Résumé
« Une jeune fille assassinée par trois coups de poiçon, un ivrogne qui ne se souvient de rien mais que tout accuse… Pour le commissaire Adamsberg, il n’y a aucun doute: le passé refait surface. Le tueur au trident est de retour. Celui-là même qui avait poignardé la fiancée de Raphaël, le frère du commissaire, des années plus tôt dans leur contrée natale des Pyrénées.
Seul hic: l’homme est mort depuis vingt ans…
Se pourrait-il qu’Adamsberg, cet homme rêveur et sensible, coure après un fantôme et perde la raison? »
Commentaire
Pour la petite histoire, ce roman, je l’avais acheté à Paris pendant Books l’an dernier, et je l’avais malencontreusement oublié dans le sac de Delphine! Il en a fait, du chemin, ce petit livre!!! Je l’ai donc amorcé pendant ma panne de lecture et ça a été un peu long. À cause de la panne et à cause du fait que j’ai dû lire la moitié des passages à haute voix pour faire rire les collègues! Mais bon, je reviens là-dessus un peu plus tard!
J’ai donc été bien contente de retrouver le commissaire Adamsberg ainsi que Danglard. Je les aime bien, ces deux-là! L’un complètement rêveur, un peu déconnecté, fonctionnant à l’intuition et l’autre très strict, avec un cerveau aux tiroirs de mémoire infinis!! Je pense que c’est à cause d’eux, ainsi que de la nuée de personnages secondaires hauts en couleur que j’aime ce que je lis de Fred Vargas. J’apprécie l’atmosphère, le rythme lent et un peu cahotique, le fait que tout arrive comme ça, sans trop qu’on sache comment et pourquoi. Ca me plaît!
Dans ce tome, Adamsberg et compagnie s’en vont faire un stage au Québec (à Gatineau, plus précisément) où ils traiteront d’analyse d’ADN. Sauf que bon, Adamsberg est à la recherche d’un fantôme, un juge mort depuis plusieurs années, qu’il soupçonne d’être un meurtrier en série et c’est ça qui l’occupe principalement. Pas le stage! Et tout ne se déroule pas comme prévu. J’ai retrouvé avec plaisir le personnage de Clémentine, rencontré dans « Pars vite et reviens tard », qui a une coloc ma foi sympathique: Josette, ancienne bourgeoise vêtue de tailleurs et d’espadrilles, spécialités dans les transferts et les redistributions. Ce duo-là m’a paru très bien réussi!
L’histoire, qui traîne un peu au début (encore une fois, j’y reviendrai), m’a accrochée après le retour du Québec. Bon, on devine un peu les rôles que vont jouer les divers personnages (Noella, entre autres) et ce qui va suivre mais ce que j’aime avec Vargas, c’est qu’on voit Adamsberg empêtré dans les méandres de son cerveau… et qu’on se demande bien comment il va réussir à se sortir de là!! Bon, il y a des trucs un peu tirés par les cheveux mais en gros, j’ai aimé le côté bizarroïde de l’enquête et j’ai lu la fin très vite en ayant très hâte de connaître la suite, ce qui est bon signe!
Allons-y pour les bémols. Un petit et un gros. Le premier: c’est normal que je ne comprenne rien du tout aux aventures Adamsberg-Camille? Ce livre est sensé suivre directement « Pars vite et reviens tard » et j’ai eu l’impression d’avoir vraiment manqué quelque chose entre les deux… Bref, j’ai un peu de mal.
Avertissement… ce qui suit est une divagation extra-méga-longue sur le côté « français québécois… et je me suis retenue! Vous êtes avertis!!
Et le gros, gros, gros bémol, qui a failli me faire abandonné le livre et qui a fait mourir de rire la confrérie au bureau le midi… Le parlé supposément québécois!!! Je l’avoue tout de suite: je ne parle pas un français international, je fais un tas d’erreurs de syntaxe, j’utilise plein d’anglicismes et j’ai un méga accent du Québec. MAIS JE NE PARLE PAS COMME ÇA!!! Chaque région a sa façon de s’exprimer! Je le mentionne d’emblée, j’ai dû lire la section québécoise du récit avec un dictionnaire des québécismes et des expressions québécoises parce que je n’y comprenais strictement rien! Oui, nous utilisons des expressions assez imagées et différentes (vous en avez un bon exemple quand j’écris d’ailleurs)… mais pas à TOUTES les phrases!!! C’était une vraie énumération, et pas nécessairement des expressions les plus fréquentes!!! Et ce n’est pas tout le monde qui sacre aux deux mots et qui parle de la façon décrite dans le livre. Nous sommes polis, parfois, aussi!! Autre chose, le fameux « tu » utilisé – souvent en double – pour poser une question… oui, c’est vrai, nous le faisons. Mais pas à chaque mautadite question que nous posons. Et surtout pas quand la question est négative ou qu’elle comporte un interrogatif!! Et ce ne sont que quelques exemples… mais disons que bon, c’est loin d’être représentatif du parlé québécois. De plus, certains mots très « Québec » mélangés à des structures de phrase ou d’autres mots très « France », ça fait bizarre… bref, pas évident! En plus que certaines expressions sont réutilisées genre… souvent!! J’en ai été assez irritée, après un moment!!
Et je vous rassure, si vous venez visiter le Québec, les routes sont pavées même hors des grandes villes… On ne porte pas tous des noms de grands-pères et de grands-mères non plus! De toute façon, tous les clichés québécois sont présents dans le livre alors… il n’y a qu’à choisir!!! Mais si je fais exception de ça, j’ai quand même bien aimé ma lecture!
Des perles? En voici! Libres aux québécois de commenter… peut-être est-ce seulement dans ma région que ces expressions ne sont pas entendues… encore qu’à Gatineau, à 2 pas d’Ottawa… bref, c’est douteux!
« Tu crois-tu que c’est lequel, le commissaire? », « pourquoi tu portes-tu deux montres » ou « Tu peux-tu pas faire le calcul dans ta tête comme tout le monde…«
Naaaaa… première règle, la particule « tu » utilisée comme interrogatif amène une réponse oui/non… et à la négative, je pense pas avoir entendu ça sans que ce soit une blague… du moins pas par ici… « Tu peux-tu faire ça », « Vous l’avez-tu? », ça, il est possible de l’entendre… mais pas nécessairement à chaque question posée.
« Le grand slaque bien vêtu »
Un grand slaque, peut-être… mais pas à chaque fois qu’on parle de la personne (idem pour « les cochs » en parlant des policiers… des fois, mais pas à chaque fois!!!)… mais « bien vêtu » avec ça… disons que ça détonne!!!
« ébarroui »
Jamais entendu ça de ma vie…
« Chacun de vous s’amanchera avec les des membres de la Brigade de Paris, et on changera les paires tous les deux ou trois jours. Allez-y de tout coeur mais menez-les pas tambour battant pour vous faire péter les bretelles, ils ne sont pas infirmes des deux bras. Alors formez-les au pas de grise (!!!) pour commencer. Et faites pas l’esprit de bottine s’ils ne vous comprennent pas ou s’ils parlent autrement que nous. Ils sont pas plus branleux que vous autres. »
Comment dire… trop, c’est comme pas assez!!!
« Tais ton bec »
Heu… si quelqu’un me dit ça en espérant avoir un quelconque résultat, j’éclate de rire… ici, c’est « farme – avec un a – ta yeule – avec un y » si on veut être bien malpolis!!!
« Assieds-toi dessus puis tourne »
Je vous avertis… si un jour je vous dis ça, c’est que je suis particulièrement, particulièrement grossière… peut-être que ce ne l’était pas au départ, que l’origine est autre mais – du moins, dans mon coin – c’est plutôt vulgaire et surtout,
tu ne dis pas ça à ton boss ou à tes collègues de travail sur le ton de la conversation!!! Je n’ose même pas imaginer leur réaction si je leur dis un truc pareil…
À noter, tout ça, c’est dans trois pages et demie… imaginez pendant quelques centaines de pages!!!
8/10… auquel j’enlève un gros 1,5 pour le parlé québécois… ça a failli me faire abandonner le livre, quand même!!!
6,5/10