Le coupeur de roseaux – Junichirô Tanizaki

Non mais à CHAQUE FOIS que j’écris le nom de cet auteur, j’écris Tamagochi. Et le pire, c’est que j’ai beau le savoir, je l’écris quand même… bref, n’empêche que je l’ai lu… et que ça m’a plu.

De quoi ça parle

Un homme décide d’aller explorer un ancien palais impérial japonais, le sanctuaire de Minase. Il va rencontrer un homme mystérieux qui va lu offrir du saké… et lui raconter l’histoire d’une femme sublime et inaccessible.

Mon avis

Nous avons ici un texte assez court, d’à peine une centaine de pages, divisé en deux parties assez distinctes. Pendant la première, un homme nous entraîne avec lui en balade autour du sanctuaire, en profitant pour nous raconter le folklore et l’histoire locale, dans un récit émaillé de poèmes.

Si j’ai bien aimé cette partie (je vais bientôt au Japon alors je suis curieuse), je dois avouer que ce n’est pas ce que j’ai préféré dans ce roman. Certes, c’est mystérieux, on imagine la lune briller sur le sanctuaire, les herbes qui se balancent… mais si j’ai vraiment aimé, c’est en raison de la seconde partie, quand arrive l’autre homme, être un peu fantômatique, qui va raconter une histoire, celle de son père.

Ce roman est tellement « japonais »! Écrit dans les années 30, on se sent ailleurs, on y retrouve plusieurs éléments assez typiques des romans du genre, notamment le côté hors du temps. L’histoire de l’homme qui s’ouvre sous l’influence de l’alcool fascine et fait réfléchir sur la situation de l’époque alors que le père de celui-ci tombe éperdument amoureux d’une femme magnifique, distante et complètement inaccessible. Il est envoûté par elle, fille belle et chouchoutée de tous, dont la famille est prête à tout pour la gâter. Ça parle de secrets de famille, de mystères mais aussi du sacrifice, thème que je retrouve souvent dans les romans japonais de l’époque.

Bref, c’est court et je recommande!

A Study in Drowning – Ava Reid

J’ai reçu ce roman dans une box. Comme tant d’autres. Et, of course, je ne l’avais pas lu. Et si je l’ai finalement choisi, c’est pour une vidéo « je lis les favoris de… ». Oui, je sais. Des fois, il faut que j’aie un petit coup de pied au c… !

De quoi ça parle

Effy a toujours été fascinée par LE grand auteur de son pays, Emrys Myrddin. Son roman Angharad est son livre de chevet et elle le sait par coeur. Elle aurait voulu étudier en littérature mais ce collège étant interdit au femmes, elle a dû opter pour l’architecture, qui ne l’intéresse que moyennement. Toutefois, elle aperçoit une annonce et se voit proposer la possibilité de redessiner le manoir de Myrddin. Elle sera donc ravie de partir au bout du monde, au pays des légendes, mais va rapidement réaliser que le dit manoir est rempli de mystères… et y réside aussi un certain Preston Héloury, étudiant en littérature qui avait emprunté – ô sacrilège – tous les livres sur Myrddin. Et en plus, imaginez qu’il est du pays ennemi et qu’il laisse supposer que Myrddin n’était pas l’homme dont l’histoire semble se souvenir.

Imaginez la suite!

Mon avis

On m’avait vendu ce roman comme un Dark Academia avec accents gothiques. Entendons-nous, oui, le roman commence dans une université mais on est loin du typique Dark Academia. Gothique, par contre, certainement. La grande maison en ruines exerce clairement une emprise sur les habitants, l’atmosphère venteuse et pluvieuse est prégnante, il y a clairement des non-dits et des légendes d’impliqués. Bref, j’ai beaucoup aimé toute la première partie pour cette raison.

Ce que je n’ai pas encore mentionné dans ce billet, c’est que nous sommes dans un monde fantasy assez basic. Deux pays en guerre, celui de l’héroïne semblant le pays envahisseur. La mythologie la plus présente est celle des fae et le fameux roman de Myrddin parle d’une femme qui va réussir à aimer et à tuer le roi des Fae. Sauf que ce fameux roi, Effy le connaît bien car elle le voit depuis son enfance et elle le combat à coups de pilules roses. Facile d’imaginer pourquoi elle se passionne pour cette histoire. Ceci dit, Effy n’est pas agréable pour autant. Ses propos font réagir, même si on comprend un peu par où elle est passée.

Nous sommes ici dans une Romantasy, encore une fois. Un univers somme toute simple, pas très élaboré et servant surtout de décor pour l’histoire d’amour et de découverte de soi de l’héroïne. L’intérêt amoureux me plait bien avec son côté pédant mais assez terre à terre. Ajoutons à ça les mystères livresques qui ont fait que j’ai quand même apprécié une grande partie de ma lecture. Ça se lit très rapidement, l’histoire est prenante mais pour moi, la seconde partie est moins intéressante que la première. La résolution vient trop rapidement, les énigmes ne sont pas très énigmatiques et même si j’ai apprécié le but, l’exécution m’a moins convaincue.

C’est donc une lecture en demi-teinte mais je n’ai pas détesté, alors que me connaissant, ça aurait pu arriver. Si vous aimez les romantasy un peu gothiques, avec un folkore fae et des accents féministes, ça peut être pour vous!

Moi qui n’a pas connu les hommes – Jacqueline Harpman

Pourquoi lire un roman post-apocalyptique ayant été écrit en 1995? C’est la faute d’Emily Fox, booktubeuse québécoise mais dont la chaîne est en anglais, qui l’avait mis dans ses favoris genre… deux ans de suite? Il fallait, donc.

De quoi ça parle

Elles sont quarante, enfermées dans une cave, gardée par quelques hommes qui ne les regardent pas, ne leur parlent pas. Elles ne peuvent se toucher, se cacher. La plus jeune d’entre elles est arrivée enfant et n’a aucun souvenir de sa vie d’avant tandis que les autres lui transmettent le souvenir flou d’autres vies, d’enfants, de maris.

Et un jour, un événement va arriver et tout va changer. Mais que reste-t-il du monde d’avant?

Mon avis

Mais quel roman! Mais quel roman!

Il y avait longtemps que je n’avais pas été aussi retournée par un texte, encore moins par un texte de SF, très court qui plus est. Mais ce livre… je vais avoir bien du mal à en parler. C’est un condensé d’humanité, de réflexion, limite de philosophie, le tout à travers le regard de jeune protagoniste qui était enfant lors du début de l’emprisonnement et qui nous raconte son existence.

C’est le regard de cette femme qui ne pense pas comme nous, qui n’a rien connu d’autre et qui s’adapte différemment à la situation dans laquelle elle se trouve. Elle n’a pas à faire de deuil de la vie d’avant, de ses espoirs et n’a que ce qui est devant elle. Elle semble parfois détachée et c’est ce ton face aux événements qui rend le texte si poignant. J’ai été très touchée à de nombreuses reprises à cause de ces petites phrases lancées comme ça, comme si de rien n’était. Bouffées d’émotion à répétition.

Je ne spoile pas trop en mentionnant qu’à un moment, les femmes vont sortir… mais je ne vous dirai pas ce qu’elles vont trouver. Toute cette deuxième partie est d’une force… Impossible de ne pas réfléchir et de se demander ce que nous on aurait fait à sa place, comment on aurait réagi. Bref, on réfléchit sur la signification de vivre ou de survivre, de ce que c’est qu’être une femme quand on perd ses repères.

Magistral. Exellente science fiction, du moins de la SF comme je l’aime et qui pourra plaire même à ceux qui ne sont pas trop SF. Maintenant, je veux que tout le monde le lise.

L’Enragé – Sorj Chalandon

En fait, le comment du pourquoi est assez simple. Je lis pratiquement tous les Chalandon. Pas à leur sortie, certes, mais j’aime cet auteur. Du coup, il n’est pas surprenant que j’ai eu envie de lire ce roman.

De quoi ça parle

Nous sommes dans les années 30, à Belle-Ile en Mer. Jules Bonneau (comme l’anarchiste et criminel, mais ça ne s’écrit pas pareil) est incarcéré à la Colonie pénitencière. Une prison pour enfants où se côtoient voleurs de pommes, petits caïds et orphelins qui n’ont absolument rien fait. La mère de Jules est partie, son père l’a remis à ses grands-parents qui ne s’en occupent guère et ils se font un plaisir de l’envoyer en colonie quand il commet un méfait. Et dans cette prison, la Maltraitance avec un grand M, à la limite de l’esclavage.

En 1934, lors de la fameuse révolte des enfants, 56 jeunes ont fait le mur. Cinquante-cinq ont été rattrapés. Sorj Chalandon se glisse dans la peau de la Teigne, le fameux Jules, le 56ème.

Mon avis

Encore une fois, ce roman a été pour moi une réussite. Je connaissais vaguement l’existence des ces prisons d’enfants et je me doutais bien que ce n’était pas joyeux. Je n’avais peut-être pas compris à quel point les populations de ces colonies étaient disparates. Enfants turbulents, hyperactifs et vraies graines de criminels s’y côtoyaient, dans une atmosphère d’oppression et de mauvais traitements. Même ceux qui n’étaient pas vraiment méchants le deviennent. Enragés. C’est la seule façon de survivre et d’avoir l’impression de garder un certain contrôle. C’est un peu ce qui est arrivé à Jules. À la Teigne. Il vit les poings fermés et il est difficile de saisir les mains tendues de cette façon.

En 1934, il va s’évader, avec le petit Loiseau, victime idéale. Et lui ne sera pas repris. L’autre oui.

L’auteur est clairement dans la peau de son personnage qui ne sait pas comment dealer avec les rares mains qui lui sont tendues. Il a tout vécu, il a été trahi par tous et l’attitude des villageois suite à l’évasion est… oh my… c’est une violence inouie. Et si on sent l’évolution de notre personnage principal, cette brisure au fond de lui reste béante et il reste avec des accès de rage, parfois difficiles à contrôler. J’ai beaucoup aimé que Chalandon s’éloigne de lui-même et de son histoire. Ici, on est ailleurs. Et les pages se tournent toutes seule. C’est violent, coup de poing, impossible de ne pas réagir. Bref, une très bonne lecture.

Ah oui! On croise un certain Jacques au détour d’une page. Un poète en visite. Qui va dénoncer en poésie. Vous pouvez vous imaginer de qui il s’agit. Bien entendu, un peu de politique, des gens qui refusent de plier et Chalondon est très talentueux pour décrire ces mains rudes qui se tendent et qui finissent par se serrer. Nous sommes ici dans un monde dur, un monde de marins qui en a vu d’autres. Certaines scènes en mer et au petit bar du coin sont très frappante et on sens la confiance se bâtir petit à petit.

J’ai donc beaucoup aimé. Et je lirai encore le prochain Chalandon. Of course!

Sillage – Joanne Richoux

Ce roman était dans les favoris de Nana Oups, booktubeuse, en 2023. Et dans mon trip « je lis les favoris de… », j’ai choisi de tenter le coup. En plus, on m’avait dit que c’était une réécriture du Parfum de Suskind.

De quoi ça parle

Jade a 19 ans quand elle arrive à Paris de sa Bretagne natale, où elle habite avec sa grand-mère. Son but? travailler en parfumerie. Elle a un Nez, avec un grand « N » et elle a déjà un emploi à la boutique Alice Caprices… et se verra peut-être offrir une chance insoupçonnée.

Mon avis

J’ai vraiment eu une lecture en deux temps avec ce roman. D’abord, pendant toute la première partie, je me demandais vraiment dans quoi j’étais tombée. Et certes, elle avait un bon nez et travaillait dans une parfumerie mais on était à des UNIVERS du parfum. En effet, pendant une grande partie du roman, nous avons droit à une jeune femme qui découvre la vie parisienne, qui tombe amoureuse – trop amoureuse – et qui va être déstabilisée, tout en tentant de se faire une place.

Un roman YA ou NA classique, quoi. Avec des descriptions de parfums. De « jus » comme on le répète – souvent… très souvent – dans ce roman. Et il s’adonne que la fin de semaine où j’ai lu ce roman, une copine m’avait expliqué en long et en large les vertus de sa nouvelle passion : les jus verts. Du coup, j’avais l’impresson que je buvais les divers « jus » mentionnés dans Sillage. J’imagine que ce soit être le terme utilisé en parfumerie mais il m’a énervée! C’était plus fort que moi.

Bref, au milieu du roman. j’ai failli abandonner. En fait, si j’avais eu un autre livre avec moi pendant mon weekend à Québec, ça aurait été un DNF. Et ça aurait été dommage parce que quand Jade dérape, là, ça devient intéressant.

Certes, nous ne sommes pas au niveau du Parfum, les odeurs proposées sont omniprésentes mais disons… plus agréables que celles qui sont proposées par Suskind. Rien de dégueulasse ici. Certes, on aurait pu aller un peu plus loin dans la folie mais cette deuxième partie veut le coup. Là, on plonge dans la douleur de Jade qui a perdu ses ancrages et qui, quand elle a l’occasion de créer sa propre fragrance, SON parfum, va complètement perdre pied. C’est une femme blessée, errante, qui se retrouve dans des situations ambiguës dans lesquelles elle ne se dépêtre pas. Disons que ses choix… surprennent.

Une plume souvent hachée, particulière. Si elle ne m’a pas du tout touchée dans la première partie où pour une québécoise, c’était très « langage des jeunes Français en France » – normal, direz-vous, c’est logique étant donné le contexte – j’ai par contre beaucoup aimé son évolution dans la seconde partie de l’histoire, où le regard sur la situation change. Bref, ça valait le coup de continuer… mais j’aurais aimé que l’action commence beaucoup plus tôt et que le mystère puisse durer plus longtemps.

Demi-teinte donc. Mais une plume qui m’intrigue beaucoup.

Humus – Gaspard Koenig

J’ai choisi de lire ce livre car il est dans les finalistes « hors-Québec » pour le prix des libraires du Québec. Je dois avouer que je suis un peu trop stressée par rapport à l’avenir de nos sociétés pour avoir pleinement envie de lire sur les vers de terre et sur l’agriculture, mais j’ai tout de même franchi le pas. Et je vous en parle.

De quoi ça parle

Arthur et Kevin se sont rencontré en école d’agronomie et ont connecté autour d’une conférence sur les vers de terre. Arthur est éduqué, il vient d’un milieu aisé tandis que Kevin est fils de milieu populaire, de parentstoujours prêts à faire leurs valises pour aller ailleurs. Tous les deux deviennent inséparables et se mettent en tête de changer le monde, un ver de terre à la fois, en suivant deux voies totalement différentes.

Mon avis

Je ne suis pas certaine que ce roman était fait pour moi au départ. Je ne connais rien de rien à l’agriculture et à ses enjeux et on pourrait me faire passer n’importe quoi, n’importe quelle théorie fumeuse. Du coup, je ne vais clairement pas me prononcer sur la valeur de quelque position que ce soit et l’avis qui suivra est juste un avis de lectrice.

Je dois avouer que toute la première partie du roman m’a assez peu interpellée. La relation entre les deux garçons m’intéressait, Kevin étant un garçon qui fascine tout le monde, Arthur y compris. Bref, on nous présente l’importance des vers de terre pour la santé des terres agricoles, on nous explique les théories qui sous-tendent leurs futurs projets et sincèrement… 40 pages m’auraient suffi. J’avais compris : il faut changer quelque chose dans la façon de gérer nos cultures, on consomme n’importe comment et on s’en va tout droit dans le mur.

Arthur, qui s’en veut un peu d’être bobo, va tenter de ressuciter la terre familiale, étouffée par les engrais chimiques. Il croit à la décroissance et, en ayant tout appris dans les livres, il décide de devenir agriculteur bio, en pleine Normandie. Entendons-nous, ça ne va pas être évident. Le naïf Kevin, quant à lui, a pris l’ascenseur social et avec une partenaire d’affaire, il passe d’un petit projet de vermicompostage à une start-up de folie qui permettra de mieux gérer les déchets et de ne pas changer de mode de vie. Bref, dualité.

Dualité aussi dans les backgrounds des deux personnage principaux, dans les modes de vie ainsi que dans leurs choix. C’est très « de notre temps » et pour les écoanxieux, disons que ce n’est pas simple. Les deux verront leurs idéaux se fracasser au réel et au deux tiers du roman, l’histoire prend une toute autre tournure. À partir de ce moment, j’ai trouvé le tout plus intéressant, plus prenant et les pages se sont tournées toutes seules, malgré l’écriture qui n’a rien de transcendant. J’aime que ça dérape d’aplomb.

Par contre, par contre. J’aurais pu pardonner les clichés. Mais le traitement des femmes? Sérieusement, c’est malaisant. Elle sont toutes d’une pièces, sexualisées, mais c’est tellement turn off… le sexualité des vers de terre est décrite de façon plus sensuelle. Philippine, c’est une caricature, elle est détestable, hypocrite, opportuniste. Et elle ose dire qu’elle veut « réussir par elle-même ». Ceci dit, c’est certainement assez représentatif de certaines situations, qui planent bien au dessus de mes sphères. Quant aux autres femmes, ce n’est guère plus reluisant. Elle sont… des éléments de décor.

Bref, un avis mitigé. De bons côté, surtout dans la démesure des événements qui vont arriver et dans l’ampleur du désastre, mais un début un peu boiteux et des femmes… ouf, on n’en parle même pas!

La peinture dans la littérature

Une petite vidéo où je vous ai fait une sélection de romans qui parlent de peinture.

Et je suis preneuse de nouvelles suggestions, si vous avez!

Frappabord – Mireille Gagné

De cette autrice, j’avais lu Le lièvre d’Amérique, qui m’avait déconcertée mais que j’avais beaucoup aimé. Du coup, j’avais clairement envie de lire celui-ci! Et j’avoue que la couverture est fort fort intrigante.

De quoi ça parle

Nous avons ici un récit à trois voix ma foi fort variées. D’abord, dans futur proche, un été caniculaire. Les frappabords pullulent et les humains semblent frappés d’une épidémie de crises de colère incontrôlable. Deuxième narration, Grosse Île dans le Saint-Laurent, 1942-1943. Des scientifiques sont rassemblés pour travailler sur des projets ultra-secrets, notamment des armes bactériologiques. Et finalement, nous entrons dans la tête… d’un taon à cheval!

Mon avis

Ce roman est encore une fois un drôle d’objet littéraire… mais moins étrange que le lièvre d’Amérique. C’est un texte intelligent, avec trois voix très distinctes les unes des autres. Celle qui est la plus surprenante est sans doute celle du frappabord, très sensuelle et plus poétique que les autres. C’est limite malaisant de se glisser dans la peau d’une bestiole qui se nourrit de sang humain et qui le désire de façon presque charnelle. J’ai adoré cette partie même si c’est… déstabilisant.

Quant aux deux autres histoires, plus factuelles, parfois presque froides, j’ai davantage adhéré à celle dans le passé, n’ayant pas réussi à m’attacher aux personnages du présent-futur. La construction est habile et confronte les populations actuelles et futures aux actes parfois inconsidérés du passé. Ça fait peur et ce n’est clairement pas un roman pour les écoanxieux! Le pire dans tout ça, c’est que la partie dans le passé aurait pu être vraie.

Ceci dit, même si je ne crois pas que le but ait été de nous créer une surprise incroyable, j’ai tellement tout vu venir rapidement que ça m’a tout de même enlevé un peu de plaisir de lecture. C’est, comme vous le savez, mon karma d’être devin et ça m’énerve! La plume est fluide, le texte accessible sans être simpliste et Mireille Gagné est clairement une autrice que je relirai. Elle réussit à chaque fois à me divertir ET à me faire réfléchir, ce qui n’est pas gagné d’avance.

Et, dans le cas présent, j’ai rêvé de bestioles qui piquent pendant 3 nuits. Je pense que je peux dire que le roman m’a frappée! (Yep, jeu de mot poche très volontaire!)

La méduse – Boum

« La méduse » est finaliste pour le Prix des libraires du Québec. Et il est rose. Donc je l’ai lu!

De quoi ça parle

Cette bande dessinée raconte l’histoire d’Odette. Elle a des amis, a un emploi qui lui plait dans une librairie et vient d’avoir un coup de foudre pour une cliente. Sauf qu’un jour, elle réalise qu’une méduse l’accompagne. Et qu’elle va se multiplier.

Mon avis

Je ne sais pas du tout de quoi traitait ce roman graphique. En fait, je croyais que nous allions parler de dépression. Mais en fait, si notre personnage principal va vivre des moments difficiles, la méduse ne représente pas la dépression mais une tache noire dans son oeil. Qui va grandir et se multiplier.

C’est donc l’histoire d’une jeune femme qui doit faire un deuil et nous verrons toutes les étapes de ce deuil qui ne sont pas pour autant caricaturales. De l’attente des résultats au déni en passant par la colère et l’angoisse, Odette tente de maintenir son activité quotidienne tout en acceptant que certaines choses ne sont peut-être plus si simples que ça. On ressent parfaitement les émotions du personnage principal qui veut être indépendante, se libérer de l’emprise de ses parents et qui tient à maintenir l’apparence de femme forte. C’est un magnifique récit sur le changement de vie imposé par les événements et l’acceptation du handicap, tout en évitant quelque pathos que ce soit.

Les images sont très belles, toutes en douceur, souvent sensuelles également. La méduse est présente partout, elle suit le personnage principal, ce qui nous fait comprendre à quel point cette inquiétude est présente et ne la lâche jamais, même si elle n’est pas toujours capable d’en parler. Elle craint que sa nouvelle copine la voie comme un fardeau, ce qui ne va pas non plus aider à leur communication.

Bref, une réussite. Les dernières planches sont très belles et ça donne espoir. À lire.

Un psaume pour les recyclés sauvages – Becky Chambers

Tout le monde a aimé ce roman. Il était dans je ne sais pas combien de listes de favoris 2022 et 2023. Je m’attendais à une révélation. Faque… c’est ça. C’était agréable mais ça ne m’a pas révélé grand chose. Et je me demande bien comment j’ai pu passer à côté à ce point.

De quoi ça parle

Nous sommes dans un autre monde, un monde où la catastrophe écologique a eu lieu… ou a été évitée par le soudain éveil à la conscience des robots et des machines, qui ont choisi de quitter le monde des hommes, des centaines d’années auparavant.

Depuis, l’homme vit davantage en harmonie avec la nature et Sibling Dex, notre personnage principal, est moine de thé. Iel parcourt les routes, écoute les gens et les réconforte avec le mélange de thé idéal. Mais un jour, ça ne lui suffit plus et iel quitte le chemin établi pour se diriger vers un ancien monastère abandonné. Et sur cette route, iel va rencontrer un robot qui a une mission : « définir de quoi ont besoin les hommes ».

Oui, je sais. Bonne chance.

Mon avis

Ce roman fait partie de la vague de la science fiction positive. L’univers décrit est utopique, les humains semblent avoir moins d’humainerie (ou avoir compris quelque chose) et ils ont laissé de la place à la nature et aux autres animaux. Possible? Eh boy, ça m’étonnerait. Mais il n’est pas désagréable de s’immerger dans un tel univers, je l’avoue.

Toutefois, toutefois… pour moi, c’était bien. Sans plus. Entre l’humain et le robot s’engage une discussion philosophique sur le but de la vie, sur l’autodétermination et sur l’émerveillement quotidien. Ce sont deux espèces qui se rencontrent, qui ne savent rien l’une de l’autre et qui ont évolué séparément pendant des centaines d’années. Le robot s’émerveille de tout ce qu’il n’a vu que dans les livres et c’est agréable à voir. Ceci dit, toute leur discussion n’a pas emmené ma pensée plus loin et rien de ce que j’ai lu ici était nouveau pour moi. Suis-je toujours d’accord avec ce robot? Nope. Clairement pas. Mais ici, les deux personnages échangent sans nécessairement se convaincre l’un et l’autre. C’était chouette. Et c’était juste ça pour moi.

Et c’est dommage car ce texte a provoqué un réel émerveillement chez plusieurs de mes amis. Ça se veut doux, tendre et réconfortant. J’y ai peut-être relevé une touche de développement personnel (et c’est probablement ce qui m’a moins interpelée) et je n’ai pas accroché plus que ça au personnage de Dex, quoi que ses questionnements soient assez universels et que la touche d’humour m’ait bien plu.

Une tranche de vie mais qui se limitera à ça pour moi. J’ai le tome 2, que je lirai tout de suite. Sinon, JAMAIS je ne retournerai vers cet univers si j’en sors!