Quand on a une grande amie qui écrit des romans, on les lit, n’est-ce pas! Et quand cette grande amie écrit des romans érotiques BDSM, on les lit aussi, même si nous, on n’a aucun penchant pour recevoir coups de cravache et autres instruments divers et variés. Et ça ne nous empêche pas d’aimer ça.
Bien entendu, j’essaie d’être objective…. et j’échoue lamentablement hein! Mais sachez que ça m’a vraiment beaucoup plu, au point d’être obligée de me taper sur les doigts à toutes les trois pages pour me rappeler que je le lisais comme traqueuse de coquilles et de répétitions… car je me laissais emporter par l’histoire. C’est mal, je sais. Mais plutôt bon signe pour l’auteur, comme elle me le faisait remarquer.
C’est donc le premier tome d’une trilogie érotique à saveur BDSM qui sera publiée chez Bragelonne dans les prochains jours. Je vous l’annonce d’emblée, si vous avez le goût de vous plonger dans monde vraiment BDSM pas édulcoré (mais pas non plus hard core, ne vous inquiétez pas) par l’intermédiaire d’un roman réellement bien écrit, c’est pour vous. Parce que si l’auteur n’a pas peur des mots (entendons nous, pas de « virilité turgescente » ou de « fleur de son intimité » ici… on appelle un chat un chat… et une chatte une chatte), elle a un réel talent pour créer des atmosphères changeantes, intenses, un peu irréelles ainsi que pour créer des personnages avec de la profondeur. J’adore le personnage féminin dans cette histoire.
Mais pitchons un peu. Adam est beau et riche (sa concession au genre, selon ses propres dires). Depuis son divorce qui l’a traîné dans la boue sur la place publique, il préfère se vouer à son travail et payer des escortes pour le reste. Pas d’implication. Moins compliqué, moins risqué. Puis un jour, dans un bar, il rencontre une inconnue qui est tout le contraire de ce qu’il apprécie chez une femme normalement. Petite, maigre, tatouée, garçonne… elle est loin de ses poupées Barbie habituelles. Quand il lui propose un verre, elle lui propose autre chose, sans attache, sans suite. Et suite à cette rencontre, il se verra entraîné dans un monde qui ne l’attirait absolument pas avant et à travers lequel il découvrira un aspect de lui-même qui lui était inconnu jusque là.
Entre Adam et Eve (ai-je besoin de vous expliquer les choses?) va se développer une relation qui leur échappe. Lui est obsédé par la jeune femme et ne comprend pas les penchants qu’elle réveille en lui. Quant à elle, écorchée vive, elle reste mystérieuse, évanescente, et ne trouve son plaisir que dans la souffrance et l’expiation. On ne sait rien de son passé, de ce qui l’a amenée là. Car pour elle, on sent rapidement que la soumission comble un penchant autodestructeur et que le jeu est plus qu’un jeu.
Si pour moi l’idée de souffrir n’a aucun, mais alors là aucun attrait (genre que les menottes ont intérêt à être très, très confortables… voire même ornées de fourrure rose bonbon), je n’ai pas non plus été rebutée par cet aspect, probablement en raison de la bulle un peu onirique et hors du temps que l’auteur crée autour de ces scènes, tout en étant explicite et crue dans son vocabulaire. On les sent dans un état second, emportés et hors-contrôle. Les scènes de fêtes BDSM ou de donjon ont un côté décadent. On nous fait passer d’un film noir des années 50, avec son côté glauque mais glamour à la fois, à un hôtel particulier aux accents de Kubrick.
Je ne pourrais passer sous silence les références parfois perso (non mais, je les ai reconnus, les clins d’oeil… qu’allais-tu penser, chère twinette??) ou alors littéraires, artistiques, bibliques ou mythologiques. J’adore la description d’ouverture, qui me rappelle un certain classique français que je ne nommerai pas, de peur d’être complètement dans les patates.
Un roman qui s’inscrit donc dans le genre des romans érotiques (entendons-nous, des scènes hot, il y en a… et même si on sent poindre les sentiments derrière, ce n’est pour l’instant pas un truc sweet à lire avec un sac de guimauve et des chocolats… à moins d’avoir l’idée de se les faire fondre sur le corps… mais c’est une autre histoire), avec la particularité d’être fort bien écrit. Bien entendu, il ne faut pas être rebuté par le côté sadomaso (ou BDSM, comme il est de bon ton de dire) et accepter une partie des codes du genre. Pour ma part, j’aurais préféré garder certains comportements ou motivations un peu plus mystérieux, moins clairs pour le lecteur. Mais c’est le seul reproche que je lui fais (en toute objectivité, of course… c’est pas comme si c’était ma grande amie qui l’avait écrit).
Et à la fin…
Non mais Adam… sérieux… on a un peu le goût de le secouer et ça rend le truc plus brutal encore.
À suivre, donc.