La jeune femme et la mer – Catherine Meurisse

J’ai craqué pour ce roman graphique pour la couverture, à la fois onirique et magnifique. J’aime beaucoup ce que fait Catherine Meurisse et il était question du Japon, alors je n’ai clairement pas hésité.

De quoi ça parle

Tiens, c’est une bonne question en fait! C’est une BD d’atmosphère, qui se lit un peu comme un conte et un questionnement sur la nature changeante et la place de l’art pour la préserver. L’autrice a séjourné au Japon, elle y est allée pour peindre la nature mais a de la difficulté à la saisir. Elle y rencontre aussi un peintre japonais qui, lui, veut peindre un visage de femme, celui de la belle Nami aux multiples mariages.

Mon avis

Du point de vue graphique, cette BD est une totale réussite. C’était un vrai voyage vers une nature qui m’est encore étrangère, de magnifiques planches à l’aquarelle qui pourraient être encadrées avec le personnage de l’autrice, souvent en noir et blanc, comme pour souligner son regard étranger à cette terre et cette culture. Et sa culture occidentale apparaît fréquemment, alors qu’elle tente de la mettre en relation avec ce qu’elle voit lors de ce voyage.

J’ai beaucoup aimé l’humour et le petit Tanuki farceur. Le peintre, qui voudrait peindre un visage mais qui n’a que des fulgurances pour des haïkus est aussi très drôle avec sa passion et sa réelle volonté de saisir l’insaisissable. Il ne faut pas s’attendre à des réflexions profondes ou philosophiques, ni même à une évolution tangible du personnage de la jeune peintre. Ce sont davantage des moments croqués qui nous amènent à entrevoir le rapport particulier qu’ont les japonais avec la nature, qui est vénérée mais aussi crainte en raison des tsunamis, volcans et tremblements de terre.

Même s’il y a pour moi une nette supériorité du graphisme que le scénario pour moi, j’ai apprécié la poésie qui se dégage de ces pages, les moments où elle jette un regard de l’autre côté du miroir. C’est contemplatif mais on sent la frénésie de « faire » quelque chose, contrairement à la plupart des romans japonais que j’ai lus (et bon, j’en ai lu pas mal quand même). J’ai donc bien aimé entrevoir ces petites différences mais j’aurais tout de même apprécié une réelle évolution du personnage.

Mais ce graphisme! Limite que je vais l’encadrer!

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Anne sin filtros – Iria G. Parente/Selene M. Pascuale

J’ai grandi avec Anne de Green Gables. En fait, non, enfant, je me PRENAIS pour Anne. Imaginez donc que quand j’ai vu passer une réécriture moderne et queer d’Anne (et en espagnol), j’ai sauté dessus. Of course.

De quoi ça parle

Anne, une jeune orpheline, a été élevée par un frère et une soeur dans le petit café d’une ville universitaire. Elle a toujours aimé écrire et s’éclate à écrire des fanfictions sur sa série préfére (dérivée de l’histoire d’Elayne, Guenièvre, Arthur et Lancelot). Elle est LadyCordelia sur le site et approche bientôt les 400 000 vues. Sauf que quand un célèbre cosplayer d’Arthur met en avant un autre écrivain de fanfiction nommé Blythe, et qu’elle se retrouve en cours de creative writing avec lui, une certaine rivalité va s’établir entre eux.

Mon avis

Oh my, je connais TELLEMENT de gens qui vont adorer ce roman! On sent que les autrices sont fan d’Anne et de tout son petit monde et c’est bourré de références. On est aussi en plein dans le monde de la fanfic, dans les médias sociaux, les ships et les plateformes dédiées. En plus de ça, c’est hyper queer. Moi, je dis que ça mériterait d’être traduit, malgré quelques petits « malgré ».

C’est un roman très actuel, très ouvert, qui ne fait pas didactique et qui n’est pas du tout preachy. Les personnages conservent leurs caractères même s’ils sont bien ancrés dans le 21e siècle. L’histoire est cool, j’ai aimé les aspects queer, le côté décomplexé et la réécriture de certaines scènes kultissimes. C’est choupi comme tout, ça donne faim et l’univers des fanfictions est hyper bien rendu.

Ce que j’ai moins aimé, ce sont les aspects, justement, qui font très fanfiction (du moins dans le temps que j’en lisais). J’ai trouvé beaucoup de répétitions et de longueurs dans ce récit, qui aurait pu avoir plusieurs pages de moins. Vous savez l’impression que les auteurs se sont tellement attachés à leurs personnages qu’ils tiennent à nous faire vivre tout tout tout avec eux et qu’ils ont du mal à finir leur histoire? Ca a été un peu mon feeling avec le roman. Le problème, quand on lit dans sa 3e langue, c’est qu’on recherche beaucoup de mots. Et que quand ça se répète et qu’on a une mémoire de poisson rouge, on réalise VRAIMENT que ça se répète. Parce que ça fait la 13e fois qu’on cherche le même mot. Et je n’exagère même pas. Du coup, la plume, c’était plus ou moins ça. Sauf que c’est Anne alors ça passe tout de même.

Finalement, le côté « ça c’est mon problème », c’est que comme Anne est mon enfance, Anne est très « chaste » dans ma tête. Genre, les enfants naissent dans les choux! Donc, Anne avec du spice, pour moi, c’est un peu weird. Et si c’est quand même très soft, je sais pas… je veux pas m’imaginer certaines choses! Call me vieille!

Une romance très cute, très sweet, avec une finale que j’ai beaucoup aimée. Mais côté écriture… je reste dubitative.

Le guerrier de porcelaine – Mathias Malzieu

Je ne pense pas que j’aurais lu ce livre de Malzieu s’il n’avait pas été disponible en audio à la bibiothèque. J’écoute des livres en courant. C’est ma motivation pour sortir dehors alors qu’il fait 3 degrés ou encore pour embarquer sur ce c… de tapis roulant. Donc j’ai pris celui-ci et j’ai eu ma foi une bonne surprise.

De quoi ça parle

Nous sommes pendant la guerre et la mère du petit Germain (dit Mainou) vient de mourir. Son père doit aller combattre et c’est caché dans une charette à foin qu’il va passer la ligne de démarcation pour aller chez sa grand-mère qu’il ne connaît pas, en zone occupée. Pour tenter de survivre à ses 9 ans et à cette disparition, il va prendre un cahier et écrire à sa maman et c’est ce cahier – fictif – qui nous est offert par Mathias Malzieu.

Mon avis

Malzieu s’est basé sur l’histoire personnelle de son père pour écrire ce roman. C’est d’ailleurs celui-ci que nous voyons sur la couverture. En vrai, le cahier n’existe pas car le père de l’auteur avant 4 ans et non pas 9 quand il a dû aller passer une partie de la guerre chez sa grand-mère en Lorraine. Toutefois, certains événements sont basés de faits réels et j’ose imaginer l’émotion de l’auteur et de son père relativement à cette histoire. Pour ma part, je n’ai lu que les romans plus oniriques de Malzieu et je trouve que « Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi » est l’un des plus beaux récits sur le deuil que j’ai lus. Je ne m’attendais à rien en lisant ce roman, davantage dans le réel mais j’ai été agréablement surprise.

Ici, nous avons donc une longue lettre d’un enfant à sa mère. Cet enfant vient de perdre tous ses repères, c’est la guerre, il a peur, tout le monde a peur, et il doit apprendre à vivre sans sa maman. L’histoire de ce jeune enfant qui n’a soudainement plus de safe space (il doit rester caché, les Allemands sont tout près) et qui ne sait plus à qui se raccrocher est très émouvante. Entre les voix d’enfant et moi c’est… compliqué mais ici, ça a passé pour moi. Bon, il y a quelques répétitions, quelques réflexions qui ne sont un peu matures pour 9 ans mais j’avais le goût de continuer à lire et à passer du temps avec Mainou, sa grand-mère Louise, sa tante, son oncle Émile et une mystérieuse personne. Lucky me!

Ça parle de famille, de filiation, de souvenirs et de deuil mais mais c’est fait avec à la fois humour et poésie. Si la tante Louise ne lui apporte pas beaucoup de bonheur avec son amour du bon dieu, il va apprendre avec son oncle Émile le pouvoir de l’imagination et la poésie. Malgré tout, Mainou reste un enfant qui ne réalise pas toujours pleinement les dangers qui rôdent, il ne prend pas toujours les bonnes décisions et prend des risques qui semblent terribles aux adultes que nous sommes. Je me suis attachée à tout ce petit monde et j’ai même versé une petite larme, juste une petite, toute seule, isolée.

Une agréable surprise, donc! J’ai aimé.

Les coeurs de ferraille – 1 – Debry, Cyrano et moi – BéKa / Munuera

Quand il y a « Cyrano » dans le titre, j’accours. Cyrano avec un côté steampuks, limite que je vole! Et c’est pour cette raison que j’ai sorti rapidement cette BD lors du week end en bulles de Steff de Pikiti.

De quoi ça parle

Nous sommes dans un univers rétrofuturiste qui ressemble au 19e ou au début du 20e siècle, mais où les tâches moins « nobles » ont été confiés à des automates pouvant penser. Notre jeune héroïne est solitaire et très attachée à Debry, sa nounou qui s’occupe d’elle depuis qu’elle est petite. Sa seule amie est dans un écran et ensemble, elles écoutent Cyrano de Bergerac. Quand sa mère renvoie Debry pour une broutille, la fillette va partir à sa recherche.

Mon avis

Quel plaisir que cette BD jeunesse! C’est une histoire qui peut sembler classique mais j’ai beaucoup aimé le twist rétrofuturiste qui comporte tout de même des éléments provenant de diverses époques. De plus, une pré-adolescente qui ne se sent pas bien dans son univers et qui cherche sa place, c’est assez universel comme thème. Ici, on rajoute un élément de course poursuite, des robots et Cyrano… et ça passe super bien!

Je me suis tout de suite attachée aux personnages et aux robots, qui font preuve de plus d’humanité que les humains. Le parallèle avec l’esclavage est clair et la différence de moyens entre les puissants qui chassaient et les esclaves en fuite est mise en avant. Il y a des scènes difficiles mais aussi de l’espoir et la beauté du monde. Bref, ça passe super bien même si ça va un peu vite pour une intrigue en particulier (surtout s’il y a un tome 1).

Le graphisme n’est pas nécessairement un coup de coeur mais il va bien avec l’époque qui nous est proposée et les plans sans parole sont très cinématographiques. Et que dire d’une certaine scène d’attaque! Un élément aurait pu être discutable étant donné le groupe d’âge visé. Toutefois, j’ai trouvé que l’auteur le traitait assez bien, en expliquant et en ne laissant pas passer. Disons qu’un personnage a des preuves à faire et c’est très bien!

Je lirai clairement la suite quand elle sortira vu que j’aime beaucoup la poésie qui ressort de cet album malgré le ton assez sombre et le temps gris. Et les références à Cyrano… je ne m’en lasse pas!

C’était ma BD de la semaine

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Perdido Street Station – China Miéville

C’est mon amie Yueyin qui m’avait offert ce roman… en 2008 je pense. Lors de mon déménagement, je l’ai rescapé lors de mon déménagement-éclair et j’ai eu une subite envie de le lire pour le Pumpkin Autumn challenge. J’ai lu « steampunk » sur la 4e et j’ai décrété que ce serait ma SF/écologie/post-a pour le dit challenge. Bon. C’est davantage un mix d’urban fantasy/steampunk qu’un post-a mais on a un sérieux problème écologique dans cette ville de Nouvelle Crobuzon. Donc ça compte.

De quoi ça parle

Oh boy. Ce ne sera pas simple d’expliquer.

Nous sommes donc dans la ville de Nouvelle-Crobuzon, ville tentaculaire, glauque, sale et où cohabitent plusieurs espèces différentes, dont les humains. Imaginez une époque victorienne un peu totalitaire (et sans reine Victoria), au début de l’industrialisation, mais avec certines innovations scientifiques style steampunk. Regardez les couvertures et ça va vous donner une idée. Dans cette ville, nous avons Isaac Dan ver Grimnebulin, scientifique qui poursuit des recherche fort nébuleuses. Il vivote dans son laboratoire partagé avec des collègues, fête parfois avec Lin, son amante Khépri et n’est pas vraiment bien vu de ses supérieurs. Un jour arrive dans son atelier Yagharek, Garuda venant du désert, homme-oiseau qui a eu les ailes coupées suite à un châtiment dans son pays natal. Celui-ci veut voler à nouveau et il croit qu’Isaac pourra l’aider. Ses recherches improbables vont mettre en péril toute la ville de Nouvelle-Crobuzon.

Mon avis

J’essayais de décrire le genre de ce roman tout à l’heure mais on pourrait juste dire « weird » aussi. Ce serait très bien décrire ce gros roman (ce sont deux tomes mais en anglais, c’est un seul livre). Ça date du début des années 2000, ce n’est pas facile d’accès et ça demande un vrai investissement de la part du lecteur. Pendant le 2/3 du tome 1, tout ce que je trouvais à en dire, c’est « je lis vraiment un truc weird et je ne sais pas du tout où ça s’en va ». Par contre, une fois passé ce cap, quand j’ai commencé à voir où ça s’en allait et comment tous ces petit morceaux d’histoires allaient s’emboiter, j’ai adoré. Je n’étais pas vraiment attachée aux personnages mais comme la Fileuse, ce roman est une vraie toile où chaque événement influence chacun des autres et où chaque fil est noué à la fin, mais pas nécessairement comme on l’envisageait au dépar, avec une ville qui devient pratiquement un personnage à part entière.

Entendons-nous, au début, j’ai eu peur. La litanie dans ma tête, c’était « trop d’adjectifs, trop d’adjectifs, trop d’adjectifs ». Et oui, il y en a beaucoup. Particulièrement pour décrire les dégueulasseries diverses et variées de la ville qui aurait besoin d’un bon coup d’aspirateur géant. Toutes les sécrétions corporelles et odeurs nauséabondes possibles y passent. Certes, ça aurait pu être un peu plus light de ce côté, la prose peut être parfois indigeste (surtout si on vient de manger), le vocabulaire est riche, recherché et malgré toute cette atmosphère puante, l’auteur réussit à créer une étrange beauté dans cette ville tentaculaire, grouillante et multi-espèces. Bien entendu, l’auteur en profite pour comparer les différents quartiers, leurs habitants ainsi que les interactions entre eux. Racisme, anti-industrialisation et anti-capitalisme sont donc explorés sans être nommés comme tels… mais bon, quand même.

C’est donc un roman qui est monté en puissance pour moi. De dubitative au début, j’ai fini enthousiaste et la fin m’a beaucoup plu. J’ai aimé pour l’univers, pour cette ville folle, pour l’atmosphère et pour l’intrigue complexe. Il y a une vraie profondeur dans ces aspects, et ce même si les personnages en soi ne sont pas nécessairement attachants. La preuve, à un moment, j’ai fondu en larmes sans m’y attendre, c’était pour un personnage qui, je crois, n’a pas une seule vraie ligne de dialogue. J’ai trouvé certaines parties extrêmement difficiles à lire. Quand on se retrouve devant des choix impossibles, que finit-on par faire? Et j’ai fini par apprécier la prose et à cesser de remarquer les adjectifs!

Une lecture après laquelle j’ai eu besoin de prendre une journée ou deux de pause tellement j’étais immergée dans cet univers. Pas pour tout le monde, des personnages principaux surtout masculins (sans pour autant que les femmes soient occultées), mais une vraie originalité dans le monde proposé, surtout en tenant compte que ça date de plus de 20 ans. Je relirai clairement l’auteur pour son imagination débridée et lire quelque chose de vraiment différent.

Ainsi gèlent les bulles de savon – Marie Vareille

Soyons honnête, si je n’avais pas reçu ce roman en service presse, je ne crois pas que je l’aurais choisi pour moi-même. Je n’ai d’ailleurs pas relu la 4e en le prenant. Toutefois, j’aime généralement ce que fait Marie Vareille et je me suis dit que cette lecture pourrait être une bonne idée. Finalement? Je pense que c’est un cas de « ce n’est pas toi, c’est moi ».

De quoi ça parle

Trois destins de femmes dans trois pays différents. Claire apprend sa grossesse le jour même où elle perd son emploi. Océane est une étudiante insécure qui cherche sa place et découvre qu’elle veut écrire. Une femme anonyme, en Indonésie, raconte dans son journal pourquoi elle est partie, pourquoi elle a abandonné son bébé. Quel lien unit ces trois histoires?

Mon avis

Le thème de la maternité est ce qui prime dans le roman et il est ma foi très bien abordé. Toutefois, ce n’est pas une thématique qui m’attire particulièrement, n’ayant jamais eu vraiment envie d’être mère… et sachant parfaitement que ça aurait été une totale catastrophe! Du coup, j’ai été moins interpellée que d’autres par ces histoires qui traitent de certes féminins, mais pas le biais de la maternité, qui ne vient pas toujours immédiatement, facilement. Il faut ajouter que le thème de la reconstruction de soi n’est pas toujours mon préféré en littérature. Ce n’est pas un roman feel good, mais il y a un côté lumineux à travers les nuages qui en rappelle parfois le ton. En gros, j’ai passé un bon moment avec ce livre mais ce n’est pas le coup de foudre absolu que la plupart de mes copines ont eu. Parce que c’est moi.

Bien entendu, on voit assez rapidement comment les histoires sont entrelacées mais ça n’enlève rien au récit. Nous rencontrons trois femmes blessées, qui se cherchent, et qui doivent comprendre comment elles comptent poursuivre soit en tant que mère ou en tant que femme. Les trois voix sont touchantes, particulièrement le journal de la femme qui n’a pas pu, qui est partie, dépassée par les événements, par la maternité et la dépression post-partum, si souvent banalisée. Le fait de traiter de ce sujet dans un roman grand public est pour moi nécessaire, ayant connu plusieurs femmes dans la situation qui se sentaient seules, coupables, mauvaises mères… des fois, ce n’est pas immédiat. Pas simple. Et toutes les injonctions qui sont faites aux femmes, aux mères, à ce qu’elles « devraient » faire pour être une mère instagram parfaite n’aident pas nécessairement, même si c’est souvent fait avec une bonne intention. C’est ce que ce roman nous fait réaliser, à travers des histoires personnelles différentes mais qui se ressemblent quand même.

Mon seul vrai bémol littéraire serait le personnage du père d’Océane, vrai « méchant Disney » qui n’a jamais un seul bon mot pour personne, qui est complètement narcissique, manipulateur et qui semble aimer faire mal aux autres. J’ai toujours du mal avec ce genre de personnage qui m’apparait toujours moins bien construit que les autres, sans zone de gris. Toutefois, j’imagine que ce genre de personne existe… même si je n’aime pas du tout les lire hors de la fantasy!

Un roman qui touchera de nombreuses personnes, qui fera réfléchir et qui donnera sans doute de l’espoir à plusieurs. Une jolie plume très fluide, très accessible et des femmes qui sonnent vrai. C’était juste une rencontre en demi-teinte pour moi. Parce que moi.

Les Poules des Prairies partent en tournée – Dawn Dumont

J’aime beaucoup ce que fait Dawn Dumont. Son humour, sa façon de parler des siens, de sa communauté (Okanese de Saskatchewan) me plait énormément et je vous ai parlé de « On pleure pas au bingo » et de « La course de Rose » il y a quelque mois/années. Bref, un autre roman, j’étais all in!

De quoi ça parle

Nous sommes en 1972, Nadine et ses glorieuses Poules des Prairies ont prévu une tournée de pow wow de danse traditionnelle en Europe, rien de moins. Sauf que, pour une petite histoire de bouffe avariée de rien du tout, toutes les Poules sont clouées à leur bol de toilettes et John Greyeyes, cowboy solitaire, va se retrouver responsable d’une troupe de 4 danseurs tout sauf expérimentés et pas nécessairement coopératifs. Une tournée qui ne va clairement pas se dérouler comme prévu.

Mon avis

J’ai retrouvé ici l’humour que j’aime dans les écrits de Dawn Dumont. On va même un peu plus loin car on est presque dans du vaudeville par moments! Imaginez la situation : quatre autochtones des prairies (ils se nomment eux-même des Indiens mais je ne suis pas hyper à l’aise de le faire donc on va rester avec autochtones) qui partent à la dernière minute, sans entraînement, faire une tournée en Europe. On a John, cowboy solitaire qui préfère les animaux aux humains (du moins le pense-t-il). On a Desiree, jeunette de 19 ans beaucoup plus intéressée au flirt qu’aux danses traditionnelles, accompagnée de sa tante Edna, dévote près de la quarantaine rongée par l’arthrite. Genre, des fois ses genoux plient quand elle essaie de danser. Finalement, un danseur venant des États, arrogant comme tout et qu’ils n’ont jamais vu de leur vie. Ça ne peut pas bien aller.

Nous avons donc tout ce beau monde qui partent et Nadine, la directrice qui a mis tous les efforts est sans connaissance : ils vont faire SA tournée sans elle. Pas question! Ça va être un beau clash et c’est par moments hilarant, par moments touchant. Les mécanismes de défense de chacun deviennent de plus en plus évidents à mesure qu’on tourne les pages et l’autrice en profite pour glisser des thèmes comme la colonisation, le racisme, le sexisme, la politique… et plusieurs, plusieurs autres. Rappelez-vous que nous sommes dans les années 70 et les réactions de nos personnages en comparant ce qu’ils vivent au Canada et la façon dont ils sont perçus en Europe sont criantes de vérité… et comiques à la fois. Je les imagine tellement regarder ce qui se passe d’un regard incrédule! Non mais ils sont fous ces Blancs!

Bref, il arrive BEAUCOUP de choses dans le roman. Ils font une erreur après l’autre, se mettent dans le pétrin de façon impressionnante, le tout avec stoïcité d’apparence. J’ai beaucoup aimé les parcours de John, à qui ce voyage ouvrira les yeux ainsi que celui d’Edna, qui énerve avec son aveuglement mais dont les réactions nous surprennent souvent. J’ai beaucoup aimé la fin qui nous donne une autre façon de voir les choses.

Toutefois, je trouve qu’il y a trop de sujets sociaux abordés, parfois uniquement survolés. Le roman aurait pu gagner en intensité si certains d’entre eux avaient été approfondis un peu plus. Par exemple, l’histoire de l’avion apportait pour moi peu au récit à part insérer une cause supplémentaire. J’aurais aimé aussi mieux comprendre Lucas et ressentir davantage de sympathie pour Nadine.

Ceci dit, Dawn Dumont est une autrice que je vais continuer à suivre. Auto-buy for me!

Gagner la guerre – BD – Tomes 2-3-4 – Jaworski/Genet

Ceux qui me suivent le savent, j’adore Gagner la guerre de Jaworski. Avant de me lancer des tomates, JE SAIS. C’est basé sur l’Italie de la renaissance (ou dans ce bout là), ce sont des histoires où les mecs sont les héros, il ne faut pas trop chercher les femmes, il y a une scène de viol assez horrible dedans. Je sais. Mais depuis le début, certes, Benvenuto est drôle mais ce n’est pas un gentil. C’est clair depuis la page 1. Il tue, vole, trahit à foison, sans remort aucun et il évolue dans un univers patriarcal. Il faut le savoir. Mais on est en fantasy adulte et rien à faire, j’adore toutes ces magouilles et ce monde où il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Du coup, la BD, c’était évident que j’allais la lire.

De quoi ça parle

Je crois vous en avoir un peu parlé en intro mais je peux vous renvoyer à mon billet sur le tome 1 (qui est mystérieusement disparu de chez moi) ou sur le roman pour avoir des détails. Mais il y a une guerre avec le royaume de Ressine, la guerre sera gagnée, comme le titre le précise, mais après la guerre, les magouilles ne sont pas finies.

Mon avis

J’aime me replonger dans cet univers. Est-ce que j’aimerais autant si je n’avais pas lu le livre avant? Soyons franche, probabement pas. Le format BD oblige un déroulement rapide des événements, se focalisant surtout sur les éléments violents et nous coupe de ce qui est le plus intéressant : les pensées tordues, rétrogrades mais aussi intelligentes et drôles de Benvenuto qui reste fidèle à lui-même. On l’a un peu dans la BD mais beaucoup moins que dans le roman et si dans ce dernier on n’excuse pas le côté sans scrupule du personnage principal, on peut au moins mieux saisir son schème de pensées.

Toutefois, si vous avez lu et aimé le roman, je suis pas mal certaine que vous aimerez les courses poursuites sur les toits, les duels, les regards de côté et les magouilles des différents personnages illustrées dans la série de BD (il reste un tome à sortir). On comprend facilement l’histoire, Benvenuto et Leonido Ducatore sont machiavéliques à souhaits, tout le monde a une idée derrière la tête et ça se sent. Je suis toujours aussi fan des plans des villes et des paysages. J’ai le tome 2 en noir et blanc et la double page d’ouverture… c’est tellement magnifique!

Ceci dit, l’histoire est complexe et il faut être attentif à qui est qui pour bien saisir les détails et l’ampleur des trahisons diverses et variées. Ici, ça va vite (notamment pendant la période d’exil), nous n’avons pas droit aux suppositions diverses et variées de Benvenuto et il faut s’accrocher pour bien comprendre les buts des différentes factions politiques de Ciudalia. Mais comme je savais d’avance, j’ai passé un bon moment et j’ai enchaîné les trois tomes dans la soirée. Je lirai clairement le dernier. Clairement.

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Pax et le petit soldat – Sara Pannypacker

Encore cette année, le Pumpkin Autumn Challenge nous invite à lire des romans automnaux. Cette année, il faut lire/commencer une duologie. Et en plus, ça se passe dans la forêt alors ça passe parfaitement.

De quoi ça parle

Le père de Peter doit partir à la guerre et il amène son fils chez son grand-père, à 500 km de là. Le seul souci, c’est que Peter a un renard et son père ne veut surtout pas « imposer la bête » à son grand-père. Il va donc devoir libérer Pax, son renard, dans la nature. Toutefois, il réalise vite qu’il doit le retrouver et décide de parcourir le pays à travers bois afin d’y arriver. Pax, quant à lui, doit apprendre à survivre dans la nature et à rencontrer les autres membres de son espèce.

Mon avis

Je ne m’attendais à rien en ouvrant ce roman. En fait, je l’ai choisi non seulement pour le côté duologie mais en raison de la couverture dessinée par Klassen. Je ne m’attendais clairement pas à pleurer à la première scène. L’autrice reste volontairement vague sur l’espace et le temps. On ne sait trop quand se déroule le récit, ni où, et il y a juste assez de références modernes pour que les jeunes puissent se sentir concernés. Genre, nous ne sommes clairement pas au Moyen Âge.

J’ai beaucoup aimé l’histoire, surtout du côté de Peter, qui va faire des rencontres au cours de sa quête et ainsi apprendre à se découvrir lui-même. J’ai toujours un faible pour les passages à l’âge adulte en période trouble. On a une très belle évolution du personnage et on comprend petit à petit les blessures du jeune homme, le tout fait très intelligemment. C’est d’ailleurs ce que j’ai préféré dans ce roman : on fait confiance au jeune lecteur, tout n’est pas prémâché. La plume est très jolie (j’ai juste un souci avec l’utilisation d’un mot… je vais devoir aller valider dans la VO pour bien comprendre) et les deux voix, très distinctes et différentes, tiennent en haleine. Peter va-t-il retrouver son renard. Et Pax, lui, va-t-il survivre dans la forêt alors qu’il n’a jamais mangé autre chose que des croquettes?

On y rencontre de beaux personnages, l’atmosphère est réussie et quand nous sommes avec le renard, nous nous trouvons à penser en renard, en utilisant les sens différemment. Ça parle d’amitié, d’ouverture à l’autre, de responsabilité et d’affection entre l’humain et l’animal. Les illustrations sont très belles et permettent de bien s’immerger dans l’univers.

Une très belle lecture donc et une agréable surprise. Je lirai le tome 2… pour le challenge de l’an prochain.

Bienvenue Alyson – J.D. Kurtness

J’ai lu cette nouvelle il y a quelques mois. J’ai écrit un billet. Et j’ai oublié de le publier, probablement en raison de toutes mes récentes aventures. Donc, voici cet avis. Mes réponses aux commentaires risque d’être… imprécises. Je m’en excuse d’avance. J’avais donc choisi cette nouvelle car j’avais bien aimé ce que j’ai lu de cette autrice innue auparavant (sa nouvelle dans Wapke… j’avais adoré). C’était un peu une valeur sure.

De quoi ça parle

Je ne vais pas trop en dire car nous parlons ici d’une nouvelle de 40 pages. Nous sommes donc dans ma région à moi, près d’Alma, quand Francine, une cinquantenaire, disparaît dans la forêt, quelque chose de plus grand semble se déclencher.

Mon avis

Bâtir toute un univers SF en quelques pages, c’est tout un défi. Ici, l’autrice réussit à mettre en place une atmosphère inquiétante et on sent rapidement que ce qui commence comme une disparition isolée va rapidement prendre des proportions beaucoup plus grandes… et inquiétantes.

J’ai beaucoup aimé l’idée derrière la nouvelle ainsi que le côté nature, forêt. Je suis fan de l’écriture de l’autrice, de son humour et de sa façon de juxtaposer les scènes pour nous amener là où elle veut. Lire une telle nouvelle en contexte de pandémie, ça fait un peu peur mais pas que. Une genre de béatitude pandémique.

Ceci dit, comme souvent pour les nouvelles, surtout en SF, c’est que j’en aurais pris plus. Plus de construction, plus de philosophie sous-jacente, plus de développement des personnages… bref, j’aurais pris un roman, ce qui fait que je suis un peu restée sur ma faim! Ce qui n’était pas le but visé par l’auteur mais, si jamais elle a envie de pondre quelque chose de plus long… je suis preneuse. Mais genre, immédiatement!