Encore une fois, les éditions La belle colère ont fait un choix judicieux avec ce roman paru en anglais en 1999. Un roman jeunesse datant de 15 ans, me direz-vous? Yep. Et un roman qui a bien vieilli, à part ça. Bien entendu, il manque les textos, facebook et toutes les bebelles modernes qui nous accompagnent partout partout, mais, bizarrement, ça importe peu. Parce que les ados se ressemblent quand même pas mal et surtout, que la douleur est intemporelle.
Depuis la rentrée au lycée (probablement le High School aux États-Unis), Melinda – 14 ans – est une paria. Et, surtout, elle ne parle plus. Aux adultes. Ou de quoi que ce soit d’important. Melinda voudrait rentrer sous terre, se cacher. Disparaître. Pour tout le monde, elle est cette fille étrange qui a gâché un party, qui se mord les lèvres au sang et qui ne se défend même pas de ce pour quoi on l’accuse. Toutes ses copines l’ont laissée tombée (ben oui, c’est mal vu d’être copine avec la bitch connasse de service et Melinda subit cette année scolaire comme une épreuve. C’est une jeune fille sarcastique, souvent pessimiste (on peut comprendre) qui pose un regard très lucide sur cet univers en soi qu’est le petit monde du High School américain.
Bien entendu, on devine quand même bien ce qu’est ce « Ça », on nous le dit, d’ailleurs. Deviner n’est pas le but. Et si vous chercher de l’action, vous n’êtes pas au bon endroit. Toutefois, il y a des personnages réels, vrais, forts, qui évoluent au cours d’une année scolaire normale pour tout le monde, ou presque. On y retrouve le quotidien des étudiants, les minis-drames qui prennent des proportions folles, les petites trahisons et l’égocentrisme qui caractérise plusieurs personnages. Et si le côté américain est très présent, j’ai trouvé les ados tellement… ados! Le personnage d’Heather, nouvelle à l’école, qui devient copine avec Melinda parce que bon… elle n’a personne d’autre, qui essaie vraiment, mais qui la trouve rapidement encombrante et distante m’est apparu très bien trouvé. L’héroïne est quant à elle attachante, même si elle est bardée d’épines. Sa souffrance est palpable et à certains moments, je me suis sentie physiquement mal à l’aise tant sa douleur transperçait les pages.
Déprimant, pensez-vous? Pas que. Il y a des notes d’espoir dans cette histoire. Pour une fois qu’un problème ne se règle pas en 3 jours, pour une fois qu’il n’y pas de miracle… ce n’est pas moi qui vais me plaindre de la noirceur. Il y a malgré tout des personnages très beaux, en particulier le prof d’arts, monsieur Freeman, qui tente différemment de percer la carapace de Melinda. Entendons-nous, la demoiselle n’est pas tendre pour ses autres profs!
En bref, un roman qui passe encore très bien, qui bouleverse et qui fait réellement réfléchir sur les réactions suite à un choc tel que « ça » . Un beau personnage d’adolescente et une auteure à découvrir!