Ta mort à moi – David Goudreault

Le pourquoi du comment

Parce que c’est David Goudreault et que quand je lis David Goudreault, j’ai l’impression d’entendre la voix de David Goudreault, que j’ai déjà vu sur scène. Pour moi, ça suffit largement. Et sérieux, cette couverture!! Wow!

De quoi ça parle

Marie-Maude Pranesh-Lopez est une poétesse québécoise extrêmement populaire. Elle a écrit un unique recueil à 19 ans, qui a été porté aux nues, mais qui en a fait un personnage fort controversé. On sait dès le début que la dite Marie-Maude n’est plus et c’est sa biographie fictive que nous lirons ici, entrecoupée d’extraits du journal de la poétesse, que nous tenterons, petit à petit, de cerner. Un peu.

Mon avis

Pour moi, David Goudreault, c’est une voix et une plume. Son oeuvre, sont remplis de phrases que nous devons relire plusieurs fois parce que sous leur aspect parfois très parlé, il y a un rythme, une poésie certaine et des images qui frappent, qui marquent, et qui parlent toujours à ma sensibilité. Assez pour que je sois obligée de m’arrêter un peu pour bien les intégrer. Et derrière tout ça, j’ai vraiment l’impression d’entendre parler David Goudreault. Son timbre, son phrasé si reconnaissable… bref, ça passe toujours avec moi. J’aime découvrir avec lui des personnages écorchés vifs, profondément souffrants, qui nous heurtent et nous bousculent. Et c’est tout à fait ce qu’on nous offre ici. Marie-Maude est finalement moins sympathique que le héros de la Bête à sa mère, le ton est moins humoristique, voire même pas du tout, sauf que le personnage fascine et intrigue.

En plus de jouer avec la langue, Goudreault joue avec la structure du récit. J’ai pensé que j’avais une mauvaise version du roman au départ, avec les notes de l’auteur et les chapitres en désordre. Toutefois, le tout se tient parfaitement. Nous découvrons Marie-Maude à la fois enfant et adulte, artiste ayant grandi dans une famille dysfonctionnelle auprès d’une mère qui ne réussit pas à sortir de son deuil et d’un père ayant un perpétuel syndrome de la page blanche. Si son indifférence, ses jugements, sa perpétuelle colère nous heurtent souvent, on entrevoir petit à petit le fameux trou blanc qui se cache derrière la laideur et les épines avec lesquelles la poétesse se protège.

Un roman déroutant mais aussi jubilatoire, un portrait sans concession d’un personnage qui nous glisse entre les doigts et qui aura tout tenté en se fichant pas mal de l’opinion publique et de sa propre sécurité. De la Beauce à Montréal, en passant par l’Asie, Marie-Maude Pranesh-Lopez nous entraîne dans son parcours hors-norme, sans doute inspiré par plusieurs auteurs raboutés (clins d’oeils à Cohen ou peut-être Rimbaud… bref, j’en vois peut-être trop).

À découvrir!

Like a love story – Abdi Nazemian

Le comment du pourquoi

C’est la faute à Mylène. Rien de plus à ajouter!

De quoi ça parle

Nous sommes à la fin des années 80, à New-York. Reza vient de Téhéran – en passant par Toronto – se se sait gay. Toutefois, dans sa tête, être gay est une condamnation à mort. Les homosexuels meurent sous le regard indifférent de la population et le sida devient peu à peu le mal du siècle.

Dans sa nouvelle école, il va faire la connaissance de Judy et de Art. Art est ouvertement gay et l’assume à plein. Judy a été nommé par son oncle Stephen en l’honneur de Judy Garland, oncle qui est malade du sida mais qui est surtout une personne flamboyante, charismatique et activiste dans le mouvement Act Up.

Ces trois personnages ont des craintes, des difficultés à cadrer dans ce qui est attendu d’eux et vont devoir grandir et s’accepter, peut-être un peu plus vite que ce qu’ils auraient voulu.

Mon avis

J’ai attendu avant d’écrire ce billet parce que ma lecture a été particulière. J’étais fort dubitative au départ, car je trouvais le départ un peu long, un peu redondant par rapport à toutes mes lectures de romance young adult. Toutefois, quand je l’ai eu terminé, j’ai tellement aimé la finale, la façon de boucler l’histoire, que finalement, j’en garde un très bon souvenir et que je l’ai déjà conseillé à au moins 4 personnes. C’est moins génialissime que le magnifique N’essuie jamais de larmes sans gants, mais beaucoup plus accessible aux jeunes et pour moi, ça compte. Call me miss contradiction.

Ce qu’il faut savoir au départ, c’est que les personnages, adolescents à la fin des années 80, ont à peu près mon âge. Je ne vivais pas à New York, j’avais très peu de contact avec la communauté gay (même si j’avais plusieurs copains queer déjà ado), mais j’avais une peur atroce du VIH et du sida. Atroce. Ok, je suis la pire hypocondriaque de la terre, mais je me suis beaucoup retrouvée dans les réactions (loin d’être top) de Reza. Pas très glorieux, je sais. J’étais persuadée que je perdrais plusieurs copains très jeunes à cause du sida, qu’ils étaient condamnés à mort, et ça me faisait une peine terrible. Et dans ce roman, c’est hyper juste, je trouve. On retrouve vraiment le climat de peur de l’époque, du moins pour certaines personnes. Et ça, j’ai trouvé ça très réussi.

J’ai beaucoup aimé les personnages aussi, pleins de failles et qui prennent parfois des décisions de m… parfois. Judy vient d’une famille qui a été déchirée par la maladie de son oncle, qu’elle adule et adore, où l’homosexualité est acceptée mais qui vit davantage de difficultés par rapport à son poids. Art est le 6e de sa lignée et ses parents ne veulent rien savoir de ses actions militantes ou même de son homosexualité. Quant à Reza, il est dans une famille recomposée, a une soeur un peu hors-norme et un demi-frère qui fait partie de l’élite de l’école. À cet âge, on ne pense pas toujours aux conséquences. Quant à Stephen et les autres activistes, ce sont ceux que j’ai préféré suivre. Comprendre le mouvement Act Up, se retrouver au coeur des manifestations (réelles, mais avec des personnages imaginaires), c’était génial. On sent la profonde admiration de l’auteur pour ces activistes qui faisaient peur aux gens. La communauté gay est ici un élément très positif, très bienveillant et tous ses membres sont des vrais gentils. Je ne sais pas si c’est réaliste, mais dans ce cadre, on s’en fiche un peu!

Mon bémol, en plus du côté convenu et un peu long du début? Vous allez dire que je suis pointilleuse. En fait, j’ai été HYPER énervée de trouver des propos très 2019-2020, avec des formulations très très actuelles, dans la bouche de personnages des années 1980. J’ai vraiment soupiré et levé les yeux au ciel. On aurait dit qu’on tentait à tout prix de dénoncer et de nommer tous les trucs homophobes, xénophones, grossophobes qui se produisent dans le roman et ça faisait vraiment artificiel et politically correct. Et à l’époque, c’était pas comme ça. On ne disait pas ça comme ça. Du moins, pas dans mon bout du monde. Certes, le personnage qui fait ça ne vit pas dans le même milieu que moi, mais ça m’a gossée, gossée!! Vous pouvez pas savoir! Ceci dit, je pense que ce point en particulier va beaucoup plaire à plusieurs personnes… c’est un « à moi de moi »!

Mais la fin… ça m’a énormément, énormément plu. J’ai aimé l’évolution des relations, j’ai eu de la peine pour les personnages, et j’ai trouvé que l’auteur évitait habilement plusieurs pièges qui auraient été trop « faciles ». C’est réaliste, c’est beau, ça parle d’amitié, de premiers amours, de choix et de différences. Bref, une semaine après ma lecture, j’ai changé mes étoiles goodreads parce que finalement, j’en garde un bon souvenir. Call me inconstante!

À découvrir donc!

Et je suis curieuse de voir si certains points vous ont fait le même effet qu’à moi!

La peau de l’ours – Oriol / Zidrou

Le comment du pourquoi

J’ai vu un billet de Noukette il y a quelques semaines, alors qu’elle parlait du tome 2 (qui n’aurait aucun rapport avec le tome 1, à part le milieu et l’atmosphère). Du coup, quand je suis tombée sur celui-ci à la bibliothèque, hop, il a rejoint la pile de BDs que j’ai ramenée chez moi. Et bon, cet effet de flou sur la couverture, c’est chouette, non?

De quoi ça parle

En Italie, un jeune homme vient quotidiennement sur son vélo faire la lecture de son horoscope à Don Palermo, un vieil homme habitant seul en haut d’une colline. Don Palermo va raconter sa jeunesse, aux États-Unis, au sein d’un tout petit cirque, qui va l’amener à rencontrer Don Pomoroso, appelé ainsi parce qu’il est carrément… rouge. C’est un mafieux à la gachette facile, sans scrupule, qui tue son ours – et meilleur ami – pour aucune raison. Don Palermo, qui n’est alors que Teofilio, sera pris en charge par Don Pomoroso mais au fond de lui, il ne cherche que la vengeance…

Mon avis

Je ne sais pas pourquoi, mais j’aime toujours lire à propos de la mafia, la familia toussa toussa. Je pense que c’est à cause de Donnie Brasco. Al Pacino et Johnny Depp ont peut-être un petit quelque chose à voir avec ça, mais bon, passons. Il ne faut donc pas se surprendre que j’aie beaucoup aimé cette histoire, racontée par un vieillard qui n’est jamais vraiment revenu de son premier amour.

J’ai eu un peu de mal avec les visages d’Oriol. J’aime tout le reste du dessin, mais les visages, ça, ils ne m’ont pas plu. Les nez trop marqués, je pense. Ya un truc entre moi et les nez. Mais bon, c’est un détail parce que le côté graphique, parfois sombre, parfois lumineux, sert parfaitement le propos et réussit à créer une atmosphère oppressante à souhait, malgré quelques fulgurances.

Teofilio va donc vivre dans ce monde qui n’est pas le sien et dont il ne connaît pas les codes. Il n’a rien d’un héros et même s’il en veut à mort à Don Pomodoro, il va continuer à aller chercher ses hotdogs 3 saucisses extra choucroute, et à le regarder buter des gens. Idéalement un par jour. Toutefois, le soir, Mietta, la petite-nièce du mafieux vient lui lire « Les raisins de la colère » dans son bain et dans son coeur d’adolescent de 15 ans, c’est le grand amour.

J’ai beaucoup aimé la construction par flashbacks, ce récit raconté par un vieil homme, qui a eu un passé, des amours, des sentiments toujours forts malgré le temps qui a passé. Ce monde fort violent, très dur, est vivant et très réel sous le trait du dessinateur et le scénario de Zidrou est parfait, comme toujours. Ces personnages, c’est quelque chose!

Bref, je lirai le tome 2, même si ça parle d’autres personnages!

C’était ma BD de la semaine… et tous les billets sont chez Moka.

Les Testaments – Margaret Atwood

Le comment du pourquoi

Parce que ma mère le lisait et que je voulais en jaser!

De quoi ça parle

Nous sommes plusieurs années après l’histoire de Offred, la fameuse Servante Écarlate. Celle-ci n’est présente qu’en filigrane, mais son histoire a ébranlé la république de Gilead, d’une certaine manière. Les années ont passé et nous sommes toujours dans cette république théocratique, anciennement faisant partie des États-Unis, où les femmes ont perdu tous leurs droits. Entre être Épouses, Servantes, Tantes et Épouses Économes, il y a fort peu de choix.

Nous avons ici trois voix de femmes. Deux plus jeunes, fort différentes. Daisy habite au Canada avec ses parents Neil et Mélanie alors qu’Agnès est la fille du Commandant Kyle et de son Épouse Tabitha. Elles ont eu des vies fort différentes et ont par conséquent, une vision du monde tout aussi différente. La troisième narratrice nous a fait trembler dans la Servante Écarlate: la fameuse Tante Lydia, qui terrorisait les autres femmes et était prête à beaucoup pour les maintenir dans la servitude.

Dans le premier tome, nous avions que la théocracie s’était effondrée. Ici, nous allons savoir comment.

Mon avis

Est-ce que cette suite était essentielle? Non, absolument pas. Était-elle divertissante? Oh que oui!

Ce qui est toujours le plus épouvantable, avec Margaret Atwood, c’est que c’est complètement incroyable, mais que c’est toujours basé sur des certains faits et événements réels. Du coup, ça fait peur, surtout quand on regarde l’évolution de certains endroits du monde, notamment en ce qui concerne les droits des femmes.

Si on reconnaît l’écriture d’Atwood, surtout dans la partie écrite par Tante Lydia, nous sommes toutefois loin de l’atmosphère qu’il fallait comprendre et découvrir par nous-mêmes, pour lesquels on ne nous donnait pas tous les codes et toutes les clés. C’était pour moi l’une des forces du roman, ce côté mystérieux, avec un seul point de vue, forcément biaisé. Ici, c’est très différent. C’est beaucoup plus traditionnel comme narration, malgré les trois voix très différentes. On est davantage dans une dystopie un peu plus conventionnelle, avec des héroïnes que nous voyons grandir et qui se retrouvent prises dans une situation beaucoup trop grande pour elles. Je suis restée accrochée à ces histoires, même si on voit assez vite où ça s’en va et si nous n’avons pas de surprise de folie. J’avais tellement rêvé à cet univers. Je m’étais tellement, tellement demandé comment on en était arrivé là, et comment ça avait bien pu s’écrouler. Du coup, bien sûr que je voulais savoir!

Le testament holographe, écrit par tante Lydia, est par contre passionnant. Elle est l’une de celle qui a connu l’avant. Elle avait une autre identité, une fonction dans la société. Et elle est tout de même devenue ce qu’elle est, une femme qui semble se plaire à torturer les autres femmes et à les garder dans l’ignorance et la soumission. Comment en est-elle arrivée là? Comment est-elle passée de femme à monstre? Et quel dessein poursuit-elle? Dans cette partie, j’ai retrouvé le côté tortueux d’Atwood. Elle a un réel talent pour faire voir une même situation par des regards différents, selon leurs référents et ce qu’on leur a martelé. Ça remet en question la notion de « choix », quand toutes les options ne nous sont pas présentées, ou qu’elle le sont de façon biaisée.

Bref, j’ai passé un excellent moment. Selon moi, pas littérairement au même niveau que le premier tome, ça boucle un peu trop toutes les boucles, mais ça fait tout de même réfléchir… et j’ai passé un excellent moment.

Et chouette, il entre dans le cadre du défi littéraire 2020 de Madame Lit! C’est donc ma participation de février!

Le berger de l’Avent – Gunnar Gunnarsson

Le comment du pourquoi

Non, mais pouvez-vous me dire pourquoi j’ai décidé de lire un roman qui parle de l’Avent en plein mois de février? En fait, je n’avais pas allumé que c’était un genre de conte de Noël. Alors qu’il y a « Avent » dans le titre. Je l’avais vu sur un blog, il était à la biblio, alors je l’ai lu. En février. Bref…

De quoi ça parle

Chaque premier décembre, Benedikt part, avec son chien et son bélier, dans le nord islandais, pour aller chercher les moutons égarés ou oubliés lors de la transhumance. Sauf que cette année, la vingt-septième, le ciel est à la tempête et sa quête va être différente.

Mon avis

Je vous l’avoue d’emblée, je ne pense pas que de lire ce roman 2 mois trop tard ait aidé à mon plaisir de lecture. Tout ce que je me disais c’est « meeeerde, Noël est passé depuis plus d’un mois… et j’ai pas encore défait mon sapin de Noël ». Du coup, ça m’a fait angoisser, au point que j’ai FAILLI me lever à 4h du matin pour aller le défaire. Je dis bien « failli ». À la place, j’ai joué à Candy Crush. First things first.

J’ai aussi lu que ce texte, écrit en 1936, avait inspiré Hemingway pour son « Vieil homme et la mer ». En effet, nous avons dans les deux cas un homme qui fait face aux éléments hostiles et qui fait un voyage autant horizontal que vertical. Toutefois, ici, même si l’atmosphère glaciale est parfaitement rendue, je n’ai pas ressenti la même chose que pour le fameux vieil homme. Le trio – homme, bouc, chien – fonctionne hyper bien mais il y a quand même un côté assez religieux à ce berger, ces brebis égarées, profondément bon et chaleureux. Et moi, moi et la religion…

L’écriture est superbe, poétique et forte à souhaits. Le danger nous prend aux trippes, on se pelotonne sous la couette et je comprends pourquoi il est est considéré comme un intemporel, avec toutes les réflexions qu’il fait naître. Je suis toutefois moins enthousiaste que Aifelle ou Dominique, chez qui je l’avais noté.

Et bon, tentez le coup… il est court (un peu trop)… et avec un thé, on ressent presque physiquement les contrastes tempête/chaleur. Allez… pour le pape et le roc! Je le relirai peut-être à Noël prochain, idéalement pendant une tempête de neige!

Les ignorants – Récit d’une initation croisée – Étienne Davodeau

Le comment du pourquoi

Quelqu’un en a parlé dans les commentaires d’un autre billet, dans la BD de la semaine. Il était à ma bibliothèque alors j’ai plongé dedans. Et bon, le vin, ça me parle.

De quoi ça parle

Étienne Davodeau s’invite chez son ami, Richard Leroy, vigneron angevin qui cultive avec amour ses parcelles pour faire du vin bio, à l’huile de coude. Pendant un an, ils vont vivre au rythme l’un de l’autre et découvrir leurs univers respectifs.

Mon avis

Une cuvée, une BD… c’est presque pareil, non? Ah non? C’est certes bien différent, mais le soin apporté à chacune des étapes, la difficulté à laisser aller leur bouteille ou leur livre, le temps et l’énergie nécessaires… il y a quand même des similitudes. Ceci dit, c’est l’histoire de deux personnes qui s’immergent dans la vie de l’autre. Davodeau ne connaît rien au vin. Leroy rien à la BD. Et vous savez quoi? À la fin, ils ne seront pas non plus des experts. Le goût de Davodeau ne sera pas encore au top et Leroy n’arrive pas du tout à comprendre l’influence l’univers de Moebius, mais une porte sera ouverte et pour le lecteur, c’est un réel plaisir que d’assister à leurs expérimentations.

Ces deux métiers, ils sont exigents et j’ai adoré me plonger dans le monde de la viticulture à petite échelle. Leroy a des convictions. Il est pour le travail manuel, il veut être proche de sa vigne, de sa terre (qu’il considère comme étant presque vivante), veut utiliser de moins en moins de souffre et est fan de la biodynamie, principe auquel la scientifique en moi à du mal à adhérer. Ceci dit, comme le viticulteur le dit : il s’en fout, lui, il aime mieux les vins qui sont faits comme avec cette méthode. Il a des idées bien arrêtées (le voir demander de l’eau en bougonnant… j’étais morte de rire) mais aussi envie de tenter la BD, sur les conseils de son ami. Ce n’est pas toujours une réussite! Les visites aux auteurs, dans les maisons d’édition… c’est aussi très agréable, même si, pour ma part, je connais davantage.

J’aime le détail du dessin de Davodeau (mais ça, je savais), son souci du détail. Du coup, j’ai passé un excellent moment de lecture et j’ai aimer apprendre à découvrir ces deux personnes – et leurs copains – par le biais de l’amour de leur travail respectif.

C’était donc ma BD de la semaine et tous les liens sont chez Stephie!

Royal – Jean-Philippe Baril-Guérard

Le comment du pourquoi

Parce que j’avais adoré l’humour noir et le ton de « Manuel de la vie sauvage« !

De quoi ça parle

Je vous mets ici la présentation de l’éditeur parce que ça dit tout… et que vous aurez en prime une idée du style très… particulier de l’auteur!

« La faculté de droit de l’Université de Montréal est le dépotoir de l’humanité. Tu le sais : t’en es le déchet cardinal. Tu viens de commencer ta première session, mais y a pas une minute à perdre : si tu veux un beau poste en finissant faudra un beau stage au Barreau et si tu veux un beau stage au Barreau faudra une belle moyenne au bacc et si tu veux une belle moyenne au bacc faudra casser des gueules parce qu’ici c’est free-for-all et on s’élève pas au-dessus de la mêlée en étant gentil. Être gentil, c’est être herbivore, c’est se vautrer dans la médiocrité, et toi tu comprends pas la médiocrité, tu aimes pas la médiocrité, tu chies sur la médiocrité. Toi, t’es venu ici pour être le roi de la montagne, et le début des cours, c’est le début du carnage. »

Mon avis

C’est un roman grinçant, décapant, entre drame, comédie et film d’horreur, il m’a entraînée là où je n’aurais jamais pensé aller. Parce que bon, entendons-nous, la faculté de droit et ses turpitudes, ce n’est pas du tout ma tasse de thé. La course à la réussite, à l’argent, à la superficialité (qui est, selon notre narrateur, un choix… vive la liberté), très peu pour moi. Mais le ton, le ton… je m’en suis totalement délectée.

Le personnages principal est un être ignoble. Tout de suite, on le prend en grippe. Il est sexiste, méprisant à tous les niveaux et son unique quête, c’est d’avoir les meilleures notes, bien paraître, pour avoir le meilleur stage, donc la meilleure job payante plus tard. Il le dit, cash, comme ça. Il est vulgaire, il est presque fier de son attitude et le choix de la narration au « tu » nous implique beaucoup trop à notre goût parfois. Pour lui, la fin justifie les moyens. Il est sûr de lui, sûr de sa supériorité, et de l’infériorité d’à peu-près tout le reste de l’univers.

Puis, ça va craquer. Et on est aspiré dans la spirale de l’angoisse, on dérape vers la folie, et on perd prise.

Le roman est cynique, décapant, le portrait de certaines classes de la société est sans concession et le traitement de l’obsession de la performance est presque du registre du roman d’horreur. Et la fin… les dernières phrases sont glaçantes.

À découvrir, donc! En fait, l’auteur est à découvrir!

Warbreaker – Brandon Sanderson

Le comment du pourquoi

Je pense que c’est Emily Fox, booktubeuse québécoise qui chronique en anglais, qui m’avait donné envie de le lire. Mais bon, quand même… ça reste Brandon Sanderson!

De quoi ça parle

La guerre plane sur le royaume d’Idria. En effet, le royaume voisin et rival, Hallandren, le menace. C’est l’histoire de deux princesses, Siri et Vivenna. Vivenna, l’aînée, parfaite et favorite, est destinée au God King de Hallandren mais quand vient le moment, le roi d’Idris envoie plutôt Siri, sa fille cadette, pas élevée pour ça et un peu rebelle. Vivenna va donc partir incognito pour Hallandren pour tenter de sauver sa soeur.

Mon avis

Brandon Sanderson, c’est une valeur sûre. J’ai pris celui-ci car je croyais que c’était un one shot (alors qu’il y aura, peut-être, hypothétiquement, une suite) et que l’idée de la magie, avec les Biochromatic breaths que les gens peuvent accumuler me plaisait beaucoup. Et sincèrement, une épée magique assoiffée de sang comme personnage secondaire… comment résister? J’adore Nightblood!

Comme toujours avec l’auteur, je ne me suis pas ennuyée une seule seconde. Il réussit à créer un monde somme toute complexe (quoique réduit dans ce cas précis), des personnages avec de la profondeur, tout en nous offrant une histoire qui se tient et qui nous fait tourner les pages à toute vitesse. En plus, c’est hyper accessible comme fantasy. Sincèrement, ce roman ne devrait faire peur à personne.

J’ai adoré découvrir l’univers avec les deux protagonistes, qui évoluent énormément, qui doivent rapidement remettre en cause ce qu’ils ont appris ainsi que leurs valeurs pour pouvoir survivre, l’une dans les bas-fonds de la ville et l’autre dans un palais où elle ne sait absolument pas à qui faire confiance. Les complots sont partout, le danger rôde à chaque coin de rue et les gens ont tous des agendas cachés, et ce dans tout Hallandren. Bref, c’est passionnant.

Le roman explore les jeux de pouvoir, les malentendus, les perceptions différentes ainsi que les religions, ce qu’elles sont censées être et ce qu’elles sont vraiment. Tous et chacun sont manipulés et j’ai beaucoup aimé le point de vue de Lightsong, dieu car revenu à la vie car mort en héros, qui se demande bien ce qu’il a bien pu faire, m’a énormément plu. Bref, génial.

L’écriture est très visuelle, presque cinématographique, et si l’intrigue est moins complexe que Mistborn, c’est tout de même un roman passionnant qui se dévore!

Les Zola – Marcaggi/Chemama

Le comment du pourquoi

Parce que Zola.

Je pense que ça suffit.

De quoi ça parle

Tout le monde connaît Zola auteur. Pour ma part, j’ai lu les 20 tomes des Rougon-Macquart. Dans l’ordre. Du coup, je connais une partie de l’oeuvre, mais assez peu l’homme. Dans ce roman graphique, nous rencontrons les femmes de la vie d’Émile Zola, et nous verrons également comment celles-ci ont influencé son oeuvre.

Mon avis

Entendons-nous, je pouvais difficilement ne pas aimer. Ce roman graphique met en avant Gabrielle / Augustine, la femme de Zola, celle qui a tout sacrifié pour son monstre littéraire de mari parce qu’elle croyait en lui et en son talent. Le portrait qui est ici dressé est celui d’une femme de son époque, certes, mais d’une femme forte, qui en a vu d’autres. Elle a rencontré Emile Zola alors qu’il n’était pas connu et qu’il n’avait pas un sou. Elle, elle posait pour Manet et connaissait bien Cézanne, alors grand ami de Zola. Vous savez, le déjeuner sur l’herbe? Elle, c’est la femme derrière, en robe blanche, dans l’eau.

Nous suivons aussi la création du cycle des Rougon-Macquart, nous voyons Zola et sa femme se balader dans les Halles de Paris, nous comprenons l’influence du bruit des vagues et on nous propose une explication au Docteur Pascal. Je pense que ce que j’ai préféré.

Nous rencontrons aussi Jeanne, maîtresse de Zola, nous le voyons naviguer à travers les affres de l’affaire Dreyfuss, se brouiller avec Cézanne, réagir aux critiques et au succès, ça donne envie de se replonger dans Zola, de relire certains tomes des Rougon-Macquart. En plus, le dessin me plaît beaucoup.

À lire pour tous les fans de Zola. Et aussi pour ceux qui ne l’aime pas, question de le voir son côté fort humain, fort faillible aussi. Bref, good pick!

C’était ma BD de la semaine!

Tempêtes – Andrée A. Michaud

Le comment du pourquoi

Parce que j’avais envie de lire autre chose de Andrée A. Michaud pour Québec en novembre. Et puis, oups… j’ai oublié le billet!

De quoi ça parle

Marie Saintonge se rend dans le chalet isolé de son oncle qui s’est récemment suicidé, tout près de Cold Mountain. Suicide auquel elle ne croit nullement d’ailleurs. Peu à peu, l’ombre de la montagne et son grondement déteint sur elle, alors qu’elle se retrouve dans un huis clos très anxiogène.

De l’autre côté de la montagne, Ric Dubois est installé dans un camping où tout le monde se connaît, pour terminer un manuscrit, celui d’une personne morte elle-aussi dans des circonstances étranges. Des pluies torrentielles s’abattent sur le camping et des événements tragiques commencent à survenir autour de lui.

Mon avis

J’ai refermé ce roman… et je n’étais que perplexitude. J’avais l’impression d’avoir manqué quelque chose, tout en ayant passé un bon moment de lecture, principalement en raison de la plume évocatrice et poétique d’Andrée A. Michaud. Sauf que, sincèrement, je ne suis pas du tout certaine d’avoir bien compris le vrai lien entre les deux histoires, ni d’avoir vraiment saisi ce qui c’était passé à l’ombre de cette montagne incarnée, vivante, effrayante.

Parce qu’ici, la montagne est un réel personnage dans l’histoire. Nous sommes presque toujours à la limite du surnaturel et j’ai eu l’impression qu’on traversait à l’occasion la dite frontière. Sans en être certaine. En fait, j’ai lu ce roman à mon retour, en pleine folie furieuse de novembre et peut-être que je n’ai pas pu m’y impliquer autant que je l’aurais voulu. Pourtant, pendant ma lecture, j’y étais, à Cold Mountain. Je l’entendais gronder, elle pesait sur moi, carrément. J’ai surtout apprécié l’histoire de Marie car j’aime beaucoup explorer la fuite de la réalité, la chute vers ce qu’on peut appeler la folie. Sa vision des choses devient de plus en plus étrange, on la sent glisser et j’ai été fascinée.

Et là… on a changé d’histoire. Et cette autre histoire, toujours aussi riche en atmosphère, m’a beaucoup moins intéressée. J’ai eu l’impression que l’autrice avait eu envie d’écrire deux histoires, n’avait pas su laquelle choisir et avait finalement rabouté le tout ensemble. Bref, je suis un peu mitigée.

Toujours une aussi belle plume, mais pas aussi charmée que je l’avais été par Bondrée, dont l’ambiance m’avait happée… et gardée captive.