Avouons-le d’emblée, j’ai lu le titre Salammbô et j’ai emprunté la BD aussi sec. J’avais beaucoup, beaucoup aimé cette Carthage fantasmée et fascinante que m’avait fait découvrir Flaubert (je vous en parle ici) et j’étais curieuse de voir une adaptation BD. Même pas hésité un quart de seconde. Vous pouvez donc imaginer ma stupéfaction quand je me suis retrouvée illico dans un vaisseau spatial en compagnie d’un certain Lone Sloane, dont je n’avais jamais entendu parler de ma sainte vie.
Les adeptes de l’auteur crieront au scandale mais que voulez-vous…
« Ok », me suis-je dit, dubitative… « sur quoi est-ce que je suis tombée? » C’est que je me trouvais pas mal loin de l’univers de Flaubert. Et pourtant, c’est bien cette histoire qui nous est racontée, souvent avec les mots même du roman du même nom. On y retrouve Carthage, les barbares, Mathô, Spendius, Narr’Havas et Hamilcar, ainsi que tous les événements clés du roman. Le tout transposé dans un univers SF technologique où l’on sent que l’auteur s’en est donné à coeur joie dans le dessin des vaisseaux, des armes et des cités. Oui, je sais, ça peut paraître étrange. Mais ce qui est tout aussi étrange c’est que l’adaptation passe parfaitement et que ce changement d’atmosphère est clairement ce que j’ai préféré dans tout ça. Certes, il s’agit d’une adaptation libre mais j’y ai retrouvé tout l’esprit du roman, ainsi que l’atmosphère particulière de celui-ci. Il ne faut pas oublier que pour aimer Salammbô, il faut quand même avoir un certain goût pour les récit guerriers et épiques. Il en est de même pour la BD. C’est assez sanglant, tout ça!
Allons-y pour ce qui m’a moins séduite: le dessin, en partie. Oui, je sais, c’est un grand dessinateur… mais avouez que des fois, ça pique un peu! Ok, ça a été dessiné en 1980. C’est donc un peu daté côté graphique. Les couleurs, en particulier… il faut aimer le vert, le rouge, le mauve… avec parfois une touche de jaune. Mais le pire, ce sont les représentations « photographiques » de Salammbô, qu’on dirait collées là. Heureusement, il y en a peu. De plus, l’écriture est parfois vraiment difficile à lire… et comme il y a des textes assez longs, j’avais les yeux collés sur les pages.
Par contre, par contre… les dessins des villes et des paysages sont ma-gni-fi-ques. Assez beaux pour que j’aie envie de les agrandir. Ils regorgent de détails et d’imagination et ça m’a vraiment beaucoup, beaucoup plu. Ah oui, pour ceux qui connaissent l’oeuvre de l’auteur, il a incarné Lone Sloane, son personnage récurrent, en Mâtho, ensorcelé par Salammbô. C’est assez particulier mais j’ai bien aimé cette intégration de son oeuvre dans le récit de Flaubert.
Spécial spatial… mais j’ai aimé!