Les ignorants – Récit d’une initation croisée – Étienne Davodeau

Le comment du pourquoi

Quelqu’un en a parlé dans les commentaires d’un autre billet, dans la BD de la semaine. Il était à ma bibliothèque alors j’ai plongé dedans. Et bon, le vin, ça me parle.

De quoi ça parle

Étienne Davodeau s’invite chez son ami, Richard Leroy, vigneron angevin qui cultive avec amour ses parcelles pour faire du vin bio, à l’huile de coude. Pendant un an, ils vont vivre au rythme l’un de l’autre et découvrir leurs univers respectifs.

Mon avis

Une cuvée, une BD… c’est presque pareil, non? Ah non? C’est certes bien différent, mais le soin apporté à chacune des étapes, la difficulté à laisser aller leur bouteille ou leur livre, le temps et l’énergie nécessaires… il y a quand même des similitudes. Ceci dit, c’est l’histoire de deux personnes qui s’immergent dans la vie de l’autre. Davodeau ne connaît rien au vin. Leroy rien à la BD. Et vous savez quoi? À la fin, ils ne seront pas non plus des experts. Le goût de Davodeau ne sera pas encore au top et Leroy n’arrive pas du tout à comprendre l’influence l’univers de Moebius, mais une porte sera ouverte et pour le lecteur, c’est un réel plaisir que d’assister à leurs expérimentations.

Ces deux métiers, ils sont exigents et j’ai adoré me plonger dans le monde de la viticulture à petite échelle. Leroy a des convictions. Il est pour le travail manuel, il veut être proche de sa vigne, de sa terre (qu’il considère comme étant presque vivante), veut utiliser de moins en moins de souffre et est fan de la biodynamie, principe auquel la scientifique en moi à du mal à adhérer. Ceci dit, comme le viticulteur le dit : il s’en fout, lui, il aime mieux les vins qui sont faits comme avec cette méthode. Il a des idées bien arrêtées (le voir demander de l’eau en bougonnant… j’étais morte de rire) mais aussi envie de tenter la BD, sur les conseils de son ami. Ce n’est pas toujours une réussite! Les visites aux auteurs, dans les maisons d’édition… c’est aussi très agréable, même si, pour ma part, je connais davantage.

J’aime le détail du dessin de Davodeau (mais ça, je savais), son souci du détail. Du coup, j’ai passé un excellent moment de lecture et j’ai aimer apprendre à découvrir ces deux personnes – et leurs copains – par le biais de l’amour de leur travail respectif.

C’était donc ma BD de la semaine et tous les liens sont chez Stephie!

Royal – Jean-Philippe Baril-Guérard

Le comment du pourquoi

Parce que j’avais adoré l’humour noir et le ton de « Manuel de la vie sauvage« !

De quoi ça parle

Je vous mets ici la présentation de l’éditeur parce que ça dit tout… et que vous aurez en prime une idée du style très… particulier de l’auteur!

« La faculté de droit de l’Université de Montréal est le dépotoir de l’humanité. Tu le sais : t’en es le déchet cardinal. Tu viens de commencer ta première session, mais y a pas une minute à perdre : si tu veux un beau poste en finissant faudra un beau stage au Barreau et si tu veux un beau stage au Barreau faudra une belle moyenne au bacc et si tu veux une belle moyenne au bacc faudra casser des gueules parce qu’ici c’est free-for-all et on s’élève pas au-dessus de la mêlée en étant gentil. Être gentil, c’est être herbivore, c’est se vautrer dans la médiocrité, et toi tu comprends pas la médiocrité, tu aimes pas la médiocrité, tu chies sur la médiocrité. Toi, t’es venu ici pour être le roi de la montagne, et le début des cours, c’est le début du carnage. »

Mon avis

C’est un roman grinçant, décapant, entre drame, comédie et film d’horreur, il m’a entraînée là où je n’aurais jamais pensé aller. Parce que bon, entendons-nous, la faculté de droit et ses turpitudes, ce n’est pas du tout ma tasse de thé. La course à la réussite, à l’argent, à la superficialité (qui est, selon notre narrateur, un choix… vive la liberté), très peu pour moi. Mais le ton, le ton… je m’en suis totalement délectée.

Le personnages principal est un être ignoble. Tout de suite, on le prend en grippe. Il est sexiste, méprisant à tous les niveaux et son unique quête, c’est d’avoir les meilleures notes, bien paraître, pour avoir le meilleur stage, donc la meilleure job payante plus tard. Il le dit, cash, comme ça. Il est vulgaire, il est presque fier de son attitude et le choix de la narration au « tu » nous implique beaucoup trop à notre goût parfois. Pour lui, la fin justifie les moyens. Il est sûr de lui, sûr de sa supériorité, et de l’infériorité d’à peu-près tout le reste de l’univers.

Puis, ça va craquer. Et on est aspiré dans la spirale de l’angoisse, on dérape vers la folie, et on perd prise.

Le roman est cynique, décapant, le portrait de certaines classes de la société est sans concession et le traitement de l’obsession de la performance est presque du registre du roman d’horreur. Et la fin… les dernières phrases sont glaçantes.

À découvrir, donc! En fait, l’auteur est à découvrir!

Warbreaker – Brandon Sanderson

Le comment du pourquoi

Je pense que c’est Emily Fox, booktubeuse québécoise qui chronique en anglais, qui m’avait donné envie de le lire. Mais bon, quand même… ça reste Brandon Sanderson!

De quoi ça parle

La guerre plane sur le royaume d’Idria. En effet, le royaume voisin et rival, Hallandren, le menace. C’est l’histoire de deux princesses, Siri et Vivenna. Vivenna, l’aînée, parfaite et favorite, est destinée au God King de Hallandren mais quand vient le moment, le roi d’Idris envoie plutôt Siri, sa fille cadette, pas élevée pour ça et un peu rebelle. Vivenna va donc partir incognito pour Hallandren pour tenter de sauver sa soeur.

Mon avis

Brandon Sanderson, c’est une valeur sûre. J’ai pris celui-ci car je croyais que c’était un one shot (alors qu’il y aura, peut-être, hypothétiquement, une suite) et que l’idée de la magie, avec les Biochromatic breaths que les gens peuvent accumuler me plaisait beaucoup. Et sincèrement, une épée magique assoiffée de sang comme personnage secondaire… comment résister? J’adore Nightblood!

Comme toujours avec l’auteur, je ne me suis pas ennuyée une seule seconde. Il réussit à créer un monde somme toute complexe (quoique réduit dans ce cas précis), des personnages avec de la profondeur, tout en nous offrant une histoire qui se tient et qui nous fait tourner les pages à toute vitesse. En plus, c’est hyper accessible comme fantasy. Sincèrement, ce roman ne devrait faire peur à personne.

J’ai adoré découvrir l’univers avec les deux protagonistes, qui évoluent énormément, qui doivent rapidement remettre en cause ce qu’ils ont appris ainsi que leurs valeurs pour pouvoir survivre, l’une dans les bas-fonds de la ville et l’autre dans un palais où elle ne sait absolument pas à qui faire confiance. Les complots sont partout, le danger rôde à chaque coin de rue et les gens ont tous des agendas cachés, et ce dans tout Hallandren. Bref, c’est passionnant.

Le roman explore les jeux de pouvoir, les malentendus, les perceptions différentes ainsi que les religions, ce qu’elles sont censées être et ce qu’elles sont vraiment. Tous et chacun sont manipulés et j’ai beaucoup aimé le point de vue de Lightsong, dieu car revenu à la vie car mort en héros, qui se demande bien ce qu’il a bien pu faire, m’a énormément plu. Bref, génial.

L’écriture est très visuelle, presque cinématographique, et si l’intrigue est moins complexe que Mistborn, c’est tout de même un roman passionnant qui se dévore!

Les Zola – Marcaggi/Chemama

Le comment du pourquoi

Parce que Zola.

Je pense que ça suffit.

De quoi ça parle

Tout le monde connaît Zola auteur. Pour ma part, j’ai lu les 20 tomes des Rougon-Macquart. Dans l’ordre. Du coup, je connais une partie de l’oeuvre, mais assez peu l’homme. Dans ce roman graphique, nous rencontrons les femmes de la vie d’Émile Zola, et nous verrons également comment celles-ci ont influencé son oeuvre.

Mon avis

Entendons-nous, je pouvais difficilement ne pas aimer. Ce roman graphique met en avant Gabrielle / Augustine, la femme de Zola, celle qui a tout sacrifié pour son monstre littéraire de mari parce qu’elle croyait en lui et en son talent. Le portrait qui est ici dressé est celui d’une femme de son époque, certes, mais d’une femme forte, qui en a vu d’autres. Elle a rencontré Emile Zola alors qu’il n’était pas connu et qu’il n’avait pas un sou. Elle, elle posait pour Manet et connaissait bien Cézanne, alors grand ami de Zola. Vous savez, le déjeuner sur l’herbe? Elle, c’est la femme derrière, en robe blanche, dans l’eau.

Nous suivons aussi la création du cycle des Rougon-Macquart, nous voyons Zola et sa femme se balader dans les Halles de Paris, nous comprenons l’influence du bruit des vagues et on nous propose une explication au Docteur Pascal. Je pense que ce que j’ai préféré.

Nous rencontrons aussi Jeanne, maîtresse de Zola, nous le voyons naviguer à travers les affres de l’affaire Dreyfuss, se brouiller avec Cézanne, réagir aux critiques et au succès, ça donne envie de se replonger dans Zola, de relire certains tomes des Rougon-Macquart. En plus, le dessin me plaît beaucoup.

À lire pour tous les fans de Zola. Et aussi pour ceux qui ne l’aime pas, question de le voir son côté fort humain, fort faillible aussi. Bref, good pick!

C’était ma BD de la semaine!

Tempêtes – Andrée A. Michaud

Le comment du pourquoi

Parce que j’avais envie de lire autre chose de Andrée A. Michaud pour Québec en novembre. Et puis, oups… j’ai oublié le billet!

De quoi ça parle

Marie Saintonge se rend dans le chalet isolé de son oncle qui s’est récemment suicidé, tout près de Cold Mountain. Suicide auquel elle ne croit nullement d’ailleurs. Peu à peu, l’ombre de la montagne et son grondement déteint sur elle, alors qu’elle se retrouve dans un huis clos très anxiogène.

De l’autre côté de la montagne, Ric Dubois est installé dans un camping où tout le monde se connaît, pour terminer un manuscrit, celui d’une personne morte elle-aussi dans des circonstances étranges. Des pluies torrentielles s’abattent sur le camping et des événements tragiques commencent à survenir autour de lui.

Mon avis

J’ai refermé ce roman… et je n’étais que perplexitude. J’avais l’impression d’avoir manqué quelque chose, tout en ayant passé un bon moment de lecture, principalement en raison de la plume évocatrice et poétique d’Andrée A. Michaud. Sauf que, sincèrement, je ne suis pas du tout certaine d’avoir bien compris le vrai lien entre les deux histoires, ni d’avoir vraiment saisi ce qui c’était passé à l’ombre de cette montagne incarnée, vivante, effrayante.

Parce qu’ici, la montagne est un réel personnage dans l’histoire. Nous sommes presque toujours à la limite du surnaturel et j’ai eu l’impression qu’on traversait à l’occasion la dite frontière. Sans en être certaine. En fait, j’ai lu ce roman à mon retour, en pleine folie furieuse de novembre et peut-être que je n’ai pas pu m’y impliquer autant que je l’aurais voulu. Pourtant, pendant ma lecture, j’y étais, à Cold Mountain. Je l’entendais gronder, elle pesait sur moi, carrément. J’ai surtout apprécié l’histoire de Marie car j’aime beaucoup explorer la fuite de la réalité, la chute vers ce qu’on peut appeler la folie. Sa vision des choses devient de plus en plus étrange, on la sent glisser et j’ai été fascinée.

Et là… on a changé d’histoire. Et cette autre histoire, toujours aussi riche en atmosphère, m’a beaucoup moins intéressée. J’ai eu l’impression que l’autrice avait eu envie d’écrire deux histoires, n’avait pas su laquelle choisir et avait finalement rabouté le tout ensemble. Bref, je suis un peu mitigée.

Toujours une aussi belle plume, mais pas aussi charmée que je l’avais été par Bondrée, dont l’ambiance m’avait happée… et gardée captive.

Milly Vodovic – Nastasia Rugani

Le comment du pourquoi

La couverture. Non mais regardez-là! A-t-on besoin de davantage d’explications?

De quoi ça parle

C’est là que ça se complique. Parce que d’expliquer de quoi ça parle, ce n’est pas si simple que ça. Le roman s’ouvre sur une scène terrible. La jeune Milly, 12 ans, voit Swan Cooper tirer à juste à côté de la tête d’Almaz, son grand frère. Elle va donc se jeter dessus… et son frère va lui dire « tu n’es plus ma soeur ».

Milly et son frère sont d’origine bosniaque et dans le petit village de Birdtown, leur condition d’immigrés et de musulmans choque et fait peur. Roman sur la fin de l’enfance, sur le racisme et l’intolérance, le tout teinté de réalisme magique…

Mon avis

J’ai adoré et j’en garde un souvenir un peu confus, un peu onirique, malgré trois lectures. Oui, trois. Deux d’affilée, pour tenter de lire le texte avec un nouveau filtre après la finale et une juste là, au moment où j’écris ce billet parce que je voulais me remettre dans l’atmosphère, plusieurs mois plus tard. Je voulais lire les premières pages… et finalement, je me suis rendue à la fin. Ça parle, non?

Ce livre m’envoûte à chaque fois. Il m’envoûte pas ses thèmes, par sa poésie, toute simple, mais qui nous porte ainsi que par le réalisme magique qui ajoute vraiment un aspect à cet histoire. J’ai rêvé de coccinelles pendant des semaines. Le personnage de Milly, qui est au seuil de l’adolescence mais qui ne souhaite pas franchir le pas, est extrêmement touchant. Fragile et forte à la fois, elle se sent extérieure à ce monde où elle se sent étrangère et qu’elle ne saisit pas nécessairement. Du coup, elle se libère et tout lui est permis. Le passé en Bosnie pèse sur la famille et se heurte à ce monde poussiéreux, rempli de haine, de peurs et de racisme.

Un roman où des éclats de lumière côtoient la noirceur et la violence. Un roman où l’enfance explose à la croisée des chemins, où l’imagination et le rêve deviennent un refuge et où le lecteur doit accepter de se laisser porter, sans chercher à tout analyser. Les personnages secondaires sont intéressants, d’une densité qui se révèle petit à petit et l’atmosphère m’a emportée du début à la fin.

Un roman dont il est très difficile de parler mais qui vaut le coup d’être découvert pour sa poésie et son imaginaire. Je conseille et je mets plein de coeurs à côté!

Du bon usage des étoiles – Dominique Fortier

Le comment du pourquoi

Parce que ce roman était dans ma pile depuis sa sortie. Et un moment donné, il m’a pogné le trip de le lire. Faut pas chercher à me comprendre!

De quoi ça parle

Nous sommes en 1845, en plein milieu de l’ère victorienne. L’Angleterre veut étendre son pouvoir et son influence en trouvant le fameux passage du Nord-Ouest et deux grands navites, le Terror et l’Erebus, prennent la mer pour un voyage de deux à trois ans. Ce voyage est fort médiatisé et John Franklin, le capitaine expérimenté, riche et célèbre, laisse derrière lui sa femme Jane et sa nièce Sophia.

Basée sur une histoire vraie, celle de la désastreuse dernière expédition de John Franklin, il n’y aura pas de surprise quant à la finalité de cette histoire. Nous aurons différentes perspectives: celle de Francis Crozier, capitaine du Terror, sous forme de journal intime, mais aussi celle de Jane Franklin, sa deuxième épouse, grande voyageuse mais tout de même laissée derrière.

Mon avis

Quel bon moment de lecture j’ai passé avec ce roman. Ceux qui me connaissent savent que je suis vendue d’avance à la plume de Dominique Fortier. J’aime sa sensibilité, sa poésie et sa fluidité. Assez pour lire des livres en traduction quand c’est elle la traductrice. Moi qui, comme vous le savez, DÉTESTE lire en traduction de l’anglais au français. Vous pouvez donc vous imaginer que, cette fois encore, son écriture m’a portée et qu’elle a ajouté à mon plaisir de lecture.

Je suis aussi fan de ses constructions, de ses histoires reliées d’une façon ou d’une autre. Cette fois, nous nous baladons entre le journal de Crozier, Adam, jeune garçon avide d’apprendre et engagé sur le Terror et Jane, l’épouse de Franklin, restée en Angleterre. Le journal de Crozier, homme érudit et sensible, nous permet de jeter un oeil différent sur l’expédition, sur Franklin, les apparences et la réalité de ce qu’est une expédition dans l’Arctique. Il voit dès le départ les failles, les risques et porte un jugement parfois sans merci sur la vie luxueuse que les hauts gradés vivent malgré les dangers et la possibilité réelle que la nourriture et les équipements viennent à manquer. Il est en constant questionnement mais a laissé son coeur en Angleterre, après l’avoir offert à Sophia, la nièce de Franklin, qui n’en a pas voulu. Ce journal (fictif) nous permet de vivre la vie à bord, de ressentir le froid, l’ennui et la crainte qui s’insinuent petit à petit dans le coeur et le corps des hommes.

Quant à Jane, elle n’a rien de la pauvre petite femme timide de l’époque victorienne. Elle en a vu d’autres, profite de l’absence de son mari pour voyager mais elle tient aussi à maintenir son statut dans le monde. Entre thés, soupers et bals, le contraste entre sa vie et celle des marins est frappant. Pourtant, quand elle va commencer à s’inquiéter, elle va faire des pieds et des mains – à son niveau – pour que quelqu’un parte à la recherche de son mari.

Un roman glaçant et beau à la fois, un patchwork de témoignages habilement tissé, le tout porté par une très belle écriture. Il y a aussi une critique de la société victorienne, avec sa bienséance, ses apparences et cette volonté anglaise d’être les maîtres du monde et plusieurs touches d’humour (spéciale dédicace aux deux petits chiens de Lady Jane).

Bref, du bon Dominique Fortier!

La fugue – Pascal Blanchet

Le comment du pourquoi

Parce que je l’ai vu dans La BD de la semaine et qu’il était dispo à la bibliothèque. Il m’en faut peu.

De quoi ça parle

Dans une maison entourée de gratte-ciel, un vieil homme vit avec son piano et se souvient. Dans ce court album presque sans texte, nous revivrons son histoire, celle d’un pianiste jazz. Il s’agirait d’ailleurs d’un hommage à ses grands-parents zazous.

Mon avis

Dommage que l’album ait été aussi court! Me semble que j’aurais aimé passer davantage de temps avec ce personnage, et surtout avec le style graphique très particulier de Blanchet, à la fois très épuré, très design et fort rétro. Avec très peu de mots, peu de traits aussi, Blanchet réussit à représenter toute la douleur du monde et à nous faire vivre l’histoire de toute une génération, sur un air de jazz (avec playlist, s’il-vous plaît).

Le vieil homme de l’histoire a la musique dans le sang et son histoire d’amour avec elle remonte à son enfance et à son apprentissage du piano. Ceci marquera toute sa vie et c’est sur fond de musique jazz que nous le verrons tenter sa chance dans les clubs de la ville, partir à la guerre, tomber en amour, fonder une famille, souffrir, se courber… et vieillir.

C’est très beau et triste à la fois. L’objet-livre est aussi très très beau, comme c’est souvent le cas chez La Pastèque. J’en aurais juste pris davantage!

C’était ma BD de la semaine! Tous les liens chez Moka!

Les cachettes – Guy Lalancette

Le comment du pourquoi

Parce qu’il est arrivé par surprise dans ma boîte aux lettres (merci Véronique), juste après que Isabelle, cette fille qui lit, m’ait parlé de l’auteur. Je me suis dit que c’était un signe. Bon, j’ai mis une bonne semaine à le lire, mais c’était un signe quand même!

De quoi ça parle

Des inspecteurs sont appelés chez les Kérouac, famille nombreuse vivant avec leur mère. Claude, la jeune fille de 11 ans, a disparu et personne n’a semblé s’inquiéter avant le surlendemain. Les chapitres s’alternent, les impairs nous révélant la recherche tandis que dans les pairs, c’est la jeune Claude qui s’exprime, ce qui va nous amener à mieux la connaître, et à comprendre, un peu, petit à petit, sa façon de voir les choses.

Mon avis

Je l’avoue d’emblée, j’ai eu du mal à entrer dans ce roman. Je le lisais par courtes périodes et j’avais du mal à bien saisir l’intention de l’auteur, je ne comprenais pas vraiment où ça s’en allait. Puis, un après-midi, je me suis installée dans mon bain et j’ai décidé de ne pas en sortir tant que je n’aurais pas fini le roman. Il faut croire que ça a fonctionné car j’ai pu m’immerger davantage (no pun intended) dans le tourbillon de pensées de la petite Claude et finir par apprécier ma lecture. Pas autant que Richard ou Isabelle… mais quand même!

Claude Kérouac est une enfant étrange. Elle se cache. Des heures, des jours. Au point que sa famille, très particulière, ne réagit vraiment pas tout de suite quand, cette fois, elle ne réapparaît pas. Claude se cache sous les escaliers, dans des boîtes, dans la neige. Elle se cache pour ne pas être vue mais aussi pour mieux voir, elle qui croit qu’on ne voit bien que dans le noir. Sa pensée est trouble, dérangeante. Elle s’adresse parfois à nous, parfois à une Femme-Cabinet, psychologue que la jeune fille méprise, et nous révèle, par bribes, qui elle est, ce qui lui manque, et on apprend également à connaître sa famille.

Cette famille est aussi fort particulière. Ils vivent tous ensemble, certes, mais en silo, sans se parler, sans vraiment s’écouter l’un et l’autres. Sans réellement se connaître non plus. Claude a renommé les filles de noms de fleurs: Violette, Marguerite, Fleur… et il y a aussi Rose, qui ne s’appelle pas Rose, personnage évanescent et mystérieux. C’est que la jeune fille vit dans son univers bien à elle, entre rêve et réalité.

La voix de la jeune fille agace mais fascine tout de même. Sans être aussi forte et percutante que la petite Bérénice de L’avalée des avalées, elle nous la rappelle quand même, avec son regard désabusé sur les adultes et sur le monde qui les entoure. Le roman permet également d’explorer les problèmes de santé mentale chez l’enfant, sans pour autant creuser ni la nommer. Impossible aussi de ne pas avoir le goût de secouer tout le monde de cette famille, qui semble vivre dans un monde parallèle.

Par contre, je n’ai pas compris la pertinence de l’épilogue… j’aurais préféré imaginer. J’aurais aimé entrer plus vite dans l’histoire… mais finalement, je suis contente d’avoir persévéré!

Again, but better – Christine Riccio

Le comment du pourquoi

Parce qu’on me l’a offert et que j’étais curieuse de voir comment l’exubérance de Christine Riccio, booktubeuse que j’ai déjà suivie avec attention il y a un moment pour avoir son avis sur des livres jeunesse, mais que je ne suis plus parce que je n’en peux plus de l’entendre crier. Mais bon, j’espérais hein! On m’avait énormément vanté ce roman et en plus, je me disais qu’à l’écrit, à moins d’avoir un roman écrit en majuscule, on ne pouvait pas vraiment hurler…

De quoi ça parle

Shane Primaveri est une jeune fille de bonne famille qui, à l’université, a toujours eu de bonnes notes. Par contre, côté social, c’est le néant, le calme plat. Elle passe ses fin de semaines chez ses parents et ne s’est pas vraiment fait d’amis. Quand elle a la chance d’aller passer un semestre à Londres, elle se met en tête de faire ça bien, cette fois et de vivre la « vraie » vie étudiante.

Mon avis

La seule réflexion que ce roman m’a fait faire, c’est de réaliser à quel point des gens que nous ne connaissons pas du tout nous connaissent quand on blogue, ou qu’on est sur booktube. Ok, « connaître » n’est pas le bon mot. Mais même si vous ne faites que lire mes conneries ici et sur FB, vous connaissez pas mal d’éléments de ma vie, de mon caractère et de mes lubies. Le lien avec le livre? Je réalise que je sais BEAUCOUP de choses sur Christine Riccio, une booktubeuse que je ne suis même plus tant que ça. Assez pour reconnaître toute sa vie transposée dans ce roman… et pour comprendre que le personnage principal, c’est elle. Du coup, j’ai eu l’impression de la voir se mettre en scène, d’entendre sa voix et de lire une fanfiction de sa propre vie, avec un côté Mary Sue. Et ça m’a tapé sur le système (comme dirait mon neveu).

Je prends la peine de vous dire ça parce que je suis pas mal certaine que des gens qui n’en savent pas tant sur l’autrice n’auraient probablement pas eu la même réaction épidermique que moi et qu’ils n’auraient pas aussi souvent levé les yeux au ciel. Les références à ses livres et films préférés (lamppost, really?) et à sa propre vie (son surnom online, sa session en Angleterre). Bref, la table est mise.

Et vous aurez compris que je n’ai pas aimé. Nous rencontrons Shane alors qu’elle part à Londres pour un semestre, bien décidée à avoir du fun. Elle arrive dans les résidences de l’université où elle va rencontrer plusieurs personnes, qui vont im-mé-dia-te-ment (ou presque) tomber sous son charme. Ok, j’exagère. C’est juste que le côté immédiat de l’amitié entre les personnages m’a un peu énervée. Et l’insta-love aussi. Ce qui fait que l’histoire m’a assez peu intéressée et j’ai eu l’impression d’avoir lu ça 100 fois déjà. Et on parle de cette deuxième partie? Je n’ai aucun problème avec la touche de magie, mais je ne comprends absolument pas ce choix, 6 ans plus tard. Je ne veux pas spoiler alors je n’en dirai pas plus mais sérieusement, même si la fidélité et la monogamie n’est pas votre valeur principale, ça risque d’être quand même cringy. Du moins, ça l’a été pour moi.

Bref, je n’ai pas aimé ce roman. Mais étrangement, il m’a tellement énervée que je m’en souviens assez bien, et ce plusieurs mois plus tard, vu que j’ai perdu ma chronique originale. Mais « Lamppost » et « Pilot Penn » comme nom de personnage masculin principal, ça ne s’oublie pas.

Ceci dit… je vais peut-être dire moins de conneries sur Insta et FB… ou pas!