créature. J’aime beaucoup cette structure, qui nous fait changer de point de vue plusieurs fois au cours de l’histoire. Bref, dans cette histoire, nous serons amenés à réfléchir sur le bien et le mal, sur leur possible coexistence dans chaque circonstances ainsi que sur les conséquences de nos actes et la responsabilité que ça implique. Parce qu’entendons-nous, Viktor Frankenstein est tout sauf sympathique.

Jamais dans l’histoire sa remise en question ne sera vraiment complète, même s’il finit par s’interroger. Il est davantage préoccupé par les conséquences pour lui-même que pour la créature qu’il a créé. Et le tout demeure très actuel car il fait réfléchir sur la responsabilité. Qui est le vrai coupable des meurtres? Le créateur ou la créature? Un être peut-il être brisé par la société? La différence et ce qui est considéré comme la laideur fait-il toujours aussi peur? Bref, énormément de questions universelles, auxquelles s’ajoute la nature du bien et du mal ainsi que l’aveuglement volontaire face à certaines situations.

Certes, il y a des coïncidences que je ne laisserais pas passer dans une oeuvre plus moderne. Des réponses qu’un homme aussi brillant aurait dû trouver. Mais il y a un vrai souffle dans cette histoire, qui doit être vue avec la lunette de l’époque et la vision biaisée du monde que pouvait avoir un jeune homme en moyens, dans un monde où la langueur était « à la mode ».

Bref, une relecture très intéressante pour moi, un très bon moment de lecture et je vous renvoie à notre discussion sur Youtube, sur la chaîne de Sylvain – où je pense que je dis que c’est victorien… SHAME ON ME!!

The Island of the missing Trees (L’île aux arbres disparus) – Elif Shafak

Pour mon Lisons l’Asie, j’ai choisi de relire Elif Shafak. Je l’ai lue plusieurs fois depuis mon voyage en Turquie et je suis rarement déçue, même si mon préféré reste ma première lecture doit « La bâtarde d’Istambul« . Donc, un roman qui se passe à Chypre, par une autrice turque, why not!

De quoi ça parle

Deux adolescents, à Chypre. Il est un Chypriote-Grec, elle est une Chypriote turque. Leur amour est interdit et ils vont se rencontrer dans une taverna très particulière, cosy et bruyante, au milieu de laquelle pousse un immense figuier qui sera témoin de leurs amours et de leur séparation.

Vingt ans plus tard, il revient à Chypre. Et encore plus tard, en Angleterre, un figuier sera enterré dans la cour de la maison où habite Ada Kazantzakis, adolescente à la recherche d’elle-même, originaire d’une île qu’elle n’a jamais vue.

Mon avis

On va s’entendre, je ne savais RIEN de l’histoire de Chypre. Non mais comment c’est possible? Une guerre qui a divisé le pays en deux? Il y a si peu de temps? Et je ne savais pas? Il ne resterait que deux village mixtes dans tout Chypre. Bref, ne serait-ce que pour ça, je suis très contente de l’avoir lu.

Nous commençons donc l’histoire avec Ada. Ada a perdu sa mère. Elle est à la recherche d’elle-même mais ne le sait pas encore. Mais son mal-être s’évacue dans un cri, un hurlement, en pleine classe. Puis elle apprend la mort de ses grands-parents turcs. Et sa tante, qu’elle ne connaît pas, débarque. Peut-être va-t-elle mieux comprendre les secrets de sa famille, ceux qui faisaient trop mal pour être révélés.

Comme souvent, ce n’est pas tant l’histoire d’amour qui m’a touchée, même si Kostas et Defne sont très attendrissant et si leurs retrouvailles sonne vrai, à défaut d’être parfaite. Pour moi, les sentiments qui ressortent sont surtout la nostalgie de l’enfance, de l’adolescence perdue, interrompue par les horreurs de la guerre. La pire nostalgie, celle des choses qui ne se sont pas déroulées, celles qui auraient pu être. Certaines scènes sont terribles, les traumatismes du passé sont prégnants pour Defne, qui n’a jamais quitté cette époque et qui cherche à comprendre. Le sort de certains personnages m’a brisé le coeur. Et c’est l’une des premières fois où j’ai réussi à comprendre « pourquoi » certains secrets sont juste « trop ». Pourquoi certains parents choisissent de taire des parties de leur histoire en croyant faire le mieux pour leurs enfants. Pourtant, Ada, elle, a besoin de comprendre.

Toutefois, pourmoi, ça n’a pas été un page turner. J’ai mis un bon 2 semaines à lire ce roman, certes lu dans une étrange période. Je ne m’ennuyais pas en le lisant mais je n’avais tout de même pas envie d’y revenir à tous prix. Ceci dit, ce roman m’a tout de même fait tomber amoureuse d’un figuier!

Le rocher blanc – Anna Hope

Je pense que c’est le schéma de couleurs de la couverture qui m’a fait choisir ce roman au salon du livre de Québec. Peut-être le nom de l’autrice, que j’avais déjà entendu. Bref, je n’avais pas lu de critiques et je ne savais pas du tout de quoi il était question quand je l’ai commencé.

De quoi ça parle

Au Mexique, il y a un mystérieux rocher blanc. Un rocher qui revet une grande importance pour les Wixárikas, qui lui attribuent des pouvoirs magique. Quatre narrateurs à travers les siècles vont côtoyer ce fameux rocher, qui prend pour chacun une signification particulière.

Mon avis

Je vais être claire dès le début, j’ai très moyennement aimé. Je n’ai pas compris l’objectif de cette histoire et j’ai eu vraiment, vraiment du mal à m’y intéresser. J’ai trouvé ça… long. Nous suivons quatre personnages. Une femme pendant la pandémie, qui effectue un pélerinage avec sa fille et son ex-mari (tout ce que la petite fille dit c’est « du laaaaaait »)! Un chanteur dans les années 70, qui a beaucoup en commun avec Jim Morrison, et qui est généralement défoncé. Une jeune fille autochtone enlevée pour s’être rebellée et devenue esclave en compagnie de soeur. Et finalement, un explorateur-colonisateur espagnol qui se voit confronté à la vision différente d’un collègue.

Le seul personnage qui m’a vraiment intéressée est celle de la jeune fille Yeome et sur elle, j’aurais aimé en savoir davantage. Sa famille tente de se rebeller pour éviter la venue du chemin de fer, et ça ne plait pas aux autorités mexicaines. Son histoire et celle de sa grande soeur est touchante et j’ai bien aimé la finale ouverte. L’histoire de l’explorateur n’est pas mal non plus et questionne l’histoire… mais les deux plus récents… un gros bof bof. Je me suis juste ennuyée.

En fait, je n’ai pas vraiment compris le lien entre toutes ces histoires. La voix du rocher, au milieu du roman, ne m’a pas atteinte. J’ai aimé la structure : chaque histoire est divisée en deux, en ordre décroissant, puis, pour les secondes parties, on revient vers le présent. Mais comme le roman se termine sur les deux histoires qui ne m’intéressaient moins, je n’ai pas réellement fini sur une bonne note. Bref, déception. Et je ne sais pas du tout si je relirai l’auteur.

Clara lit Proust – Stéphane Carlier

On s’entend, il y a le mot Proust dans le titre. Et quand il y a le mot Proust dans le titre, je lis. Même si je n’ai pas trippé sur les deux romans de l’auteur que j’ai déjà lus (ça et ça pour information). Ouais, je suis une fille comme ça.

De quoi ça parle

Clara est une jeune coiffeuse dans une petite ville. Elle a un copain qui a un corps de rêve, une patronne qui semble sortie d’un roman. Et un jour, un hasard. Elle va tomber sur « Du côté de chez Swann ». Et ça va être la révélation.

Mon avis

Clairement, voici mon roman préféré de Stéphane Carlier. Ce n’est pas un coup de coeur car j’ai un peu moins accroché à la partie « salon de coiffure » mais la découverte de Proust, les premières impressions de la jeune fille, son ouverture à cet univers… c’est tellement ça. Mais TELLEMENT. Et ça donne envie de relire des passages de la Recherche. Ce que je ne me suis pas retenue de faire, of course.

J’ai adoré voir cette jeune fille qui n’était pas réellement « une lectrice » découvrir le pouvoir des mots, des phrases qui nous transportent. J’ai souri à la voir tomber en pâmoison devant des images, en la voyant regarder le monde avec un tout novueau regard Proustien. J’ai aimé la voir réaliser que Proust, c’est souvent drôle, que c’est souvent une parodie de son époque, et que c’est de son lit qu’il nous raconte cette histoire. J’ai bien ri à ses réflexions telles que : bon, quand même, il aurait pu abréger! Quel bonheur de la voir tomber amoureuse de Françoise, Charlus, la grand-mère… bref, pour Proust, ça le fait.

Est-ce que j’ai tout autant aimé? Ok, non. La partie avec Clara au salon de coiffure, c’est moins « ça », même si j’ai aimé la découverte de soi et le parcours amorcé par la lecture de Proust. J’ai apprécié le changement de regard, mais la différence de ton dans la narration clashe un peu. Je me suis questionnée à savoir pourquoi une seule histoire de cliente (celle en italique) de salon alors qu’on aurait pu en avoir plusieurs… ou pas du tout. De plus, j’ai aimé Clara « avec » Proust, mais j’ai l’impression de ne pas la connaître hors de ça. Toutefois, j’ai aimé la fin, avec son côté madeleine.

Une bonne lecture. Et bon. Proust, quoi!

Blackwater – 1- La crue – Michael McDowell

Comme toujours, les belles couvertures m’attirent. Et celle-ci est juste magnifique. Et comme je préférais encore celle de Monsieur Toussaint Louverture à celles d’ici, une copine m’a envoyé sa collection, qui s’en allait anyways en boîte à livres. Non mais c’est tellement gentil! Ok, ça m’a pris un an pour commencer la série mais étant donné mes PAL-Performances habituelles, ce n’est clairement pas si mal, n’est-ce pas!

De quoi ça parle

Nous sommes au début du 20e siècle à Perdido, Alabama. Toute la ville a été inondée par une terrible crue et la communauté tente de se relever et de se réorganiser. Sauf qu’arrive d’une façon très étrange la mystérieuse Elinor Dammett, qui va mettre sans dessus dessous le village, surtout la famille Caskey, riches propriétaires de la scierie du coin, menée d’une main de fer par la matriarche Mary Love et son fils Oscar.

Mon avis

J’arrive après la bataille, je sais. Au début, les avis étaient de folie, puis plus mitigés… j’ai donc commencé ma lecture sans attente particulière et je dois avouer que je fais partie de ceux qui ont été charmés par cette série, du moins par le début. D’abord, ça se lit tout seul. Mais vraiment tout seul. Nous avons une atmosphère pesante, lourde, imprégnée de l’odeur de la crue et de mystère.

L’aura fantastique est toujours présent, mais très ténu. Lors de la crue, Elinor va faire son apparition, dans une chambre d’hôtel inondée. Comment elle a pu y survivre? D’où est-elle arrivée? Ça reste un mystère. Elle semble avoir des pouvoirs… peut-être. Mais c’est surtout une saga familiale, la vie d’un village dirigé par une femme qui a l’habitude d’être écoutée et à qui on obéit. Autour d’elle son frère, marié à Geneviève, qui fait des allers-retours au village avec son parfum de bourbon. Il y a Sister, la fille, éternelle vieille fille sous la houlette de sa mère. Il y a les serviteurs noirs, clairement pas traités de la même façon que les blancs, mais qui semblent voir les choses autrement.

Dans ce premier tome, nous allons faire connaissance de tous ces personnages, comprendre comment fonctionne ce petit univers. Ça se lit comme une télésérie, de scène en scène. Les mois se succèdent et d’Elinor, nous ne savons que ce qu’elle veut bien nous dire. Elle dit être venue pour travailler mais tous ses papiers sont restés dans l’inondation de l’hôtel où on l’a trouvée. Entre Mary Love et elle, c’est la guerre instantannée. Mais une guerre sous-jacente, faite de sous-entendus et de stratégies. Un bras de fer, des partis pris, la relation entre Mary Love et ses enfants est fascinante, malgré son côté malsain. Bref, je suis clairement rentrée dedans.

Je lirai donc le tome 2… je suis très curieuse de voir si on va construire cette fameuse digue! Qui va gagner?

Finlay Donovan is killing it – 1 – Elle Cosimano

Ce roman, c’est la faute de Books and Lala, sur Youtube. Après avoir lu plusieurs romans plus difficiles et demandants, j’avais besoin d’une petite lecture rapide. Et j’ai drôlement bien fait car je l’ai dévoré… et j’ai adoré.

De quoi ça parle

Finlay Donovan est dans une situation un peu sans issue. Son ex lui fait des misères, elle n’a plus un sou devant elle et la page blanche… elle connaît. Quand une mystérieuse dame entend une conversation entre elle et son agente – à propos de son prochain livre impliquant un bad guy qui risque de mal finir – elle la confond avec une tueuse à gages… et lui donne un contrat. Un contrat dans lequel elle va se retrouver empêtrée… et vous verrez!

Mon avis

Il y avait longtemps que je n’avais pas pris autant de plaisir à lire un cosy mystery. La dernière fois, c’était avec Stephanie Plum et j’avoue ici avoir quelques vibes de cette série chouchou. C’est moins « grand n’importe quoi », mieux adapté à 2023, mais il y a le côté déjanté, les personnages secondaires un peu foufous qui me plait dans les romans de Evanovich.

Ici, nous avons Finley. Finley qui va se retrouver dans une situation difficile et qui décide de tenter de s’en sortir… en prenant les pires décisions ever. On dirait que l’univers conspire pour la mettre dans le trouble. Et malgré tout, elle reste une mère de famille qui souhaite le mieux pour ses enfants, qui a un mari horrible… qui vient, en plus, de renvoyer la nanny. Le tout parce qu’il ne prend pas Finlay et sa carrière au sérieux. La nanny, je l’adore. Elle est jeune, a du caractère.. et a autant de talent que Finlay pour se mettre les pieds dans les plats. Parce que entendons-nous, le mec du contrat, il va se retrouver mort!

Bref, elle fait toutes les erreurs de débutant, elle a des idées complètement à côté de la plaque, il y a un beau policier, un beau – et jeune – barman… c’est tout ce que je demandais. Si les choses se résolvent, ce n’est clairement pas vraiment en raison de ses talents d’enquêtrice! Et la finale… WTF?!?! J’adore!

Et je lirai le tome 2. Genre… vite!

Vigdis la farouche – Sigrid Undset

J’ai dû voir ce titre dans une vidéo. Quelque part. Et j’ai dû le commander à la bibliothèque car le mot « saga islandaise moderne » (moderne voulant dire 1909) m’appelle toujours irrésistiblement. Kariiiiiiine, lis moi!!

De quoi ça parle

Quand Viga Ljot, jeune islandais, débarque en Norvège avec son oncle dans la propriété de Gunnar et de sa famille, il tombe sous le charme de Vigdis, la fille du domaine. Malgré une réelle attirance, la famille de la demoiselle n’est pas encline à accepter la demande… et Ljot commet un acte impardonnable. Et Vigdis ne va pas oublier.

Mon avis

Il faut entrer dans ce roman en se disant que c’est écrit comme une saga islandaise. C’est factuel, les phrases sont courtes, on va à l’essentiel, le temps passe rapidement et si on ressent l’immensité et la rudesse du climat, nous ne sommes pas du tout ici dans de longue descriptions lyriques. Du. Tout. Nous avons un roman qui se passe sur près de 20 ans et qui a quoi… 180 pages. Ça peut vous donner une idée.

Et moi? J’ai beaucoup, beaucoup aimé. Les sagas islandaises, j’aime. Les vikings, le 10-11e siècle, la vie rude, l’esprit de conquête et de vengeance, ça me plait beaucoup. Du coup, j’ai été ravie de retrouver cette amosphère ici. Nous avons des personnages pleins de failles, qui parlent par l’épée et ont parfois la morale élastique, surtout quand vient le temps de tuer leurs semblables. Certains évoluent réellement dans cette histoire et Vidgis, avec sa force et sa fierté, est un personnage dont je me souviendrai. On évite plusieurs pièges, les gens ont la mémoire longue, les sentiments sont exacerbés et l’histoire est réellement grandiose et mémorable. Le matériel pour faire une saga!

Malgré le peu de mot, on ressent le froid, les grands espace et la dureté du climat. Nous sommes dans une époque rude et le père de Vigdis lui permet de choisir son homme, ce qui est déjà une bonne chose, et nous voyons apparaître la chrétienté dans ce royaume d’anciens dieux. Le roi Olav fait d’ailleurs une courte apparition. Certes, ce dernier thème aurait pu être davantage développé mais comme je suis HYPER fan de ce thème (la fin des anciens dieux), j’en prendrais toujours plus.

Bref, une très belle découverte et j’ai maintenant envie de lire Christine Lavransdatter, l’énooooorme roman qui est son oeuvre la plus connue!

L’ingratitude – Ying Chen

J’ai acheté ce roman en 2009. Et 14 ans plus tard, il était toujours dans ma pile. Oui, je sais, ça fait peur. Et ce n’est même pas l’un des plus vieux. Je discutais avec ma mère des anciens gagnants du prix des libraires du Québec et j’ai réalisé que l’autrice était sino-québécoise. Donc, ça entrait en plus dans mon Lisons l’Asie, surtout que ce court roman est bien ancré dans la culture chinoise.

De quoi ça parle

Ceci est l’histoire d’une fille. Elle est la fille de sa mère, mère qui la domine, la contrôle et qui n’admet pas qu’elle soit autre chose qu’une prolongation d’elle-même. La fille est morte, nous le savons dès les premières pages, et c’est son fantôme qui va nous raconter comment elle a pu en arriver là, écrasée sous les exigences de sa mère et le sentiment de ne jamais être à la hauteur.

Mon avis

Voici donc un roman qui dérange. Pour en avoir avec une amie ayant une mère chinoise, elle m’a expliqué que ce qui était dans les pages de ce livre avait touché sa propre mère droit au coeur, lui faisant presque revivre certaines parties de sa vie. Nous sommes en Chine, notre héroïne a 25 ans et n’a aucune liberté. Non seulement ça, mais la relation mère-fille prend toute la place, l’empêchant d’être quoique ce soit sauf sa fille à elle, cette mère qui n’est jamais satisfaite et qui le lui fait quotidiennement savoir.

Il paraît que la pression mise sur les filles chinoises était terrible à une époque et qu’à certains endroits, elle l’est encore. Les apparences sont ici ce qui compte, la mère a tous les droits et fait ressentir à sa fille tout le poids de sa prétendue ingratitude. Tout le temps. Impossible de s’échapper. La figure de la mère est anxiogène au possible et on comprend presque la narratrice de ne voir qu’une seule issue possible. Bref, ça frappe.

L’écriture est très belle, poétique, remplie d’images. Le personnage principal est évanescente, autant vivante que morte. On la sent hors du monde, sans espoir, sans même une définition d’elle-même, qui ne se sent vue que par le regard intransigeant de sa mère.

J’ai donc bien fait de le sortir de la fameuse pile – montagne – à lire!

1Q84 – tomes 1 à 3 – Haruki Murakami

Je voulais lire 1Q84 depuis sa sortie. Mais voyez-vous, il y a beaucoup, beaucoup de pages. Alors j’ai attendu. Et ce n’est que quoi… 14 ans plus tard, que je me suis décidée à le lire.

De quoi ça parle

Deux histoires, deux personnages, dont les destins vont se croiser dans des mondes étranges.

Tengo est un jeune auteur qui tente de percer. Il va un jour être amené à réécrire un mystérieux roman « La chrysalide de l’air », écrit par une mystérieuse jeune fille de 17 ans et qui implique d’étrange « Little People ». Il est le fils d’un père percepteur pour la NHK et a dû passer son enfance à faire du porte à porte pour récupérer les redevances.

Aomamé est quant à elle massothérapeute et professeur de sports. Dans ses temps libres, elle est tueuse à gages. Lors d’une mission, elle passe en 1Q84, monde mystérieux où il y a deux lunes et où l’ordre du monde semble être perturbé.

Mon avis

Ouvrir un roman de Murakami, c’est accepter d’entrer dans un univers particulier, dans lequel nous allons perdre nos repères. Bref, on n’y comprend pas toujours tout mais c’est tellement, tellement particulier qu’il est impossible de ne pas reconnaître sa patte, l’atmosphère de ses écrits. Il est difficile de parler de cette trilogie dans son entier mais il est tout aussi difficile de parler des tomes séparément. Je me suis donc dit que j’allais aller au plus court, soit un seul billet.

Ai-je aimé? Oui j’ai aimé. J’ai quelques bémols mais en gros, c’est une lecture dont je me souviendrai. Le premier tome est assez flottant. Je l’ai refermé sans trop savoir si j’étais capable d’en parler car je n’aurais pas vraiment pu dire où ça s’en allait. On prend le temps de rencontrer les personnages, de bien comprendre qui ils sont et d’où ils viennent. Aomamé, surtout, fascine. Qu’est-ce qui peut bien avoir amené cette jeune femme à tuer des hommes? Et où est-elle donc? Tengo est-il dans le même monde? Y a-t-il un lien entre eux?

On commence à avoir des réponses dans le tome 2, où on voit les Little People pointer leur nez et l’histoire se resserre dans le tome 3, qui voit apparaître un troisième point de vue, celui d’un étrange détective. Le roman est assez lent, plusieurs phrases sont répétitives, mais ça ajoute à l’ambiance générale de flottement, de mystère et d’onirisme. Aura-t’on toutes les réponses? Non mais on est dans un Murakami. Il ne faut pas s’attendre à ça. Mais j’avoue que cette fois-ci, j’aurais aimé en savoir davantage sur certains sujets, notamment sur les fameux Little People, qui resteront somme toute assez mystérieux, avec leur aspect choral et leur « ho-ho ».

Certes, comme toujours dans Murakami, on se demande pourquoi tant de poitrines et tant de mamelons. Cher homme, crois-moi, nous les femmes ne pensons pas toujours à la forme de nos seins. Ce n’est pas, dans nos constantes préoccupations. J’ai cessé de compter le nombre de mentions! Il faut savoir. C’est toujours comme ça.

Ceci dit, c’est une bonne histoire de mondes parallèles (mais en sont-ce?), de cultes et de croyances. J’ai beaucoup aimé (j’ai dégommé les 3 tomes en 3 semaines). Tout plein de métaphores… et je voudrais bien lire le livre de La ville des chats!