Après avoir relu Frankenstein, j’ai décidé de commencer un vlog où je lirais des romans qui en sont inspirés. Celui-ci était parfaitement raccord avec mon challenge Lisons l’Asie en plus. Yavait plus qu’à!
De quoi ça parle
Dans le Bagdad d’après Sadaam Hussein, les attentats sont quotidiens. Dans le quartier de Batawin, anciennement riche mais aujourd’hui délabré et repaire de caïds habitent plusieurs personnes en ayant vu d’autre. Un photographe, un journaliste, un propriétaire d’hôtel décrépi, une vieille dame qui attend désespérément son fils mort et Hadi, un chiffonier conteur.
Hadi, n’en pouvant plus des cadavres abandonnés, décide d’en amener un chez lui et de le compléter, avec des parties d’autres gens morts lors d’attentats ou de tirs perdus. Le seul problème, c’est qu’un jour, il réalise que cette créature, ce Trucmuche, a disparu… et qu’il souhaite se venger.
Mon avis
Voici un roman dans lequel j’ai eu besoin de temps. Il n’est pas vraiment long mais j’ai mis trois éternités à le finir, allez savoir pourquoi. Peut-être parce que je ne comprenais pas tout, manquant de background historique sur l’histoire récente de l’Irak. Peut-être aussi que je n’arrivais pas à démêler les personnages qui ont des noms qu’il m’était facile de confondre. Normal, direz-vous, c’est une autre culture, un autre registre. Toujours est-il que pendant la première moitié du roman, si on ne donnait pas le métier du personnage, je n’avais aucune idée de qui il s’agissait. Bref, pas simple de s’attacher à qui que ce soit et de comprendre les multiples trames.
Ceci dit, je ne pense pas que ce soit le but du roman. Si au départ, on ne voit de lien avec le roman initial que la créature, on réalise ensuite que le thème du bien et du mal et de la responsabilité – personnelle ou collective. Qui est ce Frankenstein de Bagdad? Vengeur ou criminel? Et si c’était un peu des deux? Qui est tout bon ou tout mauvais? Et existe-t-il vraiment ou bien est-il seulement une histoire?
C’est que c’est Hadi qui raconte cette histoire, et que ce n’est pas toujours simple de démêler le vrai du faux. C’est un vieil homme qui boit du matin au soir et que personne ne croit. Les récits enchassés rappellent aussi le roman original alors que la créature va raconter son histoire et ses questionnements… qui trouveront leur chemin vers le roman que nous lisons. Et chacun des témoins, à leur manière, contient en lui du bon et du moins bon. Comment déterminer lequel est lequel quand tout s’effondre autour de nous et que l’histoire n’a pas encore décidé qui seraient les « bons »? Quand tout est chaos et destruction?
À travers les yeux des habitants aux prises avec leurs propres problèmes et questionnements, nous pourrons explorer la question de la corruption, des croyances mais surtout de la justice, peu importe d’où elle vient. Un roman qui m’a fait réfléchir mais qui n’a pas été une lecture fluide pour autant. J’étais intéressée et étouffée par la poussière des explosions en Irak, mais on aurait dit que je ne pouvais que le lire petit à petit, maogré la touche d’humour qui parsème parfois le récit.
À tenter… mais il faut s’accrocher au début. Ce qui semble dispersé va finir par se rassembler.