La petite fille – Bernard Schlink

Je suis fan de l’écriture tout en subtilité de Bernard Schlink. Lire ce roman était donc une évidence. Une belle évidence.

De quoi ça parle

Kaspar est libraire à Berlin. Septuagénaire, il va un jour retrouver sa femme Birgit, morte dans une baignoire. Il était originaire de RDA et elle de RFA, elle s’était sauvée en Allemagne de l’Ouest pour l’épouser, laissant son passé derrière.

À sa mort, il va devoir se plonger dans ses écrits et réaliser que sa femme a laissé derrière elle un bébé lors de sa fuite. Prêt à accueillir cette petite fille, il va se heurter à des différences d’idéologie qui vont rendre la rencontre difficile.

Mon avis

Ce roman représente tout ce que j’aime chez Schlink. Il porte un regard lucide sur son pays sans pour autant peindre ce portrait à la truelle. Malgré certaines évidences, certaines horreurs, tout est en teinte de gris, le ton est toujours adroit et la plume de l’auteur nous permet de comprendre les différents personnages, si loin de nous soient-ils.

Nous rencontrons donc un homme et une femme qui sont en couple depuis des années mais qui pour autant ne se rencontrent jamais vraiment. Et Kaspar ne se doutait pas à quel point. Il la savait blessée, auto-destructrice, souvent imprévisible mais en lisant ses papiers après sa mort, il découvre un aspect de son épouse qu’il ne soupçonnait absolument pas.

Le récit de Birgit est fascinant. Une vie, deux regards. Et Kaspar est bouleversé.

Puis vient la recherche, puis la rencontre. Rencontre avec une jeune fille qui a grandi dans une Allemagne révisionniste, un milieu Völkish d’extrême droite, qui vit dans l’illusion de la grandeur du 3e Reich. Elle idolâtre des bourreaux nazis et a été élevée dans ces certitudes, La relation qui se noue n’est pas simple, pleine d’incompréhension, d’amertume souvent. C’est petit à petit que Kaspar va tenter d’ouvrir son esprit sans grands discours, à l’aide de l’art et de la musique.

Je n’avais entendu parler que de loin des Völkish, qui tiennent leurs enfants loin de plusieurs sources d’information et qui les gavent de faussetés en leur disant que ce sont les autres qui mentent. Difficile de ne pas réagir à cette lecture, à ne pas réaliser à quel point l’Histoire a pu blesser tous les êtres. Sigrun, la fameuse petite fille, semble presque irréelle tant elle est hors de son époque et Kaspar se sent vaciller, ébranlé par tant de certitudes.

L’histoire d’une rencontre, certes, mais surtout des portraits de gens qui ont souffert. Un très beau roman.

6 Commentaires

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  1. Oui un très beau roman, et une écriture subtile qui décrit une réalité tout en nuance.

    1. C’est ce que j’aime chez Schlink. La capacité de nuance.

  2. J’ai apprécié toute la partie historique de l’histoire, mais j’ai été un peu gênée par la froideur de pas mal de personnages et par quelques longueurs. J’ai trouvé que Birgit reste un personnage assez énigmatique. Malgré ces quelques réserves, c’est un bon roman sur un sujet difficile.

    1. Ah oui, Birgit reste évanescente. Mais j’ai aimé le questionnement et les réflexions qu’il oblige. J’aime être dérangée.

  3. Une lecture qui m’avait plu, malgré quelques défauts minimes.

    1. Qu’est-ce qui t’avait déplu minimement? Je suis curieuse!

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