Ce roman a remporté le Prix des Libraires du Québec en mai 2024. C’était le seul de la sélection que je n’avais pas lu et dans ma tête, il était aussi bien d’être bon pour dépasser Eric Chacour ou Élise Turcotte. De plus, toutes mes copines ont adoré et ma mère a détesté. Je voulais donc savoir où je me situais par rapport à ces deux extrêmes!
De quoi ça parle
Sacha et Tom sont amis depuis l’adolescence. Ils sont toujours ensemble, ils se disent jumeaux cosmiques, ont eu une enfance assez particulière et ils ont tous les deux fichu le camp au Yukon pour vivre une vie de bums, d’errance et de partys à Dawson, petite ville du Yukon à moitié coupé du monde la moitié de l’année. Dès le début du roman, nous savons qu’un jour, ça va éclater. Et c’est à cette chute que nous allons assister dans ce roman.
Mon avis
Entendons-nous, ce roman n’aurait pas été mon choix pour le prix et ce malgré une qualité indéniable d’écriture et une construction qui avait tout pour me plaire. En fait, ce roman m’a fait me sentir vieille. Mais tellement vieille! Comme dit mon amie Josée, ce roman pue. Mais pour moi, il puait un peu trop, en fait! J’étais tellement, tellement loin du personnage principaux. Leur vie « idyllique » décrite, celle du début est carrément ma vision du cauchemar alors j’ai eu du mal à me plonger dans cette première partie, qui décrit le quotidien d’une population paumée, qui travaille quelques mois par année et qui passe ses nuits à boire, à se droguer, à fêter et à s’envoyer en l’air. Le lange est cru, il y a beaucoup de sécrétions corporelles (j’avoue avoir failli fermer le roman à la mention de « ch… » dans les casseroles car la bécosse était trop loin), ce sont des bums qui, pour la plupart, sont très bien dans leur non-conformisme et leur anarchisme, tout en étant conscient du très haut taux de suicide des alentours.
Je n’ai aucun souci avec la lenteur de l’intrigue, si ce n’est qu’ici, le tout est un peu répétitif (fêtes, drogues, délires) et la relation de Sacha et Tom est assez étrange dès le départ, même si on réalise assez rapidement que ce n’est pas nécessairement très sain tout ça. La relation la plus intime de Sacha, notre protagoniste, est avec Luna, une chienne adoptée par Tom et dont elle s’est toujours occupée. En fait, c’est probablement sa seule relation saine dans tout ce petit monde, les interactions semblent souvent très particulières et surtout basées sur les délires et les partys. Ce que Sacha ne voit pas car elle fait aussi partie de ce microcosme qui a un mode de vie hors du monde, avec une notion de « normalité » inexistante.
Ceci dit, quand ça commence à déraper, j’ai eu des échos d’un épisode désagréable de la fin de mon adolescence, alors qu’une fille a décidé de monter tout le monde contre moi sans que je ne sache jamais pour quoi. Même maintenant, je ne sais toujours pas! Mes décisions (et le fait que j’avais un très bon filet de sécurité, ce qui n’est pas le cas de la protagoniste) ont toutefois fait que ça s’est limité à être un « épisode désagréable » et que tout est rentré dans l’ordre. J’ai toutefois compris le sentiment d’incompréhension et d’impuissance quand on voit tous nos propos déformés n’importe comment et que peu importe la façon dont on s’ y prend, on ne peut PAS avoir raison. Toutefois, ici, Sacha fait tous les pires choix du monde. Selon mon échelle de valeurs à moi, of course. En plus, toute la communauté a une santé mentale assez vacillante. En fait, dès le début, ses décisions sont complètement contraires à ce que moi j’aurais fait! Sincèrement, dans toutes ces personnes, celle qui prend les meilleures décision, c’est Luna, la chienne! Il y a une bonne dose de méchanceté gratuite, de harcèlement, bref, ce roman, c’est la laideur. Mais la laideur bien écrite.
Pas totalement emballée car peut-être que ce roman n’était pas écrit pour moi mais tout de même une bonne lecture.