Suzanne Travolta – Elisabeth Benoit

Le comment du pourquoi

Parce que dans la liste du prix littéraire des collégiens. J’aime les listes, c’est plus fort que moi.

De quoi ça parle

Heu… comment dire… c’est compliqué.

Marie-Josée, une scénographe, s’est suicidée. Marie-Josée était une soeur. La soeur de Laurent, vedette de télévision québécoise, qui occupait une grande partie de l’esprit de Marie-Josée. Dans ce quartier du Mile End, Suzanne la croisait fréquemment, mais n’était pas son amie. Elle ira quand même aux funérailles et rencontrera des gens reliés à Marie-Josée, qui feront peu à peu partie de sa vie.

D’un autre côté, un récit très factuel, celui de deux détectives qui doivent l’espionner, mais on ne sait pas pourquoi et eux non plus. Ils l’observent à travers des caméras, des fouilles, et remarquent des choses étranges. Un revolver. Un fantôme dans la salle de bain.

Mon avis

Je pense que je ne suis pas assez intelligente pour ce roman. Je l’ai refermé en me disant que j’avais forcément manqué quelque chose parce que trop d’éléments m’échappaient. Et même en en parlant avec d’autres lecteurs, je ne suis pas certaine de bien comprendre l’intention de l’auteur. Je croyais au départ qu’on parlerait de cette « soeur de », de l’influence d’un frère très connu sur la vie d’une personne qui l’est beaucoup moins. Mais finalement, ça s’en va ailleurs. Le problème, c’est que je ne sais pas vraiment où. Les personnages nous surprennent parfois, sont finalement plus complexes qu’il n’y paraît au premier abord. Qui est Suzanne? Pourquoi est-elle surveillée? Ya quoi, dans la salle de bain? De quoi ça parle, finalement?

Et vous savez quoi? Je n’aime pas me sentir idiote face à un roman. Du coup, malgré une écriture qui m’a énormément plu, des procédés narratifs originaux, volontairement flous, une dualité de points de vue hyper intéressante, je reste un peu sur ma faim.

Comme je le disais, l’écriture est très particulière, fort différente selon les parties. Mike et Bob jettent un regard plus froid sur la vie de Suzanne, qui se révèle beaucoup plus mystérieuse que dans les parties où elle est la narratrice, quoique effacée, de sa propre vie. Elle est à la fois bougonne, drôle, parfois totalement extérieure, et devient un parfait réceptacle pour les digressions et les histoires de tous les autres personnages. Quel plaisir aussi de retrouver le Mile End, le plus vieux, celui où habitaient plusieurs copains quand j’étais étudiantes, et qui n’avait pas grand chose à voir avec le quartier glamour d’aujourd’hui. Et oui, je suis déjà allée à l’Olimpico!

J’aime aussi le procédé des différentes scènes, qui nous donne un peu l’impression d’être au théâtre, d’assister à des moments précis, les « a dit qu’il a dit » et les paroles rapportées. La prose mérite d’être découverte. J’aime toujours les regards portés sur une personnes par les autres, ça me donne une impression de kaléidoscope qui me plaît à chaque fois. J’ai aussi apprécié être baladée par cette construction étrange sans savoir jusqu’à la toute fin… jusqu’à ce que je réalise que je ne comprenais visiblement pas.

Donc, appel au secours… expliquez-moi, vous, lecteurs dithyrambiques, qui portez ce roman aux nues!

Kididoc du corps humain – Éditions Nathan

Le comment du pourquoi

Parce qu’il est arrivé par surprise dans ma boîte, et qu’avec ma formation de secouriste, veux veux pas, le corps humain, ça m’intéresse. Et bon, NON, je ne compte pas redevenir patrouilleuse de ski. Never.

De quoi ça parle

Ben… du corps humain. Avec plein de petites portes et de petites animations. Je crois rêver.

Mon avis

Je vous ai déjà dit le bien que je pensais de ces Kididoc. Un peu fragiles pour les touts petits (ben quoi, le carton, ça peut se déchirer quand l’enthousiasme déborde), mais super bien faits, avec peu de texte et tout plein d’images, accessibles aux jeunes.

Chaque double page est dédié à un thème et chacune d’entre elles a des rabats, parfois juxtaposés entre eux. C’est toujours sous forme de questions et de réponses et les questions sont souvent celles que les enfants posent d’eux-mêmes. Je sens qu’ils ont dû demander à plusieurs enfants ce qu’ils voulaient savoir sur le corps humain! Les explications sont faciles à comprendre et, certes, ils ouvrent la porte à beaucoup d’autres questions. Vous allez parfois devoir chercher d’autres réponses!

Bref, ça parle de la digestion, du cerveau, des sens, des « bruits drôles » (le « pourquoi on pète » et « pourquoi on fait caca » ont été les préférés… bizarre hein!), de la peau, des, os, du coeur, des poumons…il y a des exemples concrets, ça parle aux jeunes et même adulte, j’ai passé un bon moment à jouer avec les rabats et les petites animations. On a même pu faire des quizz ensuite!

Encore un très bon Kididoc!

Les offrandes – Louis Carmain

Le comment du pourquoi

Parce que le Prix des Libraires du Québec. Et parce que maman n’avait pas vraiment aimé… et que souvent, dans ce temps-là, j’aime ça!

De quoi ça parle

Maude Cantin Espejo est née à Baie-Comeau mais habite au Mexique depuis ses 18 ans. Elle est détective pour animaux, genre Ace Ventura et vivote dans un Mexico assez pourri. Quand Gilda, son ex-belle-mère l’invite à manger dans un resto chic, elle est certaine que c’est pour retrouver son épagneul tibétain. Mais si Ricci, la bête en question, se porte ma foi fort bien, ce n’est pas le cas de tout le monde. En effet, Cindy et Valeria, deux soeurs femmes de ménage dans l’immeuble chic de Gilda ont été retrouvées pendues au pacanier et elle voudrait que Maude fasse la lumière sur cette histoire. Elle va être confrontée à bien plus noir que ce qui apparaissait au premier abord.

Mon avis

Je ne lis jamais les 4e de couvertures. Du coup, je n’avais pas allumé qu’au coeur de ce roman, on trouverait le monde des narcotrafiquants. Je ne spoile pas en disant ça. On parle de meurtres de femmes au Mexique. Les cartels ne sont jamais bien loin. Ce qu’il faut savoir, c’est que le crime organisé ne m’intéresse que quand c’est la mafia américaine. Ouais, Hollywood a eu cet effet sur moi. Du coup, quand j’ai réalisé de quoi ça parlait, mon enthousiasme initial a un peu retombé.

C’est que c’était bien parti pendant les premières pages. J’aimais bien l’humour grinçant et les commentaires en aparté. Sauf que plus on avance dans le roman, moins c’est drôle. Il y a encore des pointes d’humour mais le contenu est tellement sombre que ça tombe à plat. C’est violent, toujours. Pas toujours sanglant mais violent. Dans les gestes, les paroles. La poussière, la vulgarité et la violence faite aux femmes est partout, chez les adultes comme chez les enfants. Pratiquement aucun personnage n’est aimable, il y a des côtés assez horribles chez chacun d’entre eux. Pas un pour rattraper l’autre. Et mon problème, c’est que sur la longueur (475 pages, tout de même), c’est lourd. Très lourd.

Si l’humour de Maude m’a fait sourire au départ, finalement, son pessimisme, sa façon de voir toujours le mauvais côté des choses et de tout dénigrer ont fini par me taper sur le système. Du mal à être empathique, surtout quand je me demandais vraiment pourquoi, mais pourquoi, elle était allée se foutre dans ces situations. Il y a de contantes et très récurrentes références culturelles, très actuelles, et beaucoup de nom de marques sont citées. Souvent. Et vous savez quand quelque chose commence à gosser? Ben ce qui est arrivé pour moi avec ces références. Je. N’en. Pouvais. Plus.

J’avoue que jusqu’à la page 400, je me demandais sérieusement pourquoi ce roman était sélectionné au prix des libraires. La fin, par contre, est vraiment bien et rachète une partie des longueurs. J’ai été agréablement surprise par la façon dont tout était bouclé et on reste un peu sans mot devant ces dernières pages. Pas que j’étais hyper étonnée… plutôt vidée.

Ceci dit, c’est un portrait sans concession d’un Mexique dominé par les cartels, où la corruption et les liens avec les narcos sont partout et où la narcoculture est limite populaire. C’est sale, glauque, la culture du viol et du harcèlement est omniprésente et après avoir refermé ce roman, on n’a aucune, mais alors aucune envie d’aller se balader dans les rues du Mexique!

Pas mon préféré, mais la fin m’a réconciliée avec le reste de l’histoire!

Vil et misérable – Samuel Cantin

Le comment du pourquoi

On m’avait dit que c’était chouette, bête et méchant. J’avais envie de bête et méchant. Ouais, ça m’arrive.

De quoi ça parle

Lucien Vil est un démon. Il est libraire chez Linguine, voitures usagées, livres usagées. Il a des collègues avec qui il n’a rien en commun et – ô drame – il doit former un nouvel apprenti, Daniel, un gars on ne peut plus normal.

Mon avis

Commençons par le commencement, Lucien est un démon. Un vrai. Un démon qui va chez le psy le plus connardos du monde et qui voue une passion à la journée de l’Halloween. Ben quoi, c’est le seul jour où il peut aller travailler à poils… et en ayant l’air déguisé. Son pire problème? Ses collègues sont cons et vulgaires et il n’a pas baisé depuis 40 ans. Ah oui. Lui aussi est con, macho et vulgaire. Très. Faut donc aimer le genre!

J’avoue, parfois, j’ai ri. Les situations sont complètement ridicules, l’humour est décalé, tous les personnages sont détestables, au point que Lucifer est le plus sympathique de tous. Et c’est dire. Lucien, c’est un mix de grossièreté et d’érudition bizarre. C’est tellement n’importe quoi qu’il m’est arrivé d’ouvrir les yeux ronds comme des trente sous et de me dire « voyons donc! » Vous ne saviez pas ça, vous, que pour passer à autre chose, fallait accepter que votre est mère est une grosse citrouille? Ben c’est ça.

Tout le monde est hyper enthousiaste face à cette BD. Pour ma part, je ne suis pas super fan du dessin (les nez, les nez) mais ce qui m’a bloquée, ce sont les blagues et pensées sexistes, certes – un peu – dénoncées, mais beaucoup trop près de ce que j’entends parfois pour que je trouve ça drôle. J’avoue que la grossièreté, bof…

De l’auteur, j’ai préféré Whitehorse, surtout le tome 2, qui m’a fait rire aux éclats et duquel j’ai mieux su aprécier l’ironie. Pourtant, il paraît que celui-ci est le meilleur! Bref, moi, quoi! Ce qui m’a le plus fait rire, c’est la combinaison « chars pis livres usagés! » Jamais comme tout le monde!

Moka nous accueille pour la BD de la semaine!

Je ne suis pas fou – André Marois

Le comment du pourquoi

Je ne sais plus qui en a parlé… mais bon, je l’ai vu sur un blog (as usual), j’ai été tentée… et je l’ai lu! C’était la raison inintéressante du jour!

De quoi ça parle

Je vous donne les premières phrases, et vous comprendrez.

 » Chaque soir, c’est pareil : maman prépare une tarte aux pommes et l’enfourne. Papa et moi regardons les nouvelles à la télé. Après l’émission, un cri retentit toujours de la cuisine, puis le bruit d’une chute. Mon père et moi nous précipitons. La tarte est renversée sur le sol ; maman explique qu’elle l’a fait tomber à cause du moule qui était brûlant. Papa s’allume une cigarette sans rien dire et part à la recherche de son cendrier. Chaque soir c’est pareil, et mes parents font comme si de rien n’était. Je crois qu’ils veulent me rendre fou « 

Mon avis

Je ne suis pas certaine d’avoir compris. En fait, je n’étais pas certaine d’avoir compris jusqu’à ce que j’écoute l’entrevue de l’auteur à « Samedi de lire« . Et après l’avoir écouté, je suis atterrée, certes, mais je reste avec l’impression qu’il m’a quand même manqué quelque chose… Je reste avec une question, prégnante… mais… POURQUOI???

Nous entrons donc dans une maison par les yeux d’un jeune garçon et nous resterons dans ses pensées tout au long du roman. Ce qui se passe dans cette famille est incroyable, complètement à côté de la plaque et notre petit héros est convaincu que ses parents cherchent à le rendre fou pour pouvoir s’en débarrasser, parce que, notamment, il coûte trop cher en nourriture. Roman sur la folie, certes, mais celle de qui? Des parents? De l’enfant? De la société qui ne réagit pas? C’est la question qui se pose tout au long du roman.

L’intérêt du récit est la vision et la réaction de l’enfant à ce qui lui est fait subir. Chaque tentative de rebellion se solde par des punitions, souvent insidieuses et reliées à la bouffe. Comment y réagit-il? Comment interprète-t-il ce qui lui est fait? Ça fascine au départ de voir des comportements complètement irrationnels passer pour parfaitement normaux, de voir cette absence totale de communication, mais on finit par se lasser. Cette spirale de pensées est intéressante mais pour moi, ça a été quand même trop peu. On est dans un roman psychologique, mais parfois tellement incroyable que, justement, ça a perdu de son intérêt. Pourquoi personne ne réagit? Comment ça se peut?

Vous me direz que ce n’est pas le but, que ce n’est pas ça l’important, que l’atmosphère anxiogène est réussie et qu’on se questionne réellement en tant qu’adulte sur la crédibilité de cet enfant. Je sais. Mais il m’a quand même manqué quelque chose pour complètement adhérer.

Usva a davantage apprécié!

The Unhoneymooners – Christina Lauren

Le pourquoi du comment

J’avais vu ce roman dans plusieurs tops 2019 et j’avais envie d’une petite romance. Du coup, j’ai choisi celle-là. Ça et la couverture jaune pétant. Il m’en faut peu.

De quoi ça parle

Olive et Ami sont identiques au plan physique, mais psychologiquement, elles sont l’excact opposé l’une de l’autre. Ami est chanceuse. Très chanceuse. En effet, elle a presque gagné intégralement son mariage de rêve et de façon générale, tout lui réussit. Olive, quant à elle, attire la malchance. Du coup, quand le fameux mariage vire au drame en raison d’une bactérie dans le super buffet de fruits de mer, Ollie se retrouve devant l’opportunité de partir à Maui, sous l’identité de sa jumelle, elle se dit qu’il va forcément arriver quelque chose. Et oui, en effet, il arrive quelque chose. C’est un voyage de noce. Gagné (of course) par sa soeur, c’est un voyage de noces. Et qui doit lui servir de « faux mari »? Ethan, le frère du mari de sa soeur. Celui qu’elle déteste cordialement, et qui le lui rend bien, d’ailleurs. Ça promet!

Mon avis

Je ne sais pas pourquoi, quand je lis une romance, je m’attends toujours à quelque chose de plus que ce que j’y trouve. Pourtant, je le sais hein! Je sais exactement ce que je vais lire, au fond. Mais j’ai déjà trouvé le quelque chose en question dans certains romans et, allez savoir pourquoi, j’espère encore.

Bon, là, vous allez vous dire que j’ai détesté. Ben non, je n’ai pas détesté. C’était pas mal. Sans plus. Drôle, rythmé, des situations rocambolesques et improbables, un personnage principal qui est parfois énervante mais quand même attachante, des gaffes à gogo… Voilà. Agréable. Mais je suis loin d’être aussi enthousiaste que les critiques que j’ai pu entendre… et qui m’avaient décidée à le lire. En fait, en lisant le personnage masculin au début, j’espérais quelque chose… et finalement, non. Il est juste bland. Comme la plupart des personnages masculins que j’ai lus récemment.

Ceci dit, si j’en avais un peu marre de la partie à Maui à partir du moment où ils ont commencé à moins se taper sur les nerfs (et la RAISON pour laquelle ils se tapaient sur les nerfs… je ne veux même pas en parler), la seconde partie, avec ce qui devient un drame un peu plus familial (j’ai adoré la famille), m’a davantage plu. L’héroïne réalise des choses avec l’aide de sa famille et du mec, mais elle prend ses décisions toute seule et ce n’est pas l’amour qui la sauve. Elle le fait toute seule, avec l’aide des gens qui sont autour d’elle.

Bref, une romance pas mal, avec un style enlevé, de jolies images de Maui, de chouettes relations entre soeurs (adoré les textos), que j’ai quand même lue en une journée. Je pense sincèrement que ça va beaucoup plaire aux amateurs du genre… mais je pense que je réussis de moins en moins à y accrocher.

Dommage…

Nymphéas noirs – Duval / Cassegrain / Bussi

Le comment du pourquoi

Je venais de lire la version roman… il fallait que je découvre la version BD! En fait, j’ai reçu la version BD il y a quelques mois, et je voulais lire le roman avant… ouais, c’est plutôt ça!

De quoi ça parle

Je ne vais pas – encore – vous expliquer de quoi parle la BD vu que j’en ai parlé la semaine dernière… je vous renvoie donc à mon billet sur le roman. Sachez toutefois que nous sommes à Giverny, pays de Monet, où un crime a eu lieu. Autour de l’intrigue gravitent trois femmes. Une égoïste, une menteuse et une méchante.

Mon avis

Je ne pensais pas qu’il était possible d’adapter ce roman en BD. Ceux qui l’ont lu comprendront sans doute pourquoi et je n’en parlerai évidemment pas ici. Mais croyez-le ou non… j’ai trouvé ça franchement réussi comme adaptation! Et ce n’était pas gagné! Entendons-nous, connaissant l’histoire, les tenants et les aboutissants, j’ai passé toute ma lecture à chercher les indices, à voir comment c’était construit, comment les écueils allaient être évités. Le choix des illustrations est très bien pensé, le découpage des cases est hyper bien fait et on sent l’influence impressionniste dans les images, tout en pastel et en douceur. Aurais-je tout compris si je n’avais pas lu le roman? Je ne sais pas… j’aurais peut-être été un peu perdue, ou frustrée par les trucs utilisés pour brouiller les pistes.

L’adaptation est fidèle au roman, on retrouve l’atmosphère de Giverny et le côté mystérieux amené par cette vieille dame qui erre dans la ville comme un fantôme que personne ne semble voir. C’est bien fait et une seule image aurait pu me mettre la puce à l’oreille!

Si vous avez aimé le roman, je vous conseille la BD, ça va vous ramener en plein dans cette ambiance. Si vous ne l’avez pas lu, vous risquez d’être un peu perdu… mais je suis curieuse de voir ce que vous allez en penser et je gagerais sur un cerveau un peu retourné! Impressionnant! Ou impressionniste. Au choix!

C’était ma BD de la semaine… et Stephie fait le recensement des liens cette semaine!

Konbini – Sayaka Murata

Le comment du pourquoi

J’ai entendu parler de ce court roman par une amie qui avait dé-tes-té. Et les raisons pour lesquelle elle avait tant haï ce roman m’ont interpellée. Donc, je l’ai lu (je sais, faut pas chercher à comprendre)… et moi, j’ai beaucoup aimé! Je remercie donc l’amie en question d’en avoir parlé avec tant de passion haineuse. Je sens qu’elle va être morte de rire quand elle va me lire!

De quoi ça parle

Keiko a 36 ans et, depuis 18 ans, est à l’emploi d’un kombini (un genre de dépanneur ouvert 24h), à temps partiel. Elle n’est pas mariée, n’a pas d’enfant, et adore son emploi. Toutefois, pour tout le monde, sa situation n’est pas normale, pas désirable. Quand un nouvel employé arrive et qu’elle se retrouve à lui donner un coup de main, elle va, par la force des choses et des gens, se remettre en question.

Mon avis

Voici ici un très court ouvrage, très étrange, très particulier, qui ne touchera pas tout le monde, mais qui m’a pour ma part beaucoup plu. Keiko, le personnage principale, pourrait être décrit comme une femme non neurotypique, qui ne comprend pas du tout les conventions sociales et qui réagit à sa façon qui est – pour elle seule – fort logique. Au Japon, de nos jours, une personne sans emploi stable, pas mariée, n’est pas encore totalement acceptée et j’ai beaucoup aimé les stratégies de Keiko pour avoir l’air « normale ». C’est triste et drôle à la fois et c’est surtout hyper juste. C’est que, voyez-vous, Keiko AIME travailler au Konbini. Elle s’y réalise, ne fait de mal à personne, y trouve des défis et de la valorisation. Elle est différente, mais pas malheureuse d’être différente. Certes, la société lui pèse un peu et la force à « faire semblant ». Et ça, ça m’a beaucoup plu.

C’est d’ailleurs ce qui est bien dans ce roman. Il propose une vraie réflexion sur la différence, mais vue par une culture différente. Il offre un angle très intéressant sur les pressions et les attentes de la société et sur les préjugés qui demeurent et les effets que ceux-ci peuvent avoir sur certaines personnes. Certes, le personnage masculin qui entre en scène est à taper (en bonne québécoise, je dirais « à fesser dedans »), mais même s’il est détestable, il va quand même avoir un regard très lucide sur le monde qui l’entoure. Ok, lucide, ce n’est peut-être pas le mot. Il a sa propre perception, est assez parasite merci et n’a pas l’intention de changer, quitte à insulter tout le monde et à imposer sa façon de voir les choses. Comme quoi les différences n’ont pas toutes les mêmes impacts.

Un roman sur la découverte et l’acceptation de soi et sur les diverses version du bonheur. Un roman aussi sur la différence, celle qui dérange, et qui m’a emmenée à lire sur la culture japonaire, notamment sur le phénomène des freeters, jeunes adultes méprisés qui mettent de côté la carrière et la famille pour avoir des petits boulots. Bref, une plume assez dépouilllée, mais un propos qui vaut la peine d’être lu.

Nymphéas noirs – Michel Bussi

Le comment du pourquoi

J’ai la BD chez moi et je veux la lire. Du coup, je me suis dit que je pourrais lire le roman avant. Surtout qu’il est dédicacé.

De quoi ça parle

Nous sommes à Giverny, nom ô combien magique pour certaines personnes (dont moi… j’ai fait mon pélerinage!) amoureuses de Monet et des autres impressionnistes. Un cadavre a été trouvé sur les rives de l’Epte, celui d’un médecin ophtalmologiste amateur d’arts et, clairement, ce n’est pas un accident. Au coeur du récit, trois femmes. Une enfant de 11 ans qui aime peindre, une jolie institutrice aux yeux violets et une vieille dame, invisible au yeux de tous, qui hante les rues du village. Alors que les policiers patinent dans leur enquête, le piège se resserre.

Mon avis

Je ne savais absolument pas à quoi m’attendre en prenant ce roman et je l’ai choisi pour Giverny, pour l’art, pour Monet et l’ambiance un peu floue… impressionniste, quoi. J’avais envie d’un roman d’atmosphère avec une enquête en arrière-plan et c’est exactement ce que j’ai eu. Je ne m’attendais à aucune révélation particulière (oui, inkulte je suis).. et du coup, je me suis fait joyeusement balader. Certes, j’ai eu des doutes sur certains aspects, je me suis dit « et si… », mais en gros, je ne pense pas avoir compris précisément avant que l’auteur ait décidé de me le faire comprendre. C’est bien, des fois, de ne pas du tout savoir ce qui nous attend.

Entendons-nous, il y a des choses qui m’ont laissée dubitative. Les relations entre le détective Laurenç et la jolie suspecte m’ont semblé tirées par les cheveux et ça a passablement dérangé ma lecture un moment donné. Mais j’étais tellement contente de revisiter Giverny, la maison rose, le jardin de Monet, la maison Baudy et ces petites rues que j’ai aimé arpenter que je pense que j’étais prête à tout accepter! En fait, le roman a d’ailleurs un côté assez impressionniste. Par petites touches, des impressions, des éclats de lumière et d’ombre… tout ce qu’il faut pour fasciner le lecteur, et le faire passer à côté de petits indices.

La construction est habile, on sent aussi la recherche derrière le texte, avec toutes les références sur la vie de Monet et de Giverny, les légendes du village et les mystères du milieu de l’art. Ce n’est pas tant l’enquête qui fait l’intérêt du roman, même si l’inspecteur un peu maniaque m’a bien fait rire. C’est plutôt la balade et le voyage à Giverny, l’ambiance, et la voix de cette détestable vieille femme, cette souris en noir, qui se plaît, du haut de sa tour, à observer sans intervenir les drames qui se déroulent sous ses yeux.

Une jolie découverte pour moi! Du très bon divertissement.

Appelez-moi Nathan – Castro / Zuttion

Le comment du pourquoi

J’avais vu cette BD sur plusieurs blogs lors de notre rendez-vous hebdomadaire. Et comme la thématique de la transidentité m’intéresse, je l’ai réservé ç la biblio… et j’ai attendu qu’il arrive!

De quoi ça parle

Lila a grandi auprès d’une famille aimante et d’un petit frère qu’elle adore. Mais quand l’adolescence arrive et que ses seins se développent, c’est la confrontation avec elle-même et l’évidence. Ces seins ne font pas partie d’elle. Lila n’est pas une fille, c’est un mec.

Mon avis

Cette bande dessinée a été beaucoup présentée sur les blogs, avec des avis presque unaninement très positifs. Mon avis est également positif, mais beaucoup moins dithyrambique que la plupart. Peut-être est-ce parce que j’ai quand même pas mal lu sur le thème depuis les dernières années, allez-donc savoir.

Nous avons donc ici une BD inspirée d’une histoire vraie et je pense qu’elle touchera et rejoindra également les jeunes. Le langage utilisé est le leur (je n’ai pas tout compris, en tant que québécoise… mais ça, c’est souvent un problème pour moi dans la littérature YA française), le point de vue est celui de Lila/Nathan, que nous suivrons pendant quelques années, soit jusqu’à la fin du lycée. Et je pense que les jeunes sont beaucoup plus délurés et ouverts et que nous l’étions à 15-16-17 ans! Les temps changent comme on dit!

La transition est ici présentée de manière un peu « pédagogique », et l’accent est surtout mis sur l’avant, sur l’évolution psychologique de Nathan, sur son mal-être. Cette partie est plus longue, certaines images sont troublantes et on comprend bien le profond mal-être qui l’habite. J’ai aussi beaucoup aimé les réactions de sa famille, leur soutien, mais aussi leur peine, qu’ils ne réussissent pas toujours à cacher. Les réactions de Nathan face à eux ne sont pas non plus parfaites et j’ai trouvé le tout très réaliste, très humain.

Ceci dit, si j’ai trouvé la BD instructive et que le dessin m’a bien plus, je suis restée extérieure émotivement par rapport au récit. J’ai été davantage touchée par d’autres histoires traitant du même sujet et si je n’hésiterais pas à le conseiller à des gens voulant en savoir davantage sur le sujet, je n’en fais pas non plus un incontournable. Bien, mais pas un coup de coeur pour moi.

C’était ma BD de la semaine, et tous les billets sont chez Noukette!