L’Enragé – Sorj Chalandon

En fait, le comment du pourquoi est assez simple. Je lis pratiquement tous les Chalandon. Pas à leur sortie, certes, mais j’aime cet auteur. Du coup, il n’est pas surprenant que j’ai eu envie de lire ce roman.

De quoi ça parle

Nous sommes dans les années 30, à Belle-Ile en Mer. Jules Bonneau (comme l’anarchiste et criminel, mais ça ne s’écrit pas pareil) est incarcéré à la Colonie pénitencière. Une prison pour enfants où se côtoient voleurs de pommes, petits caïds et orphelins qui n’ont absolument rien fait. La mère de Jules est partie, son père l’a remis à ses grands-parents qui ne s’en occupent guère et ils se font un plaisir de l’envoyer en colonie quand il commet un méfait. Et dans cette prison, la Maltraitance avec un grand M, à la limite de l’esclavage.

En 1934, lors de la fameuse révolte des enfants, 56 jeunes ont fait le mur. Cinquante-cinq ont été rattrapés. Sorj Chalandon se glisse dans la peau de la Teigne, le fameux Jules, le 56ème.

Mon avis

Encore une fois, ce roman a été pour moi une réussite. Je connaissais vaguement l’existence des ces prisons d’enfants et je me doutais bien que ce n’était pas joyeux. Je n’avais peut-être pas compris à quel point les populations de ces colonies étaient disparates. Enfants turbulents, hyperactifs et vraies graines de criminels s’y côtoyaient, dans une atmosphère d’oppression et de mauvais traitements. Même ceux qui n’étaient pas vraiment méchants le deviennent. Enragés. C’est la seule façon de survivre et d’avoir l’impression de garder un certain contrôle. C’est un peu ce qui est arrivé à Jules. À la Teigne. Il vit les poings fermés et il est difficile de saisir les mains tendues de cette façon.

En 1934, il va s’évader, avec le petit Loiseau, victime idéale. Et lui ne sera pas repris. L’autre oui.

L’auteur est clairement dans la peau de son personnage qui ne sait pas comment dealer avec les rares mains qui lui sont tendues. Il a tout vécu, il a été trahi par tous et l’attitude des villageois suite à l’évasion est… oh my… c’est une violence inouie. Et si on sent l’évolution de notre personnage principal, cette brisure au fond de lui reste béante et il reste avec des accès de rage, parfois difficiles à contrôler. J’ai beaucoup aimé que Chalandon s’éloigne de lui-même et de son histoire. Ici, on est ailleurs. Et les pages se tournent toutes seule. C’est violent, coup de poing, impossible de ne pas réagir. Bref, une très bonne lecture.

Ah oui! On croise un certain Jacques au détour d’une page. Un poète en visite. Qui va dénoncer en poésie. Vous pouvez vous imaginer de qui il s’agit. Bien entendu, un peu de politique, des gens qui refusent de plier et Chalondon est très talentueux pour décrire ces mains rudes qui se tendent et qui finissent par se serrer. Nous sommes ici dans un monde dur, un monde de marins qui en a vu d’autres. Certaines scènes en mer et au petit bar du coin sont très frappante et on sens la confiance se bâtir petit à petit.

J’ai donc beaucoup aimé. Et je lirai encore le prochain Chalandon. Of course!

6 Commentaires

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  1. j’ai beaucoup aimé aussi, ce sont des personnages qui marquent !

    1. Moi c’est cette chassse aux enfants… oh my…

  2. Ma fille l’a acheté la semaine dernière, je luis piquerai quand elle l’aura terminé 🙂

    1. Très bonne idée! C’est cool quand les enfants commencent à être utiles ! (commentaire totalement ironique, of course!)

  3. j’aime bien cet auteur mais ce roman mes les critiques à propos de ce roman m’ont fait hésité.

    1. J’ai pour ma part aimé… je n’avais pas lu les critiques, ceci dit. Mais je pense que je suis vendue.

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