(La photo a été prise dans mon salon est représente une toile de Martine Tremblay, artiste de la région, dont je vous invite à aller voir le site)
Tiens… un billet où je raconte ma vie! Ça faisait longtemps hein! Mais vu que je me suis réveillée à 3h du matin en train de paniquer parce qu’il ventait et que l’abri tempo allait peut-être s’envoler, et peut-être tomber sur le toit du voisin et le briser, et peut-être occasionner une poursuite, et me ruiner, et scrapper mon voyage en Europe en 2016… je me suis dit que ça s’imposait. Et que peut-être ça me ferait moins déconner dans les jours qui viennent… Et bon, même si j’ai des petites rechutes, ça va mieux. VRAIMENT mieux. Et peut-être que ça peut montrer à d’autres que ça peut aller mieux, que c’est possible. Quand on trouve la solution qui nous convient.
Oui, je sais, c’est sur un sujet dont j’ai déjà parlé… mais radoter, ça fait paartie de mon charme, ça a l’air.
Je vais vous parler d’anxiété. De mon anxiété. Yep. Là, vous allez vous dire… « Mais quel rapport avec les livres?!?! » En fait, il y en a un tout petit mini! Et vous le verrez à la fin! Mais avant, je vais parler de moi. Ben oui je tiens un blog, j’aime ça parler de moi!
Là, j’en entends quelques uns penser…
– Elle veut se faire plaindre et faire pitié…
– Elle veut nous donner des conseils à la con…
– On va avoir droit à un exposé scientifique sur l’anxiété…
En fait, non, pas du tout. Je ne veux pas me faire plaindre parce que, justement, je ne suis pas à plaindre. Ça va bien! Je vais bien et depuis un bout de temps. En fait, je vais bien depuis que j’en parle vraiment et que j’admets que ce n’est pas qu’une vaste blague. Et non, je ne vais pas donner de conseils… mais je vais peut-être parler un peu de ceux que des gens, voulant bien faire, m’ont donnés! Et question exposé scientifique, on repassera. Le Pharmachien nous fait une jolie caricature ici... (moi, il me fait mourir de rire… mais bon, il peut être un peu raide parfois!). Bref, je vous explique.
J’ai toujours été stressée. Du moins, c’est comme ça que je nommais la façon dont je me sentais. Stressée. Mais c’est normal. Tout le monde est stressé. Tout va vite. La pression sur tout le monde est énorme. Si tu dis que tu es stressée à quelqu’un, dans 90% des cas, tu auras la réponse « moi aussi »… et la liste des raisons pour lesquelles il a plus de raisons que toi d’être stressé. Donc, dans ma tête, c’était normal. Je « retenais ça de ma mère » (à qui je ressemble psychologiquement, à un tel point que ça fait peur… mais elle a juste la folie un peu mieux placée que moi!). Dans ma tête, c’était normal de paniquer au moment de recevoir les résultats d’un examen à l’école (pas au moment de le faire… ça, ça allait bizarrement super bien… j’étais super passeuse d’examens quand j’étais à l’école… j’avais toujours THE déclic en plein milieu de l’épreuve… vous direz que bon, si j’avais essayé les exercices avant, je l’aurais peut-être eu avant, le foutu déclic… mais c’est une autre histoire!). Dans ma tête, c’était normal de me réveiller la nuit pour faire un devoir parce que peut-être que je n’aurais pas le temps. Et tout aussi normal de faire 99% des trucs à la dernière minute… parce que bon, stresser avant parce qu’on n’aura pas le temps, ça prend de l’énergie… et du temps!. C’était normal aussi de m’imaginer le pire scénario avant chaque moment de ma vie. Normal de s’imaginer le monde tout le temps « au cas où » il y a une épidémie de peste/grippe/autre-maladie-incurable et de freaker. Normal de refuser d’aller chez le médecin parce que j’anticipais trop une mauvaise nouvelle. Normal de ne pas pouvoir écouter une émission sur la fin du monde pour cause de nuits d’insomnie obligatoire après. Normal de jouer à « et si… » jusqu’aux petites heures du matin. Normal de masquer ça en devenant tellement hyper parfois que j’avais du mal à respirer et que je devais me concentrer pour ne pas oublier de le faire.
Anyway, quand tu ne dors pas pendant des nuits, un moment donné, ça finit par paraître. Mais je suis une fille forte, moi. Il n’y a personne d’autre qui freake pour ça et tout le monde est soumis aux mêmes contraintes… du coup YES WE CAN! Et surtout, chuuuuut. Ferme. Ta. Gueule. Et contente-toi d’avoir l’air d’une extraterrestre!
Chez moi, ça se manifestait extérieurement surtout par de l’hypocondrie. Mais pas de la petite hypocondrie, là… Le genre carabiné. Le genre qui te pourrit la vie, mais D’APLOMB! Vous savez, pour moi, ça a toujours été normal de penser qu’un mal de tête est une tumeur au cerveau. Forcément. Ca se peut. Et un bouton enkysté? C’est un cancer! Ben quoi, c’est ce qui est arrivé au héros de roman Harlequin que j’ai lu la semaine passée. Juste quand je commençais à être heureuse (souuuuvenir ému de mes 17 ans… je suis certaine que le copain que j’avais à cette époque s’en souvient encore…). Je n’ai pas 100% à un examen (et je ne niaise même pas), c’était un début d’Alzheimer précoce, j’allais perdre mon intelligence et devenir légume… et mon intelligence, c’est touuut ce que j’ai (Ça, ce sont mes 14 ans… pas étonnant que je n’aie jamais osé les drogues chimiques). Une nuit où j’ai transpiré? Ca y est, c’est le sida! Même quand on a 9 ans, qu’on a jamais vu une b… de proche et qu’on n’aurait, en fait, pas trop su quoi faire avec. Mais c’est un symptôme… je l’ai vu à l’expo-science! Ma première vraie crise d’angoisse… je me souviens que j’ai failli m’évanouir et que je n’ai jamais eu aussi chaud de ma vie. Je m’accroche sur un clou? J’ai l’hépatite, ça y est. Quelqu’un a touché ma main et il a saigné du nez avant? Qu’importe si je n’ai pas de bobo sur la main, que le sang est sec et qu’en fait, je n’en ai même pas sur la main… c’est MICROSCOPIQUE ces machins… j’ai peut-être le VIH! Ceux qui se souviennent de mon « cancer du coccyx » pendant que j’étais en Grèce ont cru que j’étais cinglée (finalement, c’est de l’arthrose… je suis juste vieille, pas malade). J’ai eu la peste (un abcès derrière une oreille), la variole (deux gros gros boutons en même temps), l’Ebola (une indigestion) et le H1N1. Pour de vrai. Et bizarrement, quand c’est arrivé, j’étais a moins stressée de la gagne.
Ceux qui me connaissaient en 2009 gardent, je suis certaine, un souvenir ému de ma SLA carabinée, qui m’a fait péter les plombs.
Mais là, vraiment.
Vous avez déjà vu un ours en cage? Ben j’étais comme ça. Je passais mes JOURNÉES à me regarder les mains pour voir si j’avais des fasciculations musculaires. J’analysais le moindre de mes efforts musculaires pour voir si c’était plus ou moins dur qu’avant. Je ne pensais qu’à ça. Je ne dormais plus. À toute les fois que je voyais quelqu’un qui marchait dans la rue, je me disais « maudit chanceux ». J’anticipais les prochaines étapes, mon voyage à New York probablement en chaise roulante…
Bref, l’enfer sur terre. Il a fallu que bébé-frère me traîne à l’urgence. Parce qu’aller à l’hôpital? Jaaaaamais! Au cas où ils me disent que j’ai raison! Et je suis juste INCAPABLE d’attendre des résultats d’examens. Je ne suis pas capable de m’éloigner de mon téléphone et je ne vis plus pendant ce laps de temps. Du coup, je n’en passe jamais. Ouais… call me contradictoire.
Anyway, je suis hypocondriaque. Je suis hyper vigilante pour ce qui concerne mon corps, toutes les sensations. Je remarque tout. La maladie, je n’ai pas de contrôle. Ce n’est pas MA faute. Ce n’est pas parce que je ne suis pas forte, parce que je suis moins solide qu’une autre. Ca ne dépend pas de moi. Contrairement au boulot où à ma vie en général. Ça, pas le droit d’être faible… mais la maladie, ça, ça passait dans mon étrange caboche dérangée…
… tout en pensant que tout le monde était comme ça… mais qu’ils le cachaient mieux.
Toute façon, quand j’en parlais, mettons que je n’avais pas vraiment de compassion! Les gens sont gentils et veulent bien faire… mais sérieux, dans l’état où je suis quand je freake, ya rien à faire… et je leur répond dans ma tête…
Eux: Mais calme toi donc… Prends une grande respiration, ça va aller mieux!
Moi: Ben oui, beau fin-fin… j’ai xxx de QI, c’est OFFICIEL que je n’ai jamais pensé à ça toute seule hein! Jaaaaamais je n’aurais eu une telle idée! Regarde, Bozo, je t’appelle à 3h du matin parce que je pense que j’ai un cancer généralisé du trapèze (un muscle du dos), je te dérange, et je réveille tout le monde… OF COURSE que c’était ma première solution!
Eux: Ben non, c’est pas ça… tu aurais aussi ça, et ça…
Moi: Biiiiiip, mauvaise réponse. Combien tu gages que dans 2 heures, je vais les avoir tous, les foutus symptomes dont tu viens de me parler? Ok, 2 jours, avec un peu de chance. J’ai un talent INFINI pour somatiser tous les symptomes possibles et inimaginables!
Eux: Et le yoga (ou méditation)? Moi, ça a fonctionné quand j’ai déménagé et que j’étais stressé.
Moi: Ca non plus, jamais pensé, voyons! Jamais même essayé genre… 10 fois! Mon problème, c’est que je suis INCAPABLE de me vider la tête et d’arrêter ces pensées qui tournent en boucle. C’est officiel que me concentrer sur mon corps, ça m’aide au boutte! Comme si je n’y pensais pas assez comme ça. T’as déjà essayé de faire du yoga en te demandant chaque fois si c’était plus ou moins dur hier (parce que tes muscles, dans ta tête, sont en train de se ratatiner??). Ouais, c’est ce que je me disais.
Ceci dit, quand je ne suis pas en crise, ça peut aider, oui… mais visiblement, ça ne m’en ferait pas sortir!
Eux: Tu cherches juste à attirer l’attention!
Ben oui. J’aime ça, d’abord, me sentir de même. Je choisis ça. Of course. Genre que c’est COMME ÇA que je veux que les gens se souviennent de moi. Une folledingue qui ne se contrôle pas. Je fais exprès, d’abord!
Encore une fois, c’est peut-être inconscient… mais quand quelqu’un me disait ça, j’avais juste le goût de leur en amancher une en pleine face!
Eux: C’est très très improbable… ya quoi… une chance sur 1 000 000?
Moi: Oui mais elle exiiiiiiiiiste cette chance! … … Non?
Eux: Eh que t’es donc une petite nature! Moi, j’ai survécu à ça, à ça et à ça… pis regarde, j’ai jamais arrêté une minute (air fier de lui)
Moi: Grumble grumble grumble… ben oui, t’es bon, t’es beau, t’es capable pis moi je suis folle… je me sens pas assez mal de même, faut que t’en rajoute, espèce de c…!
Eux: Eh que t’es donc drama queen!
Moi: Crisse, si j’étais juste drama queen, penses-tu VRAIMENT que je choisirais ça comme show? Je choisirais un truc hot avec Bradley Cooper, genre… pas la cinglée de service qui ne se contrôle pas!
Eux: Tu te cherches juste une raison pour arrêter de travailler et avoir des vacances à nos frais…
Moi: Noooooooon, ne m’arrêtez paaaaas de travailler! Si je ne travaille pas, je vais penser à ça touuuute la journée!
Mais il faut bien admettre que je n’était pas la plus… efficace!
Bien évidemment, j’ai dû finir par m’arrêter. J’ai dû piler sur mon orgueil. Et surtout sur mes préjugés. Parce que oui, je fais partie de celles qui n’ont « pas tenu le coup ». Et oui, je jugeais avant. Au boutte à part de ça. J’étais tellement mal moi-même que je ne pouvais m’empêcher de me dire des horreurs dans ma tête, sur ceux qui « profitaient du système » et qui étaient arrêtés. Je ne voulais pas ça, hein. Non, pas moi. J’étais forte. Et surtout, je n’étais pas MALADE!
Finalement, ça a pris 7 mois et quelque hors du travail pour me remettre sur pieds. En 2012. Une année que je ne voudrais pas revivre mais qui, finalement, a été une bonne chose. Parce que je vais mieux. Et que j’ai eu la révélation de ma VIE… non, ce n’était pas « normal » tout ça. Je n’étais pas obligée de vivre dans cette angoisse constante. Oui, je suis anxieuse. Et oui, je vais le rester.
Et non, pour moi, la psychothérapie n’a pas suffi. Elle ne suffit toujours pas, malgré le suivi. Et ça, ça a été mon gros deuil à faire. Le vrai de vrai. Toute seule, je n’arrive pas à gérer. En fait, je survivrais… mais de quelle manière?!?! J’ai choisi que ma vie ne serait pas un combat constant. Je ne suis pas obligée de subir ça. Allez-y, jugez-moi.
Maintenant, vous pouvez me dire que « la société est droguée », que « tout le monde marche sur les pilules et que c’est le mal », que « je n’ai pas fait assez d’efforts ». Go. Portez des jugements et dites-moi que ça contrevient à vos valeurs. Ne vous gênez même pas.
J’assume. Et je le dis haut et fort parce que j’en ai un peu assez que ce soit tabou. Que ce soit une honte. Du coup, j’ai décidé que pour moi, ce ne le serait pas. Parce que, croyez-moi, dans ma petite tête, la chose la plus courageuse que j’ai faite, ça a a été d’aller chercher de l’aide… et d’accepter de les prendre, ces foutues pilules. Et de continuer à les prendre pendant l’ajustement… parce que croyez-moi, ça n’a pas été facile tous les jours (Fabienne et Yueyin se souviendront de Karine-qui-essaie-d’expliquer-un-truc-simple-et-qui-n’y-arrive-pas-mais-pas-du-tout… traumatisant!)
Et voici maintenant le lien avec les livres…
En connaissez-vous, des romans qui traitent du sujet? Pas des histoires vécues, juste des romans, jeunesse ou pas, qui parlent d’anxiété/troubles anxieux/hypocondrie.
Parce que je serais bien preneuse pour les titres. Récemment j’ai lu « Girl online » écrit par je-ne-sais-qui pour le compte de Zoe Sugg (youtubeuse connue que je ne connaissais pas, of course), qui en traitait du sujet de façon assez parlante, même si les manifestations de l’héroïne sont super différentes des miennes. Mais finalement, je réalise que, de mémoire, je n’ai pas d’autre idée.
Donc, of course, je veux les vôtres!
Ouais, je suis une grosse profiteuse!
(Avant qu’on ne me le reproche… ce billet n’est pas pour vanter la médication. C’était le meilleur choix pour MOI, pas pour tout le monde. Chacun a des besoins différents, chacun fait des choix différents, et c’est bien correct comme ça. Si j’avais pu m’en passer, je l’aurais fait. Je ne peux pas. C’est tout!)