J’ai déjà lu Olga Tokarczuk avec Le livre de Jakob, lu il y a plusieurs années. J’avais eu un peu de mal avec touuutes ces pages car il y avait beaucoup beaucoup de personnages et que j’avais du mal à me concentrer suffisamment pour ce degré d’érudition. J’ai eu envie de réessayer, vu que Séverine a beaucoup aimé… et que ça m’a étonnée en référence avec ce que j’avais lu de l’autrice. Donc j’ai tenté le coup. Et j’ai tellement, mais tellement bien fait!
De quoi ça parle
Janina Doucheyko est à la retraite. Elle a choisi de s’établir sur un plateau isolé, presque inaccessible en hiver. Elle aide un peu à l’école du village, surveille les propriétés des voisins qui ne sont pas là l’hiver. Un jour, son voisin vient la chercher. Grands Pieds, un autre habitant permanent du plateau est mort. Et les morts ne vont pas s’arrêter là.
Mon avis
Ce roman est top. Et pourtant, je ne suis pas à fond dans la cause animale mais si en plus vous êtes attachés à cette cause, vous allez adorer encore plus. C’est un texte engagé, intelligent, très accessible et brumeux, qui parle de la place de l’homme dans la nature et l’univers. L’autrice réussit à recréer à merveille l’ambiance d’un petit village à cheval sur une frontière (entre la Pologne et la République Tchèque) où tout le monde se connaît et où le passe-temps principal est la chasse. Ce qui ne plait pas toujours à notre personnage principal.
Et quel personnage!
Janina est ex-tra-or-di-naire. Elle vit dans un univers bien à elle, entre son amour pour les animaux et la nature et sa passion pour William Blake et surtout, l’astrologie. Son livre de chevet : des éphémérides. Elle est persuadée que les planète influencent et déterminent le destin des hommes et va interpréter tout ce qui l’entoure en regardant le monde travers ce prisme ma foi… particulier. Ésotérique, végétarienne, elle vit comme une souffrance incroyable la mort des animaux. J’ai adoré sa voix qui nous fait rire malgré son pessimisme car sa façon de penser est tellement, tellement out of it!
Bref, quand quelques personnes bien connues du village commencent à mourir, elle a une idée fixe. D’ailleurs, l’astrologie le dit : les tueurs sont des animaux qui prennent leur revanche. Genre, la comtesse de Monte Bichette. Elle ne se gêne d’ailleurs pas pour le répéter à tous et chacun, au risque de passer pour une totale cinglée.
Certes, le propos est appuyé. Certes, on voit un peu venir… mais cette plume! Cette plume! Je pardonnerais presque tout à une telle écriture poétique, ciselée, réflexive… certaines phrases marquent et permettent de réfléchir sur le rapport à la vieillesse et à la nature ainsi que sur la vie presque hors du monde. Un roman marquant, qui m’a fait penser à mon amie Angela Morelli, anciennement Fashion Victim!