On Her Majesty’s Secret Services – Ian Fleming

on-her-majesty-s-secret-services.jpgJ’ai vu tous les James Bond, je pense.  En film. Toutes les vieilles versions, surtout.  Mais je pense que jamais je n’aurais ouvert un roman si ça n’avait été de miss Angéla Morelli/Fashion qui m’a offert celui-ci en livre audio en me disant:

 

– Je n’ai aucune idée de ce que ça vaut mais on s’en fout, tu vas pouvoir écouter David parler pendant quelque chose 11h et il pourrait lire l’annuaire que ce serait couinant. 

 

Comme toujours, elle a raison, hein. 

 

Celui-ci, je m’en souvenais car c’est celui où James Bond se… Ah mais je ne dirai rien :)))  Ce n’est pas tout le monde qui a vu le seul James Bond qui met en vedette George Lazenby.  Bref, ce livre est le deuxième de la trilogie Blofeld.  Au départ, Bond est relégué à la poursuite de SPECTRE, et il est convaincu qu’il perd son temps.  Du coup, il en est à composer une lettre de démission mentale à M, son patron (j’adore M… je pense que c’est mon personnage préféré dans les James Bond) quand soudain, il se voit doublé par une petite voiture blanche conduite par une jolie jeune fille qui se révèle être une demoiselle Tracy… qui ne va pas bien du tout. 

 

Bref, après toute une aventure impliquant l’Union Corse, Bond est à nouveau sur la piste de Blofeld, qui se ferait maintenant appeler compe de Bleuville et qui serait à la recherche de la restauration de son titre.  Le voilà donc parti pour une station fort isolée dans les Alpes où le comte travaillerait à un traitement révolutionnaire sur les allergies alimentaires, déguisé en Sir Bray, spécialite de la généalogie.  Il réalisera rapidement qu’il se passe quelque chose d’étrange dans cette station… pourquoi tant de mystère pour des allergies?  Quel est ce traitement?  Et qui est ce comte de Bleuville ainsi que son assistante, la détestable Irma Bunt?

 

Un Bond assez classique, bien rythmé et pas mal écrit, avec beaucoup d’action et de mystères.    Je ne me souvenais pas de ce côté plus émotif de Bond, plus profond, et j’ai été ravie de le redécouvrir ici.  Bon, je dirais que certaines scènes d’action (genre une interminable descente en skis) passent un peu moins bien à l’écrit qu’à l’écran… mais en gros, j’ai beaucoup aimé écouter cette aventure de James Bond.  Surtout lue par David-chou, qui est, comme toujours, excellent!

L’ange de pierre – Margaret Laurence

l-ange-de-pierre.jpgVoici un roman que j’ai beaucoup aimé mais dont – je le sens – j’aurai du mal à parler.  Il traînait dans ma pile depuis un bon bout de temps (en fait, depuis sa réédition chez Alto) mais c’est quand j’ai lu les correspondances de l’auteur avec Gabrielle Roy que j’ai eu une intense et subite envie de l’en ressortir. 

 

L’ange de pierre, c’est celui qui trône sur le monument funéraire des Currie, dans la petite ville fictive de Manawaka au Manitoba (l’une des provinces « du milieu », pour les européens qui me lisent).  Quand nous rencontrons Hagar Shipley (née Currie), elle a 90 ans.  Sa santé vascille, elle a du mal à marcher et son regard est davantage tourné vers le passé que vers l’avenir.  Car bon, devant elle, elle ne sait pas trop ce qu’il y a.   Elle habite avec son fils « pas préféré », Marvin et sa bru (qu’elle considère comme une grosse femme stupide et plaignarde) Doris.  Entendons-nous tout de suite, de jeune fille déterminée, Hagar est devenue une vieille haïssable, qui se permet de dire à peu près n’importe quoi à n’importe qui.  Sans compter ce qu’elle en pense!

 

Mais voilà, Marvin et Doris ont la soixantaine.  Difficile pour eux de s’occuper de Hagar qui demande de plus en plus de soins et qui est de plus en plus souvent plongée dans le passé.  Pour eux, la solution, la survie, même, c’est la maison de retraite.  Ce à quoi Hagar s’oppose avec toute la vigueur qui lui reste, comme vous pouvez vous l’imaginer.  Et c’est avec cette peur en tête qu’elle revit sa jeunesse en tant que fille d’un homme « qui a réussi à partir de rien » et qui a la hantise des apparences (elle est une Currie, après tout), du qu’en dira-t-on.  Nous verrons son mariage avec Bram Shipley, un homme de 14 ans son aîné, fermier grossier et sans le sou.  Ses désillusions.  Sa jalousie à l’égard de Lottie, l’une de ses camarades d’enfance.  Ses espoirs reportés sur John, son fils préféré pour qui ce sera beaucoup trop lourd.  Bref, une femme affirmée, libérée pour l’époque, pas religieuse du tout dans un monde où ça prenait toute la place (le roman a été écrit dans les années 60).  Et tout au long de son histoire, nous la regardons aller en nous disant à la fois « tu l’as bien cherché » et en ayant le goût de retenir les mots de trop, ceux qui blessent et ne s’oublient pas.  Et en lui chuchotant ceux qu’elle n’a pas dits.    Nous oscillons entre la compassion pour Hagar et la pitié pour son fils et sa bru qui sont à bout de souffle (et à bout de nerfs) devant ses attaques et ses comparaisons.  Rien n’est tout noir ou tout blanc.  Tout est profondément… humain.  Humain et souffrant. 

 

Une construction alternant entre le passé et le présent, entre les brumes et la clarté, une écriture maîtrisée, précise et un personnage principal qu’on a parfois du mal à aimer, mais qui nous touche profondément.  Elle présente en effet une dualité intrigante, un mélange étonnant de force et de faiblesse.  Une réflexion aussi sur la vieillesse, sur les espoirs déchus, sur les deuils qui ne se font pas et sur la lutte interne qu’elle livre quotidiennement.  

 

Une auteure classique canadienne que je n’avais jamais lue… mais que je relirai certainement.  Un roman vrai.  

Garçon manqué – Samuel Champagne

Garcon-manque.jpgJ’avais énormément aimé « Recrue », le roman de Samuel Champagne dans la collection Tabou qui traitait de l’homosexualité à l’adolescence (j’en parlais ici).  Je trouvais qu’il offrait une vision positive mais réaliste (et pas rose nanane) de ce que vivaient ces jeunes.  Quand « Garçon manqué » est arrivé dans ma boîte, je l’ai tout de suite ouvert car j’avais été interpellée par une conversation que j’avais eu avec l’auteur au salon du livre de Montréal.  

 

Verdict?  Livre nécessaire, percutant, que j’ai aimé mais qui m’a moins touchée que « Recrue ».  Est-ce parce que la situation traitée (la transsexualité) m’est moins familière?  Peut-être… mais je m’explique.  

 

Au début du roman, Eloïse a 10 ans.  Déjà, elle ressent un profond malaise qu’elle a du mal à identifier.  En effet, elle ne se reconnaît aucunement dans « la princesse » ou « la poupée » dont ses proches parlent.  Dans sa tête, Eloïse est « il ».  C’est un gars.  Pas une fille tomboy ou une « butch ».  Juste un gars.   C’est donc le cheminement d’Eloïse (qui devient graduellement Eloi) que nous suivrons à travers ces pages.  Un cheminement qui fera réagir, qui ne se fera pas sans heurts.   Mais qui sensibilise à une situation très méconnue.  Qu’arrive-t-il quand la nature s’est trompée?

 

J’avoue avoir eu davantage de mal, voire même un peu de lassitude avec la première partie.  Je conçois parfaitement que ces pages qui traitent surtout du mal être persistant, de la réalisation, de la perception du jeune par son entourage étaient très nécessaires.  Comment comprendre, autrement, la décision et la volonté de fer d’Eloi de devenir lui-même?  Surtout à ce jeune âge.  Mais à la lecture, j’avoue avoir trouvé ça un peu redondant.  J’ai de beaucoup préféré quand les choses commencent à s’enclencher, quand elles sont claires et que les démarches commencent.  Le personnage évolue, vit des hauts et des bas, le tout dans un style toujours nuancé mais aussi travaillé sans en avoir l’air.   La réaction de son entourage est aussi fort intéressante.  Et on réalise en lisant le roman à quel point c’est difficile de changer de pronom.  De perception.   Parce que même en tant que lecteur, on est parfois mélangé et on ne sait plus trop.  Très réaliste, quoi.  

 

Précisons que l’auteur sait de quoi il parle (et ça se voit dans le roman) car il est lui-même en transition et qu’il a longuement travaillé sur la littérature gay, lesbienne et transsexuelle pour la jeunesse.  Un roman à lire.  Ne serait-ce que pour ébranler quelques certitudes. 

Quatre murs – Kéthévane Davrichewy

Quatre-murs.jpgQuand j’ai su qu’il parlait d’histoires et de secrets de famille, ce roman m’a tout de suite attirée.  Et j’ai drôlement bien fait de me laisser tenter car j’ai énormément aimé cette histoire qui parle certes de familles, de relations entre frères et soeurs, de secrets, de non-dits mais aussi d’émancipation.   Un roman qui m’a fait aimer encore plus la mienne de famille.  

 

Le récit s’ouvre sur la vente de la maison familiale, vente qui suscite des sentiments contradictoires chez Saul, Hélène et les jumeaux Elias et Réna.  Quatre frères et soeurs qui ont été très proches – trop proches – dans leur enfance et qui se cachent en ce jour chacun derrière leurs artifices.  Puis, vient la question de l’héritage.  J’avoue avoir eu peur à ce moment-là car c’est tellement loin de ce qui pourrait arriver chez nous.  J’ai eu peur de me sentir complètement larguée par des questions de gros sous.  Puis, finalement, pas du tout.  Ce n’est pas ce dont le roman traite.  Nous sommes dans un rayon beaucoup plus humain.  

 

Nous rattrapons ensuite les personnages de ce récit choral deux ans plus tard, alors que tous se retrouvent ensemble en Grèce, chez l’aîné.  Deux ans lourds de silences, de rancunes.  Aucun de ces personnages n’est parfait.  Nous somme là à les regarder – pour ma part sans m’identifier aucunement – et à avoir envie de les secouer, chacun leur tout.  Les secouer pour les libérer de leur cynisme, leur dépendance ou de leur indifférence.  Et à la fin, être moi-même secouée et portée à réfléchir.  Sur la famille, ces liens entre nous et ces personnes qui ont été choisies pour nous, sur ce qui nous tient ensemble.  

 

J’ai été charmée par l’écriture fluide et poétique à la fois.  En très peu de pages, l’auteure nous peint le portrait percutant de quatre adultes et de leur mère, tentant de se libérer de relations d’amour-haine, mais s’y raccrochant parfois sans s’en rendre compte.   Tentant de faire la paix avec le passé, avec ce qui a été dit… et ce qui ne l’a pas été.  La construction est habile et nous réalisons petit à petit tous ces petits et grands événements qui ont réussi à éloigner des gens qui pourtant vivaient presque dans un cocon étouffant, toujours sur le fil du malsain et de l’adorable.  On réalise petit à petit que chacun cherche sa place, autant comme adulte que comme l’enfant qu’il a été.  

 

Bref, un voyage initiatique qui sera peut-être (car rien n’est joué au moment de refermer les pages… mais on espère) libérateur et une belle lecture.  

Je relirai l’auteur! 

Déséspérés s’abstenir – Annie Quintin

De-sespe-re-s-s-abstenir.jpgQuand j’ai envie de léger-léger, je me fais un petit plaisir (non coupable… le sentiment d’illégitimité littéraire ne passera pas par moi) et je sors un roman de chick litt.  Québécois.  Parce que j’ai envie de québécois, aussi!  Dans ce type de roman, on dirait que j’ai davantage besoin de me retrouver dans le contexte et dans la langue.  

 

D’abord, avertissement.  Si vous en avez contre le langage cru, passez votre chemin.  Même moi, qui n’ai normalement aucun problème avec ça (tu ne PEUX pas avoir grandi dans une aréna, entourée de joueurs de hockey sans être un peu blindée face à ce type de langage.  Tu ne peux pas non plus faire partie des 5% de filles de la patrouille de ski… bref… je m’égare), j’ai eu besoin d’un moment d’adaptation.  C’est aussi très ancré dans le quotidien montréalais et très très actuel.  

 

Je vous présente donc Clara, chasseuse de têtes.  Début trentaine (je crois…), elle revendique son célibat mais a décidé de s’inscrire sur Rencontres Montréal pour des aventures sans attaches.  Bref, elle veut s’envoyer en l’air (ou « fourrer », comme elle et ses copains le disent si bien. J’aime pas ce mot.  Sorry.), avoir du fun et surtout, surtout, rester en contrôle.  Ajoutez à ça un sapristi de caractère, une peur bleue de l’attachement, une meilleure copine fleur bleue et un meilleur pote gay qui cherche des mecs gays qui n’ont pas l’air gay et vous obtenez un joli tableau.  Bien entendu, notre fille tough qui ne veut pas tomber amoureuse va se faire prendre… mais je ne vous dis pas par qui!

 

Ce que j’ai le plus aimé dans ce roman, c’est l’aspect « rencontres sur le net ».  Oh my god que j’ai ri!  Moi, la nulle en Cruise-101 et la grande freakée de la vie, je n’ai jamais osé rencontrer des gens par les sites de rencontres (yep, c’est stupide quand on pense au nombre de copines que j’ai grâce aux blogs… je devrais être moins réticente…) mais j’ai des copines qui en ont fait une spécialité… et qui alimentent depuis des années nos soupers de filles avec leurs aventures.  C’est que c’est Tout À Fait ça!  Les profils types, les rencontres époustouflantes, les histoires de fous (la palme revenant à ma copine Caro et à sa première date qui a fini avec un souper… avec ses parents à elle… et je ne vous conte pas la suite, c’est surréaliste!).  Donc, un gros, gros fou rire avec cette partie de roman.  J’ai beaucoup aimé la relation d’amitié entre les trois protagonistes.    Ici, pas d’overdose de bons sentiments.  Juste une relation qui commence… et qui évolue.  Et ça m’a plu.  

 

Bon, ok, j’ai eu un peu de mal avec le personnage principal que j’avais envie de secouer à l’occasion (et à quiconque dit que « ça lui fait penser à moi » et que « ceci explique cela », je rappellerai que je ne me tape pas tout ce qui bouge… et que je suis nulle en séduction… CQFD)… C’est qu’elle peut être bête, la fille… mais vraiment!  Bref, un bon moment distrayant, avec beaucoup d’humour, même si ce n’est pas la totale harmonie entre moi et le roman.   Et j’ai déjà commencé la suite… que je vais préférer, je crois!

Gros Poulet – Keith Graves

Gros-poulet.jpgOh my… quel fou rire avec cet album!  Moi qui est fan d’humour absurde et fan d’albums jeunesse, c’était fait pour moi.  Et visiblement pour les cretons… car j’ai dû le raconter genre… 9 fois!

 

Il était une fois un tout petit minuscule poulailler avec de toutes petites poules.  Et un jour, une minuscule poule pond un ÉNORME oeuf.  D’où il sort un énorme truc jaune à plume.  Mais qu’est-ce??

 

Cette question (accompagnées des réponses complètement folles de Coquine, la poule ébouriffée) nous fera rire tout au long de l’album, dont la première partie est hilarante.  En effet, miss Coquine ne se base que sur un seul trait sémantique (tiens, ça me rappelle quelque chose, ça… vaguement) pour baser ses déductions.  Du coup, quand Gros Poulet les protège de la pluie, plus de doute possible… C’EST UN PARAPLUIE!  Du coup, pour l’orthophoniste que je suis, c’est une occasion en or pour creuser le sens des mots, pour essayer de deviner, avec les cocos, pourquoi mais POURQUOI Coquette a bien pu confondre un poulet et un parapluie.  Ou un éléphant.  Ou un chandail.  Bref, c’est drôle et les enfants en redemande.  

 

Ajoutons à ça un beau travail sur « gros/petit » et leurs synonymes dans les premières pages (ça a l’air de rien, mais pour certains cretons, c’est drôlement compliqué à comprendre), des bulles de texte super simples (souvent un seul mot et des onomatopées) pour commencer à expliquer le principe de la bande dessinée aux jeunes.  Il y a aussi plusieurs notions temporelles colorées en haut de page, pour les plus grands qui en sont à les repérer et les comprendre.  

 

Bref, un album divertissant et éducatif à la fois.  Je veux tous les Keith Graves!

Entre fleuve et rivière – Correspondance – Gabrielle Roy / Margaret Laurence

Entre-fleuve-et-riviere.jpgJ’ai toujours aimé les correspondances.  Je crois que ça date avec ma période Mme de Sévigné vers 12-13 ans.  Bon, j’étais alors persuadée qu’elle vivait sous la révolution… but who cares, n’est-ce pas!  Donc, les correspondances, ça me plaît.  Du coup, quand on m’a proposé celles de Gabrielle Roy (dont j’ai lu beaucoup) et Margaret Laurence (dont je n’ai rien lu mais que je connais de nom – et de réputation), j’ai  sauté sur l’occasion.  

 

En version anglaise cette correspondance s’intitule « Intimate Strangers », titre qui lui va fort bien car les deux romancières ne se rencontreront pas avant d’avoir échangé plusieurs lettres.  Toutefois, on sent rapidement une complicité s’établir, nourrie par l’admiration réciproque des oeuvres l’une de l’autre que par leur rapport à l’écriture, souvent ardu, et par leurs origines manitobaines communes.   Écrites dans les années 70-80 (Roy est décédée en 83 et Laurence s’est suicidée en janvier 1987, suite à un diagnostic de cancer du poumon), ces lettres nous font découvrir un moment tardif dans la vie de deux auteurs déjà célèbres mais qui peinent à poursuivre leur oeuvre (surtout Laurence, du moins d’après ses lettres).  Les angoisses face à l’écriture, aux attentes des lecteurs sont tangibles tout au long de ces lettres.  

 

Est-ce une correspondance qui changera quelque chose à l’humanité?  Non, of course.  Mais c’est profondément humain.  On y fait réellement leur rencontre et nous pouvons nous imaginer leur quotidien, dans leur résidence secondaire près de la fameuse rivière de The Diviners (que je n’ai pas lu hein) ou du fleuve pour Roy.  J’ai été touchée par leur rapport à la nature, à la beauté, intéressée par les réflexions sur l’édition et leur opinions sur le Québec de l’époque sont aussi fascinantes pour moi.  En effet, 1976, première prise du pouvoir par le PQ… ça faisait très très peur. 

 

J’ajouterai finalement que j’ai maintenant une envie folle de lire Margaret Laurence (lucky me, je pense que j’ai un roman d’elle à la maison… je pense…).  Ah oui… j’oubliais!  L’objet livre est juste magnifique.  La couverture simple, le papier doux et épais… (j’ai l’air nounoune à dire ça… mais je le jure, c’est vrai!)… bref, j’ai adoré avoir ce livre en mains!

Moche Café (Destination Monstroville – 1) – Nadine Deschêneaux/Sophie Rondeau

Moche-cafe.jpgContrairement à la coutume, j’ai commencé la série par le tome 2.  J’ai ensuite rapidement enchaîné sur le tome 1 parce tant de dégueulasseries plaisent de façon exponentielle à certains petits mousses de ma connaissance.   Ok, j’avoue, en tant qu’adulte, j’ai préféré le tome 2, qui reçoit une note moins élevée sur l’échelle du « Yark ».  Parce que bon, j’avoue qu’il faut vraiment avoir le coeur bien accroché pour lire celui-ci!  

 

C’est donc une journée pédagogique et Hubert, Édouard et leur cousine Zia sont chez leur grand-mère.  Que faire quand il pleut et que Mamie n’a ni télé, ni Xbox, ni Ipad??  Un gâteau litière-de-chat, voyons!  Typique des enfants (et des étudiants universitaires qui préparent une initiation… mais passons).  Impressionnée, la grand-mère?  Pas. Du. Tout.  Elle a plutôt l’idée de les envoyer à Monstroville, où elle a déjà vécu parce qu’aujourd’hui, c’est concours culinaire au Moche Café.  Disons que les enfants, embrigadés pour aider le chef Macadamus un peu contre leur gré, vont trouver là compétition à leur mesure!

 

Les auteures nous offrent ici un joli petit roman court, tout simple, bien écrit avec un langage très actuel qui parlera aux enfants.  Entre sorcières, épouvantails, cyclopes et monstres étranges, disons que les petits héros en ont pour leur argent et nul doute que ça plaira aussi aux jeunes.    C’est plein d’humour et surtout, ça va checher ce que les jeunes de cet âge adorent… les trucs dégoûtants!  

 

Les parents risquent d’un peu moins aimer, par contre.  Mais c’est un détail, n’est-ce pas!

À ne pas lire un lendemain de veille avec le coeur au bord des lèvres!

 

Une petite série fort prometteuse, que je vais certainement poursuivre!

Tout plein de câlins – Robert Munsch/Michael Martchenko

tout-plein-de-calins.jpgDisons-le d’emblée, je n’aime pas tout du duo Munsch/Martchenko, même si j’ai mes chouchous (j’adore Adèle et sa queue de cheval, par exemple).  C’est toujours un choix risqué pour moi.   Encore une fois, je ne suis pas une grande fan des dessins, mais pour cet album en particulier, ça a fonctionné avec moi.  Ou, surtout, pour l’orthophoniste en moi!

 

C’est donc un album cartonné très court, pour les petits.  L’histoire est bien simple.  Théa est fâchée contre maman et elle décide d’aller prendre l’air, emmenant son petit frère Théo avec elle.   Sauf que bon… problème, Théo veut un câlin.  Et que les câlins de Théa ne font pas son bonheur!  Il va donc falloir trouver une solution.  

 

Ce court album tout simple, avec un thème qui rejoint bien les enfants m’a servi à tout plein de choses depuis son arrivée chez moi.  J’ai pu travailler la structure narrative (problème, tentatives de solution, multiples échecs et réussite finale) parce que les éléments sont évidents et que c’est simple comme tout, avec une structure presque répétitive en plus.  Du coup, mes petits amis peuvent facilement réussir à se souvenir du récit sans se limiter à une simple séquence de faits.   

 

Finalement, il y a plein d’adjectifs (gluant, piquant, puant) qui sont répétés plus d’une fois et qui me permettent  ‘élaborer un peu plus (je vous passerai la description d’une rencontre avec un coco qui a impliqué des sculptures dans la « goo » (gluant et yaaark… quand on a des défenses tactyles comme moi, c’est l’enfer!) et où le dit coco m’a montré que son nez était plein de « gluant » aussi… bon, il avait compris, c’est déjà ça!).   

 

Bref, si ce n’est pas un album Wow pour l’adulte, je peux dire que les cretons ont trouvé ça hi-la-rant et que pour travailler les « pourquoi » répétitifs, ça fonctionne à merveille.   Il va rester au travail, celui-là!  Et être souvent utilisé!

Rosa Candida – Audur Ava Olafsdòttir

Rosa-candida.jpgCe roman, il fait le tour des blogs depuis des années.  Pour plusieurs, il a été un coup de coeur.  Ne laissons pas le suspense traîner, ça n’a pas été le cas pour moi.  N’empêche que je ressors quand même positive de ma lecture.  Même si j’ai eu drôlement peur au début. 

 

Rosa Candida, c’est une variété de roses extrêmement rare.  Presque portée disparue.  Une variété que le personnage principal, un jeune homme de 22 ans, va tenter de ramener dans un jardin mythique laissé à l’abandon.  Loin, trèoin.  Loin d’un père presque octogénaire qui ne pense qu’à sa femme morte trop tôt dans un accident et ayant laissé tant de choses inachevées.  Loin d’un frère autiste qu’il tient toujours par la main.  Loin d’une petite fille dont il n’est le père que de nom, faite avec la petite amie d’un ami pendant une aventure ayant duré un quart de nuit, dans une serre.  Souhaite-t-il se rapprocher ou s’éloigner de lui-même… on ne le sait trop.  Toujours est-il que toute la première partie de ce roman se  passe sur la route, avec un narrateur parfois peu sympathique et très très très difficile à cerner. Sans doute parce qu’il ne s’est pas cerné lui-même. 

 

Tout nous arrive par bribes dans ce roman.  Le passé, le présent, le futur parfois.   Un roman sensuel, car nous parviennent odeurs, saveurs, images d’un monde un peu perdu où le personnage va devenir soudainement un adulte, un père, même, quand va débarquer Anna et leur fille Flora Sol, une fillette très éveillée de 9 mois et demi.  Le jeune homme n’a aucune idée de comment être un père ni de comment être indépendant.   Il reste le fils de sa mère, omniprésente même si elle n’est plus là.  Et la découverte du personnage, en même temps que lui, a été un réel plaisir.  

 

Mais la première partie… oh my…

 

Je n’ai pas tout à fait compris le sens de ce long voyage, avec ses escales, avec un personnage détaché qui ne s’intéressait qu’à ses boutures, celles de sa mère, qui le rattachaient à elle.  Oui, je vois, certes.  Mais était-ce nécessaire de faire si long?  Par contre, dès l’arrivée au monastère, j’ai été séduite.  Autant par le jardin à l’abandon, par cette bourgade vieillissante où l’on parle une langue presque morte, par frère Thomas, frère cinéphile et polyglotte.  Mais surtout par la petite Flora Sol, par qui viendra la vraie révélation au narrateur, et qui lui permettra d’évoluer dans son deuil.  

 

De ce roman, j’ai aimé la plume fluide et douce, j’ai aimé la tendresse, j’ai aimé l’évolution du personnage principal, j’ai aimé les images et les symboles disséminés un peu partout, j’ai aimé les thèmes et les portes entrouvertes.  On pourrait reprocher un peu trop de bons sentiments et beaucoup de prévisibilité… mais bon, dans le contexte, ça passe.  Mais, et je me répète, la différence marquée entre les deux parties est ma foi… fort déstabilisante!  Il faut réussir à traverser cette looongue route!

 

Un auteur que je relirai, même si ce n’est pas un coup de coeur. 

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