10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange – Elif Shafak

J’aime beaucoup Elif Shafak. Je trouve qu’elle a un vrai talent pour faire comprendre certaines réalités turques et pour nous embarquer dans des histoires avec des personnages souvent hors-norme. Bon, je parle comme si je la connaissais par coeur… mais en fait, c’est seulement le 2e roman que je lis d’elle. Crédible, vous avez dit crédible?

De quoi ça parle

Tequila Leila a été assassinée et elle git dans une benne à ordure d’Istanbul mais pendant 10 minutes et 38 secondes, son esprit va vagabonder et revoir certaines scènes de ce qui a été sa vie. Elle verra son enfance, sa famille, celle dans laquelle elle est née et celle qu’elle s’est choisie.

Mon avis

Elif Shafak réussit définitivement à me transporter en Turquie à chaque fois que je la lis.  Ce roman débute dans les années 60 et nous fait traverser plusieurs décennies avec un personnage principal qui ne cadre pas dans ce que la société voudrait lui imposer. Comment va-t-elle passer de son village aux bordels d’Istanbul? Le personnage de Leila (née Leyla) est très touchant et on parvient facilement à la comprendre, même si elle prend des décisions qui nous ne nous correspondent pas. Déjà petite fille, elle semble perdre le contrôle de sa vie au profit de ses parents, de la société turque qui ne laisse les femmes être maîtresses de leur destinées. 

Toute la première partie, pendant les fameuses 10 minutes et 38 secondes, est à la fois onirique, poétique et très fluide. J’ai été effarée par certains éléments de la partie sur la famille et la petite enfance. L’injustice et la façon dont les femmes sont traitées sont révoltantes. En plus du parcours de Leila, nous rencontrons aussi les Cinq, ceux qui seront toujours là pour elle, eux aussi en marge de la société pour diverses raisons. Ils sont à la fois fantasques et émouvants et prennent l’avant-scène dans la 2e partie, que j’ai toutefois moins aimée que la première. Plus burlesque, souvent drôle et déchirante, j’ai eu besoin d’un moment pour intégrer la coupure entre les deux ambiances et on aurant presque dit deux romans différents. La fin rattrape, toutefois. 

Un roman qui traite de la différence et qui nous raconte divers parcours d’humains qui tentent de faire leur chemin  dans un sentier qui ne ressemble en rien à ce qui avait été prévu pour eux. Une plume qui m’atteint toujours autant… et, encore une fois, je vais continuer à lire l’autrice. 

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