De Mona Awad, j’ai lu et bien aimé « Bunny », qui m’avait laissée perplexe sur le coup, mais dont je garde un excellent souvenir. Du coup, quand j’ai vu ce roman dans les favoris de Jeannot se livre, j’ai décidé de m’y plonger… et j’ai l’impression que l’impression que va me laisser ce roman va ressembler à celle de Bunny. Mais je m’explique.
De quoi ça parle
Miranda est metteur en scène dans une obscure université. Ancienne actrice, elle a vu son univers s’écrouler après une chute de scène qui l’a laissée dans un état de douleur chronique incapacitante. Elle peut à peine bouger et prend tellement de médication qu’elle vit dans un univers à part. Cette année, elle tient à monter All’s well that ends well, une pièce de Shakespeare moyennement populaire alors que ces étudiants voudraient Macbeth. Alors qu’une mutinerie se prépare, Miranda va faire une rencontre qui va bouleverser sa vie.
Mon avis
Quand j’analyse ce roman et que j’y repense, je n’ai rien à lui reprocher. Rien. Tout est pensé, planifié. Les thèmes qui sont abordés le sont intelligemment, tout dans l’écriture nous fait ressentir ce que ressent le personnage principal, il y a des jeux narratifs intéressants et Shakespeare. Il y a aussi un narrateur qui n’est pas fiable, des incursions fantastiques, des métaphores et des personnages qui perdent pied. Tout. Ce. Que. J’aime.
Tout.
Et pourtant, je ne peux pas dire que j’ai apprécié ma lecture. J’ai ressenti un réel malaise pendant une grande partie du roman. Tout le début, quand nous rencontrons Miranda, m’a donné du mal à respirer tant la douleur était omniprésente, tant elle prenait toute la place. Et je suis certaine que c’est voulu. Car quelqu’un qui souffre, ça dérange. Et quand c’est une femme, on dirait que c’est encore pire. C’est que Miranda est à la fois isolée dans sa douleur mais celle-ci influence toutes ses relations. Entre les médecins et les thérapeutes qui ne la croient pas, qui lui disent que c’est dans sa tête, et ses amis qui n’en peuvent plus d’en entendre parler et qui se demandent si elle n’en met pas un peu, rien ne va pour Miranda. Elle EST cette douleur et personne ne la comprend. Et comme elle est actrice, nous aussi, comme lecteur, on se questionne.
C’est hyper bien fait. Mais ça devient long et oppressant… et finalement, on bascule et c’est à ce moment que mon intérêt a été éveillé. Sur scène, c’est All’s well mais dans la vie de Miranda, c’est Macbeth. Miranda s’identifie à ce personnage étrange et mitigé qu’est Helen et soudain, cette pièce, c’est sa vie. L’aspect conte de fées est exploité ainsi que le thème de la transformation, les possibilités que ça amène. Bref, Miranda va rencontrer trois hommes étranges… et elle va changer.
Entendons-nous, Miranda n’est pas un personnage agréable. Être dans sa tête n’est pas si simple. Elle s’imagine les pensées des autres et même après sa transformation, elle n’est pas plus aimable et elle prend des décisions ma foi… discutables. Cette partie permet d’explorer l’effet de la transformation sur l’entourage et la relation entre Miranda et Grace est particulièrement intéressante. Que se passe-t-il quand celle qu’on a connue « mal » est soudain euphorique. Qu’est-ce que ça change dans la dynamique de la relation? Bref, tout était intéressant.
Sauf que j’ai quand même trouvé ça longuet. Malgré les références, les images et la finale brumeuse.
Bref j’ai bien aimé, la réflexion que le roman apporte est intéressante… mais pour l’expérience de lecture, c’est un cas de « c’est pas lui, c’est moi »!