Me croyez-vous si je vous dis que je n’avais jamais lu Ça? J’avais fait quelques sursauts avec le film étant jeune et depuis, je n’avais jamais osé. Là, je l’ai fait. Et j’ai drôlement bien fait.
De quoi ça parle
Octobre 1957, Derry, Maine. George Denbrough, 6 ans, est tué alors qu’il jouait avec un petit bateau de papier fait par son grand frère Bill. L’été suivant, Bill et quelques autres enfants mis à l’écart à l’école sont témoins d’événements surnaturels et se rassemblent pour former le « Loser’s club », qui souhaite arrêter l’entité qu’ils surnomment « Ça » et qui tue des enfants.
Vingt-quatre ans plus tard, le club se voit rappeler une de leurs promesses d’enfants : celle de revenir à Derry si « Ça » revenait. Et étrangement, des enfants commencent à mourir dans cette ville à l’aura mauvais.
Mon avis
Stephen King a un vrai don pour faire exister ses personnages. Du moins, à chaque fois, ils deviennent réels pour moi et ses histoires fonctionnent. Je déteste les films d’horreur (parce que je n’aime pas sursauter) mais en littérature, j’aime beaucoup, tant que les aspects horrifiques ont un aspect symbolique. Et je suis pas mal bonne pour en trouver un, la plupart du temps. Dans ce cas, il y a certes du surnaturel mais cette énorme fresque nous parle surtout du passage à l’âge adulte, de celui qui implique de ne pas pouvoir retourner en arrière, de devoir fermer une porte.
Pennywise (ou Grippe-Sou dans la VF… je préfère Pennywise, je l’avoue), s’attaque aux peurs des enfants et il apparaît à chacun sous une forme différente, celle qui réussit le plus à les effrayer. Certes, c’est parfois un peu gore, mais ce n’est jamais gratuit et toute cette histoire explore les traumas de l’enfance, leurs répercussions à l’âge adulte, ainsi que le pouvoir de la mémoire et de l’oubli. Dans cette histoire, les enfants devenus adultes sentent qu’ils doivent revenir, terminer quelque chose pour tourner la page et passer à l’étape suivante. C’est ce parcours qui m’a le plus touchée dans ce roman, davantage que les scènes d’horreur qui font tout de même mouche et qui réussissent à faire stresser la petite peureuse que je suis. C’est que King réussit particulièrement bien à créer des atmosphères et, entendons-nous, les égoûts de Derry, c’est quelque chose.
Derry, c’est tout les horreurs qui se cachent derrière les façades parfaites de certaines petites villes. Certe, Pennywise fait peur et perpétue des horreurs mais la véritable terreur vient de ce qu’on vécu les enfants : familles, violences, vie scolaire difficile… bref, ce qui a fait d’eux des Losers en premier lieu. Certains ont vécu certains événements qu’ils ont tenté d’étouffer dans leurs inconscients et à les voir adultes, on voit parfaitement à quel point ils ne s’en sont pas encore sortis. Tant qu’ils ne reviennent pas.
Je dois avouer avoir préféré la partie où ils étaient enfants. Le thème de la perte de l’innocence en est un qui me touche énormément. Par contre, le deuxième moment narratif n’est pas ennuyant pour autant et plus on connaît les enfants qu’ils étaient, plus on comprend les adultes qu’ils sont devenus et plus on s’attache. Quant à « La scène », on m’avait avisée et je n’ai pas été perturbée pour autant. Était-elle obligatoire? Peut-être pas. L’allusion préalable aurait peut-être été suffisante, avec peut-être une réalisation commune de cet épisode oublié. Mais même si selon moi il n’était pas nécessaire d’en dire autant, elle n’était pas non plus glauque. Le contexte l’était mais pas ce qu’on ressenti les jeunes. Bref, dans mon cas, ça a tout de même passé.
Bref, une excellente lecture. Il est assez rare que des personnages demeurent avec moi suite à une lecture mais ça a été le cas ici. Quel plaisir d’en revoir quelques uns dans 22.11.63! Un roman qui va rester.