La soeur du soleil – Les sept soeurs #6 – Lucinda Riley

Le comment du pourquoi

Oui, je vous entends penser. Pouvez-vous bien me dire pourquoi tu continues à lire cette série alors que tu as bougonné d’aplomb à l’écoute du tome 5. Mais je VEUX savoir l’histoire de la septième soeur alors je continue. En plus, ils ne disent pas Beer mais Bear en nommant le personnage en question. Du coup, je me suis dit que je pouvais bien continuer. Tant qu’à avoir lu 5 tomes.

De quoi ça parle

Ce tome 6 est l’histoire d’Electra, la sixième soeur. Elle est mannequin, elle est célèbre, adulée et a une addiction à l’alcool et à la drogue. Contrairement à ses soeurs, elle n’a pas cherché à connaître ses origines, et ce sont ses origines qui vont venir à elle. Parallèlement, nous allons suivre l’histoire de Cecily, jeune fille de la haute société New-Yorkaise qui, après avoir été abandonnée par son fiancé, décide de partir avec sa marraine au Kenya. Et sa marraine, c’est Kiki Preston, notable habitante de Happy Valley.

Mon avis

Maintenant, en lisant un Lucinda Riley, je sais à quoi m’attendre. Je connais la plume, le côté romanesque, plus grand que nature. Je sais qu’il va y avoir des romances et quelques répétitions. Ici, c’est tout de même moins flagrant que dans d’autres tomes, et c’est sans doute pour ça que j’ai nettement apprécié davantage que le tome 5. Pourtant, ce n’était pas gagné car Electra, mannequin célèbre et adulée, qui semble se ficher éperdument de sa famille, n’apparait pas dans les premiers tomes comme un être éminemment sympathique. Ici, nous rencontrons un être qui ne sait pas qui elle est vraiment mais qui ne se cherche pas pour autant. Profondément indépendante, elle dit vouloir tout gérer toute seule, tout en se reposant pour presque tout sur son assistante. Pourtant, toute riche qu’elle soit, elle croule sous la pression et la vacuité de sa vie de fille célébrissime et passe à travers à l’aide d’alcool et de drogues. Des « rails » de coke surtout. Ici, on appele ça des « lignes »… du coup, j’ai remarqué chacune des 24 mentions (minimum) des dits rails. Son univers va sans doute être bouleversé quand une dame surgit dans sa vie en soutenant être sa grand-mère.

Dans le passé – car comme d’habitude, il y a un passé-présent – nous rencontrons Cecily, jeune femme abandonnée par son fiancé dans la riche société de New York. Elle profite d’une invitation de sa marraine, Kiki Preston, pour aller visiter le Kenya. Et ici, j’ai été ravie de retrouver les habitants de la Happy Valley (la vallée de la joie), que j’avais déjà rencontrés dans un vieux film. Entendons-nous, nous sommes en plein colonialisme et cette histoire, qui se déroule dans les années 30, a des standards très très différents en ce qui concerne le racisme et ce qu’est le fait de ne pas l’être. Les personnages qui sont décrits comme étant « ouverts d’esprits » font grincer des dents aujourd’hui et le côté white savior peut faire frémir. Toutefois, ce mode de vie, que j’avais découvert avec « Out of Africa », avec sa vision hautement biaisée, et revu dans le dit film (dont je ne me rappelle plus le nom) est très bien évoqué. Les paysages semblent magnifiques et la ségrégation « ordinaire » de l’époque est bien décrite. J’ai beaucoup aimé les passages au Muthaiga club et les descriptions de ce mode de vie hédoniste, rempli de fêtes décadentes où sexe, drogue et alcool de bon matin ne font peur à personne. Ça donne tellement envie de visiter ces contrées.

J’ai bien aimé le personnage de Cecily, qui ne vit pas que pour l’amour, qui se démerde, qui fait plein d’erreurs et qui prend des décisions parfois déchirantes. Les personnages noirs sont moins bien développés toutefois. De plus, même si Electra est décrite comme étant intelligente et ayant beaucoup voyagé, elle est parfois tellement out of it. Oui oui, girl, le Kenya est en Afrique. Surprise, surprise!

Ceci dit, c’est hautement divertissant, on veut connaître la suite et ça se lit tout seul. On traite ici de dépendance, de luttes sociales et de droits des noirs aux États-Unis. C’est surtout un personnage qui réalise à quel point elle a été protégée des réalités de ce monde et qui tente de s’en sortir. Son cheminement est intéressant, quoiqu’un peu improbable… mais comme je le disais, le tout est très romanesque et je m’y attends avec cette autrice.

Et je suis rendue à la fameuse septième soeur! Yéééé!!

Small spaces – Katherine Arden

Le comment du pourquoi

J’ai décidé de lire ce roman jeunesse (middle grade) parce que c’est Katherine Arden. Je garde un excellent souvenir de l’atmosphère de The Winternight trilogy et j’avais envie de me replonger dans ses univers et, qui sait, de les faire lire à ma nièce. Ma nièce aime lire. Je ne me peux pus!

De quoi ça parle

Ollie a récemment vécu une grande perte et son refuge, ce sont les livres. Un jour, quand elle voit une femme en détresse tenter de jeter un vieux livre à l’eau, elle ne réfléchit pas et s’en empare. Elle va donc être plongée dans l’histoire de Beth, jeune héritière de domaine, de deux frères qui l’aiment et d’un parre avec un certain « Smiling man ». Le lendemain, lors d’une visite scolaire dans une ferme, elle va revoir la femme de la veille, et la journée ne va pas de passer comme prévu.

Mon avis

Si vous avez envie d’une bonne petite lecture spooky, qui se lit toute seule, je vous recommande ce roman jeunesse. C’est très jeunesse, certes, mais j’aime généralement ce type de roman, c’était parfaitement ce dont j’avais envie de lire à ce moment précis. Accessible, intéressant, des personnages d’enfants intéressants qui ne sont pas nécessairement limités aux clichés qu’ils apparaissent être au premier regard.

Le contexte est bien adapté aux jeunes lecteurs : une sortie scolaire qui va mal tourner, des adultes pas toujours à la hauteur et des épouvantails spooky. Que demander de plus? Des enfants débrouillards, qui utilisent leurs différentes forces pour travailler ensemble et un mystérieux livre pour ajouter du passé-présent et une couche de mystère supplémentaire. L’atmosphère est encore une fois très réussie, ce n’est pas trop épeurant mais l’autrice réussit à créer une véritable tension, surtout avant que les choses arrivent. L’anticipation des événements est aussi épeurante que les événements eux-mêmes… comme souvent.

Bref, pas mal du tout. Je vais certainement lire les prochains tomes de la série car les enfants sont cool et je ne doute pas que Katherine Arden va encore une fois nous créer une atmosphère aux petits oignons! Maintenant, il faut que ma nièce le lise!

Le petit astronaute – Jean-Paul Eid

Le comment du pourquoi

C’est la page de garde de cet album qui m’a encouragée à lire cet album dont tout le monde ne dit que du bien. Quand c’est trop hypé, moi… ça me rebute généralement. Mais sur la dite page de garde, j’ai vu des pictos. Et pas n’importe quels pictos, des pictos que je connais (et qui semblent provenir de Boardmaker) et qui sont organisés en tableau de communication. Ceux qui me suivent depuis longtemps savent que je suis orthophoniste à la base et que j’ai travaillé 21 ans avec des enfants qui utilisent un moyen de soutien/suppléance à la communication et qu’encore aujourd’hui, en coordination, je m’occupe de ce programme. Du coup, il me le fallait. Absolument.

De quoi ça parle

Juliette, dite Tourniquette, a un nouveau petit frère sauf que son développement inquiète ses parents. Le diagnostic tombe : DMC. Ou paralysie cérébrale. C’est donc l’histoire lumineuse de Tom (ou Major Tom… je vous mets au défi de ne pas chanter la toune maintenant), un petit extraterrestre, tombé sur une drôle de planète.

Mon avis

C’est l’oeil humide que je referme cette bande dessinée. Parce que des petits Tom, chacun d’entre eux extraordinaire à sa manière, j’en connais plusieurs. J’en ai vu grandir. J’en ai vu partir. J’ai connu leurs parents dans leurs hauts et leurs bas. J’ai été témoin de leur courage et de leur amour inconditionnel. Leurs frères et soeurs sont devenus mes meilleurs helpers. C’était officiel que cette bande dessinée allait me toucher.

L’histoire de Tom commence comme plusieurs autres. Un bébé prématuré, qui semble prendre son temps pour se retourner ou tenir sa tête. Mathilde sa grande soeur, va se souvenir de ses premières années quand elle revient dans la maison de son enfance et qu’elle découvre qu’elle est en visite libre. Entre ces murs, elle va revoir les premières années de la vie de Tom, en passant par son entrée à la garderie ou à l’école. Les flashbacks sont hyper bien faits, les dessins sont magnifiques en particulier celles du petit astronaute pris dans son corps. C’est onirique, lumineux et nostalgique à la fois.

Un magnifique album sur la différence, sur l’acceptation de la différence, sans pour autant regarder la vie avec des lunettes roses. Le chemin à parcourir ne sera pas toujours facile, mais c’est une belle histoire, malgré les obstacles à franchir. L’auteur a lui-même un fils atteint de paralysie cérébrale mais cette histoire, quoique inspirée de son expérience, n’est pas tout à fait la sienne. Toutefois, on sent le vécu derrière les planches et c’est TELLEMENT ça que vivent nos familles.

Si je voulais pinailler, je dirais que le processus diagnostic a été fait dans un drôle d’ordre (une laryngoscopie pour vérifier le fonctionnement des cordes vocales chez un bébé en début de processus diagnostic, c’est très étrange… surtout que si un bébé pleure, c’est que ses cordes vocales doivent fonctionner au moins un peu… mais c’est peut-être ce que l’auteur a vécu) et l’orthophoniste en moi a un peu de peine à voir sa profession même pas nommée avec les autres pros et transformée en « laboratoire de communication ». Mais appelons ça mes petites sensibilités personnelles!

Ceci dit, c’est un album que je conseillerais à tous mes collègues et à plusieurs parents (mais avec un trigger warning par contre). C’est beau, doux, sensible et ça peut sensibiliser à peu près n’importe qui. Bref, une réussite. C’était ma BD de la semaine.

Tous les billets chez Stephie cette semaine

Elatsoe – Darcie Little Badger

Le comment du pourquoi

J’avais spotté ce roman pour mon Cold Winter Challenge car je trouvais que la couverture faisait très « hiver ». Sauf que – oups – ça se passe au Texas, en pleine canicule. Pour le thème Cold Winter, mettons que c’est raté. Toutefois, ceux qui ont lu mes tops savent que ce roman fait partie de mes tops alors on va dire que c’était une heureuse méprise?

De quoi ça parle

Ellie est une ado Apache, qui habite au Texas, avec sa famille et son chien fantôme, Kirby. Elle descend d’une puissante ancêtre qui a plusieurs fois sauvé son peuple et dont la lignée maternelle peut ramener les esprits d’animaux morts. Quand son cousin décède, celui-ci lui rend visite en rêve pour lui dire qu’il a été assassiné. Elle va donc enquêter, avec sa mère et son meilleur ami Jay.

Mon avis

Je me suis – as usual – vendue en ouverture, mais j’ai vraiment aimé ce roman YA. L’histoire est intéressante, certes, avec actions, mystères et rebondissements, mais c’est surtout le contexte et les personnages qui m’ont vraiment happée. Nous sommes ici dans la mythologie Lipan Apache, avec une jeune femme forte, venant d’une lignée familiale particulière, très ancrée dans les savoir traditionnels sans pour autant vivre hors de la communauté occidentale. Elle est bonne élève, un peu solitaire, proche de sa famille et peut ramener les fantômes des animaux. À travers cette aventure fantastique, plusieurs sujets selont abordés (colonisation, racisme, etc.) sans pour autant ralentir le rythme de l’histoire et faire « je vous fais la leçon ». Bref, une réussite. Je ne sais pas si j’aurais mis YA ou middle grade mais peu importe. Moi, en tant que lectrice adulte, j’y ai trouvé mon compte. J’ai eu une impression de Scooby Doo, vous savez? Mais avec des moments plus touchants et, en fait, le surnaturel est réel et pas juste un masque? Ouais, je sais, pas très clair comme comparaison.

Le monde décrit ressemble au nôtre. La technologie est la même, les lieux sont les mêmes, mais la magie et les créatures sont est toutefois bien connues et répandues dans le monde. Fantômes, métamorphes, vampires… le tout fait partie du quotidien des humains. J’ai vraiment aimé les histoires de Six-Great, l’ancêtre d’Ellie, ainsi que les mythes et coutumes apaches. La plume est simple, très accessible, le chien fantôme est adorable et les petites illustrations qui ornent les chapitres également. Ici, on ne se gêne pas pour jouer avec les stéréotypes de genre (Jay est le cheerleader et sa soeur la joueuse de basket) et, surtout, la famille est présente. Les parents ne sont pas les mauvais qui laissent les jeunes tout régler. Et ça, ça me plait particulièrement.

Il y a certes une sous-intrigue qui aurait pu être un peu mieux exploitée et quelques dialogues qui sont moins « sur la coche »… mais j’ai aimé découvrir l’univers petit à petit, les aventures et les valeurs véhiculées. Une autrice que je relirai, c’est certain!

Fates and Furies (Les furies) – Lauren Groff

Le comment du pourquoi

Ok, gros aveu, j’avais besoin d’un livre qui entre dans une catégorie particulière pour le Cold Winter. Je ne rappelle même plus quelle catégorie. Et j’ai pris ce roman parce que « Furies » était un mot qui fittait. Ouais, je sais.

De quoi ça parle

Le roman commence par un mariage, celui de Lotto et Mathilde. Il est brillant, solaire, semble promis à un brillant avenir artistique. Elle est souriante, gentille, dévouée. Pourtant, il y a toujours deux versions à une histoire. Et parfois, deux versions assez différentes…

Mon avis

Voici un roman particulier, qui doit, je le sens, diviser. Et moi, je me situe entre les deux. Si j’ai apprécié beaucoup d’aspects du roman, j’ai mis 9 jours à le lire. Neuf. Jours. Ça ne m’arrive pas souvent. J’avais du mal à lire longtemps et du mal à m’y remettre, du moins pendant la première partie. De là mon avis mi-figue, mi-raisin; la première partie est un peu longuette. À mon goût à moi, du moins.

La plume est magnifique, mais il faut aimer les écritures un peu fleuries. C’est rempli de métaphores, de comparaisons et de phrases pas toujours simples. On a donc besoin de toute notre attention pour en profiter pleinement. Ceci explique peut-être le neuf jours! Ceci dit, ça me plait et Lotto, le personnage principal, est acteur shakespearien et auteur de théâtre, on comprend un peu le choix d’un tel langage. Ça fonctionne.

Toute la première partie de l’histoire raconte Lancelot, dit Lotto (ouais, je sais… ya des choses qu’il ne faut pas chercher à comprendre). Né dans une famille riche, souffrant de la perte prématurée d’un père, il sera coupé de la fortune familiale quand il se mariera avec Mathilde, que sa mère n’approuve pas. Lotto a toujours eu la cuisse légère, s’est tapé les trois-quarts de la population féminine de l’université (et une partie de la population masculine), mais il va être ébloui par Mathilde et lui jurer fidélité. Imbu de lui-même, superficiel, plein d’orgueil, nous le verrons évoluer en tant qu’artiste et en tant que mari auprès de la douce et dévouée Mathilde.

Heu… douce? La deuxième partie va tempérer cette vision. Car oui, il y a deux côtés à une même histoire. J’ai beaucoup aimé les non-dits, les secrets que deux personnes peuvent avoir l’un pour l’autre. Peut-on connaître quelqu’un sans tout connaître DE ce quelqu’un? Peut-on l’aimer réellement quand on ignore les dits secrets? La deuxième partie du roman est beaucoup plus intéressante, avec la découverte de l’autre côté de la médaille. Si j’avais été davantage attachée aux personnages, j’aurais trippé sur le procédé car les conséquences psychologiques des secrets sont somme toute terribles.

Bref, un roman sur le mariage, les apparences, les blessures et la difficuté à s’ouvrir aux autres, à montrer son vrai visage. À découvrir quand on a la totalité de son cerveau de disponible!

Blanc autour – Lupano / Fert

Le comment du pourquoi

Je vois cette bande dessinée passer sur toutes les copines qui participent à la BD de la semaine depuis plusieurs mois. Du coup, je n’ai pas hésité quand je l’ai vue seule et abandonnée qui m’attendait sur les tablettes sur la bibliothèque.

De quoi ça parle

Nous sommes en 1832, au Connecticut, dans une école pour jeune filles. Déjà, éduquer les filles, c’est bien mignon, hein mais imaginez la réaction quand miss Prudence Crandall décide d’en faire un pensionnat pour jeunes filles… noires.

Mon avis

Tout d’abord, quel graphisme! Les dessins sont fabuleux, tout en rondeur, avec des couleurs douces. Stéphane Fert réussit à rendre à merveille l’atmosphère de l’époque, avec quelques ajouts qui donnent un aspect parfois onirique. Bref, côté illustrations, c’est une totale réussite.

Nous sommes donc 30 ans avant la guerre de Sécession. Dans le nord (parce que le Connecticut, c’est le nord), officiellement, l’esclavage est aboli. Toutefois, entre être libre et avoir des droits et être considéré comme citoyen, il y a une marge. Surtout que c’est bien connu hein? Apprenons à lire aux Noirs et ils vont tour finir comme Nat Turner et tuer femmes et enfants blancs. Du coup, les fillettes noires ne sont clairement pas les bienvenues et les villageois et villageoises sont prêts à tout pour les empêcher de fréquenter l’école. Pas dans ma cour hein. Et ils ne faudrait surtout pas qu’elles pensent qu’elles valent autant qu’une femme blanche!

Si au début, ils se contentent de regards noirs, ça va aller beaucoup plus loin et ce qui se passe dans ce village est terrible et il est encore plus horrible de savoir qu’il y a encore une grosse job à faire pour mettre fin au racisme. Ce récit est basé sur une histoire vraie, qui nous est racontée à la fin de l’album. Il faut savoir que l’histoire qui nous est racontée est romancée et que le récit en est librement inspiré. On a ajouté certains éléments, notamment une sorcière qui vit dans la forêt, qui détourne un peu l’attention du propos général. Je pense que j’aurais préféré un peu moins de divergence avec l’histoire originale.

Ceci dit, un album très beau visuellement et qui nous rappelle que le chemin a été pavé d’embûches et que ce n’est pas fini. Cette école n’aura pas été ouverte longtemps, comme plusieurs autres projets d’ailleurs. Un pas à la fois, comme on dit.

À noter que ce ni l’auteur ni l’illustrateur ne font partie de la communauté noire. (Oui, Karine, je le précise pour toi!)

C’était ma BD de la semaine!

Tous les billets chez Noukette

À crier dans les ruines – Alexandra Koszelyk

Le comment du pourquoi

J’ai envie de lire ce roman depuis sa sortie, mais il y a un « mais » : je n’ai jamais réussi à le trouver. Je l’ai commandé en grand format, jamais reçu. Danse de la joie quand il est sorti en poche… et jamais pu le commander non plus. Back order. J’ai tenté de le faire acheter à ma biblio et, deux ans plus tard, il est arrivé… mais en grands caractères! Bref, ce fut limite la quête du Graal!

De quoi ça parle

Léna est née à Pripyat, en Ukraine. Elle avait 13 ans en 1986. Ce fameux jour d’avil, elle a pris le train avec sa famille et n’est jamais revenue. Derrière elle, elle laissait son enfance, ses souvenirs, et surtout Ivan, son âme soeur. Vingt ans plus tard, elle va revenir.

Mon avis

Je connais un peu Alexandra Koszelyk. C’était l’une des blogueuses de la première heure (elle a débuté à peu près à la même époque que moi) et nous avons ensuite partagé une chasse aux trésors de folie et quelques soirées parisiennes arrosées. Je sais donc que sa famille vient d’Ukraine, qu’elle aime la littérature classique et les mythes. Ce sont des éléments que j’ai reconnus dans le roman et j’ai eu l’impression de passer une soirée avec elle. Du coup, ça m’a beaucoup plu. Pour ça, entre autres. Mais pas que, of course.

Nous avons ici un beau roman sur le déracinement, les premiers amour et sur les traumatismes transgénérationnels, sur fond de catastrophe nucléaire. Tchernobyl. Le monde a voulu se fermer les yeux et c’est à travers deux enfants qui s’aiment qu’elle va nous faire réaliser l’ampleur des conséquences sur les gens ordinaires. Ceux qui travaillaient à la centrale. Ceux qui ont dû éteindre le feu et que les familles ont à peine pu revoir. Léna et Ivan formaient une bulle à deux. Amis, âmes soeurs, s’abreuvant de contes et de légendes ukrainiennes. Pour eux, Pripyat (non mais OÙ va le « y »? Je n’arrive jamais à me souvenir), c’est l’univers de l’enfance, ce monde où tout est possible. Léna en sera brutalement arrachée, sans réponse à ses questions et Ivan va rester là.

J’aime beaucoup l’écriture, belle, remplie de références. Léna, ça pourrait être une dame-Ulysse qui revient, après 20 ans, à ses sources. Le chemin ne sera pas simple; ses parents ne lui faciliteront pas les choses en refusant de parler du passé. En effet, il y a plusieurs façons de tenter de survivre à l’exil. Léna, quant à elle, se cherche. Ivan, lui, l’attend. La première et la dernière partie sont magnifiques, les ruines, on les voit et on les ressent. Il est vrai que les lieux abandonnés me fascinent et j’ai toujours l’impression d’y voir et entendre les échos du passé. De plus, toutes les descriptions sont magnifiques et la forêt est vivante sous la plume de l’autrice.

Bémol toutefois pour les dialogues, qui m’ont semblé un peu longs et artificiels, parfois proches de l’exposé. Il y a aussi un petit coup de mou au milieu mais en général, cette histoire est extrêmement touchante. On ressent les influences antiques dans l’histoire et ça donne envie d’en connaître davantage sur l’histoire de l’Ukraine. Je lirai les autres ouvrage de l’autrice avec plaisir.

La soeur de la lune – Lucinda Riley

Le comment du pourquoi

Je pense que je suis complètement masochiste. En fait, je veux connaître l’histoire de la 7e soeur, celle qui n’a pas encore été trouvée. Du coup, je lis le reste. En bougonnant. Call me crazy.

De quoi ça parle

Je ne vais pas encoooore réexpliquer l’histoire. Ça fait quand même le 5e billet de la série que vous vous tapez (ou pas). Ici, c’est l’histoire de la 5e soeur, Tiggy, la soeur « spirituelle ». Elle travaille sur un domaine qui ne va pas très bien en Écosse pour sauver des animaux et elle va rencontrer un mystérieux gitan qui va la reconnaître et la guider vers son passé, près de Grenade en Andalousie. En parallèle, l’histoire de Lucia, la plus grande danseuse de flamenco de tous les temps.

Mon avis

Si vous avez suivi mes stories Instagram, je pense que vous m’avez déjà entendue bougonner sur ce tome. Je l’ai écouté en audio… en français. Et je n’aurais pas dû. D’abord, quand la lectrice fait des voix différentes, elle prend une voix faussement rauque… et l’orthophoniste en moi vire à moitié folle. J’avais juste le goût de lui dire de tousser ou de prendre un peu d’eau. Ouais, c’est totalement ma faute. Je sais. Deuxième bug de lecture audio? La prononciation. D’abord, le nom de l’héroïne. Tiggy. Dans ma tête, ça se prononce ti-gui. Dans cette série audio, ça se prononce taï-ji. Comme « tai chi » mais en voisant le « ch ». Ça me gooooosse! Ne cherchez pas à comprendre. Autre nom mal prononcé… Bear. Comme « ours ». Prononcé « beer ». Sachant qui est ce personnage, ça ne fait pas vraiment. Et sérieux, en france, le pays « Chili »… ça se prononce vraiment « tchilly »? Bref, j’ai sacré la moitié du temps. Retour à l’anglais pour les prochains livres audio!

Bon, et si on parlait du roman? De ce côté-là aussi, ça n’a pas vraiment fonctionné, même si le personnage du passé, qui est complètement imbue d’elle-même, m’a bien plu. Ça change, un personnage qui n’est pas fragile, doux, gentil… ni même très agréable. Genre qu’elle ne crie pas au lecteur « AIMEZ-MOI »! Par contre, entre Tiggy et moi, ça n’a pas vraiment passé. Elle est hyper différente de moi, très spirituelle, très près de sa voix intérieure, très nature. Et je ne comprends absolument pas ses décisions. Quand elle fiche le camp sans le dire à personne… BEN VOYONS! Bref, bof bof.

Quant à l’histoire de Lucia, la danseuse de flamenco du début du 20e siècle, elle est plus intéressante. On entre dans le mode de vie des gitans andalous, qui vivent dans des grottes, qui sont nomades et à l’écart de la société. Cette partie, c’est bien. En plus, il y a le flamenco, que j’ai dansé pendant plusieurs années. Je ne suis pas une grande danseuse, certes, mais je connais un peu les palos et la structure des pièces. Alors, comment dire… le flamenco, ce n’est pas taper des pieds à toute vitesse sans arrêt (citation…) pendant toute la pièce, avec ou sans duende. C’est à croire que j’aime chialer. Et on en parle, des 42 mentions du « brandy » (prononcé à la française) pendant cette partie? Mes tocs d’écouteuse me gossent moi-même!

Avis fort mitigé donc. La plupart des gens ont aimé, mais je n’ai adhéré ni à l’histoire d’amour, ni à la personnalité du personnage principal. Croyez-moi, je me questionne vraiment à savoir si je continue. Elle vaut le coup, cette septième soeur?

La fée assassine – Grenson/Roge

Le comment du pourquoi

C’est le retour de la BD de la semaine! Ravie je suis. J’ai donc pris une BD que j’ai depuis un moment et que je trouvais très belle visuellement. En fait, c’est l’une de celles que j’avais amené chez mes parents pendant le temps des fêtes. Et, convenons-en, faire un groooos kilomètre pour aller chercher des livres pendant le confinement, ce serait compliqué, non? Voire même téméraire? Sortir tout court… dangereux? Non?

De quoi ça parle

Un soir de Noël, un drame arrive et lorsque le compagnon de l’accusée est appelé au poste de police, c’est la consternation. Qu’est-il arrivé pour que cette femme en apparence si douce en arrive là? Une histoire de secrets de famille lourds de conséquence.

Mon avis

Difficile de bien parle de cette bande dessinée car il y a selon moi une nette distinction entre la trame narrative et le côté graphique. Ce dernier est fabuleux, tout en douceur, rempli de détails, avec un jeu subtil de couleurs en peu passées, avec quelques touches plus vives. C’est le côté qui m’avait charmée de prime abord et c’est celui que j’ai apprécié le plus à la lecture. C’est à la fois doux et cruel… et le contraste est saisissant.

L’histoire aurait pu être géniale avec ses retours le passé mais elle demeure un peu simple, avec un peu trop de manichéisme pour certains personnages. Des secrets de famille, des non-dits, deux jumelles ayant une relation fusionnelle, une mère manipulatrice qui ose tout. La mère aigrie et terrible m’a semblé un peu too much, toutefois. Les parties dans le passé sont très belles, empreintes de nostalgie. Limite que nous entendons les rires des fillettes. Toutefois, celles qui sont dans le présent sont beaucoup moins touchantes. Le gros secret a-t-il tant d’importance, en fait? C’est ce que je reproche au roman graphique ; un côté un peu décousu. Pourquoi insister pour que cette mère soit présente de prime abord? Mais c’est tout de même très agréable à lire… et visuellement, c’est fantabuleux!

Les planches sur Paris sont merveilleuses (je m’ennuie de Paris, vous ne pouvez pas savoir… quand je l’ai quittée la dernière fois, j’ai dit que j’avais l’intuition que je ne reviendrais pas avant longtemps… c’était limite prophétique) et j’ai tout de même passé un bon moment. Une histoire où on ressent les non-dits, où les ravages que peuvent faire des propos et des actes sur de jeunes enfants.

C’était ma BD de la semaine… et tous les billet sont chez Moka cette semaine!

La divine comédie – Amélie Nothomb

Le comment du pourquoi

Dans le cadre du Cold Winter, je veux relire la Divine Comédie de Dante. Du coup, j’étais très intéressée à entendre ce qu’Amélie Nothomb avait à dire sur le sujet.

De quoi ça parle

Nous avons ici 11 épisodes où Amélie Nothomb explore différentes visions du paradis et de l’enfer, à travers visites et rencontres musicales, littéraires ou artistiques.

Mon avis

Je n’avais jamais entendu parler Amélie Nothomb. Là, vous vous demandez comment c’est possible, je sais. Mais croyez-moi, quand on est québécoise et qu’on n’a pas de télé, c’est possible. Voire même probable. Il y a beaucoup d’Amélie dans ces reportages. Il y a ses impressions face aux oeuvres qu’elle découvre, ses ressentis et opinions aussi. Moi, ça ne m’embête pas du tout, cet aspect « discussion » alors j’ai bien aimé me balader du paradis à l’enfer, en découvrant Goethe, Rodin ou encore la mythologie grecque, chrétienne ou nordique. Entendons-nous, les sujets sont ébauchés, ce n’est pas une analyse en profondeur de l’oeuvre de Dante. Par contre, ça donne envie d’aller fouiner davantage au sujet de plusieurs de ces thèmes et, bien entendu, je ne m’en suis pas privée.

Une grande partie de l’ouvrage consiste en des rencontres avec différents spécialistes. J’ai particulièrement apprécié la visite avec la conservatrice du musée Rodin, que j’ai visité à plusieurs reprises. Ce sont davantage des échanges que des cours magistraux mais certaines réflexions au sujet de l’art m’ont réellement interpelée, notamment quant aux diverses interprétations possible d’une oeuvre.

Bref, un documentaire très accessible, qui donne envie d’aller plus loin… et qui rendra sans doute ma lecture de la divine comédie plus intéressante.