What feasts at Night – T. Kingfisher

J’avais beaucoup aimé le premier tome de cette série lu, qui était inspiré de La chute de la maison Usher. De l’horreur un peu gore, avec un personnage principal que j’aime beaucoup… c’était clair que j’allais lire la suite!

De quoi ça parle

Nous retrouvons donc Alex Easton, « Sworn soldier » d’un pays fictif d’Europe centrale. Elle (on va utiliser le pronom « elle »… mais en anglais, dans leur langue, c’est un pronom spécial « ka », qui est utilisé pour les soldats), souffre de choc post-traumatique suite à une guerre perdue d’avance. Elle retourne donc dans sa maison d’enfance où Miss Potter, dame anglaise très correcte rencontrée à la maison Usher, veut venir pour étudier les champignons. Sauf qu’à l’arrivée, le gardien du domaine est décédé de manière étrange… et les gens du village ne semblent pas vouloir dire ce qui est vraiment arrivé.

Mon avis

Avouons-le d’emblée, j’ai préféré le premier tome à celui-ci, mais j’ai quand même passé un très bon moment de lecture. En fait, j’adore la narratrice. Elle pourrait me raconter n’importe quoi et ça me plairait. J’aime énormément son autodérision, sa façon de voir les choses et de s’adresser au lecteur. Alors même si les parallèles avec le classique de Poe m’ont un peu manqué, ces quelque 150 pages ont passé à toute vitesse.

De plus, j’aime énormément la plume de l’autrice, très évocatrice. L’ambiance un peu glauque est parfaite et c’est magnifiquement écrit. Ici, nous plongeons dans le folklore semi-fictif de la contrée d’Alex, avec êtres mystérieux qui rôdent la nuit et de mystérieuses conditions pulmonaires qui mènent à la mort. L’imagerie horrifique est presque gothique, un peu gore, entre rêve et réalité. J’aurais peut-être aimé un peu plus de feux d’artifices pour la résolution, mais j’ai bien aimé le côté mystérieux et gloomy de la finale. Tous les personnages secondaire sont géniaux… même ceux qu’on a parfois envie de frapper!

Bref, des réflexions sur la guerre et le PTSD intéressantes, une bonne lecture et j’espère vraiment retrouver Alex Easton dans une autre novella!

The Deep (les Abysses) – Rivers Solomon

J’ai acheté ce livre il y a quelques années, le concept m’intrigant beaucoup. Of course, ce n’est que beaucoup plus tard que j’ai fini par le lire (sinon c’est pas drôle). Et c’était toute une expérience.

De quoi ça parle

Imaginez un univers au plus profond de l’océan, un monde où vivent les descendants de toutes les esclaves noires enceintes jetées à la mer lors de la traversée. Imaginez que dans ce monde, le poids de l’histoire et du passé repose sur les épaules d’une seule personne, un Historien. Sauf que toute cette connaissance est lourde à porter.

Mon avis

Je dois avouer que ce roman me faisait peur. C’est un thème que je trouve très dur et si j’ai lu et aimé plusieurs ouvrages sur le sujet, je dois avouer que je dois me botter les fesses pour m’y mettre. Et je ne regrette aucunement d’avoir choisi de finalement le lire.

Nous avons donc un récit onirique, poétique et très engagé qui fait réfléchir sur de nombreux sujets. Avant tout, ça parle de traumatisme intergénérationnel et de la difficulté d’accepter son histoire, le poids de son histoire. Nous avons donc un personnage principal qui souffre profondément de toute cette mémoire des ancêtres qu’iel vit et revit sans pouvoir contrôler sentiments et visions. Le tout pour empêcher son peuple, les wajinru, d’en souffrir. Mais qui est-on sans histoire? Comment se construit-on quand on ne connaît pas son passé? Et quand ce passé fait trop mal ? L’allégorie est hyper bien faite. Ça parle de solitude, de la solitude qui nous engloutit quand on arrive et qu’on doit tout reconstruire à partir de rien parce que la tradition orale a disparu. L’histoire des Noirs est d’une violence incroyable et je comprends que parfois, transposer le tout dans un univers de fantasy peut être bénéfique pour en appréhender certains aspects.

Nous avons donc Yetu, Historien.ne. Iel ne croit plus pouvoir survivre avec toute ce poids et quitte, laissant son peuple dans la souffrance. S’en suivra une rencontre avec un Two-Legs, comme les ancêtres, comme aussi ceux qui ont jeté les dites ancêtres par dessus bord. Qui sont-ils? Peut-on leur faire confiance? Et jusqu’à quel point le bien-être personnel de Yetu prime-t-il sur celui de son peuple? Nous avons un personnage en vrai conflit de loyauté, qui va évoluer au contact du monde extérieur et se découvrir davantage lui-même. Bref, ça a totalement passé pour moi. Surtout qu’on va découvrir que nous ne parlons pas d’Afrofuturisme pour rien.

Bref, une très belle plume, une lecture très courte et très atmosphérique, à lire en écoutant la musique qui a inspiré l’histoire et la légende.

Les fabuleuses aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaire

En Inde, lisez indien! Oui, vous avez bien lu. J’ai terminé ce roman en novembre. Et je ne sais pas vraiment quand il sera publié, mais je sens qu’on s’éloigne un peu du dit mois de novembre. Faut pas chercher à comprendre.

De quoi ça parle

Il était fort improbable que le jeune Ram Mohammad Thomas gagne un jeu questionnaire télévisé et devienne milliardaire. À 18 ans, ce gamin des rues n’a pas traîné sur les bancs d’école. On soupçonne immédiatement une tricherie. Le jeune homme va donc devoir s’expliquer mais pour ce faire, il va devoir raconter sa vie. Parce que c’est au hasard de ses aventures qu’il a accumulé toutes ces connaissances… et il en a vu des aventures!

Mon avis

Je sais, c’est étrange, mais je n’avais jamais vu le film. Je ne l’ai toujours jamais vu d’ailleurs. Il faudrait. C’est donc après trois semaines d’immersion dans la culture indienne que j’ai débuté ce roman et malgré le côté tragico-comique de l’histoire, ce sont surtout les références à toute cette culture que je venais de découvrir qui m’ont intéressée. En effet, plus jamais je ne vais lire de romans indiens de la même façon. La vie est tellement différentes, tous les détails du quotidien sont différents, jusqu’à la façon de penser. C’est difficile à expliquer… mais tous les romans indiens que j’ai lu le sont profondément. Indiens. Et il ne pourrait en être autrement.

Je pourrais décrire ce roman en particulier comme « une bonne lecture ». Pas transcendante, pas une plume de folie, mais un héros attachant, un peu paumé, à qui il est tout arrivé. Disons qu’il ne l’a pas eue facile. Sauf qu’il ose, le jeune homme. Audacieux pourrait être son deuxième prénom. Sauf que même son nom est assez extraordinaire. Le nom du prophète, le nom de Rama et finalement Thomas… il est un beau mélange de ce qui fait la culture de l’endroit. Et en Inde, c’est important. Vraiment.

L’histoire est rythmée par les questions auxquelles il a dû répondre lors du jeu, chacune étant associée à un épisode de sa vie. J’ai bien aimé ce procédé, qui complexifie un peu la narration. Est-ce crédible? Hmmm… je serais surprise. Tout lui est arrivé. Il a croisé toutes les mauvaises personnes et rencontré tous les vices possibles et inimaginables. Un peu beaucoup too much.

Ceci dit, le côté un peu corrompu du jeu télévisé m’a fait sourire et la fin m’a tout de même étonnée.

17 ans de tops! Ai-je encore bon goût?

J’ai eu l’idée folle de de revisiter mes « Meilleures lectures annuelles » depuis l’ouverture du blog. Et ça a donné cette vidéo. Je n’avais clairement pas prévu le nombre d’heures de montage et à la fin, j’ai été trop paresseuse pour récrire tous les titres (peut-être un jour)… mais voilà, ça donne ça! Ça rappelle des souvenirs!

Le harem du roi – Djaïli Amadou Amal

Djaïli Amadou Amal est une autrice que je suis depuis ma lecture des Impatientes, il y a quelques années. J’ai tout de suite aimé le regard féministe que pose l’autrice sur la société camerounaise et avec ce roman, elle a encore réussi.

De quoi ça parle

Boussoura et Seini sont un couple moderne de Yaoundé. Il est médecin, elle est professeure de littérature. Ils sont mariés depuis longtemps, les enfants sont grands. Mais voilà. Seine est fils de roi et il est appelé à devenir lamido, gardien des traditions et de la religion. Sa femme est, bien entendu, loin d’être ravie. Mais ils s’aime et elle le suit dans sa nouvelle vie, qui implique, entre autres, des quartiers séparés et un harem. Eux qui avaient un mariage monogame.

Mon avis

Djaïli Amadou Amal a un réel talent de conteuse. Elle réussit à esquisser tout de suite des personnages crédibles, touchants, imparfaits, qui ont tous une certaine évolution. Ses romans me transportent illico au Cameroun où tout est différent, de la religion à la façon de penser. La situation des femmes, bien sûr. Surtout. Car c’est surtout de ça qu’il s’agit.

Nous verrons donc évoluer le couple et son entourage pendant de nombreuses années. Boussoura, l’épouse, va passer de l’incrédulité initiale à la révolte, en passant par toute ue gamme d’émotions intermédiairee. Elle ne devient pas soumise du jour au lendemain, tout dans la relation évolue lentement mais inexorablement. Entre les attentes de la communauté et les siennes, il y a un monde. Elle voit également son mari changer petit à petit, alors qu’il cède aux privilèges qui s’offrent désormais à lui.

Toutes les femmes de cette histoire m’ont touchée. Boussoura, certes, mais également les concubines, esclaves honorées, qui ne s’en sortent pas toujours bien. Je ne connaissais rien de l’existence de ces micro-sociétés et comme souvent, l’autrice donne une voix à celle qui en ont si peu. Ça parle de patriarcat, du poids des traditions, de l’appât du pouvoir et de la polygamie, surtout quand elle n’est pas choisie. Voir le changement graduel dans la façon de penser de Seini, l’homme qui se laisse tenter par tous les possible, est déchirant. Et j’ai adoré la fin.

Bref, un autre très bon roman de cette autrice et je vous invite à lire ses précédents.

Proust, roman familial – Laure Murat

Vous savez que entre Proust et moi, le courant passe. Assez pour que je souhaite vivement lire un essai sur l’aristocratie en lien avec son oeuvre. Et savez-vous quoi, j’ai bien fait.

De quoi ça parle

L’autrice est née dans l’aristocratie. À 20 ans, elle lit la recherche et elle a une illumination. Ce monde-là, c’était le monde de son enfance. Proust avait connu ses arrières-grands-parents. C’est donc à travers son oeuvre qu’elle va mieux comprendre le monde qui l’a forgée et qu’elle a fini par rejeter.

Mon avis

Je ne suis pas issue de l’aristocratie. Je viens d’une famille normale, bien prolétaire et tout. Du coup, l’enfance de l’autrice est aussi éloignée de la mienne que possible. Pourtant, j’ai ressenti son mal-être et sa joie d’enfin voir se jeter un éclairage sur son propre vécu. Car pour elle, l’aristocratie, c’est un peu une tentative désespérée de faire perdurer un monde qui n’existe plus et qui semble hors du temps. Proust réussit, dans sa recherche, à décortiquer cet univers, à en analyser les tenants et les aboutissants, à en faire ressortir la vacuité également. Et le conformisme. Car il ne faudrait que surtout rien ne change, ou n’apparaisse changer. La diversité sexuelle, on sait qu’elle existe, mais on fait comme si ce n’était pas le cas. Difficile de se battre et de s’émanciper quand on n’existe pas.

Je ne sais pas si j’aurais autant aimé si je n’avais pas lu la recherche. J’ai adoré les références et le juste partage entre expériences personnelles, littérature et sociologie. L’autrice, lesbienne, a fini par s’éloigner de sa famille. La différence dans ce contexte, ce n’était pas simple et Proust le démontre fort bien. Il réussit à nous montrer tout cet apparat, ces traditions, ces détails qui n’ont l’air de rien mais qui font la différence, sans oublier l’hypocrisie ambiante. La scène où l’autrice voit le maître d’hôtel placer les couverts à une distance précise, que personne ne va remarquer, mais qui donne cette « classe » supplémentaire est frappante.

Un roman sur la littérature qui répare, qui console, permet l’émancipation et donne espoir, ainsi que sur son pouvoir sur les êtres. J’ai été très touchée par la fin… et j’ai envie de relire la Recherche. Juste parce que.

Manuel de survie du sorcier frugal dans l’Angleterre médiévale – Brandon Sanderson

Quand je vois le nom de Brandon Sanderson, je n’hésite pas. Son originalité me fascine toujours et son précédent roman de cosy fantasy m’avait beaucoup plu. Je continue donc les fameux romans secrets.

De quoi ça parle

Un homme se réveille seul dans la nature, amnésique, dans un pays qui ressemble énormément à l’Angleterre médiévale. Il ne sait plus qui il est ni d’où il vient… et encore moins comment il a pu atterrir ici. Il y a bien un bout de guide, le « Manuel de Survie du Sorcier Frugal dans l’Angleterre médiévale » mais il est dans un drôle d’état suite à son transfert.

Il semble poursuivi par de mystérieux individus et va devoir s’allier à des locaux pour tenter de s’en sortir, ou du moins de comprendre ce qu’il peut bien faire là.

Mon avis

Je n’aurais jamais pensé dire ça un jour, mais j’ai été déçue par un roman de Sanderson. J’avoue que mes attentes étaient élevées et que ce n’était pas un mauvais roman. J’ai passé un bon moment de lecture, ça se lit tout seul et c’est divertissant. Toutefois, si les moments absurdes d’un Pratchett ou d’un Douglas Adams me font mourir de rire, on dirait que j’ai été moins touchée par cet humour qui, je crois, se voulaient dans cette veine. Les passages du « Guide » sont très drôles au départ avec leurs marques déposées et leurs élucubrations sans queue ni tête, mais ils deviennent vite répétitifs et un peu inutiles.

Nous avons donc un personnage qui ne sait plus qui il est et qui s’imagine, comme tout le monde, le héros de l’histoire. Sauf que l’est-il vraiment? Et est-ce que ce voyage va le faire évoluer? Nous sommes dans un univers SF où technologie et magie peuvent parfois être confondus, et notre voyageur va vite comprendre qu’il n’est pas le seul à visiter cette dimension… et qu’il risque d’y avoir des problèmes, surtout s’il ne sait pas qui sont ses alliés. Nous allons donc suivre son périple, le voir comprendre petit à petit ce qui se passe… et être un peu trimballé par les circonstances dans une espèce de course poursuite, accompagné de quelques habitants de la dite dimension. C’est chouette, mais ça manque un peu de profondeur pour Sanderson.

J’ajouterais aussi qu’à part le personnage principal qui apprend peu à peu ce qu’il est, tous les autres sont assez plats. Ils ont quelques traits caractéristiques mais ils n’ont pas les zones d’ombre que j’aime tant chez Sanderson. Pas qu’ils soient désagréables, non. Ils sont juste moins vivants.

Un bon moment de divertissement, mais, comme je le disais, pas mon préféré de l’auteur.

Le sentiment des crépuscules – Clémence Boulouque

Non mais regardez le bandeau. Zweig. Comment résister? Dans mon cas, je ne résiste pas. Vous vous en doutiez.

De quoi ça parle

Nous sommes à Londres, en 1938. Zweig, à la demande de Dali, lui présente Freud, que le peintre idéalise. Il souhaite lui montrer l’une de ses toiles, La métamorphose de Narcisse. Il semblerait que cet après-midi londonien ait vraiment eu lieu, mais Boulouque nous livre ici son interprétation.

Mon avis

La distribution de ce roman me faisait saliver à l’avance : Freud, Zweig, Dali, Gala, Anna Zweig et Edward James. Par des flux de conscience croisés, nous serons témoins d’un après-midi entre ces illustres personnages. Chacun a ses passages, ce qui permet d’éviter le joyeux mélange, mais je reste toutefois sur ma faim.

Nous sommes à la croisée des chemins. Nous sommes dans l’avant-guerre. Freud mourra en 1939 et Zweig se suicidera en 1942. L’histoire sera bientôt bouleversée et nous sentons bien cet aspect peser sur le roman. Aurais-je aimé qu’il soit plus développé?  Certes. Car malgré le casting de folie, c’est ce que j’ai préféré dans l’histoire et j’aurais aimé entendre davantage de réflexions des protagonistes principaux à ce sujet.

Mon problème?  Chacun d’entre eux est une caricature de lui-même, ce qui m’a empêchée d’adhérer complètement à l’histoire. Gala est particulièrement désagréable, Zweig profondément déprimé et Dali est dans une exégaration qu’il sait lui-même too much. C’est épuisant.  Le personnage d’Anna Freud m’a toutefois beaucoup plu et m’a paru mieux développé.

Même si c’est une lecture en demi-teinte, j’ai aimé la réflexion sur le thème de l’exil, de la dépossession et de la reconstruction qu’il implique. Mais qu’est-ce que Gala et Dali pouvaient être agaçants en ramenant toujours tout à eux! Ceci dit, c’est probablement logique étant donné les personnalités flamboyantes qu’ils semblent avoir eue. Bref, mitigée.

Normal People – Sally Rooney

Je voulais découvrir l’autrice depuis longtemps, vu que j’entends tout et son contaire à son sujet. J’ai donc commencé par Normal People… et je suis un peu sur le fil. J’ai apprécié la construction des personnages mais, finalement, je me fichais un peu de ce qui allait arriver? Ce n’est pas bon signe hein?

De quoi ça parle

Irlande, années 2010. Au secondaire, Marianne et Connell vivent des situation bien différentes. Elle est née dans une famille riche (et dysfonctionnelle) alors que la mère de Connell fait le ménage chez eux. Il est bien adapté à l’école, elle est considérée comme étrange, une outsider. Pourtant, ils vont développer une relation, ils vont la cacher… et se revoir plus tard. Souvent.

Mon avis

À lire la prémisse, on croirait une romance hein? Sauf que non. Oui et non. C’est l’histoire de deux personnes profondément blessées, qui évoluent différemment mais qui se retrouvent toujours. Parce qu’ils sont bien ensemble. Parfois.

Entendons-nous, il y a de l’amour dans tout ça. On y parle d’amour, d’amitié, de traumas et de dépression. Aucun des deux n’a une belle image d’eux-même. Ils semble être des âmes soeurs, il n’y a qu’ensemble qu’ils peuvent être vrais, ils sont importants l’un pour l’autre et tentent de se tirer vers le haut, sans toujours réussir. Ils sont pleins de failles, leur évolution et leurs réactions sont logiques, même si elles sont enrageantes par moment. Le titre prend tout son sens. Ils ne sont pas extraordinaires, juste… poqués. On se demande du début à la fin s’il vont ENFIN communiquer dans les moments les plus importants?

Entendons-nous, Connell et Marianne ne sont pas glorieux. La relation est parfois presque toxique malgré leur bonne volonté. Marianne est consciente de ne pas bien aller et d’avoir besoin de mécanismes de défense parfois malsains. Ce n’est pas facile d’être avec elle et ses contradictions même si elle semble devenue la reine des abeilles à l’université. Connell est parfois tellement… égoïste et peureux! Mais bon, ils sont humains. Ceci dit, il y a un côté « not like the other people » qui m’a parfois énervée. De plus, comment peut-on être si proches, si vrais l’un avec l’autre, et faire face à tant de problèmes de communication. JUST TALK FOR F*** SAKE!

Nous avons une écriture très simple, avec de longues ellipses et des passages très détaillés. J’ai beaucoup aimé les dialogues, très rythmés, malgré beaucoup de « I don’t know ». Oui, je sais. Quand je commence à compter, c’est moyen. Pourquoi suis-je restée si extérieure? Difficile à dire surtout que ce type d’histoire me plait terriblement normalement. Peut-être que les deux personnages sont tellement différents de moi que j’ai eu de la difficulté à m’y attacher et à me projeter? Même si, comme plusieurs, j’ai eu ma part de relations ambigues. C’est parfois répétitif, les personnages secondaires m’ont semblé à peine esquissés et utilitaires… je lisais sans déplaisir mais sans passion non plus.

Ceci dit, je relirai l’autrice car j’aime bien les études de personnages. Peut-être d’autres de ses romans m’accrocheront-ils davantage!

La petite bonne – Béatrice Pichat

J’avais repéré cet ouvrage dans mes recherches sur la rentrée littéraire. Le pitch m’avait interpellée. Et quelle bonne lecture ça a été.

De quoi ça parle

Elle travaille chez les Daniel. Elle est la boniche. Puis un jour, Madame part trois jours et la laisse en compagnie de Monsieur, ancien pianiste prodige maintenant prisonnier d’un corps qui est devenu inutile, suite à la bataille de la Somme. Et il va lui proposer quelque chose de surprenant. Et si elle acceptait?

Mon avis

Je ne m’attendais à rien de ce roman en vers libres, avec cette héroïne sans réelle identité à part celle d’être au service des autres. Nous sommes après la guerre et notre petite bonne doit laver les carrelages, soulever des paniers trop lourds de ses mains gercées par le froid. C’est son travail. Et ses patrons , chez qui elle défile, sont les gens qu’elle côtoie pratiquement le plus.

Monsieur Daniel, Blaise, ne lui parle jamais. C’est sa femme qui traduit ce qu’il dit, lui, miracle de la médecine moderne, devenu lourdement handicapé. Une gueule cassée. Alexandrine, sa femme, s’en occupe du mieux qu’elle peut, partagée entre amour, abnégation et ressentiment.

J’ai beaucoup aimé l’alternance des points de vue, l’ambiance un peu hors du temps et irréelle qui est créée. On assiste à des bribes d’interactions, des flashes de vie. Trois personnes qui s’entrecroisent en tentant de se rencontrer malgré les réticences de Blaise qui n’a pas l’intention de se laisser approcher si facilement. Lui, il juge, évalue. Et la petite bonne va le surprendre malgré lui. C’est à travers la musique qu’ils vont communiquer, même si Blaise, lui, a bien l’intention de ne pas continuer comme ça longtemps. J’ai beaucoup aimé le choc de leurs sensibilités, les questions qu’ils se posent et leurs façons différentes de se comprendre. Un peu. Quant à Alexandrine, Madame, même si elle est plus froide et vieux jeu, ses réactions sonnnent vrai. Elle tente de faire « la bonne chose » sans toutefois y parvenir. J’ai été touchée par tous ces personnages.

Bref, un très très bon moment de lecture.