Résumé
« Suffragette avant l’heure, l’indomptable Charlotte Ellison contrarie les manières des codes victoriens et refuse de se laisser prendre aux badinages des jeunes filles de bonne famille et au rituel eu tea o’clock. Revendiquant son droit à la curiosité, elle parcourt avec intérêt les colonnesi nterdites des journaux dans lesquels s’étalent les faits divers les plus sordides. Aussi bien le Londres des années 1880 n’a-t-il rien à envier à notre fin de siècle: le danger est partout au coin de la rue et les femmes en sont souvent la proie. Dans cette nouvelle série « victorienne », la téméraire Charlogge n’hésite pas à se lancer dans les enquêtes les plus périlleuses pour venir au secours du très séduisant inspecteur Thomas Pitt de Scotland Yard. »
Commentaire
J’ai reçu ce livre de la part de Bluegrey lors du swap Éternel Féminin que j’ai déballé avec grand plaisir en banlieue parisienne. Afin de me mettre dans une ambiance « Londres », (pourquoi donc voudrais-je me « Londoniser?? » Myyyystère!) je l’ai ouvert hier soir et j’ai eu bien de la peine à le lâcher! Je sens que je vais beaucoup, beaucoup aimer cette série!
Nous sommes ici en plein Londres victorien, avec tout ce que ça implique de coutumes, de non-dits, de classes sociales et de petits doigts en l’air. La famille Ellison fait partie de la bourgeoisie assez aisée et sont très conscients de leur position dans le monde. Ce premier tome met en place les différents personnages et cerne bien l’époque. Mon dieu que ce devait être frustrant de vivre dans toutes ces convenances où il était possible de mettre abruptement fin à une conversation en envoyant une femme se coucher et respirer ses sels ou encore en disant simplement que le sujet était vulgaire! Dans la première partie, je me suis sentie envahie par ces non-dits, ces absences de réponses , dans le petit cercle des Ellison, remplis de préjugés (mais tout le monde les avait, ces préjugés… c’était comme normal!) et ignorant tout de la réalité extérieures. Le personnage de la grand-mère, entre autres, est excécrable! On aurait franchement le goût de l’enfermer en quelque part, avec sa morale bien-pensante!!
Et dans ce monde rigide vit Charlotte, qui dit clairement ce qu’elle pense et qui n’est pas prête à tout accepter, principalement le sexisme en vigueur à l’époque. C’est d’ailleurs un thème qui est largement exploité dans le roman. Après avoir entendu toute sa vie des conversations stériles et avoir été mise à l’écart de tout ce qui n’était pas couture et heure du thé, on peut comprendre que Charlotte accueille la franchise de l’inspecteur Pitt avec plus d’enthousiasme qu’elle ne l’aurait elle-même souhaité!
L’inpecteur Thomas Pitt (j’adore le personnage) entre en scène car il est chargé de l’enquête des meurtres de Cater Street. En effet, on ne sort plus dans Cater Street, de jour comme de soir car les femmes se font étrangler en pleine rue, dans un quartier respectable et jusque là sans reproches! Et dans ces gens du monde, obtenir une réponse franche (parce que plusieurs considèrent être bieeeen au-dessus de tout ça et ne se croient pas obligés de répondre à ces impertinents policiers!) est une méchante entreprise!! Mais Pitt est perspicace, intelligent, ouvert… et tenace! J’ai beaucoup aimé les dialogues entre lui et Charlotte, teintés d’ironie et d’auto-dérision. Un peu d’honnêteté, dans ce monde de faux-semblant, ça fait du bien!
Quant à l’intrigue, moi qui pensais que mon syndrome « toujours connaître le coupable » était miraculeusement guéri… je crois que je m’étais trompée (tiens… j’aurais peut-être dû demander un antibiotique pour ça à l’hôpital, l’autre jour… je ne pense pas qu’ils y aient pensé dans mon cocktail!). En fait, je me suis très rapidement doutée de l’identité du coupable, même si je ne savais pas pourquoi et si j’étais loin d’être certaine. C’était juste une « intuition », comme de coutume. Je dois quand même donner à l’auteur que ce n’était pas si évident que ça, par contre. Il s’agit d’une enquête assez classique, sans descriptions d’horreurs, sans noirceur excessive. Pour ma part, dans ce livre, c’est beaucoup moins l’enquête que le contexte victorien et la mise en place de la série qui m’a intéressée. C’est sans prétention, ça se lit vite, et c’est très distrayant!
Bref, une série que je vais assurément poursuivre! Elle est looongue en plus, j’en ai pour un moment à l’apprécier! Je vais essayer d’en trouver quelques tomes en VO, juste pour voir. Ce n’est pas que j’aie quelque chose contre la façon directe dont l’histoire est racontée (ça convient très bien, au contraire, c’est plein de dialogues!). C’est juste que certaines formulations m’ont un peu énervée (le mot « méchamment » entre autres…. il m’éééénerve, ce mot-là, dans les romans!!) et je suis curieuse de voir le style d’écriture original!
Une très belle découverte! Merci encore, Bluegrey!!!
8/10