Le livre des soeurs – Amélie Nothomb

Avec moi, Amélie, c’est ça passe ou ça casse. Je ne la lis pas systématiquement chaque année mais allez donc savoir pourquoi cette fois-ci, j’ai été tentée par son nouvel opus. Je l’ai donc écouté en me dirigeant vers Québec pour aller au salon du livre.

De quoi ça parle

Tristane est née du couple fusionnel que forment Florent et Nora. Trop fusionnel. La « petite fille terne » verra sa vie changer quand arrivera Laëtitia, une petite soeur, à qui elle décide de lui offrir l’amour et l’attention que leurs parents sont trop occupés pour leur donner.

Mon avis

Voici donc un Nothomb très Nothombien. Une famille dysfonctionnelle, un roman-conte, des situations dérangeantes et des prénoms qui ne s’inventent pas (Tristane et Laëtitia, sans compter Bobette). Ici, nous rencontrons Tristane, qui a appris rapidement à ne pas déranger. Ses parents sont trop occupés à s’aimer pour avoir de la place pour une enfant. Une enfant terne en plus. C’est une fillette vive, intelligente, qui va s’épanouir quand ses parents décident finalement de lui « faire une soeur ». Ben quoi, il faut bien lui trouver un jouet.

Ce roman est un ode à l’amour sororal et la relation entre les deux filles est lumineuse. Un lien tangible s’établit entre les deux et même si certaines situations sont complètement improbables, les voir évoluer ensemble est presque magique. Ça parle des mots, de leur pouvoir, ça parle de musique, celle qui tire vers le haut, ça parle d’amour, de désamour aussi. Là où Tristane est terne, Laëtitia est pétillante et vivante. Résultat de l’amour reçu?

J’ai beaucoup aimé la lecture de ce court roman. J’ai un souvenir vif de la première partie mais comme je suis paresseuse et que j’écris ce billet 3 semaines après la lecture, j’ai dû relire toute la deuxième pour pouvoir écrire ce billet. Oups?

Bref, j’aime toujours la plume d’Amélie, sa façon de tout transformer en conte… un opus réussi! Même si j’en avais oublié une bonne partie!

Feuilles volantes – Alexandre Clérisse

J’ai lu ce graphique en raison du prix des libraires du Québec. En fait, si je l’avais croisé en librairie, je l’aurais certainement lu car je super fan du graphisme. Et cette impression s’est confirmée avec la lecture.

De quoi ça parle

Trois époques, trois personnages ayant un point commun : raconter des histoires avec des images.

Mon avis

Quelle drôle de bande dessinée! Entendons-nous, j’ai eu une très agréable surprise avec cet album et je suis carrément tombée en amour avec le graphisme. Tout m’a plu dans le visuel: les couleurs , la mise en page originale, les dessins intriqués et la perspective parfois très « basic », qui rappelle presque les enluminures. Quand je tombe en pâmoison avec certaines pages et que je me mets à les contempler, c’est clairement bon signe.

Quant à l’histoire, ça parle de création et des défis que ça peut représenter selon les époques. On se promène d’une ligne du temps à l’autre, d’un univers à l’autre et les histoires s’entremêlent au point de nous amener à se poser la question : quelle est l’histoire, et quelle est l’histoire dans l’histoire. J’ai beaucoup aimé le fait que les quelques incohérences – notamment au Moyen Âge – soient notées par d’autres personnages (ouais, c’est qu’il y a l’histoire dans l’histoire dans l’histoire… ) ainsi que les clins d’oeil d’un récit à l’autre (fou rire à l’idée de la fosse sceptique).

Bref, créer, peu importe l’époque, comporte des écueils. Une BD qui transcende les genres (entre le coming of age, la SF et l’historique), une histoire somme toute universelle et un graphisme qui m’a totalement séduite!

C’était ma BD de la semaine! Tous les billets chez Noukette cette semaine

Les abeilles grises – Andrei Kourkov

Croyez-le ou non, j’avais dit que je vloguerais une semaine de lecture où je lirais les gagnants du prix des libraires du Québec 2023. Je les ai lus. Je n’ai pas nécessairement vlogué par contre. Juste un tout petit peu. Ceci dit, ce roman a gagné le prix fiction hors-Québec et c’est pour cette raison que je l’ai lu.

De quoi ça parle

Nous sommes dans le Dombass, vers 2017. Sergeï Sergeïtch habite en zone grise, zone désertée entre les deux armées. De son ancien village, il ne reste que deux hommes, lui et son ami-ennemi Pachka. Sa plus grande richesse sont ses abeilles et c’est pour leur permettre de butiner loin des explosions qu’il va finir par quitter son village pour passer l’été ailleurs.

Mon avis

Nous avons ici un roman assez étrange, qui nous fait voir la guerre à hauteur d’homme. Au Dombass, le conflit dure depuis 3 ans déjà et les deux seuls habitants du village – qui ne pouvaient pas se sentir en temps de paix – tentent de se tenir compagnie bon gré mal gré, afin de tromper la solitude et de préserver un semblant de vie sociale alors que tout est triste et vide. D’un côté les séparatistes russes, de l’autre, les Ukrainiens. Sergeïtch, lui, est apolitique mais clairement, il préférerait habiter rue Chevtchenko que rue Lénine. Je dis ça, je dis rien.

Ici, très peu d’action. Des dialogues parfois surréalistes entre deux hommes qui attendent la fin de la guerre comme on attend Godot. Entre tirs d’obus et morts dont ne sait déterminer le camp, ils font leur gros possible sans électricité, sans personne, avec parfois de la vodka, du miel et, pour notre protagoniste, des abeilles. Ses ruches sont le centre de sa vie, le modèle à suivre. Leur modèle de collaboration en aurait beaucoup à apprendre aux hommes, selon lui. Le récit est rythmé de moments du quotidien, quand les scènes de guerre sont devenues la norme. Étonnament, ça a été ma partie préférée malgré sa monotonie et sa grisaille.

Quand Sergeïtch prend la route, ses ruches sur sa remorque, on ressent davantage l’amour de la nature de la poésie qui s’en dégage. Notre protagoniste ne souhaite qu’une vie simple, en accord avec celle-ci mais il se retrouve étranger partout, autant en Ukraine qu’en Crimée (annexée par la Russie en 2014). Partout, on lui demande ce qu’il peut bien faire là, on suppose sur ses origines, ses allégeances, et il réussira à la fois à se faire apprécier et à rendre les gens méfiants juste en étant lui, un homme qui arrive de la zone grise avec ses abeilles. La menace est partout, on sent la présence russe juste au-dessus de son épaule. Bref, un portrait fugace de la vie à cet endroit précis, entre les Ukrainiens, les Russes, les séparatistes et les Tatars de Crimée, discriminée de tous et chacun.

Si j’ai beaucoup aimé la langue et l’état de situtation, j’ai tout de même ressenti quelques moments d’ennui et d’incompréhension face au comportement de Sergeïtch. Et je vais demander de l’aide : je sens qu’il y a une image forte avec la finale. J’ai des idées. Mais je ne suis vraiment pas certaine d’avoir bien compris la signification de cette fin. Sans doute est-ce moi qui n’est pas à la hauteur du roman… mais je n’aime pas tant me sentir comme ça! Please explain!

Le Magicien d’Oz – Frank L. Baum

Ok, j’avoue, ce n’est pas la première fois que je lis Le magicien d’Oz. Je l’ai lu enfant, j’ai regardé le film… je connais l’histoire. Mais quel plaisir d’y replonger!

De quoi ça parle

Ai-je vraiment besoin de présenter l’histoire? Dorothy, fillette qui habite avec son oncle et sa tante dans une plaine aride du Kansas, se voit transportée dans un pays mystérieux suite à une tornade. Elle devra alors suivre le fameux chemin de briques jaunes pour rencontrer le magicien d’Oz, être mythique, qui a tous les pouvoir et qui lui permettra de rentrer chez elle. En chemin, elle va rencontrer l’Épouvantail, l’Homme de fer blanc et le Lion froussard, qui vont l’accompagner dans sa quête. And the rest is history!

Mon avis

Quand je lis un classique d’enfance, j’essaie toujours de m’y replonger avec ce regard candide qui permet d’apprécier sans réserve la magie d’une histoire. Je ne VEUX pas perdes mes bons souvenirs, voyez-vous! No effing way!

Nous sommes donc dans une histoire jeunesse, avec plein d’action, des personnages certes naïfs mais aussi très attachants. Dorothy reste une enfant et réagit souvent comme tel. Elle ne voit pas toujours les évidences mais remarque les petites choses. Ça parle d’entraide, d’amitié et surtout de croire en ses rêves. Chacun a une quête, un désir, et est prêt à tout pour y arriver, sans pour autant oublier d’être là les uns pour les autres. Bref, ça fait du bien.

Non seulement il se passe énormément de choses (la route de briques jaunes est semée d’embûches… qui ne sont pas toutes dans le film) mais il y a des discussions hyper intéressantes entre les personnages. Entre coeur et raison, qu’est-ce qui est le plus important? Le tout reste à hauteur d’enfant mais ouvre certaines pistes de réflexion. De même, chacun des royaumes est différent, a des fonctionnements différents et j’ai trouvé ça super intéressant de réaliser qu’aucun n’est parfait et qu’il y a des failles dans tous les systèmes.

Ça parle aussi de perceptions, d’apparences (la cité d’Émeraude, quand même quelque chose, en termes de méga escroquerie) et d’évidences qu’on refuse de voir. Bref, une histoire passionnante, pleine de péripéties. C’est plein de magie et définitivement, cet auteur avait une imagination folle! Quant à cet édition de MinaLima, elle est encore une fois hyper réussie, pleine d’animations et d’illustrations. Je dois avouer que je suis vendue d’avance!

The Book of Night – Holly Black

Pour le Shiny Spring Challenge, cette année, il fallait lire un livre en édition colletor. J’ai reçu ce roman dans une box lors de sa sortie en VO, il venait de sortir en VF… alors je l’ai lu. Et j’ai bien aimé me replonger dans un univers d’urban fantasy. C’est que ça faisait longtemps!

De quoi ça parle

Charlie Hall est une escroquinette. Elle doit s’occuper de sa jeune soeur et a fait ce qu’elle pouvait pour le faire, soit crocheter des serrures et faire des petits vols pour des magiciens qui manipulent les ombres. Sauf qu’elle est maintenant repentie et qu’elle travaille comme barmaid, a un copain stable et ne veut plus rien savoir de son ancien monde.

Sauf que ça ne va pas être si simple. Son petit ami a perdu son ombre depuis longtemps et une figure de son passé va la faire replonger – une dernière fois, croit-elle – dans son ancien et sombre univers, à la recherche du mystérieux livre de la Nuit.

Mon avis

J’avais lu énormément d’avis mitigés au sujet de ce roman. On l’avait défavorablement comparé aux autres romans de l’autrice, autant au niveau de la plume, de l’ambiance, que de l’histoire. Du coup, quelle n’a pas été ma surprise de bien aimer ma lecture. Pas un coup de coeur, pas un truc de folaïe mais il faut croire que j’avais envie d’urban fantasy parce que j’ai passé un bien agréable moment.

Nous sommes donc avec une héroïne qui en a vu d’autres. Elle a une grande gueule (qu’elle ferait parfois mieux de contrôler… genre, elle n’a pas de piton « pause » avant de parler), bien des soucis et se cherche encore dans sa relation avec son copain qui, pour une fois, est un homme fiable. C’est qu’elle n’a pas l’habitude. Elle tente d’encadrer un peu sa petite soeur, tireuse de tarot au téléphone, qui souhaite par dessus tout que son ombre s’anime pour ainsi être douée de pouvoirs. Je dois avouer qu’à part ça, on en sait assez peu sur notre personnage principal, mais elle est ma foi fort divertissante. Elle a le don pour aller au devant du danger et se mettre dans des situations impossibles, malgré son indéniable compétence en la matière.

Pour moi, c’est clairement du divertissement. Le world building est peu expliqué et c’est d’ailleurs où j’en aurais voulu plus. Mais pourquoi la magie des ombres est-elle aussi intéressante, si ce n’est que pour faire des mauvais coups? J’ai assez mal compris le principe. J’espère que ce sera davantage développé dans la suite (parce que oui, je vais la lire). Toutefois, j’ai beaucoup aimé découvrir petit à petit le passé de Charly, sans que les liens soient faits pour nous. L’alternance passé-présent qui a dérangé tant de lecteurs m’a pour ma part beaucoup plu. Qui a dit que j’avais l’esprit de contradiction?

Au final, j’ai passé un bon moment de lecture, qui me ramène à mes anciennes amours. On est davantage dans l’action que dans la romance (même s’il y a romance… enfin… sort of) et la finale donne envie de lire la suite. Agréablement surprise, donc.

Les marins ne savent pas nager – Dominique Scali

Il y a longtemps que je voulais lire ce livre mais ces temps-ci, je lis peu et lentement. Du coup, 700 pages, ce n’est pas toujours simple à caser dans l’horaire. J’ai donc attendu qu’il gagne le prix de libraires du Québec pour me décider à le lire. Et j’ai bien fait.

De quoi ça parle

Nous sommes dans l’île d’Ys, éperon rocheux dans l’océan Atlantique. On nous raconte, à posteriori, l’histoire de Danaé Poussin, qui, dans l’île, est la seule qui sait nager. Nous sommes après la Grande Rotation et le narrateur est chargé de déterminer son implication dans cette révolution. Était-elle suffisamment issoise?

Mon avis

Tout d’abord, il ne faut pas s’effrayer pour les 700 pages. La plume est non seulement magnifique, mais elle est aussi très accessible. L’histoire est prenante, les chapitres sont courts et le roman a un côté épique, presque grandiose. Du coup, ça se lit tout seul.

Nous sommes donc dans un univers qui n’existe pas « pour vrai », avec sa chronologie particulière et son histoire, mais qui est presque calqué sur le nôtre. À part une capacité assez incroyable à plonger chez Danaé, il n’y a pas de magie en tant que tel. Ce roman nous transporte ailleurs, dans un monde peuplé de grands gallions qui ont du mal à naviguer ces eaux traîtresses. Sur Ys, la vie est rythmée par les vagues et surtout par les grandes marées. Seuls les citoyens, à l’intérieur des murs de la cité, ne voient pas leur vie mise en péril et leurs possessions balayées deux fois l’an par les grandes marées. Mais ne devient pas citoyen qui veut. Depuis la Saine Rotation, il faut prouver qu’on est suffisamment issois. Mais entre riverains et citoyens, l’égalité des chances n’existe pas.

Nous suivrons donc Danaé, enfant orpheline et abandonnée, qui grandit avec les poissonnières et les pêcheurs. Elle nage comme un petit poisson, ce qui clairement anormal. C’est son histoire qui nous sera contée, alors qu’elle sera confrontée à l’injustice de sa société et aux coups dur du quotidien des marins. J’ai beaucoup aimé ce personnage, qui fait des erreurs et qui est souvent victime du système, malgré son courage et sa volonté de faire son propre chemin.

Je suis pour ma part entrée dans ce monde maritime, qui fleure les algues et le sel de mer. Il y a certes un côté anticlimatique, mais je n’avais pas vu venir un certain élément pour ma part et j’ai a-do-ré les courts passages historiques et politiques. Certains diront que c’est un peu lent mais j’aime la lenteur. Une lecture dont je me souviendrai, un roman-monde… j’ai beaucoup aimé.

Promenade au phare – Virginia Woolf

J’aime Virginia Woolf. J’aime sa façon d’explorer la psyché humaine, de tenter de percer la façade pour nous faire entrer dans les pensées des personnages. Du coup, vous ne serez pas surpris d’apprendre que j’ai a-do-ré ce roman.

De quoi ça parle

Nous sommes avec la famille Ramsay, dans la maison de vacances en Écosse. Il y a Mrs Ramsay, la Mère avec un grand M, Mr. Ramsay, haut sur son piedestal, leurs 8 enfants ainsi que leurs invités. Le roman s’ouvre sur un espoir : aller faire une promenade au phare le lendemain. Le père et un invité, prophète de malheur, croient que le temps ne sera pas propice.

Cette promenade n’aura finalement lieu que des années plus tard mais ces simples phrases nous permettront de sonder les pensées des personnages et de pénétrer dans leurs têtes.

Mon avis

Non mais qu’il est difficile de parler de ce roman et d’expliquer de quoi ça parle sans que ça semble ennuyant comme la pluie! C’est que c’est tout sauf ça. Ce roman a été pour moi un pur plaisir de lecture même s’il est très difficile de bien exposer « de quoi ça parle ». Nous sommes ici, comme dans Mrs. Dalloway, dans un « stream of counciousness », mais nous nous baladerons ici d’un personnage à l’autre et ce qui est le plus intéressant, c’est que chacun a l’air, de l’extérieur, parfaitement calme. Par contre, à l’intérieur, ça bouillonne.

C’est donc un roman du quoditien. Il ne se passe pas de grands événements mais chacun passe d’un sentiment à l’autre, presque sans que ce soit perceptible, et nous sommes témoins de ces petits drames qui ne seront jamais extériorisés. Et ce qui est intéressant, c’est à quel point ces petites tragédies sont vécues différemment d’une personne à l’autre. Le roman nous permet d’analyser les sentiments et les perceptions de chacun, notamment du couple Ramsey mais également de Lily Briscoe, jeune peintre qui cherche sa place comme artiste, et Charles Tansley, qui croit que les femmes n’ont rien à faire en philosophie ou en arts en général. On l’aime déjà, ce type.

Certains échanges, parfois muets, associés à ce que pensent les personnages au même moment, sont passionnants. Tout au long du roman, on entend presque les vagues et le vent au loin. Le personnage de Lily Briscoe est particulièrement intéressant car elle représente l’artiste qui se cherche, qui tente de trouver sa place dans ce monde d’hommes qui se permettent une opinion sur tout et sur rien. Sa remise en question et son évolution est passionnante.

La troisième partie, celle qui se passe 10 ans plus tard, est à la fois triste et nostalgique. Les années ont passé, chacun a évolué et notre perception des personnages varie également. C’est magnifiquement écrit, ça parle de perte, de deuil, d’enfance et de la complexité des relations humaines. Bref, un magnifique roman.

J’ai lu… les gagnants du Prix des Libraires du Québec

Là dedans, je vous parle de…

  • Les marins ne savent pas nager – Dominique Scali (roman québécoise)
  • Parfois les lacs brûlent – Geneviève Bigué (BD québécoise)
  • Les abeilles grises – Andreï Kourkov (roman hors-Québec)
  • Nettoyage à sec – Joris Mertens (BD hors-Québec)

Vous pourrez aussi me voir faire des bougies avec ma nièce, prendre des photos Instagram et me balader au festival de BD de Montréal.

Avez-vous lu certains de ces romans?

Les éclats – Bret Easton Ellis

Je n’ai pas lu Breat Easton Ellis pendant un moment car j’avais entendu dire que ses écrits étaient pro-Trump. Mais lors du salon du livre de Québec, Céline (de chez Interforum) m’a mentionné que ce roman, c’était son meilleur. Du coup, il FALLAIT que je le lise. Of course. Et en plus, elle m’a juré qu’il était zéro question de Trump dans cette histoire. Donc, j’ai lu.

De quoi ça parle

Le protagoniste de ce roman se nomme Bret Ellis. Il a 17 ans, est en dernière année de secondaire et est en train d’écrire son premier roman « Less than zero ». Des décennies plus tard, il revient sur cette année qui a marqué son adolescence au fer rouge. L’année où sévissait le Trawler, un meurtrier en série, année qui correspond aussi à l’arrivée de Robert Mallory, nouvel élève qui a bien des secrets.

Mon avis

J’ai en ai lu de toutes les sortes autour de ce roman. Du pire : ego trip, beaucoup trop de cul et de branlettes, nombril mon beau nombril… mais aussi du meilleur: fascinant, mature, dérangeant et génial. Et je vais avouer que je vois parfaitement le pourquoi de tous ces ressentis, je me retrouve clairement du côté de ceux qui ont adoré. Oui, c’est bavard, c’est la vie des gens riches et célèbres, mais j’ai été happée dans cette histoire (fictive, on s’entend) où l’auteur crée sa légende, où il imagine un événement fondateur, marquant, qui correspond à la perte de l’innocence et au passage à l’âge adulte.

Nous sommes donc avec un groupe d’amis. Tous privilégiés, tous riches, les rois et les reines de leur année à l’école. Ils sont amis, ils font la fête, se droguent et s’envoient en l’air, le tout sans trop se soucier des conséquences parce que bon, c’est comme ça. Les parents sont soit absents, soit démissionnaires, soit pris dans leurs propres problèmes. Ils sont souvent cause de plus de soucis que de soutien. Bret se sait bisexuel (ou gay, ça varie), s’envoie en l’air avec un copain de classe, le tout en le cachant à sa petite amie, Debbie. Dans leur petit groupe, il y a eux deux mais il y a aussi Susan et Thom, les golden kids. Puis arrive Robert. J’ai aimé voir évoluer leurs relations et j’ai trouvé que la structure de ce petit groupe était tellement typique des groupes d’amis ados: tout se sait, mais personne ne sait que tout se sait, chacun a ses secrets, les relations de groupe et les relations des dyades sont différentes et on dirait que personne ne s’en rend compte… bref, ces aspects m’ont plu.

L’auteur réussit à recréer l’amosphère du début des années 80 et le narrateur a une voix très particulière. Un adolescent qui se cherche, notamment en ce qui a trait à sa personnalité. Il se définit comme un auteur et aime réinventer sa vie. Du coup, quand il sombre de plus en plus dans la paranoïa, il devient de plus en plus difficile de savoir s’il est fiable ou non et l’aspect thriller apparaît graduellement. Il faut lui laisser le temps.

Entre les délires paranoïaques et les suspicions, j’ai complètement embarqué dans l’histoire. C’est simple, je ne pouvais plus le lâcher. Personne ne croit Bret, ça devient angoissant, les réactions de ses amis et des adultes sont tout sauf supportantes et même si on réalise bien qu’il est en train de sombrer, on voudrait presque le croire. C’est qu’on sait dès le début que rien ne va, que suite à cette année, ce groupe d’amis sera changé à tout jamais.

Un roman qui m’a clairement marquée et qui me redonne envie de lire des anciens titres de l’auteur. Une réussite pour moi. Fascinée j’ai été.

Nettoyage à sec – Joris Mertens

Vous voyez cette couverture? Cette beauté? Si ça vous plaît attendez de voir ce qu’il y a à l’intérieur.

De quoi ça parle

François est un homme ordinaire, dont le seul plaisir est d’aller prendre un verre dans son bistro favori et acheter le journal à une certaine Maryvonne, auprès de laquelle il ne se sent pas à la hauteur. En n’oubliant pas de jouer au lotto, bien sûr. Il est livreur dans une compagnie de nettoyage à sec et rêve de richesses. Va-t-il céder à la facilité quand l’opportunité se présentera?

Mon avis

Première impression : 5 étoiles – voire même 5 étoiles et demie – pour le graphisme, magnifique, qui nous transporte dans un Bruxelles des années 70 pluvieux. J’ai adoré les planches, autant les grandes que les petites, ainsi que la colorisation. La variété de la disposition des cases donne du rythme à ce récit et on se sent, comme le protagoniste, englué dans cette petite vie, qui offre somme toute peu d’espoir. En effet, quand on approche de la retraite, qu’on se voit refuser une augmentation et qu’en plus, on doit former le fort désagréable neveu de la patronne, la vie n’est pas nécessairement une partie de plaisir.

L’histoire commençait très bien, avec plusieurs plans silencieux et une montée de la tension, alors que son nouvel apprenti semble faire tout de travers, avec une insouciance qui donne au lecteur envie de le taper. Par contre, dès que survient la tentation, on tombe dans un récit beaucoup plus convenu et prévisible. Nous sommes certes dans un roman noir, mais la fin apparaît précipitée et m’a un peu déçue.

Ceci dit, ce fut une lecture agréable et je m’en suis pris plein les yeux. Cet album a gagné le prix hors-Québec du prix des libraires du Québec. Quant à moi, je relirai l’auteur. Il paraît que son autre album, Béatrice, est encore plus beau.

C’était ma BD de la semaine.