J’ai acheté ce roman quand j’étais au Cégep. Une fille de mon cours de philo l’avait présenté comme son livre préféré de tous les temps et il ne m’en fallait pas plus. Je l’ai finalement lu… 30 ans plus tard. On ne se refait pas.
De quoi ça parle
Le petit Momo habite chez madame Rosa, ancienne prostituée, juive rescapée des camps qui s’occupe d’une famille d’accueil pour « enfants de pute ». Chez elle passent plusieurs enfants nés se dames qui « se défendent » sur plusieurs trottoirs de Paris. Et le petit Momo, même s’il est un peu vieux pour l’adoption, sent bien que sa vie risque de changer.
Mon avis
Je serai claire, ce roman est un coup de coeur. Mais pourquoi n’ai-je par lu ce livre avant? J’ai tendance à bien aimer les voix d’enfant et celle-ci est réjouissante, c’est le moins que l’on puisse dire. La plume est inimitable. Nous avons ici un jeune garçon qui s’est un peu élevé tout seul. Madame Rosa est sa figure d’attachement, la personne qu’il aime le plus au monde mais ce n’est pas si simple non plus car elle a vécu l’enfer, elle vieillit et en plus, côté santé mentale, ce n’est pas tout à fait ça.
Momo jette sur son monde, un monde d’extrême pauvreté et de vulnérabilité, un regard à la fois naïf et étonnament acéré. Il répète ce qu’il a entendu, clairement sans toujours comprendre de quoi il parle mais ses constations frappent par leur justesse. Sa normalité à lui nous est totalement étrangère et nous raconte son quotidien sans faux semblant. Et ce quotidien, il ne devrait pas exister, surtout pas pour un enfant de cet âge.
Romain Gary nous dresse un portrait de certains quartiers de Paris dans les années 70, avec tout ce que ça implique de d’injustice, de pauvreté, de racisme et de xénophobie. La vieillesse et la maladie nous est racontée sans fard et impossible de ne pas compatir et donner raison à Madame Rosa, qui ne veut pas mourir à l’hôpital où il tenteraient de prolonger sa vie à tout prix. On est en marge de la société et de la justice, les organisme qui auraient dû protéger Momo sont sa plus grande crainte car pour lui, sa vie, faite de petits larcins et de misères quotidiennes, ce n’est pas si mal.
Bref, j’ai adoré. Tout adoré. Ça parle de famille, de filiation et d’entraide, même quand on n’a rien. Les voisins sont souvent hauts en couleur et Momo les accepte tels qu’ils sont. J’adore madame Lola, la voisine et même si les termes utilisés ne sont pas goût du jour (nous sommes clairement bien ancrés dans l’époque), le propos reste dans l’acceptation de toutes les différences. Une Found family avant l’heure. Une excellente lecture et une voix inoubliable.