Milly Vodovic – Nastasia Rugani

Le comment du pourquoi

La couverture. Non mais regardez-là! A-t-on besoin de davantage d’explications?

De quoi ça parle

C’est là que ça se complique. Parce que d’expliquer de quoi ça parle, ce n’est pas si simple que ça. Le roman s’ouvre sur une scène terrible. La jeune Milly, 12 ans, voit Swan Cooper tirer à juste à côté de la tête d’Almaz, son grand frère. Elle va donc se jeter dessus… et son frère va lui dire « tu n’es plus ma soeur ».

Milly et son frère sont d’origine bosniaque et dans le petit village de Birdtown, leur condition d’immigrés et de musulmans choque et fait peur. Roman sur la fin de l’enfance, sur le racisme et l’intolérance, le tout teinté de réalisme magique…

Mon avis

J’ai adoré et j’en garde un souvenir un peu confus, un peu onirique, malgré trois lectures. Oui, trois. Deux d’affilée, pour tenter de lire le texte avec un nouveau filtre après la finale et une juste là, au moment où j’écris ce billet parce que je voulais me remettre dans l’atmosphère, plusieurs mois plus tard. Je voulais lire les premières pages… et finalement, je me suis rendue à la fin. Ça parle, non?

Ce livre m’envoûte à chaque fois. Il m’envoûte pas ses thèmes, par sa poésie, toute simple, mais qui nous porte ainsi que par le réalisme magique qui ajoute vraiment un aspect à cet histoire. J’ai rêvé de coccinelles pendant des semaines. Le personnage de Milly, qui est au seuil de l’adolescence mais qui ne souhaite pas franchir le pas, est extrêmement touchant. Fragile et forte à la fois, elle se sent extérieure à ce monde où elle se sent étrangère et qu’elle ne saisit pas nécessairement. Du coup, elle se libère et tout lui est permis. Le passé en Bosnie pèse sur la famille et se heurte à ce monde poussiéreux, rempli de haine, de peurs et de racisme.

Un roman où des éclats de lumière côtoient la noirceur et la violence. Un roman où l’enfance explose à la croisée des chemins, où l’imagination et le rêve deviennent un refuge et où le lecteur doit accepter de se laisser porter, sans chercher à tout analyser. Les personnages secondaires sont intéressants, d’une densité qui se révèle petit à petit et l’atmosphère m’a emportée du début à la fin.

Un roman dont il est très difficile de parler mais qui vaut le coup d’être découvert pour sa poésie et son imaginaire. Je conseille et je mets plein de coeurs à côté!

Du bon usage des étoiles – Dominique Fortier

Le comment du pourquoi

Parce que ce roman était dans ma pile depuis sa sortie. Et un moment donné, il m’a pogné le trip de le lire. Faut pas chercher à me comprendre!

De quoi ça parle

Nous sommes en 1845, en plein milieu de l’ère victorienne. L’Angleterre veut étendre son pouvoir et son influence en trouvant le fameux passage du Nord-Ouest et deux grands navites, le Terror et l’Erebus, prennent la mer pour un voyage de deux à trois ans. Ce voyage est fort médiatisé et John Franklin, le capitaine expérimenté, riche et célèbre, laisse derrière lui sa femme Jane et sa nièce Sophia.

Basée sur une histoire vraie, celle de la désastreuse dernière expédition de John Franklin, il n’y aura pas de surprise quant à la finalité de cette histoire. Nous aurons différentes perspectives: celle de Francis Crozier, capitaine du Terror, sous forme de journal intime, mais aussi celle de Jane Franklin, sa deuxième épouse, grande voyageuse mais tout de même laissée derrière.

Mon avis

Quel bon moment de lecture j’ai passé avec ce roman. Ceux qui me connaissent savent que je suis vendue d’avance à la plume de Dominique Fortier. J’aime sa sensibilité, sa poésie et sa fluidité. Assez pour lire des livres en traduction quand c’est elle la traductrice. Moi qui, comme vous le savez, DÉTESTE lire en traduction de l’anglais au français. Vous pouvez donc vous imaginer que, cette fois encore, son écriture m’a portée et qu’elle a ajouté à mon plaisir de lecture.

Je suis aussi fan de ses constructions, de ses histoires reliées d’une façon ou d’une autre. Cette fois, nous nous baladons entre le journal de Crozier, Adam, jeune garçon avide d’apprendre et engagé sur le Terror et Jane, l’épouse de Franklin, restée en Angleterre. Le journal de Crozier, homme érudit et sensible, nous permet de jeter un oeil différent sur l’expédition, sur Franklin, les apparences et la réalité de ce qu’est une expédition dans l’Arctique. Il voit dès le départ les failles, les risques et porte un jugement parfois sans merci sur la vie luxueuse que les hauts gradés vivent malgré les dangers et la possibilité réelle que la nourriture et les équipements viennent à manquer. Il est en constant questionnement mais a laissé son coeur en Angleterre, après l’avoir offert à Sophia, la nièce de Franklin, qui n’en a pas voulu. Ce journal (fictif) nous permet de vivre la vie à bord, de ressentir le froid, l’ennui et la crainte qui s’insinuent petit à petit dans le coeur et le corps des hommes.

Quant à Jane, elle n’a rien de la pauvre petite femme timide de l’époque victorienne. Elle en a vu d’autres, profite de l’absence de son mari pour voyager mais elle tient aussi à maintenir son statut dans le monde. Entre thés, soupers et bals, le contraste entre sa vie et celle des marins est frappant. Pourtant, quand elle va commencer à s’inquiéter, elle va faire des pieds et des mains – à son niveau – pour que quelqu’un parte à la recherche de son mari.

Un roman glaçant et beau à la fois, un patchwork de témoignages habilement tissé, le tout porté par une très belle écriture. Il y a aussi une critique de la société victorienne, avec sa bienséance, ses apparences et cette volonté anglaise d’être les maîtres du monde et plusieurs touches d’humour (spéciale dédicace aux deux petits chiens de Lady Jane).

Bref, du bon Dominique Fortier!

La fugue – Pascal Blanchet

Le comment du pourquoi

Parce que je l’ai vu dans La BD de la semaine et qu’il était dispo à la bibliothèque. Il m’en faut peu.

De quoi ça parle

Dans une maison entourée de gratte-ciel, un vieil homme vit avec son piano et se souvient. Dans ce court album presque sans texte, nous revivrons son histoire, celle d’un pianiste jazz. Il s’agirait d’ailleurs d’un hommage à ses grands-parents zazous.

Mon avis

Dommage que l’album ait été aussi court! Me semble que j’aurais aimé passer davantage de temps avec ce personnage, et surtout avec le style graphique très particulier de Blanchet, à la fois très épuré, très design et fort rétro. Avec très peu de mots, peu de traits aussi, Blanchet réussit à représenter toute la douleur du monde et à nous faire vivre l’histoire de toute une génération, sur un air de jazz (avec playlist, s’il-vous plaît).

Le vieil homme de l’histoire a la musique dans le sang et son histoire d’amour avec elle remonte à son enfance et à son apprentissage du piano. Ceci marquera toute sa vie et c’est sur fond de musique jazz que nous le verrons tenter sa chance dans les clubs de la ville, partir à la guerre, tomber en amour, fonder une famille, souffrir, se courber… et vieillir.

C’est très beau et triste à la fois. L’objet-livre est aussi très très beau, comme c’est souvent le cas chez La Pastèque. J’en aurais juste pris davantage!

C’était ma BD de la semaine! Tous les liens chez Moka!

Les cachettes – Guy Lalancette

Le comment du pourquoi

Parce qu’il est arrivé par surprise dans ma boîte aux lettres (merci Véronique), juste après que Isabelle, cette fille qui lit, m’ait parlé de l’auteur. Je me suis dit que c’était un signe. Bon, j’ai mis une bonne semaine à le lire, mais c’était un signe quand même!

De quoi ça parle

Des inspecteurs sont appelés chez les Kérouac, famille nombreuse vivant avec leur mère. Claude, la jeune fille de 11 ans, a disparu et personne n’a semblé s’inquiéter avant le surlendemain. Les chapitres s’alternent, les impairs nous révélant la recherche tandis que dans les pairs, c’est la jeune Claude qui s’exprime, ce qui va nous amener à mieux la connaître, et à comprendre, un peu, petit à petit, sa façon de voir les choses.

Mon avis

Je l’avoue d’emblée, j’ai eu du mal à entrer dans ce roman. Je le lisais par courtes périodes et j’avais du mal à bien saisir l’intention de l’auteur, je ne comprenais pas vraiment où ça s’en allait. Puis, un après-midi, je me suis installée dans mon bain et j’ai décidé de ne pas en sortir tant que je n’aurais pas fini le roman. Il faut croire que ça a fonctionné car j’ai pu m’immerger davantage (no pun intended) dans le tourbillon de pensées de la petite Claude et finir par apprécier ma lecture. Pas autant que Richard ou Isabelle… mais quand même!

Claude Kérouac est une enfant étrange. Elle se cache. Des heures, des jours. Au point que sa famille, très particulière, ne réagit vraiment pas tout de suite quand, cette fois, elle ne réapparaît pas. Claude se cache sous les escaliers, dans des boîtes, dans la neige. Elle se cache pour ne pas être vue mais aussi pour mieux voir, elle qui croit qu’on ne voit bien que dans le noir. Sa pensée est trouble, dérangeante. Elle s’adresse parfois à nous, parfois à une Femme-Cabinet, psychologue que la jeune fille méprise, et nous révèle, par bribes, qui elle est, ce qui lui manque, et on apprend également à connaître sa famille.

Cette famille est aussi fort particulière. Ils vivent tous ensemble, certes, mais en silo, sans se parler, sans vraiment s’écouter l’un et l’autres. Sans réellement se connaître non plus. Claude a renommé les filles de noms de fleurs: Violette, Marguerite, Fleur… et il y a aussi Rose, qui ne s’appelle pas Rose, personnage évanescent et mystérieux. C’est que la jeune fille vit dans son univers bien à elle, entre rêve et réalité.

La voix de la jeune fille agace mais fascine tout de même. Sans être aussi forte et percutante que la petite Bérénice de L’avalée des avalées, elle nous la rappelle quand même, avec son regard désabusé sur les adultes et sur le monde qui les entoure. Le roman permet également d’explorer les problèmes de santé mentale chez l’enfant, sans pour autant creuser ni la nommer. Impossible aussi de ne pas avoir le goût de secouer tout le monde de cette famille, qui semble vivre dans un monde parallèle.

Par contre, je n’ai pas compris la pertinence de l’épilogue… j’aurais préféré imaginer. J’aurais aimé entrer plus vite dans l’histoire… mais finalement, je suis contente d’avoir persévéré!

Again, but better – Christine Riccio

Le comment du pourquoi

Parce qu’on me l’a offert et que j’étais curieuse de voir comment l’exubérance de Christine Riccio, booktubeuse que j’ai déjà suivie avec attention il y a un moment pour avoir son avis sur des livres jeunesse, mais que je ne suis plus parce que je n’en peux plus de l’entendre crier. Mais bon, j’espérais hein! On m’avait énormément vanté ce roman et en plus, je me disais qu’à l’écrit, à moins d’avoir un roman écrit en majuscule, on ne pouvait pas vraiment hurler…

De quoi ça parle

Shane Primaveri est une jeune fille de bonne famille qui, à l’université, a toujours eu de bonnes notes. Par contre, côté social, c’est le néant, le calme plat. Elle passe ses fin de semaines chez ses parents et ne s’est pas vraiment fait d’amis. Quand elle a la chance d’aller passer un semestre à Londres, elle se met en tête de faire ça bien, cette fois et de vivre la « vraie » vie étudiante.

Mon avis

La seule réflexion que ce roman m’a fait faire, c’est de réaliser à quel point des gens que nous ne connaissons pas du tout nous connaissent quand on blogue, ou qu’on est sur booktube. Ok, « connaître » n’est pas le bon mot. Mais même si vous ne faites que lire mes conneries ici et sur FB, vous connaissez pas mal d’éléments de ma vie, de mon caractère et de mes lubies. Le lien avec le livre? Je réalise que je sais BEAUCOUP de choses sur Christine Riccio, une booktubeuse que je ne suis même plus tant que ça. Assez pour reconnaître toute sa vie transposée dans ce roman… et pour comprendre que le personnage principal, c’est elle. Du coup, j’ai eu l’impression de la voir se mettre en scène, d’entendre sa voix et de lire une fanfiction de sa propre vie, avec un côté Mary Sue. Et ça m’a tapé sur le système (comme dirait mon neveu).

Je prends la peine de vous dire ça parce que je suis pas mal certaine que des gens qui n’en savent pas tant sur l’autrice n’auraient probablement pas eu la même réaction épidermique que moi et qu’ils n’auraient pas aussi souvent levé les yeux au ciel. Les références à ses livres et films préférés (lamppost, really?) et à sa propre vie (son surnom online, sa session en Angleterre). Bref, la table est mise.

Et vous aurez compris que je n’ai pas aimé. Nous rencontrons Shane alors qu’elle part à Londres pour un semestre, bien décidée à avoir du fun. Elle arrive dans les résidences de l’université où elle va rencontrer plusieurs personnes, qui vont im-mé-dia-te-ment (ou presque) tomber sous son charme. Ok, j’exagère. C’est juste que le côté immédiat de l’amitié entre les personnages m’a un peu énervée. Et l’insta-love aussi. Ce qui fait que l’histoire m’a assez peu intéressée et j’ai eu l’impression d’avoir lu ça 100 fois déjà. Et on parle de cette deuxième partie? Je n’ai aucun problème avec la touche de magie, mais je ne comprends absolument pas ce choix, 6 ans plus tard. Je ne veux pas spoiler alors je n’en dirai pas plus mais sérieusement, même si la fidélité et la monogamie n’est pas votre valeur principale, ça risque d’être quand même cringy. Du moins, ça l’a été pour moi.

Bref, je n’ai pas aimé ce roman. Mais étrangement, il m’a tellement énervée que je m’en souviens assez bien, et ce plusieurs mois plus tard, vu que j’ai perdu ma chronique originale. Mais « Lamppost » et « Pilot Penn » comme nom de personnage masculin principal, ça ne s’oublie pas.

Ceci dit… je vais peut-être dire moins de conneries sur Insta et FB… ou pas!

Just one damned things after another / The symphonie of echos – Chroniques de St-Mary – 1-2- Jodi Taylor

Le comment du pourquoi

Parce que j’avais envie de voyages dans le temps. I miss Doctor Who. Bon, vous me direz qu’il faudrait que je reprenne la série, mais j’ai peur de ne pas retrouver ce que j’aimais tant dedans… bref, je me suis tournée vers cette série.

De quoi ça parle

Imaginez un institut de recherche en histoire. Imaginez que pour vérifier les théories, on puisse retourner dans le temps et y assister de visu. Oui, je sais, ça rappelle Connie Willis (que j’adore). Mais il faut ajouter à ça une équipe d’Historiens complètement déjantée, qui a un sérieux problème avec l’autorité et un côté « roman de pensionnat »… et c’est finalement très différent.

Mon avis

Je vous parle ici des deux premiers tomes car ma lecture date un peu (ouais, l’un des fameux billets portés disparus avec mon ancien disque dur) et, je l’avoue, j’ai un peu de mal à me souvenir de la découpe des événements. En plus, je les ai enchaînés l’un après l’autre! Bref, il faut me pardonner.

Globalement, cette série a été pour moi un très bon divertissement. J’ai eu un peu de mal à entrer dans le premier pour plusieurs raisons mais en gros, j’ai trouvé le tout réjouissant! Nous rencontrons Max, qui va intégrer St-Mary suite à la recommandation de l’un de ses professeurs. Nous savons que Max a eu une enfance difficile et, avouons-le, elle a un foutu caractère. Ok, au départ, elle me tapait royalement sur les nerfs. Elle se croit tout permis, est tête à claque, fait tout n’importe comment… mais finalement… she grew on me!

C’est donc une série un peu déjantée, avec des personnages auxquels il ne faut pas trop s’attacher mais qui sont un peu délirants et des voyages dans le temps qui finissent toujours par virer au grand n’importe quoi (souvent par leur faute, leur très grande faute). L’histoire de fond se révèle petit à petit, on comprend graduellement d’où vient l’institut et ce qu’il représente et le grand méchant de l’histoire nous est révélé à mesure que l’héroïne commence à saisir le portrait global.

Bon, ok, je vous entends penser. L’héroïne a un côté Mary Sue, elle est tête à claques mais finir par tout comprendre avant tout le monde alors qu’elle est presque la dernière recrue. She’s a disaster magnet. Carrément. En fait, malgré leurs qualifications, ils sont tous des disasters magnets! Dans le premier tome, j’ai aussi été dérangée par le temps qui passe trop vite et qu’on ne ressent pas vraiment en tant que lecteur (5 ans passent en un éclair) et le côté « one damned thing after another », très désorganisé. Par contre, le deuxième volume se rassemble un peu, la narration se resserre (un peu)… et je vais définitivement continuer. Ne serait-ce que pour les éclats de rire à visualiser les situations impossibles dans lesquelles ils se trouvent… et à imaginer dans quoi ils vont bien pouvoir se fourrer ensuite, vu les décisions douteuses qui sont prises par tous et chacun!

Pour moi, ça n’a pas la profondeur de la série d’Oxford de Connie Willis… mais c’est définitivement un divertissement qui me fait passer un bon moment!

Didier, la 5e roue du tracteur – Ravard / Rabaté

Le comment du pourquoi

C’est Noukette qui en a parlé il y a quelques semaines et quand j’ai vu le nom de Rabaté, et qu’en plus, il était à ma bibliothèque, je n’ai pas hésité.

De quoi ça parle

Didier a 45 ans et il est certain qu’il se meurt, et que jamais il n’aura connu le grand amour. Du coup, son médecin, en plus d’une crème pour les hémorroides, lui remet une adresse… celle de Meetic.

Mon avis

On pourrait penser à un remake de L’amour est dans le pré (que m’dame Angéla Morelli m’a fait découvrir il y a quelques années… je ne sais pas si je dois l’en remiercier) mais non, finalement. L’album, en quelque 80 pages, nous amène dans la ferme où Didier habite avec sa soeur, qui en a un peu marre de lui parce qu’il est plus rêveur et romantique que fermier, dans le fond. Par exemple, la BD s’ouvre sur une scène où au lieu de ramener le tracteur dont sa soeur a besoin d’une vente aux enchères… il ramène le fermier dont la fermer a dû être liquidée parce que bon, pauvre homme, quand même!

J’ai beaucoup aimé la palette de couleurs pastel, les dessins mignons comme tout, ce qui n’empêche pas d’avoir, en arrière plan, la réalité pas toujours facile des agriculteurs. J’avoue avoir trouvé ça plutôt drôle de voir ce pauvre Didier inscrit sur Meetic alors qu’il n’a définitivement pas le tour avec les femmes. Bon, ok, avec les gens en général. Ça ne nous amène pas nécessairement là où on l’aurait cru, ça fait sourire, et j’ai passé un très bon moment de lecture.

Le trait et le ton s’accordent à merveille, il y a tout plein d’humour, de clins d’oeil et on s’attache tout de suite à ces personnages. Bref, une belle découverte!

C’Était ma BD de la semaine… toutes les BDs chez Stéphie!

L’Arbre-Monde – Richard Power

Le pourquoi du comment

Parce que Richard Powers. Rien de plus à ajouter.

De quoi ça parle

Comment résumer ce foisonnant roman? Allons-y simplement… il s’ouvre sur les Racines, une série de neuf nouvelles qui présentent neuf personnages, qui semblent n’avoir aucun lien entre eux, sauf la présence d’arbres d’une façon ou d’une autre dans leur vie. Puis, dans le Tronc, ils vont se croiser et s’entrecroiser… ou pas, avec comme objectif de sauver ces arbres millénaires qui sont abattus sans scrupule. Finalement, dans les Cimes, on les voit redescendre vers une vie normale et les Graines nous parlent de ce qu’ils vont léguer, ensuite… en quelque sorte. En résumé. Très résumé.

Mon avis

Je n’ai aucune objectivité quand il s’agit de Richard Powers. Me plonger dans l’un de ses romans signifie à chaque fois plusieurs heures de plaisir de lecture. Il réussit à mélanger habilement science et fils narratifs et avec moi, ça fonctionne toujours, toujours, toujours. Soit, ces livres demandent de l’attention et de l’énergie. Ce n’est pas une lecture « détente ». Parfois, pendant la lecture, on voit des longueurs, juste pour comprendre à la fin que non, c’était nécessaire, finalement. Et ici, lire ça alors que la « gratte » de la ville a sauvagement trucidé mes cèdres en déneigeant, ça a été violent!

Je me souviendrai de ce monde riche, plein de vie, cette forêt qui parle, communique, ces arbres qui se protègent et s’envoient des messages. C’est fascinant et cette fascination culmine dans ce roman lorsque deux personnages habitent un grand séquoia, un Arbre-monde, en bonne et due forme. Mais je me souviendrai aussi de l’arbre des Hoel qui pousse en fast forward dans un album photo, de Neelay, qui tente de réinventer la vie dans son fauteuil roulant, de Patty la plante qui ose la première parler des arbres comme d’êtres communiquants ainsi que d’Olivia, qui après être morte une fois, entendait les voix des arbres.

Un roman écologique, qui nous fait à la fois voir l’humain comme un parasite et qui nous fait réaliser à quel point nous sommes petits à l’échelle de l’évolution… mais qui nous laisse quand même sur une note d’espoir. Il y a une réelle réflexion sur l’effet de groupe, sur les gens qui, soudainement, comprennent des choses et décident de se battre pour elles. Nous sommes certes avec des écologistes extrémistes, mais les véritables héros, ce sont ces arbres qu’ils veulent sauver, pour lesquels ils se battent contre des forces qui les dépassent. Entendons-nous, il m’a presque fait pleurer (pour vrai) la disparition du châtaigner d’Amérique.

Un roman-monde, qui grouille de vie, de personnages auxquels on s’attache (plus ou moins), profondément imparfaits, qui font des erreurs à la tonne, mais qui ont un vrai projet. Impossible de ne pas réfléchir à l’avenir de notre planète et à élargir notre vision de l’écologie. Bref… je n’ai peut-être pas autant aimé que « Le temps où nous chantions« , qui fait partie de mon top 10 à vie, je pense… mais j’ai quand même beaucoup, beaucoup aimé! À découvrir.

L’apparition du chevreuil – Elise Turcotte

Le comment du pourquoi

Parce qu’il fait partie de la liste préliminaire du prix des libraires du Québec… et bon, parce que c’est Elise Turcotte!

De quoi ça parle

C’est l’histoire d’une femme. D’une femme écrivaine. Nous sommes après l’époque de #Agressionnondénoncée mais avant #MeToo. Harcelée sur les réseaux sociaux pour des propos féministes, elle a peur, se sent envahie et décide de s’enfuir une semaine dans un chalet, au milieu de nulle part, sans révéler son but à personne. Elle part sans téléphone, loin de l’internet où elle se cache derrière ses statuts de 15 lignes, où elle ne révèle qu’une partie d’elle-même. Là, elle veut se libérer. Du net, certes, mais aussi libérer sa parole. Écrire l’indicible, ce qu’on tait, qu’on normalise.

Mon avis

Je sors de ce roman chamboulée. Je sais, pourtant, hein… mais ce roman, portée par la magnifique écriture délivrée de notion de temporalité d’Elise Turcotte, m’a fait réagir comme je ne l’aurais pas cru possible. J’ai dû reposer mon livre pour reprendre mon souffle à plusieurs moments. Là, dans cet univers de neige, la menace plane, d’abord abstraite et je ne crois pas que j’aurais pu supporter plus longtemps cette oppression, ces souvenirs cruels qui remontent petit à petit.

Ici, les personnages n’ont pas de nom. Il y a Elle, la psychologue. La soeur, le frère, le beau-frère, la mère, le père. De l’autre côté, il y a la narratrice, celle qui parle toujours trop, qui est toujours un peu marginale et qui culpabilise bien malgré elle. L’histoire familiale qui nous apparaît petit à petit est terriblement violente, insidieuse. Et, malheureusement, beaucoup plus fréquente dans notre que ce qui apparaît au premier abord.

C’est un roman de parole libérée, mais aussi de l’après. Des remarques, de ce que subissent les victimes après avoir parlé. Pas seulement de la part de l’agresseur, mais aussi de leurs proches. Cette obligation au silence, à l’inaction « pour ne pas envenimer les choses » ou « ne pas provoquer » pèse sur la narratrice. La menace, dans la tempête blanche, est bien réelle, mais c’est sur le chemin qui a emmené les personnages là où il sont que l’on s’attarde. Sur la manipulation, sur l’éloignement volontaire, l’aliénation de la famille. Et avec ce roman où tout est poussé à l’extrême, nous pouvons à nouveau réfléchir sur ce qui est accepté dans notre société, ce qui est considéré comme « normal ».

Je me considère comme féministe. Je crois fermement à l’égalité entre les hommes et les femmes mais j’ai assez rarement été confrontée à du masculinisme crasse comme celui qui est décrit dans le roman. Je n’ai pas non plus tendance à analyser toutes les situations avec le filtre du féminisme… le devrais-je?

Bref, un roman marquant, porté par une plume magnifique, hachée, très visuelle, et un thème principal qui apparaît petit à petit. Bouleversant.

Éditions Alto – 160 pages

Open Bar – Fabcaro

Le comment du pourquoi

Parce que chez mes collègues de la BD de la semaine, tout le monde ou presque vénère Fabcaro.

De quoi ça parle

À chaque page, une blague. Fabcaro porte un regard acéré sur la société actuelle et ose aborder plusieurs sujets qui fâchent.

Mon avis

Je pense que pour vraiment, vraiment, vraiment aimer Fabcaro, il faut être français. Ou habiter pas loin. Ou connaître la France et ses petit travers. Ayant passé plus d’un an de ma vie en France, j’ai pu rire à gorge déployée à certaines pages, mais sinon, je n’aurais strictement rien compris. Parce que, même si on parle la même langue, la réalité québécoise est quand même bien différente ici. Les retards des trains (les trains? quels trains?) ne sont pas quelque chose qui fait partie de notre vie et si nous avons nos délires bien pensants et nos travers, ils sont un peu différents. Du coup, je ne suis vraiment pas certaine que ça va parler à tout le monde ici.

Ceci dit, on y retrouve une critique pertinente d’une part de la société, qui juge, tente de faire partie de la clique et est dans le paraître. Ça va droit au but, c’est drôle et, parfois, on reconnaît certaines personnes, ce qui accentue encore le fou rire. Et pour le train… ceux qui connaissent mes aventures avec les trains comprendront que je n’ai pas pu m’empêcher de rire à gorge déployée. La game de Uno super loud, avec le père qui se choquait quand il perdait en prime, je l’ai déjà vécue. En pire.

Bref, beaucoup d’absurde, de déjanté, avec le trait typique de Fabcaro, que j’aime bien sans être pour autant fan ultime comme la plupart des gens que je côtoie. Bien aimé, très rapide, mais très ancré dans une culture en particulier. Amis québécois, qu’en avez-vous pensé?

Ah oui… j’avais lu tellement d’extraits ici et là sur le net que je me suis demandé, à certains moments, si je ne l’avais pas déjà lu, cet album. Mais bon, Goodreads fait dire que non!

C’était ma BD de la semaine!