Le chant d’Achille – Madeline Miller

Ce roman, on le voit partout partout. On me l’a vendu et survendu en me vantant son originalité et en me précisant que c’était une réécriture queer de l’Iliade. J’ai tout de suite eu des doutes. L’Iliade, je connais. Et j’adore. Tout de suite, je me suis questionnée… parce qu’entendons-nous, même la version originale est pas mal queer d’avance. Je ne vous révélerai pas le punch (au cas où) mais bon… Achille dégomme beaucoup de gens pour une raison en particulier, quand même…

De quoi ça parle

Faisons ça simple : c’est l’Iliade, racontée par Patrocle. Ok, c’est quand même un peu plus que ça. C’est aussi l’histoire de leur jeunesse à tous les deux, avec quelques petites modification. En, fait c’est la romance d’Achille et Patrocle.

Mon avis

Vous la sentez, ma déception, dans ma façon de parler de ce roman? Pas que j’aie quelque chose à lui reprocher dans sa forme ou son contenu mais je n’y ai pas trouvé l’originalité et l’innovation attendue. En fait, il apporte un regard sur l’homme derrière le héros, vu qu’Achille est vu à travers les yeux de celui qui l’aime. C’était pas mal mais pour moi, on est loin du chef d’oeuvre que j’espérais y trouver vu la hype.

Nous rencontrons donc Patrocle, le narrateur, alors qu’il est enfant. Il sera exilé et dépouillé de ses titres et envoyé en Phtie dans la cour de Pelée, où il rencontrera Achille, qui deviendra son ami intime et son amant. Patrocle est… plaignard et passif. Sa vie tourne autour d’Achille. Achille qui, vu par ses yeux est tellement merveilleux, beau, avec ses cheveux de miel et son aura solaire. Bref, the guy’s hot . On sait qu’il aime Patrocle mais on commence à voir sa personnalité seulement à la guerre, dans la dernière partie du livre. Avant, on sait qu’il est beau. Et c’est pas mal ça.

Ceci dit, mon avis est hautement minoritaire car ce roman a plu à 95% de la planète. Si vous cherchez un roman d’amour (je ne dirai pas une romance car si vous savez comment ça finit, on s’entend que ça ne respecte pas les codes) où les deux personnes s’aiment clairement, où il n’y pas d’espèce de problème de communication sorti de nulle part pour faire avancer l’histoire et où la relation est sweet, ça va vous plaire. Ceci dit, j’ai trouvé long, mais long! Toute la première partie a été pour moi in-ter-mi-na-ble. J’ai failli abandonner au moins 25 fois et ce que j’ai préféré a été… la fin. Principalement le dernier chapitre, qui était très bien.

Bref, lecture en demi-teinte pur moi mais ce n’est pas ma réécriture préférée. Avoir su que c’était « romantique » à ce point, probablement que je ne l’aurais pas lu, étant donné que je suis moi! Mon personnage préféré à été Ulysse! Je prendais bien l’histoire d’Ulysse par l’autrice tiens! Sa vision du personnage de plaît!

L’Appât – José Carlos Somoza

Ceux qui me suivent sur Insta savent maintenant que j’ai décidé de lister, ranger et épurer ma bibliothèque. C’est le travail d’une vie, je n’y arriverai clairement jamais, mais dans une énorme pile à lire jamais référencée vu que tout le monde me donne des livres et que parfois, je ne regarde même pas! Bref, j’ai vu cette couverture, réalisé que ça avait été écrit il y a plus de 10 ans et que ce serait donc parfait pour le Black November. En plus, ma lecture de « La dame numéro 13 » a été marquante… je l’ai donc lu.

De quoi ça parle

Diana est un Appât. Elle a été entraînée, elle est puissante et elle est une arme létale. Ses munitions? La connaissance des psynomes et des masques, lui permettant de donner à ses proies ce qui lui offre le plus de plaisir et ainsi le détruire. Elle a 25 ans, est en amour, et a décidé de prendre sa retraite mais quand sa petite soeur sera envoyée sur le terrain pour attirer le Spectateur, un tueur en série, elle choisit de reprendre du service.

Mon avis

Vous n’êtes pas certains de tout comprendre? C’est normal. Même pendant les 100 premières pages, vous ne comprendrez pas tout et c’est normal. C’est Somoza quoi! Il faut aussi accepter d’embarquer dans cette fascinante théorie (totalement imaginaire) que nous propose l’auteur. Des séries de mouvements, de poses et de contrastes qui peuvent posséder les gens, et ces profils, ces philia, seraient codés et représentés dans les pièces de Shakespeare. Comment on résiste à une telle théorie? Surtout quand ça donne l’occasion pour l’auteur de parler de différents aspects des pièces. J’ai déjà dit que j’adorais Shakespeare hein?

Ce roman est sombre, parfois glauque et n’hésite pas à descendre dans les recoins les plus sombres de la psyché humaine. Certains éléments sont très troublants, même si l’auteur évite l’écueil de décrire en trop de détails les tortures et les abus. J’ai dit « trop » car il y a quand même des descriptions de trucs pas cool et surtout, c’est suggéré. Tout le temps. Nous ne nous sentons jamais en sécurité dans ce livre, que ce soit avec Diana, le personnage principal, que dans les autres points de vue que nous explorons. On visite les bas fonds de Madrid et ces Appâts, qui ont tous subi des choses difficiles et qui ont dû être entraînées par des gens parfois sans scrupule, ne savent pas toujours qui elles sont derrière tous ces Masques. Tout au long de l’histoire, Diana poursuit des tueurs en série, elle n’a aucun instinct de self-préservation car qui est-elle si elle n’est pas un Appât?

C’est certes un peu long à se mettre en place, c’est extrêmement weird mais ça adonne bien, j’adore ce qui est étrange et bizarre. Après un moment, j’ai été envoûtée et captivée par cette histoire et cette atmosphère très sombre et presque onirique tellement l’idée de départ est étrange et loin de notre conception de ce qui est possible. Mais il faut avoir une imagination de folie pour penser à un truc pareil. Et cette fin…

Je veux tout lire Somoza maintenant car ses univers me fascinent. Le prochain sera La théorie des cordes (tout le monde m’a dit qu’il FALLAIT que je prenne celui-là)… mais pas tout de suite. J’ai besoin de respirer un peu après cette lecture. Voire même que je vais changer d’univers!

Frieren – Tomes 1-2 – Yamada / Abe

Je suis toujours à la recherche de mangas qui pourraient plaire à ma choupi-nièce et si c’est cette couverture mignonne qui m’a attirée au départ, l’idée de base m’a tout de suite séduite : qu’advient-il des héros après leur quête? J’ai donc lu et clairement, je lirai la suite.

De quoi ça parle

Quatre héros reviennent d’une quête ayant duré 10 ans. Frieren la mage, Himmel le héros, Heiter le prêtre et Eisen le guerrier. Deux sont humains, Eisen est un nain et Frieren est une elfe qui a déjà vécu des milliers d’années. La séparation ne semble pas toucher Frieren, pour qui 10 ans ne sont presque rien mais elle promet de revenir voir ses amis dans un demi-siècle. Ces retrouvailles seront pour elle l’occasion de se questionner sur le temps et sur l’amitié alors qu’elle repart seule à la recherche de sa collection de sorts.

Mon avis

Non mais le trait dans ce manga! J’ai tout aimé, l’histoire et l’exploration, mais quel dessin! Quels détails, quelle finesse. Les paysages et les personnages sont délicatement dessinés et restent très évocateurs… bref, une réussite. Du coup, j’étais vendue.

Je ne m’attendais pas à cette introspection dans ce manga. Je m’attendais à une histoire cute, avec des combats et de l’amitié, mais j’ai été agréablement surprise par la profondeur des réflexions et du propos. On a ici une vraie exploration sur le temps qui passe (à différentes vitesses, dans ce cas précis) et sur l’importance de profiter du moment et des gens que nous côtoyons. Frieren ne prend pas le temps de s’attacher aux humains car leur vie est si courte, mais après cette quête en particulier, il y a un déclic et elle décide de s’y arrêter davantage. Ça donne un tout très poignant.

J’ai a-do-ré le tome 1 et j’ai pleuré comme une madeleine à un moment de l’histoire (oui, je sais, dans le tome 1 d’un manga… c’est une première) et avec quelques flashbacks, les auteurs ont réussi à rendre tangibles les liens des personnages et l’importance de l’aventure du groupe de héros. Tout de suite, je me suis attachée à eux alors que leur histoire, je ne l’avais pas vécue.

Le tome 2 était aussi une très bonne lecture, alors que Frieren tente de faire autrement et de sortir de son indifférence, même si le premier était selon moi meilleur. Je ne sais pas à quel point la série va réussir à rester unique sur de nombreux tomes car le concept risque difficile à étirer sur de nombreux tomes… mais je lirai clairement la suite pour voir. C’est que, voyez-vous, Frieren n’était vraiment pas ma préférée dans le groupe initial!

L’avez-vous lu? A découvrir, ne serait-ce que pour l’art.

Cold Winter Challenge 2022 – Pile à lire

Comme à chaque année, le Cold Winter Challenge de miss Laure l’Enluminée vient nous aider à faire passer l’hiver. Ici, la neige est arrivée, j’ai le goût de sortir les décos de Noël et après la réussite EXTRAORDINAIRE du Pumpkin Autumn Challenge, je ne suis pas allée de main morte.

Bref, beaucoup trop de livres, plein d’idées… et nous rirons bien dans quelques mois si je réussis à lire tout ça!

Et vous, participez-vous? N’hésitez pas à mettre un commentaire sous la vidéo si vous avez lu certains livres ou si certains vous tentent!

Résonances – Patrick Sénécal

Après Hell.com, j’avais dit que pour moi, Sénécal, c’était fini. Trop gore, trop de trop. Je suis une petite nature, voyez-vous! Pourtant, l’auteur a réussi à me convaincre lors du dernier salon du livre en me disant que c’était « ben moins pire » et que c’était un truc complètement différent du reste de son oeuvre. Du coup, je l’ai lu en LC avec Eva de Purrfect Books pour le Black november de Séverine.

De quoi ça parle

Quand Thédore Moisan sort de son IRM, il ne sait pas encore que sa vie vient de changer. En effet, il est témoin d’événements très étranges, parfois à répétition. Les réactions des gens le surprennent, il ne reconnaît plus sa femme et il croise beaucoup trop souvent un mystérieux individu qui semble en savoir un peu trop sur sa vie.

Mon avis

Je ressors de ce roman avec beaucoup de questions… et un avis un peu en demi-teinte. Si j’ai trouvé l’idée l’idée de base géniale, j’ai été moins fan de la réalisation, notamment en ce qui concerne le rythme ainsi que les réponses qui nous sont données. Pas que ça me dérange d’avoir des éléments vagues à la fin du roman mais dans ce cas, il y a un élément en particulier que je voulais comprendre… ET JE N’AI PAS LA RÉPONSE! Du coup, je suis ressortie avec à la fois de l’admiration pour l’imagination de l’auteur et quelques griefs!

Pendant toute la première partie du roman, j’étais fort perplexe et j’aimais ça. Certes, le personnage de Théo est parfois énervant avec ses certitudes et sa façon de se justifier et de prouver qu’il pense « du bon côté » mais on sent rapidement qu’il perd pied et on se pose les mêmes questions que lui, presque en même temps. Certes, on devine après un moment ce qu’il en est mais j’ai aimé le chemin que mon petit cerveau de devineresse a pris vers la compréhension et je n’ai pas deviné page 8, ce qui, certes, fait plaisir.

Il est difficile de parler de ce roman et de bien expliquer ce qui m’a plu et moins plu sans spoiler. Si vous ne vous voulez rien rien savoir, vous pouvez arrêter de lire ici et vous avez déjà une bonne idée de mon avis. Sinon, j’ai aussi bien aimé ce qui arrive aux personnages et ce à quoi Théo assiste. On reste d’abord surpris et on comprend graduellement que toutes les barrières semblent être tombées. Rêves? Hallucinations? Prémonitions? Mise en scène? Vous verrez, mais quand on est témoin de ce qui se passe, impossible de ne pas réfléchir à ce qui se passe notamment sur les réseaux sociaux et l’auteur réussit à représenter plusieurs courants de pensée poussés au maximum. Ok. Certains points sont moins poussés que d’autres et certains propos font clairement tiquer. Ceci dit, ces façons de voir les choses existent… c’est juste que j’essaie de les éviter. Je dois avouer que l’auteur trace un bon portrait des différents points de vue de notre époque. Ceci dit, les interactions entre Théo et sa femme sont hyper déconcertantes. Non mais le pauvre gars qui voit les choses changer sans pouvoir en discuter, sans explication, remord ou regret fait presque pitié. Même s’il est gossant la plupart du temps. Et je me dis que plusieurs personnes doivent se sentir de cette façon face aux changements dans la société, même quand ces changements sont de bonnes choses. Bref… réflexion réflexion.

Comme d’habitude avec Sénécal, c’est souvent cru, décomplexé, parfois un peu gore mais c’était encore acceptable. Loin de Hell.com quoi!

Les chroniques de St-Mary – 9 – Jusqu’à la fin et au-delà

Il me semble que je passe mon temps à parler de cette série et à chaque fois, j’ai l’impression de dire à chaque fois la même chose. En fait, j’ai vérifié, et je vous dis VRAIMENT chaque fois la même chose. Mais passons!

De quoi ça parle

Je vous rappelle donc l’univers : un monde où le voyage dans le temps est possible mais fort réglementé. La police du temps y veille. Mais il y a l’institut St-Mary, historiens, dont la mission est d’aller vérifier certains éléments de l’histoire en s’y rendant pour observer les dits événements. Passionnant non?

Dans ce tome 9, nous retrouvons nos personnages préférés – dont Max, la narratrice – qui vont observer Henri VIII et Persépolis, tentent encore une fois de piéger certaines personnes pour en protéger d’autres.

Mon avis

Cette série est pour moi une série doudou. J’adore les personnages, leur folie et leur façon de foncer droit devant en oubliant par moment l’existence de leur lobe frontal. Ils. sont. cinglés. Imaginez un groupe de scientifiques, avec des connaissances de folie, mais aussi des intérêts assez ciblés et pour qui la fin – genre, la connaissance – justifie les moyens. Bref, à chaque tome, ils frôlent la mort à plusieurs occasions. Et pas toujours de façon logique. Genre, une théière géante peut leur tomber sur la tête. Je trouve ça hilarant et ça me faire rire toute seule. Ou devant public. Au choix.

Nous les suivons dans leurs recherches, dans leur vie personnelle mais aussi à travers ce fil rouge, ce grand méchant, qui rôde encore et toujours. Ici, je me suis PRESQUE fait avoir pour un point précis, entre autres. J’avais presque oublié certains faits. J’ai beaucoup aimé ce tome particulier, qui fait vivre à Max une expérience inédite, avec un traitement qui m’a beaucoup plu. Cette aventure n’est pas prise à la légère, ses suites sont bien exploitées et j’ai beaucoup aimé rencontrer une Max plus vulnérable. Malgré tout, il y a beaucoup d’humour potache et je suis fan de ces blagues de scientifiques et de l’auto-dérision de la narratrice. Ce n’est pas toujours politically correct, il faut le savoir. Ça risque de heurter certaines sensibilités. Mais on dirait que je passe tout à cette série!

Il me reste un tome à lire à la maison et je pense que 13 tomes sont sortis actuellement. Il m’en reste encore! Fiou! Ce n’est pas de la « grande littérature » mais c’est mon petit bonbon perso!

En attendant, je vais me faire une tasse de thé!

Carbone & Silicium – Mathieu Bablet

Je n’ai lu que des bons commentaires sur ce gros roman graphique de presque 300 pages. Il a été un coup de coeur pour plusieurs de mes collègues des BDs de la semaine et c’est d’ailleurs suite à leur avis que je l’ai emprunté à la bibliothèque. De mon côté, je reconnais le génie derrière tout ça. Toutefois, sa lecture m’a causé une crise d’angoisse assez monumentale, un sentiment d’impuissance de folie et une belle nuit d’insomnie. Vous comprendrez que je ne peux parler de plaisir de lecture dans ce cas. Mais je m’explique.

De quoi ça parle

Carbone et Silicium ont été activés. Ce sont les prototypes d’une nouvelle technologie qui servira à s’occuper des personnes âgées : des androïdes pensants, qui peuvent ressentir et développer une conscience. Quand ils auront une opportunité de sortir, ils vont tenter de fuir et seront séparés, tout en tentant de trouver leur place dans un monde qui s’effondre, sur une planète qui n’en peut plus.

Mon avis

Comme je le disais en début de billet, les romans d’anticipation, avec les catastrophes climatiques, humaines et technologiques qui ne sont que trop réalistes, me font freaker. J’essaie d’éviter pour ma propre santé mentale mais on me disait que j’allais tellement manquer quelque chose.. alors j’ai quand même tenté le coup. Ce fut donc une lecture hautement anxiogène, que j’ai dû déposer à plusieurs reprises et j’avoue que je devais me faire violence pour continuer. Certes, on sait comment ça va finir par finir… mais je pense que de le voir ne m’aide pas personnellement. Surtout quand c’est bien fait et que, clairement, l’humain semble clairement faire exprès pour précipiter sa propre perte.

Ce roman traverse les siècles avec ces deux androïdes qui développement leur propre personnalité. Carbone, plus sédentaire, tente de s’intégrer avec les humains et lie des relations avec eux tandis que Silicium est fondamentalement nomade et veut voir le monde. Ils se retrouvent à l’occasion et restent profondément attachés l’un à l’autre, malgré leur statut de fugitifs recherchés et le fait que leurs philosophies, bien qu’elles évoluent tout au long des années, sont rarement sur la même longueur d’onde. Ça donne lieu à plusieurs discussions philosophiques et parfois politiques : seuls ou ensemble? Vivre dans le vrai monde ou dans un univers virtuel, tous connectés? Par quoi passe la quête du bonheur et du bien? La réalisation personnelle ou le bien collectif? Bref, rien de léger dans cet ouvrage.

Les images sont percutantes, les séquences muettes sont très parlantes et les paysages, qu’ils soient urbains ou non, sont détaillés et souvent terribles. Les humains sont à la fois touchants et enrageants dans leurs tentatives de reconstruction sans sembler apprendre quoi que ce soit. Par contre, j’ai vraiment du mal avec les visages que je ne distingue pas les uns des autres et je ne les trouve franchement pas attrayants.

Si vous aimez l’anticipation et les univers cyberpunk, je vous conseille sans hésitation. C’est construit et il y a une vraie réflexion derrière. Les deux androïdes sont clairement plus attachants que les humains, avec leurs périodes rebelles, extrêmes, changeantes. Dans mon cas particulier, je vais prendre une sérieuse pause de romans post-apocapolypses (oui, au pluriel), question de survivre à 2022. Trop pour moi.

C’était ma BD de la semaine

Tous les billets chez … cette semaine

The Hacienda – Isabel Cañas 

Je ne saurais dire pourquoi j’ai choisi de lire ce roman mais j’avais envie de gothique et de grande maison qui fait peur. On peut dire que j’ai été comblée. Imaginez un genre de Rébecca (avec une écriture fort différente) mais au Mexique et avec des conversations sur le racisme et la colonisation en arrière plan. Ce roman, c’est ça.

De quoi ça parle

Mexique, 1830. Le père de Beatriz a été tué suite à la révolution, sa maison a été détruite et elle se retrouve à la merci de la famille de sa tante, qui la regarde de haut car son père était Mexicain. Quand elle reçoit une demande en mariage de Don Solorzano, avec la possibilité d’habiter et de diriger une grande hacienda loin de la ville, elle saute sur l’occasion. Sauf qu’à son arrivée, la cuisinière et sa belle-soeur ne sont pas ravis de la voir arriver et la maison lui apparaît hostile. Elle a des visions et quand son mari doit quitter pour la ville, tout va de mal en pis. Est-ce que le padres Andres, jeune prêtre né dans la hacienda et petit-fils d’une sorcière, pourra l’aider?

Mon avis

J’avais envie d’un roman gothique et j’ai été servie! Ici, on coche toutes les cases et c’est exactement ce que je voulais lire en ce moment. On pourrait reprocher le schéma un peu classique mais pour ma part, j’ai beaucoup aimé la combinaison de la maison qui a une influence malfaisante sur les habitants, de la magie des habitants du village et du discours sur le racisme et les injustices sociales de l’époque. C’est que, longtemps, il y a eu carrément des castes, et que les gens avaient des droits différents selon la quantité de sang blanc dans leurs veines… Comme je ne savais rien du tout sur la révolution mexicaine ou sur ce système, j’ai trouvé ça passionnant. Le personnage d’Andrès, qui doit cacher son héritage de sorcier et qui devient prêtre, est fascinant, en plein dans la dualité entre les deux mondes. La religion catholique en prend pour son grade j’ai beaucoup aimé son implication dans l’histoire et sa lutte avec ses sentiments et ses devoirs. Quant à Beatriz, elle est complètement enprisonnée dans sa condition de femme et, en plus, de femme à l’héritage mixte. Elle fait ce qu’elle peut, ne sait pas à qui faire confiance et réalise petit à petit que ce qu’elle imaginait comme une porte de sortie est en fait un autre enfer.

L’atmosphère est très bien réussie, la tension monte et on doute de l’implication de tous et chacun, de même que de la santé mentale de Beatriz. Je ne pouvais pas le lâcher. Que s’est-il vraiment passé avec la première épouse de Don Solorzano? La jeune femme va-t-elle réussir à faire sa place? C’est bien écrit, les éléments magiques sont bien utilisés (et comme je suis vraiment une grosse flipette, j’ai eu UN PEU peur!) et j’ai apprécié la relation entre les personnages qui évolue petit à petit. Pas de grand drama, juste des interdits… et dès l’intro, on sait ce qui va en advenir.

Bref, très réussi et un très très bon moment de lecture!

El chico que dibujaba constelaciones – Alice Kellen

Il y a quelques semaines, il fut une période de ma vie où j’étais incapable de me concentrer pour lire… sauf pour lire en espagnol. En français et en anglais, mon esprit fuyait un peu partout (genre, dans le glissement de terrain) mais en espagnol, j’avais besoin de tellement d’énergie pour bien tout comprendre que je réussissais à rester à peu près concentrée. J’ai repéré ce roman sur une chaîne youtube mexicaine (Clau reads books) et je me suis dit que ce serait le type de lecture que je serais capable de déchiffrer.

De quoi ça parle

Ce roman nous raconte Valentina et Gabriel, qui se rencontrent par hasard dans l’Espagne des années 60. Elle est de milieu modeste, a peu confiance en elle mais se permet de rêver. Il est idéaliste, confiant et pour lui, elle représente l’univers. Lors de la nuit de noces, il va dessiner la première étoile des constellations qui représenteront leur vie ensemble.

Mon avis

Je ne sais pas si c’est parce que j’ai réussi à lire en castillan, mais j’ai bien aimé cette lecture qui raconte la vie de deux personnes qui tombent amoureuses et qui vivent leurs moments quotidiens, leurs hauts et leurs bas pendant plusieurs décennies. Des vies normales, avec des réussites extrordinaires pour eux, des petits et des grands bonheurs. Sa famille à elle s’attend à ce qu’elle se marie, aie des enfants et tienne une maison, il souhaite enseigner mais il veut également qu’elle s’épanouisse, autant dans son rôle de mère que dans son rôle de femme. J’ai beaucoup aimé voir passer les décennies, voir leur relation se modifier alors qu’ils évoluent chacun de leur côté. En arrière plan, l’histoire de l’Espagne de la fin du 20e siècle, vu à échelle humaine.

J’ai donc apprécié ces instants délicats volés aux jours, souvent à fleur de peau. L’autrice a le don de nous faire ressentir les émotions des personnages, ce n’est pas tire-larme mais assister à la construction de cette famille a un côté touchant. Je crois que c’est la première fois de toute ma vie que j’ai pu dire que j’ai apprécié une plume en espagnol. Du coup, j’ai eu l’impression de faire un progrès de fou!

Ceci dit, je viens d’écrire le billet le moins argumenté de ce blogue! Applaudissez-moi!

A Master of Djinn – P. Djèli Clark

J’ai adoré Ring Shout du même auteur, un court roman situé dans le sud des États-Unis, où le racisme et l’intolérance prennent la forme de monstres tentaculaires poursuivis par un trio de femmes noires badass. J’ai donc sauté sur l’occasion de lire « A master of Djinn » pour voyager, cette fois, dans un Caire steampunk de 1912.

De quoi ça parle

Il y a quelques décennies, Al-Jahiz a ouvert une brèche et depuis, les Djinn vivent parmi les humains. Farah el-Sha’arawi est agente au ministère de l’Alchimie, de l’Enchantement et des êtres Surnaturels, la plus jeune femme, elle travaille seule et elle a toujours dû se battre pour faire sa place. Elle n’est donc pas ravie de se voir assigner une nouvelle partenaire, juste alors qu’un mystérieux homme au masque d’or s’auto-proclame réincarnation d’Al-Jahiz et qu’un groupe de riche anglais adulateurs sont retrouvés calcinés.

Mon avis

Quel monde intéressant! Disons-le d’emblée, j’ai adoré me balader dans ce Caire complètement fou, où les Djinns sont partout et ils ont permis des avancées technologiques qui ont permis à l’Egypte de s’élever au rang de grande puissance et de concurrencer les grands colonisateurs. Et mine de rien, ça a changé la donne dans la politique du début du 20e siècle. Les réflexions que ça implique sont hyper intéressantes et on met ici le doigt sur une forme de colorisme et de racisme, même chez les peuples africains, sans pour autant oublier les horreurs de la colonisation. C’est à la fois fantastique et steampunk, l’univers est très visuel et un peu fantasmagorique et plein de références (que je ne nommerai pas pour ne pas spoiler).

Fatma, notre enquêtrice, est un personnage très intéressant, à la fois sûre d’elle et pleine de contradictions. Elle porte le costume et le chapeau melon, est en couple occasionnel avec une superbe femme Abyssine et est diabement efficace, le tout au nez de ses collègues masculins qui n’en sont pas toujours ravis. L’histoire commence par l’assassinat d’un groupe de membres d’une secte haut placés, qui semblent avoir été carbonisés, et une figure en noir au masque d’or a été vue sur place. Fatma et ses collègues vont donc tenter de comprendre ce qui s’est passé (c’est un riche anglais, il faut hein) et se retrouver pris dans une machination de folie qui met toute la ville en danger.

Si l’intrigue est un peu plus simple que l’univers mis en place, j’ai toutefois beaucoup aimé suivre l’enquête et comprendre petit à petit où on s’en allait (même si, comme toujours, j’avais deviné le gros truc). J’aurais peut-être aimé en savoir un peu plus sur les politiques internationales mais je suis tellement fan de la mythologie que ça a passé crème.

Il y a trois autres nouvelles dans le même monde (paraît que j’aurais dû les lire avant) et maintenant, of course, je veux les lire. Clairement cet auteur va devenir un must read!