J’ai acheté ce roman en 2009. Et 14 ans plus tard, il était toujours dans ma pile. Oui, je sais, ça fait peur. Et ce n’est même pas l’un des plus vieux. Je discutais avec ma mère des anciens gagnants du prix des libraires du Québec et j’ai réalisé que l’autrice était sino-québécoise. Donc, ça entrait en plus dans mon Lisons l’Asie, surtout que ce court roman est bien ancré dans la culture chinoise.
De quoi ça parle
Ceci est l’histoire d’une fille. Elle est la fille de sa mère, mère qui la domine, la contrôle et qui n’admet pas qu’elle soit autre chose qu’une prolongation d’elle-même. La fille est morte, nous le savons dès les premières pages, et c’est son fantôme qui va nous raconter comment elle a pu en arriver là, écrasée sous les exigences de sa mère et le sentiment de ne jamais être à la hauteur.
Mon avis
Voici donc un roman qui dérange. Pour en avoir avec une amie ayant une mère chinoise, elle m’a expliqué que ce qui était dans les pages de ce livre avait touché sa propre mère droit au coeur, lui faisant presque revivre certaines parties de sa vie. Nous sommes en Chine, notre héroïne a 25 ans et n’a aucune liberté. Non seulement ça, mais la relation mère-fille prend toute la place, l’empêchant d’être quoique ce soit sauf sa fille à elle, cette mère qui n’est jamais satisfaite et qui le lui fait quotidiennement savoir.
Il paraît que la pression mise sur les filles chinoises était terrible à une époque et qu’à certains endroits, elle l’est encore. Les apparences sont ici ce qui compte, la mère a tous les droits et fait ressentir à sa fille tout le poids de sa prétendue ingratitude. Tout le temps. Impossible de s’échapper. La figure de la mère est anxiogène au possible et on comprend presque la narratrice de ne voir qu’une seule issue possible. Bref, ça frappe.
L’écriture est très belle, poétique, remplie d’images. Le personnage principal est évanescente, autant vivante que morte. On la sent hors du monde, sans espoir, sans même une définition d’elle-même, qui ne se sent vue que par le regard intransigeant de sa mère.
J’ai donc bien fait de le sortir de la fameuse pile – montagne – à lire!