Les coeurs de ferraille – 1 – Debry, Cyrano et moi – BéKa / Munuera

Quand il y a « Cyrano » dans le titre, j’accours. Cyrano avec un côté steampuks, limite que je vole! Et c’est pour cette raison que j’ai sorti rapidement cette BD lors du week end en bulles de Steff de Pikiti.

De quoi ça parle

Nous sommes dans un univers rétrofuturiste qui ressemble au 19e ou au début du 20e siècle, mais où les tâches moins « nobles » ont été confiés à des automates pouvant penser. Notre jeune héroïne est solitaire et très attachée à Debry, sa nounou qui s’occupe d’elle depuis qu’elle est petite. Sa seule amie est dans un écran et ensemble, elles écoutent Cyrano de Bergerac. Quand sa mère renvoie Debry pour une broutille, la fillette va partir à sa recherche.

Mon avis

Quel plaisir que cette BD jeunesse! C’est une histoire qui peut sembler classique mais j’ai beaucoup aimé le twist rétrofuturiste qui comporte tout de même des éléments provenant de diverses époques. De plus, une pré-adolescente qui ne se sent pas bien dans son univers et qui cherche sa place, c’est assez universel comme thème. Ici, on rajoute un élément de course poursuite, des robots et Cyrano… et ça passe super bien!

Je me suis tout de suite attachée aux personnages et aux robots, qui font preuve de plus d’humanité que les humains. Le parallèle avec l’esclavage est clair et la différence de moyens entre les puissants qui chassaient et les esclaves en fuite est mise en avant. Il y a des scènes difficiles mais aussi de l’espoir et la beauté du monde. Bref, ça passe super bien même si ça va un peu vite pour une intrigue en particulier (surtout s’il y a un tome 1).

Le graphisme n’est pas nécessairement un coup de coeur mais il va bien avec l’époque qui nous est proposée et les plans sans parole sont très cinématographiques. Et que dire d’une certaine scène d’attaque! Un élément aurait pu être discutable étant donné le groupe d’âge visé. Toutefois, j’ai trouvé que l’auteur le traitait assez bien, en expliquant et en ne laissant pas passer. Disons qu’un personnage a des preuves à faire et c’est très bien!

Je lirai clairement la suite quand elle sortira vu que j’aime beaucoup la poésie qui ressort de cet album malgré le ton assez sombre et le temps gris. Et les références à Cyrano… je ne m’en lasse pas!

C’était ma BD de la semaine

Tous les billets chez… cette semaine

Perdido Street Station – China Miéville

C’est mon amie Yueyin qui m’avait offert ce roman… en 2008 je pense. Lors de mon déménagement, je l’ai rescapé lors de mon déménagement-éclair et j’ai eu une subite envie de le lire pour le Pumpkin Autumn challenge. J’ai lu « steampunk » sur la 4e et j’ai décrété que ce serait ma SF/écologie/post-a pour le dit challenge. Bon. C’est davantage un mix d’urban fantasy/steampunk qu’un post-a mais on a un sérieux problème écologique dans cette ville de Nouvelle Crobuzon. Donc ça compte.

De quoi ça parle

Oh boy. Ce ne sera pas simple d’expliquer.

Nous sommes donc dans la ville de Nouvelle-Crobuzon, ville tentaculaire, glauque, sale et où cohabitent plusieurs espèces différentes, dont les humains. Imaginez une époque victorienne un peu totalitaire (et sans reine Victoria), au début de l’industrialisation, mais avec certines innovations scientifiques style steampunk. Regardez les couvertures et ça va vous donner une idée. Dans cette ville, nous avons Isaac Dan ver Grimnebulin, scientifique qui poursuit des recherche fort nébuleuses. Il vivote dans son laboratoire partagé avec des collègues, fête parfois avec Lin, son amante Khépri et n’est pas vraiment bien vu de ses supérieurs. Un jour arrive dans son atelier Yagharek, Garuda venant du désert, homme-oiseau qui a eu les ailes coupées suite à un châtiment dans son pays natal. Celui-ci veut voler à nouveau et il croit qu’Isaac pourra l’aider. Ses recherches improbables vont mettre en péril toute la ville de Nouvelle-Crobuzon.

Mon avis

J’essayais de décrire le genre de ce roman tout à l’heure mais on pourrait juste dire « weird » aussi. Ce serait très bien décrire ce gros roman (ce sont deux tomes mais en anglais, c’est un seul livre). Ça date du début des années 2000, ce n’est pas facile d’accès et ça demande un vrai investissement de la part du lecteur. Pendant le 2/3 du tome 1, tout ce que je trouvais à en dire, c’est « je lis vraiment un truc weird et je ne sais pas du tout où ça s’en va ». Par contre, une fois passé ce cap, quand j’ai commencé à voir où ça s’en allait et comment tous ces petit morceaux d’histoires allaient s’emboiter, j’ai adoré. Je n’étais pas vraiment attachée aux personnages mais comme la Fileuse, ce roman est une vraie toile où chaque événement influence chacun des autres et où chaque fil est noué à la fin, mais pas nécessairement comme on l’envisageait au dépar, avec une ville qui devient pratiquement un personnage à part entière.

Entendons-nous, au début, j’ai eu peur. La litanie dans ma tête, c’était « trop d’adjectifs, trop d’adjectifs, trop d’adjectifs ». Et oui, il y en a beaucoup. Particulièrement pour décrire les dégueulasseries diverses et variées de la ville qui aurait besoin d’un bon coup d’aspirateur géant. Toutes les sécrétions corporelles et odeurs nauséabondes possibles y passent. Certes, ça aurait pu être un peu plus light de ce côté, la prose peut être parfois indigeste (surtout si on vient de manger), le vocabulaire est riche, recherché et malgré toute cette atmosphère puante, l’auteur réussit à créer une étrange beauté dans cette ville tentaculaire, grouillante et multi-espèces. Bien entendu, l’auteur en profite pour comparer les différents quartiers, leurs habitants ainsi que les interactions entre eux. Racisme, anti-industrialisation et anti-capitalisme sont donc explorés sans être nommés comme tels… mais bon, quand même.

C’est donc un roman qui est monté en puissance pour moi. De dubitative au début, j’ai fini enthousiaste et la fin m’a beaucoup plu. J’ai aimé pour l’univers, pour cette ville folle, pour l’atmosphère et pour l’intrigue complexe. Il y a une vraie profondeur dans ces aspects, et ce même si les personnages en soi ne sont pas nécessairement attachants. La preuve, à un moment, j’ai fondu en larmes sans m’y attendre, c’était pour un personnage qui, je crois, n’a pas une seule vraie ligne de dialogue. J’ai trouvé certaines parties extrêmement difficiles à lire. Quand on se retrouve devant des choix impossibles, que finit-on par faire? Et j’ai fini par apprécier la prose et à cesser de remarquer les adjectifs!

Une lecture après laquelle j’ai eu besoin de prendre une journée ou deux de pause tellement j’étais immergée dans cet univers. Pas pour tout le monde, des personnages principaux surtout masculins (sans pour autant que les femmes soient occultées), mais une vraie originalité dans le monde proposé, surtout en tenant compte que ça date de plus de 20 ans. Je relirai clairement l’auteur pour son imagination débridée et lire quelque chose de vraiment différent.

Ainsi gèlent les bulles de savon – Marie Vareille

Soyons honnête, si je n’avais pas reçu ce roman en service presse, je ne crois pas que je l’aurais choisi pour moi-même. Je n’ai d’ailleurs pas relu la 4e en le prenant. Toutefois, j’aime généralement ce que fait Marie Vareille et je me suis dit que cette lecture pourrait être une bonne idée. Finalement? Je pense que c’est un cas de « ce n’est pas toi, c’est moi ».

De quoi ça parle

Trois destins de femmes dans trois pays différents. Claire apprend sa grossesse le jour même où elle perd son emploi. Océane est une étudiante insécure qui cherche sa place et découvre qu’elle veut écrire. Une femme anonyme, en Indonésie, raconte dans son journal pourquoi elle est partie, pourquoi elle a abandonné son bébé. Quel lien unit ces trois histoires?

Mon avis

Le thème de la maternité est ce qui prime dans le roman et il est ma foi très bien abordé. Toutefois, ce n’est pas une thématique qui m’attire particulièrement, n’ayant jamais eu vraiment envie d’être mère… et sachant parfaitement que ça aurait été une totale catastrophe! Du coup, j’ai été moins interpellée que d’autres par ces histoires qui traitent de certes féminins, mais pas le biais de la maternité, qui ne vient pas toujours immédiatement, facilement. Il faut ajouter que le thème de la reconstruction de soi n’est pas toujours mon préféré en littérature. Ce n’est pas un roman feel good, mais il y a un côté lumineux à travers les nuages qui en rappelle parfois le ton. En gros, j’ai passé un bon moment avec ce livre mais ce n’est pas le coup de foudre absolu que la plupart de mes copines ont eu. Parce que c’est moi.

Bien entendu, on voit assez rapidement comment les histoires sont entrelacées mais ça n’enlève rien au récit. Nous rencontrons trois femmes blessées, qui se cherchent, et qui doivent comprendre comment elles comptent poursuivre soit en tant que mère ou en tant que femme. Les trois voix sont touchantes, particulièrement le journal de la femme qui n’a pas pu, qui est partie, dépassée par les événements, par la maternité et la dépression post-partum, si souvent banalisée. Le fait de traiter de ce sujet dans un roman grand public est pour moi nécessaire, ayant connu plusieurs femmes dans la situation qui se sentaient seules, coupables, mauvaises mères… des fois, ce n’est pas immédiat. Pas simple. Et toutes les injonctions qui sont faites aux femmes, aux mères, à ce qu’elles « devraient » faire pour être une mère instagram parfaite n’aident pas nécessairement, même si c’est souvent fait avec une bonne intention. C’est ce que ce roman nous fait réaliser, à travers des histoires personnelles différentes mais qui se ressemblent quand même.

Mon seul vrai bémol littéraire serait le personnage du père d’Océane, vrai « méchant Disney » qui n’a jamais un seul bon mot pour personne, qui est complètement narcissique, manipulateur et qui semble aimer faire mal aux autres. J’ai toujours du mal avec ce genre de personnage qui m’apparait toujours moins bien construit que les autres, sans zone de gris. Toutefois, j’imagine que ce genre de personne existe… même si je n’aime pas du tout les lire hors de la fantasy!

Un roman qui touchera de nombreuses personnes, qui fera réfléchir et qui donnera sans doute de l’espoir à plusieurs. Une jolie plume très fluide, très accessible et des femmes qui sonnent vrai. C’était juste une rencontre en demi-teinte pour moi. Parce que moi.

Les Poules des Prairies partent en tournée – Dawn Dumont

J’aime beaucoup ce que fait Dawn Dumont. Son humour, sa façon de parler des siens, de sa communauté (Okanese de Saskatchewan) me plait énormément et je vous ai parlé de « On pleure pas au bingo » et de « La course de Rose » il y a quelque mois/années. Bref, un autre roman, j’étais all in!

De quoi ça parle

Nous sommes en 1972, Nadine et ses glorieuses Poules des Prairies ont prévu une tournée de pow wow de danse traditionnelle en Europe, rien de moins. Sauf que, pour une petite histoire de bouffe avariée de rien du tout, toutes les Poules sont clouées à leur bol de toilettes et John Greyeyes, cowboy solitaire, va se retrouver responsable d’une troupe de 4 danseurs tout sauf expérimentés et pas nécessairement coopératifs. Une tournée qui ne va clairement pas se dérouler comme prévu.

Mon avis

J’ai retrouvé ici l’humour que j’aime dans les écrits de Dawn Dumont. On va même un peu plus loin car on est presque dans du vaudeville par moments! Imaginez la situation : quatre autochtones des prairies (ils se nomment eux-même des Indiens mais je ne suis pas hyper à l’aise de le faire donc on va rester avec autochtones) qui partent à la dernière minute, sans entraînement, faire une tournée en Europe. On a John, cowboy solitaire qui préfère les animaux aux humains (du moins le pense-t-il). On a Desiree, jeunette de 19 ans beaucoup plus intéressée au flirt qu’aux danses traditionnelles, accompagnée de sa tante Edna, dévote près de la quarantaine rongée par l’arthrite. Genre, des fois ses genoux plient quand elle essaie de danser. Finalement, un danseur venant des États, arrogant comme tout et qu’ils n’ont jamais vu de leur vie. Ça ne peut pas bien aller.

Nous avons donc tout ce beau monde qui partent et Nadine, la directrice qui a mis tous les efforts est sans connaissance : ils vont faire SA tournée sans elle. Pas question! Ça va être un beau clash et c’est par moments hilarant, par moments touchant. Les mécanismes de défense de chacun deviennent de plus en plus évidents à mesure qu’on tourne les pages et l’autrice en profite pour glisser des thèmes comme la colonisation, le racisme, le sexisme, la politique… et plusieurs, plusieurs autres. Rappelez-vous que nous sommes dans les années 70 et les réactions de nos personnages en comparant ce qu’ils vivent au Canada et la façon dont ils sont perçus en Europe sont criantes de vérité… et comiques à la fois. Je les imagine tellement regarder ce qui se passe d’un regard incrédule! Non mais ils sont fous ces Blancs!

Bref, il arrive BEAUCOUP de choses dans le roman. Ils font une erreur après l’autre, se mettent dans le pétrin de façon impressionnante, le tout avec stoïcité d’apparence. J’ai beaucoup aimé les parcours de John, à qui ce voyage ouvrira les yeux ainsi que celui d’Edna, qui énerve avec son aveuglement mais dont les réactions nous surprennent souvent. J’ai beaucoup aimé la fin qui nous donne une autre façon de voir les choses.

Toutefois, je trouve qu’il y a trop de sujets sociaux abordés, parfois uniquement survolés. Le roman aurait pu gagner en intensité si certains d’entre eux avaient été approfondis un peu plus. Par exemple, l’histoire de l’avion apportait pour moi peu au récit à part insérer une cause supplémentaire. J’aurais aimé aussi mieux comprendre Lucas et ressentir davantage de sympathie pour Nadine.

Ceci dit, Dawn Dumont est une autrice que je vais continuer à suivre. Auto-buy for me!

Gagner la guerre – BD – Tomes 2-3-4 – Jaworski/Genet

Ceux qui me suivent le savent, j’adore Gagner la guerre de Jaworski. Avant de me lancer des tomates, JE SAIS. C’est basé sur l’Italie de la renaissance (ou dans ce bout là), ce sont des histoires où les mecs sont les héros, il ne faut pas trop chercher les femmes, il y a une scène de viol assez horrible dedans. Je sais. Mais depuis le début, certes, Benvenuto est drôle mais ce n’est pas un gentil. C’est clair depuis la page 1. Il tue, vole, trahit à foison, sans remort aucun et il évolue dans un univers patriarcal. Il faut le savoir. Mais on est en fantasy adulte et rien à faire, j’adore toutes ces magouilles et ce monde où il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Du coup, la BD, c’était évident que j’allais la lire.

De quoi ça parle

Je crois vous en avoir un peu parlé en intro mais je peux vous renvoyer à mon billet sur le tome 1 (qui est mystérieusement disparu de chez moi) ou sur le roman pour avoir des détails. Mais il y a une guerre avec le royaume de Ressine, la guerre sera gagnée, comme le titre le précise, mais après la guerre, les magouilles ne sont pas finies.

Mon avis

J’aime me replonger dans cet univers. Est-ce que j’aimerais autant si je n’avais pas lu le livre avant? Soyons franche, probabement pas. Le format BD oblige un déroulement rapide des événements, se focalisant surtout sur les éléments violents et nous coupe de ce qui est le plus intéressant : les pensées tordues, rétrogrades mais aussi intelligentes et drôles de Benvenuto qui reste fidèle à lui-même. On l’a un peu dans la BD mais beaucoup moins que dans le roman et si dans ce dernier on n’excuse pas le côté sans scrupule du personnage principal, on peut au moins mieux saisir son schème de pensées.

Toutefois, si vous avez lu et aimé le roman, je suis pas mal certaine que vous aimerez les courses poursuites sur les toits, les duels, les regards de côté et les magouilles des différents personnages illustrées dans la série de BD (il reste un tome à sortir). On comprend facilement l’histoire, Benvenuto et Leonido Ducatore sont machiavéliques à souhaits, tout le monde a une idée derrière la tête et ça se sent. Je suis toujours aussi fan des plans des villes et des paysages. J’ai le tome 2 en noir et blanc et la double page d’ouverture… c’est tellement magnifique!

Ceci dit, l’histoire est complexe et il faut être attentif à qui est qui pour bien saisir les détails et l’ampleur des trahisons diverses et variées. Ici, ça va vite (notamment pendant la période d’exil), nous n’avons pas droit aux suppositions diverses et variées de Benvenuto et il faut s’accrocher pour bien comprendre les buts des différentes factions politiques de Ciudalia. Mais comme je savais d’avance, j’ai passé un bon moment et j’ai enchaîné les trois tomes dans la soirée. Je lirai clairement le dernier. Clairement.

C’était ma BD de la semaine

Tous les billets chez… cette semaine

Pax et le petit soldat – Sara Pannypacker

Encore cette année, le Pumpkin Autumn Challenge nous invite à lire des romans automnaux. Cette année, il faut lire/commencer une duologie. Et en plus, ça se passe dans la forêt alors ça passe parfaitement.

De quoi ça parle

Le père de Peter doit partir à la guerre et il amène son fils chez son grand-père, à 500 km de là. Le seul souci, c’est que Peter a un renard et son père ne veut surtout pas « imposer la bête » à son grand-père. Il va donc devoir libérer Pax, son renard, dans la nature. Toutefois, il réalise vite qu’il doit le retrouver et décide de parcourir le pays à travers bois afin d’y arriver. Pax, quant à lui, doit apprendre à survivre dans la nature et à rencontrer les autres membres de son espèce.

Mon avis

Je ne m’attendais à rien en ouvrant ce roman. En fait, je l’ai choisi non seulement pour le côté duologie mais en raison de la couverture dessinée par Klassen. Je ne m’attendais clairement pas à pleurer à la première scène. L’autrice reste volontairement vague sur l’espace et le temps. On ne sait trop quand se déroule le récit, ni où, et il y a juste assez de références modernes pour que les jeunes puissent se sentir concernés. Genre, nous ne sommes clairement pas au Moyen Âge.

J’ai beaucoup aimé l’histoire, surtout du côté de Peter, qui va faire des rencontres au cours de sa quête et ainsi apprendre à se découvrir lui-même. J’ai toujours un faible pour les passages à l’âge adulte en période trouble. On a une très belle évolution du personnage et on comprend petit à petit les blessures du jeune homme, le tout fait très intelligemment. C’est d’ailleurs ce que j’ai préféré dans ce roman : on fait confiance au jeune lecteur, tout n’est pas prémâché. La plume est très jolie (j’ai juste un souci avec l’utilisation d’un mot… je vais devoir aller valider dans la VO pour bien comprendre) et les deux voix, très distinctes et différentes, tiennent en haleine. Peter va-t-il retrouver son renard. Et Pax, lui, va-t-il survivre dans la forêt alors qu’il n’a jamais mangé autre chose que des croquettes?

On y rencontre de beaux personnages, l’atmosphère est réussie et quand nous sommes avec le renard, nous nous trouvons à penser en renard, en utilisant les sens différemment. Ça parle d’amitié, d’ouverture à l’autre, de responsabilité et d’affection entre l’humain et l’animal. Les illustrations sont très belles et permettent de bien s’immerger dans l’univers.

Une très belle lecture donc et une agréable surprise. Je lirai le tome 2… pour le challenge de l’an prochain.

Bienvenue Alyson – J.D. Kurtness

J’ai lu cette nouvelle il y a quelques mois. J’ai écrit un billet. Et j’ai oublié de le publier, probablement en raison de toutes mes récentes aventures. Donc, voici cet avis. Mes réponses aux commentaires risque d’être… imprécises. Je m’en excuse d’avance. J’avais donc choisi cette nouvelle car j’avais bien aimé ce que j’ai lu de cette autrice innue auparavant (sa nouvelle dans Wapke… j’avais adoré). C’était un peu une valeur sure.

De quoi ça parle

Je ne vais pas trop en dire car nous parlons ici d’une nouvelle de 40 pages. Nous sommes donc dans ma région à moi, près d’Alma, quand Francine, une cinquantenaire, disparaît dans la forêt, quelque chose de plus grand semble se déclencher.

Mon avis

Bâtir toute un univers SF en quelques pages, c’est tout un défi. Ici, l’autrice réussit à mettre en place une atmosphère inquiétante et on sent rapidement que ce qui commence comme une disparition isolée va rapidement prendre des proportions beaucoup plus grandes… et inquiétantes.

J’ai beaucoup aimé l’idée derrière la nouvelle ainsi que le côté nature, forêt. Je suis fan de l’écriture de l’autrice, de son humour et de sa façon de juxtaposer les scènes pour nous amener là où elle veut. Lire une telle nouvelle en contexte de pandémie, ça fait un peu peur mais pas que. Une genre de béatitude pandémique.

Ceci dit, comme souvent pour les nouvelles, surtout en SF, c’est que j’en aurais pris plus. Plus de construction, plus de philosophie sous-jacente, plus de développement des personnages… bref, j’aurais pris un roman, ce qui fait que je suis un peu restée sur ma faim! Ce qui n’était pas le but visé par l’auteur mais, si jamais elle a envie de pondre quelque chose de plus long… je suis preneuse. Mais genre, immédiatement!

Le chat qui voulait sauver les livres – Sôsuke Natsukawa

Non mais comment on résiste à un tel titre et une telle couverture quand on aime les livres? C’est simple, on ne résiste pas. On le demande et on le lit. Toutefois, je le dis d’emblée, ça n’a pas été la lecture du siècle pour moi.

De quoi ça parle

Le jeune Rintarô Natsuki vient de perdre sa seule famille proche, son grand-père, avec qui il habitait dans une très belle librairie d’occasion. Alors qu’il s’apprête à partir vivre avec une tante éloignée, il a la surprise de voir surgir de nulle part un chat qui parle et qui va lui demander sa force pour sauver les livres.

Mon avis

Ce thème avait tout pour me plaire. Habituellement, quand il est question de livres qui parlent de livres, j’adhère. Imaginez : une librairie chaleureuse remplie de belles éditions, avec l’odeur du thé. Que demander de plus? Je comprends parfaitement que ce roman a trouvé son public et qu’il ait été traduit dans 36 langues mais avec moi, il a raté sa cible. J’en retiendrai quelques jolies phrases disséminées ici et là… mais c’est à peu près ça.

Je reproche surtout à ce roman un certain élitisme, une certaine façon de voir la lecture et la littérature qui ne me rejoint pas. Entendons-nous j’adore les classiques, j’adore relire mes livres, voir le monde avec un autre regard que le mien. Toutefois, j’aime aussi être divertie et je crois sincèrement que chacun peut bien lire ce qu’il veut, comme il le veut. J’ai donc été dérangée par certains aspects des messages qui sont transmis, à grands traits, en enfonçant certaines portes ouvertes.

Avant de me dire que j’ai manqué l’aspect « fable » et que je suis passée à côté des métaphores, don’t worry, je les ai vues. Je les ai juste trouvées faciles et je comprends qu’il s’agit de l’amour des livres, de ce qu’ils nous font ressentir et comment ça se répercute dans nos vies. J’ai compris ça. J’ai juste trouvé ça un peu donneur de leçons.

Finalement, j’ai trouvé la plume trop simple, manquant de grâce. J’ai eu l’impression de lire une plume destinée à un public jeunesse, où tout . Les missions résolues avec quelques mots, bref, il m’a manqué de substance, malgré le thème du deuil qui est en arrière-plan.

Ceci dit, je suis un peu le mouton noir car je ne lis presque que des bons commentaires au sujet de ce roman. À vous de voir!

Le choeur des femmes – BD – Mermillod / Winckler

J’ai lu le roman de Martin Winckler il y a quelques années et il m’avait beaucoup marquée à l’époque. Les violences gynécologiques, la médecine des femmes, c’est un sujet que je ne connaissais absolument pas avant cette lecture. J’ai donc eu un peu peur d’une adaptation BD mais je dois avouer que c’est ma foi très réussi. Mais je m’explique.

De quoi ça parle

Jean veut aller en chirurgie. Couper, drainer, idéalement pour des opérations compliquées. L’aile des femmes, non merci. Dans sa tête, c’est le département des plaintes et elle, le contact avec les patients, ce n’est pas son fort. Efficacité, efficacité, efficacité. Quand arrive son assignation avec le Docteur Karma pour son dernier stage, disons que ça ne fait pas son affaire et lui, il n’a aucune envie d’endurer l’interne qui ne veut rien savoir pendant six mois. Ils font donc un pacte. Une semaine. À sa manière à lui. Et ensuite, Jean sera libre de rester ou de partir.

Mon avis

Au départ, nous avons un roman, avec une vraie histoire en trame de fond mais qui se veut aussi un commentaire sur les violences gynécologiques, la piètre qualité des soins de santé pour les femmes et le sexisme dans la médecine en général. Ok, surtout. Ça se veut surtout ça. Mais avec une vraie histoire. Vous comprenez donc pourquoi je me demandais comment ce serait adapté en BD. Et sincèrement, c’est une réussite. Aude Mermillod réussit à nous faire nous attacher aux personnages mais aussi à nous présenter des entrevues et des portraits de femmes en tant que personnes. Même si on est en gynéco, on parle de la personne et non de ses parties génitales.

La BD traite donc de mysoginie, de sexisme, du corps de la femme, de sa diversité et de son évolution. Il y a aussi une réelle discussion sur le traitement des femmes en médecine. Le Docteur Karma refuse les diktats de plusieurs de ses confrères/conseurs et aborde ses patientes avec bienveillance et humilité. « Racontez-moi », demande-t-il. À travers la BD, nous allons mieux comprendre son cheminement vers le médecin qu’il est aujourd’hui. Et sérieusement, on vous a déjà fait vous déshabiller au complet pour un examen gynéco? Sérieux? J’ai failli tomber en bas de ma chaise.

Le parcours de Jean, jeune médecin en quête de performance, est particulièrement intéressant. Ce personnage est tout sauf uni-dimentionnel et son évolution est passionnante. J’étais – encore une fois – toute bouleversée à la fin. Une véritable leçon, que je recommande à tout le monde.

Tous les billets chez Fanny cette semaine

 La Dame n°13 – José Carlos Somoza

J’avais mis ce roman dans mon challenge ABC… 2007. Et je l’ai finalement lu 15 ans plus tard. Non mais y a-t-il quelqu’un qui est vraiment surpris? En fait, je l’ai redécouvert en déménageant ma bibliothèque suite au glissement de terrain car, avouons-le, j’avais totalement oublié son existence.

De quoi ça parle

À Madrid, un jeune professeur poète et une prostituée qui viendrait de Hongrie font le même mystérieux et horrible rêve : un manoir, des meurtres, un mystérieux aquarium aux reflets verts. Quel lien y a-t-il entre ces cauchemars et les treize Dames, les treize sorcières du verbes, qui ont fait de la poésie la plus cruelle des armes?

Mon avis

Non mais pourquoi ai-je attendu si longtemps avant de lire ce roman? Nous sommes clairement dans le registre de l’horreur, entre fantastique et réalisme magique et si les descriptions de tortures ne vous font pas peur, il faut que vous lisiez cette histoire. Il y a du trigger ici!

Je suis toujours fan de ces ambiances nébuleuses où les personnages nagent dans l’inconnu, où il faut accepter de ne pas tout comprendre ou alors de comprendre plus tard. Les coïncidences s’expliquent et la machination dans lesquelles nos personnages, fort différents d’ailleurs, sont pris malgré eux, sans grand espoir de s’en sortir vivants, est terrifiante. J’ai été passionnée par ces 550 quelque pages qui se lisent toutes seules et qui m’ont fait un peu peur. Nous sommes entre rêve et réalité et l’idée de la puissance des mots, de la poésie qui devient une arme qui peut torturer et détruire, sans que personne ne puisse rien y faire. Le références aux mythes, aux muses sont omniprésentes et fonctionnent parfaitement.

Un récit certes un peu gore mais une réflexion hyper intéressante sur le pouvoir des mots et une construction qui fonctionne. Pas de révélation qui nous fait tomber en bas de nos chaises mais une découverte de la réalité petit à petit, bien rythmée. C’est onirique, insolite, terrible et fascinant. J’ai adoré la plume, adoré l’atmosphère, c’était la lecture dont javais besoin à ce moment-là!

Non mais des muses! Des poèmes! Juste pour ça, il faut tenter!