Humus – Gaspard Koenig

J’ai choisi de lire ce livre car il est dans les finalistes « hors-Québec » pour le prix des libraires du Québec. Je dois avouer que je suis un peu trop stressée par rapport à l’avenir de nos sociétés pour avoir pleinement envie de lire sur les vers de terre et sur l’agriculture, mais j’ai tout de même franchi le pas. Et je vous en parle.

De quoi ça parle

Arthur et Kevin se sont rencontré en école d’agronomie et ont connecté autour d’une conférence sur les vers de terre. Arthur est éduqué, il vient d’un milieu aisé tandis que Kevin est fils de milieu populaire, de parentstoujours prêts à faire leurs valises pour aller ailleurs. Tous les deux deviennent inséparables et se mettent en tête de changer le monde, un ver de terre à la fois, en suivant deux voies totalement différentes.

Mon avis

Je ne suis pas certaine que ce roman était fait pour moi au départ. Je ne connais rien de rien à l’agriculture et à ses enjeux et on pourrait me faire passer n’importe quoi, n’importe quelle théorie fumeuse. Du coup, je ne vais clairement pas me prononcer sur la valeur de quelque position que ce soit et l’avis qui suivra est juste un avis de lectrice.

Je dois avouer que toute la première partie du roman m’a assez peu interpellée. La relation entre les deux garçons m’intéressait, Kevin étant un garçon qui fascine tout le monde, Arthur y compris. Bref, on nous présente l’importance des vers de terre pour la santé des terres agricoles, on nous explique les théories qui sous-tendent leurs futurs projets et sincèrement… 40 pages m’auraient suffi. J’avais compris : il faut changer quelque chose dans la façon de gérer nos cultures, on consomme n’importe comment et on s’en va tout droit dans le mur.

Arthur, qui s’en veut un peu d’être bobo, va tenter de ressuciter la terre familiale, étouffée par les engrais chimiques. Il croit à la décroissance et, en ayant tout appris dans les livres, il décide de devenir agriculteur bio, en pleine Normandie. Entendons-nous, ça ne va pas être évident. Le naïf Kevin, quant à lui, a pris l’ascenseur social et avec une partenaire d’affaire, il passe d’un petit projet de vermicompostage à une start-up de folie qui permettra de mieux gérer les déchets et de ne pas changer de mode de vie. Bref, dualité.

Dualité aussi dans les backgrounds des deux personnage principaux, dans les modes de vie ainsi que dans leurs choix. C’est très « de notre temps » et pour les écoanxieux, disons que ce n’est pas simple. Les deux verront leurs idéaux se fracasser au réel et au deux tiers du roman, l’histoire prend une toute autre tournure. À partir de ce moment, j’ai trouvé le tout plus intéressant, plus prenant et les pages se sont tournées toutes seules, malgré l’écriture qui n’a rien de transcendant. J’aime que ça dérape d’aplomb.

Par contre, par contre. J’aurais pu pardonner les clichés. Mais le traitement des femmes? Sérieusement, c’est malaisant. Elle sont toutes d’une pièces, sexualisées, mais c’est tellement turn off… le sexualité des vers de terre est décrite de façon plus sensuelle. Philippine, c’est une caricature, elle est détestable, hypocrite, opportuniste. Et elle ose dire qu’elle veut « réussir par elle-même ». Ceci dit, c’est certainement assez représentatif de certaines situations, qui planent bien au dessus de mes sphères. Quant aux autres femmes, ce n’est guère plus reluisant. Elle sont… des éléments de décor.

Bref, un avis mitigé. De bons côté, surtout dans la démesure des événements qui vont arriver et dans l’ampleur du désastre, mais un début un peu boiteux et des femmes… ouf, on n’en parle même pas!

8 Commentaires

Passer au formulaire de commentaire

  1. On en a tellement parlé à sa sortie que j’ai prévu de le lire … mais je ne l’ai toujours pas fait et ton billet ne m’encourage pas vraiment (pour l’anecdote, j’ai pris un café à Trouville en face de l’auteur qui lui prenait un petit déj. Il était plongé dans des notes. Je me suis dit que sa tête ne m’était pas inconnue, sans plus. J’ai mis une bonne demi-heure après ma sortie du café à comprendre que c’était lui, en voyant sa photo dans une librairie).

    1. Je pense que j’ai l’air plus négative que je ne le suis en réalité à lire vos commentaires. C’était pas mal, mais je n’ai pas eu de révélation non plus!

  2. Je l’ai trouvé intéressant ce titre, même si je ne connais rien à l’agriculture, les enjeux sont posés clairement. Les ébats des vers de terre m’ont fait sourire et même si il y a certains clichés sur le capitalisme triomphant, cela ne m’a pas gênée outre mesure parce que Philippine est une caricature mais cela va dans le propos général.

    1. Oui, les ébats des vers de terre m’ont aussi fait sourire. J’ai aimé toute la fin, en fait et j’ai trouvé le début un peu longuet. Caricaturer le capitalisme, je n’ai rien contre… j’aurais juste aimé qu’il y ait une seule femme dans le roman qui ne soit pas une caricature car les deux mecs ont une vraie profondeur.

  3. j’ai fui ce roman je ne saurais pas trop expliquer pourquoi, ce que tu en dis ne me donne pas envie

    1. C’est loin d’être mauvais… je trouve juste qu’il y a un déséquilibre entre les deux parties.

  4. Je n’avais pas été choqué par les personnages féminins. Mais maintenant que tu le dis, c’est un bémol.

    1. C’est un truc qui m’a sauté aux yeux et pourtant, ce n’est pas toujours le cas. L’évolution des personnages et la fin sont cool par contre.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.