La lumière vacillante – Nino Haratishwili

J’avais beaucoup aimé Le chat, le général et la corneille, de la même autrice, qui nous parlait cette fois de la guerre en Tchétchénie. Du coup, quand j’ai vu sa nomination pour le prix des libraires du Québec, j’ai été ravie de le lire.

De quoi ça parle

Tbilissi, Georgie, chute de l’Unions soviétique. Dans une cour située dans un quartier populaire, quatre amies différentes vivent cette époque avec chacune leur regard particulier.

Trente ans plus tard, elles se retrouvent après une longue période de silence et au rythme des photos prise par Dina, l’une d’entre elles trop tôt disparue, Keto va se souvenir de son adolescence bouleversée par la guerre et les guerres de gangs locales.

Mon avis

Je suis une grande nostalgique dans l’âme. Le procédé de retourner dans le passé à travers des photographies qui font revivre des événements du passé à notre personnage principal me plait donc particulièrement. Il faut le savoir d’emblée, la vie de ces quatre jeunes femmes est remplie de traumatismes et les effets de la guerre et de la situation politique les ont fortement influencées dans leur développement. Elle ont tenté, chacune à leur manière, de survivre malgré tout.

Tout d’abord, c’est super bien écrit – ou bien traduit . J’ai adoré la plume, la façon très imagée de raconter les choses et d’expliquer comment l’horreur peut transformer les âmes et les coeurs. Les photos de Dina ne font pas que montrer ou sublimer les événements, elles les transcendent et permettent un nouvel éclairage, de par les pouvoirs de l’art et du temps. Sans que la discussion sur l’importance de l’art soit prégnante, on ressent toutefois son influence en arrière plan, avec une narratrice artiste un peu refoulée ainsi que l’oeuvre de Dina, femme intense, qui voit trop bien la réalité et qui a fini par se brûler.

C’est une histoire de guerre mais surtout une histoire d’amitié. Dina, Keto, Ira et Nene se sont connues adolescentes. Il y a Dina, entière et fougueuse. Nene, la romantique née dans une famille presque mafieuse et Ira, l’intellectuelle. Keto, la narratrice, est observatrice. Leur parcours n’est jamais simple. Elle se retrouvent souvent à la croisée des chemins, prennent des bonnes et des moins bonnes décisions, certaines aux conséquences immenses. Leur entourage est fait de petits et grands voyous ainsi que de parents qui en ont juste assez pour eux-mêmes. Les filles s’aiment mais s’aiment parfois mal, se blessent sans le vouloir. C’est souvent intense et ce dont Keto n’a pas été témoin, elle l’imagine. Bref, le portrait d’une époque noire, déchirée par une guerre civile qui touche de près les protagonistes qui interroge sur la vision de l’avenir quand on se construit sur des bases si fragiles, surtout dans une société profondément machiste.

Il y a certes beaucoup de personnages, j’ai mis un moment à bien les distinguer. De plus, ça n’explique pas en détails l’historique de la guerre et de la situation en Georgie ou en Abhkasie. Un roman foisonnant, profondément triste et cruel, avec toutefois cette lumière, parfois vacillante, qui permet de continuer. Ça a un côté « L’amie prodigieuse », je dirais. J’ai vraiment aimé.

4 Commentaires

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  1. En tout cas, il y a le mot lumière dans le titre. Parc que le reste m’a l’air assez sombre.

    1. Oui, clairement, ce n’est pas une lecture facile. Pas une période facile, en fait.

  2. On me l’a prêté et je vais le commencer cette semaine. Je reviendrai lire ton billet après !

    1. Tu me diras. J’ai vraiment aimé. Marquant pour moi.

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