Le comment du pourquoi
Moka a lancé le challenge « Les classiques c’est fantastique » au début du confinement et pour avril, c’était Émile. Du coup, j’ai décidé de participer. Bon, je sais, on est en mai. Mais je me suis décidée à la dernière minute et avec Stephie, on s’est dit qu’on publierait notre Zola lundi 4 mai. De là ce billet. Et bon, comme j’ai terminé de lire les Rougon-Macquart (dans l’ordre, psychorigide je suis), j’ai jeté mon dévolu sur Thérèse Raquin, qui était dans ma pile, hérité de ma grand mère. Yavait plus qu’à!
De quoi ça parle
Thérèse Raquin a été élevée par sa tante, avec son cousin Camille, un petit garçon maladif, gâté par sa mère, qui est prête à tout pour lui. Une fois adultes, les deux cousins sont mariés (ben quoi, il faut bien quelqu’un pour s’occuper de Camille) et la petite famille déménage à Paris, près de la Seine. Thérèse accepte placidement son destin, sans réagir, jusqu’à ce qu’un jour, Camille ramène à la maison Laurent, un collègue, qui va éveiller son tempérament nerveux et passionné.
Mon avis
Zola, je l’aime d’amour. Je suis vendue d’avance, en fait. Ici, nous sommes dans un roman antérieur aux Rougon Macquart et si nous retrouvons son talent pour planter l’atmosphère et les décors, le rythme est beaucoup plus rapide et il y a nettement moins de descriptions. Bon, moi j’adore les descriptions zoliennes, mais si elles vous vont peur, c’est définitivement le roman pour tenter Zola. En effet, nous avons aussi un roman puissant, qui révèle le côté sombre de petites gens qui perdent pied suite à un acte terrible.
Ce qui fascine, ici, c’est encore une fois l’exploration de la nature humaine, surtout les côtés sombres de celles-ci. Aucun personnage n’est aimable. Tous sont égoïstes (Zola a d’ailleurs une certaine prédilection pour ce mot), égocentrés ou aveuglés mais malgré tout, même si on les déteste souvent, ils réussissent à nous faire souffir avec eux. Ici, on explore la réaction des personnages qui, sans nécessairement regretter leurs actions, ne parviennent pas à vivre suite à celles-ci. Ils sont hantés et réalisent peu à peu que ce qui devait les libérer les a en fait enfermés avec un fantôme effrayant, qui les empêche non seulement de vivre leur passion mais qui les pousse à prendre des décisions épouvantables et à se trahir eux-mêmes.
J’ai eu beaucoup de peine pour Mme Raquin mais c’est le personnage de Thérèse qui retient l’attention, par sa transformation mais aussi la relation entre les deux amants meurtriers, qui fait ressortir le pire chez un et chez l’autre et qui fait monter l’angoisse.
Je reprocherai toutefois une fin un peu rapide, à tel point que je suis allée vérifier sur le net pour voir si, vraiment, ça se terminait comme ça! Un roman fort, puissant, comme toujours chez Zola. Et je ne regrette pas du tout de m’y être plongée en ce moment. Quel talent!