La femme de ménage – Frieda McFadden

J’ai refilé ce roman à mon frère car je n’en entendais que du bien et mon frère n’est pas un lecteur fréquent. Comme il a moyennement aimé, je me suis dit qu’il fallait que je tente le coup à mon tour et… bon. Moyen? Très moyen?

De quoi ça parle

Millie vient de sortir de prison. Elle n’a rien, dort dans la Casa Nissan et elle ne croit pas en sa chance quand elle obtient un emploi incroyable de femme de ménage à domicile chez le riche couple Winchester où elle devra s’occuper du ménage, de la cuisine et de leur fille. Sauf que la Nina adorable et agréable du départ se transforme rapidement en harpie qui accuse Millie de tout et n’importe quoi. Son mari est toutefois plus aimable et tente de rattraper le tout. Petit à petit, Millie se sent prisonnière dans cette grande maison vide. Nina est-elle vraiment dangereuse?

Mon avis

Allons-y d’emblée : j’ai été déçue. J’ai failli abandonner ma lecture à de multiples occasions, même si l’atmosphère était plutôt réussie en termes de tension et de lieux clos. Certes, Millie peut sortir… mais le peut-elle vraiment? Ceci dit, elle prend des décisions tellement, tellement… non mais POURQUOI ? Je comprends qu’elle soit mal prise, mais peut-on se demander comment il est possible d’avoir passé 10 ans en prison et c’être aussi naïve? Aussi mal équipée à affronter « les pas fins » en général? Elle m’a agacée, c’est incroyable. Comment est-il possible de ne pas voir tous ces « red flags »? C’est moi où ça saute aux yeux? Bref, j’ai été TRÈS énervée.

Ceci dit, même si l’écriture est hyper simple, ça se lit rapidement et si tu n’est pas devin (comme moi) et que tu n’as pas vu venir à des kilomètres, il y a des aspects qui surprennent et qui peuvent retourner le cerveau. La seconde partie du roman est selon moi mieux réussie que la première et apporte quelque chose à l’histoire qui nous est racontée. Dans cette partie, Millie est moins crédule, elle prend davantage son destin en main et certaines parties sont un peu jouissives. Est-ce que ça a suffi pour que je puisse dire que c’était une « bonne » lecture pour moi? Nope. C’était trop peu trop tard. Mais je conçois parfaitement la réaction des gens à cette lecture, sur laquelle je resterai vague pour ne pas trop en dire.

Ceci dit, je me suis surprise à me dire que je pourrais lire le tome 2 étant donné l’épilogue. Vu que Millie doit être plus allumée que dans le premier, non? Dites-moi que c’est le cas!

De purs hommes – Mohamed Mbougar Sarr

La plus secrète mémoire des hommes a été mon roman préféré l’année où je l’ai lu. Lire d’autres romans de l’auteur était une évidence.

De quoi ça parle

Ndéné Gueye est professeur de lettres. Un professeur de lettres désengagé, écrasé par la tradition et la lourdeur de son organisation. Une vidéo virale va profondément déranger le protagoniste. On y voit le cadavre d’un homme déterré puis trainé hors du cimetière par une foule en colère. La raison? Il était un goor-jigéen. Un homme-femme. Un homosexuel. Ndéné va donc tenter de comprendre qui était cet homme et cette recherche va bouleverser son existence.

Mon avis

Nous avons ici un roman qui frappe. J’admets avoir préféré La plus secrète mémoire des hommes, plus long, avec l’écriture comme thème, mais celui-ci nous jette en plein visage la situation des homosexuels au Sénégal. Et ça tape fort. Pour l’occidentale que je suis, l’atmosphère qui y est décrite est limite dystopique.

Notre personnage principal SAIT tout ça. Il en est conscient. Mais bon, pourquoi s’en soucier, ce n’est QUE un goor-jigéen après tout. Une discussion avec sa maîtresse va le faire réagir et se questionner… et il va tout remettre en question. Et nous, comme lecteur, on réalise jusqu’où ça va. À quel point la discrimination et l’homophobie sont valorisés, à quel point la loi va dans le sens des bourreaux et la religion, on n’en parle même pas. On valorise les gens qui persécutent les homosexuels, ce fléau selon eux venu de l’occident, les imams incitent à cette haine. Difficile de concilier cette vision du monde avec ce que mes amis musulmans me disent quand ils me parlent de leur religion, qu’ils décrivent comme une religion d’amour. Ici, disons que l’amour n’est pas universel, loin de là. Et ça fait réagir. Et ça enrage.

Parce qu’au final, une vie peut s’effondrer sur des rumeurs. Qu’importe la vérité si « tout le monde le dit », n’est-ce pas? Certes, on a du mal à comprendre ce personnage et l’intensité de cette quête mais la réflexion derrière est très intéressante. Comment être soi, vivre à la hauteur de ses valeurs quand ça peut avoir des conséquences? Des grosses conséquences. Quand l’argumentaire n’a aucune espèce d’importance?

La plume est travaillée mais accessible, remplie de références littéraires et philosophiques. J’adore la façon d’écrire de l’auteur, avec ce narrateur qui est très conscient d’être parfois pédant. De plus, ce roman soulève plusieurs questions par rapport à l’implication que nous pouvons avoir pour faire valoir les droits des minorités hors de nos pays. La culture et la religion excusent-elles tout?

Bref, une bonne lecture!

Dial A for Aunties – Jessie Q. Sutanto

Il y a des jours où je file pour un bon petit cosy mystery plein d’humour. Je sais toujours ce que j’y cherche: un bon moment sans prise de tête, sans me demander si c’est crédible ou non. Du genre de Finlay Donovan ou de Stephanie Plum. C’est ce que je voulais avec ce roman (qui est traduit avec un titre à rallonge de folie chez Hachette) et c’est tout à fait ce que j’ai eu.

De quoi ça parle

Meddelin Chan est la descendante d’une famille originaire d’Indonésie et de Chine. Pas n’importe quelle famille en plus. Il y a une malédiction sur la sienne : tous les hommes s’en vont ou disparaissent. Ce qui lui laisse sa mère (et coloc) ainsi que 3 tantes (avec des opinions, les tantes) avec qui elle travaille au sein d’une entreprise d’organisation de mariage.

Sauf que la malédiction semble la poursuivre : Meddelin va – fort accidentellement – tuer son blind date. Et comme chez elle « family comes first », les tantines vont voler à la rescousse… pendant le plus important mariage de l’année.

Mon avis

Entendons-nous, il ne faut pas s’attendre à quelque poésie que ce soit. À aucun réalisme dans l’enquête non plus. Mais quand je prends ce type de roman, JE M’EN FICHE! Je voulais rire, passer un bon moment, être divertie et me dire constamment « non mais c’est n’importe quoi »! Et c’est n’importe quoi. Les situations sont loufoques à souhaits, Meddelin prend des décisions complètement extraterrestres et les tantes, les tantes! J’en voudrais des comme ça… mais pas comme coloc ni comme collègues de travail. Elles se mêlent de tout et n’importe quoi, ont une vision bien à elle des choses et leur façon de juger les situations est ma foi… originale?

La veille du mariage d’une riche héritière avec Tom Cruise (Sutanto), Meddelin finit par accepter le blind date organisé – fort maladroitement – par sa mère. Le seul problème, c’est que le mec va mourir après avoir tenté de faire des guili-guilis à la protagoniste sans son consentement. Au lieu d’appeler la police, elle appelle ses tantes… et à partir de ce moment, tout va partir en vrille. Tsé les idées de m…???

Ceci dit j’ai aimé les tantes. Elles sont envahissantes, ont les idées bien arrêtées (et étonnantes) mais elles sont tellement aimantes! Et c’est cette partie « ode à la famille » que j’ai beaucoup aimée. L’autrice est elle-même d’ascendance chinoise/indonésienne, a voulu rendre hommage à sa famille toujours là pour elle, parfois drôle et en total décalage avec la façon de faire états-unienne. Ils parlent un mélange de langues, ont une maîtrise de l’anglais variable et souhaitent visiblement que Meddelin se marie. Parce que bon, quand même, il est temps!

Bref, un joli mélange d’humour et de découverte d’une autre culture. J’ai bien aimé!

Le roman d’Isoline – David Turgeon

J’avais repéré ce roman au salon du livre de l’Outaouais mais c’est l’avis de Maps et de Sylvain Démenti qui m’ont donné envie de le sortir de ma pile. Ils ont tous les deux adoré. Oui, je sais, ça fait peur. Maps et moi… disons que nous sommes rarement d’accord! Allons voir ce que j’ai pensé de ma lecture!

De quoi ça parle

Isoline est assistante éditoriale. Par un curieux hasard, elle rencontre Paula Kahn lors de son premier suicide. Kahn est une autrice populaire vieillissante, dont elle n’aime pas les écrits. Quand plus tard elle apprendra sa mort, elle se verra confier la fâche de publier ses inédits, elle va sombrer dans l’obsession et entendre une mystérieuse voix.

Mon avis

Non mais quel ovni littéraire que ce roman! Bon, ok, j’exagère peut-être un peu mais nous sommes face à une plume intelligente, à un récit bien construit malgré les digressions, les inside jokes et les apartés philosophiques.

Nous avons un personnage principal qui ne sait comment se définir et qui se transforme en fonction de sa situation actuelle. Entre mensonge et vérité, entre art, copie et inspiration, nous sommes baladés par les pensées d’Isoline, à qui il est parfois difficile de se fier. C’est qu’elle nous donne parfois une drôle d’impression sur qui elle est… ou qui elle n’est pas.

Ce n’est pas un roman qui nous donne toutes les réponses. J’ai refermé le livre en me disant : il FAUT que j’en parle. Et étrangement, ce n’est pas toujours les mêmes aspects qui nous ont fascinés. J’ai adoré le côté « méta », la critique du monde de l’édition, la narration, tandis que d’autres ont davantage été interpellés par l’obsession qui prend toute la place, jusqu’à ce que la narratrice s’oublie elle-même ainsi que son entourage. Bref, elle perd pied entre son texte, la voix qu’elle entend et ses relations qui se délitent. Et nous la regardons faire sans pouvoir intervenir, même si on a parfois le goût de la secouer.

Bref, un roman qui fait réfléchir. Sans chapitre, sans point, j’aurais cru que ce serait difficile à lire et lourd mais au contraire, pas du tout. Je l’ai dévoré en une après-midi, presque en apnée et je recommande. En plus, c’est souvent drôle. Un humour grinçant mais un humour qui me rejoint. Ne serait-ce que pour avoir davantage de gens pour en parler!

48 indices sur la disparition de ma soeur – Joyce Carol Oates

J’ai choisi ce roman pour Joyce Carol Oates. Il y avait un moment que je ne l’avais pas lu et ce titre m’a donné envie. Finalement… finalement je ne sais pas. Vous savez, cette impression quand on voit ce que l’auteur a voulu faire, qu’on trouve ça intelligent mais qu’à la lecture, on n’y prend que moyennement de plaisir? C’est ce qui m’est arrivé avec ce roman.

De quoi ça parle

Marguerite Fulmer, artiste à belle femme à qui tout réussit, va disparaître le 11 avril 1991. Des années plus tard, Georgene, le mouton noir de la famille, moins belle et moins charismatique, décide de rassembler 48 indices pour tenter de résoudre le mystère.

Mon avis

Avec Joyce Carol Oates, il ne faut pas s’attendre à charmant joli petit paquet joliment ficelé. Et moi, j’avais oublié. Il y avait trop longtemps que je ne m’étais pas plongée dans l’un de ses textes, il faut croire!

Nous sommes donc avec une narration très originale, avec les indices en italique en début de chapitre et une narratrice à qui on ne peut jamais se fier. Certes, c’est l’histoire d’une disparition, de la disparition d’une femme que tout le monde a idolâtrée, mais c’est selon moi surtout l’histoire d’un deuil, un deuil qui ne se fait pas parce que l’on manque de réponses et que qu’on est construit sur du vide. Un deuil impossible à affronter car certains des sentiments pronfonds de Georgene lui semblent parfois inavouables, même à elle-même.

Georgene est une narratrice hautement antipathique. Mes sentiments pour elles ont tourné autour de l’agacement et de la pitié. Elle n’a aucune estime d’elle-même et s’est construit une carapace étonnament épaisse car elle n’est ni jolie ni talentueuse. Elle n’a aucun talent pour lire le non-dit et certaines situations sont drôles et tristes à la fois. Disons qu’en terme de théorie de l’esprit, ya du progrès à faire. Et elle agace tout en nous donnant envie de secouer certains personnages masculins. Non mais le « collègue »… grrrrr…

Les réactions des gens face à Marguerite (dite M. ) qui restera toujours évanescente, sont également assez particulières et en disent beaucoup sur les apparences et le côté artificiel des relations.

Ceci dit, en sachant tout ça, en voyant les abîmes dans lesquelles nous plonge Oates, je n’ai pas pour autant passé un très bon moment de lecture. Difficile à expliquer. C’était bien fait fait mais pas… divertissant? J’aurais aimé quelques réponses de plus, quelques personnages auxquels m’attacher. Bref, je ne crois pas en garder un souvenir impérissable.

Anne Hébert, si tu veillais sur ma tristesse – Anne Peyrouse

Anne Hébert est née le même jour que ma grand-mère. Je pense que ce détail fait partie de ceux qui font qu’elle a une place spéciale dans mon coeur. Maman a beaucoup aimé ce roman/récit, elle me l’a mis dans les mains en mentionnant qu’elle devait le rendre à la biblio dans 3 jours. Donc, je l’ai lu. Je suis une fille fort obéissante.

De quoi ça parle

En 2020, la mère d’Anne est morte. Elle l’a trouvée sur le sol, sans connaissance et elle ne s’est jamais réveillée. Dans sa douleur, c’est vers l’univers d’Anne Hébert, sa mère littéraire, qu’elle va se tourner.

Mon avis

Ce thème en particulier, le deuil d’une mère, est un sujet qui me fait peur. Genre, je refuse d’y penser. C’est donc un court récit entrecoupé de poèmes que j’ai mis plusieurs jours à lire. Pourtant, j’ai aimé. Vraiment aimé. La plume m’a plu, le sujet m’a touchée – peut-être trop – et l’exploration du deuil à travers le prisme de l’écriture, notamment celle d’Anne Hébert est très réussie. C’est poétique, ça fait réfléchir et on sent la douleur dans la plume de l’autrice. Douleur d’être une fille sans mère, douleur de ne pas lui avoir tenu la main, douleur de cette fin fulgurante, sans réel au revoir.

Ce n’est pas un récit avec un début et une fin. C’est une exploration du deuil, avec deux anges gardiens en toile de fond. Anne et Nicole. C’est l’histoire de la peine qui étouffe, qui est difficilement exprimée, entrecoupée de petits moments où le bonheur ose surgir malgré l’absence.

Un livre que vous aimerez si vous appréciez savourer les mots, si vous aimez devoir refermer le roman pour réfléchir. Si vous aimez Anne Hébert ou encore si vous aimez votre maman par dessus tout!

Une reine – Judith Elmaleh

Je n’ai réalisé qu’après avoir lu ce roman – chaudement recommandé par Sab et les livres – que Judith Elmaleh était « la soeur de ». Je suis bien contente de ne l’avoir réalisé qu’après ma lecture car – snobinette que je suis – je serais probablement partie avec un apriori négatif alors que finalement, j’ai passé un fort bon moment de lecture.

De quoi ça parle

Casablanca, milieu du 20e siècle. Simha, née dans une famille pauvre, est un jour parée de beaux atours et célébrée. Ravie d’être choyée, elle ne le sait pas, mais ce jour est celui de son mariage. Elle a 14 ans.

Des années plus tard, Anna, sa petite fille, vit difficilement son 2e divorce. Sur un coup de tête, elle part pour Casablanca pour voir sa grand-mère et ce sera l’occasion pour elle de lever le voile de silence qui a fait qu’elle est devenue ce qu’elle est.

Mon avis

Ce roman, c’est une histoire de secrets de famille mais surtout une histoire de femmes. Si le roman commence avec Simha, c’est surtout d’Anna dont il est question. Anna qui a toujours considéré sa famille paternelle comme SA famille, ce qui lui est d’ailleurs reproché par son ex-mari. Quand tout s’effondre, c’est là qu’elle se réfugie, chez sa grand-mère, femme fière, qu’elle aime mais ne connaît pas vraiment.

C’est un roman qui parle des secrets de familles et de l’effet sur les générations suivantes. On réalise à quel point tout le monde a été influencé par les non-dits ainsi que toutes les formes que les mécanismes de défense peuvent prendre. J’ai beaucoup aimé le côté sensuel du retour à Casablanca, les odeurs et les sons qui ont bercé l’enfance d’Anna ainsi que les images fugaces qui prennent tout leur sens à la lumière de ce qu’elle va apprendre lors de cette visite.

Nous avons donc une reconstruction qui passe par la compréhension de ses racines et une héroïne qui va comprendre le mur derrière lequel elle se cache en le remarquant chez une autre. Une ode au présent. La plume est simple et agréable, évocatrice, parfois légère mais aussi remplie de peine et de colère.

Si j’aurais peut-être aimé en savoir davantage sur l’histoire de Simha, de l’entendre raconter avec ses mots à elle, j’ai compris le parti pris par l’autrice car, avouons-le, un épanchement aurait été assez « out of character » pour cette grand-mère qui a appris à garder la tête haute malgré tout. Un peu plus de passé m’aurait davantage plu mais la façon dont l’histoire nous est présentée ici est probablement plus réaliste.

Une bonne lecture, donc!

Catch-22 – Joseph Heller

Catch-22 était le roman préféré de mes amis fils-de-militaires quand j’étais ado. Ils étaient un peu anarchistes sur les bords et ne juraient que par ce roman, eux qui ne lisaient pas. Et, of course, comme moi, je lisais, ils TENAIENT à ce que je le lise. Ce que je n’ai pas fait, of course. Esprit de contradiction, moi? Trente ans plus tard, je me suis décidée… et je l’ai traîné UN AN ET DEUX MOIS avant de le finir. Des fois, je me désespère moi-même!

De quoi ça parle

Catch-22 raconte le quotidien d’un bataillon américain pendant la toute fin de la deuxième guerre mondiale. Ils sont stationnés sur une île italienne et sont à la merci de leurs supérieurs… et il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Yossarian, le personnage principal, est prêt à tout pour sauver sa peau. Mais il y a la Catch-22 : un homme est considéré comme étant fou s’il veut continuer à voler dans de dangereuses missions de combat, mais s’il fait la requête formelle nécessaire pour en être dispensé, le seul acte de faire cette requête prouve qu’il ne veut pas voler et qu’il a donc toute sa tête. Donc, il ne peut pas être relevé de ses fonctions.

Logique non?

Mon avis

Ce roman est considéré comme l’un des incontournables du 20e siècle. Publié au début des années 60, avec l’ombre de la guerre du Viet Nam, il a fait fureur dans tous les cercles antimilitaristes. En effet, tout cet ouvrage a pour but de dénoncer l’absurdité de la guerre et de l’armée. Et pour être ridicule, ce l’est. Et le pire, c’est que souvent, en lisant, on se dit que certains événements du roman ont peut-être un fond de vérité. Peut-être.

Pendant les trois quarts du roman, il n’y a pas d’histoire à proprement dit. On passe d’un personnage à l’autre… et ils sont nombreux. J’ai donc mis BEAUCOUP de pages pour bien comprendre qui était qui et quels liens ils avaient les uns par rapport aux autres. Nous avons donc droit à plusieurs scènes, dans un ordre variable, et on se demande sérieusement dans quoi on s’est embarqué. C’est absurde. Vraiment. Il n’y a souvent pas de lien entre la réponse et la question posée, les réactions des gens sont kafkaïennes et le temps que l’on réalise que le récit n’est pas raconté dans l’ordre, on trouve que ces gens ont un talent très particulier pour ressuciter. Disons que malgré le côté « roman humoristique », ce n’est pas une histoire qui peut se lire rapidement et il faut avoir toute notre concentration.

J’ai ri à voix haute à certains moments et plus ça allait, plus j’appréciais ma lecture. Suis-je contente de l’avoir terminé? Certes. Est-ce que je comprends sa popularité? Yep. Ai-je vraiment pris du plaisir pendant ma lecture? Let me think about it a bit more.

Je ne sais trop, en fait. J’avais du mal à lire le roman longtemps et même si j’appréciais ma lecture, je n’avais pas non plus une envie folle d’y retourner pour savoir ce qui allait se passer. La narration est hyper intelligente et on sent qu’il y a une vraie réflexion derrière tout ça. Toutefois, ce n’est pas toujours… agréable? C’est long par moments (beaucoup de moments, en fait) et il faut ne s’attendre à rien et accepter n’importe quoi. C’est que dans toute cette galerie de personnages… il n’y en a pas un pour rattraper l’autre!

Entre Yossarian qui semble croire que la guerre est un plan machiavélique destinée à le tuer LUI, celui qui trouve le moyen de s’écraser à chaque vol, celui qui hurle toute la nuit dans son sommeil dès qu’il a fini ses missions réglementaires et le chef qui veut dorer son propre prestige en augmentant sans cesse des missions obligatoires à ses hommes, il faut chercher longtemps pour trouver quelqu’un le moindrement sain d’esprit. Il y a des magouilles, des jeux de pouvoir, des injustices incroyables (et absurdes) et toute action est maquillée pour faire briller l’un ou l’autre des dirigeants. C’est tellement courageux, n’est-ce pas, d’envoyer d’autres personnes à la boucherie pour se faire dire qu’on est un bon commandant?

En fait, on a affaire à une armée complète en choc post traumatique à une époque où ce n’était pas reconnu, et on se demande pourquoi rien ne va dans ces missions qui n’ont jamais de fin.

Un point de plus pour ma culture générale donc.

Mais un plaisir de lecture mitigé.

Le livre bleu de Nemo – Manon Steffan Ros

J’ai lu ce roman en anglais mais j’ai choisi de placer ici la traduction française vu que, ne nous le cachons pas, il y a quand même pas mal plus de francophones que d’anglophones ici! Je n’avais jamais entendu parler de ce livre avant la semaine dernière et – ô miracle – je suis justement tombée dessus. C’était un signe non?

De quoi ça parle

Nous sommes quelques années après « Y Terfyn ». La Fin. Nous sommes au Pays de Galles et il y a eu une catastrophe nucléaire. Du jour au lendemain, les communications ont été coupées et la survie est menacée.

Rowenna et ses enfants, Dylan et Mona. vivent seuls dans une petite maison isolée. Tour à tour, mère et fils écrivent dans un cahier bleu retrouvé dans une maison. Entre leur quotidien et les souvenirs, nous allons petit à petit apprendre à comprendre leur nouvelle vie.

Mon avis

Je ne m’attendais pas à aimer autant ce livre. Vous pourrez me dire qu’il n’a rien de révolutionnaire en terme de post-apo et qu’il se lit davantage comme un retour à la terre… mais j’ai adoré. Adoré au point de le dévorer en une soirée DE TRAVAIL, ce qui n’arrive jamais, au grand jamais.

Les deux narrateurs ont une voix bien distincte, ils sont extrêmement touchants tous les deux et j’ai pleuré à gros sanglots. Moi. Trois fois. Alors que c’est un récit lent, plutôt calme, qui nous raconte deux personnes tentant de survivre. Dylan avait 6 ans lors de la fin. Il a très peu de souvenirs de la vie d’avant, très peu de deuils à faire. Morwenna, sa mère, se souvient de tout mais a laissé beaucoup de choses derrière elle. Et ces deux visions nous plongent vraiment dans les petites incompréhensions et les tourments de ces deux êtres qui s’aiment plus que tout et qui forment une équipe indissociable. Et Dylan grandit.

Ce récit a été pour moi très émouvant. Mère et fils sont seuls et ne savent pas ce qui s’est produit. Il ne reste plus personne. Plus de radio, de communcation, plus de réseaux sociaux. Nous ne saurons pas plus qu’eux ce qui est arrivé. C’est une histoire de survie, d’adaptation. Et si la dichotomie « superficialité du monde moderne » vs. « pureté de la simplicité » peut sembler un peu trop « in your face », je n’ai pour ma part jamais été dérangée. J’ai aimé voir les yeux de Rowenna s’ouvrir à la beauté, aux émotions, quand il ne reste plus rien d’autre. Ça parle de fragilité, de perte et de mémoire et c’est tout en retenue, tout en pudeur malgré tout. Pas de descriptions horribles, pas de violence à foison. Juste eux, à ce moment précis.

Et la fin… j’ai adoré.

Et je me demande vraiment ce qui va leur arriver.

Perspective(s) – Laurent Binet

J’aime beaucoup Laurent Binet. En fait, j’ai ADORÉ La septième fonction du langage et j’aime sa manière de jouer avec l’écriture et l’histoire pour faire vivre ses récits. J’ai donc été ravie de voir arriver un nouvel opus sur nos tablettes. 

De quoi ça parle

Florence, 1557. Le peintre Pontorno est retrouvé mort au pied des fresques qu’il peignait depuis 11 ans dans la chapelle San Lorenzo. Fresques fort contestées d’ailleurs.  Les autorités tentent de découvrir le coupable mais dans la Florence de l’époque, les intrigues de cour et politiques sont nombreuses. Entre Vasari, Michel Ange et les Médicis, qui résoudra le mystère?

Mon avis

Encore une fois, nous avons ici un habile mélange entre une intrigue intéressante et une période historique à découvrir. Bien qu’ayant visité Florence, je ne connaissais rien de cette chapelle dont les fresques ont presque toutes disparu aujourd’hui.  L’auteur réussit, avec ce roman épistolaire, à nous plonger dans cette atmosphère de complots et de faux semblants parfois machiavéliques, avec quelques inspirations littéraires en prime. 

Certes, le mystère n’est pas bien mystérieux mais ce n’est pas ce qui m’a plu dans cette histoire. J’ai aimé les réflexions sur l’art, sur l’époque, j’ai aimé voir les divers personnages en manipuler d’autres pour arriver à leurs fins. La relation entre Catherine de Médicis et sa nièce, directement inspirée des Liaisons dangereuses, est particulièrement réjouissante. Littérairement parlant, on s’entend. 

Ce qui me plaît dans les romans épistolaires, c’est que tous les personnages peuvent être des narrateurs non fiables. Qui croire? Qui manipule qui?   La lecture est rapide et le tout se dévore, tout en nous faisant découvrir des personnages historiques. L’auteur joue ici avec la réalité et la fiction (Pontorno n’a pas été assassiné, du moins, pas à ce que je sache) mais j’ai passé un bon moment de lecture. 

Inoubliable?  Bon, peut-être pas. Mais agréable. Pour que ce soit vraiment génial, j’aurais aimé que les différentes voix littéraires soient plus distinctes, plus variées. Ici, c’est tout de même un peu semblable, sauf pour Catherine de Médicis et sa nièce. 

J’attendrai le prochain Laurent Binet avec  plaisir.