La petite patrie – Grégoire / Rocheleau

Le comment du pourquoi

Parce que j’avais lu des billets dithyrambiques… et que c’est chez La Pastèque.

De quoi ça parle

Basé sur le roman du même nom de Claude Jasmin (bien connu ici) publié dans les années 70, cette BD retrace les chroniques d’un quartier de Montréal dans les années 40, alors que la guerre commence et que la menace de la conscription plane.

Mon avis

J’ai lu le roman de Claude Jasmin il y a un moment et j’ai même regardé la série étant petite. C’était la mode des reprises à ce moment-là. Du coup, j’ai été ravie de retrouver l’atmosphère du Villeray des années 40 dans les pages de cette bande dessinée. C’est à travers le regard de Tit-Claude, alors un gamin qui joue à la guerre et qui rêve de patins à roulettes, que s’offre à nos yeux ces rues populaires de Montréal, où le p’tit Jésus règne en maître, où on tombe amoureux, où on écoeure le chinois qui tient la blanchisserie ou le guenilloux de la rue. C’est profondément ancré dans les valeurs de l’époque et si la société, en arrière plan, change, nous réalisons que les enfants d’aujourd’hui et les enfants de l’époque ont ma foi des préoccupations assez simillaires. Avant, ça jouait à la guerre dans la rue et maintenant, sur Fortnite. Bref… plus ça change…

Cette BD est un véritable voyage dans le temps. J’aime bien le dessin de Julie Rocheleau sans en être une folle adepte, mais je l’ai trouvé plus abouti dans Betty Boob, BD réellement solaire. Le choix des couleurs et la mise en lumière de certaines parties de l’image par la palette de couleurs m’a par contre beaucoup plu. Il y a une vraie unité un peu fanée dans cette bande dessinée.

Ceci dit, est-ce que la BD apporte vraiment quelque chose de plus au roman de Jasmin? Je ne sais trop car ce dernier était pour moi beaucoup plus fort. Par contre, j’ai passé un bon moment de lecture et je garderai en mémoire la citation d’ouverture de St-Exupery « On est de son enfance comme on est d’un pays »…

Tous les billets chez Moka!

Et c’était ma BD de la semaine!

Dans son silence – Alex Michaelides

Le comment du pourquoi

Pendant le temps des fêtes, j’ai fait le tour des blogs pour me donner des idées. Et on m’avait dit que celui-ci était bien… et surprenant! Du coup, je l’avais… pis je l’ai lu!

De quoi ça parle

Il y a quelques années, une femme, peintre célèbre, a tué son mari, photographe, lui aussi célèbre. Jusqu’ici, rien d’anormal. Sauf que depuis ce meurtre, Alicia n’a jamais reparlé. Jamais un mot. Elle est depuis des années en institution, au Grove, où elle se mure en elle-même.

Théo est quant à lui psychothérapeute. L’un de ceux qui est devenu psy pour se guérir lui-même et qui nous l’avoue d’emblée. Depuis cet événement, il est fasciné par Alicia et son histoire et s’est donné pour mission d’être celui qui la fera parler. Il va donc appliquer au Grove afin de briser le fameux silence…

Mon avis

Je n’avais pas tout vu venir.

Y croyez-vous? Je n’avais pas tout vu venir. Du moins, pas dès le départ. Même que j’ai été longue à la détente. Du coup, je suis toute excitée, vous pouvez vous imaginer! Ceci dit, peut-être que de gros lecteurs de ce type de roman vont trouver ça banal mais moi, j’ai tourné les pages à toute allure… assez pour le finir en une soirée. Le genre de roman qui se dévore. À tel point que j’ai aucune idée de la qualité de plume, ça peut vous donner une idée. Je sens donc que cette chronique va être d’une profondeur épatante (vous la sentez, l’ironie, hein?)

Nous sommes donc dans un roman psychologique, un roman noir, où nous sommes avec Théo Faber. Il est psychanaliste, il est ambitieux et surtout, il souhaite par dessus tout sortir Alicia, jeune artiste autrefois pleine de vie, de ce silence dont elle ne s’est même pas départie au tribunal. Petit à petit, on se laisse prendre par sa quête, on découvre avec lui l’évolution d’Alicia, sa personnalité, ses fêlures et, tout comme lui, on voudrait qu’elle réussisse à surmonter ses démons.

Et plus l’histoire avance, plus nous, en tant que lecteur, l’anxiété monte, on commence à douter de tout le monde et à se demander ce qui a vraiment pu se passer ce fameux soir. L’atmosphère est très réussie, très dense, la construction est originale et m’a énormément plu. Un petit bémol « crédibilité » (non, mais il ne s’occupe QUE d’un patient, dans cet établissement? Ils n’ont pas les mêmes critères de productivité que nous) et il m’a peut-être manqué une petite étincelle à la toute fin, mais de façon générale, cette lecture a été fort prenante, très cinématographique. On croirait voir les plans et les travelings!

Comme je disais, je ne sais pas pantoute si c’est bien écrit… mais ça a été pour moi un excellent divertissement! Et dans ma bouche à moi, ça n’a rien de péjoratif. Je conseille, donc.

La femme révélée – Gaëlle Nohant

Le comment du pourquoi

Parce que c’est Gaëlle Nohant. Je trouve assez fascinante sa façon de se renouveller à chaque roman, j’aime sa plume… alors bien entendu, je n’ai pas hésité.

De quoi ça parle

Le roman s’ouvre à Paris sur une femme qui se fait appeler Violet Lee. Violet a fui et a tout abandonné. Son mari de qui elle a peur mais surtout Tim, son fils. Nous sommes dans les années 40, elle n’a averti personne. Elle est juste partie, a pris le bateau et a débarqué à Paris, avec sa petite valise, ses bijoux dans le double fond.

Élevée par un père sensible aux droits sociaux et à l’égalité, Violet, derrière son appareil photo, porte un regard très tendre et personnel sur ce qu’on ne veut habituellement pas voir. Les pauvres, les déshérités, ceux qui ont tout perdu. À Paris, elle va arriver dans l’effervescence de St-Germain-des-prés et des boîtes de jazz, faire la connaissance de gens de qui elle va tomber amoureuse, tout en ayant, au fond du coeur, la terrible douleur d’avoir laissé son fils derrière elle.

Mon avis

Bien sûr que j’ai aimé! La plume de Gaëlle Nohant est très belle, d’une fluidité riche, très cinématographique. C’est assez fascinant de voir comment elle réussit à recréer à la perfection à la fois le Chicago des années 60 et le Paris des années 40. Elle dresse un portrait de femme crédible, qui évolue réellement, avec tours et détours, pour se révéler enfin. La Violet du début n’aurait pas pu accomplir ce qu’elle a fait dans la dernière partie. Elle n’y aurait même pas songé.

J’ai eu besoin de réfléchir à la fin de ma lecture. Besoin d’y repenser. Les deux partie distinctes m’avaient un peu laissée « en manque »… j’aurais voulu être témoin de cette évolution, la voir aimer… et je me trouvais projetée complètement ailleurs, ayant l’impression d’avoir perdu le fil quelque part… puis j’y ai repensé. Et il était là, le fil rouge. Plus petit au départ, présent par brins un peu épars, ils se nouent probablement dans la partie qui ne nous est pas contée, pour apparaître finalement lors du retour à Chigago.

J’ai lu le roman avec la trame sonore (trippante) en arrière-plan, et on sent toute la recherche derrière cette apparente facilité. On y parle de photographie humaniste, de regards portés, d’inégalités sociales, des ghettos et des magouilles pour que ces inégalités demeurent. On y parle de révolte et de combats, de Bob Kennedy et des droits civiques, mais aussi de jazz, de légèreté et d’amours, au pluriel. C’est d’ailleurs à ce dernier aspect que j’ai le moins accroché, bien que j’ai aimé le fait que Violet ne soit pas – vraiment – la femme d’un seul homme. Quoique… non, en fait, les amours ne m’ont pas convaincue. C’est d’ailleurs le principal reproche que je fais au roman.

Un roman très évocateur, avec un vrai souffle et une plume magique, qui a réussi à créer en moi des images fortes. Selon moi, il n’a pas la force de « Légende d’un dormeur éveillé » (qui est,dans ma tête, un chef d’oeuvre, rien de moins), mais il est plus facile d’accès, nous emporte et nous donne l’impression d’avoir vécu avec les personnages des morceaux de l’Histoire. J’aurais juste aimé voir un peu plus des années 50-60!

Bug – tome 1 – Enki Bilal

Le comment du pourquoi

Parce que c’était mon cadeau de Noël de mon bébé frère? C’est une bonne raison non?

De quoi ça parle

Nous sommes en 2041, dans une société complètement cyberdépendante. Un jour, sans avertissement, toutes les données de la terre disparaissent, de la plus grande base de données à la plus petite clé USB. L’humanité est totalement dysfonctionnelle et ce bug semble lié au retour sur terre d’une mission sur Mars subventionnée par une compagnie privée.

Kameron Obb, membre de la dite mission, est le seul survivant. Il a toutefois une étrange plaie au cou et semble avoir des capacités cognitives étonnantes. Il devient l’homme le plus recherché du monde…

Mon avis

J’ai totalement perdu le fil question BD depuis la dernière année. Je ne sais pas comment cette série a pu me passer sous le nez… mais bon, je ne connaissais pas. Une chance que Bébé-Frère en avait entendu parler parce que j’ai vraiment, vraiment, beaucoup aimé. On est tout de suite plongé dans l’action, dans ce futur pas si lointain où le numérique et l’intelligence artificielle est au coeur de tout quand soudain, la catastrophe que nul n’a pu envisager : le bug. Ça frappe de plein fouet et l’homme réalise alors l’ampleur de son incapacité à fonctionner sans les disques durs et les bases de données. Les avions s’écrasent, les gens sont pris en lévitation, ceux qui dépendaient de puces pour survivre meurent, les adolescents sont désoeuvrés et tout le monde reçoit en pleine face le fait que le cerveau n’est plus du tout habitué à utiliser sa propre mémoire ou à traiter lui-même ses données.

La catastrophe, quoi. Vous pouvez vous imaginer que pour une fille qui a perdu il y a peu son disque dur (ouais, je sais, je suis redondante), ça me parle.

D’un côté, le monde est en totale perte de contrôle et de l’autre, Obb tente de survivre avec – visiblement – un implant à l’intérieur de lui et un corps qui se transforme. Il ne souhaite que revenir sur terre pour retrouver sa fille, mais disons que son évolution en intéresse plus d’un. Du coup, retrouver les siens ne sera pas de tour repos.

Cette BD réussit à rendre très concret un futur très possible, où les relations sociales sont presque inexistantes et où tout repose sur le numérique. Déjà, ça nous fait réfléchir, mais l’auteur a également une vision du monde dans 20 ans fort bien trouvée, avec de nouvelles alliances et puissances. Le contexte est génial, c’est plein d’action, on ne s’ennuie pas une seule minute et je n’ai qu’une envie, lire la suite.

Le dessin de Bilal est tout à fait dans mes cordes. Assez réaliste, des personnages expressifs, des teintes passées et des angles de vue intéressants. Les vues des villes sont superbes et que dire des « journaux » papier fabriqués sans correcteur d’orthographe! Bref, un graphisme tout à fait adapté au propos. Bref, j’aime!

C’était ma BD de la semaine (ouais grand retour… va-t-il durer?) et tous les billets sont chez Stephie cette semaine!

La fabrique des salauds – Chris Kraus

Le comment du pourquoi

Je pense que j’en avais entendu parler. Je ne sais plus par qui, mais j’avais dû en entendre parler. J’arrivais de Pologne et d’Auschwitch et sans doute que ça m’a incitée à choisir ce roman.

De quoi ça parle

L’histoire commence à Riga mais va nous balader partout en Europe, dans un 20e siècle à feu et à sang. Nous suivons l’histore de Koja, Hubert et Ev Solm, une fratrie explosive et très particulière, embrigadés dans l’idéologie nazie, mais qui mettront ce qu’ils appellent l’amour au-dessus de toute autre valeur. Nous passerons donc de la Lettonie aux camps en passant par Israël et Paris, le tout vu par les yeux de Koja, prêt à tout pour ceux qu’il aime.

Mon avis

Ça a l’air beau et tendre, dit comme ça, n’est-ce pas? Prêt à tout pour ceux qu’il aime? Détrompez-vous. J’ai rarement eu autant de mal à lire un roman, du moins, certains passages. Ces personnages sont criants de vérité car tellement contradictoires, tellement prêts à bafouer honneur, vérité et valeurs pour ce qu’ils croient être faire « la bonne chose ». À lire leurs aventures, on se dit qu’ils ont dû exister, ces gens qui retournaient leur veste, qui faisaient des horreurs pour tenter de protéger leurs proches, tout en brisant je ne sais combien d’autres familles au passage… bref, un roman qui m’a virée de bord. On est loin, loin, loin du feel good ici… difficile d’avoir foi en l’homme suite à cette lecture. Et pourtant, on se surprend, parfois, à compatir. Bref, un roman qui fait réellement réfléchir.

Nous avons affaire ici à une grosse brique de plus de 800 pages. C’est qu’il y en a des ramifications à cette histoire. C’est tentaculaire, original, on nous balade à travers les décennies, les pays et les complots divers et variés. À partir d’un moment, les bons et les méchants se confondent et tous sont plus retors les uns que les autres. Le ton est provocateur, l’horreur côtoie les bons sentiments et comme lecteur, on se sent complètement dépassés par ces salauds, qui ont vécu au mauvais endroit au mauvais moment et qui n’étaient pas des héros, malgré tout.

Une fresque impressionnante, des personnages crédibles, une histoire terrible, des amours malsaines, de la passion, des valeurs et une morale bafouées à tous les instants… une lecture qui aura marqué mon année 2019!

Shuni – Naomi Fontaine

Le comment du pourquoi

Je l’avais mis sur ma liste de livres à lire pour la rentrée littéraire… et ma mère l’avait chez elle. Donc, pourquoi pas. J’aime généralement ce qu’écrit Naomi Fontaine!

De quoi ça parle

Dans ce récit, l’autrice écrit une longue lettre à son amie Julie, qu’elle a perdue de vue mais qu’elle a connue enfant. Julie revient près de Sept-Iles pour aider les Innus de la région. Naomi Fontaine en profite pour lui parler, sans gants blancs, des siens, de l’amour qu’elle leur porte, ainsi que de son identité et de sa vision de l’autre.

Mon avis

Ce récit aura eu comme conséquence première de me faire – à nouveau – réfléchir et discuter. J’ai beaucoup lu sur la condition des premières nations, j’ai côtoyé aussi plusieurs personnes ayant ces origines. Je pense que je commence à mieux appréhender leur histoire, ce qu’ils ont vécu. Malgré tout, j’ai toujours l’impression d’être « à côté de la track » quand je pense à notre perception actuelle. Surtout, bien que je conçoive leur souffrance, je ne comprends toujours pas comment nous pouvons les supporter dans celle-ci. Je sais bien que les solutions doivent venir d’eux et que personne ne peut « sauver » qui que ce soit. Je pense aussi que la clé d’une vie meilleure (ou pas) est différente pour chacun, vu qu’il y a autant d’aspirations différentes qu’il y a de personnes. Mais je sors du roman un peu désabusée. Peu importe ce que le gouvernement tente de faire, ce ne sera jamais ça. Je ne pense pas qu’on puisse réparer ce qui a été fait par nos ancêtres. Certains faits m’ont révoltée, rien de moins. Mais bon… concrètement, ce n’est pas simple.

Je réalise que je ne parle absolument pas du livre. Que j’ai aimé, hein. Je trouve la plume de Naomi Fontaine très directe, imagée et touchante à la fois. J’aime ses chapitres courts, j’aime le portrait qu’elle dresse des Innus, de son peuple. J’aime la tendresse de son regard et la mise en lumière des valeurs qui sont véhiculées. J’ai aussi apprécié la vision non idéalisée, réelle, pas parfaite, en souffrance. En fait, tellement que pendant la première moitié du roman, j’ai cru que ce serait un coup de coeur.

Ce qui m’a moins plu, c’est certains éléments qui m’ont semblé plus moralisateurs, plus « j’ai raison et pas vous »… je n’ai pas besoin d’être convaincue et j’ai senti qu’on essayait de le faire. De me faire sentir inadéquate car blanche. Que peu importe ce que je ferais, je suis et resterais inadéquate. Thérapie d’impact? Peut-être.

C’est donc un ressenti très personnel, qui, à ce que je vois des critiques, a été très peu partagé par les lecteurs du livre. C’est moi face à moi, probablement. Moi qui me questionne beaucoup en ce moment sur ma propre identité en tant que femme, québécoise, à qui on a souvent dit qu’elle devrait donc être plus ceci, moins cela. Ça explique peut-être en partie ma réaction.

C’est tout de même un roman que je conseillerais car la plume reste magnifique et le propos essentiel, et avec lequel j’ai passé un bon moment. À tenter, donc!

Bonne Année 2020!

Nous voici à l’aube d’une nouvelle décennie. Deux mille vingt. Vingt-vingt. J’ai du mal à y un tout, il y a eu la grande fracture de 2012, les voyages… Oui, à bien y penser, ce sera la décennie des voyages, des découvertes, autant des livres que du monde. Décennie d’ouverture. De tentative d’ouverture, du moins.

Je ne ferai pas de top lecture des 10 dernières années, ni de méga rétrospective. Je dirai juste que je m’aime mieux maintenant qu’il y a dix ans et que je suis contente d’où je suis rendue.

Pour 2020, je vais donc émettre des souhaits…

  • Contribuer à la progression et au bonheur au travail de « mes » équipes.
  • Retrouver le plaisir de bloguer, avoir à nouveau le goût de visiter les copines sur leurs blogs.
  • Retrouver un minimum de forme physique… et avoir du fun en le faisant.
  • Avoir des gens heureux en santé autour de moi.

Pis… devenir moins nouille en espagnol! Genre, pas passer mon temps dans le dictionnaire quand je lis en espagnol!

À vous, je souhaite des paillettes, des rires, de la chaleur humaine, des découvertes, le tout en santé!

Bonne année 2020!

Bilan lectures 2019 – Top et Flop

Cette année, j’ai été hors du pays pendant 5 mois. Et comme, le soir, j’écrivais religieusement les résumés de mes journées, avec détails historiques et anecdotes en prime, je n’ai pas lu beaucoup. Voire, vraiment pas beaucoup. Et bon, je passerai sur le fait que tous les résumés en question sont morts avec le disque dur de mon ordinateur… (quoi, ça fait 20 fois que je le dis? oups, je n’avais pas remarqué. Caliméro is my middle name).

Bref, j’ai lu 103 livres. Pour moi, c’est peu. Normalement, je tourne plus autour de 250. Et en 2016, alors que j’avais aussi voyagé 6 mois, j’en avais quand même lu 150 et quelque… bref, j’ai presque pas lu!

Sur ces 103 livres, 83 étaient en français (et ça c’est rarissime dans mon cas), 22 en anglais et un ET DEMI en espagnol. Non mais je prends la peine de le dire, à la vitesse à laquelle je lis en espagnol!

J’ai eu de belles lectures, en 2019. Je me souviendrai de plusieurs d’entre elles.

Du québécois…

Découverte pour moi de la plume acérée de et sarcastique de Jean-Philippe Baril-Guérard qui m’a fait terriblement réagir, autant dans « Royal » que dans « Manuel de la vie Sauvage« . Lecture ô combien trippante, en traduction, de romans québécois-anglais (mais la trad en question est de Dominique Fortier alors bon… ceci explique cela) de Heather O’Neill dont j’ai adoré l’univers fantasmagorique d’un Montréal des mal aimés. Je conseille « Mademoiselle Samedi Soir » et « Hotel Lonely Hearts« .

Puis, forcément, Kukum de Michel Jean, qui réussit à nous faire vraiment comprendre sans pour autant nous faire la morale. Et le Querelle de Kevin Lambert (que j’ai connu enfant), qui va loin… très loin.

Des romans d’ailleurs…

Être profondément choquée par « La fabrique des Salauds », lire « La bâtarde d’Istanbul » en Turquie et en discuter avec des gens de là-bas, se laisser transporter par « Milly Vodovic », revoir sa vision du racisme en Amérique avec « Americanah » et voyager à travers la Chine réelle et rêvée dans « Nous qui n’étions rien« … Lire, c’est un peu comme voyager dans le Tardis avec le Docteur, en fait…

Des BDs…

Découverte d’une série jeunesse et féministe avec les « Bergères guerrières » (faudrait d’ailleurs que je continue la série…), relecture d’un événement historique avec « Les filles de Salem » et une magnifique lecture, pleine d’ouverture, avec « Le prince et la couturière« .

Peu de jeunesse, cette année… je travaille comme coordo et pas comme orthophoniste, alors j’en ai moins lu que de coutume… mais j’ai quand même beaucoup aimé la série « Truly Devious » de Maureen Johnson ainsi que le Cthulhu du dodo et Malou, de Geneviève Godbout. J’avais d’ailleurs le tome 3. Dans mon ancien ordi. Va falloir racheter, je pense.

Des déceptions aussi…

Limite du « mais pourquoi je m’impose ce truc »… mais bon, j’aimais l’idée de la diversité représentée dans « The Kiss Quotient » de Helen Hoang. Pourtant, le cul à répétition et quand le mec parle de sa mère à la fille au pieu… turn off!!! Quant à « Again but better »… impression de lire une histoire avec Christine Riccio comme personnage principal, toutes ses folies et ses lubies… qui mènent à une sérieuse impression de malaise, d’histoire de grand n’importe quoi… bref, beaucoup de yeux levés au ciel.

Et vous… vos tops et vos flops en 2019?

Celui où on dit au revoir à 2019…

2019 aura été une bizarre d’année pour moi. Une année remplie d’émotions fortes… parfois trop fortes. Une année où rien de rien ne s’est passé comme prévu. J’ai été mise face à moi-même comme jamais. Pour vous, 2019 aura été l’année d’un voyage rempli de surprises, qui m’a menée où je n’aurais jamais pensé aller. Pour moi, ça aura été ça, certes. Mais vous ne saviez pas tout…

Vous ne saviez pas que quand je suis partie, je laissais ma famille seule… et je me sentais coupable quelque chose de rare. Vous ne saviez pas qu’un membre de ma famille venait de vivre des moments assez épouvantables… et nous aussi par la même occasion. Vous ne saviez pas que tous mes plans pour ce voyage étaient à l’eau car mes parents devaient partir avec moi… et que visiblement, ils ne pouvaient pas. Je suis donc partie comme ça, sans trop savoir. Et pour ça, je ne remercierai jamais assez les copains et copines qui m’ont supportée et qui ont été là.

Parce que 2019, ça aura été ça aussi. Découvrir la générosité et la grandeur d’âme des gens. Oui, je savais bien sûr… mais à ce point-là, je n’aurais jamais pensé. Je ne remercierai jamais assez ceux qui levé la main et callé « présent » quand j’en avais besoin. Pour moi, ça veut dire beaucoup.

2019, ça aura aussi été l’année où j’ai appris à fermer des portes. Du moins, à essayer de fermer des portes, parce que j’ai du mal. En vouloir aux gens, rester fâchée, je ne sais pas faire. Je dois me forcer. Mais mes aventures de cette année m’ont fait réaliser que parfois, on ferait mieux.

2019 aura été une bizarre d’année parce que tout autour de moi, mes amis ont aussi vécu des moments difficiles. Certes, il y en a toujours, mais rarement autant (une copine dirait que c’est la faute à mercure rétrograde ou saturne… mais bon!). J’espère juste avoir été à la hauteur…

Ceux qui suivent le blog auront aussi remarqué son ralentissement, côté lectures. J’ai à peine lu 100 livres cette année et je n’en ai parlé que d’une petite proportion. Lassitude? Esprit ailleurs? Je ne sais pas. Je tenterai un retour à ça après les fêtes… ça me ferait bizarre d’abandonner après 12 ans de blog!

Pour les billets voyage, nous verrons. Mon disque dur a décidé de décéder il y a quelques semaines… avec tous mes billets livres et tous mes résumés de voyage dedans. Je ne sais pas si j’aurai le courage de tout récrire… ni même la possibilité. Peut-être verrez-vous seulement les photos que j’ai pu récupérer (Google photo en avait envoyé une petite partie sur un serveur sans que je sois au courant… pour une fois, je ne lui en voudrai pas). We’ll see mais ça me déprime un chouia, je vous avouerai. Ok, plus qu’un chouia. Genre que ça m’angoisse! Mais moins que quand j’ai réalisé – à deux heures du matin – que je devrais refaire tous mes rapports de privé… vu que mon ordi a planté quand je tentais de les envoyer!

Bref, l’avenir ce ce blog reste un peu incertain… nous verrons si l’envie revient!

Je vous dis donc à bientôt!

Jour 100 – Camps de concentration et vierge noire

J’écris ce billet plusieurs mois plus tard car on dirait que je repoussais l’idée de revisiter ces souvenirs. Bizarrement, j’avais presque tout occulté ce qui n’était pas Auschwitz dans cette journée et mes souvenirs du matin sont un peu flous… On dirait que cette visite forte en émotions a éclipsé le reste. Je vais donc partir de mes notes, mais la précision risque d’être un peu… imprécise! Vous me pardonnerez, j’espère!

La journée a commencé par une exposition sur Jean-Paul II, très important pour les Polonais et très vénéré. La religion a beaucoup d’importance là-bas et environ 50% de la population va à la messe, surtout dans les campagnes. Pendant le régime communiste, la religion n’a pas été interdites, mais les prêtres ont été persécutés, car ils empêcheraient l’avancement de la société.

Jean-Paul 2 a redonné espoir à beaucoup de Polonais et sa visite a été importante pour eux. Ce ne fut pas simple de venir, et il a osé parler de la répression des polonais, ce qui a mis du baume au coeur de plusieurs, selon notre guide. L’ancien pape est parti à Cracovie en 38 pour y étudier… la littérature. Toutefois, plusieurs universités ont été fermées et les étudiants ont été envoyés travailler. Il faisait aussi partie d’un groupe secret qui discutait religion… et the rest is history, je pense.

Notre guide en profite pour nous parler un peu des traditions religieuses. En Pologne, le 24 décembre est plus important que le 25. C’est avant tout une fête de famille où se déguste un plat traditionnel de carpe, avec des betteraves ou des champignons. Le tout serait accompagné d’une soupe aigre à la saucisse et de gâteau au pavot. J’ai une note étrange qui dit qu’ils gardaient les fanes de carottes dans la baignoire…mais sérieusement, je pense que je devais avoir fumé quelque chose… ou alors eux!

À Pâques, on allait à la messe avec un panier de pain, de sel, de saucisse et d’oeufs décorés pour les faire bénir le samedi. C’est ce qui était partagé avec les convives le lendemain!

Nous nous dirigeons ensuite vers Czestochowa, capitale spirituelle de la Pologne, pour y admirer la vierge noire, ce qui était le but ultime de certains voyageurs de notre groupe. Nous allons donc au monastère de Jasna Gora, très impressionnant, surtout quand on voit l’émotion des gens qui y assistent à la messe. Il y a une messe par heure et c’est toujours plein. C’est hyper bizarre car pendant ces moments, il y a une HORDE de touristes (genre nous) qui prenons des photos en tous sens. Je ne sais pas comment ils font pour rester dans leur truc, mais ils y parviennent.

La salle est décorée d’ex-votos et on peut y voir la fameuse vierge noire, dont on change la robe périodiquement. Il y a 10 robes et couronnes, toutes richement ornées et un sceptre car ici la Vierge est vénérée comme une reine. On peut aussi y voir la robe tachée de sang de Jean-Paul II suite à l’attentat et la rose que Paul VI a offerte quand il n’a pas pu venir, son entrée ayant été refusée par les communistes.

L’église gothique a brûlé et la chapelle actuelle a été construite dans le style rococo, au 18e siècle et elle est dédiée à la nativité de la vierge. Le chemin de croix, datant de 2000-2001, est célèbre car il revisite aussi l’histoire moderne de la Pologne. Je l’ai trouvé très très poignant, j’ai 20 000 photos mais je vais vous épargner ça!

Le monastère a été fondé en 1382, au moment de l’arrivée des moines de la Hongrie. 103 moines Paulins y vivent toujours. L’icône que tous admirent date du 13e et vient de Byzance. Elle a été noircie par le feu, comme la plupart des vierges noires… rares sont celles qui ont été peintes noires au départ. Elle a été pillée et restaurée mais la cicatrice, symbole de sa douleur, est toujours bien visible. Le sanctuaire est fortifié et a été assiégé pas moins de 16 fois… toutefois, le monastère n’a jamais été pris. Moi, je dis que c’est un coup du bon dieu.

Nous avons fait le trésor au pas de course, où on nous a raconté l’histoire de Popieluszco, prêtre assassiné par la milice en 1984 et béatifié depuis… il était l’aumônier de Solidarnosc… quant à savoir pourquoi on nous a parlé de ça à ce moment précis, je n’en ai aucune espèce d’idée!

C’est ensuite l’arrivée à Auschwitz, Ocewiecim en polonais. C’est d’ailleurs comme ça que c’est indiqué sur les pancartes. Je n’ai pas pris beaucoup de photos… j’ai comme oublié tellement j’étais émue et physiquement mal à l’aise. Je me suis un peu forcée… Le soleil qui brillait sur ces lieux était presque arrogant et sous certains angles, on se croirait dans une université de la nouvelle Angleterre. Alors que c’est un lieu d’horreur… et je suis certaine que les murs se souviennent, à l’atmosphère qu’il y règne.

La ville d’Ocewiecim est une ville médiévale, avec un château, qui comptait 40000 habitants. Avant son tristement célèbre destin, c’était une caserne de l’armée polonaise, de là les bâtiments en brique, bien conservés. Birkenau, plus loin, était surtout faite de baraques de bois et est beaucoup moins bien préservée. En Pologne, avant la guerre, il y avait 3 500 000 juifs. Il en restait 200 000 à la fin. Sans commentaire.

L’endroit a été choisi car la ville était développée, qu’il y avait un bon réseau de chemin de fer et qu’elle était située entre deux fleuves, ce qui rendait les évasions plus difficiles. Ils ont certes changé le nom… Au départ, il hébergeait les déportés politiques, mais ensuite, y ont été entassés les juifs, homosexuels, tziganes et prisonniers de guerre russes, tous dûment identifiés. Comme de la marchandise.

Auschwitz devait être un « camp de travail ». Il y avait un horaire précis et éreintant, peu de nourriture, des capos et de la discipline à respecter. Un orchestre jouait des marches allemandes et les prisonniers devaient construire le camp. On y comptait 200 morts par jour en raison du travail et des conditions de vie.

Puis, c’est devenu un camp d’extermination… Les gens arrivaient dans des wagons à bestiaux, entassés, pas nourris, sans air, morts et vivants. Puis, ils arrivaient dans la cohue, les bagages étaient laissés, les hommes et les femmes séparés et c’était la sélection. Seulement 20% étaient enregistrés dans le camp. Les autres ont été assassinés.

Les juifs devaient prendre des photos, être témoins de tout ça… et se débarrasser des cendres. Ce moyen a été choisi car il n’était pas cher. Nous passons dans les différents musées où nous voyons les quantités d’objets et de cheveux… l’horreur, mettons. Puis, on nous montre l’endroit où des milliers de gens ont été fusillés, les blocs de stérilisation, le bloc de Mengele, la place de l’appel et les fours crématoires… il n’en reste qu’un seul, les autres ayant été démontés, mais il a fonctionné jusqu’à la veille de la libération.

À Birkenau, les conditions étaient encore pire qu’à Auschwitz. Ici, pas de pelouse mais de la boue et des baraques à moitié construites par les prisonniers, avec les matériaux des maisons détruites. Le musée a été ouvert 2 ans après la guerre par les rescapés, qui en ont été les premiers guides. Pour ne jamais oublier…