Jour 98 – Malbrok et Torun (avec visite guidée impossible à suivre, même pour moi!)

Ce matin, nous partons tôt pour visiter le château teutonique de Malbrok (Et oui, en réponse à la question que vous vous posez tous, j’ai chanté Malbrough s’en va en guerre toute la sainte journée). Tout le monde a peur que je ne sois pas à l’heure parce que je suis arrivée au petit  déjeuner à 7h35, mais 7h57, j’y étais! Non mais je suis rapide quand je m’y mets! Faut pas croire! Delphine a abandonné l’idée de me faire me lever le matin et généralement, nous ne nous croisons même pas. Au moins, on ne se chicane pas pour la douche!

Aujourd’hui, le mot du jour est « toilettes ». Tout le monde demande les toilettes aux 15 minutes! C’est limite une blague. On est à peine rentrés dans le bus que qqn le demande. Entre ça et « quand est-ce qu’on arrive », c’est le spectacle!

Nous attendons donc notre guide, qui ne parle pas français, au grand désespoir de certains, qui ne comprennent pas duuuuu tout comment c’est possible en Pologne, et que notre guide-accompagnatrice nous traduit fidèlement. En fait, la guide locale comprend juste assez pour voir quand Katazena ne dit pas exactement comme elle!

Le château est impressionnant, le plus grand d’Europe en briques. Il a été reconstruit à l’identique et c’est encore une fois très réussi.

L’ordre teutonique est au départ un ordre hospitalier allemand, venu au pays pour christianiser les populations. Par contre, il est rapidement devenu militaire. Arrivés en 1238, à l’invitation d’un prince polonais. Toutefois, ils sont rapidement devenus les ennemis de la Pologne, se sont emparés de Gdansk, et ont créé l’état teutonique, qui a perduré jusqu’au 16e siècle.

Une bataille très importante pour la Pologne a été la bataille de Grumwald, en 1410, gagnée par la Pologne et la Lituanie, qui a montré que l’état polonais était fort. Les deux pays étaient très liés au 14e car un prince lituanien a épousé la reine Edwidge de Pologne et, pendant un temps, ils avaient le même monarque.

Le château que nous visitons s’appelait le château de Marienburg et date du 13e-14e siècle. Il est construit au bord de l’eau et était protégé par plusieurs murs d’enceinte. À l’entrée, nous pouvons admirer une madone en faience qui datait du 13e, mais qui a été reconstruite après sa destruction, en 45. La céramique jaune vient de Gdansk et les autres parties, de Venise, par les maîtres verriers.

Le château était d’abord un monastère et il est séparé en château haut, moyen, et bas. La partie haute était le monastère, la moyenne était la résidence du grand maître des chevaliers teutoniques et la partie basse pour les ouvriers. Les femmes n’étaient admises que dans la partie basse.  À la fin du 13e, 100 moines vivaient dans le château et il était devenu la capitale de l’ordre teutonique, qui était auparavant à Venise. L’ordre avait des châteaux un peu partout : Arménie, Grèce, Autriche, Allemagne, Lituanie…  Ils devaient quitter le sud de l’Europe car les ordres religieux y étaient dissous.  Sur le mur nous voyons bien les briques claires, neuves, et les briques foncées, anciennes. On a tenté de garder les matériaux originaux qui pouvaient être récupérés mais il a fallu faire de nouvelles briques, qui tendent à être plus petites que les briques du Moyen-âge, qui mettaient plus de 3 as à être produites. La reconstruction a été financée par la Norvège, l’islande et le Liechtenstein… je cherche encore le lien entre ce château et tous ces pays.

À l’entrée de ce château de 20 hectares, une esplanade où étaient écuries, entrepôts et domestiques. On y fabriquait des cloches, des canons et on y trouvait des greniers à grain. Le commerce de céréales était en effet une façon de s’enrichir et tout l’ambre trouvé devait leur être rendu car ils avaient le monopole.

Le château est passé aux polonais au 15e, mais ils ne l’ont pas conquis. Ils l’ont plutôt acheté. Suite à la partition de la Pologne, il est passé aux Allemands. A l’époque polonaise, il était habité par des serviteurs du roi polonais, ceux qui administraient la région. À l’époque allemande, il a servi de caserne et étrangement, ils ont fait beaucoup de travaux.  Il existe encore aujourd’hui un système de chauffage par le plancher datant du moyen-âge, qui est fort efficace.

Le grand réfectoire est très beau, avec quelques fresques médiévales et de jolis chapiteaux. Les grandes fresques sont du 20e. Les allemands s’en servaient quant à eux pour dresser les chevaux car c’était grand. Étrangement, ce sont les suédois qui ont consolidé les fondations, alors qu’ils ont pillé la Pologne à une époque. Aucun des objets n’a été réclamé par contre car un traité mentionne que les polonais ont promis de ne jamais voler les manuscrits précieux, les fragments de palais et les objets pris par les suédois. Ils tentent peut-être de se racheter ainsi!

Nous voyons aussi la chapelle privée du grand maître, avec un crucifix du 15e, sculpté ici mais pris dans une autre église. Le carrelage date du 17e.

Le réfectoire d’été est très bien fenestré et a une très bonne acoustique. Il contient aussi des peintures représentant des chevaliers teutoniques, mais celles-ci datent du 19e. On y voit un boulet du 15e dans le mur, vestige d’une trahison d’un chevalier, qui avait avisé, après la bataille de Grumwald, que cette pièce était soutenue par un seul grand pilier. Comme on peut voir ça a raté!

Le réfectoire d’hiver a moins de fenêtre et bénéficie du même système de chauffage au sol que le réfectoire principal. On y trouve aussi le blason du roi de Suède Sigismond Vasa.

La salle verte a été aménagée au 19e, avec des fonds venant de Kaliningrad, alors qu’elle était encore allemande (ça se prononçais Koenigsburg mais je pense que c’est loin d’être écrit comme ça!). En effet, cette petite enclave russe, l’oblaste de Kaliningrad, était alors prussienne.

Avant de passer dans le château haut, nous pouvons observer 4 statues, qui représentent les grands maîtres teutoniques, mis en place par les prussiens au 19e. Sigismond a eu la main coupée par les polonais après la seconde guerre mondiale, mais c’est celui qui a transféré la capitale teutonique à Mariensburg. Le troisième a organisé 102 escapades en Lituanie et a régné 20 ans tandis que le dernier est celui qui a sécularisé l’ordre et qui y a mis fin. Il est d’ailleurs devenu luthérien et l’endroit est devenu le duché de Prusse, vassal des rois de Pologne.

Dans le château haut, une cour rectangulaire avec un puits au centre, gardé par trois portes et un pont levis. La galerie qui l’entoure était à l’origine en bois, mais a brûlé à l’époque polonaise et a été reconstruite en pierre à l’époque allemande. La cour est inclinée pour évacuer l’eau de pluie.

Nous pouvons visiter les cuisines, aménagées comme à l’époque. Les moines mangeaient bien, deux fois par jour, avec un litre de bière pour 2 moines. Nous observons les hautes cheminées et les monte-plats.

Dans la salle du chapitre, on nous raconte qu’ici, les moines se confessaient et étaient souvent fouettés et punis. Les 100 moines étaient divisés en communautés de 12 moines avec chacun leurs rôles et obligations.  Un peu plus loin, la salle du trésor abritait l’argent, l’ambre… et les bonbons à l’anis du grand maître! Il était verrouillé par 3 clés détenues par 3 personnes différentes : le grand maître, le commandeur et le comptable, dont nous voyons le bureau juste après.

Comme les moines ne savaient pas lire ni écrire (c’était défendu par la loi de leur ordre), plusieurs gravures les guidaient. Le petit diablotin servait… à leur montrer les latrines. D’ailleurs, quand nous les visitons, l’un des membres du groupe a demandé à les utiliser tellement elle était pressée.  S’essuyer avec les feuilles de chou, peut-être??

La porte dorée mène à la chapelle, actuellement en restauration, que nous ne pouvons visiter… dommage. Sur la porte, des sculptures des vierges folles et des vierges sages.

Dernière étape avant d’aller manger, la visite du musée de l’ambre. Une chance que ça achève car je suis certaine que nous en aurions perdus quelques uns, qui s’amusaient à tester l’écho et à se balader partout, au grand désespoir du guide, qui n’en demandait pas tant! On nous explique son mode d’extraction (notamment à Kaliningrad, d’où vient l’ambre qui a servi à refaire la chambre d’ambre à St-Petersbourg). On voit des pièces avec des insectes fossilisés, différentes couleurs d’ambre poli et d’ambre brut. Pour le rendre brun, on le frotte avec du sable et on le met sous pression pour obtenir l’ambre vert.

Dans le musée, de très belles pièces, des coffres magnifiques, ainsi qu’une amulette de 4000 ans et des colliers du 3e siècle AD. D’ailleurs, les hommes portaient des bijoux en ambre, jugés plus virils. On trouve aussi la copie en petit du christ en croix qui a, lui, 2m de haut.

On mange dans le resto du château, dans une très belle salle voûtée et à une table ronde. Le seul problème? Elle est VRAIMENT authentique et le dallage est tellement bosselé qu’il est IMPOSSIBLE de placer certains bancs. C’est assez drôle de nous voir nous balancer en chœur en tentant de chercher notre équilibre. Pour ma part, j’ai beaucoup aimé (j’ai même mangé les betteraves) mais de façon générale, le repas a été peu apprécié et certains ont préféré manger du pain et des bonbons à poignée! Une longue pause-toilette plus tard et nous sommes repartis en bus vers Torun, où nous attend un guide local.

Dans l’autobus, notre guide en profite pour nous parler des programmes sociaux en Pologne, ainsi que de leur évolution depuis la fin de la période communiste. Comme partout, c’est compliqué et le système de santé pose problème. En fait, ils ont exactement les mêmes problèmes que nous. Cotisations importantes, mais attente de 6 à 10 mois pour voir un spécialiste. Même pour voir le généraliste, c’est compliqué, ce qui fait que les gens se ramassent à l’urgence… ou au privé, qui coûte cher et qui n’est plus déductible d’impôts depuis quelques années. Comme chez nous, les médecins partent à l’extérieur vu que les 10 premières années sont très difficiles et qu’ils ont à peine le salaire minimum.  Les enseignants sont aussi très mal payés parce que c’est « une vocation ». La maladie long terme est aussi problématique. Après 6 mois, la sécurité sociale ne paie plus et les gens sont le plus souvent licenciés. Avant, les entreprises étaient plus grandes et pouvaient s’organiser pour aider leurs employés. Bref, c’est compliqué.  

La prochaine partie va être… compliquée. Je sens que je vais devoir faire pas mal de recherches parce que sérieux, je n’ai pas tout compris. Notre guide de la ville de Torun avait une pragmatique ma foi… particulière. (Je me suis auto-retenu de faire du diagnostic sauvage… mais j’ai été tentée!) Beaucoup de contenu mais my god qu’il n’avait pas le talent de le transmettre. D’abord, il donnait tout son exposé… en fixant ses pieds. Et si, par hasard, il regardait quelqu’un dans les yeux, il le fixait, mais INTENSE… assez pour que nous soyons mal à l’aise. Heureusement, ses pieds l’intéressaient davantage. Le problème, par contre, c’est qu’il ne regardait pas non plus les choses dont il nous parlait. Alors on ne savait jamais où regarder. En plus, des fois, il nous parlait de choses qui y étaient avant… mais qui n’y étaient plus. Sans préciser. Du coup, c’était compliqué. Ajoutons à ça le fait qu’il n’ait nullement situé la ville dans son contexte historique au départ, qu’il ne précisait jamais le sujet de conversation et qu’en plus, il changeait sans nous avertir, c’était magnifique. En fait, il parlait EN DÉTAILS de ce qu’il avait sous les yeux sans jamais le situer dans le portrait global. Comprendre, c’était une vraie épreuve olympique et j’étais épuisée cognitivement à la fin!

Ah oui, j’ai oublié. Quand LUI, il passait près des monuments, il en parlait. Sans jamais se soucier du fait que nous soyons arrivés ou non. Du coup, la file s’étirait, plus personne n’écoutait, notre guide s’arrachait les cheveux, il fallait toujours répéter. En plus, à deux reprises, il s’installe pour nous parler… dos au groupe! En parlant de ce qu’il y avait dernière nous tous. Sans nous le dire.

Vous pouvez vous imaginer que pendant la visite, j’ai établi un plan de traitement multi-objectifs, avec des échéances et des objectifs assez précis! Orthophoniste un jour…

Donc, je vais faire ça short and sweet, et tenter de mettre un peu d’ordre dans toutes ces notes décousues. Torun, donc. Ville médiévale qui n’a pas été détruite pendant la deuxième guerre mondiale (si on avait commencé par ça, ça aurait déjà été pas mal) et capitale du pain d’épices. Fondée en 1233 à environ 12 km de la ville actuelle par les chevaliers teutoniques, comme plusieurs bourgades à l’époque, à environ 30 km de distance les unes des autres, pour pouvoir s’y rendre en un jour de marche. La ville était commerciale, au bord de la vistule, et donc riche.  Les bâtiments du centre sont maintenant privés car les descendants des propriétaires d’avant l’époque communiste peuvent les réclamer  et, autour de la ville, plusieurs immeubles des années 70-80, blocs carrés, sont loués ou la propriété des gens. Certains ont eu la chance de les acheter vraiment pas cher dans les années 90.

L’histoire de la ville est complexe et après l’époque teutonique, elle a aussi été une ville royale de Pologne et a fait partie de la Prusse et ensuite de l’Allemagne lors de la partition de la Pologne. Elle est finalement revenue polonaise en 1918. Les allemands voulaient, à une époque (mais je ne sais pas laquelle… ce n’était pas clair), faire disparaître tout ce qui était médiéval. Du coup, plusieurs portes et parties de mur sont disparues.  Nous pouvons toutefois en voir des parties, de même que la fameuse tour penchée, contre laquelle il est carrément impossible de se tenir. C’est qu’elle penche pour de vrai!  Il y a toute une histoire de chevalier qui aurait renié son ordre pour une femme, et la tour serait une punition… mais c’était loin d’être clair, mettons.  Autour des remparts, la rue du Bourreau, où sa femme tenait une auberge.

Cette ville est la ville de naissance de Nicolas Copernic. Le père de Copernic était un riche marchand de la ville, marié à une femme ayant aussi une fortune. Copernic a été initié très tôt aux arts et à la science. Lors du décès de son père, il est pris en charge par son oncle, le frère de sa mère. Il peut donc étudier la médecine, le droit, la philosophie. Il est chanoine en Italie, mais ne peut dire la messe en raison de sa vie privée. Il revient en Pologne, où il va publier son célèbre « De la révolution des corps céleste ».  D’ailleurs, sur sa statue, on peut lire « il a arrêté le soleil et a fait tourner la terre ».

À l’entrée de la ville, la zone des Greniers, où nous pouvons voir des greniers du 14e et du 17e siècle. En bas, les chambres de négociation et la cuisine. Au premier, les pièces de la famille et en haut, les marchandises, en hauteur, pour les préserver des inondations. Il y en avait une centaine. On peut aussi voir les bains publics et le couvent des sœurs qui avaient le monopole du pain d’épices, le fameux pain d’épices… qu’on a acheté mais pas encore goûté!

Le château des chevaliers teutonique est en ruine et restera en ruines, car il est le symbole de l’oppression. On le voit de loin, mais il paraît qu’il se visite.

Nous entrons dans la cathédrale, construite du 14e au 16e. Du 16e au 18e, des offices protestants et catholiques s’y tenaient. Le chœur est du 14e et nous pouvons trouver une peinture murale de St-Jean. La dernière nef date du 19e et les vitraux sont surtout de cette période, même si ceux du chœur sont du 14e. Dans la chapelle de la dormition, un buste de Copernic avec le font baptismal dans lequel il a été baptisé.

(Je sens qu’il me manque un bout, qui est totalement incompréhensible… et trois mois plus tard, au moment où je mets le billet en ligne, je ne vois absolument pas comment je vais réussir à rattraper toutes les bribes d’informations qui me manquent. Vous me pardonnez?? Voici donc les photos random. Sorry). Bref, on a fait du shopping, on s’est baladées!

Après cette balade, je suis sérieusement à moitié morte.  Moi qui veux toujours faire plus, voir plus, là, je n’avais qu’une hâte, me retrouver à l’hôtel et mettre mon cerveau à off. Mais vraiment à off. Lire, c’était ben trop compliqué pour moi. Delphine a dû travailler un peu pour réussir à fermer la clim, qui était carrément déchaînée. Je l’ai encouragée avec véhémence pendant au moins 10 minutes. Je suis utile, moi! Du coup, on est descendues au bar de l’hôtel boire « de quoi de polonais ». Comme ils n’avaient pas de vin polonais, on a été obligées de boire de la bière. Et comme la pinte coûte 3 Zlotys… presque le même prix que le verre, on n’avait pas vraiment le choix hein! On a donc pris notre petit verre ben relax en attendant l’heure du souper, où on a mangé… du porc et des patates, au grand désespoir de plusieurs. Moi j’ai plutôt trouvé ça bon hein… sauce citronnée et je suis la dernière qui vais me plaindre des patates.

Ah oui, on a visité des églises. Je ne sais plus trop ce sont lesquelles, par contre. Oups.

Autre bâtiment… je trippe sur le plafond

Et une autre église

En rentrant dans la chambre, paraît que Delphine a tenté de me parler, mais que je me suis endormie au milieu d’une phrase. Normal, quoi!

Jour 97- Ambre et Solidarnosc

Attention… avalanche de photos un peu toutes pareilles à suivre. On s’est baladées pas mal et on l’éclairage changeait chaque fois. Du coup, je ne sais pas lesquelles choisir. Vous allez donc toutes vous les taper!

Nous nous réveillons à Gdansk sous un ciel à moitié bleu et à moitié fâché. J’ai ressorti ma veste pour la première fois depuis 3 mois, mais j’avoue que je n’en étais pas vraiment fâchée. C’est un peu frisquet, mais ça fait de très belles photos.

Nous nous dirigeons en premier lieu vers la cathédrale d’Oliwa pour assister à un concert d’orgue. L’endroit était auparavant une abbaye cistercienne et elle l’a été jusqu’au 19e. Les cisterciens s’étaient établis un peu hors de la ville dès le 12e siècle. La cathédrale est connu pour ses magnifiques orgues du 19e ornés d’étoiles et du soleil, ainsi que d’anges musiciens animés. Même moi, dont ce n’est pas le style préféré, je ne peux m’empêcher de les trouver grandioses. On nous joue du Bach, l’ave Maria ainsi que la musique de « La Mission » mais un de nos voisins a eu la drôle d’idée d’offrir des… tic tac à toute la rangée. En secouant la boîte pour attirer leur attention. Comment dire… sans commentaire.

Dans le chœur, des portraits représentant des moines agenouillés devant la vierge, ainsi qu’une étrange sculpture de nuages avec le christ d’un côté et Moïse de l’autre, avec les 10 commandements. Tout autour, des représentations des princes de la Poméranie.

Le déambulatoire représente des scènes de la vie du Christ et tranche avec le chemin de croix très moderne (qui m’a beaucoup plu) de la nef principale. On y trouve encore les accessoires pour la fête dieu, encore très célébrée ici.

Dans toutes les églises polonaises ou presque, nous retrouvons un portrait du Christ avec 2 rayons de lumière, tableau peint selon les indications données par celui-ci à Ste-Faustine, une sœur canonisée par Jean-Paul II. Elle est d’ailleurs très célébrée en Pologne et à certains autres endroits du monde. J’avoue pour ma part, que je n’en avais jamais entendu parler. Oups.

Notre route nous emmène ensuite vers Sopot, célèbre station balnéaire de la Baltique. Elle est célèbre depuis l’époque napoléonnienne car un médecin alsacien était venu ici et avait vanté l’eau et le vent iodés. C’est un endroit prestigieux, avec des spas et des hôtels de luxe face à la mer. Fidel Castro et Marlene Dietrich y ont d’ailleurs déjà séjourné.

L’endroit était aussi le théâtre de l’ancien festival de la chanson polonaise, très suivi, pour les artistes du bloc communiste. Ce festival durait 3 jours et présentais aussi une vedette occidentale. Charles Aznavour et Whitney Houston y ont joué. Comme il n’y avait que 2 chaînes à la télé, disons qu’ils les ont vus, ces concerts!

C’est tellement agréable de se balader sur la longue jetée qui plonge dans la mer et à la merci des vagues. Ce bruit, ce bruit! Nous flânons un peu, puis allons nous promener dans la ville, avec ses palais reconstruits et ses édifices colorés. Tout es mignon par ici.

Nous allons manger à Gdynia, le nouveau port de la Tri-cité, datant des années 20. Suite à la renaissance de la Pologne, après la première guerre mondiale, les allemands ne voulaient pas laisser Gdansk, où était le port principal, aux Polonais. Elle a donc été ville libre pendant quelques années et les polonais ont décidé de ne plus dépendre de Gdansk… et d’avoir un nouveau port, à Gdynia, quelques kilomètres au nord-est. Avant ce moment, c’était un tout petit village de pêcheurs et maintenant, il y a 200 000 habitants. L’architecture est moderne, très simple, avec quelques façades rondes. La côte est très belle et souvent escarpée.  Nous mangeons d’ailleurs tout près de l’eau, avec vue sur les bateaux école où certains élèves travaillaient leur grimpette dans le mât, ainsi que sur un ancien destroyer de guerre, qui était absent lors de l’attaque de 39 et qui a combattu aux côtés des alliés. Maintenant, c’est un musée et il se visite, tout comme l’ancien bateau école, qui est à la retraite.

Sur la place, deux monuments, l’un dédié aux marins du monde entier et l’autre à Joseph Conrad, qui est né en Pologne. Je n’en avais aucune espèce d’idée. On en apprend tous les jours!

La visite de  Gdansk est actuellement mon coup de cœur du voyage. On avait un guide génial, Sebastian, super intéressant et drôle, ce qui aide énormément. Nous commençons par aller voir le Centre Européen de solidarité, situé sur la place de Solidarnosc, le fameux mouvement de Lech Walesa. Celui-ci a d’ailleurs son bureau au 2e étage du fameux bâtiment bâti en 2014, rempli de références à l’ancien chantier naval qui s’y trouvait, dont sa couleur en acier qui imite la rouille. Quel bâtiment! À l’intérieur, des salles d’exposition, une grande bibliothèque, beaucoup de verdures et de références au bateau. C’est étrangement plus lumineux qu’on ne le croirait de l’extérieur.

L’endroit était un très grand chantier naval. 18 000 ouvriers y travaillaient, entourés de murailles, sous le régime communiste. Cet endroit a été le siège de plusieurs contestations ouvrières, dont celle qui a rendu célèbre l’endroit.

À l’extérieur, une petite exposition dédiée à Anna Walentinovisc, travailleuse de chantiers et chef d’équipe dans les années 50 sous Staline, qui a travaillé fort pour les droits des ouvriers. Elle est décédée il y a 9 ans, dans l’accident d’avion qui a décimé le gouvernement polonais. D’ailleurs, c’est son licenciement, quelques mois avant sa retraite, qui a été l’un des éléments déclencheurs de la grande révolte de 80. En 1970, un premier soulèvement avait eu lieu, quand le gouvernement, à l’approche de Noël, a subitement augmenté le prix des choses, dont les denrées alimentaires, de 20%. L’armée a tiré sur les gens dans les manifestations et le premier mort est décédé à cet endroit précis. Trois hommes sont décédés. Le monument des ouvriers morts en 70 leur rend d’ailleurs hommage. Encore aujourd’hui, le 31 août, on célèbre la fin de la grève de 80, où les syndicalistes ont fait des avancées sociales importantes.

Nous avons un peu de temps pour les boutiques et visiter. Notre ami fugueur se balade un peu partout et avec son épouse, nous sommes presque certaines qu’il est allé tenter de piquer une jasette à Lech Walesa! Selon elle, il en est bien capable!

Nous poursuivons notre visite à pieds, dans la vieille ville. Gdansk a été une ville riche et importante en raison du commence et de l’ouverture sur la Baltique. Elle est baignée par la rivière Motlawa, qui se jette dans la Vistule, et enfin, dans la mer. Nous passons devant une ancienne centrale électrique devenue siège de l’orchestre philarmonique, puis nous arrivons sur le bord de la rivière, en face de deux îles. Les anciens greniers et l’île de plomb.

Il est important de noter que la ville a été détruite en 1945, lors de la libération par les Russes.  Tout a été reconstruit, de façon magnifique, mais la plupart du temps, les bâtiments sont contemporains. La rue de l’ambre (ou rue Ste-Marie) a d’ailleurs été reconstruite comme elle était au 17e, avec les grands balcons de pierre. On est allé rechercher des éléments originaux d’ailleurs dans la ville pour avoir le plus de matériel d’époque possible. En effet, cette époque était l’âge d’or de Gdansk et les fameux balcons avaient disparu depuis un moment, pour élargir les rues.

Le long de la rivière, l’ancienne grue portuaire, symbole de la ville.  Il s’agit d’un monte charge médiéval, en bois et en brique, modèle datant du 15e siècle. On mettait des marchandises dans un filet et on le posait sur le quai en le faisant balancer. Un autre crocher, tout en haut, servait à remonter les mats des bateaux. La grue a été détruite, comme le reste, en fait, mais on l’a reconstruite pour en faire un musée.

Sur les îles, en face, il y a eu beaucoup de changements depuis les derniers mois. Sur l’île du grenier, de nombreux hôtels modernes sont apparus, mais ils ont repris les façades étroites pour faire référence à l’architecture originale de la ville. Étrangement, je trouve que c’est super réussi, ce mélange de modernité et de tradition. Franchement, la reconstruction est impressionnante.  Le style ressemble un peu à Bruges ou au Pays bas en raison des échanges commerciaux avec ces endroits.

On nous présente aussi le Goldwasser, liqueur à base de 20 plantes médicinales… avec de l’or à l’intérieur. C’est produit ici depuis le 16e siècle. Je me demande bien à quoi l’or peut servir… mais bon, ça doit faire riche!

La rue Ste-Marie, dont j’ai parlé plus haut, mène du port à l’église du même nom. Sérieusement, l’endroit est presque magique et vaut le détour. Ok, le fait qu’il y ait plein de petites boutiques d’ambre, dont des artisans, ajoute au charme! Tout était détruit ici, sauf une tour. Les photos font mal au cœur. Rien de moins. Avant étaient ici des orfèvres, des cordonniers et des artistes. Maintenant ben… ce sont des bijoux. On se fait un plaisir d’explorer et Delphine déniche pour moi la petite note de musique la plus cutissime du monde, en ambre blanc, celui qui me tentait le plus. Il y a vraiment de très belles pièces, dont quelques unes associées à de la turquoise… malheureusement un peu hors de mon budget!

Une petite expo sur l’ambre, cette fameuse résine fossilisée, m’aurait bien donné envie d’aller voir le musée! Ici, on le trouve sur la plage, en creusant un peu, et il est ensuite poli. J’adore cette pierre.

L’église Ste-Marie, dont la construction a débuté en 1343, est hyper particulière. Elle abrite l’horloge astronomique, maintenant en rénovation, mais qui semblait vraiment belle. On a au moins une photo en grand. À l’intérieur, tout est blanc, avec, ça et là, des éléments originaux qui avaient été évacués et ensuite récupérés. Le toit et la voûte ont été brûlés en 45 mais le reste est d’origine.

D’abord une église catholique, elle est devenue protestante et l’est restée jusqu’en 1945, date à laquelle les allemands ont été expulsés et où l’église est redevenue catholique. Les protestants avaient recouvert les fresques de chaux, et c’est ce qui reste encore aujourd’hui. L’église comportant 512 pierres tombales, qui ont disparu avec la guerre et l’orgue provient quant à lui d’une autre église.

À l’intérieur, l’autel en bois recouvert de feuilles d’or, ainsi qu’une statue de Marie avec la pomme, pour illustrer le sacrifice de son fils pour effacer le péché originel. La famille Ferber, très riche et importante dans le pays, a marqué l’église et son nom est même inscrit sur le presbytère, juste en face.

Nous continuons 1 route vers la cour d’Artus, club ViP créé en 1350 pour les chevaliers et les membres de leurs familles. On y socialisait, on y mangeait et les différentes confréries étaient responsables de décorer « leur » coin. Vous pouvez vous imaginer le concours de luxe! Ceci a mené à un espace qui ressemblait à un musée. L’endroit a été reconstruit et est maintenant un musée et une salle de réception pour les politiciens. La longue cheminée abritait un poêle en faïence de 12m de haut. On rit pus!

Au coin de la rue, la route royale, celle que nos amis ont cherché hier, sans la trouver. Mais ils ont abouti au bord de l’eau, c’est toujours ça! Tout de suite, la statue de neptune datant de 1633, autre symbole de la ville (voir la photo en haut), juste devant la cour d’Artus. Dans la rue, boutiques et microbrasseries, le tout menant à la porte dorée, du 17e, aménagée en forme d’arc de triomphe. Au-dessus, côté ville, les vertus des citoyens : prudence, religion, justice et concorde. De l’autre, les caractéristiques de la ville : paix, indépendance, abondance et gloire. ,

Juste à côté, un bâtiment avec St-Georges au-dessus, la confrérie de St-Georges (ouais, original), faite de membres de la cour d’Artus qui n’appréciaient pas la venue et l’acceptation de tous les riches et notables de la ville dans leur club. Comme ils voulaient garder la tradition chevaleresque, ils sont partis ici.

Pendant que le reste du groupe retourne à l’hôtel pour se rafraîchir, nous décidons de traîner en ville pour mieux observer les façades et les reconstructions. En effet, comme cet endroit était le plus riche, près de l’hôtel de ville (le bâtiment avec l’horloge), il est le mieux documenté et la restauration est plus précise. Delphine a un petit faible pour les dragons et moi pour les fresques. Les enseignes sont super belles. C’est chouette de pouvoir se balader tranquillement, à notre rythme, en observant chaque détaillounet!

On en profite aussi pour traverser le pont et observer le symbole de la ville, mais d’en face. Vous savez, la vue qu’on voit partout. C’est vraiment beau et agréable comme balade.

En plus, on est over à l’heure au restaurant, situé près du centre ville, où en mange très bien, et où on goûte les pirogis, des gros raviolis farcis hyper hyper bons. Le resto est très chargé, plein de bateaux et de références à l’histoire de la ville, mais c’est bon et c’est ce qui compte.

Ensuite, on a repéré une microbrasserie que notre guide nous a conseillée, où on prend un plateau de dégustation… polonais! Six fois 150 mL. On a l’air de vraies soulonnes, mais à part un petit hoquet, aucun souci. Même que la route était fort fort droite et qu’elle ne bougeait même pas!

Une autre très belle journée!  À date, c’est vraiment bien!

Jour 96 – Vieille ville et histoire polonaise

Déjà septembre! Je commence donc mon avant-dernier mois de voyage en Pologne, alors que nous partons en visite guidée de Varsovie. Katerina, notre accompagnatrice et guide de Cracovie, laisse la place à Maria, guide de Varsovie, qui va nous faire visiter la ville. Le tout a commencé par une recherche intensive de la clé de la chambre que Delphine a trouvé le moyen de perdre, entre le moment où elle est revenue de déjeuner et le moment où elle a voulu aller aux toilettes. Dans la chambre. On a viré la chambre et nos valises de bord et on ne l’a JAMAIS retrouvée. Son séjour commence bien, elle!

 Aujourd’hui, c’est un jour spécial car c’est le 80e anniversaire du début de la 2e guerre mondiale pour la Pologne, alors qu’un village et des bastions avaient été attaqués par les allemands.  Du coup, plusieurs cérémonies sont prévues et plusieurs chefs d’état sont attendus. Vous ne pouvez pas vous imaginer le nombre de policiers au mètre carré… et le nombre de rues barrées. Miracle, on réussit à presque tout faire.

En fait, il me manque un peu de background historique sur la Pologne. Je fais faire du wikipedia ce soir, je le sens, ne serait-ce que pour avoir les grandes lignes de l’histoire du pays.  Ce matin, plusieurs ont les deux yeux dans le même trou parce qu’il y avait une boite de nuit tout près de l’hôtel. Bon, moi je n’ai rien entendu, hein… je suis tombée de fatigue tout de suite après avoir mangé, probablement la faute à l’avion. Du coup, j’ai dormi comme un bébé et je profite du voyage en bus jusqu’à Gdansk pour commencer mon billet du jour alors que tout le monde dort.

Nous commençons la visite par l’ancien ghetto de Varsovie, un peu plus loin de la vieille ville. J’aurais bien voulu faire un petit détour par le vieux cimetière juif mais je ne connais pas assez le groupe pour faire valoir mon grand talent légendaire. Je me garde une petite gêne. 

C’est vraiment horrible ce que le peuple polonais a vécu pendant la 2e guerre mondiale. Les allemands croyaient que Varsovie ne tiendrait pas une semaine mais elle s’est défendue un mois entier et ont fini par signer l’armistice le 28 septembre car ils manquaient de tout. Ceci dit, une résistance s’est organisée un peu partout en Pologne et la population a été franchement maganée. C’est que 2 semaines après, ce sont les Russes qui attaquaient l’est du pays! Des camps de concentration ont rapidement été construits, dont le camp d’extermination de Treblinka, à 80km de Treblinka. Les juifs de Varsovie ont aussi dû construire les murs du ghetto, un espace de 4km2 qui contenait 300 000 personnes. Après un an, le tiers était mort.  6000 personnes par jour partaient à Treblinka… et ne revenaient pas.

Nous pouvons admirer le monument aux morts du soulèvement du ghetto de 1943, dont Mordechaj Anielewicz et Marek Edelman. Suite à ce soulèvement, les déportations sont suspendues pendant quelques jours mais les allemands répliquent en anéantissant le quartier au lance-flammes. Les insurgés savaient bien qu’ils ne s’en sortiraient pas mais se sont battus pour la dignité. L’église catholique, qui semblait avoir un nom aryen, a quant à elle été épargnée. Les pierres du monument aux insurgés avaient d’abord été achetés pour construire un monument à la gloire de l’armée allemande… ironique de voir à quoi elles ont finalement servi.  De l’ancien quartier, il ne reste plus rien. Qu’un bout de mur.

Entre les juifs et les polonais, ce n’était pas toujours rose, mais ils vivaient depuis longtemps en relative paix. Les juifs sont venus en pologne au 13e siècle et à une époque, 80% des juifs européens étaient en Pologne. Une grande et belle synagogue avait d’ailleurs été construite pour maquer cette cohabitation somme toute réussie. Elle a été détruite, bien entendu.

Le musée d’histoire des juifs de la Pologne, tout près, est un magnifique bâtiment moderne, réalisé par des filandais, sur concours. Son architecture est pleine de symboles, notamment les vagues faisant référence à Moïse qui traverse la mer pour trouver la terre promise. C’est vraiment très très beau. Malheureusement, nous n’avons pas le temps de le visiter.

Plusieurs monuments aux déportés sont visibles dans les rues, que ce soit pour les camps allemands ou pour la Sibérie. Sur l’un d’entre eux sont inscrit 400 prénoms juifs et polonais et nous retrouvons des arbres cassés sur la devanture, symbole d’une vie interrompue de façon inattendue.

Nous nous dirigeons ensuite vers la nouvelle ville de Varsovie, la nowe miesto. Pendant l’occupation, les allemands ont dû agrandir le ghetto pour loger d’autres polonais et tout a été détruit, bien entendu. Toutefois, avant, il y avait des palais et des institutions, dont le tribunal. Ce dernier a été reconstruit de façon moderne, avec un toit transparent et des terrasses tout en haut. Question que les avocats relaxent, même si comme le dit Delphine, c’est fort rare, des avocats relaxes!

Le monument du 1e août 1943 est magnifique et il ne donne absolument rien en photo. Il est situé tout près du palais de justice et est divisé en trois parties, voulant représenter les gens qui se sont battus, ceux qui se promenaient dans les égoûts pour tenter d’aller d’un quartier à l’autre ainsi qu’un prêtre qui bénissait ceux qui entraient dans les fameux égouts…. Vu que plusieurs n’en sortaient jamais.

En 1943, les Russes n’étaient pas loin et les polonais ne voulaient pas qu’ils soient les libérateurs de Varsovie. Comme ils croyaient qu’ils allaient leur venir en aide, la résistance est sortie des divers cachettes et ont combattu ouvertement, avec le peu d’armes qu’ils avaient, en volant les casques des allemands pour se protéger un peu. L’ancre est le symbole de cette résistance, que les allemands ont combattu quartier par quartier. Les allemands ont gagné, bien entendu. Et tous les combattants ont été fusillés.

Nous continuons plus loin près de l’église de l’armée, pour aller voir l’extérieur du musée de Marie Curie (étrange, je venais de voir, il y a quelques jours, une autre de ses maisons à l’île St-Louis), qui est situé dans sa maison natale. Cette histoire, je la connais parce que j’avais un livre traitant de cette scientifique quand j’étais petite. Vous savez, la série blanche où chacun des personnages avait un ami imaginaire…. Me semble que celui de Marie était une petite éprouvette!

Bref, Marie Curie est née en Pologne et voulait étudier les mathématiques. La pologne était sous occupation russe et pour une femme, étudier, c’était même pas en rêve, surtout les sciences. Elle est donc allée à la Sorbonne, après avoir fait un arrangement avec sa sœur ainée Bronia qui y est allée avant elle faire sa médecine. Géniale, elle a fait la licence de maths en un an et celle de physique en un an aussi. Elle e st revenue en Pologne mais n’a pas pu y travailler (la faute à la jupe). Elle est donc retournée à Paris avec Pierre Curie, qu’elle a épousé, pour y poursuivre ses recherches. Elle a eu 2 prix Nobel, tout ça en étant la première femme à avoir un permis de conduire, la première femme à enseigner à l,université et la première femme au Panthéon. On raconte que la dame a transporté seule un gramme de radium en train de Paris à Bordeaux pour le protéger.

Nous continuons dans la vieille ville de Varsovie, la plus jeune « vieille ville » de la terre, vu qu’elle a été démolie, mais reconstruite à l’identique. Ici, quand l’intérieur des murs à double muraille a été trop petit, on a agrandi au bord de la rivière. Nous traversons donc les barbacanes faites avec des pierres du 14e récupérées ici et là. Ça en jette, quand même. Les maisons sont ornées et colorées et nous arrivons sur la place du marché, très belle, où trône une sirène, symbole de la ville, en son centre. Chaque maison a une petite particularité, une petite décoration et c’est vraiment agréable de s’y promener. On en perd un pendant quelques minutes mais il est finalement revenu. On a trouvé notre promeneur du groupe, je pense. Sur les maisons, qui étaient toutes bâties par des commerçants, des symboles pour diriger les gens qui ne savaient pas lire et expliquer la fonction du bâtiment. On fait le saut d’entendre dire « nègre » de façon très libre ici… Je suis restée bête.

Un peu plus loin sur la route, la cathédrale gothique anglaise, toute en brique (et qui ne ressemble pas du tout aux cathédrales anglaises que j’ai vues). L’église a été détruite car des insurgés s’y étaient cachés et ne pouvant y entrer par la porte e bronze, trop solide, les allemands ont dynamité un mur et fait entrer un tank à l’intérieur. Vous pouvez vous imaginer le résultat. Une seule chapelle a survécu, et elle contenait un Christ en croix, avec une barbe. On la croit maintenant miraculeuse.

Comme la route est fermée, nous ne pouvons visiter le palais royal mais nous, on avait fait hier alors ça va! On n’est pas trop déçues. On retourne au bus en passant devant une statue d’enfant pour honorer les jeunes qui pendant l’insurrection, montaient dans les arbres pour balancer des cocktails molotov sur les chars d’assaut hautement inflammables des allemands ainsi que devant une haute colonne en hommage au roi, dont la colonne de Vendôme est inspirée.

On se rend ensuite au parc Lazienki, grand espace vert en plein milieu de Varsovie. On devait voir la statue de Chopin mais elle était trop près des zones gardées pour les big boss.  So sad. Mais bon, nous voyons quand même le très beau palais et les ruines d’un théâtre romain.  Le canal qui y passe a été agrandi ainsi que l’île, construite sur pilotis, comme St-Petersbourg. En effet, une riche famille princière y avait un pavillon de bains, très beau et bien décoré. Le dernier roi de Pologne a tellement aimé l’endroit qu’il l’a transformé en petit palais. Petit… il faut s’entendre hein! Comme résidence d’été, c’est pas mal du tout.

Ce palais n’a pas été détruit car comme c’Était le plus beau quartier de Varsovie, les allemands y avait établi leurs quartiers et ils n’ont pas eu le temps de tout détruire avant de partir. En effet, en 1795, après 3 divisions de la Pologne, l’état polonais a été rayé de la carte et partagé entre la Russie à l’est, l’Autriche au sud et la Prusse au Nord. IL a fallu 123 ans pour récupérer l’indépendance polonaise mais les polonais ont toujours conservé leur langue et leur désir de pays. Bon, il y a certes eu le duché de Varsovie… mais ça n’a pas vraiment duré!

Nous passons devans le musée Chopin (un jour, un jour, j’irai) où se trouvent ses derniers pianos. On nous montre aussi une image du théâtre royal, où ne se jouent que les classiques Molière, Racine et Shakespeare et Corneille. En effet, le roi avait mis leurs quatre effigies au coin du plafond et on n’y joue qu’eux.

On mange dans un resto en sous-sol, tout voûté et très joli. Par contre, il y a des espagnols bruuuuyants… et qui nous parlent en espagnol et se vexent quand on ne comprend pas tout de suite. On a mangé du veau pané avec de la choucroute très très bonne, avec de la viande et des champignons. Pour boire, on avait du Kompot, une eau aromatisée et bouillie. J’étais over contente de manger des trucs typiques au lieu de la bouffe internationale d’hôtel.

Nous prenons ensuite la route pour Gdansk, dans le nord du pays. Mettons qu’on en a pour un moment alors notre guide en profite pour nous parler un peu de l’histoire (pas besoin d’aller sur wiki, finalement… ah oui pour l’orthographe des noms. Disons que c’est pas gagné).

La Pologne a été baptisée en 966, lors du baptême du premier souverain polonais. IL habitait la grande pologne et sa capitale était Gniezno. Le premier roi y a été couronné, à la cathédrale, en 1025. Le pays a atteit son maximum de puissance en 15e siècle mais par la suite, au 17e et au 18e, plusieurs guerres (Suède, Turquie) l’ont affaiblie, ce qui a mené à son déclin et au partage dont j’ai parlé plus tôt.

La liberté a été regagnée en 1918 mais n’a pas été une période facile… Le retour à la domination a eu lieu lors de la seconde guerre mondiale et suite à celle-ci, ce sont les russes qui avaient la main mise sur le pays, qui était communiste et privé d’un certain type de liberté.  À Gdansk, un premier syndicat libre, avec un életricien à sa tête, Lech Waleza, est apparu dans les années 80 et lors de la fin du communisme polonais, le 4 juin 1989, il a été élu premier président. Ä n’a pas té un succès… et comme plusieurs pays, le retour de la liberté et du libéralisme ne s’est pas fait sans heurts.

Tout a changé pour la Pologne en 1989. De pays très traditionaliste, ils sont passés à la modernité. Le taux de chômage a grimpé en flèche car des usines privatisées se révélant non-rentables ont été fermées. Déçus, les polonais ne l’ont pas réélu et ont opté pour un nouveau président plus charismatique… et ancien membre du parti communiste.

Actuellement, le taux de chômage est bas en Pologne, et encore plus dans les grandes villes. Beaucoup d’Ukrainiens viennent d’ailleurs pour trouver du travail.  Le salaire moyen est de 5000 zlotys par mois, mais le minimum est de 2250 zlotys. Le coût de la vie n’est pas très cher et ils ne veulent rien savoir de passer à l’euro! Toutefois, il y a beaucoup moins de petits agriculteurs. Si la Pologne est toujours catholique, de plus en plus de jeunes vivent en concubinage ou seuls. Le nombre d’enfants a diminué et l’âge du premier enfant a augmenté… comme partout ailleurs en Europe, quoi!

Au plan géographique, le Nord est plat tandis que le sud est très montagneux. La région de l’est, les lacs, est encore très proche de la nature et très rurale. Je suis limite déçue de ne pas la visiter. Va falloir revenir, comme on dit!

Nous arrivons à Gdansk, la perle de la Baltique, vers 19h30 et si j’avais bien décidé au départ d’aller explorer après le souper, disons que vers 21h30, j’avais  ZÉRO envie de ressortir et finalement, Delphine et moi sommes pratiquement les seules à ne pas être allées nous balader. Sauf que certains, que nous ne nommerons pas, sont partis sans carte et sans trop savoir où ils allaient! Du coup, ils se sont joyeusement paumés… et sont rentrés 2 secondes avant le gros orage du soir. À noter que moi, je n’ai rien entendu du dit orage, vu que je dormais!

Nous qui n’étions rien – Madeleine Thien

Le pourquoi du comment

Pour ce jour « canadien » de Québec en novembre, j’ai choisi un roman d’une autrice de Vancouver, que j’ai préféré lire en français parce que traduit par Catherine Leroux, que j’aime énormément. Et on en parle, de la couverture?

De quoi ça parle

Nous qui n’étions rien est la traduction de « Do not say we have nothing », titre que, personnellement, je trouve plus significatif que sa version française. C’est en effet un vers de la version chinoise de l’Internationale, ce qui, vous le constaterez, a un fort lien avec le récit.

L’histoire s’ouvre à Vancouver dans les années 1990, alors que Marie, jeune file d’origine chinoise vivant seule avec sa mère, voit arriver chez elle Ai-Ming. Cette dernière fuit la Chine en attendant de pouvoir passer aux États-Unis pour avoir une vie meilleure. Cet événement bouleversera Marie, qui refuse ses racines chinoises et idéalise son père, décédé à Hong Kong. Suite à cette rencontre, nous sommes propulsés dans une histoire dense et riche, qui nous transporte de la Chine des années 30 à la place Tian an men, le tout lié par le mystérieux ‘Livre des traces’

Mon avis

Cette histoire m’a bouleversée. Peut-être est-ce parce que j’ai visité la Chine il y a quelques années et à ce moment, entendre parler de la révolution culturelle par des gens de là-bas m’avait vraiment secouée. Je pouvais facilement faire des associations, ce qui fait que le côté dense et touffu du roman ne m’a aucunement dérangée, contrairement à d’autres personnes qui l’ont lu. C’est que les liens ne se solidifient que tardivement et qu’il faut avoir une idée du contexte pour bien comprendre toutes les implications des actions des personnages. D’histoire fractionnée, on obtient finalement un roman qui se tient parfaitement et qui nous donne envie d’en savoir encore davantage sur l’histoire de ce pays.

Marie, l’héroïne, est une jeune fille entre deux cultures qui rejette son côté chinois et qui va, à travers le fameux livre et son amitié avec Ai-Ming, accepter d’être la résultante de toutes ces histoires intriquées et pouvoir ainsi avancer. Mais ce qui frappe aussi, c’est l’évolution des façons de penser lors de la révolution culturelle, l’embrigadement et la façon qu’a eu le gouvernement pour diaboliser toute une partie de la population… et utiliser le peuple pour l’éliminer. Certaines scènes sont d’une grande violence, autant physique que psychologique, et nous pouvoir voir, graduellement l’art être interdit et la connaissance contrôlée. Les personnages, bien que nombreux, voient leur monde transformé, leur façon de penser changer et voir l’évolution du monde par les yeux de certains partisans de Mao fait mal au coeur.

Entre réalité et fiction, le livre des traces sert de fil conducteur, de quête et de mémoire. Des camps à l’exil, en passant par les manifestations et les accusations d’anti-communisme à tous vents, la souffrance est palpable et l’autrice réussit à nous faire ressentir le tout alors que, comme Marie, nous découvrons le destin des membres de sa famille.

Un roman à lire, avec un cerveau en forme… et peut-être de l’info sur l’histoire chinoise pas loin!

Un auteur canadien…

Jour 95 – Varsovie et Voie royale

Aujourd’hui, on part pour la Pologne. Comme toujours quand elle part en voyage (train, avion, même combat), Delphine est un vrai paquet de nerfs. On finit les bagages et on a un peu l’air de deux poules pas de tête. On avait l’air un peu nounounes, mettons. J’avais – encore – perdu ma brosse à dents, je ne savais pas quelles chaussures amener… bref la joie des départs. Finalement, ma valise est à moitié vide. J’ai limite peur.

Étrangement, on arrive à l’aéroport, on réussit à s’enregistrer, et Delphine repère illico les gens qui partent avec nous. Elle me fait aussi un petit « guide du Français en voyage de groupe » et j’avoue que j’ai peur. Ça semble être hyper différent du groupe foufou et soudé que j’ai eu en Turquie. Bref, ça a l’air qu’il faut que je m’attende à entendre chiâler, se plaindre et poser 20 fois les mêmes questions.

L’avion a une bonne heure de retard et en plus, je suis à côté du PIRE mec de la terre pour voyager dans un avion. Je n’étais pas sur le bord de la fenêtre (le gars à l’enregistrement a voulu nous mettre l’une à côté de l’autre) mais je n’ai pas trop fait la folle. Delphine va même pouvoir confirmer que je n’ai pas hurlé, ni fait d’hyperventilation. Bravo à moi… et prions pour que ça continue comme ça pour  mes autres vols.

Mais le mec, le mec…

D’abord, il ne savait pas comment s’attacher. Ensuite, il refuse de remonter son plateau pour le décollage et s’étale, s’étale… je suis pognée entre les deux (une chance que Delphine me laisse de la place). Il a pris possession de l’accoudoir et est ben écartillé. Quand l’hôtesse passe, il lui crie après en allemand pour avoir du café, fait semblant de ne rien comprendre…  Et son fun, c’est de passer devant moi avec son grand bras (sans déodorant) pour donner un truc à la serveuse. Et comme par hasard, son grand bras se frotte langoureusement sur mes lolos qui n’en demandent pas tant. La première fois, tu dis que c’est un adon, mais la troisième, il a pris la peine de tourner sa main! Gros gigon! Il a ensuite fait semblant de dormir pour ne pas avoir à remonter sa tablette et ne répondait pas aux hôtesses qui tentait de lui parler. Joyful. C’est la première fois que j’avais hâte d’atterrir pour me débarrasser du voisin et non pas parce que j’avais peur.  Delphine a bien fait sa française et l’a copieusement engueulé alors qu’il tentait de me passer carrément dessus (au sens propre) alors que les moteurs de l’avion n’étaient même pas arrêtés.  Voyez-vous, lui, il était pressé!

On récupère le groupe et on part à l’hôtel, en plein cœur de Varsovie. On dépose nos sacs et on repart presque tout de suite pour aller visiter la ville. On a pris des conseils de la part du réceptionniste à l’hôtel et on décide de commencer par monter en haut du PiNK, le musée de la science et de la culture, où se trouvent actuellement des sculptures de métal. On passe vite sur l’expo et préférons aller voir la superbe vue 360, à l’observatoire. J’aime toujours avoir une vue d’ensemble et, avouons-le, les hauteurs, j’aime bien. On repère avec les cartes et les plans et on redescend pour tenter de se rendre sur la Voie Royale.  Ah oui, Delphine a rentré tête première dans un panneau. Mais c’est la faute du panneau, il était trop bas et dans son chemin!

On réussit assez bien et on se retrouve sur cette longue artère qui menait le roi au palais. Les maisons ont été restaurées, c’est bien large, plein de boutiques et de bars à lait. C’est agréable de se balader dans cette allée animée.

On passe devant l’université, le parlement, ainsi que plusieurs églises dans lesquelles on entre. Le seul problème, c’Est que je ne sais plus du tout dans quel ordre on les a faites alors laissez-moi vous dire que pour trouver quelle photo correspond à quoi, c’est pas gagné.  Les églises sont souvent modernes ou alors très baroques.

Nous visitons la cour du palais royal, où se trouve maintenant un musée ainsi que des salles de réception.  À voir les formes dans l’un des murs, il devait y avoir une chapelle à cet endroit, et voir le soleil se coucher  à travers les fenêtres est de toute beauté. Nous traînons un peu longtemps dans les rues (les 20 minutes polonais semblent bien différents des 20 minutes Delphino-Karinesques, vu qu’on arrête partout prendre des détails en photo) et nous arrivons juste à temps pour rencontrer Katerina, notre guide polonaise, qui nous accompagnera tout le long du voyage, ainsi que nos compagnons. Nous sommes les bébés du groupe (encore) et j’attends de voir les comportements de chacun.  Il y a plusieurs voyageuses qui sont seules et on repère rapidement le clown du groupe. C’est aussi drôle de voir pourquoi certaines personnes ont choisi ce voyage particulier. Voyage de noces au pays de sa mère, voyage pour aller voir Ste-Faustine, ou encore par hasard.

Le buffet de l’hôtel est bon mais très international… j’espère qu’on va avoir des menus un peu plus typiques pendant les journées suivantes! Ah oui, Delphine a trouvé le moyen de perdre sa montre podomètre dans le hall de l’hôtel… je me demande bien comment elle a réussi ça! Et ça finit notre journée… somme toute, l’avion m’a fatiguée et hop, au dodo!

Jour 94 – Tour St-Jacques et Île St-Louis

Dernier jour avant de partir en Pologne. Que fait-on quand on est un peu hyperactive? On se booke deux visites guidées. Pas une. Deux. Sinon c’est pas drôle, hein!

La première, j’avais un peu sauté dessus. J’avais vu que Paris Zig Zag offrait des visites guidées de la tour St-Jacques, qui est l’un des monuments de Paris que je préfère. Vous pouvez vous imaginer que je n’ai pas hésité. La tour St-Jacques est en fait le clocher de l’ancienne église St-Jacques de la boucherie, disparue depuis 1797, alors que les pierres de l’église ont été vendues à l’exception du clocher. Un détail de l’acte de vente? peut-être. Ce n’est pas certain.

L’église de base a été construite vers les 11-12e siècles, selon les sources (dixit notre guide). Les bouchers étaient alors à l’extérieur de la ville (disons que l’odeurs des boucheries, ce n’est pas toujours glamour) et il n’y avait qu’un seul pont. L’accès était difficile et une petite chapelle a été construite. Deux siècles plus tard, les bouchers sont plus puissants et désirent une église bourgeoise. Paraît-il que Nicolas Flamel aurait été donateur et y aurait été enterré. Son portrait y était aussi sculpté et sa pierre tombale est encore à Cluny… après avoir servi d’étal pour épinards, selon la légende.

Au 16e, les bouchers sont de plus en plus puissants et veulent un bâtiment à la hauteur de cet aura de puissance. Une église gothique avec un clocher de 60m, ça le fait quand même pas mal, non?

Comme je le disais plus haut, à la révolution, les églises sont devenus symbole d’oppression et plusieurs ont été détruites. Pas celle-ci par contre… elle a été mairie de quartier mais vendue quand la dite mairie a manqué de fonds. Comme plusieurs autres, qui sont devenues usines ou carrières, elle a mangé une charmante go!

La mairie a racheté l’église en 1836 et a procédé à une restauration. Le square date de la même époque, mais la végétation, inspirée par l’exotisme colonial, était plutôt constituée de bananiers et de citronniers! Au milieu du 19e, le patrimoine religieux est en fort mauvais état, entre les révolutions diverses et variées. Napoléon 3, dans l’espoir de se faire aimer de la France royaliste et religieuse, lance un vaste programme, qui durera jusqu’à la fin du 19e. De plus, avec Mérimée et le roman Notre-Dame de Paris, le patrimoine est à l’honneur. Viollet Leduc et son assistant y ont travailler et ont tenté de restaurer… à leur sauce. Car c’est la spécialité du 19e que de faire une « meilleure version » des bâtiments… soit celle qui n’a jamais existé.

On a donc ajouté 28 statues. Certaines venaient de St-Jacques, d’autres de d’autres églises (oui, phrase bancale… je sais) et d’autres sont des imitations. Ce qu’on connait du gothique est donc probablement plus chargé que ce que c’était en réalité à l’époque.

Comme aucune restauration n’est éternelle, le clocher était très amoché à la fin du 20e et il a été fermé pendant 14 ans. À travers les années, il y a eu plusieurs curiosités ici. Des vitraux (alors qu’il y avait un carillon… avouez que c’est un peu ridicule), une station météo et un four à plomb au sommet. Mettons qu’il y a eu quelques incendies. On trouve aussi une statue de Blaise Pascal car il aurait fait des études ici, mais il y a quand même controverse car on ne sait pas s’il s’agirait de la bonne église St-Jacques… vu qu’il habitait à côté de l’autre

La visite était donc hyper intéressante. On termine par un moment de repos au sommet, où il y a une vue magnifique de Paris. Je ne me lasse pas de regarder cette ville. Et oui, je sais, j’ai pris 20 fois les mêmes photos.

Après avoir attrapé un sandwich rapido en chemin, je me dirige en trottinant vers le point de rendez-vous de la deuxième visite guidée, qui porte sur l’ïle St-Louis. Et là, je sens que je vais avoir du fun pour les photos parce que pour moi, mettons que les hôtels particuliers se ressemblent pas mal tous. Oups, oups, oups.

Je sais assez peu de choses sur l’ïle st-Louis, à part qu’elle est jolie sur les photos. C’était en effet l’ïle de la cité le coeur historique de Paris et l’île St-Louis appartenait au chapitre de la cathédrale Notre-Dame. Il y avait à l’époque 2 îles : l’île Notre-Dame et l’île aux vaches. St-Louis aurait aimé s’y promener et y aurait adoubé son fils. Henri IV aurait eu l’idée de l’urbaniser mais ce n’est que sous le règne de son fils, Louis XIII, que le projet voit réellement le jour, au 17e, même si ça ne fait pas plaisir aux chanoines de Notre-Dame. L’architecte Louis Le Vau a participé au projet et les habitations sont assez homogènes. Les plus belles habitations longeaient la Seine et d’autres, plus modestes, étaient au centre. Disons qu’il n’y avait pas beaucoup de place et que les jardins étaient rares.

Des ponts ont été bâtis, le chenal entre les deux îles a été bouché, des quais ont été construits. Le pont Marie, deuxième plus long après le pont neuf, a été construit en 1613 et était plein d’habitations. Celles-ci ont été interdites au 18e. Le Pont St-Louis a été bâti et débâti 7 fois et les péages ont été abolis en 1847… avant, tout le monde payait.. sauf les montreurs de singes. De là l’expression « monnaie de singe ».

Nous visitons et admirons plusieurs hôtels particuliers. L’hôtel le Charron, avec son escalier et sa mansarde à pouline pour le foin, l’hôtel de Jassaud, qui a été habité par Camille Claudel, l’hôtel de Chenizot, avec sa vieille façade et son heurtoir d’origine, l’hôtel du jeu de paume, l’hôtel de Lauzun, le fameux compte qui a voulu épouser la grande demoiselle, Mme de Montpensier, l’hôtel Lambert, qui a servi de caserne et où Chopin serait allé, dans le cadre du club polonais (ou quelque chose de polonais, du moins).

D’ailleurs, de nombreuses célébrités ont habité ces endroits luxueux. Michèle Morgan et sa rotonde, Cézanne, Rotchild, Marie Curie, Chagall, Pompidou, Sevran, Moustaki, Daniel Auteuil, Frédéric Vuittou, Jodie Foster, Beaudelaire… inutile de préciser que les appartements ne sont pas donnés!

Qui dit gens célèbre dit aussi excentricités. Le club des Haschinschins y a notamment vu le jour, à l’hôtel de Lauzun, avec Théophile Gautier et Beaudelaire comme membres. Fondé par le docteur Jacques-Joseph Moreau de Tours, il avait pour but d’expérimenter des drogues, plus particulièrement le haschisch, comme son nom le laisse présumer. Le frère de l’émir du Qatar avait de grands projets pour l’hôtel Lambert (dont une sombre affaire de garage) mais ça a soulevé des passions. Une entente a été conclue. Quant à Helena Rubinstein, elle a convaincu la ville que les fondations de son hôtel, l’hôtel d’Hesselin étaient branlantes, et a réussi à obtenir sa destruction pour en construire un nouveau… Je pense que finalement, il y a un bassin de natation sur le toit! On peut donc admirer un portail d’époque… sur un immeuble de 1935.

Nous finissons la visite par l’église Saint Louis en l’île, actuellement en restauration, mais connu pour sa tour avec son horloge perpendiculaire. Comme je n’ai pas de photos… j’imagine que je ne suis pas entrée à l’intérieur de cette église du 17-18e siècle de style classique. Paraîtrait que Landru y a été enfant de choeur et qu’elle a aussi accueilli soeur Louise de la miséricorde… anciennement Louise de la Vallière. Son bénitier est particulièrement joli.

Je finis la balade avec une visite rive gauche pour goûter et acheter des Turrons… et je rentre pour finir les valises. Demain, Pologne! Hiiiiiii!!

Kukum – Michel Jean

Le pourquoi du comment

Parce que je lis tous les romans de Michel Jean, particulièrement quand ils traitent des premières nations.

De quoi ça parle

Michel Jean nous raconte ici l’histoire de son arrière grand-mère, Almanda Siméon, jeune blanche mariée à un Indien (comme ils les appelaient à l’époque… amis du politically correct, ne pas taper) et ayant adopté leur mode de vie nomade. À travers le récit de sa vie, la beauté et le le drame de l’existence des Innus nous seront révélés petit à petit.

Mon avis

J’ai lu beaucoup de romans et de documentaires sur la vie des gens des premières nations. Mais on dirait qu’avec celui-ci, pour la première fois, j’ai Compris. Compris avec un grand « C ». Compris avec ma tête, certes, mais aussi avec mon coeur. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est la première fois que je ressens à ce point le choc de la perte, le coup de tonnerre qu’a été la fin imposée d’un monde, d’un mode de vie, ainsi que les répercussions qui se font sentir encore aujourd’hui, des décennies plus tard.

Michel Jean se met dans la peau d’Almanda Siméon, jeune femme de 15 ans au début du roman. Elle est fonceuse, avide de liberté et amoureuse de son beau Thomas, Innu nomade des Passes-Dangeureuses. Elle va l’épouser, le suivre dans le territoire et adopter le mode de vie près de la nature de la famille, vivant de chasse et de pêche, sur le territoire l’hiver et à Mashteuiatsh l’été. Tout au long du roman, nous verrons se développer son amour pour cette façon de vivre et d’appréhender le monde et pour ma part, j’a ressenti une réelle connexion avec cette femme ô combien différente de moi, mais qui voulait vivre à sa manière et suivre ses passions. J’ai donc vécu très intensément les événements qui ont suivi, vous pouvez vous l’imaginer.

Dans plusieurs romans de l’auteur, il y a cette quête d’identité, d’appropriation encore plus grande de ses racines innues. Dans « Elle et nous« , j’avais pu avoir une petite idée de ce qui s’était passé et on sent ici que la quête de Michel Jean est plus aboutie. On y retrouve la poésie de Elle et nous, le côté attachant des personnages et de savoir qu’ils ont réellement existé les rend encore plus touchants, plus palpables. La plume a pris de la maturité et j’ai aimé cette autre perspective sur la nation Innue, celle de la femme qui l’apprend peu à peu et qui la choisit. Et, en arrière plan, ce qu sublime cet histoire, c’est l’amour, le grand amour jamais niais mais omniprésent, fort, puissant.

Bref, j’ai adoré. Et je pense que c’est mon préféré de l’auteur à date.

Jour 93 – Yerres et Caillebotte

Aujourd’hui, on part à Yerres avec Delphine, pour voir Valérie-Hydromiel, et pour passer l’après-midi à la Résidence Caillebotte. J’adore Caillebotte, ce n’est pas une nouveauté, alors quand on m’a proposé, j’ai sauté sur l’occasion!

En matinée, je me suis éduquée un peu et j’ai lu le gros catalogue d’expo de Delphine, acheté à Jaquemart-André il y a quelques années. Et sérieusement, il est hyper bien fait. On y parle de la famille Caillebotte, surtout de Gustave et de son frère Martial, tous deux artistes, l’un peintre et l’autre photographe.  C’était une très bonne préparation pour la visite, en tout cas.

Caillebotte est né en 1848, dans une famille aisée, dont le père a fait fortune dans les draps, en fournissant l’armée. Du coup, ni lui ni son frère pourront vivre leurs passions et n’auront pas à travailler. Gustave était non seulement peintre, mais aussi mécène et collectionneur. Il a aidé ses amis impressionnistes (dont Renoir, son exécuteur testamentaire) et organisé quatre expositions impressionnistes vers les années 1880.  Comme il a pu suivre ses passions, il a été aussi architecte nautique et horticulteur et cette passion de l’architecture se ressent dans ses œuvres à la composition étudiée. Bref, un homme tout plein de ressources.

Martial, le petit frère, a pris de magnifiques photos, donc celle, brumeuse et très connue, sur la place du Carroussel, de Gustave Caillebotte. Il était aussi pianiste, compositeur et philatéliste. Talentueux, ces frères!

Nous nous dirigeons donc vers Yerres, à une demi-heure de Paris par le RER D. Aucun souci de RER, train à l’heure et tout et nous arrivons à la résidence, juste alors que le soleil se décide à sortir de derrière les nuages. Il nous attendait. Disons que la petite veste était pas mal inutile. Comme Miss Valérie s’était endormie devant la télé, nous l’avons réveillée et elle est accourue. Ça faisait un mautadit bout de temps qu’on ne s’était pas vues et c’était vraiment agréable de nous balader dans les jardins.

La propriété a été dans la famille Caillebotte de 1860 à 1879 et a été vendue suite aux décès rapides des parents Caillebotte. Dans le musée, on retrace l’histoire de la propriété de 1600 à nos jours, ainsi que les différentes modifications qui y ont été faites. Elle est propriété de la ville de Yerres depuis quelques années et la maison a été rouverte à la visite en 2017.

Les jardins sont hyper beaux, joliment fleuris et remplis d’arbres. Certains sont plantés pour les nouveaux bébés de l’année et il y a une rivière juste à côté, où les arbres et les feuilles se reflètent magnifiquement. Nous ne nous lassons pas de les regarder! De plus, certaines œuvres Markus Lupertz sont visibles dans le parc. Très particulier, mais j’aime bien.

Avant d’aller prendre le thé (tarte aux framboises délicieuse), nous nous arrêtons à l’orangerie pour la petite expo sur Charlotte de Maupeou, artiste contemporaine qui, entre autres, réinterprète à sa manière des classiques de la peinture. Bon, pour les reconnaître, je ne suis pas top et je n’ai reconnu que quelques Manet, Renoir et Vermeer… oups! Je manque de culture peinturale!

À l’intérieur de la maison, on a recréé le décor de l’époque des Caillebotte, avec une déco fin 19e. Ils ont réuni des pièces fort précieuses, même si ce n’est pas mon style préféré! On a entre autres récupéré les meubles de 1850, ayant été fabriqués par le mari de l’une des occupantes, l’orfèvre Biennais. Ah oui! Le chef Borrel, du fameux Rocher de Cancale, a déjà habité l’endroit. Riche histoire, je disais donc!  On y trouve ses fameuses recettes.

À l’étage, on parle des membres de la famille Caillebotte, et j’ai pu y apprendre que le demi-frère de Caillebotte, prêtre, avait eu sa propre chapelle dans le jardin et qu’il a aussi officié dans plusieurs églises parisiennes. Et ça, je ne l’avais pas appris dans le livre!

Tout en haut, une toute petite expo sur l’atelier de l’artiste, avec quelques tableaux de Caillebotte et d’autres représentations de l’atelier. Entre autres, quelques études pour les fameux raboteurs de planchers, dont il est intéressant d’étudier les différences avec le tableau final.

Retour sur l’heure du souper, on s’est bourrées de fromages, de pain frais (et chaud… Delphine a dû me l’enlever pour que je ne mange pas tout en route) et de flammekueche. Les bagages pour la Pologne sont preeeeeesque prêts, ceux pour l’Alsace aussi et j’ai eu un cours de « laveuse française » (sérieux… ces bestioles sont étranges… je trouvais que la mienne était lente… mais 2h45?!?!?!).

Dodo, vu que j’ai du boulot! Du lavage!

Jour 92 – Butte aux cailles et discussions canadiennes

Non, mais c’est LONG écrire des billets en retard?  Et pourquoi je finis toujours sur un site pas rapport ayant un lien plus ou moins évident avec ce que je recherchais au début hein? Bref, je suis pas d’une rapidité folle… et je passe la moitié de ma journée à tenter de m’en sortir un peu, tout en mangeant du melon et en buvant du thé.  Par contre, j’ai vu un tour guidé de la butte aux Cailles, et je m’y dirige, toute guillerette en après-midi. Profitons du beau temps, comme on dit!

La butte aux Cailles est un quartier que je connais peu, voire même pas.  Je ne suis pas certaine que j’y avais déjà mis les pieds. J’ai une forte tendance à rester rive droite, disons, était donné les endroits où j’ai logé. La guide, Sylvie, est hyper intéressante et je referais volontiers des tours avec elle. Elle a un souci de la vérité historique et sait passer les informations. Ceci dit, elle fait seulement des grands groupes hors été.  Les fameuses Cailles n’ont rien à voir avec les oiseaux mais font plutôt référence à la famille Caille, qui possédait ces terres. Le nom était, au départ, la « butte à Caille », et il s’est transformé avec les années. La butte était située juste à l’extérieur du mur de l’octroi et appartenait à la commune de Gentilly. Par contre, jusqu’au début du 20e, il n’y avait pas grand-chose à cet endroit car les terres étaient peu fertiles et comme la Bièvre, avec son lot de tanneurs et de bouchers, y passait, les odeurs faisaient fuir la population.  Il y avait bien des habitants mais pas de réelle urbanisation.

Sous la butte, des carrières, ce qui fait que les constructions ne peuvent pas être trop hautes ni trop lourdes, ce qui donne à l’endroit son aspect « village ».  D’abord quartier ouvrier, elle contient encore aujourd’hui ce qui reste des anciennes cités ouvrières, bien transformées et maintenant fort prisées. Tout le quartier s’est boboïsé et cet ancien repère d’étudiants fauchés n’est plus ce qu’il était. Quoique parait-il que les samedis soirs sont encore animés!

Nous empruntons donc la rue du moulin des prés (qui impliquait donc un vrai moulin à plâtre et un vrai pré) pour monter la butte et ainsi arriver à la place Paul Verlaine,  où nous pouvons observer les gens du quartier faire provision d’eau de source au puis artésien ainsi que la piscine art nouveau, d’abord construite comme bains publics, mais qui est encore ouverte aujourd’hui. Comme Verlaine était communard et que la butte aux Cailles a été le lieu de batailles, on l’a nommé en son honneur. Tout au bout de la place, une plaque commémorative pour le bicentenaire du premier vol humain en aérostat, en 1783. Ils sont atterris là un peu par hasard… mais ils ont atterri! L’aérostat a d’ailleurs utilisé dès les guerres napoléoniennes pour observer l’ennemi avec des ballons fixes et il a aussi servi pour faire passer du courrier… et faire sortir Gambetta pendant le siège de Paris. Il est arrivé un peu amoché par contre.

Dans ce quartier, rien n’est classé, ce qui donne à l’endroit un aspect assez hétéroclite et intéressant à la fois. Le street art y est à l’honneur et juste ça mériterait un tour à lui tout seul.

La place de la commune de Paris se trouve également dans le quartier. La commune, je connais peu alors j’essaie de résumer (en gros et certainement en bâclé et raccourci) ce qu’on nous a raconté, ne pas taper! Pour les parisiens, cet événement reste très important alors qu’en province, il l’est très peu.  Paraît-il qu’il a d’ailleurs été récemment enlevé des manuels d’histoire, allez savoir pourquoi. Elle a eu lieu à Paris en 1870-71, suite à la raclée qu’a subie la France face au Prussiens et aux conditions limite honteuses qui ont suivi. Les parisiens, témoins de plusieurs batailles, ont eu l’impression d’avoir payé plus que leur part et ont voulu faire de Paris une commune, soit, sortir de la France (ou un truc qui s’en rapproche) et tenter une approche plus sociale, avec le droit de vote pour les femmes et des programmes sociaux, entre autres.

Leur expérience a duré 3 mois car, vous imaginez bien que la France sans Paris, ça peut difficilement fonctionner économiquement. Du coup, Gambetta revient de Versailles (peut-être pas en aérostat cette fois) et met le siège sur Paris à l’aide des prussiens.  Une vraie guerre civile. Et les communards, pleins de fougue mais mal équipés, se retrouvent devant une armée entraînée et organisés. Ils se font massacrer. On ne dit pas « semaine sanglante » pour rien. On se souvient des tableaux montrant des combats entre les tombes du Père Lachaise…  Ici, à la butte, Walery Wroblewsky, un polonais, a de l’entraînement militaire et tient un peu plus longtemps. De là le fait que la place de la commune se trouve dans le quartier.

Le début de la troisième république n’a donc pas été de tout repos et la plupart des parisiens (on les comprend) n’ont pas levé le petit doigt pour la défendre, à ce qu’on peut lire. Surtout qu’ils devaient supporter la construction du Sacré-Cœur pour expier les péchés de la commune! Par contre, j’ai « le temps des cerises » de Jean-Baptiste Clément en tête depuis, en raison du resto autrefois coopératif et du fait que la chanson était devenu un véritable hymne révolutionnaire pendant la commune, bien qu’ayant été écrite quelques années avant. C’est vrai que quand on lit bien les paroles, on voit bien le double sens. Faut dire que Clément, journaliste, avait un méchant dossier auprès de la police, et qu’on le surveillait de près.

Nous continuons la visite avec les anciennes cités ouvrières. Le passage Barrault est joli mais il ne fait pas partie de ces ensembles, la plupart du temps construit avec des commanditaires religieux (ou autres) afin que les ouvriers aient des loyers salubres, avec eau potable et sanitaires.  La petite Alsace en fait partie, et a été construite pour les employés d’une usine de sucre. Commandité par un abbé qui voulait un joli bâtiment, l’architecte Walter l’a dessiné.. et comme il était alsacien, le résultat est celui-là. Il comporte 40 maisons et plusieurs cours.

La petite Russie a une histoire un peu différente. Les taxis Citroën avaient un problème avec leurs chauffeurs, qui avaient du mal à se déplacer en ville pour rejoindre leurs taxis (les transports en commun, c’était pas encore le top). Du coup, ils ont fait construire des maisons… avec les entrepôts et les garages en dessous. Ils engageaient des Russes car il les trouvait travailleurs et pas geignards. Une première vague est arrivée début 20e car « rouges » et une deuxième après 1917 car « blancs »… il devait y avoir toute qu’une entente dans la compagnie. On ne peut visiter l’endroit, toutefois, seulement pendant le festival des arts de la Bièvre.

Mes photos du coin ne donnent rien mais sérieusement, c’est joli et on ne se croirait pas à Paris. La villa Daviel, également ancienne cité ouvrière, est magnifique avec ses jardins fleuris. Dommage pour la vue et le bâtiment horrible au fond!

Nous terminons la promenade et je vais visiter l’église Ste-Anne de la butte aux Cailles, bâtie sur pilotis car le sol était trop instable. On se demande pourquoi ils n’ont pas juste changé de lieu pour l’église… mais bon, ils étaient persévérants. L’église en soi est assez moche et fait « bloc ». Toutefois, les vitraux, encore complets et datant de 1938, de l’atelier Mauméjean. Encore une fois, en photo, c’est pouiche… mais en vrai, avec le soleil et les couleurs, c’est assez spectaculaire.

Je poursuis donc à pieds, vu que j’ai rendez-vous Edgar Quinet à 19h30 et je fais un détour par la cité universitaire, que je voulais visiter depuis longtemps. C’est impressionnant, un si grand espace vert et non confiné à Paris et si l’entrée monumentale est très belle, j’ai été un peu déçue par les pavillons du monde, que j’imaginais un peu moins… boîte carrée avec un petit truc en plus. En fait, je crois que pour voir les spécificités, il faut prendre une visite guidée et aller à l’intérieur.  Un jour, peut-être.

Je reprends mes pattes et retrouve Delphine et son ami Denis pour manger mais surtout pour parler du Québec. Il y part en septembre pour 12 jours et il a tout un programme!  On jase expressions québécoises, accent, histoire des lieux et climat politique actuel. D’habitude, je suis un pas pire guide touristique et on passe une très chouette soirée. En fait, le monsieur est encore PIRE kid kodak que moi. Et il parle encore PLUS! Imaginez le tapage!  Quant à miss Delphine (qui ne donne pas non plus sa place), imaginez-vous qu’elle avait tellement envie de nous voir qu’elle est arrivée avec plus d’une demi-heure de retard… en essayant de nous faire croire que c’était la faute du métro!  Pfffff… à d’autres!

Bon, dodo… demain, on va à Yerres, vendredi, on se prépare et samedi, l’avion… J’aime pas l’avion, vous vous en souvenez?

Jour 91 – Paris romantique et coulée verte

J’avais prévu une journée tranquille aujourd’hui. Histoire de reprendre mon retard de publication, de lire un peu et, sait-on jamais, de publier aussi les billets-livres qui traînent dans mon ordi… bref, ça s’est pas passé comme ça. Oups. Pourtant, j’avais même ouvert mon ordi de bon matin! Sauf qu’imaginez-vous que Delphine m’a menacée à distance… menacée de m… le gros mot. Celui qui me fait me boucher les oreilles en faisant des « lalala » le plus fort possible. Ménaaaaage!

Du coup, je suis sortie!

Je me suis donc dirigée vers le Petit Palais, avec beaucoup d’avance. Beaucoup d’avance, c’était avant que je réalise qu’il n’y avait pas moyen d’acheter un billet à mon entrée habituelle… et qu’il fallait que je trouve l’autre entrée.  J’ai texté Delphine, mais elle était encore trop occupée à se moquer de moi parce que j’avais lavé une canette vide, vu qu’elle l’avait mise dans le lavabo. Ben quoi, j’essaie de faire ma part.  Genre… la vaisselle. Et puis, sait-on jamais… laver les canettes vides est peut-être une bizarrerie française! J’ai eu un mal de chien, en plus… mais bref, il semblerait que c’était juste un moyen de l’égoutter… et que tout son bureau s’est bien foutu de ma gueule!

Donc, Petit Palais. J’ai trouvé l’entrée, j’ai trouvé la sortie (pas la bonne, sinon c’est pas drôle… encore que devoir traverser place de la concorde, c’est toujours drôle), et au pas de course au Petit Palais, pour attraper la visite guidée de l’exposition Paris Romantique. Ah, oups, une autre épreuve… la sécurité. Qui m’a fait vider TOUT mon sac (comme aux gens devant d’ailleurs), en me demandant même de prouver que ma liseuse (jaune flash, je le concède) était bien une liseuse.  Quel zèle! Toujours est-il que j’y suis arrivée et que j’ai pu faire la visite guidée.

L’expo est très intéressante, du moins pour quelqu’un qui ne connaît pas vraiment la période.  Genre, moi. Elle est divisée par période et par quartier parisien et nous nous baladons donc de 1815 à 1848, du palais des Tuileries aux grands boulevards, en passant par le Palais Royal. Nous voyons aussi défiler la royauté de l’époque et sommes témoins des différentes révoltes, tout en revivant le Salon, ce fameux Salon qui fait rager dans L’œuvre de Zola.

On y voit des tableaux, des sculptures, mais aussi des arts décoratifs et des vêtements d’époque, qui nous permettent de mieux comprendre la vie parisienne (surtout la riche vie parisienne) de l’époque.  Cette période était certes effervescente mais aussi bien troublée. En 1813-14 s’est tenue la bataille de France pour stopper Napoléon 1e , qui s’est conclue par la bataille de Paris, avec la chute de la dernière barrière, celle de Clichy et l’abdication, 6 jours plus tard, du dit Napoléon. Ceci a été fort représenté dans l’art également.

Autre chose ayant influencé l’art de l’époque, le retour de la royauté, avec Louis XVIII, frère de Louis XVI, revenu d’exil. Il fait restaurer les Tuileries et s’y installe, avec sa famille. Ils ne sont pas hyyyyper populaires, à l’exception de la ducherre de Berry, arrivée en 1816 pour se marier au duc de Berry. Prématurément veuve avec une petite fille et enceinte, elle est très tendance, tant au niveau de la mode que de la décoration, et n’hésite pas à décorer et à redécorer ses appartement, osant toutes les nouveautés, par exemple, les meubles en bois clair, totalement nouveaux pour l’époque.

Puis, en 1830, les trois glorieuses, qui mettront Philippe-Égalité sur le trône. Ouais, je sais… quatre 30 sous pour une piastre, comme on dirait. Toutefois, il tente de se rapprocher du mode de vie des bourgeois et même les portraits sont moins ostentatoires. Le prince héritier, Ferdinand Philippe, est très cultivé et est aussi protecteurs d’artistes contemporains tels qu’Ingres et Delacroix. Mort prématurément, l’héritier devient donc son frère, le duc de Nemours, amateur du grand siècle mais aussi de l’éclectisme. Le meuble de Cremer exposé est juste trop beau. 

On croise aussi dans l’expo la princesse Marie d’Orléans, sculptrice de son état. Comme elle était une femme, elle ne pouvait avoir de modèles vivants en peinture et autant elle que son maître se sont lassés… et ont dont passé à autre chose. L’élève a vite dépassé le maître, paraît-il et on peut voir l’une de ses œuvres dans l’expo.

Par la suite, direction Palais Royal, très à la mode à l’époque. Ancienne propriété du Cardinal de Richelieu, il avait été légué au roi et Louis-Philippe, pour éponger ses dettes, avait fait faire des lotissements tout autour, avec des boutiques et des restaurants. Au début, il s’agissait de barraques en bois mais elles ont été restaurées pour devenir les galeries d’Orléans, dont il ne reste que les colonnes aujourd’hui.  C’était hyper à la mode, très fréquenté et certains restaurants étaient célèbres. Bizarrement, les galeries ont baissé en popularité lors de l’interdiction de la prostitution et des jeux de hasard. Bizarrement. S’y trouvait la fameuse « belle limonadière », pour Balzac la plus balle femme de Paris, qui l’a inspiré dans son œuvre.

Comme il y avait des boutiques, l’expo nous montre un peu la mode de l’époque, avec le changement de la silhouette féminine et l’apparition des dandys venus d’Angleterre. Ces hommes chics qui aimaient l’originalité portaient une redingote, plusieurs gilets (qu’ils changeaient dans la journée), souvent un haut de forme (évasé, à bords larges) et surtout, accessoire indispensable, une canne. Il y avait plus de 200 boutiques de cannes à Paris à l’époque, toutes plus élaborées les unes que les autres. La fameuse canne à ébullition de turquoises de Balzac (aujourd’hui au musée Balzac) est d’ailleurs fort célèbre et a été maintes fois caricaturée.

Pour les caricatures, il y avait certes la presse, mais aussi la petite statuaire. Nous pouvons voir plusieurs œuvres de Jean-Pierre Dantan, célèbre à l’époque. Ah oui, il y avait aussi des flûtes en cristal… curiosité!

J’ai beaucoup aimé la salle réservée au Salon. Certes l’accrochage était moins dense qu’à l’époque, où les tableaux étaient accrochés jusqu’au plafond, au grand désespoir de certains artistes. Dans ces années, on a vu l’arrivée du style romantique, s’inspirant de la littérature, d’abord en peinture, puis en sculpture. Les années se suivaient mais ne se ressemblaient pas. En 1831, seulement 2% de refus contre 40% deux ans plus tard, ce qui a donné naissance au fameux « salon des refusés ». Dans la salle, de nombreuses œuvres ayant été exposées dans le fameux salon.  Aussi, plusieurs œuvres étaient inspirées de l’actualité, dont la bataille de Missolonghi, en Grèce, alors que ce peuple se battait pour son indépendance.  Le monument pour Markos Botsaris est particulièrement émouvant.

Dans la salle réservée à Notre-Dame de Paris, on trouve des références au roman de Victor Hugo, qui a mené à la restauration de la cathédrale, très endommagée pendant la révolution, et à la redécouverte des quartiers médiévaux. Tout de suite célèbre, de nombreuses œuvres y font référence.  On trouve aussi, tout près, un reliquaire d’Héloïse et Abélard. Étrange!

À la suite d’un conflit, entre autres, pour la liberté de presse, surviendront les trois glorieuses, fin juillet 1830. C’est une époque révolutionnaire sur plusieurs plans, notamment en théâtre avec la commotion que créa Hernani de Hugo, et en musique, avec la symphonie fantastique de Berlioz, œuvre autobiographique inspirée des sentiments qu’a eus le compositeur face à Faust, aux symphonies de Beethoven… et pour une femme, of course!  Beau moyen pour cruiser un peu!

Nous pouvons aussi contempler le moulage du génie de la liberté qui trône en haut de la colonne de juillet, inaugurée à Bastille dans ces années, ainsi que certaines premières versions de statues pour le bénitier de la Madeleine, inaugurée en 1842. Disons qu’elles étaient un peu trop… suggestives pour une église. Dommage, elles étaient magnifiques.

Aussi à cette époque, le retour des cendres de Napoléon 1e et le concours, remporté par Visconti, pour sa sépulture.  Si je dis « pas mon style », ça vous parle?

Ensuite, quartier latin, quartier des étudiants et où ils se baladent le dimanche en compagnie des fameuses « grisettes », jeunes travailleuses qui craquaient pour un – ou des – étudiant(s) et qui peuplaient les fameux bals. Une série de lithographies de Gavarni nous les présente, et j’adorerais la voir en entier.  Plusieurs œuvres représentent ces bals, surtout celui de l’opéra, bal costumé, ainsi que la descente de la Courtille, ayant lieu au mardi gras, à la fin du carnaval.

Direction « Nouvelle Athènes », haut lieu des artistes, où logeaient notamment, au carré d’Antin, Chopin, George Sand, Dantan (dont j’ai parlé plus haut), les Dubufe, Alexandre Dumas père et Marie Taglioni, celle qui a popularisé la danse sur pointe dans les Sylphides.  Zimmerman, pianiste, y organisait des soirées musicales ou son voisin Chopin venait jouer et où Liszt était aussi occasionnellement invité. Et vous savez quoi? Il y avait le tableau sur le dessus de mon livre « La vie de Liszt est un roman ». Je suis tombée en admiration!

Les grands boulevards, avant Haussmann, étaient bien différents de ce qu’ils sont aujourd’hui. Entre autres, le boulevard du Temple (ou boulevard du Crime), abritait 8 théâtres où étaient joués des mélodrames qui soulevaient les foules et où les Méchants et la Vertu s’affrontaient à grand renfort d’hémoglobine. Devinez qui gagnait? Frédérick Lemaître, grand acteur, a pour sa part choisi de jouer le truc satiriquement (et qui a fait exploser de rire au lieu de pleurer). La pièce a été un succès et plus tard, Victor Hugo écrira pour lui le rôle de Ruy Blas.

Le ballet prend son autonomie, les décors et la mise en scène évoluent… bref, grande période pour les arts.

L’expo se termine avec la révolte de 1848, qui a mené à l’abdication de Louis-Philippe, à la fin de la monarchie de juillet et au début de la république proclamée par Lamartine (me semble… cette partie n’était pas claire). Pour se rappeler l’événement, le bureau fracturé de celui-ci, laissé derrière dans la hâte. Et je sens que je vais devoir faire des recherches sur cette révolution-là… ça devient complexe, tout ça! On peut voir les fameuses poires de Daumier, qui reflètent l’évolution de la popularité de Louis-Philippe.

J’ai fait une mini balade dans le reste du musée mais après les 2h et quelque de la visite, j’étais un peu saturée (ouais, ça m’arrive) alors je me suis dirigée vers Bastille vu que j’avais en tête de me balader dans la coulée verte depuis des mois. Et que je n’y étais jamais allée.  J’ai même résisté à magasiner dans les petites boutiques du viaduc des arts (mais j’y retournerai) vu que je me doutais bien que j’allais craquer et que je n’avais aucune envie de me trimballer ça pendant toute la marche, à 33 degrés! Pour ceux que ça intéresse, l’entrée est rue de Lyon.

La promenade est vraiment jolie et fait environ 4,5 km. Elle a été aménagée la plupart du temps au-dessus des rues du 12e, avec quelques passages au  niveau du sol, dans une ancienne voie de chemin de fer et c’est vraiment chouette pour voir ce quartier peu connu d’une autre façon. La promenade est plantée d’arbres divers et variés. Autour, autant des immeubles Haussmanniens que des immeubles modernes, et l’animation des rues.   J’ai bien profité de la balade, flânant ici et là et regardant les gens pique-niquer tranquille.  Je me suis rendue au bout… puis, il a fallu sortir, pour retrouver un métro, vu que je devais rejoindre Delphine chez le fromager. Et là, ça a été folklo.

En fait, je savais très bien où j’étais, je savais très bien où je voulais aller, mais j’étais 8m au-dessus du sol, câline! Et je n’avais aucune foutue idée de la façon de descendre. J’ai bien envisagé la descente en rappel le long d’un viaduc mais le fait que je sois en robe a un peu freiné mon élan.  On va laisser faire le spectacle de mon string à la Bridget Jones en pleine rue parisienne!

J’ai donc rebroussé chemin… pour me retrouver sur la petite ceinture du 12, une autre ancienne voie de chemin de fer, que j’ai trouvée super belle, avec ses rails encore visibles et tout ce qui va avec. J’aime quand la nature reprend ses droits et finalement, je suis contente de m’être trompée.  Ya juste que Delphine a dû aller seule faire les courses, parce que je suis arrivée… une heure plus tard que prévu. 

Comment on dit… oups???

En soirée, j’ai eu un cours d’aspirateur (je me souviens où est le truc, et du fait qu’il faut le brancher… c’est bien, non?) et on s’est fait un petit vin et fromages et melon en discutant Pologne (c’est bientôt!). Tout ce que j’aime! En fait, cette semaine, ma vie est relax… mais pas mal cool!