Je connaissais Leonora Carrington comme peintre surréaliste mais je ne savais pas du tout qu’elle avait écrit des romans. Quand je l’ai vue dans la liste de favoris de Paper Palace, j’ai eu envie de m’y plonger, of course. Surtout quand je l’ai croisée dans deux autres ouvrages dans la même semaine. C’était écrit dans le ciel.
De quoi ça parle
Ou plutôt « comment ça commence ». Nous rencontrons donc Marian Leatherby, nonagénaire presque complètement sourde habitant avec son fils, sa belle-fille et son petit-fils. Son amie Carmella lui offre un jour un cornet acoustique qui lui permet d’entendre parfaitement et Marian découvre que comme ils la pensent sénile (et bon, elle dérange, en fait, cette vieille qui ne sert plus à rien), ils veulent la placer en maison de retraite. Le problème, c’est qu’elle, elle souhaitait aller en Laponie.
Et ça va arriver. Et elle va arriver dans un milieu complètement barré… et ça ne va pas s’améliorer. Mais je vous laisse découvrir!
Mon avis
Clairement, j’ai adoré cette courte lecture. Plus ça part dans tous les sens plus j’aime. Et ici, on part d’une maison de personnes âgées tenue par un couple chrétien, les Gambits, qui tente de contrôler les 10 pensionnaires en les « améliorant » et en les aidant à expier et éliminer leurs fautes. Non mais comme si on n’avait que ça à faire à 90 ans! Elles mangent presque du pain sec, habitent dans des bottes, des igloos, des phares, des champignons mais dans la salle à dîner, un curieux portrait, une nonne qui semble leur faire un clin d’oeil.
C’est un roman féministe, presque anarchiste. On explore le traitement des personnes âgées et surtout des femmes âgées qui n’ont pas beaucoup de choix dans les rôles qu’elles peuvent tenir. Une fois moins belles, moins désirables, elles n’ont plus de place dans la société et perdent tout pouvoir, devenant ainsi des fardeaux dont on veut se débarrasser. La famille de Marian est dé-tes-ta-ble en ce sens. Tout ce propos est hyper intéressant sans être non plus martelé. Il est impossible à manquer par contre car si ça peut vous sembler étrange… attachez vos tuques, ça va encore déraper!
Le récit est totalement surréaliste. On y retrouve des référence à la mythologie (aux mythologies devrais-je dire), aux évangiles gnostiques, aux créatures surnaturelles ainsi qu’aux symboles ésotériques. Entre Graal, Déesse et sorcellerie, il faut accepter de se laisser porter par le propos de l’autrice, accepter les impossibilités et apprécier l’imagination et les liens que fait l’autrice. Je ne crois pas avoir compris toutes les références, loin de là… mais j’ai adoré.
Mon amie Mamaki a moins aimé la partie sur la fameuse bonne soeur qui lui a semblé longue mais pour ma part, j’ai apprécié à cause des fameuses références. Et à partir de là, ça part vraiment ailleurs. Mais VRAIMENT.
Bref, si vous voulez être déstabilisé, tentez le coup. C’est drôle, la voix de la narratrice est hilarante et déconcertante, c’est intelligent et ça attaque férocement le patriarcat ainsi que la religion. Tout ce que j’aime.
8 Commentaires
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je ne connaissais ni la peintre ni l’écrivaine ce que tu en dis est très attirant.
Auteur
Je ne connaissais que la peintre alors ça a été un plaisir de rencontrer l’écrivaine.
Je l’ai noté depuis un moment semble-t-il, mais toujours pas lu. Sans doute intriguée par le côté nordique et par la personnalité de l’autrice.
Auteur
Il faut s’attendre à un truc surréaliste avec elle. Et ce l’est. J’ai adoré.
On le trouve en français. Je suis assez tentée, même si je ne suis pas forcément cliente du côté surréaliste.
Auteur
Tu peux tenter! C’est court.
Tu m’intrigues : l’histoire part vraiment ailleurs, mais où ?
Auteur
Oh my… ailleurs, ça veut dire vraiment n’importe où! Sérieusement!