Promenade au phare – Virginia Woolf

J’aime Virginia Woolf. J’aime sa façon d’explorer la psyché humaine, de tenter de percer la façade pour nous faire entrer dans les pensées des personnages. Du coup, vous ne serez pas surpris d’apprendre que j’ai a-do-ré ce roman.

De quoi ça parle

Nous sommes avec la famille Ramsay, dans la maison de vacances en Écosse. Il y a Mrs Ramsay, la Mère avec un grand M, Mr. Ramsay, haut sur son piedestal, leurs 8 enfants ainsi que leurs invités. Le roman s’ouvre sur un espoir : aller faire une promenade au phare le lendemain. Le père et un invité, prophète de malheur, croient que le temps ne sera pas propice.

Cette promenade n’aura finalement lieu que des années plus tard mais ces simples phrases nous permettront de sonder les pensées des personnages et de pénétrer dans leurs têtes.

Mon avis

Non mais qu’il est difficile de parler de ce roman et d’expliquer de quoi ça parle sans que ça semble ennuyant comme la pluie! C’est que c’est tout sauf ça. Ce roman a été pour moi un pur plaisir de lecture même s’il est très difficile de bien exposer « de quoi ça parle ». Nous sommes ici, comme dans Mrs. Dalloway, dans un « stream of counciousness », mais nous nous baladerons ici d’un personnage à l’autre et ce qui est le plus intéressant, c’est que chacun a l’air, de l’extérieur, parfaitement calme. Par contre, à l’intérieur, ça bouillonne.

C’est donc un roman du quoditien. Il ne se passe pas de grands événements mais chacun passe d’un sentiment à l’autre, presque sans que ce soit perceptible, et nous sommes témoins de ces petits drames qui ne seront jamais extériorisés. Et ce qui est intéressant, c’est à quel point ces petites tragédies sont vécues différemment d’une personne à l’autre. Le roman nous permet d’analyser les sentiments et les perceptions de chacun, notamment du couple Ramsey mais également de Lily Briscoe, jeune peintre qui cherche sa place comme artiste, et Charles Tansley, qui croit que les femmes n’ont rien à faire en philosophie ou en arts en général. On l’aime déjà, ce type.

Certains échanges, parfois muets, associés à ce que pensent les personnages au même moment, sont passionnants. Tout au long du roman, on entend presque les vagues et le vent au loin. Le personnage de Lily Briscoe est particulièrement intéressant car elle représente l’artiste qui se cherche, qui tente de trouver sa place dans ce monde d’hommes qui se permettent une opinion sur tout et sur rien. Sa remise en question et son évolution est passionnante.

La troisième partie, celle qui se passe 10 ans plus tard, est à la fois triste et nostalgique. Les années ont passé, chacun a évolué et notre perception des personnages varie également. C’est magnifiquement écrit, ça parle de perte, de deuil, d’enfance et de la complexité des relations humaines. Bref, un magnifique roman.

6 Commentaires

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  1. Tout comme toi, j’adore Virginia Woolf! J’ai lu et énormément apprécié ce récit!

    1. C’est beau hein! Un récit envoûtant.

  2. Je l’ai lu deux fois… et tout comme toi la personnage de la peintre m’a marquée ! Et cette maison ouverte où tout le monde se réunit mais est tout seul. Il y a le récit du repas du soir aussi. Ah grand livre !

    1. Tout à fait! Tu as tout à fait raison pour la grande solitude de tous ces gens ensemble. Et la peintre. Et le repas… bref, un grand roman.

  3. Coucou par ici! J’ai eu de la difficulté avec Mrs Dalloway, mais ayant quand même aimé certains passages, je veux faire une 2e tentative avec Woolf… Peut-être avec ce titre?

    1. Ah je te le conseille en tout cas. J’ai a-do-ré. Contente de te lire!

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