Les soeurs Grémillet – Tomes 4-5 – Di Gregorio / Barbucci

On n’a plus vraiment besoin de présenter les soeurs Grémillet! On les voit partout et on se délecte des magnifiques desssins tellement lumineux et harmonieux. Tant de choupinettude, on ne dit pas non.

De quoi ça parle

Chaque tome de la série nous raconte l’histoire de trois soeurs bien différentes qui doivent résoudre un petit mystère. C’est souvent un peu magique, très axé sur les relations familiales et la personnalité de l’une des soeurs, du moins dans les trois premiers tomes.

Ici, nous avons un quatrième tome plus long, où les soeurs vont rejoindre leur père dans sa base de recherche. Elles ne le voient pas souvent et le passage d’une rarissime comète va le rendre plus ou moins disponible pour elles. Elles vont suivre de mystérieux indices pour trouver un chamois à une seule corne… et voilà!

Quant au 5e tome, il se déroule à Noël (alors que je l’ai lu le 25 juin… c’est ce qu’on appelle le sens du timing) et alors que les soeurs partent en ville pour tenter de se trouver l’une et l’autre des cadeaux de Noël, elles vont recevoir une alumette qui leur permettra chacun un souhait…

Mon avis

Si j’en crois Goodreads, le tome 4 a été moins apprécié alors que je crois qu’il s’agit de mon préféré. L’histoire est un peu plus longue et nous permet d’explorer davantage la relation père-filles qui laisse clairement à désirer. Malgré tout l’amour du monde, on dirait que l’univers en entier se ligue pour empêcher le père de passer du temps avec ses filles. Si les filles grandissent peu à peu, elle restent tout très « elles-mêmes », avec leurs colères et leurs particularités. Les aînées de chamaillent tandis que la petite Lucille a la tête dans ses rêves, avec les animaux si possible. Chacune d’entre elles va réagir à sa manière à cette défection… et bien entendu, tout se finit bien et est choupinou comme tout!

Quant au tome 5, même si je n’étais pas dans un trip très « Noël », j’ai beaucoup aimé la question de la sororité, la réflexion sur le sens des souhaits, des cadeaux et sur l’amour qu’on a parfois du mal à se montrer. Noël n’a pas la même signification pour chacune d’entre elles – as usual – et leurs choix de voeux et de cadeaux sont vraiment choupinous. En fait TOUT est choupinou dans cette BD. C’est plein de bons sentiments mais ça sonne vrai, malgré les touches de magie disséminées ça et là. Ce que ces fillettes peuvent être touchantes!

Bref, une série à dévorer avec des illustrations sublimes, remplies de détails et une utilisation géniale de la lumière. Avec ça, on entre tout de suite dans leur univers!

Ballerina – Vicki Baum

Quand j’étais une jeune ado, je dévorais les livres sur le ballet et le patinage artistique. J’avais lu un truc qui s’appelle « L’oiseau de feu » de Edward Stewart et j’achetais tout ce qui pouvait y ressembler. J’ai donc acheté ça à 13 ans. Et je ne l’avais pas encore lu. C’était « le plus vieux livre de ma pile » et j’ai lu dans le cadre de mes nombreux challenges. Je le repoussais depuis des années et bon… comment dire… je l’ai vlogué et j’aurais pu passer mon chemin.

De quoi ça parle

Katya Milenkaya a 47 ans. Elle est prima ballerina, elle en fin de carrière et tente de conjuguer sa vie de danseuse et sa vie familiale. Bon, ok. Elle ne fait pas taaaant d’efforts que ça. Nous la suivrons donc dans les moments menant à une première alors que sa vie personnelle vacille.

Mon avis

Au départ, ça n’allait pas si mal que ça. J’aime le monde du ballet, son côté poussiéreux, glamour ainsi que la compétition féroce qui y règne et les amitiés qui s’y nouent. Le roman a été écrit à la fin des années 50. C’est sincèrement bien écrit, même si c’est clairement ancré dans l’époque. J’ai au départ apprécié ma lecture qui alterne passé présent et qui explique un peu comment Katya est arrivée là, elle que rien ne destinait à la danse. La relation avec Grisha, son partenaire décédé, qui semble fusionnelle et malsaine, son ascension, la possibilité de parler de la fin de carrière d’une femme qui prend de l’âge dans un univers qui ne pardonne pas ça à une femme… je trouvais ça hyper intéressant. Et au départ, je pensais que ça s’en allait là.

Sauf que bon. 1958.

Impossible à manquer. Et la fin, la fin… OMG. Non mais, le discours du mari… et la décision de Katya. C’était presque puant à mes yeux. Triple red flag. Mais bon. Après m’être ennuyée pendant la 2e partie du roman, cette finale, c’est était trop pour moi, ça a gâché ma lecture.

Quand il n’y a pas de potentiel, on est moins déçu. Mais là, il y en avait. La relation avec Grisha et toutes les parties dans le passé étaient intéressantes, j’aurais préféré y passer plus de temps. L’aspect « transmission », à un moment, m’a plu et j’aurais tellement, tellement aimé parler davantage de la fin de carrière d’une grande danseuse, de ce que ça impliquait, des deuils et des déceptions. Mais l’autrice est allée ailleurs et ça n’a pas passé avec moi. Le personnage de Katya n’est pas agréable, loin de là. Elle est hautaine, elle prend toutes les mauvaises décisions, ses propos envers les autres femmes sont… oh my… ça fait presque mal de lire ça. C’est difficile de s’attacher à un tel personnage.

Habituellement, je n’ai pas de mal à replacer un roman dans son contexte mais là, je n’y suis pas arrivée. Donc non. J’ai une autre oeuvre de l’autrice dans ma pile et j’avoue que h’ésite, maintenant!

PS: Si je pouvais spoiler, me semble que je serais pas mal plus drôle!

Niré – Une chochette sans battant – 4 – Aki Shimazaki

J’ai vu que le tome 5 était sorti depuis les derniers mois… du coup, je me suis dit que c’était l’occasion rêvée pour terminer le cycle. Surtout que ce sont des livres parfait pour les soirs de semaine. Courts, enveloppants… bref, ça le fait.

De quoi ça parle

Dans ce tome, nous sommes avec Nobuki, le troisième fils du couple Niré. L’héritier du nom. Depuis quelques temps, sa mère ne le reconnaît plus et il va tenter de la retrouver quand il retrouve son journal intime, celui qu’elle a commencé à écrire quand elle a réalisé qu’elle oubliait.

Mon avis

Revenir dans un roman de Shimazaki, c’est un peu retrouver des vieux amis, vu que chaque tome du cycle nous raconte une partie de la même histoire, vue par des membres différents d’une même famille. Nous avions rencontré Anzu, la soeur aînée, le père, et Kyoko, la deuxième fille. J’avais un faible pour le tome 2 qui parlait du couple parental dont la femme perd la mémoire et j’ai beaucoup apprécié retrouver ce thème dans Niré.

Nobuki est celui de la fratrie que nous avions le moins vu jusqu’à date. Il est marié, a deux filles et n’a pas voulu de l’héritage de la maison familiale. Ce tome parle encore de la mémoire qui s’envole, de l’héritage mais aussi du patriarcat au Japon, qui tend à enfermer les femmes dans un certain rôle.

Pas de grande révélation ici. Nous connaissions déjà les secrets de la mère et si c’est Nobuki le personnage principal, c’est elle Fumiko, qu’il va rencontrer et que nous allons découvrir davantage. La plume est simple, directe, avec toute l’économie de mots des Japonais, mais elle réussit tout de même à créer une atmosphère un peu flottante, remplie de douceur et de tendresse. C’est tout en retenue et je retiendrai surtout la rencondre d’un fils avec la femme qui a été sa mère.

Le roman nous pousse aussi à réfléchir sur la mémoire, les souvenirs d’enfance et sur ce qui reste quand, justement, la mémoire n’est plus là. L’importance du moment présent est au centre et toute la relation mère-fils est très touchante. Il y a certes des coïncidences un peu faciles mais peu importe. Je lirai le tome 5 bientôt!

Les visages – Jesse Kellerman

Les romans qui parlent d’art, ça m’attire toujours. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai sorti cette relique de ma pile qui y était depuis… 2009. Et il n’était même pas dans les plus vieux. Je sais, je sais…

De quoi ça parle

Ethan Muller est galériste. Né dans une famille argentée, il a de très mauvaises relations avec son père qu’il tente tant bien que mal de tenir à distance. Un jour, il reçoit un appel de l’homme à tout faire de son père qui l’invite à voir une oeuvre gigantesque, celle de Victor Crack, locataire introuvable de l’un des buildings familiaux. Il est tout de suite faciné par l’ampleur et le côté hypnotique de l’oeuvre dessinée et décide de l’exposer dans sa galerie.

Sauf qu’un policier à la retraite va reconnaître dans l’oeuvre les visages d’enfants assassinés des années auparavant.

Mon avis

Nous avons donc ici un bon roman roman à suspense/noir qui a très bien fait son travail : me divertir, me garder intéressée et me faire passer un bon moment. Ce ne sera pas LE livre de l’année mais les pages se tournaient toutes seules. Entre roman policier, roman noir, artistique et roman familial, l’oeuvre de Victor Crack fascine le lecteur par sa seule description et le personnage principal sera lui aussi emporté dans ce tourbillon.

Ethan Muller est un personnage qui n’est pas aimable au premier abord. Blessé certes, mais assez vain, imbu de lui-même et somme toute assez superficiel. C’est cette histoire qui va le faire évoluer et se rapprocher de lui-même, sans pour autant faire un virage à 180 degrés. D’ailleurs, tous les personnages sont intéressants et somme toute assez fouillés et réalistes compte tenu de leur nombre. Le policier à la retraite, obsédé par ces meurtres irrésolus est assez attachant, même s’il va embarquer Ethan dans une histoire qui le dépasse… quoique…

Le narrateur brise d’emblée le 4e mur en nous expliquant que ce n’est pas un thriller, que ce sont ses mémoires. Celles-ci sont interrompues par des chapitres dans le passé, qui nous racontent l’histoire d’une famille partie de rien pour devenir très riche et influente et dont Ethan est l’héritier. C’est aussi un portrait très sarcastique du monde de l’art, des galeries et des magouilles qui s’y déroulent. Le glamour est là mais nous avons accès à l’envers du décor. Je pense que c’est la partie qui m’a le plus interpellée.

Il y a certes quelques longueurs mais j’ai apprécié la narration, le propos, et surtout, j’ai passé des heures à m’imaginer les dessins de Victor Crack.

Flora en éclats – Stéphanie Parent

En début d’année, j’ai demandé à mes amis Instagram de me proposer des coups de coeur, des livres que je pourrais aimer. Celui-ci m’a été proposé par Emkreads et Abie et ses livres en me disant que s’il y avait une romance qui pouvait me plaire, c’était bien celui-ci. Donc j’ai tenté le coup.

De quoi ça parle

Au début de l’histoire, Flora a 18 ans. Elle est folle amoureuse de son copain Malik, ils sont en Espagne et vivent leur jeune amour à plein. Sauf que Flora sera tellement blessée par cette relation que al suite ne sera pas simple… et nous la suivrons pendant presque 20 ans dans sa vie et surtout ses amour.

Mon avis

Entendons-nous, je ne pense pas que je qualifierais ce roman de « romance ». C’est l’histoire du femme, avec un gros gros accent sur sa vie amoureuse, mais ça ne suit pas nécessairement les codes de la romance. Bref, c’est le roman de Flora.

Je n’ai rien à reprocher à ce roman. C’est bien écrit, fluide, facile à lire. Je me suis pas ennuyée, je voulais savoir ce qui allait arriver à Flora. Ça parle d’amour, certes, mais aussi d’amitié, de filiation, de deuil, d’anxiété… bref, toute une brochette de sujets intéressants. Mon problème à moi, parce que je suis moi et que les relations amoureuses ne sont pas ce qui m’intéresse le plus dans la vie comme dans la littérature, c’est que c’est du RESTE dont j’aurais dû entendre parler. J’aurais voulu en savoir plus sur l’art, qui fait partie intégrante de la vie de l’héroïne, sur sa mère et sa réaction à certains événements qui la touchent. J’ai d’ailleurs trouvé cette partie, avec sa mère et ses parents, réellement passionnante. Donc, quand tout revenait au couple et à son chum – presque – parfait, j’étais moins intéressée.

Ceci dit, c’est bien fait. La grosse peine d’amour qui pousse Flora à se barricader en elle est très bien traitée et, ayant vécu la même chose presque au même coin de rue au même âge (mais quelques années plus tôt), je me suis vraiment reconnue dans son désespoir, son deuil et ses réactions. Qui ne s’est pas déjà dit « plus jamais ça » après une peine d’amour? J’ai aussi aimé son parcours pour se retrouver elle-même, aimé le fait que, parfois, en amitié comme en amour, tout n’est pas parfait mais que tout peut fonctionner quand même. Il n’y a pas qu’une façon d’être un couple. On peut faire des erreurs, se planter, traverser de grosses épreuves et des fois – pas toujours – on peut y survivre. Tout cet aspect m’a beaucoup plu.

Bref, ce roman, c’est un parcours de vie. Ok, cette femme a sans doute un vrai « quelque chose » pour fasciner les hommes à ce point et l’intérêt amoureux principal est un peu trop parfait, ce dont elle se rend compte. Je suis aussi moins fan du smut mais c’est plutôt bien fait ici. Mais objectivement, je n’ai vraiment aucun reproche à faire. C’est juste que la rencontre ne s’est pas complètement faite entre le roman et moi. Mais je recommanderais à plusieurs!

Skandar et le cavalier fantôme – 2 – A.F. Steadman

Skandar est une série middle grade qui me plait bien. Ça se lit tout seul, on s’intéresse à ces personnages et à leurs folles aventures pas toujours crédibles. Je voulais faire lire le tome 1 à ma nièce et j’ai clairement échoué par contre!

De quoi ça parle

Skandar est maintenant en deuxième année sur l’île et les découvertes que l’on a faites à son sujet ne font pas plaisir à tout le monde. Il est mis au ban de la société, il fait peur aux autres, ce qui influence même son petit groupe d’amis. Et un jour, quand les licornes sauvages vont commencer à être assassiner, devinez qui on va soupçonner?

Mon avis

Encore une fois, ce roman m’a bien plu et j’ai passé un moment de lecture fort divertissant. Bien entendu, il m’arrive de me demander à quoi ça sert, tout ça, cette histoire d’attaques et de combats pour une course très médiatisée. J’ai dû considérer ça comme un « sport » sinon je ne réussissais pas à comprendre l’intérêt dépassé l’adolescence.

Mais je le lis quand même. Et je vais continuer, en plus vu que le tome 3 est sorti en anglais. D’ailleurs, pour mieux comprendre de quoi ça parle, je vous renvoie à mon billet sur le tome 1!

Nous sommes donc encore une fois avec Skandar qui tente encore de comprendre qui il est et à accepter ses origines. Il n’a pas tout dit à son père ni à sa soeur Kenna qui a dû renoncer à ses rêves, n’ayant pas été appelée sur l’île. Mais aurait-elle dû l’être? Ici, Kenna va prendre un peu plus de place et j’aime beaucoup ce personnage qui doit se redéfinir et est prête à tout pour rejoindre Skandar et avoir SA licorne. J’ai aussi bien aimé son petit groupe d’amis qui grandit aussi et qui essaie de trouver sa propre identité dans le petit quatuor, tout tentant de concilier réussite et amitié.

C’est vraiment tout plein d’action. Ici, l’avenir même de l’île est en péril et Skandar et ses amis n’abandonnent jamais devant les missions les plus improbables… et presque impossibles. Skandar est souvent dans le trouble, il a le don pour se mettre en danger. C’est certes un peu convenu mais on découvre davantage la mythologie, l’univers et les personnages de façon générale. J’ai bien hâte de voir grandir ces jeunes et découvrir leurs divers aspects.

Une bonne lecture, ce n’est pas non plus un gros coup de coeur mais de façon générale, ça me plait bien! Et si je l’avais lu enfant, j’aurais adoré!

Nuée d’oiseaux blancs – Yasunari Kawabata

Je sais, il y a beaucoup de japonais ces temps-ci. Mais c’est totalement la faute de mon voyage au Japon et depuis que j’y suis allée, je crois que je saisis davantage l’esprit de ces romans. J’ai donc ouvert celui-ci sans trop savoir à quoi m’attendre.

De quoi ça parle

Nous sommes au Japon, dans les années 50. Le personnage principal est dans la trentaine, il a passé sa jeunesse sous les bombes et dans une période de guerre. Il a suffisamment d’argent et ne sait plus trop qui il est ni dans quelle direction aller. Après la mort de ses deux parents, il sera amené à rencontrer deux anciennes maîtresses de son père et va petit à petit perdre le contrôle.

Mon avis

La morale de cette histoire : « ne vous laissez pas empêtrer dans les histoires de votre père, surtout si elles impliquent d’anciennes maîtresses ». Nous avons donc un roman court, presque une novella, avec à la fois un côté contemplatif, avec de nombreuses scènes où il est question de la cérémonie du thé ainsi que des tasses utilisées. Vous pouvez imaginer que ça m’a interpellée même si je réalise qu’il y a probablement tout un symbolisme qui a pu m’échapper. Nous sommes aussi entre deux époques, entre l’ancien Japon et le nouveau, où tout le monde a un peu du mal à trouver sa place entre les anciennes traditions et la nouvelle place que les femmes ont prise pendant la guerre. Celles-ci ont une façon très particulière de s’imposer tout en respectant – plus ou moins – les nombreux codes sociaux du Japon.

Notre personnage principal, Kikuji, est en errance. Les deux femmes de la vie de son père sont très différentes. Chikako est manipulatrice, envahissante tandis que Madame Ota est plutôt fragile. L’auteur explore l’héritage intergénérationnel à travers ce triangle amoureux qui sera transféré sur Kikuji. Entre le respect dû à son père et la prise de ses propres décisions, quels sont ses choix? Et si pour le lecteur moderne, c’est assez clair, ce l’était beaucoup moins à l’époque. Nous avons un récit nostalgique, parfois cruel mais d’une délicatesse incroyable par moments. Chaque détail peut avoir un impact émotif incroyable et on peut être transporté par le battement des ailes d’une grue ou la douce courbe d’une tasse de thé.

Très japonais, un très bon moment de lecture.

La petite lumière – Gregory Panaccione (d’après Antonio Moresco)

Encore une fois, cette lecture est la faute du prix de libraires du Québec. Je tente toujours de lire tous les finalistes… et ici, j’ai bien fait.

De quoi ça parle

Un vieil homme décide de s’isoler dans un village abandonné. Il est seul mais le soir, il va être attiré par une petite lumière, loin dans la montagne.

Mon avis

Non mais quels dessins! Quelle beauté dans le trait. Ici, l’histoire passe surtout par le visuel et avec très peu de mots, Panaccione réussit à nous faire ressentir la solitude, la fin de la vie et la volonté de s’extraire du monde quand on n’y trouve plus sa place et que l’on s’est perdu en route.

Les planches passent du jour à la nuit presque sans transition, entre balades solitaires et une rencontre mystérieuse, entre rêve et réalité. C’est doux, nostalgique et très tendre à la fois.

Il est très difficile de parler de ce roman graphique car je ne veux rien révéler de cette petite lumière et de ce qu’elle pourrait être. Plusieurs questions restent sans réponse. Que fait cet homme si seul? Une expiation? Pourquoi le village est-il abandonné?

Bref, un moment poétique et brumeux, que j’ai beaucoup apprécé.

La leçon du mal – Yusuke Kishi

Après le Pavillon d’or, il me fallait un truc moins glauque et j’ai donc choisi celui-ci. Le pire, c’est que j’ai VRAIMENT eu cette réflexion. Comment dire… raté?

De quoi ça parle

Nous sommes dans une école secondaire japonaise et on y rencontre Hasumi Seiji, enseignant adulé de ses élève et admiré de la plupart de ses collègues. De l’extérieur, il semble parfait. Il s’occupe de ses élèves, résoud les conflits et réussit à valoriser son établissement scolaire.

Sauf que bon, Hasumi est un véritable psychopathe, manipulateur et sans empathie aucune.

Mon avis

Entrer dans la tête du personnage principal c’est… perturbant. C’est le moins que l’on puisse dire, en fait. On le découvre en tant qu’enseignant aux prises avec les magouilles de son école et on réalise petit à petit à quel point sa façon de penser est malsaine. Et ses façons de faire fonctionnent, c’est bien le pire. La lectrice que je suis est tout de suite entrée dans l’histoire, complètement renversée par la façon de penser de ce personnage pervers. C’est tellement enrageant, c’est incroyable. On apprend petit à petit à connaître les nombreux élèves et les membres du personnel… et on peut dire que tout le monde a quelque chose à cacher, ou presque. Seules trois personnes se méfient de Hasumi… et ils s’efforcent de le cacher.

J’ai lu ce roman au Japon. Je venais d’entendre parler du système scolaire, des véritables petits univers qui s’y créent ainsi que de l’importance du travail et des apparences pour plusieurs Japonais. On comprend rapidement le côté psychopathe de Hasumi mais je n’aurais jamais cru qu’il pourrait aller jusque là. Et que dire de son passé!

Pour ma part, j’ai préféré la première partie, avec sa montée en tension et la réalisation graduelle du degré de perversité de Hasumi, qui manipule tout son petit monde tel un marionnettiste machiavélique. La deuxième se transforme en film d’action, a un côté très cinématographique et je verrais très bien une adaptation manga d’ailleurs. C’est sanglant, gore, ça va vite et on a le goût d’ouvrir les yeux de tout le monde. C’est qu’il s’en sort toujours cet homme! Mais la cassure entre les deux parties m’a un peu perturbée.

Une bonne lecture donc, même si je ne suis pas aussi enthousiaste que la plupart de mes amis. Je relirai clairement l’auteur, ne serait-ce que pour voir à quel point il a l’esprit tordu.

Une chambre à soi – Virginia Woolf

J’aime la plume de Virginia Woolf. J’aime ses diversions, ses errances, sa façon de voir quelque chose de plus dans chaque petit événement de la vie. Du coup, un essai féministe, ça m’intéressait clairement.

De quoi ça parle

Cet essai est basé sur deux conférences qu’a données Virginia Woolf en 1928 au sujet des femmes et de la littérature. Selon elle, pour pouvoir écrire, une femme doit avoir 500 livres de rentes et une chambre à elle. Et elle va nous expliquer pourquoi il y a si peu d’écrits féminins à l’époque.

Mon avis

Je me suis décidée à lire ce livre après l’avis de MH la Lectrice, qui a failli mourir en le lisant car les phrases étaient trop longues et allaient dans tous les sens. J’ai commencé par l’écouter en audio et j’avoue que je comprenais pas du tout mais pas DU TOUT son avis après avoir écouté l’audio que j’avais. C’est quand j’ai ouvert le roman que j’ai compris qu’en fait, ce que j’avais écouté était un RÉSUMÉ de toutes les idées du roman. Genre, on a sorti toutes les idées claires et précises et on les a mises ensemble. Et connaissans MH, j’ai beaucoup mieux compris son avis!

Mais pour ma part, j’ai largement préféré la version complète. Je trouve que le choix narratif illustre parfaitement le propos qui tend à démontrer que le manque de succès des femmes en littérature à l’époque était dû au manque d’opportunités, aux attentes envers elles plutôt qu’à un manque de talent. Et dans sa démonstration, elle donne des exemples fictifs (avec des personnages réels… faites une petite recherche sur les 4 Mary) de femmes écrivaintes et de la réception de leurs oeuvres. C’était presque drôle par moments tellement c’était right on point.

Entendons-nous, nous sommes dans le féminisme de l’époque, écrit par une femme somme toute privilégiée. On est assez loin de l’intersectionnalité. Mais dans un monde où les femmes n’ont pas les mêmes privilèges et opportunités que les hommes, il est clair qu’il est plus difficile de se concentrer sur l’écriture d’un roman. Si on écrit dans le salon, qu’on est constamment dérangé (même quand on est assez à l’aise financièrement), que personne ne s’attend à ce que nous écrivions quelque chose de potable, difficile de garder le cours de nos pensées. De plus, à travers la vie d’autrices reconnues, on nous explique aussi comment, aux yeux de plusieurs, ce qu’avaient à dire les femmes était… moins important? Souvent en raison de leur vécu et des choses auxquelles elle a accès? Cette partie était assez fascinante pour moi.

Ceci dit, je peux comprendre pourquoi certains trouvent que le propos est noyé. Virginia Woolf reste Virginia Woolf avec son « stream of consciousness » et ses pensées qui volent et se baladent ici et là autour du thème. De plus, il y a plusieurs références qui ne sont pas faciles à saisir pour la lectrice que je suis. Par contre, elle est clairement précurseure au test de Bechdel car elle remarque déjà que dans les romans, les femmes existent la plupart du temps dans et pour le regard masculin.

Bref, des propos très intéressants, donc certains sont encore valides aujourd’hui, même s’il faut clairement les lire comme des produits de leur époque. J’aime Virginia Woolf!