Les Alchimies – Sarah Chiche

Ceux qui me connaissent peuvent le deviner : j’ai choisi ce roman parce que dedans, il y avait Goya. Quand il y a de la peinture, I’m in. En plus, on me parlait d’ambiance un peu gothique, de mystères, de secrets de famille… dans ma tête, c’était pour moi. Sauf que bon. Peut-être pas tant?

De quoi ça parle

Camille Cambon est « la fille de ». Elle est médecin légiste comme son père et travaille dans un hôpital parisien. Un jour, elle reçoit un étrange message de la part d’une personne ayant bien connu son père et son oncle, qui ont tous les deux eu une grande carrière scientifique ainsi que sa mère. La correspondante est une ancienne directrice de théâtre qui a les a bien connus et qui a des secrets à lui révéler, secrets qui concernent Goya, leur passion pour le peintre et la recherche de son crâne qui a mystérieusement disparu des années auparavant.

Mon avis

Allez, clarifions les choses dès le départ. Cette lecture a été pour moi en demi-teinte. Il y avait tellement à faire avec ce thème, Goya est fascinant, les folies que l’on fait quand on est jeune adulte aussi, les passions, les excès… et en plus, c’est bien écrit. Mais il y a un mais, qui fait que, finalement, je ne saurais à qui recommander ce roman.

Le livre s’ouvre en 2022, avec Camille. Mère monoparentale, elle est dans un système médical qui bat de l’aile et est médecin légiste, comme son père. Sa vie n’est pas si simple et quand elle reçoit le fameux courriel, elle choisit d’aller voir et va rencontrer cette femme, qui est entrée dans la vie de ses parents à une époque troublée.

Mon problème? Camille, je m’en fichais un peu. Pourtant, il y aurait eu des choses à dire sur elle mais les deux parties du roman sont tellement différentes l’une de l’autre que j’ai eu du mal à faire le lien. Et toute l’influence de l’histoire dans le passé sur Camille m’a donc laissée complètement indifférente. J’aime les histoires passé-présent mais ici, l’exécution ne m’a pas convaincue.

Par contre, l’histoire dans le passé m’a beaucoup, beaucoup plu. Ce tourbillon de folie, cette période hors du temps, le besoin d’avoir une passion, une cause, un endroit à soi… on vit avec les parents de Camille ce moment particulier, les relations intenses, l’amour, les amitiés amoureuses et c’est bien fait. Ils sont persuadés de travailler pour la science, ils sont prêts à tout, à fonder une société secrète… et même à prendre de fort mauvaises décisions. Et au milieu de tout ça, il y a Goya, sa vie, sa santé et les influences de tout ça sur son art, ses tableaux, ses esquisses. Et ça, j’ai aimé. Je suis retournée lire sur Goya et c’était fort intéressant. Sauf que bon, le lien entre ça et Camille… moyen!

Avis en demi-teinte donc. Une bonne et une moins bonne partie. Je vous laisse voir si ça vous tente!

Tress de la Mer Émeraude – Brandon Sanderson

Mon amie Yueyin m’a offert ce – très – beau livre en cadeau. C’est mal parce que maintenant, je les veux tous, mais les cadeaux, j’essaie de les lire dans l’année. Et j’ai bien fait parce que c’était chouette comme tout.

De quoi ça parle

Tress est une jeune fille ordinaire, sur une toute petite île bien ordinaire, au milieu d’une mer de spores vert émeraude qui peuvent tuer si elles sont mouillées. Elle est laveuse de carreaux et a deux passions : Charlie, le fils de l’homme le plus puissant de l’île et… sa collection de tasses de thé.

Mais quand le père de Charlie décide de le marier (par à Tress – of course – à quelqu’un de riche), il finit prisonnier de LA sorcière et Tress décide d’aller le secourir.

Mon avis

Imaginez The Princess Bride si la princesse Bouton d’Or avait décidé, armée de toute sa gentillesse et de son incompétence, d’aller sauver son bien aimé au lieu d’accepter sa mort? C’est tout à fait l’impression que m’a donnée cette histoire. Ceci dit, c’est un peu normal vu qu’à la fin de mon livre, j’ai réalisé que je n’étais pas dans le champ vu que c’était exactement l’inspiration de Sanderson. On est connectés je vous dis!

J’ai beaucoup aimé cette aventure, avec une héroïne a-do-ra-ble qui se ramasse sur un bateau pirate, à la merci d’une capitaine cruelle qui n’a plus rien à perdre. Son seul allié, au départ? Un rat qui parle. Elle prend dans son bagage tout son courage et ses tasses de thé préférées, sans oublier son talent pour faire briller les différentes surfaces. Bref, le fait qu’elle ait survécu 5 minutes est un miracle.

Ceci dit, c’est une quête que j’ai adorée. Tress évolue réellement dans l’histoire. Pas seulement ses capacités, mais aussi ses buts, ses désirs. Elle élargit ses horizons et réussit à se forger une found family dans un bateau pirate. C’est une vraie « bonne personne » et j’avais l’impression de me retrouver dans un conte épique de mon enfance. La magie est très cool, on est dans le cosmere et on a le meilleur narrateur du monde.

Parce que je ne vous ai pas parlé de narrateur hein! Si vous connaissez un peu le Cosmere, vous connaissez Hoid. J’adore Hoid. Et ici, c’est lui qui nous raconte l’histoire, avec tout son humour et ses appartés hilarants. Il faut dire que le personnage n’est… pas dans son état normal. C’est certes du grand n’importe quoi mais ça a donné le côté « narrateur externe qui est conscient de raconter une histoire » que j’ai trouvé tout à fait jubilatoire. Ça a clairement apporté un petit quelque chose à mon expérience de lecture.

Bref, une très bonne lecture, qui se retrouve dans mes mentions spéciales 2023. Et j’ai reçu Yumi pour Noël!

Divine Rivals – Rebecca Ross

Dans la série « je lis les favoris de… » , j’ai choisi un livre dans la liste de Sous le ciel. Ça adonnait bien, je l’avais. En deux exemplaires. Merci deux abonnements différents à des boxes littéraires! Il fallait ça pour que je lise un livre de box hein!

De quoi ça parle

Nous sommes dans un univers qui ressemble au nôtre au début du 19e et où la magie existe. Il y a une guerre, mais une guerre où les gens se battent pour l’un des dieux. Iris est une jeune femme de classe populaire, son frère est parti à la guerre se battre pour la déesse Enva et elle souhaite plus que tout avoir le poste de chroniqueuse dans le journal le plus important de la ville.

Sauf qu’ils dont deux à se battre pour cette position et son rival est Roman Kitt, jeune homme riche, de bonne famille et surtout très arrogant. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que le dit jeune homme est celui qui reçoit les lettres qu’elle écrit à son frère et qu’elle glisse sous la porte de la penderie.

Mon avis

Sans l’avis de Sous le ciel, je ne sais pas si j’aurais tenté ce roman. Depuis les dernières années, j’ai du mal à me plonger dans le fantastique YA, surtout avec tout plein d’amour. Est-ce que c’est ça, la Romantasy? Sauf qu’ici, malgré la magie, les dieux et tout ça, les personnages m’ont semblé vrais. Genre, on aurait pu avoir presque la même histoire sans la magie, en remplaçant quelques éléments et le côté fantastique ajoute un côté mythes et légendes que j’ai bien aimé. J’ai donc passé un très bon moment de lecture et j’avoue que pendant toute la première partie, j’étais follement enthousiaste.

Le suis-je restée? Je dois avouer avoir eu une petite descente enthousiastique quand le côté romance a pris davantage de place mais étant donné le contexte, l’urgence de la situation et la guerre qui rend tout plus intense, j’ai parfois limite été émue. C’est qu’on ne sait pas s’ils seront encore là le lendemain.

Vous pouvez donc vous imaginer que l’histoire ne se limite pas à deux personnes qui sont rivales et qui se battent pour un même poste. On sort assez vite de cette situation, à mon plus grand plaisir. Il y a un petit côté You’ve got mail qui m’a bien plu aussi. La plume m’a étonamment accrochée en plus. Rien de trop lyrique ou de verbeux mais l’écriture est très, très évocatrice, même si quelques précisions sur les sentiments des personnages auraient pu être économisées.

Ceci dit, je me suis attachée aux personnages, autant les principaux que les secondaires, le côté found family, l’intensité qu’oblige la situation ainsi que les derniers retournements. On a le goût que les personnages soient heureux ensemble et dans mon cas, c’est assez rare pour être mentionné.

Je lirai le tome 2. Genre, ce mois-ci!

Très bon divertissement!

Sur les ossements des morts – Olga Tokarczuk

J’ai déjà lu Olga Tokarczuk avec Le livre de Jakob, lu il y a plusieurs années. J’avais eu un peu de mal avec touuutes ces pages car il y avait beaucoup beaucoup de personnages et que j’avais du mal à me concentrer suffisamment pour ce degré d’érudition. J’ai eu envie de réessayer, vu que Séverine a beaucoup aimé… et que ça m’a étonnée en référence avec ce que j’avais lu de l’autrice. Donc j’ai tenté le coup. Et j’ai tellement, mais tellement bien fait!

De quoi ça parle

Janina Doucheyko est à la retraite. Elle a choisi de s’établir sur un plateau isolé, presque inaccessible en hiver. Elle aide un peu à l’école du village, surveille les propriétés des voisins qui ne sont pas là l’hiver. Un jour, son voisin vient la chercher. Grands Pieds, un autre habitant permanent du plateau est mort. Et les morts ne vont pas s’arrêter là.

Mon avis

Ce roman est top. Et pourtant, je ne suis pas à fond dans la cause animale mais si en plus vous êtes attachés à cette cause, vous allez adorer encore plus. C’est un texte engagé, intelligent, très accessible et brumeux, qui parle de la place de l’homme dans la nature et l’univers. L’autrice réussit à recréer à merveille l’ambiance d’un petit village à cheval sur une frontière (entre la Pologne et la République Tchèque) où tout le monde se connaît et où le passe-temps principal est la chasse. Ce qui ne plait pas toujours à notre personnage principal.

Et quel personnage!

Janina est ex-tra-or-di-naire. Elle vit dans un univers bien à elle, entre son amour pour les animaux et la nature et sa passion pour William Blake et surtout, l’astrologie. Son livre de chevet : des éphémérides. Elle est persuadée que les planète influencent et déterminent le destin des hommes et va interpréter tout ce qui l’entoure en regardant le monde travers ce prisme ma foi… particulier. Ésotérique, végétarienne, elle vit comme une souffrance incroyable la mort des animaux. J’ai adoré sa voix qui nous fait rire malgré son pessimisme car sa façon de penser est tellement, tellement out of it!

Bref, quand quelques personnes bien connues du village commencent à mourir, elle a une idée fixe. D’ailleurs, l’astrologie le dit : les tueurs sont des animaux qui prennent leur revanche. Genre, la comtesse de Monte Bichette. Elle ne se gêne d’ailleurs pas pour le répéter à tous et chacun, au risque de passer pour une totale cinglée.

Certes, le propos est appuyé. Certes, on voit un peu venir… mais cette plume! Cette plume! Je pardonnerais presque tout à une telle écriture poétique, ciselée, réflexive… certaines phrases marquent et permettent de réfléchir sur le rapport à la vieillesse et à la nature ainsi que sur la vie presque hors du monde. Un roman marquant, qui m’a fait penser à mon amie Angela Morelli, anciennement Fashion Victim!

Shiny Spring Challenge… oui, j’aime faire des piles!

Une petite vidéo aujourd’hui, pour vous présenter une pile à lire, celle du challenge proposé par Floris de Floflyy.

Un challenge saisonnier, des catégories, des livres que je ne lirai – probablement – pas.

Que du bonheur!

Participez-vous? Y a-t-il des livres qui vous plairaient là-dedans? Et pour ne pas vous obliger à voir la dite vidéo, voici les titres que j’ai mis dedans!

  • Ballerina – Vicki Baum
  • La mandoline du capitaine Corelli – Louis de Bernières
  • Le dernier jour d’un condamné – Victor Hugo
  • We should all be feminists – Chimamanda Ngozie Adichie
  • Mr Big – India Desjardins I
  • llusions perdues -Balzac
  • Demon Copperhead – Barbara Kingsolver
  • Vandale – Chris Bergeron
  • Le pavillon d’or – Yukio Michima
  • Inspecteur Spector – Ghislain Taschereau
  • Finlay Donovan #3 – Elle Cosimano
  • Guide du voyageur galactique 3 – Douglas Adams
  • Dieu, le temps les hommes et les anges – Olga Tokarczuk
  • Cometierra – Dolores Reyes
  • Akuteu – Soleil Launière
  • The hearing Trumpet – Leonora Carrington
  • Cursed Bunny – Bora Chung
  • La place – Annie Ernaux
  • Retro Love – Julie Rivard
  • Sidérations – Richard Powers
  • Hôtel de verre – Emily St John Mandel
  • Le chef de Nobugana – Takuro Kajikawa
  • Les délices de Tokyo – Durian Sukegawa
  • The astonishing color of After – Emily XR Pan
  • Yumi et le peintre des cauchemars – Sanderson
  • Millepertuis – Julia Thévenot
  • Juliette – Abd El Malik
  • Les aiguilles d’or – Michael McDowell
  • Versets sataniques – Rushdie
  • My heart is a chainsaw – Stephen – Graham Jones
  • Un barrage contre le Pacifique – Duras
  • Bankok Déluge – Pitchaya Sundbanthald

La Voie des Rois – Les Archives de Roshar – 1 – Brandon Sanderson

Je n’ai pas fini Mistborn. Je sais, c’est mal. Mais j’ai QUAND MÊME commencé Roshar. Ma lecture de Mistborn remonte à tellement longtemps que je devrais relire tout le premier tome… et je suis clairement trop paresseuse. On ne se refait pas.

De quoi ça parle

Oh boy… ce n’est pas simple.

Nous sommes donc à Roshar, un royaume fantasy très complexe, avec son histoire où figurent des Néantifères, des Radieux, grandes désolations et autres joyeusetés. Nous rencontrons au départ trois personnages principaux, qui ne se connaissent pas et qui, techniquement, ne devraient pas se rencontrer.

Dalinar Kholin est Haut-Prince, oncle du roi. Il est fasciné par un ancien texte, La Voie des Rois, alors que toutes les armées du royaume combattent séparément un même ennemi… pour accumuler des richesses.

Kaladin est quant à lui homme de pont dans l’une des dites armées. Homme brisé, il est maintenant esclave.

Shallan est quant à elle à l’autre bout du monde. Pour sauver sa famille, elle est prête à tout et souhaite se faire engager comme pupille auprès de Jasnah Kholine, érudite et hérétique.

Et une autre voix… celle de Szeth, mystérieux assassin.

Mon avis

J’aime Sanderson. J’aime ses univers fouillés, son imagination, et surtout le fait que ses royaumes ont une histoire. Une vraie. Et qu’il me fait le découvrir avec lui, petit à petit. Entrer dans un Sanderson, c’est accepter d’errer un peu à l’aveuglette pendant un petit moment. Ou parfois un long moment.

Et moi j’adore.

Bref, ce premier tome qui comporte BEAUCOUP de pages et somme toute assez introductif. Il place ses personnages, ses univers, son monde. Ce qui fait que quand la tension monte vers la fin du roman, on est déjà attachés à ceux-ci et on ressent les choses avec eux. J’adore Kaladin, qui est le premier à avoir une vraie évolution, de vraies épreuves. Il se retrouve dans une situation désespérée et va réussir quelque chose d’extraordinaire. Par lui-même. Sans pouvoir. Quoique… nous verrons!

On sent que ces personnages vont finir par se rencontrer…. mais ce ne sera pas si rapide. Pas du tout rapide, même. J’ai aussi beaucoup aimé le personnage de Dalinar Kholin, homme qui souhaite être juste et qui est hanté par d’étrange visions pendant les non moins étranges tempêtes majeures. Il se sent perdu, doute de lui-même et est dans une fort mauvaise position à la cour du roi son neveu. Sa nièce Jasnah est également une personnage que j’aimerais voir davantage développé.

Ceci dit, l’univers et les légendes me fascinent. Et maintenant, ces personnages sont devenus mes amis. Je suis consciente que certains y trouveront des longueurs. Mais comme je ne suis pas du genre à avoir du souci avec les longueurs qui servent à créer un univers et une atmosphère, surtout quand il n’y a pas d’info dumping, aucun souci pour moi.

Bref, j’ai commencé Le livre des Radieux. Qui m’intriguent. Oups.

Arsenic and Adobo – Mia P. Manansala

J’avais envie de cosy mystery et comme nous étions en plein « Lisons l’Asie », j’ai choisi celui-ci, écrit par une autrice originaire des Philippines. On va s’entendre, je ne pense sincèrement pas poursuivre la série, qui va bientôt être traduite en français.

De quoi ça parle

Lila Macapagal retourne dans sa petite ville après une rupture pas facile. Elle retrouve donc sa Tita Rosie qui a justement besoin de son aide pour sauver son restaurant. Sauf qu’un vilain critique (qui est, en plus, l’ex de Lila) vient encore de sortir une chronique dévastatrice sur le restaurant… dans lequel il revient toujours pourtant. Le problème? Il va mourir. Juste après une prise de bec avec Lila.

Mon avis

Déception pour moi que ce premier tome d’une série qui connaît un certain succès. Dommage car la couverture très pétante me plaît beaucoup mais du texte, j’ai aimé… la première page. Tout le reste m’a semblé terriblement brouillon. Ça allait dans tout les sens et j’ai eu l’impression, tout le long du récit, que l’intrigue servait à décrire de la bouffe, alors que ça aurait dû être l’inverse. En plus, c’est toujours la même bouffe! Bref, je me suis strès rapidement lassée, j’ai levé les yeux au ciel… ce n’était pas pour moi.

Pourtant, la Calendar Crew (trois tantes wannabe matchmakers appelées April, May et June) a un vrai potentiel comique. En tant qu’enquêtrices, disons qu’elle sont plus efficaces pour donner un bon spectacle que pour résoudre quoi que ce soit… quoique…

Ceci dit, rien d’autre ne m’a convaincue. Les accusations sont totalement injustes, sans être pour autant originales ou même recherchées. C’était purement manichéen et l’enquête ne m’a pas passionnée. De plus, on jurerait que le but de tout le monde, c’est de garder Lila dans sa petite ville d’enfance. Comme si c’était mal de partir, de choisir autre chose. Biais culturel? Peut-être. Mais je ne comprenais absolument pas cette obsession limite culpabilisante pour la protagoniste.

Déception donc. L’une des rares de 2023.

Le grand feu – Leonor de Recondo

Je n’avais jamais lu Leonor de Recondo. Quelle plume! Et c’est à un concept « lisons les favoris des booktubeurs » que je dois ma découverte!

De quoi ça parle

Nous sommes en 1699 quand Ilaria Tagianotte naît dans une famille de marchands d’étoffes, à Venise. Elle n’est qu’un bébé quand sa mère la place à la Piéta pour qu’elle apprenne la musique et qu’elle devienne une voix angélique.

C’est donc entre ces murs qu’elle va grandir, qu’elle va devenir copiste pour LE Vivaldi, se faire une amie et qu’elle va découvrir la passion de la musique.

Mon avis

Entendons-nous, la plume de Leonor de Recondo est magnifique. Poétique mais accessible, on entend la musique et je suis presque certaine que l’autrice est musicienne. En effet, elle réussit merveilleusement à traduire l’émotion que la jeune Ilaria ressent, comment les couleurs et les émotions se transforment sous l’archet de son violon. Les descriptions de Venise vue par les yeux de cette jeune fille qui ne sort jamais sont presque magiques. Ça donne le goût d’y retourner!

J’ai beaucoup aimé l’amitié qui se tisse entre Ilaria et Prudenzia, jeune fille riche qui fréquente la Piéta en dilettante. Elle lui ouvre une fenêtre sur le monde et c’est aussi par le biais de cette amitié que la jeune fille va un jour rencontrer Paolo, frère de Prudenzia, qui est tombé amoureux d’elle au premier regard.

La Piéta a vraiment existé et il semblerait que Vivaldi y ait réellement enseigné. J’avoue que j’aurais aimé davantage de Vivaldi mais jusqu’à la toute fin, j’ai beaucoup aimé ma lecture. L’évocation des premiers émois, de l’amour qui embrase, le tout était très bien fait. Toutefois, je dois avouer que la finale du roman m’a vraiment déçue. J’aurais aimé que ça se termine autrement, limite que j’étais un peu insultée. Ça gâche un peu mon souvenir de lecture, ce qui est dommage car sincèrement, l’écriture vaut le coup.

La petite fille – Bernard Schlink

Je suis fan de l’écriture tout en subtilité de Bernard Schlink. Lire ce roman était donc une évidence. Une belle évidence.

De quoi ça parle

Kaspar est libraire à Berlin. Septuagénaire, il va un jour retrouver sa femme Birgit, morte dans une baignoire. Il était originaire de RDA et elle de RFA, elle s’était sauvée en Allemagne de l’Ouest pour l’épouser, laissant son passé derrière.

À sa mort, il va devoir se plonger dans ses écrits et réaliser que sa femme a laissé derrière elle un bébé lors de sa fuite. Prêt à accueillir cette petite fille, il va se heurter à des différences d’idéologie qui vont rendre la rencontre difficile.

Mon avis

Ce roman représente tout ce que j’aime chez Schlink. Il porte un regard lucide sur son pays sans pour autant peindre ce portrait à la truelle. Malgré certaines évidences, certaines horreurs, tout est en teinte de gris, le ton est toujours adroit et la plume de l’auteur nous permet de comprendre les différents personnages, si loin de nous soient-ils.

Nous rencontrons donc un homme et une femme qui sont en couple depuis des années mais qui pour autant ne se rencontrent jamais vraiment. Et Kaspar ne se doutait pas à quel point. Il la savait blessée, auto-destructrice, souvent imprévisible mais en lisant ses papiers après sa mort, il découvre un aspect de son épouse qu’il ne soupçonnait absolument pas.

Le récit de Birgit est fascinant. Une vie, deux regards. Et Kaspar est bouleversé.

Puis vient la recherche, puis la rencontre. Rencontre avec une jeune fille qui a grandi dans une Allemagne révisionniste, un milieu Völkish d’extrême droite, qui vit dans l’illusion de la grandeur du 3e Reich. Elle idolâtre des bourreaux nazis et a été élevée dans ces certitudes, La relation qui se noue n’est pas simple, pleine d’incompréhension, d’amertume souvent. C’est petit à petit que Kaspar va tenter d’ouvrir son esprit sans grands discours, à l’aide de l’art et de la musique.

Je n’avais entendu parler que de loin des Völkish, qui tiennent leurs enfants loin de plusieurs sources d’information et qui les gavent de faussetés en leur disant que ce sont les autres qui mentent. Difficile de ne pas réagir à cette lecture, à ne pas réaliser à quel point l’Histoire a pu blesser tous les êtres. Sigrun, la fameuse petite fille, semble presque irréelle tant elle est hors de son époque et Kaspar se sent vaciller, ébranlé par tant de certitudes.

L’histoire d’une rencontre, certes, mais surtout des portraits de gens qui ont souffert. Un très beau roman.

Monica – Daniel Clowes

Je dois avouer que j’ai demandé cette BD après qu’elle ait gagné le prix à Angoulème. Je ne suis pas certaine que je serais allée vers elle autrement, n’étant pas super fan du graphisme. Mais j’ai tenté le coup… et je suis perplexe.

De quoi ça parle

À travers cette série d’histoires reliées entre elles, nous allons découvrir l’histoire de Monica, femme en quête de ses origines. Entrecoupée d’autre choses… mais avec un lien! Que je n’ai pas trouvé si clair que ça non plus.

Mon avis

Ici, je me vois obligée d’embrasser mon inculture. Je ne suis pas certaine de comprendre ce que l’auteur a voulu faire dans cette BD qui mélange les genres : guerre, SF, post-apo, horreur, tranche de vie… tout y passe. Je comprends l’hommage aux pulps et autres genres populaires. Je comprends qu’il y a de liens – parfois ténus – avec l’histoire de Monica. Ceci-dit, en raison des nombreux intermèdes, j’ai eu beaucoup, beaucoup de mal à m’attacher à Monica et je me fichais un peu de ce qui pourrait bien lui arriver.

Ceci dit, le cheminement du personnage principal pourrait être intéressant. Abandonnée par sa mère, de père inconnu, elle se demande d’où elle vient et le cheminement n’est pas banal. Bon, les histoires de secte, très peu pour moi, j’avoue. Mais on voit bien le côté sombre des années 70, du flower power et de la vie de bohême. On voit aussi les soldats qui reviennent du Viet-Nam démolis et – un peu – ce qu’il advient d’eux. Elle est paumée, seule au monde, elle se protège comme elle peut, surtout après un épisode assez Twilight zone pendant lequel elle discute avec son grand-père mort. Et bref, ça va un peu déraper.

La BD est un vrai melting pot de différents genres en BD. Je ne connais pas assez le domaine pour faire tous les liens nécessaires avec la culture pop des années dont il est question mais je n’ai pas vraiment compris la plus value d’ajouter toutes ces sous-histoires. Et le pire, c’est qu’en roman, ça aurait pu parfaitement passer. Je dois aussi avouer que demeure très peu fan du style graphique, ce qui n’a sans doute pas aidé à mon appréciation.

Une déception, donc… et le sentiment d’être passée à côté de quelque chose ou encore d’avoir perdu quelques points de QI depuis la semaine dernière!

C’Était ma BD de la semaine. Tous les billets chez Moka