La femme révélée – Gaëlle Nohant

Le comment du pourquoi

Parce que c’est Gaëlle Nohant. Je trouve assez fascinante sa façon de se renouveller à chaque roman, j’aime sa plume… alors bien entendu, je n’ai pas hésité.

De quoi ça parle

Le roman s’ouvre à Paris sur une femme qui se fait appeler Violet Lee. Violet a fui et a tout abandonné. Son mari de qui elle a peur mais surtout Tim, son fils. Nous sommes dans les années 40, elle n’a averti personne. Elle est juste partie, a pris le bateau et a débarqué à Paris, avec sa petite valise, ses bijoux dans le double fond.

Élevée par un père sensible aux droits sociaux et à l’égalité, Violet, derrière son appareil photo, porte un regard très tendre et personnel sur ce qu’on ne veut habituellement pas voir. Les pauvres, les déshérités, ceux qui ont tout perdu. À Paris, elle va arriver dans l’effervescence de St-Germain-des-prés et des boîtes de jazz, faire la connaissance de gens de qui elle va tomber amoureuse, tout en ayant, au fond du coeur, la terrible douleur d’avoir laissé son fils derrière elle.

Mon avis

Bien sûr que j’ai aimé! La plume de Gaëlle Nohant est très belle, d’une fluidité riche, très cinématographique. C’est assez fascinant de voir comment elle réussit à recréer à la perfection à la fois le Chicago des années 60 et le Paris des années 40. Elle dresse un portrait de femme crédible, qui évolue réellement, avec tours et détours, pour se révéler enfin. La Violet du début n’aurait pas pu accomplir ce qu’elle a fait dans la dernière partie. Elle n’y aurait même pas songé.

J’ai eu besoin de réfléchir à la fin de ma lecture. Besoin d’y repenser. Les deux partie distinctes m’avaient un peu laissée « en manque »… j’aurais voulu être témoin de cette évolution, la voir aimer… et je me trouvais projetée complètement ailleurs, ayant l’impression d’avoir perdu le fil quelque part… puis j’y ai repensé. Et il était là, le fil rouge. Plus petit au départ, présent par brins un peu épars, ils se nouent probablement dans la partie qui ne nous est pas contée, pour apparaître finalement lors du retour à Chigago.

J’ai lu le roman avec la trame sonore (trippante) en arrière-plan, et on sent toute la recherche derrière cette apparente facilité. On y parle de photographie humaniste, de regards portés, d’inégalités sociales, des ghettos et des magouilles pour que ces inégalités demeurent. On y parle de révolte et de combats, de Bob Kennedy et des droits civiques, mais aussi de jazz, de légèreté et d’amours, au pluriel. C’est d’ailleurs à ce dernier aspect que j’ai le moins accroché, bien que j’ai aimé le fait que Violet ne soit pas – vraiment – la femme d’un seul homme. Quoique… non, en fait, les amours ne m’ont pas convaincue. C’est d’ailleurs le principal reproche que je fais au roman.

Un roman très évocateur, avec un vrai souffle et une plume magique, qui a réussi à créer en moi des images fortes. Selon moi, il n’a pas la force de « Légende d’un dormeur éveillé » (qui est,dans ma tête, un chef d’oeuvre, rien de moins), mais il est plus facile d’accès, nous emporte et nous donne l’impression d’avoir vécu avec les personnages des morceaux de l’Histoire. J’aurais juste aimé voir un peu plus des années 50-60!

Bug – tome 1 – Enki Bilal

Le comment du pourquoi

Parce que c’était mon cadeau de Noël de mon bébé frère? C’est une bonne raison non?

De quoi ça parle

Nous sommes en 2041, dans une société complètement cyberdépendante. Un jour, sans avertissement, toutes les données de la terre disparaissent, de la plus grande base de données à la plus petite clé USB. L’humanité est totalement dysfonctionnelle et ce bug semble lié au retour sur terre d’une mission sur Mars subventionnée par une compagnie privée.

Kameron Obb, membre de la dite mission, est le seul survivant. Il a toutefois une étrange plaie au cou et semble avoir des capacités cognitives étonnantes. Il devient l’homme le plus recherché du monde…

Mon avis

J’ai totalement perdu le fil question BD depuis la dernière année. Je ne sais pas comment cette série a pu me passer sous le nez… mais bon, je ne connaissais pas. Une chance que Bébé-Frère en avait entendu parler parce que j’ai vraiment, vraiment, beaucoup aimé. On est tout de suite plongé dans l’action, dans ce futur pas si lointain où le numérique et l’intelligence artificielle est au coeur de tout quand soudain, la catastrophe que nul n’a pu envisager : le bug. Ça frappe de plein fouet et l’homme réalise alors l’ampleur de son incapacité à fonctionner sans les disques durs et les bases de données. Les avions s’écrasent, les gens sont pris en lévitation, ceux qui dépendaient de puces pour survivre meurent, les adolescents sont désoeuvrés et tout le monde reçoit en pleine face le fait que le cerveau n’est plus du tout habitué à utiliser sa propre mémoire ou à traiter lui-même ses données.

La catastrophe, quoi. Vous pouvez vous imaginer que pour une fille qui a perdu il y a peu son disque dur (ouais, je sais, je suis redondante), ça me parle.

D’un côté, le monde est en totale perte de contrôle et de l’autre, Obb tente de survivre avec – visiblement – un implant à l’intérieur de lui et un corps qui se transforme. Il ne souhaite que revenir sur terre pour retrouver sa fille, mais disons que son évolution en intéresse plus d’un. Du coup, retrouver les siens ne sera pas de tour repos.

Cette BD réussit à rendre très concret un futur très possible, où les relations sociales sont presque inexistantes et où tout repose sur le numérique. Déjà, ça nous fait réfléchir, mais l’auteur a également une vision du monde dans 20 ans fort bien trouvée, avec de nouvelles alliances et puissances. Le contexte est génial, c’est plein d’action, on ne s’ennuie pas une seule minute et je n’ai qu’une envie, lire la suite.

Le dessin de Bilal est tout à fait dans mes cordes. Assez réaliste, des personnages expressifs, des teintes passées et des angles de vue intéressants. Les vues des villes sont superbes et que dire des « journaux » papier fabriqués sans correcteur d’orthographe! Bref, un graphisme tout à fait adapté au propos. Bref, j’aime!

C’était ma BD de la semaine (ouais grand retour… va-t-il durer?) et tous les billets sont chez Stephie cette semaine!

La fabrique des salauds – Chris Kraus

Le comment du pourquoi

Je pense que j’en avais entendu parler. Je ne sais plus par qui, mais j’avais dû en entendre parler. J’arrivais de Pologne et d’Auschwitch et sans doute que ça m’a incitée à choisir ce roman.

De quoi ça parle

L’histoire commence à Riga mais va nous balader partout en Europe, dans un 20e siècle à feu et à sang. Nous suivons l’histore de Koja, Hubert et Ev Solm, une fratrie explosive et très particulière, embrigadés dans l’idéologie nazie, mais qui mettront ce qu’ils appellent l’amour au-dessus de toute autre valeur. Nous passerons donc de la Lettonie aux camps en passant par Israël et Paris, le tout vu par les yeux de Koja, prêt à tout pour ceux qu’il aime.

Mon avis

Ça a l’air beau et tendre, dit comme ça, n’est-ce pas? Prêt à tout pour ceux qu’il aime? Détrompez-vous. J’ai rarement eu autant de mal à lire un roman, du moins, certains passages. Ces personnages sont criants de vérité car tellement contradictoires, tellement prêts à bafouer honneur, vérité et valeurs pour ce qu’ils croient être faire « la bonne chose ». À lire leurs aventures, on se dit qu’ils ont dû exister, ces gens qui retournaient leur veste, qui faisaient des horreurs pour tenter de protéger leurs proches, tout en brisant je ne sais combien d’autres familles au passage… bref, un roman qui m’a virée de bord. On est loin, loin, loin du feel good ici… difficile d’avoir foi en l’homme suite à cette lecture. Et pourtant, on se surprend, parfois, à compatir. Bref, un roman qui fait réellement réfléchir.

Nous avons affaire ici à une grosse brique de plus de 800 pages. C’est qu’il y en a des ramifications à cette histoire. C’est tentaculaire, original, on nous balade à travers les décennies, les pays et les complots divers et variés. À partir d’un moment, les bons et les méchants se confondent et tous sont plus retors les uns que les autres. Le ton est provocateur, l’horreur côtoie les bons sentiments et comme lecteur, on se sent complètement dépassés par ces salauds, qui ont vécu au mauvais endroit au mauvais moment et qui n’étaient pas des héros, malgré tout.

Une fresque impressionnante, des personnages crédibles, une histoire terrible, des amours malsaines, de la passion, des valeurs et une morale bafouées à tous les instants… une lecture qui aura marqué mon année 2019!

Shuni – Naomi Fontaine

Le comment du pourquoi

Je l’avais mis sur ma liste de livres à lire pour la rentrée littéraire… et ma mère l’avait chez elle. Donc, pourquoi pas. J’aime généralement ce qu’écrit Naomi Fontaine!

De quoi ça parle

Dans ce récit, l’autrice écrit une longue lettre à son amie Julie, qu’elle a perdue de vue mais qu’elle a connue enfant. Julie revient près de Sept-Iles pour aider les Innus de la région. Naomi Fontaine en profite pour lui parler, sans gants blancs, des siens, de l’amour qu’elle leur porte, ainsi que de son identité et de sa vision de l’autre.

Mon avis

Ce récit aura eu comme conséquence première de me faire – à nouveau – réfléchir et discuter. J’ai beaucoup lu sur la condition des premières nations, j’ai côtoyé aussi plusieurs personnes ayant ces origines. Je pense que je commence à mieux appréhender leur histoire, ce qu’ils ont vécu. Malgré tout, j’ai toujours l’impression d’être « à côté de la track » quand je pense à notre perception actuelle. Surtout, bien que je conçoive leur souffrance, je ne comprends toujours pas comment nous pouvons les supporter dans celle-ci. Je sais bien que les solutions doivent venir d’eux et que personne ne peut « sauver » qui que ce soit. Je pense aussi que la clé d’une vie meilleure (ou pas) est différente pour chacun, vu qu’il y a autant d’aspirations différentes qu’il y a de personnes. Mais je sors du roman un peu désabusée. Peu importe ce que le gouvernement tente de faire, ce ne sera jamais ça. Je ne pense pas qu’on puisse réparer ce qui a été fait par nos ancêtres. Certains faits m’ont révoltée, rien de moins. Mais bon… concrètement, ce n’est pas simple.

Je réalise que je ne parle absolument pas du livre. Que j’ai aimé, hein. Je trouve la plume de Naomi Fontaine très directe, imagée et touchante à la fois. J’aime ses chapitres courts, j’aime le portrait qu’elle dresse des Innus, de son peuple. J’aime la tendresse de son regard et la mise en lumière des valeurs qui sont véhiculées. J’ai aussi apprécié la vision non idéalisée, réelle, pas parfaite, en souffrance. En fait, tellement que pendant la première moitié du roman, j’ai cru que ce serait un coup de coeur.

Ce qui m’a moins plu, c’est certains éléments qui m’ont semblé plus moralisateurs, plus « j’ai raison et pas vous »… je n’ai pas besoin d’être convaincue et j’ai senti qu’on essayait de le faire. De me faire sentir inadéquate car blanche. Que peu importe ce que je ferais, je suis et resterais inadéquate. Thérapie d’impact? Peut-être.

C’est donc un ressenti très personnel, qui, à ce que je vois des critiques, a été très peu partagé par les lecteurs du livre. C’est moi face à moi, probablement. Moi qui me questionne beaucoup en ce moment sur ma propre identité en tant que femme, québécoise, à qui on a souvent dit qu’elle devrait donc être plus ceci, moins cela. Ça explique peut-être en partie ma réaction.

C’est tout de même un roman que je conseillerais car la plume reste magnifique et le propos essentiel, et avec lequel j’ai passé un bon moment. À tenter, donc!

Bonne Année 2020!

Nous voici à l’aube d’une nouvelle décennie. Deux mille vingt. Vingt-vingt. J’ai du mal à y un tout, il y a eu la grande fracture de 2012, les voyages… Oui, à bien y penser, ce sera la décennie des voyages, des découvertes, autant des livres que du monde. Décennie d’ouverture. De tentative d’ouverture, du moins.

Je ne ferai pas de top lecture des 10 dernières années, ni de méga rétrospective. Je dirai juste que je m’aime mieux maintenant qu’il y a dix ans et que je suis contente d’où je suis rendue.

Pour 2020, je vais donc émettre des souhaits…

  • Contribuer à la progression et au bonheur au travail de « mes » équipes.
  • Retrouver le plaisir de bloguer, avoir à nouveau le goût de visiter les copines sur leurs blogs.
  • Retrouver un minimum de forme physique… et avoir du fun en le faisant.
  • Avoir des gens heureux en santé autour de moi.

Pis… devenir moins nouille en espagnol! Genre, pas passer mon temps dans le dictionnaire quand je lis en espagnol!

À vous, je souhaite des paillettes, des rires, de la chaleur humaine, des découvertes, le tout en santé!

Bonne année 2020!

Bilan lectures 2019 – Top et Flop

Cette année, j’ai été hors du pays pendant 5 mois. Et comme, le soir, j’écrivais religieusement les résumés de mes journées, avec détails historiques et anecdotes en prime, je n’ai pas lu beaucoup. Voire, vraiment pas beaucoup. Et bon, je passerai sur le fait que tous les résumés en question sont morts avec le disque dur de mon ordinateur… (quoi, ça fait 20 fois que je le dis? oups, je n’avais pas remarqué. Caliméro is my middle name).

Bref, j’ai lu 103 livres. Pour moi, c’est peu. Normalement, je tourne plus autour de 250. Et en 2016, alors que j’avais aussi voyagé 6 mois, j’en avais quand même lu 150 et quelque… bref, j’ai presque pas lu!

Sur ces 103 livres, 83 étaient en français (et ça c’est rarissime dans mon cas), 22 en anglais et un ET DEMI en espagnol. Non mais je prends la peine de le dire, à la vitesse à laquelle je lis en espagnol!

J’ai eu de belles lectures, en 2019. Je me souviendrai de plusieurs d’entre elles.

Du québécois…

Découverte pour moi de la plume acérée de et sarcastique de Jean-Philippe Baril-Guérard qui m’a fait terriblement réagir, autant dans « Royal » que dans « Manuel de la vie Sauvage« . Lecture ô combien trippante, en traduction, de romans québécois-anglais (mais la trad en question est de Dominique Fortier alors bon… ceci explique cela) de Heather O’Neill dont j’ai adoré l’univers fantasmagorique d’un Montréal des mal aimés. Je conseille « Mademoiselle Samedi Soir » et « Hotel Lonely Hearts« .

Puis, forcément, Kukum de Michel Jean, qui réussit à nous faire vraiment comprendre sans pour autant nous faire la morale. Et le Querelle de Kevin Lambert (que j’ai connu enfant), qui va loin… très loin.

Des romans d’ailleurs…

Être profondément choquée par « La fabrique des Salauds », lire « La bâtarde d’Istanbul » en Turquie et en discuter avec des gens de là-bas, se laisser transporter par « Milly Vodovic », revoir sa vision du racisme en Amérique avec « Americanah » et voyager à travers la Chine réelle et rêvée dans « Nous qui n’étions rien« … Lire, c’est un peu comme voyager dans le Tardis avec le Docteur, en fait…

Des BDs…

Découverte d’une série jeunesse et féministe avec les « Bergères guerrières » (faudrait d’ailleurs que je continue la série…), relecture d’un événement historique avec « Les filles de Salem » et une magnifique lecture, pleine d’ouverture, avec « Le prince et la couturière« .

Peu de jeunesse, cette année… je travaille comme coordo et pas comme orthophoniste, alors j’en ai moins lu que de coutume… mais j’ai quand même beaucoup aimé la série « Truly Devious » de Maureen Johnson ainsi que le Cthulhu du dodo et Malou, de Geneviève Godbout. J’avais d’ailleurs le tome 3. Dans mon ancien ordi. Va falloir racheter, je pense.

Des déceptions aussi…

Limite du « mais pourquoi je m’impose ce truc »… mais bon, j’aimais l’idée de la diversité représentée dans « The Kiss Quotient » de Helen Hoang. Pourtant, le cul à répétition et quand le mec parle de sa mère à la fille au pieu… turn off!!! Quant à « Again but better »… impression de lire une histoire avec Christine Riccio comme personnage principal, toutes ses folies et ses lubies… qui mènent à une sérieuse impression de malaise, d’histoire de grand n’importe quoi… bref, beaucoup de yeux levés au ciel.

Et vous… vos tops et vos flops en 2019?

Celui où on dit au revoir à 2019…

2019 aura été une bizarre d’année pour moi. Une année remplie d’émotions fortes… parfois trop fortes. Une année où rien de rien ne s’est passé comme prévu. J’ai été mise face à moi-même comme jamais. Pour vous, 2019 aura été l’année d’un voyage rempli de surprises, qui m’a menée où je n’aurais jamais pensé aller. Pour moi, ça aura été ça, certes. Mais vous ne saviez pas tout…

Vous ne saviez pas que quand je suis partie, je laissais ma famille seule… et je me sentais coupable quelque chose de rare. Vous ne saviez pas qu’un membre de ma famille venait de vivre des moments assez épouvantables… et nous aussi par la même occasion. Vous ne saviez pas que tous mes plans pour ce voyage étaient à l’eau car mes parents devaient partir avec moi… et que visiblement, ils ne pouvaient pas. Je suis donc partie comme ça, sans trop savoir. Et pour ça, je ne remercierai jamais assez les copains et copines qui m’ont supportée et qui ont été là.

Parce que 2019, ça aura été ça aussi. Découvrir la générosité et la grandeur d’âme des gens. Oui, je savais bien sûr… mais à ce point-là, je n’aurais jamais pensé. Je ne remercierai jamais assez ceux qui levé la main et callé « présent » quand j’en avais besoin. Pour moi, ça veut dire beaucoup.

2019, ça aura aussi été l’année où j’ai appris à fermer des portes. Du moins, à essayer de fermer des portes, parce que j’ai du mal. En vouloir aux gens, rester fâchée, je ne sais pas faire. Je dois me forcer. Mais mes aventures de cette année m’ont fait réaliser que parfois, on ferait mieux.

2019 aura été une bizarre d’année parce que tout autour de moi, mes amis ont aussi vécu des moments difficiles. Certes, il y en a toujours, mais rarement autant (une copine dirait que c’est la faute à mercure rétrograde ou saturne… mais bon!). J’espère juste avoir été à la hauteur…

Ceux qui suivent le blog auront aussi remarqué son ralentissement, côté lectures. J’ai à peine lu 100 livres cette année et je n’en ai parlé que d’une petite proportion. Lassitude? Esprit ailleurs? Je ne sais pas. Je tenterai un retour à ça après les fêtes… ça me ferait bizarre d’abandonner après 12 ans de blog!

Pour les billets voyage, nous verrons. Mon disque dur a décidé de décéder il y a quelques semaines… avec tous mes billets livres et tous mes résumés de voyage dedans. Je ne sais pas si j’aurai le courage de tout récrire… ni même la possibilité. Peut-être verrez-vous seulement les photos que j’ai pu récupérer (Google photo en avait envoyé une petite partie sur un serveur sans que je sois au courant… pour une fois, je ne lui en voudrai pas). We’ll see mais ça me déprime un chouia, je vous avouerai. Ok, plus qu’un chouia. Genre que ça m’angoisse! Mais moins que quand j’ai réalisé – à deux heures du matin – que je devrais refaire tous mes rapports de privé… vu que mon ordi a planté quand je tentais de les envoyer!

Bref, l’avenir ce ce blog reste un peu incertain… nous verrons si l’envie revient!

Je vous dis donc à bientôt!

Jour 100 – Camps de concentration et vierge noire

J’écris ce billet plusieurs mois plus tard car on dirait que je repoussais l’idée de revisiter ces souvenirs. Bizarrement, j’avais presque tout occulté ce qui n’était pas Auschwitz dans cette journée et mes souvenirs du matin sont un peu flous… On dirait que cette visite forte en émotions a éclipsé le reste. Je vais donc partir de mes notes, mais la précision risque d’être un peu… imprécise! Vous me pardonnerez, j’espère!

La journée a commencé par une exposition sur Jean-Paul II, très important pour les Polonais et très vénéré. La religion a beaucoup d’importance là-bas et environ 50% de la population va à la messe, surtout dans les campagnes. Pendant le régime communiste, la religion n’a pas été interdites, mais les prêtres ont été persécutés, car ils empêcheraient l’avancement de la société.

Jean-Paul 2 a redonné espoir à beaucoup de Polonais et sa visite a été importante pour eux. Ce ne fut pas simple de venir, et il a osé parler de la répression des polonais, ce qui a mis du baume au coeur de plusieurs, selon notre guide. L’ancien pape est parti à Cracovie en 38 pour y étudier… la littérature. Toutefois, plusieurs universités ont été fermées et les étudiants ont été envoyés travailler. Il faisait aussi partie d’un groupe secret qui discutait religion… et the rest is history, je pense.

Notre guide en profite pour nous parler un peu des traditions religieuses. En Pologne, le 24 décembre est plus important que le 25. C’est avant tout une fête de famille où se déguste un plat traditionnel de carpe, avec des betteraves ou des champignons. Le tout serait accompagné d’une soupe aigre à la saucisse et de gâteau au pavot. J’ai une note étrange qui dit qu’ils gardaient les fanes de carottes dans la baignoire…mais sérieusement, je pense que je devais avoir fumé quelque chose… ou alors eux!

À Pâques, on allait à la messe avec un panier de pain, de sel, de saucisse et d’oeufs décorés pour les faire bénir le samedi. C’est ce qui était partagé avec les convives le lendemain!

Nous nous dirigeons ensuite vers Czestochowa, capitale spirituelle de la Pologne, pour y admirer la vierge noire, ce qui était le but ultime de certains voyageurs de notre groupe. Nous allons donc au monastère de Jasna Gora, très impressionnant, surtout quand on voit l’émotion des gens qui y assistent à la messe. Il y a une messe par heure et c’est toujours plein. C’est hyper bizarre car pendant ces moments, il y a une HORDE de touristes (genre nous) qui prenons des photos en tous sens. Je ne sais pas comment ils font pour rester dans leur truc, mais ils y parviennent.

La salle est décorée d’ex-votos et on peut y voir la fameuse vierge noire, dont on change la robe périodiquement. Il y a 10 robes et couronnes, toutes richement ornées et un sceptre car ici la Vierge est vénérée comme une reine. On peut aussi y voir la robe tachée de sang de Jean-Paul II suite à l’attentat et la rose que Paul VI a offerte quand il n’a pas pu venir, son entrée ayant été refusée par les communistes.

L’église gothique a brûlé et la chapelle actuelle a été construite dans le style rococo, au 18e siècle et elle est dédiée à la nativité de la vierge. Le chemin de croix, datant de 2000-2001, est célèbre car il revisite aussi l’histoire moderne de la Pologne. Je l’ai trouvé très très poignant, j’ai 20 000 photos mais je vais vous épargner ça!

Le monastère a été fondé en 1382, au moment de l’arrivée des moines de la Hongrie. 103 moines Paulins y vivent toujours. L’icône que tous admirent date du 13e et vient de Byzance. Elle a été noircie par le feu, comme la plupart des vierges noires… rares sont celles qui ont été peintes noires au départ. Elle a été pillée et restaurée mais la cicatrice, symbole de sa douleur, est toujours bien visible. Le sanctuaire est fortifié et a été assiégé pas moins de 16 fois… toutefois, le monastère n’a jamais été pris. Moi, je dis que c’est un coup du bon dieu.

Nous avons fait le trésor au pas de course, où on nous a raconté l’histoire de Popieluszco, prêtre assassiné par la milice en 1984 et béatifié depuis… il était l’aumônier de Solidarnosc… quant à savoir pourquoi on nous a parlé de ça à ce moment précis, je n’en ai aucune espèce d’idée!

C’est ensuite l’arrivée à Auschwitz, Ocewiecim en polonais. C’est d’ailleurs comme ça que c’est indiqué sur les pancartes. Je n’ai pas pris beaucoup de photos… j’ai comme oublié tellement j’étais émue et physiquement mal à l’aise. Je me suis un peu forcée… Le soleil qui brillait sur ces lieux était presque arrogant et sous certains angles, on se croirait dans une université de la nouvelle Angleterre. Alors que c’est un lieu d’horreur… et je suis certaine que les murs se souviennent, à l’atmosphère qu’il y règne.

La ville d’Ocewiecim est une ville médiévale, avec un château, qui comptait 40000 habitants. Avant son tristement célèbre destin, c’était une caserne de l’armée polonaise, de là les bâtiments en brique, bien conservés. Birkenau, plus loin, était surtout faite de baraques de bois et est beaucoup moins bien préservée. En Pologne, avant la guerre, il y avait 3 500 000 juifs. Il en restait 200 000 à la fin. Sans commentaire.

L’endroit a été choisi car la ville était développée, qu’il y avait un bon réseau de chemin de fer et qu’elle était située entre deux fleuves, ce qui rendait les évasions plus difficiles. Ils ont certes changé le nom… Au départ, il hébergeait les déportés politiques, mais ensuite, y ont été entassés les juifs, homosexuels, tziganes et prisonniers de guerre russes, tous dûment identifiés. Comme de la marchandise.

Auschwitz devait être un « camp de travail ». Il y avait un horaire précis et éreintant, peu de nourriture, des capos et de la discipline à respecter. Un orchestre jouait des marches allemandes et les prisonniers devaient construire le camp. On y comptait 200 morts par jour en raison du travail et des conditions de vie.

Puis, c’est devenu un camp d’extermination… Les gens arrivaient dans des wagons à bestiaux, entassés, pas nourris, sans air, morts et vivants. Puis, ils arrivaient dans la cohue, les bagages étaient laissés, les hommes et les femmes séparés et c’était la sélection. Seulement 20% étaient enregistrés dans le camp. Les autres ont été assassinés.

Les juifs devaient prendre des photos, être témoins de tout ça… et se débarrasser des cendres. Ce moyen a été choisi car il n’était pas cher. Nous passons dans les différents musées où nous voyons les quantités d’objets et de cheveux… l’horreur, mettons. Puis, on nous montre l’endroit où des milliers de gens ont été fusillés, les blocs de stérilisation, le bloc de Mengele, la place de l’appel et les fours crématoires… il n’en reste qu’un seul, les autres ayant été démontés, mais il a fonctionné jusqu’à la veille de la libération.

À Birkenau, les conditions étaient encore pire qu’à Auschwitz. Ici, pas de pelouse mais de la boue et des baraques à moitié construites par les prisonniers, avec les matériaux des maisons détruites. Le musée a été ouvert 2 ans après la guerre par les rescapés, qui en ont été les premiers guides. Pour ne jamais oublier…

Le deuxième mari – Larry Tremblay

Le comment du pourquoi

Avec moi, Larry Tremblay, ça passe ou ça casse… mais ça m’intrigue toujours. C’était officiel que j’allais le lire pour cette 8e saison de Québec en novembre.

De quoi ça parle

Sur une île, dans un continent inconnu, Samuel a eu la malchance de naître homme dans un monde où les femmes dirigent. Sa mère l’a vendu en mariage pour pallier aux difficultés financières de sa famille et il va devoir vivre avec Madame, qu’il n’avait jamais vue de sa vie.

Mon avis

J’aime la plume de Larry Tremblay, ce n’est pas un secret. J’avais été bouleversée par certains texte, je suis restée plus dubitative devant d’autres et face à celui-ci, je suis perplexe. Je ressens un malaise, sans trop comprendre pourquoi, en fait. Avouez que vous le sentez venir, le billet fantabuleux (et nébuleux) vous aussi!

L’idée de base m’a bien plu. Ce qui est fait aux hommes n’est ni plus ni moins que ce que les femmes vivent à plusieurs endroits du monde. Je suis fort consciente que, pour certains, il fallait en arriver là pour qu’ils puissent en saisir l’absurdité, mais on se contente quand même d’une – habile, certes – inversion des rôles. Les personnages ont, pour moi, manqué de nuances. Vous me direz que ce n’était pas le but du récit, mais il aurait été pour moi beaucoup plus fort au final si nous étions moins tombés dans le manichéisme par certains aspects. Samuel, toutefois, est bien construit et plein de failles. Ça, c’est bien!

Ceci dit, j’ai particulièrement apprécié le fait que l’auteur occulte – volontairement, je crois – toute idée de religion dans son récit, ce qui permet de se concentrer sur le thème principal : la domination d’un sexe sur un autre et les mesures qui sont prises pour que cet état de fait demeure. C’est très habile et évite au récit de tomber dans la facilité.

Si j’ai passé un bon moment de lecture et que je ne me suis pas ennuyée une minute, je regretterai sans doute un peu avoir eu l’impression d’avoir souvent lu ce récit, mais avec un personnage féminin en lieu et place de Samuel. La fin m’a touchée, je trouve l’idée très bonne (et probablement nécessaire), mais peut-être ai-je déjà trop lu à ce sujet pour être totalement conquise. Je relirai l’auteur par contre, ne serait-ce pour voir où il va aller ensuite.

Jour 99 – Wroclaw et chasse aux petits nains

Tiens tiens, en plus d’avoir une clim hyperactive, ils semblent aussi avoir décidé de refroidir l’eau!  Douche frette ce matin.  Mettons que j’ai repoussé le lavage de cheveux à demain. Pousse mais pousse égal! Delphine, qui avait eu le même traitement, a préféré me laisser la surprise. Réussi!

Cinq heures de bus, de bon matin. Premier constat, les mecs, ça parle fort. Et dire qu’on se fait dire que ce sont les femmes qui sont bavardes!  En plus, ils s’installent debout pour nous donner une vraie belle conférence. On a eu des fous rires, mais des fous rire! Ajoutons à ça le fait que je fasse une bonne allergie au parfum d’une dame (qui se répand avec volupté à chaque fois qu’elle secoue sa voluptueuse crinière)… c’est pas gagné.  

Wroclaw, où nous allons,  a une histoire assez particulière. En effet, elle a été polonaise jusqu’au 14e siècle mais n’est redevenue polonaise que depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Les frontières de la Pologne ont été déplacées vers l’ouest et la Pologne a « récupéré » la ville (comme le disait la propagande) et gagné la Silésie alors que la ville de Lviv est devenue russe, permettant ainsi à l’ex-URSS de propager son influence vers l’ouest.  Ah oui, les français disent « Urse » au lieu d’URSS… Delphine trouve mes étonnements limite mignons!

Les populations ont été expulsées et les anciens polonais de l’est sont, pour beaucoup, allés s’établir à Wroclaw, qui était alors détruite à 70%.  Avant, la ville était allemande et habitée par des allemands, ce qui est tout de même visible dans l’architecture, qui rappelle Gand ou Bruges (qui, je le sais, ne sont pas des villes allemandes… mais bon, vous voyez ce que je veux dire).  Inutile de préciser que pour les populations, ce fut violent. Comme la priorité était aux armées, ils devaient parfois évacuer très vite, et attendre dans des wagons de bétail.  Ils pouvaient mettre jusqu’à 2 semaines pour traverser la Pologne.

Il faut se souvenir qu’à l’époque de l’ex-URSS, la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie étaient annexées. La Prusse orientale, auparavant séparée de l’Allemagne par la Pologne (on se souvient qu’Hitler voulait faire passer une autoroute par le couloir de Gdansk (longue histoire… mais mettons que les polonais n’ont pas voulu),  est passée en partie à la Pologne, en partie aux Russes.  Suite à la fin du communisme, les pays baltes sont redevenus autonomes, la frontière polonaise a bougé mais la russie a conservé l’oblast de Kaliningrad pour garer un accès à la Baltique.

Encore aujourd’hui, les relations diplomatiques avec la Russie sont… compliquées. Avec l’Allemagne, c’est plus facile et les relations sont correctes. Cette année encore, l’Allemagne s’est excusée lors des cérémonies du 1e septembre. Disons que les visions des historiens russes et polonais divergent sur plusieurs points et qu’il y a encore des tensions!

On nous parle aussi du massacre de Katyn, alors que 20 000 officiers polonais ont été fusillés par les russes suite à l’invasion de 39, à coup de pistolet derrière la tête. Les Russes ont longtemps dit que c’était les allemands et cet épisode n’a été vraiment connu des polonais qu’à la fin des années 80. D’ailleurs, nous en entendrons beaucoup parler pendant le tour ensuite. 

Bien que cet épisode soit peu connu au Canada, il y a eu une vraie résistance polonaise et le gouvernement polonais en exil (d’abord à Angers et ensuite à Londres) a permis à la Pologne de se battre avec les alliés. Certains soldats emprisonnés par les soviétiques ont été libérés et sont passés par le sud pour former un bataillon polonais en Egypte.  

Depuis toujours, les polonais ont émigré ailleurs, souvent pour fuir la pauvreté et la répression. Suite à la partition de la Pologne, plusieurs sont partis et d’autres ont fui les représailles. IL y a notamment beaucoup de polonais aux USA et en Angleterre. En Pologne, les retraites sont aussi très insatisfaisantes. 1000 zlotys par mois, souvent. Avant, les familles s’occupaient de leurs parents mais maintenant, avec le mouvement des jeunes, c’est plus difficile. Les maisons de retraite coûtent beaucoup plus cher que ce que permet la retraite alors… c’est compliqué. Ça nous rappelle quelque chose, hein!

Nous arrivons donc dans la dite Wroclaw, ville étudiante, à la longue tradition de musique et de concerts gratuits pour les jeunes. Il paraît que l’un est même entré par le toit à un concert pour pouvoir y assister. On les laissait faire hein… si possible on laissait entrer les jeunes! La ville est ouverte et moderne, composée de plusieurs îles et de plusieurs ponts. Une autre Venise du Nord!

Étrangement, le bus passe assez rapidement (pour moi… certains trouvent ça très long et le disent haut et fort) et nous arrivons pour manger à Wroclaw (prononcer /vrotswaf/) et découvrir la ville. La température est parfaite et le dîner excellent. J’ai un petit faible pour le gâteau au fromage chaud qu’on nous a servi. Et comme certaines partagent… je ne me suis pas fait prier!

Nous profitons d’une petite demi-heure libre pour nous balader sur la place et prendre des photos à notre goût quand je vois… UN NAIN! Il y a des nains partout partout partout!  Ô joie! On a passé tout l’après-midi à chercher des nains et à courir partout. Des fois, j’ai 5 ans dans ma tête. Notre guide nous a d’ailleurs raconté que ces nains ont été installés dans le but de commémorer une révolte pacifique et humoristique ayant eu lieu dans les années 80. Les jeunes manifestaient déguisés… en nains avec un chapeau orange sur la tête. Quand la police est arrivée, ils leur ont offert du papier de toilettes, ce qui a fini par provoquer l’hilarité générale. Maintenant, les jeunes d’autrefois sont grands… et sont au conseil municipal. Ils ont donc décider de souligner cette histoire à leur manière et c’est une idée de génie selon moi! Ça occupe les enfants, petits et grands! (Bon, oui, je sais. J’ai exagéré sur les photos de nains… call me gros bébé)

Nous amorçons donc la visite guidée avec Maria, la guide locale, une mine de connaissances. La Silésie ayant beaucoup changé de mains, elle nous résume ça vite fait et nous voilà sur la place de l’hôtel de ville qui date du 13e (bien rénové par la suite), au moment où on a tracé les rues. C’est maintenant un musée mais avant, on y rendait justice et le monument juste devant est un pilori. Sur l’autre façade, gothique tardive, nous pouvons observer les scènes de la vie quotidienne, dont une femme qui attend son homme, bien saoul, avec un sabot. On y raconte aussi l’histoire du transport de marchandises et de la ligue hanséatique, qui a marqué l’histoire commerciale de Wroclaw.

On trouve partout St-Jean Baptiste, patron de la ville, ainsi que le blason de Wroclaw (1530), représentant les diverses origines de la ville : St-Jean baptiste, le W de la ville (pour Wratislawja), l’aigle noir de Silésie, St-Jean l’évangéliste et le lion pour les rois de Bohême.  Sous l’hôtel de ville, une brasserie historique, malheureusement fermée pour restauration. Dommage.

La place telle qu’on la connaît date des années 90. Avant, il y avait une station service et un parking au lieu de l’agréable lieu piéton que nous pouvons voir. Tout près, la place du marché au sel où on peut trouver des fleurs jour et nuit.  On admire la bourse des valeurs, l’ancien palais des rois de Prusse et plusieurs maisons richement décorées du côté riche de la place. Disons que les habitants n’étaient pas n’importe qui. L’actuelle mairie est du 19e mais on a conservé les passages médiévaux.

Nous nous dirigeons vers l’église Ste-Elisabeth, au coin de la place, gardée par deux petites maisons, dont les noms (que j’ai oubliés) sont un peu comme nos Hansel et Gretel. L’église était d’abord catholique jusqu’au 14e et est devenue protestante quand la région est devenue allemande. Elle est de nouveau catholique après la 2e guerre mondiale et est toujours en activité, surtout pour les militaires.

La tour était avant plus haute de 30m. Le heaume est tombé en 1529 et personne n’a été tué, sauf un petit chat noir. Les catholiques ont dit que c’était une punition de dieu tandis que les protestant ont mentionné que c’était plutôt une grande chance que personne ne soit mort… comme quoi… même histoire, deux versions!

Dans l’église, des vitraux modernes dont un avec le visage de Jean-Paul II, à partir d’une photo prise lors d’une visite en Pologne. L’autel est baroque, très baroque, avec Ste-Elisabeth au-dessus et une copie de la vierge noire que nous verrons demain. Il reste quelques stalles gothiques du 15e. On trouve des chapelles où étaient enterrés les riches et un mémorial aux victimes de Katyn. Il y avait avant de superbes orgues, qui ont brûlé vers 75-76.

Nous passons par une petite rue toute mignonne où se trouvent maintenant des galeries d’arts, mais qui était auparavant la rue des Bouchers, comme le rappelle le monument dédié aux animaux comestibles au bout de la rue. La guide en profite pour nous rappeler qu’à l’origine, les tribus slaves étaient sur les îles et que la rive gauche n’a été investie qu’à l’époque médiévale, en 1535. La ville avait des remparts mais Jérôme Bonaparte a ordonné leur destruction pour que la ville soit ouverte quand ils allaient repasser quelques années plus tard.

L’ancienne prison est maintenant transformée en bar, constamment investi par les étudiants. C’est très joli et j’aimerais bien y être enfermée quelques heures, ne serait-ce que pour profiter du lieu. Mais circuit oblige, on doit repartir.

Puis, on arrive à l’université, dont la tour était anciennement un observatoire astronomique, d’où on a découvert Neptune. On peut voir, tout en haut, des femmes qui représentent la médecine, le droit, la philosophie et la théologie. L’université a été fondée en 1702 par Léopold de Habsbourg et en 1811, elle est devenue publique, sans lien avec un ordre religieux.  Tout près, la fontaine de l’étudiant, représenté tout nu vu qu’il a tout perdu au jeu et qu’il a préféré les femmes à l’étude. Des profs le grondent. J’aime le côté humoristique de la chose.

Nous entrons rapidement dans l’église du Nom Sacré de Jésus, construite par les Jésuite avec l’accord des Habsbourg, qui leur a donné le terrain. C’est d’ici qu’ils ont organisé la contre-réforme, avec un collège réputé, ce qui a incité plusieurs jeunes à rester à Wroclaw. La porte, au fond, menait à l’université. L’église est… baroque. Très baroque. On y voit une statue de St Ignace de Loyola, une copie de la Piéta de Michel Ange et un plafond peint par un peintre viennois, représentant les 4 continents à chaque coin. Ben quoi, l’Océanie n’était pas découverte!

La bibliothèque est abritée dans un bâtiment baroque venu de Lviv, comme une statue de la grande place. On y trouve les manuscrits des Nobel polonais. On dirait une maison de poupées.

Pour nous rendre sur les îles, nous passons par une rue où sont indiquées les dates marquantes de l’histoire de la Pologne. Je ne vais pas tout réexpliquer ici… mais j’ai pris des notes. Disons qu’il y en a eu, des événements.

Nous prenons une petite pause dans la Halle, un bâtiment de 1908, le premier construit avec des arcs en béton, où nous nous tâtons pour goûter des fruits séchés.  Un « pomélo »… vert fluo… je me demande bien ce que ça goûte. Et que dire des nougats!

Il ya plusieurs églises (6 je pense) et monastères sur les îles mais j’avoue que je ne sais plus laquelle est laquelle. Les églises orthodoxes côtoient les monastères et les presbytères. On peut voir une statue de Jean XXIII, et je croyais qu’il s’agissait de l’oncle de la famille Adams. Il paraît que je ne suis pas drôle. Bon.

La religion était réprimée pendant la période communiste mais les polonais s’y sont toujours accrochés pour garder espoir. Ils sont encore très catholiques aujourd’hui.

Ici, les styles architecturaux sont arrivés plus tard et on retrouve le derrière d’une église romane du début du 13e juste à côté de la cathédrale gothique, à laquelle ont été ajoutées des chapelles baroques ensuite. La cathédrale a été bombardée pendant la guerre et elle a été reconstruite en 6 ans. La rue de la cathédrale, qui y mène, n’a été rénovée que dans les années 80.

Nous finissons la visite par le monument aux inondations, où nous trouvons St-Jean Nipomucène (vous savez, celui du pont Charles, à Prague), mort noyé pour ne pas avoir trahi le secret de la confession de la reine. Il protégerait des inondations, ce qui a plus ou moins bien fonctionné car certaines ont causé des cinquantaines de morts. Joyeux hein…

Tout de suite au retour de la visite, Delphine se transforme en dictateur. Vite, il faut que je fasse pipi, vite-vite, et qu’on trace jusqu’à la place le plus vite possible pour refaire des photos, acheter des machins et repartir à la chasse aux nains. Je soupçonne qu’elle voulait aussi semer tout le monde… mais ça n’a jamais été prononcé à haute voix!

J’adore me balader au coucher du soleil et tout observer à ma vitesse et à ma guise. On n’aura jamais tant couru pour finir à vitesse tortue neurasthénique sur la place, à entrer partout, à comparer tous les détails. On fait des tas de boutiques, on craque pour les bebelles (un nain qui lit). Qui n’aurait pas craqué pour un nain qui lit) et on regarde les couleurs et l’éclairage changer.  On trouve encore plein de nains dont les réadapta-nains et le nain Pierre-Alexandre, installé devant un ordi. Celui-ci proteste en disant que lui, ne porte pas de chapeau. Bizarrement, il a refusé mon offre de lui en trouver un et de le lui envoyer par la poste. Certains ne connaissent pas leur chance d’avoir une sœur comme moi!

On arrive 2 minutes en retard (la faute à Delphine qui tenait à acheter de l’eau) et on s’installe pour manger à l’hôtel. Délicieux repas, encore une fois. Bon, de la viande et des patates, mais c’est bon les patates! Tout le monde est jaloux de mon nain et de mon sac-nain, voire même que plusieurs veulent y retourner car ils n’ont pas trouvé le nain de leurs rêves avant. Ceci dit, le nain-de-rêve en était un qui « suçait une buche »… je cherche encore ce que ça peut bien vouloir dire!

Nous, on ne bouge plus.  Et on se couche. On est pas sages, rien qu’un peu??