Iron Widow – Xiran Jay Zhao

J’ai lu ce livre dans le cadre d’un vlog – qui paraîtra peut-être d’ici 6 mois – car c’était le choix de Karine la bouquineuse, une booktubeuse québécoise. De toute façon, avec cette superbe couverture, je le voulais hein! Une histoire avec des méchas, basée sur l’histoire de l’impératrice Wu Zetian, avec des personnages inspirés de figures historiques chinoises, ça me parle, vous comprenez!

De quoi ça parle

Nous sommes dans un univers SF/Fantastique qui est calqué sur la Chine. L’humanité a été décimée par une attaque extraterrestre il y a 2000 ans et la guerre avec les Hunduns – des êtres de métal – dure depuis ce temps le long de la grande muraille. Les humains combattent dans des Chrysalides, d’immenses structures contrôlées mentalement par un homme et une femme. Le problème, c’est que la femme y survit rarement. Le monde en général est un univers horriblement sexiste donc tout le monde trouve ça normal.

Dans un petit village frontalier, Wu Zetian décide de s’engager dans cette armée afin de venger sa grande soeur. Sauf que lors de son premier combat, à la stupéfaction de tous, elle survit.

Mon avis

Je suis la voix discordante parmi les éloges en ce qui concerne ce roman. J’ai souffert. De bonnes idées, un univers à la Pacific Rim, la Chine, une femme forte et enragée mais une réalisation qui est loin de m’avoir convaincue.

Avant de me tomber dessus, je suis féministe. Les idées, ça va. Mais la manière de les faire passer… J’ai eu l’impression qu’on mettait l’histoire au services des idées au lieu du contraire. C’est très « in your face », très appuyé, c’est répété, répété, répété… j’avais compris la première fois, en fait. L’univers est vraiment sexiste. Les femmes sont vendues en mariage ou à l’armée, n’ont pas de droits, ne sont là que pour être au services des hommes, qui ont tous les pouvoirs. Si elles meurent, on s’en fout. Zetian a raison d’être en cr… Sauf que le roman m’a semblé une succession de commentaires et d’insultes sexistes et de Zetian qui sort une réplique hyper féministe et actuelle. Tout. le. long. Il y a très peu de nuances, il y a des bons et des méchants et pas vraiment d’entre deux. Et ça je n’aime pas. Assez pour faire voler le roman. Alors que j’étais fondamentalement d’accord avec les idées présentées.

Mon autre problème? Le développement de l’héroïne. Elle est plus forte que tout le monde, n’a pas besoin d’apprendre, elle sait. Personne ne lui a montré comment diriger ces monstres d’acier avec son esprit mais elle est meilleure que tout le monde. Elle a toutes les meilleures idées, réussit à les réaliser, a de l’influence, certaines scènes sortent d’un peu nulle part (la scène avec An Lushan… c’est comme… what!?!?) et surtout, surtout… aucune femme n’est bien, sauf elle. À un moment, j’ai eu le goût de hurler. Tous les hommes sont des salauds, sauf deux. Bref…

Le world building est très peu développé, l’écriture est basique… Je me suis dit à un moment donné que la seule chose qui pourrait sauver le truc, ce serait… (insérer le truc en question) et à la fin, c’est ce qui est arrivé. Ça ne veut pas dire que je vais lire la suite mais bon, nous verrons.

Grosse déception donc, vu que j’avais d’énormes attentes. D’accord avec les idées, mais tout le reste ne m’a pas plu. J’ai eu l’impression d’avoir un mix entre en cours de féminisme 101 et des leçons de morale, en plus d’être prise pour une conne, vu qu’on avait besoin de tout me dire 20 fois. Voix discordante, vous disiez? C’est limite drôle. Ceci dit, de nombreuses amies ont a-do-ré. Vous pourrez vous faire votre propre idée!

Mukbang – Fanie Demeule

Vous reprendrez bien un peu de Fanie Demeule? Toujours, n’est-ce pas! Et celui-ci commence comme si de rien n’était… mais quel ouvrage. J’en ressors complètement « chouquette », comme dit ma nièce!

De quoi ça parle

Kim Delorme ne s’est jamais sentie aimée et intégrée dans sa famille. Sa vie est sur internet, ses passions sont les jeux vidéos et les réseaux sociaux. Dès qu’elle le peut, elle part pour sa future carrière : youtubeuse professionnelle. Elle va par la suite découvrir l’univers des mukbangs, ces vidéos où des gens ingurgitent de grandes quantités de nourriture.

Mon avis

J’ai été sincèrement, mais sincèrement par surprise par ce roman. Le début monte en puissance et juste au moment où je commençais à me dire que ça devenait un peu longuet, ces histoires de bouffe (il faut dire que je venais de faire une soirée poutine avec mes neveux et que j’avais d’avance un peu mal au coeur), il se passe un truc, la perspective change… et je n’ai pu le refermer avant de l’avoir terminé. C’est tellement ancré dans notre époque, tellement révélateur de l’obsession des réseaux sociaux et de la popularité que ça fait mal. Kim, l’héroïne, est perdue et ne sait pas qui elle est pour elle-même, tant qu’elle est « quelqu’un » pour des milliers de gens qu’elle ne connaît pas. Et c’est tellement triste, surtout qu’elle le voit, le vide derrière ses yeux et son sourire.

Extrêmement dérangeant, la glissement s’effectue et l’isolement s’installe. Encore une fois, le thème de l’obsession est très bien exploité par l’autrice et si la caricature peut être humoristique au départ, on réalise rapidement qu’il n’y a rien de drôle dans la situation. On part de petites vidéos youtube lisses qui se prennent au sérieux, toutes en petits surnoms pour les abonnés, en phrases bien-être qui ne veulent rien dire et en mises en scènes : l’univers du paraître et de l’artificiel. Puis, soudainement, le mukbang. Et la dérape.

Comme lectrice, j’ai ressenti un grand malaise mais également, bien malgré moi, le sentiment d’urgence de Kim et le déplacement des priorités vers le virtuel. Tout ça sans comprendre comment on peut en arriver là. Pour le moins déstabilisant, surtout qu’en trame de fond, on entend s’agiter les profiteurs. La deuxième partie nous permet de comprendre comment on a pu en arriver là et nous rencontrons d’autres personnages qui gravitent autour de Kim. Ceux-ci ont été impliqués dans son histoire et quand on réalise, quand on comprend… c’est encore une fois extrêmement dérangeant.

Si j’ai regardé les codes QR au début de ma lecture, j’ai rapidement abandonné pour ne pas interrompre ma lecture. Je dirais que ça se lit très bien sans mais bon, je manque peut-être de quoi et je ne le sais pas!Ceci dit, un vrai portrait de la cyberdépendance qui nous fait réfléchir aux conséquences sur nous-même et sur les gens qui nous entourent.

Lakesedge – Lyndall Clipstone

Dans ma grande sagesse, je me suis dit « c’est le mois de la fantasy, pourquoi ne pas en profiter pour lire les romans reçus dans mes box YA ». Le tout juste après avoir eu envie de jeter un livre par la fenêtre. Pas. Une. Bonne. Idée. J’ai encore une fois failli arrêter après 100 pages. Mais j’ai continué. Parce que je suis psychorigide. Et j’ai quand même bien fait car la fin m’a davantage plu que le début.

De quoi ça parle

Violeta et son petit frère Arien ont très jeunes perdu leurs parents et ont été recueillis par une femme très pieuse, qui réagit très mal au fait que le petit Arien ait des rêves étranges, qui semble liés au Mal. Elle le punit assez violemment et Violeta a voué sa vie à le protéger. Un jour, lors d’une cérémonie au village, Arien est repéré par Lord Sylvanan, qui décide de l’emmener à Lakesedge, son dommaine corrompu, sur le bord d’un mystérieux lac. Bien entendu, Violeta va les suivre pour s’assurer qu’il ne lui arrive rien.

Mon avis

Faisons ça simple : atmosphère réussie, idée de base intéressante mais personnage principal in-sup-por-ta-ble. Ici, nous avons donc comme progatoniste la fille-qui-veut-protéger-tout-le-monde-quitte-à-se-sacrifier. Tout le temps. C’est toujours la même histoire, elle a des réactions incompréhensibles et j’ai eu le goût de la secouer pendant une grande partie du roman. Elle croit qu’elle seule – alors qu’elle n’a aucune expérience avec la « corruption » – peut sauver tout le monde et fait systématiquement le contraire de ce qui lui est suggéré. Un bout d’un moment… *eyeroll* En fait, tous les personnages sont un peu insipides et clichés. On a l’impression que l’autrice voulait cocher certaines cases, sans que ça apporte quoique ce soit à l’histoire. Et la relation amoureuse principale… je ne comprends pas du tout ce qu’ils aiment l’un de l’autre. Mon préféré était… le méchant.

Quant à l’histoire, elle avait plein de potentiel, mais on dirait que nous restons en surface et que nous ne comprenons pas vraiment ce qu’est la fameuse corruption. Les premiers trois quarts se traînent en longueur et la toute dernière partie comporte davantage d’action et de moments qui font très gothique, très creepy. On a l’impression que ça s’arrête au milieu d’une scène mais personnellement, ce type de fin m’aurait suffi. J’aurais même pris un peu plus sombre. Mais ça, c’est moi.

Toutefois, je suis fan de l’atmosphère, du manoir délabré où des voix résonnent et que le lac semble vouloir engloutir. Mais c’est quand même pas mal tout ce qui m’a plu. Dommage car l’univers avait du potentiel. Je pense que je vais me diriger vers autre chose que du YA parce que je pense que j’en ai pas mal mon voyage!

Anima – Wajdi Mouawad

Dans le challenge « Lisons l’Asie », il y avait une oeuvre d’un auteur libanais au programme. J’ai presque triché en choisissant Wajdi Mouawad, d’origine libanaise ayant longtemps vécu au Québec et résidant maintenant en France. Je ne connaissais pas vraiment l’auteur, à part par son théâtre et – oh my… – quel choc! Mais sérieux… QUEL CHOC!

De quoi ça parle

À Montréal, Wahhch Debch découvre un jour le cadavre de sa femme, sauvagement assassinée. Il n’a alors cesse de poursuivre cet homme dont il connaît l’identité mais qui semble insaisissable pour la police. C’est que ce choc réveille des souvenirs d’enfance qu’il croyait oubliés et une question le hante : si on ne trouve pas le coupable, serait-ce lui-même qui a commis cette horreur?

Mon avis

Comme je le disais d’entrée de jeu, ce roman a été un choc. Extrêmement déstabilisant, dur et violent, nous allons assister à la descente aux enfers d’un homme qui perd pied et qui veut comprendre, sans savoir comment il va réagir quand il va arriver face à face avec cet homme. Une quête de compréhension des événements mais aussi une quête de soi pour cet homme né au Liban, heureux dans son couple, qui voit son quotidien se dissoudre suite à ce traumatisme.

Nous assistons donc à une course poursuite à travers l’amérique, en passant par la réserve de Kahnawà:ke et des petites villes perdues des États-Unis, sans trop savoir qui traque qui. La particularité de la narration est que nous n’avons jamais accès aux pensées du personnage principal vu que toute l’histoire est racontée par des animaux qui vont le croiser ou le suivre. Les points de vue sont donc très particuliers, influencés par ce que vit l’animal et son rapport aux hommes. J’ai adoré cette façon de faire, qui donne une vraie originalité au récit, qui est de ceux qui marquent et qu’on n’oublie pas. Chaque animal a sa voix et certains m’ont fait pleurer. Moi.

Deux petits bémols. Je ne veux pas spoiler – et c’est peut-être moi qui ai manqué un truc – mais il y a tout de même une coïncidence assez grosse au centre de tout ça. Si vous l’avez lu, j’aimerais en discuter. Y a-t-il un lien que je n’ai pas vu? Sinon c’est quand même assez énorme. De plus, une scène de sexe était selon moi un peu inutile et pour ceux que la violence animale dérange, il y a une scène en particulier impliquant des chiens… eh boy! Mais le tout s’insère bien dans l’atmosphère glauque, violente et dérangée du roman et presque tout est là pour une raison.

Ceci dit, c’est un roman qui frappe et qui dérange. Une exploration de l’animalité de l’homme, un retour aux instincts de base, qui porte à réfléchir sur la cruauté des animaux, dont l’humain, souvent le pire d’entre eux. Difficile de dire qu’on a « aimé » une telle histoire, un tel degré d’horreur et de trauma mais décidément, une vraie qualité littéraire. Virtuose, mais clairement pas pour tout le monde.

La mer verticale – Freschi/Urbinati

Quand on m’a proposé cette BD, je n’ai pas pu dire non. La couverture, le thème de l’anxiété et des crises de panique, tout me plaisait dans l’idée de base de cette BD. Je l’ai lue dans un moment de très grande anxiété, justement et je n’avais AUCUN souvenir de ma première lecture. Cest donc après l’avoir relue que j’écris ce billet.

De quoi ça parle

India, fin vingtaine, est institutrice et elle adore son métier. Toutefois, son quotidien n’est pas toujours rose car elle doit composer avec des crises de panique ainsi qu’avec le regard des autres sur sa condition.

Mon avis

J’aurai un avis en demi-teinte sur cet album. Nous sommes en présence d’un thème important, dont il faut parler et qui me touche personnellement. Du coup, je ne peux m’empêcher de comparer l’histoire qui nous est présentée avec mon vécu. D’un côté, qui suis-je pour juger de l’expérience de quelqu’un d’autre (je n’ai pas réussi à trouver si les auteurs vivent avec ce trouble) mais de l’autre les « solutions » qui fonctionnent et qui ne fonctionnent pas sont tellement contraires à tout ce que j’ai vécu moi-même que j’ai eu du mal à adhérer à une partie du récit.

Tout d’abord, j’ai beaucoup aimé le dessin, le jeu des couleurs entre les moments où les crises de panique prennent le dessus, sombres, et anxiogènes et la vie quotidienne, davantage dans les tons pastels. J’ai aimé les métaphores, la sensation d’étouffement et de perte de contrôle qui ressort à travers les planches. De plus, la BD met le doigt sur les « petites choses » du quotidien qui font que c’est difficile, autant pour la personne anxieuse que pour l’entourage. C’est que la problématique prend une place énorme dans le quotidien, autant quand les crises se produisent qu’entre celles-ci. Quand sera la prochaine?

Toutefois, la réaction des parents et des collègues est tellement énorme et tellement loin de ce que j’ai vécu personnellement que j’ai eu du mal à y adhérer. Se faire traiter de « sale p*te » en raison de crises de panique? Se faire agresser et se faire dire qu’on est « gonflée » de prendre une médication en public? Comment les gens savent-ils pour quoi sont ces pilules? Bref, c’était gros. De plus, si je peux comprendre une partie de la façon de dealer de l’héroïne, les conseils qu’elle se donne à elle-même sont exactement ce que j’ai tenté de faire avant d’accepter un suivi médical ou psychologique et qui n’ont pas fonctionné. Et tout ce qu’elle rejette comme étant inutile est ce qui a fonctionné pour moi. Toutefois, je suis parfaitement consciente que chaque personne est différente et qu’il n’y a pas qu’une seule façon de faire. Mais c’était loin de moi qui ne suis pas très « psycho pop ». Pas que ce soit mauvais, ce n’est juste pas « moi ». Ceci dit, ce n’était clairement pas à propos de moi non plus!

Une histoire nécessaire, parfois poétique et souvent touchante. À vous de voir si vous connectez ou pas!

In an absent Dream – Wayward Children #4 – Seanan McGuire

En plein mois de la fantasy, j’avais besoin d’une petite lecture courte entre deux pavés et j’ai opté pour ce tome des Wayward Children, série que j’aime énormément. J’ai un peu moins aimé le tome 3 mais de façon générale, je suis très fan de cette plume.

De quoi ça parle

Ai-je encore besoin de vous expliquer de quoi parle cette série? Nous sommes donc dans l’établissement de Miss Eleanor West, qui accueille des jeunes qui reviennent de mondes parallèles et qui ont du mal à se réadapter à la réalité. Vous pouvez vous imaginer que revenir de Neverland ou de Narnia, ça peut être un choc. Nous avons donc ici un tome du type « backstory » et nous apprendrons ce qui est arrivé à Lundy quand elle a trouvé sa porte et qu’elle s’est retrouvée au Goblin Market, là où tout doit être reconnu à sa juste valeur.

Mon avis

Je crois que ce tome est mon préféré à date. En fait, j’ai l’impression que j’aime davantage les tomes qui racontent les histoires des personnages que nous avons rencontrés dans le tome 1 aux aventures avec des nouveaux personnages. Lundy avait, dans « Every heart a doorway », l’apparence d’une enfant de 8 ans alors qu’elle était psychologue et travaillait avec Eleanor. Quand nous la rencontrons enfant, son nom est Katherine Lundy et elle sait exactement qui elle est. Une Katherine. Pas une Kate ou une Kathy. Elle est Katherine. Solitaire malgré elle, avide lectrice, effacée, elle aime suivre les règles et en trouver les failles. Quand un jour, au retour de l’école, elle découvre un arbre étrange, avec une porte portant l’indication « Be sure », en bonne fillette de 8 ans, elle va l’ouvrir et découvrir le Goblin Market. C’est un personnage auquel plusieurs lecteurs pourront s’identifier.

Le court format de l’ouvrage ne nous permet pas d’explorer le monde à sa juste valeur. Nous ne serons pas toujours témoins des quêtes et des batailles qui ont constellé les visites de Lundy dans son monde mais nous nous concentrerons davantage sur l’évolution du personnage à travers le temps, autant lors de ses visites que lors de ses retours dans le monde « ordinaire », où elle se sent étrangère, même si sa famille n’est pas volontairement maltraitante. Peut-être est-ce pour ça que les choses seront si compliquées pour elle.

L’écriture est parfaite, comme toujours, et contribue à donner cette impression de conte de fées, de magie et de destin tragique à venir. Les décisions à prendre déchirent parfois le coeur surtout que nous savons comment le tout va finir. Le monde visité est fascinant, dirigé par la logique et les règles, il se chargera lui-même de s’organiser que pour chacun paie chaque chose ou information à sa juste valeur, selon ses capacités. Le monde s’organise pour répondre aux besoins de chacun et les gens paient selon leur capacités. Ça vous rappelle quelque chose, n’est-ce pas! Plusieurs situations expliquées sont facilement mises en parallèle avec celles de notre monde et c’est ma foi très bien fait. Si on tente de tricher ou de ne pas respecter un marché? On s’endette et à la longue, il y a des conséquences à s’endetter. Mais Lundy y est heureuse. Elle est travaillante, aime les règles et les aventures comme la plupart de ceux qui ont choisi de rester. Ceux qui n’y adhèrent pas en paient le prix ou alors retournent d’où ils sont venus. On avoue que ça aide au bon fonctionnement de l’univers quand tout le monde y met du sien. Et ça fait quand même rêver.

Bref, un tome qui m’a particulièrement plu, avec des moments doux-amers, des moments de bonheur parfait et d’autres déchirants. Chacun de ces tomes est un petit bonbon… et je les savoure petit à petit!

Gallant – V.E. Schwab

J’ai reçu ce livre TROIS fois dans des boxes et en cadeau. Trois. Je me suis dit que ça devait être un signe, non?

De quoi ça parle

Olivia Prior a grandi à l’école pour filles Merilance. Sauf que nous sommes loin de la chic école privée. Il s’agit d’un orphelinat et Olivia, qui y est arrivée toute petite, n’a que le journal de sa mère pour la rattacher à son mystérieux passé. Le dernier message de sa mère pour elle? Elle est en sécurité tant qu’elle reste loin de Gallant.

Quand une lettre arrive de la part de son oncle, Olivia est rapidement envoyé dans sa maison familiale… où personne ne l’attend. Maison familiale qui, étrangement, se nomme Gallant.

Mon avis

J’ai du mal à classifier ce roman. L’écriture et l’atmosphère sont assez Middle grade… mais du côté sombre de la chose. Par contre, certaines scènes sont quand même assez difficiles pour les jeunes lecteurs (je pense à ma nièce, par exemple). Ceci dit, peu importe où le catégorise, j’ai passé un très bon moment avec ce roman, qui se lit tout seul. J’ai lu plusieurs ouvrages de l’autrice maintenant et je sais donc à peu près à quoi m’attendre. J’ai trouvé ici une atmosphère gothique, une histoire de monde parallèle, de malédiction et un vrai méchant qui fait peur. Et c’est tout à fait ce que je voulais lire à ce moment précis.

J’ai donc bien aimé cette histoire, qui prend toutefois un peu son temps avant de se mettre en place. Olivia est une fillette difficile à connaître car elle ne peut pas parler. Elle s’est aussi endurcie en raison de ce qu’elle a vécu à l’orphelinat, ne se laisse pas marcher sur les pieds et n’a pas grand chose à perdre. Son arrivée à Gallant ne sera pas si simple, son cousin est distant et semble effrayé et le manoir ne tombe pas en ruines… mais a besoin d’amour. C’est toutefois très sombre comme récit, on sombre parfois dans le presque-horrifique et certains événements font frissonner. C’est que j’ai oublié de le mentionner, mais Olivia a le pouvoir de voir les goules, sortes de fantômes en plus ou moins grand état de décrépitude.

Le roman est illustré (nous comprendrons pourquoi à la lecture), il y a des événements vraiment originaux et des moments crève-coeur. J’ai beaucoup aimé la finale, même si je l’ai trouvée un peu rapide. J’aurais pris davantage de cet univers étrange, de rêves horrifiants et d’escapades derrière le miroir… ou le mur.

Une bonne histoire qui fait peur mais qui explore aussi la notion d’héritage familial, d’appartenance et de responsabilités. Si ça avait été un peu plus long et plus étoffé, j’aurais encore mieux aimé mais en gros, une bonne lecture!

Mémoires d’Hadrien – Marguerite Yourcenar

De temps en temps, il me prend l’envie de lire un classique. J’ai loin de les avoir tous lus, surtout les classiques du 20e siècle. Je suis donc tombée sur les Mémoires d’Hadrien, et j’ai tenté le coup. Je suis une fille comme ça!

De quoi ça parle

Nous sommes en l’an 138 et l’empereur romain Hadrien, sentant sa fin venir, relate ses mémoires au futur Marc-Aurèle, son petit-fils adoptif, qui sera un jour empereur. Il y raconte certaines épisodes de sa vie militaire et amoureuse.

Mon avis

Présenté comme ça, ça semble plate hein… mais en fait, c’est passionnant. « Je me sentais responsable de la beauté du monde », nous dit Hadrien dans ces pages. Nous faisons donc connaissance avec un homme né en Espagne, dans le grand empire romain. Il est philosophe, cultivé, pacifiste et amateur de culture grecque. Contrairement à plusieurs, il n’avait pas de politique expansionniste et il porte un regard lucide sur sa vie, sa carrière et sa mort qui approche. L’autrice a réussi à s’effacer derrière l’empereur et si elle se base sur les sources historiques, nous sommes davantage sur une exploration de la psyché de l’homme, sur ses croyances et sa vision des événements qui ont marqué son existence.

Si les diverses parties traitent principalement d’une période particulière de sa vie, nous sommes vraiment dans des mémoires et non dans une pure « autobiographie fictive ». Nous avons vraiment l’impression de lire les mots d’un homme qui se sent partir et qui jette un regard sur le passé avec ses yeux de l’homme mur, à la fois bienveillant pour le jeune homme qu’il a été mais il est également assez lucide sur les conséquences de certaines de ses actions passées. Le « je » est ancré dans cette époque, avec les valeurs et les croyances de l’antiquité. La chrétienté était alors une secte et il avait une vision assez biaisée du judaïsme (et de pas mal toutes les religions monothéistes d’ailleurs). Ses propos, malgré sa sagesse, sont biaisés et ne sont pas non plus édulcorés. Le massacre du peuple juif suite à la révolte de Bar-Kokhba est évoquée et s’il est persuadé d’avoir fait la bonne chose pour protéger son empire, le lecteur d’aujourd’hui réalise la vision des choses et la façon de faire de l’époque, ainsi que ce qui était considéré comme « le bien ». Tout le pouvoir qu’avait cet homme, c’est incroyable. Il pouvait faire naître des villes limite en claquant des doigts et sa passion pour un jeune homme, Antinoüs, a changé la destinée de milliers de personnes.

Les parties sur la guerre et les déplacements militaires n’étaient pas nécessairement mes préférées et j’ai préféré les parties plus philosophiques sur la guerre, la paix et l’art et les relations humaines. C’est aussi un récit profondément intime car face à la mort, l’homme est et demeure profondément seul. Cet être intelligent et cultivé nous apparaît très humain, malgré sa grandeur.

Un propos brillant et toujours actuel, une magnifique plume et un roman que je relirai certainement un jour.

Une pincée de magie – Michelle Harrison

Lors du dernier salon du livre de Québec, j’ai pris le tome 2 de cette série, sans savoir que c’était un tome 2. La faute à la couverture, qui est vraiment super belle. Non, mais on résiste comment à une telle couverture? Voilà, CQFD.

De quoi ça parle

Betty a l’âme d’une exploratrice. Elle habite sur une île avec sa grand-mère qui tient un pub, sa grande soeur magnifiquement belle Fliss et sa petite soeur Charlie, l’espiègle. Son grand rêve? Voir le monde. Sauf que malheureusement, elle va apprendre que les femmes de sa famille sont victimes d’une malédiction qui pourait bien l’empêcher de partir à l’aventure.

Mon avis

Non mais quel chouette roman jeunesse! La couverture reflète tout à fait ce qu’il y a à l’intérieur : une île, une tour, une prison, des corbeaux, trois soeurs, des décisions pas vraiment réfléchies, beaucoup d’amour et une pincée de magie!

Nous sommes donc dans un monde imaginaire dont nous verrons presque seulement un petit archipel, celui où habitent nos trois soeurs. Il y a là un petit village, une île-cimetière et une île-prison et les fillettes aident leur grand-mère à la taverne. L’atmosphère isolée et un peu oppressante est bien rendue et on entre tout de suite dans l’histoire qui prend peu de pause et qui est bien rythmée. Il se passe toujours quelque chose, chacune des filles reste fidèle à elle-même et même si elles sont prises dans une aventure qui les dépasse, elles prennent souvent des décisions d’enfant, avec tout ce que ça implique. Et ça, c’est cool.

De plus, il y a une histoire dans l’histoire, très bien amenée, qui m’a beaucoup plu. Tout n’est pas rose, il y aura des mésaventures, des vrais méchants et des trahisons, mais ça reste middle grade et j’ai trouvé certains aspects fort originaux. Certes, certaines choses sont prévisibles, il y a quelques facilités et la fin pourrait sembler un peu trop bien attachée pour des lecteurs adultes mais pour le public cible, c’est parfait.

Une très agréable lecture avec des grandes aventures, une grand-mère qui en a dedans, de la vraie affection entre soeurs, des légendes anciennes et de la magie. J’espère vraiment que ma nièce va accepter de la lire (cette petite bestiole a parfois l’esprit de contradiction) car je pense vraiment que ça pourrait lui plaire… et elle est presque aussi chipie que la petite Charlie de l’histoire!

Diamants – Vincent Tassy

C’est dans une récap de Corn8lius sur Youtube que j’ai repéré ce roman. Ils ne l’avaient pas à ma biblio alors je l’ai fait acheter (ouais, je suis une fille comme ça) et j’avais en tête de vloguer ma lecture. Toutefois, vous me pardonnerez mais je ne suis pas à mon meilleur… et je n’ai rien vlogué du tout. Oups.

De quoi ça parle

À Œtrange, le mancien Dolbreuse a eu une vision. L’Or Ailé descendra bientôt du ciel et apportera la prospérité en Vaivre, royaume où la magie est presque disparue. Sauf que son arrivée attise la convoitise des peuples voisins et la paix est bientôt menacée.

Mon avis

Entrer dans l’univers de Diamants, c’est accepter de se laisser porter dans un univers onirique et gothique, que nous découvrons petit à petit. C’est aussi accepter d’être flottant, de ne pas tout comprendre et de se laisser aller à la langueur ambiante. Tout au long de ma lecture, j’ai « vu » cette histoire se dérouler tout doucement devant mes yeux et ça a donné un moment de lecture assez délectable.

Nous rencontrons plusieurs personnages du royaume de Vaivre. Nous avons une reine triste, dont le mari est parti pour le royaume de Ronce il y a plusieurs années; deux princesses fort différentes dont l’une semble entrer peu à peu en elle-même; un grand mancien qui semble perdre son pouvoir; un jeune homme du commun possédant un pouvoir relié aux fleurs et qui est destiné à devenir le Laquais de l’Or Ailé, cet être évanescent et distant qui apparaît un jour dans le royaume. Chacun a son caractère, ses particularités et ses défauts et ils sonnent vrai, même si nous ne faisons que les entrevoir. Vous savez, cette impression de voir se dérouler l’histoire à travers un filtre? C’est tout à fait ce que j’ai ressenti en lisant ce roman.

Impossible de ne pas mentionner la plume poétique de Vincent Tassy. Le vocabulaire est riche, il y a une grande place laissée à la couleur, à la lumière, le ton mélancolique, c’est rempli d’images et de réflexions sur l’histoire, la mémoire et l’humanité en général. C’est beau, un véritable plaisir de lecture. Limite que nous avons envie d’en lire des parties à voix haute. Le résultat est un univers éthéré, un peu conte de fées, avec des légendes qui lui sont propres. Il faut cependant accepter que les aspirations des personnages soient différentes des nôtres et qu’ils soient dant un tout autre schéma de pensée.

J’aurais peut-être aimé que certains éléments révélés à la toute fin soient davantage disséminés dans le roman, même si cette structure donne aussi un petit quelque chose au récit. J’ai aussi eu de la difficulté avec les prénoms-inventés-en-A. Il y en a plusieurs et je devais toujours regarder deux fois pour être certaine de qui/quoi on parlait! C’est ça quand on ne prononce pas les mots pour vrai dans notre tête! Et bon… bougonnage de québécoise. Un personnage s’appelle Mauront. En bon québécois, un « moron », c’est un tapon, un taouin, un imbécile. Comme en anglais quoi. Ça m’a… perturbée! Surtout que j’aime le personnage.

Une très belle découverte, une histoire intrigante, avec plein de personnages queer, que je recommande à ceux qui aiment les récits lents et presque contemplatifs, même dans les moments d’action. Il faut également accepter le flou. Après tout, il ne faut pas trop en savoir sur les Anges…