Les deux vies de Pénélope – Judith Vanistendael

Le comment du pourquoi

Je pense que je l’ai vu sur les blogs, dans nos mercredis… mais je ne sais plus où. Moi qui n’oubliais jamais ce genre de choses, on dirait que mon cerveau s’est mis à off!

De quoi ça parle

Après 4 mois à Alep en tant que médecin sans frontière, Pénélope revient chez elle et retrouve sa fille et son mari qui l’aime, mais elle se sent déchirée entre ses deux vies, ses deux univers.

Mon avis

Voici une très belle BD, très touchante, qui m’a énormément plu. J’ai été séduite autant par le graphisme à l’aquarelle que par l’histoire, belle et déchirante à la fois. Et dès le début, on sait que ça va faire mal, mais on est intrigué… et pour ma part, j’ai été happée.

Pénélope n’a rien de la femme d’Ulysse. Elle, elle part. Ceux qu l’attendent, ce sont son mari Otto et sa fille, Hélène, ainsi que toute sa famille. Si Otto et Hélène sont compréhensifs et tentent de la supporter dans ses fréquentes absences à la poursuite de ses ambitions et de ses rêves, c’est un peu plus compliqué pour sa famille, qui juge ses absence, son absence. Lors de cette visite, Hélène a 13 ans, elle vient d’avoir ses règles, et aurait bien besoin de sa mère, qui est là sans y être. C’est que dans son bagage, elle a ramené une jeune fille, une jeune fille qui n’a pas survécu à sa chirurgie.

On traite, par petites touches, de la relation mère-fille, du rôle de mère, d’épouse, de femme. de la difficulté de concilier ses deux vies tellement différentes. Elle semble aussi en choc post-traumatique (qui n’est jamais nommé), et ne réussit pas à vraiment revenir de Syrie. Elle est là sans l’être et est constamment déchirée entre ses deux rôles.

C’est une très belle BD, une parenthèse dans la vie de Pénélope… et un récit qui ne peut que bouleverser.

La mariée de corail – Roxanne Bouchard

Le comment du pourquoi

Parce que j’avais eu un coup de coeur de la mort qui tue pour « Nous étions le sel de la mer » de la même autrice, et que ce roman en est la suite. Il me le FALLAIT.

De quoi ça parle

Nous sommes toujours en Gaspésie, cette fois avec l’inspecteur Joaquin Morales, arrivé depuis peu de Longueuil dans ce petit monde au goût de sel et aux accents de vérité. Nous l’avions déjà rencontré dans « Nous étions le sel de la mer », alors qu’il enquêtait sur la mort de Marie et cette fois, il est appelé près de Gaspé pour enquêter sur la disparition d’Angel Roberts, pêcheuse de homards qui semble évaporée en mer. Il hésite un peu car Sébastien, son fils, vient de débarquer avec des casseroles pour tout bagage, mais va y aller parce que bon, cette femme est aussi la fille de quelqu’un.

Mon avis

Roxanne Bouchard prouve encore une fois qu’un polar poétique, ça existe, et que c’est drôlement bien. Contrairement au premier tome, dans cette seconde enquête, l’inspecteur Morales est le personnage principal et c’est lui que nous suivrons presque tout au long du roman. Il est dans une impasse avec son épouse Sarah et son fils est aussi clairement en plein coeur d’une crise conjugale.

Nous sommes dans la Baie de Gaspé, encore une fois près de la mer, dont les vagues rythment le récit. On sent presque le vent sur nos visages ainsi que l’odeur prégnante du sel et du varech. Le récit nous amène sur les traces d’une autre femme plus grande que nature, qui a toujours foncé pour faire sa place dans un métier d’hommes qui ne lui ont pas toujours rendu les choses faciles. Loin de là. Une femme capitaine de homardier, imaginez.

Autour d’eux gravitent de nouveaux personnages (et un ancien, Cyrille, marin en fin de course… quel plaisir de le retrouver), qui ne rendront pas l’enquête facile pour Morales. Il ne connaît pas les gens, les histoires de familles, ni même le fonctionnement de ce petit univers gaspésien somme toute fermé, presque désert une fois que les touristes sont partis.

Les personnages, leur langage oral, très imagé, donnent énormément de saveur à cette enquête. C’est aussi une magnifique ode à la Gaspésie, ses paysages et ses habitants. Suivre l’enquêteur est très intéressant, certes pour découvrir ce qui est arrivé, mais surtout QUI sont ces gens. Ce n’est pas le genre de polar qui nous fait tomber sur le derrière avec ses révélations. L’intérêt est ailleurs selon moi. Qui étaient vraiment Angel, ses frères, son mari, ses amis? Une touche d’humour, une plume qui va droit à mon petit coeur et si je n’ai pas eu le coup de coeur incroyable du premier tome (la voix de Catherine m’avait transportée), j’ai été touchée par les images et j’ai adoré ma lecture… et j’espère pouvoir retourner dans cette Gaspésie magnifique et magnifiée par le regard de l’autrice.

J’adore!

Acouphènes : les reconnaître et les oublier – Sylvie Hébert

Le comment du pourquoi

Ici, nette intrusion de mon boulot et de mon domaine d’études sur le blog! Je l’ai dit assez souvent, je suis orthophoniste et « dans mon temps », on avait un tronc commun « orthophonie-et-audiologie ». Du coup, j’ai quand même pas mal de notions de base en audio et un ouvrage sur le acouphènes, ça m’intrigue. Of course. On ne se refait pas!

De quoi ça parle

Les acouphènes, vous savez ce que c’est? Vous savez, ces bruits souvent gossants qu’on a parfois dans les oreilles sans qu’on sache d’où ils viennent? Ben c’est ça. Et quand ça n’arrête jamais, ça peut pourrir la vie. Ce livre est destiné aux personnes qui en souffrent, mais aussi à l’entourage, pour qu’ils puissent comprendre.

Mon avis

Entendons-nous, Sylvie Hébert a déjà été ma prof (ou chargée de cours… je ne sais plus) et elle est hyper au fait de toutes les nouvelles percées scientifiques et des nouvelles recherches. Du coup, ici, aucun doute à avoir sur la crédibilité à apporter aux propos. Tout est « backé » à la fois par la rechercher par l’expérience clinique. Et de nos jours, disons que ça compte double!

Est-ce accessible? Je dirais que les différentes parties s’adressent à différentes personnes. Certaines pages « roses » sont simplifiées, résumées, et seront particulièrement utiles pour les usagers (ma grande amie est audiologiste en réadaptation… du coup, vous pouvez vous imaginer que ce livre lui est passé entre les mains) qui veulent connaître les grandes lignes par rapport à leurs acouphènes. C’est accessible pour tous mais exact scientifiquement. Ce qui est top.

Par contre, si on veut aller plus loin et vraiment comprendre les mécanismes qui sous-tendent les acouphènes, il y a de quoi faire avec ce livre. On nous explique comment on entend, d’où viennent les acouphènes, d’où ils ne viennent pas (et pourquoi), à quoi ça peut être lié (ou pas). On aborde ensuite les différents traitements, incluant les thérapies incluant le son et la réaction et leur efficacité, telle que démontrée par la recherche. Si l’audiologiste est au coeur du traitement, l’autrice ne néglige pas non plus les autres professionnels (médecin, physio, pharmacien, etc.) qui peuvent participer au traitement et au diagnostic. De plus, quand on ne sait pas, on ne sait pas, et c’est mentionné. Et ça, ça me plait beaucoup.

J’aurais juste aimé un peu d’information sur les traitements moins traditionnels car les clients posent souvent, souvent la question (en particulier l’acupuncture), ne serait-ce que pour nous dire ce qu’on sait, ce qu’on ne sait pas, et diriger les gens. Mais à part ça, je trouve l’ouvrage très complet, très facile à lire, et je conseille!

Bordeterre – Julia Thévenot

Le comment du pourquoi

Je pense que j’avais vu ce roman chez Steph de Pikiti, sur Booktube. En fait, j’avais lu que l’un des personnages principaux n’était pas neurotypique. Du coup, comment je résiste, moi? Un roman fantasy avec un héros présentant probablement un TSA (ce n’est pas nommé… mais bon), il fallait que je le lise.

De quoi ça parle

Inès, 12 ans, et Tristan, 16 ans, sont frères et soeurs. Inès est assez rentre dedans et, depuis toujours, défend son grand frère Tristan qui n’aime pas regarder dans les yeux, n’aime pas être touché et a du mal avec les relations sociales. Il a besoin de ses routines, de ses repères et aime faire des mots croisés dans sa tête. Un jour, alors qu’ils sont au camping, ils voient au loin un château… et leur chien disparaître. Ils vont le suivre et se retrouvés soudainement ailleurs, à Bordeterre, où ils seront accueillis par un Gardien… étrange et où il se révèlent être transparents. Débordés de première génération. Des moins que rien, quoi.

À Bordeterre règne une ambiance très particulière et surtout une politique un peu immonde, où les riches ont tous les droits et où un Gouverneur sinistre fait régner la terreur. Une fois débordés, impossible de revenir et rapidement, ils oublient leur ancienne vie. Séparés, Tristan et Inès vont être entraînés dans des troubles politiques intenses et surtout, chercher à ne pas s’oublier mutuellement, dans un monde où la magie passe par la chanson.

Mon avis

N’y allons pas par quatre chemins, j’ai beaucoup aimé ce roman fantasy jeunesse/young adult, qui nous entraîne dans une révolution menée par des jeunes, rien de moins. Je ne suis pas aussi over the top que Pikiti, pour qui ça a été un réel coup de coeur de la mort qui tue, mais somme toute, on embarque hyper facilement dans ce monde étrange dont on ne sait presque rien. Nous ne suivons pas uniquement la fratrie mais nous rencontrons aussi une tripotée de personnages provenant de différents environnements de Bordeterre: Alma, jeune révolutionnaire qui sort de prison, Philadelphe, capitaine de la garde amateur de poésie, Aïssa, femme de chambre du dit Philadelphe, toute une Chorale d’orphelins qui n’ont rien, des Cordiste (je vous laisse découvrir) et des nobles plus ou moins sympathiques. Nous avons donc différents points de vue sur cet univers où les plus récents arrivants sont les esclaves des anciennes familles. Et comme Tristan et Inès ont rapidement des destins très différents, on peut appréhender les deux côtés de la médaille, ce qui est chouette.

C’est un roman qui met un moment à s’installer mais une fois dedans, c’est rempli d’action, de rébellion et d’aventures entre Bordeterre, le Plan Zéro, le château, Bordetôle et les grottes des rebelles. J’ai apprécié l’esprit révolutionnaire et surtout la place de la musique et la poésie dans l’histoire. Un peu partout sont disséminés des paroles de chansons et des vers de grands poètes… et vous pouvez vous imaginer que ça m’a plu. Plus que plu. La plume est assez exigente (genre, ce n’est pas pour les enfants de 8 ans… et à bien y penser, certains des thèmes ne sont pas non plus pour des enfants de 8 ans!) mais très belle et agréable. Je sens que c’est une autrice que je vais suivre.

Mon bémol à moi est à propos du personnage de Tristan, qui démarrait bien pour un personnage non-neurotypique. Pourtant, après son arrivée à Bordeterre, alors qu’il gagne confiance, il y a un peu un petit miracle… Disparu le bégaiement… et presque disparu l’autisme. Bon, on peut pardonner car il est passé dans un autre plan, mais j’aurais aimé qu’il soit « quelqu’un d’important » en gardant ses caractéristiques. Bref, ça m’a agacée.

Un récit très dense, dans un univers que j’aimerais découvrir davantage (un tome 2 serait très appréciable, même si ce livre se suffit à lui-même), vu que quelques indices nous sont données, mais qu’elles auraient mérité d’être davantage exploitées, notamment en ce qui concerne la mythologie et l’histoire de Borderre. C’est complet, il y a de la diversité, beaucoup d’action, il n’y a pas trop de descriptions mais l’autrice réussit à nous transporter dans son univers… et j’ai passé un très bon moment.

À découvrir donc! Je conseillerai, je le sens!

Cinq branches de coton noir – Cuzor / Sente

Le comment du pourquoi

J’avais repéré cette BD dans l’un de nos rendez-vous du mercredi il y a plusieurs semaines… genre… vraiment plusieurs semaines. Et dans le contexte actuel, j’ai trouvé que cette BD était appropriée. Oui, je sais, les bédéistes ne sont pas noirs. Toutefois, le thème du racisme à travers l’histoire est plus que jamais d’actualité alors go!

De quoi ça parle

1944. Lincoln est soldat, en Europe, jamais au combat, of course. Un Noir au combat? Impensable. Un jour, il reçoit une lettre de sa soeur Johanna, qui a retrouvé un vieux journal intime datant de 1776, qui raconte, du point de vue d’une lointaine ancêtre, la création du premier drapeau américain, où serait cachée une mystérieuse étoile noire.

1776. Angela, noire affranchie, travaille pour Betsy Ross, couturière émérite, qui reçoit la commande de confectionner le drapeau des États-Unis qui sera présenté le fameux 4 juillet. Pour une raison que vous découvrirez, elle va coudre une étoile noire, bien cachée dans le drapeau.

Mon avis

Cette BD de presque 175 pages m’a passionnée. Je ne sais pas à quoi je m’attendais, mais pas à cette balade à travers 200 ans d’histoire de noirs américains dans un monde blanc qui ne les reconnaît pas en tant qu’égaux… et parfois à peine en tant qu’humains. Si l’histoire de départ est fictive (je ne crois pas qu’il y ait eu une étoile noire sous une étoile du premier drapeau américain), cette idée de base nous offre une épopée complète et dense, qui fait encore écho à ce qui se passe encore aujourd’hui. Le racisme se transforme, mais il perdure, malheureusement.

Nous suivons donc plusieurs personnages que l’entourage juge par la couleur de leur peau, sans tenter de les connaître. Pour l’armée, les soldats noirs ne sont bons qu’à laver les toilettes, certainement pas assez fiables pour combattre. Nos trois héros voient donc une occasion d’aller au front et enfin de prouver qu’ils peuvent le faire. Bon, ils seront dans les Monument men, donc barouettés un peu partout, mais nous les suivrons dans des batailles incroyables, incluant le débarquement de Normandie, toujours à la recherche du drapeau mythique volé par les Allemands. C’est une histoire complète, fascinante et surtout révoltante. Certaines réparties, certains regards font vraiment mal et on ne peut s’empêcher de se dire qu’en fait, ça n’a pas vraiment changé. On tremble pour nos héros, la fin demeure amère, mais cette BD est marquante.

Je suis très fan du dessin, toujours bicolore et évocateur, sombre et très collé à cette histoire somme toute terrible. Les planches regorgent de détails et créent une ambiance très particulière. Une BD que je conseille fortement. J’aimerais avoir l’avis de personnes noires, vu que cette histoire est racontée par des blancs… mais elle a su toucher ma corde sensible!

C’était donc ma BD de la semaine!

Toutes les BDs chez Stephie cette semaine!

Janua Vera – Jean-Philippe Jaworski

Le comment du pourquoi

Après ma lecture de « Gagner la guerre », je ne POUVAIS pas quitter le vieux royaume. Ce monde existait dans ma tête, rien de moins. Du coup, il fallait que j’y reste et j’ai pris Janua Vera, dans sa nouvelle version (celle avec la préface de Benvenuto et les deux nouvelles supplémentaires). Il fallait.

De quoi ça parle

Je vous avais dit dans mon billet sur Gagner la guerre (ou alors c’est dans la vidéo youtube… ou encore sur Insta… bref, quelque part) que le monde créé par Jaworski était incroyable et que je sentais qu’on ne faisait que l’entrapercevoir? Clairement, c’était le cas parce que dans ce recueil de – longues – nouvelles, nous découvrons petit à petit différents aspects et peuples du Vieux royaume ainsi que son histoire. Et elle est riche, cette histoire!

Mon avis

Vous savez quoi? Je ne lis jamais les ouvrages « pas dans le bon ordre ». Mais ici, c’est APRÈS Gagner la guerre que je me suis lancée dans ces nouvelles et ça l’a vraiment fait pour moi. Quel plaisir de voir apparaître quelques personnages aperçus dans Gagner la guerre et de comprendre leur histoire. En effet, nous y croisons l’elfe Annoeth, le duc de Broemel, Cecht et Dugham les Ouromans, Gaidéris ou encore Albinella et Melanchter. Du coup, malgré les styles différents des nouvelles, les époques variées et le fait qu’on se balade un peu partout dans le vieux royaume, il se dégage une certaine unité du recueil et j’étais hyper déçue de voir arriver la fin. Je veux d’autres histoires dans ce monde!

Encore une fois, on se délecte de la langue et de la plume de Jaworski. J’adore sa prose, sa façon de tortiller les histoires et de leur donner, à toutes un côté épique. La préface de Benvenuto Gesufal est géniale et j’ai beaucoup aimé la nouvelle le mettant en vedette « Mauvaise donne » (et dont je vous ai déjà parlé dans son adaptation BD) et qui nous offre une histoire hyper complète, complexe et qui nous explique encore mieux QUI est Leonide Ducatore. J’ai adoré retrouver Ciudalia et, bizarrement, le lire après Gagner la guerre ne m’a pas du tout dérangée. Mais bon, ça, c’était écrit dans le ciel que j’allais aimer! Parlons plutôt des autres nouvelles.

Si la première nouvelle, qui nous plonge dans l’esprit de Leodegan, le roi-dieu troublé par un rêve et confronté à sa propre mortalité, est plus onirique, les styles sont hyper différents d’une histoire à l’autre. On trouve un côté Pratchett dans « Jour de guigne » (pas ma préférée mais il y a vraiment un côté « grand n’importe quoi » qui m’a plu) et on se croirait dans les romans de chevalerie avec un Aedan certes chevaleresque (mais bon, j’avoue avoir éclaté de rire à la fin) dans « Le service des dames ». Il y a certes des récits de guerre, mais j’ai été hyper touchée par « Le conte de Suzelle », qui explore la confrontation entre espoirs et réalité, avec une allure de conte nordique, et où nous voyons apparaître le rêveur Annoeth. C’est une histoire du quotidien, triste et mélancolique à la fois. « Comment Blandin a disparu » m’a beaucoup touchée, avec le récit d’Albinello, qui parle de peinture, de fresques, mais surtout d’idéal amoureux qui amène presque au bord de la folie. La fin m’a beaucoup plu. Et que dire du récit de Cecht, étrange au départ, mais qui parle surtout de deuil… La nouvelle que j’ai le moins aimée, la plus étrange, est « un amour dévorant », où de mystérieux appeleurs terrorisent les habitants de Noant-le-Vieux. Mais le recueil se termine en beauté avec « Le confident », qui nous fait pénétrer dans les confins du culte du Désséché. Ouf!

Plus ça va, plus je me dis que cet auteur a un vrai don pour créer des univers et des mythologies. D’ailleurs, à la fin du volume, on nous explique les dynasties, les cultes, la géographies et les guerres. Et c’est là qu’on réalise qu’il y aurait tellement à dire!

Ya pas à dire, je suis fan!

Hamnet – Maggie O’Farrell

Le comment du pourquoi

Maggie O’Farrell + Shakespeare.

Ai-je vraiment besoin d’en dire plus?

De quoi ça parle

Straford-upon-Avon, fin du 16e siècle. Un jeune professeur de latin croise Agnes, la fille aînée de la famille, connue pour son extravagance, ses dons et sa connaissance des herbes. Ils tombent amoureux, se marient, et eurent trois enfants : Susanna, Judith et Hamnet.

Au début du roman, Hamnet est un jeune garçon solide, espiègle et en bonne santé. Une semaine plus tard, il serait mort.

Mon avis

Je n’avais lu que des avis hyper enthousiastes sur ce roman. En plus, il est dans la shortlist pour le Women’s Prize for fiction. Du coup, j’avais des attentes au top. Imaginez, une autrice qu’on adore, qui essaie de raconter la vie de la femme de Shakespeare, vie d’ailleurs très peu documentée et imaginer ce qu’elle a pu être… ça avait tout pour me plaire. Et j’avoue que, dans ce cas-là, c’est un cas de « c’est pas lui, c’est moi »… et que je n’ai pas détesté… mais je m’explique.

Le roman est divisé en deux parties. Avant la mort du fils de Shakespeare, et après. La première partie raconte la rencontre et l’installation du couple, en flashbacks, alors que Judith, la fille de Shakespeare, est malade et au lit, avec une grosse fièvre et des bubons. Et pour moi, la terrible hypocondriaque, ça a été un peu le problème. Une épidémie de peste, en pleine épidémie de Covid. C’était pas une bonne idée. J’ai passé 2 jours à checker pour les puces et à me gratter partout. Je n’avais donc pas nécessairement hyyyyper hâte de me mettre à ma lecture, pendant la dite première partie. J’ai aussi eu l’impression que tout était survolé, mais peut-être est-ce parce que MOI je survolais! Tsé, question de ne pas me faire peur à moi-même!

Par contre, la seconde partie, centrée sur le deuil d’Agnes et de la famille, est magnifique. La souffrance est palpable, et on croit sentir le poids de la culpabilité et de la peine sur les épaules de cette femme forte, un peu crainte, hors-norme, qui voit l’avenir dans la main et qui « sait » beaucoup de choses. L’évolution de la femme, du couple, de l’entourage à travers cette épreuve est criante de vérité. Et cette partie m’a passionnée. De plus la plume de Maggie O’Farrell est toujours aussi belle, fluide et imagée et ce tout au long du roman. Je suis fan depuis le début de sa façon de décrire la nature ou les sentiments. Elle a vraiment un don pour nous faire faire un voyage dans le temps et faire vivre les époques.

Shakespeare est là, mais on voit davantage l’homme que la légende. L’homme faillible, souvent à contretemps avec son entourage et peu reconnu par ses proches. L’homme vu par son épouse qui l’adore mais qui le voit tel qu’il est, sans son halo de gloire. C’est un roman sur la femme, sur sa femme, restée dans l’ombre alors qu’il rayonnait sur les scènes londonniennes et qu’il osait écrire une pièce appelée « Hamlet ».

Est-ce la vérité? On s’en fiche un peu, en fait. L’autrice a brodé, inventé, a créé un personnage de femme qui n’a pas existé comme telle, mais qui était probablement tout autre. L’histoire en dit peu… et on voudrait bien y croire, à cette version. C’est juste dommage pour moi que je sois restée si extérieure à la première partie…

13e avenue – #1 – Vigneault / Pettersen

Le comment du pourquoi

Parce que tout le petit groupe qui participe au défi estival le lisaient… je ne pouvais pas être en reste, comme vous pouvez vous imaginer.

De quoi ça parle

Un jour, au retour de l’école, Alexis, 12 ans, trouve sa mère en larmes. Son père a trouvé la mort dans un accident de travail. Elle décide donc de quitter Chicoutimi pour aller habiter à Rosemont, en plein Montréal, cette ville qui lui fait peur. Il va rapidement rencontrer Alice, la plus belle fille qu’il n’ait jamais vue mais aussi Ernest, le mystérieux voisin d’en haut.

Mon avis

Qu’est-ce qu’il est bien cet album! J’aime toujours ces albums du déraciment et dans le cas du petit Alexis, il est total. Il est en deuil de son père, ses routines familiales sont changées, nouveau quartier, nouvelle ville, nouveaux amis et entrée au secondaire. Il a perdu tous ses repères et se retrouve face à lui-même, à explorer son nouveau quartier alors que sa mère, mauvaise chauffeuse émérite et en ayant rien que juste pour elle, conduit l’autobus 67.

La fin de l’enfance et la découverte d’une nouvelle vie sont super bien exploitées dans cette bande dessinée. On se souvient avec un sourire de nos propres balades dans nos quartiers, des popsicles (au bananes, dans mon cas) et des premières games de cachette BBQ. Cette atmosphère si particulière, qui ne dure rarement plus d’un été, est réellement bien représentée et c’est un plaisir de s’y retrouver. Certes, Alexis est déboussolé. En plus du deuil de son père, il vit ses premiers émois, voit sa mère pleurer et ne sait trop comment réagir. Ajoutons à ça une petite dose de fantastique… et on passe vraiment un bon moment.

Le dessin, toujours en noir et blanc mais grisé pendant les souvenirs, est très attrayant, avec ses traits simples et ses décors très détaillés. Que ce soit l’Étape ou le quartier Rosemont, on y trouve plein de clin d’oeils et d’éléments du décor réel. C’est aussi une ode à l’enfance en ville, qui peut être aussi très chouette, entre ruelles, cours et escaliers extérieurs. On y sent un réel amour pour ce quartier de Montréal.

Il semblerait qu’il y aura plus d’un tome (j’espère, étant donné la fin, qui soulève plein de questions)… et je lira la suite avec grand plaisir!

C’était ma BD de la semaine!

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Holy Sister (Soeur Sainte) – Book of the Ancestor #3 – Mark Lawrence

Le comment du pourquoi

Parce qu’il FALLAIT que je finisse la série. Genre, maintenant. Ça parait que cette série m’a fait vibrer?

De quoi ça parle

Je vous ai parlé du tome 1 et du tome 2 pendant ce mois de la fantasy. Et comme j’ai très peu de billets d’avance, je viens juste de vous en parler. Donc, j’ai encore besoin d’expliquer? Nous sommes donc ici dans le 3e et dernier tome d’une série fantasy impliquant un couvent où on recueille des jeunes filles pour en faire des bonnes soeurs, certes… mais des bonnes soeurs élevées pour tuer et se battre. Ce troisième tome est la conclusion du récit, et c’est la guerre, la vraie. Les novices sont dans la dernière classe, et leurs destins vont se déployer devant elles plus tôt que prévu.

Mon avis

Avouez que vous n’y croyez pas! J’ai commencé et fini une série dans ce mois de la fantasy. Et quelle série! Bon, ok, j’aurais pris un tome de plus, juste pour passer davantage de temps avec les personnages et pour avoir l’impression de les connaître plus, mais j’ai beaucoup aimé la construction de ce dernier tome, malgré les ellipses (il y a presque deux ans entre la fin du tome 2 et du tome 3). Les allers-retours passé-présent, j’adore. Et découvrir par nous-mêmes ce qui est arrivé pendant ces deux ans est assez génial. Même si j’en aurais voulu un peu plus, les voir évoluer plus graduellement!

Cette série m’a fait passer par toute la gamme des émotions. J’ai dû pleurer pendant les 100 dernières pages et la fin, la fin… pour une fois qu’on ne finit pas une guerre par un party. Il y a un côté doux amer (très amer), certaines scènes sont poignantes et certaines fins spectaculaires. La guerre est horrible et épique, les novices et les soeurs doivent faire des choses terribles, tout en tentant de préserver leur humanité et ce qui fait d’elles des personnes entières dans leur imperfection. Ça parle d’amour, d’amitié, de construction de soi, de choix aussi, le tout avec un parfum de fin du monde. Bon, maintenant, je vais chanter la chanson toute la soirée.

Des personnages complexes et attachants et un univers dont je vais avoir du mal à me sortir, je le sens! Excellent!

Et en bonus…

J’ai lu la courte nouvelle qui se déroule entre le tome 2 et le tome 3, qui raconte comment s’est forgé le lien (threadbound) entre Ara et Nona, le tout sur fond d’enquête dans le beau monde de la société des Sis.

C’est agréable à lire parce que, comme je le disais, je voulais passer en savoir plus sur les événements du quotidien qui lient les personnages entre eux. Toutefois, c’est tout autre chose que le reste de la série, plus simple à la fois en terme d’intrigue que d’écriture. Pour la première fois, j’avais l’impression d’avoir affaire à des ados… ce qu’elles sont! Il manque le côté épique, mais on passe un bon moment.

Ceci dit… il y a quand même des trucs là-dedans que je voulais voir! Donc même si le ton est différent, c’est bon à prendre!

Comme une chaleur de feu de camp – Amélie Panneton

Le comment du pourquoi

C’est ma lecture « jeunesse » ou « young adult » du défi livresque estival sur Booktube Québec. Et que, définitivement, un feu de camp, ça fait « été ». J’en avais pas mal entendu parler il y a un moment et il m’avait été conseillé par une amie quand j’avais demandé des suggestions de tops-livres-à-lire. Du coup, j’ai profité du défi pour le sortir… et j’ai drôlement bien fait.

De quoi ça parle

Emmanuelle est en secondaire 3 et elle se trouve transparente. Elle a des copains, certes, mais pas de « meilleure amie » et, surtout, elle est convaincue que personne ne peut être intéressé par elle. Elle aime nager sans être « la meilleure », a un complexe à cause de ses « grosses épaules » et Thomas Pelletier (avec ses taches de rousseur et ses poignets parfaits) vient de déménager juste à côté de chez elle.

Un jour, Emmanuelle est témoin du drame de quelqu’un d’autre et ça va la bouleverser. Surtout que le vilain de l’histoire est le frère de Thomas, avec qui elle commence tout juste à parler.

Mon avis

Oh que c’était chouette ce roman! Je m’attendais à une petite amourette sur fond de camping et de feux de camps mais pas du tout, en fait. Loin de là. On nous raconte un printemps et un été dans la vie d’Emmanuelle, pendant lesquels elle va vivre son premier amour certes, mais où elle va aussi découvrir ce qu’est l’amitié et apprendre à se tenir debout.

Rapidement dans le roman, Emmanuelle est témoin d’une agression. Pas la sienne, mais elle est témoin et aide l’autre nageuse à se sauver. Du coup, elle est en colère, vraiment, et le traitement de la dite agression, par une personne externe, est selon moi hyper bien traité. Il permet de le faire avec de la distance, sans jugement, sans culpabilité non plus, vu que ce n’est pas à elle que c’est arrivé et qu’elle est juste outrée. Dans un livre jeunesse, j’ai trouvé cette façon de faire hyper bien vue. Ici, même si personne n’est parfait, l’agresseur est clairement identifié, jamais la jeune fille n’est mise en accusaion et les adultes sont solidaires.

Mais ce roman, ce n’est pas que ça. C’est une super belle réflexion sur l’amitié, sur ce que c’est… et sur ce que n’est pas non plus. Le traitement du premier amour, avec les petits riens qui donnent des papillons dans l’estomac. Je me suis vraiment reconnue dans le personnage d’Emmanuelle. Quand elle mentionnait qu’être en grand groupe (hors-les-amis-famille… un jour j’expliquerai), c’était une « performance » constante, quand elle se croyait transparente, et qu’elle était prête à accepter plein de « petits riens » pas hyper gentils… ça me ressemblait terriblement et ce même si j’avais plusieurs copains et tout. Du coup, ce roman m’a fait sourire et m’a ramenée quoi… 30 ans en arrière.

La relation avec Thomas est mignonne comme tout, j’ai beaucoup aimé l’évolution d’Emmanuelle à travers celle-ci, et sa capacité à apprendre de ses erreurs. Bref, un roman sweet mais réalise, avec un sujet important en toile de fond. Bref, j’adore. Et je conseille à tout le monde!