Beau diable – Jean-François Caron

Je suis fan de la plume et du talent de conteur de Jean-François Caron. Du coup, je ne pouvais pas résister à cette couverture magnifique, surtout sachant que j’aurai affaire à un conte. J’aime les contes!

De quoi ça parle

Dans un village québécois, dans un bar, un homme prend le micro et nous raconte le moment où raconte. Il raconte l’histoire d’un Beau Diable à sept têtes pour tenter de rassembler les morceaux de sa vie éclatée par le deuil.

Mon avis

Ça commence par une voix… la sienne.

Difficile de parler de cette novella sans trop en dire tout en vous donnant envie d’entrer dans cette histoire fantasque et fantastique. Du terroir moderne. Parce que ce texte, c’est surtout une voix, une parlure qui sonne vrai. Le narrateur nous parle à nous, lecteur, comme on s’adresserait à une foule, dans un petit bar, entre deux bières. Et à partir de là, d’une digression à l’autre, nous cheminons dans cette forêt de mots qui nous présente des personnages hauts en couleurs et plus vrais que nature.

Ceci dit, ce texte parle de deuil et de reconstruction. Le narrateur vit dans les bois et panse ses plaies. Il va rencontrer une jeune femme un peu sorcière, revoir des amis et se rapprocher de la belle propriétaire du bar qui l’écoute inlassablement. Je vous laisse découvrir son cheminement mais cette histoire a tout du conte… c’est un conte, en fait. Un hommage à la culture orale et à ce qui plane dans nos souvenirs des anciens raconteux. Bref, j’adore.

Lisez Jean-François Caron

All’s well (Tout est bien) – Mona Awad

De Mona Awad, j’ai lu et bien aimé « Bunny », qui m’avait laissée perplexe sur le coup, mais dont je garde un excellent souvenir. Du coup, quand j’ai vu ce roman dans les favoris de Jeannot se livre, j’ai décidé de m’y plonger… et j’ai l’impression que l’impression que va me laisser ce roman va ressembler à celle de Bunny. Mais je m’explique.

De quoi ça parle

Miranda est metteur en scène dans une obscure université. Ancienne actrice, elle a vu son univers s’écrouler après une chute de scène qui l’a laissée dans un état de douleur chronique incapacitante. Elle peut à peine bouger et prend tellement de médication qu’elle vit dans un univers à part. Cette année, elle tient à monter All’s well that ends well, une pièce de Shakespeare moyennement populaire alors que ces étudiants voudraient Macbeth. Alors qu’une mutinerie se prépare, Miranda va faire une rencontre qui va bouleverser sa vie.

Mon avis

Quand j’analyse ce roman et que j’y repense, je n’ai rien à lui reprocher. Rien. Tout est pensé, planifié. Les thèmes qui sont abordés le sont intelligemment, tout dans l’écriture nous fait ressentir ce que ressent le personnage principal, il y a des jeux narratifs intéressants et Shakespeare. Il y a aussi un narrateur qui n’est pas fiable, des incursions fantastiques, des métaphores et des personnages qui perdent pied. Tout. Ce. Que. J’aime.

Tout.

Et pourtant, je ne peux pas dire que j’ai apprécié ma lecture. J’ai ressenti un réel malaise pendant une grande partie du roman. Tout le début, quand nous rencontrons Miranda, m’a donné du mal à respirer tant la douleur était omniprésente, tant elle prenait toute la place. Et je suis certaine que c’est voulu. Car quelqu’un qui souffre, ça dérange. Et quand c’est une femme, on dirait que c’est encore pire. C’est que Miranda est à la fois isolée dans sa douleur mais celle-ci influence toutes ses relations. Entre les médecins et les thérapeutes qui ne la croient pas, qui lui disent que c’est dans sa tête, et ses amis qui n’en peuvent plus d’en entendre parler et qui se demandent si elle n’en met pas un peu, rien ne va pour Miranda. Elle EST cette douleur et personne ne la comprend. Et comme elle est actrice, nous aussi, comme lecteur, on se questionne.

C’est hyper bien fait. Mais ça devient long et oppressant… et finalement, on bascule et c’est à ce moment que mon intérêt a été éveillé. Sur scène, c’est All’s well mais dans la vie de Miranda, c’est Macbeth. Miranda s’identifie à ce personnage étrange et mitigé qu’est Helen et soudain, cette pièce, c’est sa vie. L’aspect conte de fées est exploité ainsi que le thème de la transformation, les possibilités que ça amène. Bref, Miranda va rencontrer trois hommes étranges… et elle va changer.

Entendons-nous, Miranda n’est pas un personnage agréable. Être dans sa tête n’est pas si simple. Elle s’imagine les pensées des autres et même après sa transformation, elle n’est pas plus aimable et elle prend des décisions ma foi… discutables. Cette partie permet d’explorer l’effet de la transformation sur l’entourage et la relation entre Miranda et Grace est particulièrement intéressante. Que se passe-t-il quand celle qu’on a connue « mal » est soudain euphorique. Qu’est-ce que ça change dans la dynamique de la relation? Bref, tout était intéressant.

Sauf que j’ai quand même trouvé ça longuet. Malgré les références, les images et la finale brumeuse.

Bref j’ai bien aimé, la réflexion que le roman apporte est intéressante… mais pour l’expérience de lecture, c’est un cas de « c’est pas lui, c’est moi »!

Martin Eden – Jack London

Tout le monde me dit depuis des années que je DOIS lire Martin Eden. Mais vu que j’ai l’esprit de contradiction, je ne l’avais toujours pas fait. Par contre, vu que je l’avais mis dans ma pile Ultime 2023 (dont j’ai lu 11 livres sur 12, je le rappelle… n’oubliez pas d’applaudir), il a fini par être lu. Mais qu’est-ce que j’attendais.

De quoi ça parle

Martin Eden est marin. Peu éduqué mais intelligent, il va un jour sauver un jeune homme riche d’une bagarre (ses poings, ça, il sait s’en servir) et être invité chez lui en guise de remerciement. À ce moment, il va rencontrer la soeur du jeune homme, Ruth, de qui il va tomber éperdument amoureux. Dès lors, il n’a qu’une ambition, s’élever à son niveau.

Mon avis

Non mais quel roman!

On dit que Martin Eden est l’alter ego de Jack London, qu’il a mis beaucoup de lui-même dans ce personnage. Deux constats.

  1. Jackie ne se prend pas pour du 7up flat
  2. Il ne devait clairement pas être au top de sa forme quand il a écrit ce roman

Toutefois, j’ai adoré. J’ai vibré, j’ai réfléchi, je me suis souvent fâchée contre les personnages mais j’étais investie dans ce roman. Totalement. Martin est parfois enrageant tant il est convaincu de sa propre brillantitude mais on souffre tout de même avec lui car les désillusions s’enchaînent et ce dans tous les domaines.

Martin est un être fort intelligent, autodidacte, loin des poncifs de l’époque et des classes bourgeoises. Beaucoup de Nietzche dans sa façon de penser et nous pouvons en constater les forces et les limites dans le cheminement de Martin. Il veut écrire, mais à sa façon, selon ses propres règles. Nous avons donc droit à une vraie critique sociale – certes très appuyée – particulièrement du milieu de l’édition. Il faut croire que le copinage ne date pas d’hier! Jack vit une réelle frustration et se sent trahi, lésé, par tout ce système qui ne veut pas lui faire de place.

Autre angle d’approche, les classes sociales et la situation du transfuge de classe dans ce monde hautement codifié. Voir Martin tenter d’étudier, de s’élever… et de réaliser finalement qu’il a dépassé ceux à qui on voulait tant ressembler. Cette compréhension de leur insignifiance et de leur ignorance de cette insignifiance fait presque mal. Parce qu’ensuite, où va-t-il aller? Que fait-on quand on ne sait que nous ne serons jamais accepté dans une classe mais qu’on ne fait déjà plus partie de l’ancienne? Bref, c’est déchirant.

Ok, le traitement des femmes doit être replacé dans son époque, même si sérieusement, Ruth est tellement nouille et persuadée de sa propre importance que ça fait peur! Mais l’évolution du personnage de Martin est émouvante et fait presque mal. Il y a un vrai souffle dans ce roman. Un livre qui parle de livres, d’écriture… ils avaient raison, c’était pour moi.

Un jour, ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau – Stéphanie Kalfon

C’est sur un live de Séverine de Ilestbiencelivre, que j’ai entendu parler de ce roman. Le phénomène m’a intriguée donc je l’ai lu. Et ce que ça peut être dérangeant.

De quoi ça parle

Le jour de ses 8 ans, Nina disparait. Nuit d’inquiétude insoutenable pour ses parents. Soulagement indicible quand elle est ramenée au petit matin. Toutefois, pour Emma, la mère, cette trève est de courte durée. En fait, elle en est certaine, la petite fille qui est revenue n’est pas la sienne.

Mon avis

Quelle aventure déstabilisante que la lecture de ce roman. Dans ce cas précis, je ne connais rien à ce dont il est question alors tout est littérature. Et en termes de littérature, c’est ma foi fort réussi.

Nous sommes donc avec Emma, une femme qui perd pied. La petite fille qui est revenue, pour elle, ce n’est pas sa Nina. Elle ne la reconnaît pas. Elle a la même allure, la même odeur, mais ce n’est pas la sienne. Une copie. Tout de suite, elle est « l’autre », « l’enfant »… mais pas Nina. Elle part donc dans une quête éperdue pour retrouver sa fille, pour retrouver cet amour maternel qu’elle ne ressent plus. Que s’est-il passé? Quelle est la relation entre maternité et amour maternel? Cette émotion qu’on dit indescriptible…

Le roman nous fait voir le point de vue d’Emma, de son mari qui est exaspéré et impuissant ainsi que celui de la fillette qui tente tout pour gagner l’amour de sa mère. Et ça brise le coeur. Impossible de ne pas être remué, de ne pas se demander l’impact qu’aura cet événement sur le déceloppement de cette enfant qui n’en demandait pas tant. Tous les points de vue sont crédibles et même s’il est difficile de compatir avec Emma, impossible de ne pas perdre un peu pied avec elle tant la confusion est prégnante. On a le goût de secouer Emma mais, surtout, on est dans l’incompréhension la plus totale.

Une lecture déstabilisante mais que je recommande.

Ceci n’est pas un fait divers – Philippe Besson

La petite histoire avec ce roman, c’est que je l’ai pris au salon du livre parce que j’étais carrément déguisée en ce roman. Mon chemisier et la couverture… c’était PAREIL. Du coup, il fallait que je le prenne. Et en plus, j’aime la plume de Philippe Besson. Il n’y avait plus qu’à le lire.

De quoi ça parle

Un jour, un jeune homme de 19 ans reçoit un appel de sa soeur Léa, 13 ans.

« Papa vient de tuer maman »

Ces mots font voler son univers en éclat et font de lui une victime collatérale. Dans ce roman, nous suivrons leur évolution suite à ce drame qui bouleverse leur vie.

Mon avis

Pour que ça ne passe pas entre moi et Philippe Besson, il faudrait vraiment qu’il se plante. Vous ne serez donc pas surpris d’apprendre qu’encore une fois, ce roman a été une réussite avec moi. J’apprécie sa sensibilité qui ne tombe pas dans la sensiblerie ou dans le tire larme, malgré les thèmes lourds, surtout ici où il est question de féminicide.

Qu’arrive-t-il aux enfants quand un père tue une mère? Quand une ado de 13 ans est témoin indirect? Comment ne pas se sentir dépossédé et aussi un peu coupable, quand ils réalisent qu’au fond, ils ne sont pas vraiment surpris? Philippe Besson explore ici l’après, par le regard du grand frère qui sent sa petite soeur lui échapper et qui a perdu ses repères et son avenir. De la stupeur du départ, on le sent évoluer vers la peine, la colère avant d’amorcer la reconstruction, comme il peut. J’ai trouvé très intéressant le traitement qui est fait de la culpabilité du jeune homme qui était absent et qui n’a pas agi avant. Va donc s’ensuivre une enquête interne et externe pour comprendre. Non seulement la mécanique du couple, mais aussi celle des gens qui gravitaient autour d’eux. Auraient-ils pu voir? Faire quelque chose?

Besson traite de nombreux aspects, autant psychologiques que pratiques qui font suite à ce drame. C’est sobre, pudique mais aussi poignant. Ce roman est inspiré d’un fait réel. Pour nous, c’était un fait divers (ou plutôt un fait de société) mais pour les survivants, la vie doit continuer alors que plus rien n’est pareil. Voir les autres continuer comme si de rien n’était est déchirant pour le narrateur. Le sentiment d’ambiguité par rapport au père, qu’ils ont aimé, va rendre la suite des choses encore plus difficile.

Pendant ma lecture, j’aurais peut-être aimé un peu plus de profondeur dans le traitement du personnage de Léa, la petite soeur. Toutefois, a posteriori, je comprends le point de vue choisi par l’auteur. Cette dernière partie aurait tout de même pu être davantage développée, même en gardant le même point de vue.

Une très bonne lecture.

Ça – Stephen King

Me croyez-vous si je vous dis que je n’avais jamais lu Ça? J’avais fait quelques sursauts avec le film étant jeune et depuis, je n’avais jamais osé. Là, je l’ai fait. Et j’ai drôlement bien fait.

De quoi ça parle

Octobre 1957, Derry, Maine. George Denbrough, 6 ans, est tué alors qu’il jouait avec un petit bateau de papier fait par son grand frère Bill. L’été suivant, Bill et quelques autres enfants mis à l’écart à l’école sont témoins d’événements surnaturels et se rassemblent pour former le « Loser’s club », qui souhaite arrêter l’entité qu’ils surnomment « Ça » et qui tue des enfants.

Vingt-quatre ans plus tard, le club se voit rappeler une de leurs promesses d’enfants : celle de revenir à Derry si « Ça » revenait. Et étrangement, des enfants commencent à mourir dans cette ville à l’aura mauvais.

Mon avis

Stephen King a un vrai don pour faire exister ses personnages. Du moins, à chaque fois, ils deviennent réels pour moi et ses histoires fonctionnent. Je déteste les films d’horreur (parce que je n’aime pas sursauter) mais en littérature, j’aime beaucoup, tant que les aspects horrifiques ont un aspect symbolique. Et je suis pas mal bonne pour en trouver un, la plupart du temps. Dans ce cas, il y a certes du surnaturel mais cette énorme fresque nous parle surtout du passage à l’âge adulte, de celui qui implique de ne pas pouvoir retourner en arrière, de devoir fermer une porte.

Pennywise (ou Grippe-Sou dans la VF… je préfère Pennywise, je l’avoue), s’attaque aux peurs des enfants et il apparaît à chacun sous une forme différente, celle qui réussit le plus à les effrayer. Certes, c’est parfois un peu gore, mais ce n’est jamais gratuit et toute cette histoire explore les traumas de l’enfance, leurs répercussions à l’âge adulte, ainsi que le pouvoir de la mémoire et de l’oubli. Dans cette histoire, les enfants devenus adultes sentent qu’ils doivent revenir, terminer quelque chose pour tourner la page et passer à l’étape suivante. C’est ce parcours qui m’a le plus touchée dans ce roman, davantage que les scènes d’horreur qui font tout de même mouche et qui réussissent à faire stresser la petite peureuse que je suis. C’est que King réussit particulièrement bien à créer des atmosphères et, entendons-nous, les égoûts de Derry, c’est quelque chose.

Derry, c’est tout les horreurs qui se cachent derrière les façades parfaites de certaines petites villes. Certe, Pennywise fait peur et perpétue des horreurs mais la véritable terreur vient de ce qu’on vécu les enfants : familles, violences, vie scolaire difficile… bref, ce qui a fait d’eux des Losers en premier lieu. Certains ont vécu certains événements qu’ils ont tenté d’étouffer dans leurs inconscients et à les voir adultes, on voit parfaitement à quel point ils ne s’en sont pas encore sortis. Tant qu’ils ne reviennent pas.

Je dois avouer avoir préféré la partie où ils étaient enfants. Le thème de la perte de l’innocence en est un qui me touche énormément. Par contre, le deuxième moment narratif n’est pas ennuyant pour autant et plus on connaît les enfants qu’ils étaient, plus on comprend les adultes qu’ils sont devenus et plus on s’attache. Quant à « La scène », on m’avait avisée et je n’ai pas été perturbée pour autant. Était-elle obligatoire? Peut-être pas. L’allusion préalable aurait peut-être été suffisante, avec peut-être une réalisation commune de cet épisode oublié. Mais même si selon moi il n’était pas nécessaire d’en dire autant, elle n’était pas non plus glauque. Le contexte l’était mais pas ce qu’on ressenti les jeunes. Bref, dans mon cas, ça a tout de même passé.

Bref, une excellente lecture. Il est assez rare que des personnages demeurent avec moi suite à une lecture mais ça a été le cas ici. Quel plaisir d’en revoir quelques uns dans 22.11.63! Un roman qui va rester.

Le nom de la rose – 1 – Milo Manara / Umberto Eco

Le nom de la Rose, c’est l’un de mes romans préférés. Du coup, une adaptation BD, c’était pour moi. Of course.

De quoi ça parle

Ai-je vraiment besoin de présenter Le nom de la Rose? Roman historique, dans un monastère où il y a THE bibliothèque. Quand le frère Guillaume de Baskerville arrive dans une abbaye bénédictine italienne au 14e siècle, un mystère plane. Entre meurtres et disparitions, Frère Guillaume sent que quelque chose cloche entre ces murs et, accompagné par Adso de Melk, son assistant, il va enquêter.

Mon avis

Allons-y d’emblée, j’adore. Il y aura un tome 2 (il me semble que ce sera un diptyque) et ici, nous avons la première partie de l’ouvrage, avec l’entrée en matière qui nous fait voyager dans le temps pour nous emmener entre les murs froids et mystérieux de cette abbaye remplie de secrets. Tout d’abord, l’entrée en matière est originale. Et ensuite, on est ailleurs. Le dessin est détaillé, assez réaliste et j’ai particulièrement aimé l’atmosphère créé, souvent dans des teintes délavées et passées. Et bon, il y a la bibliothèque!

Entendons-nous, je ne connais pas toute l’oeuvre de Milo Manara. La partie qui m’était la plus familière était disons… dans un tout autre registre. Certes, il y a des clins d’oeil à ses anciennes amours, notamment dans les enluminures, mais clairement, on est ailleurs. Les personnages sont très expressifs et les regards parlent.

Cette BD pourra rendre accessible l’oeuvre d’Umberto Eco car même si on va moins loin dans les discussions théologiques que dans le roman, celles-ci sont tout de même présentes et le contraire aurait été dommage. Ces joutes religieuses font partie intégrante de l’atmosphère de l’oeuvre et les laisser de côté pour simplifier aurait été selon moi une erreur. Bref, je suis ravie de leur présence. Certains mentionnent que ça rend la lecture moins fluide… mais je n’attendrais pas autre chose d’une telle adaptation. N’oublions pas que nous sommes au 14e siècle, avec des moines!

Bref, pour moi, c’est une réussite. Ça rend hommage au roman… et maintenant, j’ai envie de le relire!

C’était ma BD de la semaine et tous les billets sont chez Noukette aujourd’hui!

Le démon de la colline aux loups – Dimitri Rouchon-Borie

Ce roman faisait partie d’une liste de favoris l’an dernier… et j’ai choisi celui-ci. Eh boy, quelle lecture!

De quoi ça parle

Un homme est en prison et il décide d’écrire, à sa manière, l’histoire du démon de la colline aux loups. Son histoire. Avec son parlement à lui.

Son histoire commence à la colline aux loups, avec ses frères et soeurs, dans la négligence la plus totale… et un jour, il va tenter d’expier.

Mon avis

Voici un roman qui ne plaira pas à tout le monde mais dans mon cas, j’ai été happée et tout a fonctionné avec moi. La négligence, la violence chez les enfants sont des thèmes qui me touchent, la façon dont ces enfants vont grandir me questionne toujours. Ici, dès le début du roman, on est plongé dans une horreur sans nom. Des enfants laissés à eux-mêmes et tout sera difficile pour notre personnage principal qui n’a pas eu un développement normal. L’écriture est très particulière, on croirait l’entendre nous la raconter. Ça s’en va un peu partout, il n’y a pas toujours de ponctuation…, bref, ça peut déranger. Mais il y a un vrai souffle dans ce récit, une vraie qualité dans la plume. J’ai adoré, à tel point que j’ai après un moment oublié l’exercice. C’est bon signe, non?

Entendons-nous, c’est très, très difficile à lire. Ça frappe, ça marque. Il doit y avoir tous les trigger warnings de la terre mais jamais on ne tombe dans le sensationnalisme. On sent que le narrateur tente de garder une distance avec son vécu. C’est dur mais on sent la quête de rédemption, le petit rayon d’espoir.

Ceci dit, c’est un enfant blessé, presque détruit. Il a « trouble d’attachement » d’écrit dans le front et ça flash en plus. Il va commettre des horreurs, il va prendre TOUTES les mauvaises décisions, on a le goût de lui crier, de le secouer, il ne va pas rencontrer que des mauvaises personnes mais ne saura pas profiter des petites opportunités qui lui sont offertes. On n’est pas dans la dénonciation (sauf des parents) mais plutôt dans une démarche beaucoup plus intérieure. Impossible de comprendre les schémas de pensée du personnage principal… mais malgré tout on s’attache. On voudrait qu’il se sorte un peu la tête de l’eau. Des fois, ça ne fonctionne juste pas.

Bref, une lecture lue il y a un moment mais qui m’a fortement marquée. Si vous réussissez à passer à travers les horreurs du début, lisez la suite, ça vaut vraiment le coup. Même ça brise le coeur.

I’m glad my Mom died – Jennette McCurdy

Je ne suis pas fan des mémoires. Je ne l’ai jamais été. Et je dois avouer que si je n’avais pas vu ce roman PARTOUT dans les listes de favoris des blogueurs et booktubers, jamais je ne l’aurais lu. Jamais. Il faut donc savoir ceci avant de lire mon billet.

De quoi ça parle

Jennette McCurdy était une enfant star, très connue après avoir participé à iCarly, un show de Nickelodeon. Dans cette autobiographie, elle nous raconte sa relation avec sa mère qui l’a poussée à être actrice ainsi que son évolution en tant que « personne connue » et son rapport à la célébrité et la nourriture.

Mon avis

Bon, je vais commencer par la même chose qu’à chaque fois que je parle un roman de non fiction. Je ne juge pas l’expérience de l’autrice mais mon expérience en tant que lectrice. Il me semble que ça doit être évident mais il semblerait que pour plusieurs, ce ne le soit pas tant que ça. Tout le monde a adoré. Et moi… ben je vous explique.

J’ai adoré la première partie. Je me suis surprise à vraiment apprécier ma lecture, malgré l’horreur de la chose. C’est bien écrit, c’est intelligent, la plume est vive… bref, ça se lit tout seul. J’irais même jusqu’à dire que j’ai adoré la première partie, tout celle qui traite de l’enfance et de sa relation toxique mais presque passionnelle avec sa mère qui, clairement ne va pas bien. Elle a reporté sur sa fille son désir d’être actrice et est prête à tout pour que sa fille chérie, mignonne comme tout, réussisse. Et par tout, je veux dire manipuler, faire chanter et contrôler sa fille de toutes les façons qui soit. Et la dite fille, le petite Jennette, aime sa mère d’un amour infini. Elle a failli la perdre d’un cancer et souhaite plus que tout la rendre heureuse et éviter ses réactions explosives et imprévisibles quand elle la contrarie.

J’ai aimé entendre la voix de l’enfant, les réflexions de l’enfant, son ambiguité par rapport à sa mère dans le regard de laquelle elle se définit. On souffre réellement avec elle et après cette lecture, impossible de regarder les enfants-star de la même manière. Imaginez la plus crinquée des Dance Moms… mais x1000!

Par contre, ensuite, lorsqu’elle devient adulte et vit les bas de la vie de jeune célébrité… j’avoue que je me suis lassée et que j’ai failli abandonner. J’avais l’impression d’avoir déjà lu et entendu cette histoire de nombreuses, nombreuses fois et j’ai perdu l’intérêt. À tout instant, je me demandais « mais est-ce que je suis vraiment obligée de connaître ces détails »? Yep, le syndrome de Karine-se-sent-voyeuse. J’aime connaître les potins en général mais les détails… bof bof hein…

J’ai davantage apprécié la toute fin, quand on plonge davantage dans les troubles alimentaires dont le traitement est bien fait. Mais si l’ouvrage avait eu la moitié des pages, j’aurais préféré. Genre, le même livre, mais juste la première partie, avec une plus courte réflexion sur la redéfinition de soi-même après la diparition du centre de sa vie : la mère en question. Mais bon… je semble être la seule à avoir ce ressenti!

À vous de voir donc.

Mais bon, les autobios et moi… ce n’est pas demain que vous allez me voir lire celle du Prince Harry!

The Yellow Wallpaper – Charlotte Perkins Gilman

J’avais repéré cette nouvelle en faisant des recherches pour ma vidéo sur les romans gothiques. Intriguée j’étais. Du coup, je l’ai lue. Et maintenant, je veux lire tout ce qu’a écrit l’autrice.

De quoi ça parle

Une femme a été diagnostiquée par son mari médecin comme soufrant d’hystérie légère et de dépression nerveuse. Le traitement? Du bon air et du repos. Beaucoup de repos. Dans une grande maison au milieu de nulle part. Sauf que laissée à elle-même, elle croit voir bouger l’étrange papier peint jaune qui tapisse la pièce… et tente de résoudre le mystère.

Mon avis

Un billet complet pour une nouvelle? Qui, quand on retire la préface et la postface, fait une vingtaine de pages? Pour un texte de cette qualité, certainement. Cette oeuvre, écrite à la fin du 19e, parle de dépression, plus particulièrement de dépression post partum, qui était fort mal connue à l’époque. Une femme était un peu down? HYSTÉRIE! Et, of course, les hommes savaient beaucoup mieux qu’elles ce dont elle avaient besoin.

Cette femme est donc enfermée dans une chambre. Surtout ne pas trop réfléchir pour ne pas fatiguer leur petit cerveau faible. Surtout aucune activité pour la distraire ou l’épuiser. Bref, la pauvre dame n’a rien à penser. Toute son énergie va donc être dirigée vers ce fameux papier peint (je suis CERTAINE que c’est le papier peint qui était dans la salle de bain quand j’étais petite… ce truc m’a donné des cauchemars, c’est pas croyable), qu’elle croit voir bouger. Et ça ne va pas s’améliorer.

Gothique? Oui, selon moi. Une maison isolée, une atmosphère oppressante, un événement inexpliqué, ça fitte. Et ce qui frappe dans cette histoire, ce sont les dialogues de sourds. Tout son entourage est tellement persuadé de savoir ce qui est le mieux pour elle, tellement convaincu d’agir pour son bien, de faire les bons choix. Ils ne l’écoutent pas, elle n’a personne en qui faire confiance… vous pouvez vous imaginer que ça ne va pas l’aider. Et le malaise grandit tout au long des pages.

Une totale réussite pour moi. Il faut vraiment que je lise autre chose d’elle. Lucky me, j’ai un recueil à la maison!