Par une belle nuit d’hiver – Jean E. Pendziwol/Isabelle Arsenault

par-une-belle-nuit-d-hiver.jpgQuel bel album!

 

Bon, vous pourrez dire que l’hiver achève… mais peu importe.  Il y a dans ces quelques pages suffisamment d’amour et de tendresse pour réchauffer les coeurs, quelle que soit la saison. 

 

Ce magnifique poème s’adresse à un petit enfant qui dort et pour qui on peint tout un monde nocturne et enneigé, en commençant par un tout petit flocon.  Et soudain prend vie cette nuit d’hiver, avec sa neige qui craque et qui scintille, ses reflets d’argents sur les branches des arbres et son monde animal bien à elle.   Dans ma tête, j’ai imaginé un enfant endormi, inconscient de toute cette magie autour de lui, mais qui en verra les traces le lendemain, et qu’il pourra sans doute découvrir un jour.  Un mélange de calme et de vie qui fait sourire doucement.

 

Le texte est un magnifique hymne aux beautés de l’hiver magnifiquement illustré par Isabelle Arsenault, avec quelques pointes de couleur juste aux bons endroits.  On lit l’album, on le trouve magnifique, puis on lit la dédicace à la fin et il prend une dimension poignante.  Et on se rappelle alors que même si on ne peut pas toujours le voir, l’amour d’un parent (ou autre) est bien vivant autour de nous. 

 

Superbe.

Happy birthday to… well… me!

Pas le blog… la blogueuse!

Yep, une étape de plus vers the fearsome-fourty.  Dans deux ans.  

Mais bon, ma technique « me-prendre-6-mois-de-congé-différé-pour-avoir-hâte-à-l’année-terrible » fonctionne pas mal, en fait.  La panique n’est pas encore installée!

 

Et je fête comment?  Ben… en étant en formationd dans une province « étrangère » et en sortant mon anglais du placard (ok, j’avoue, il n’est jamais rangé super loin, je n’ai pas à me plaindre!).  Lucky me, la formation est cool et je considère ça comme un cadeau.  Soirée à Montréal avec meilleure-amie-d’enfance par la suite.  

 

Et je profite de mon cadeau (ma liseuse) depuis un bon mois, déjà!  J’adoooore ce truc!

 

Ya pire!

Bon 4 mars, tout le monde!

Beautiful disaster – Jamie McGuire

beautiful-disaster.jpgOk.  Comment vais-je parler de ce livre qui m’a fait passer par toutes sortes d’émotions over-contradictoires.   Je sens que je vais avoir du  mal à être disons… cohérente!  D’abord, j’ai pris ce roman tout de suite après Confiteor (dont je suis absolument incapable de parler… du coup, mon billet arrivera… un jour).  J’avais besoin d’un changement de langue, de contexte, de genre… de tout, quoi!  Après avoir vu passer coup de coeur par dessus coup de coeur je me suis dit « pourquoi pas »… et j’ai enchaîné avec ce petit roman young/new adult.  

 

Pas une mauvaise idée en fait hein… mais disons que ce ne sera pas un coup de coeur pour moi, même si je dois admettre que le début du roman fonctionne super bien et que j’ai vu pire comme écriture dans ce genre.  On rencontre donc Abby, 19 ans.  Elle a décidé d’entrer dans une université à l’autre bout du pays et ainsi de s’éloigner le plus possible du Wichita avec sa meilleure copine, America.  Là, elle veut être normale et loin des regards.  Bonne fille, bonne élève.  Sauf que bon, America est amoureuse de Shepard.  Shep est coloc (et cousin) de Travis (ce nom me fait et me fera toujours penser à tournevis.  Sauf que dans ce cas, screwdriver, ça lui va comme un gant), le Serial Fucker de l’université. 

 

Entendons-nous, no big surprise here.   Une romance à l’université.  Vous aurez remarqué que je n’utilise pas le terme « jolie » romance.  Parce qu’il y a un truc qui me dérange terriblement dans cette histoire,  C’est qu’il a un problème ce type.  Genre, vraiment.   Mais j’y reviendrai.  

 

Donc, au départ, en raison d’un problème d’eau chaude, Abby se retrouve à squatter chez Travis et Shep (avec America).  Le séjour se prolongera après un étrange pari (qui semble super bizarre sur le coup, mais ensuite, on comprend un peu mieux pourquoi Abby tient à l’honorer.  Un peu.)  Les deux deviennent copains et Abby n’a aucunement l’intention de devenir le numéro 843 (ou 942) sur la liste.  Toute cette partie est very cute, les moments entre les deux fonctionnent super bien, même si Abby est sooo clueless que c’en est parfois drôle.  Mais on la comprend un peu.  

 

C’est ensuite que ça devient heu… weird.  Il y a d’abord une transformation presque totale au plan du comportement qui est un peu difficile à assimiler et ensuite un certain comportement qui ne change pas qui est, lui, très difficile à supporter.  Ok, les deux sont impulsifs et tout mais bon, c’est quand même dangereux de regarder Abby quand Travis est dans les parages.  Imaginez de lui parler!  Disons qu’il est alors beaucoup moins mignon.

 

Ajoutons à ça des longueurs (les déclarations d’amour à répétition, ça peut devenir lassant) et une fin, une fin…  qui se passe de commentaires pour moi.  Too much.  Très, très too much.   J’ai soupiré et levé les yeux au ciel.  Plus d’une fois.  Mais je lirai le tome sur le POV de Travis.  

 

Pourquoi?  Parce que j’ai bien aimé le fait qu’ils en aient tous les deux vu d’autres (la scène chez les Maddox est super bien, je trouve), qu’elle ne se laisse pas impressionner par son crazy side (même si moi, je m’enfuirais en courant hein) et que les batailles m’ont bien plu.  Et je suis bien curieuse de voir le pourquoi du comment de la transformation extrême.  Et bon… si on exclut quelques coups de poings mal placés (non mais OÙ SONT les adultes dans cette université, pour que la moitié du corps étudiant puisse se faire péter le nez sans que personne ne réagisse), le couple fonctionne.   Et je lirai bien la première partie damn cute de son point de vue à lui, tiens!

Les étoiles de Noss Head – 3 – Accomplissement – Sophie Jomain

Noss-head-3.jpgJe sais, je sais, j’avais dit, après le tome 2, que je m’arrêtais là.  J’avais un mal fou avec l’héroïne.  Et avec le style.  Mais avec cette fin, je voulais savoir ce qui allait arriver.  Et même si je dois avouer que certaines décisions d’Hannah m’ont encore fait soupirer et que j’ai trouvé certains revirement un peu – voire même beaucoup –  faciles, j’ai quand même passé un bien meilleur moment de lecture que dans le tome 2. 

 

SPOILERS SUR LE TOME 2… ET LE TOME 1

 

Si on récapitule, à la fin du tome 2, Hannah était mordue par un ange noir, ce qui impliquait une douloureuse transformation pour la jeune fille.  Inutile de dire que son garou de petit copain ne l’a pas du tout bien pris.  Bref, il a un peu fichu le camp et aucun des deux ne le vit particulièrement bien, en fait. 

 

Hannah se réveille donc chez Darius, qui l’a prise sous son aile, dans la maison qu’il habite avec ses deux petits frères (adorables bestioles, ces deux-là… ils m’ont beaucoup fait rire).   Nous explorons donc l’univers des anges noirs, ma foi bien développé et avec une mythologie qui, encore une fois, se tient debout.   On sent que l’auteur maîtrise bien son truc, ce qui lui permet d’aller assez loin dans son univers. 

 

Étrangement, le style m’a moins déroutée que lors des deux premiers tomes.  Il m’a semblé plus fluide, moins simple, on nous donnait moins de réponses tout cuit dans le bec.  Bref, le lecteur avait à faire son travail de lecteur et ça m’a plu.   J’ai beaucoup aimé la relation qui se noue entre Darius et Hannah, et Grigori l’ange noir qui prend un accent pour avoir l’air sexy me fait bien rire.    

 

Ce tome, c’est la quête d’Hannah.  Je ne dirai pas la quête de quoi pour ne rien spoiler, tout de même.   Il y a beaucoup de péripéties, ça bouge et la fin est une fin en soi, ce qui signifie que je pourrais bien m’arrêter ici.  Un jour, je déciderai si je lis la suite. 

 

Je reprocherai une finale un peu hâtive, un peu too much à la sauce guimauve et, comme je le disais, quelques facilités mais en gros, ce tome conclut très bien la série et ne laisse qu’un seul élément un peu vague.  Une série qui pourrait bien se clore ici, avec un univers très bien dessiné et, selon moi, une évolution dans l’écriture.  Mon gros bémol aura été l’héroïne.  Parce que quand même, se demander pendant 2 tomes entiers comment une fille si immature pour son âge et désagréable pouvait attirer immédiatement la sympathie de tout le monde… c’est un peu inquiétant!

 

Toutefois, ne vous fiez pas à mon seul avis parce que cette série reçoit des critiques super élogieuses presque partout ailleurs sur les blogs.   Je crois qu’il n’y a que moi qui suis mitigée. N’hésitez pas à mettre vos liens en commentaire!

Le salon de décoiffure (Destination Monstroville – 2) – Sophie Rondeau

Monstroville-2.jpgCe petit livre a trouvé son chemin vers moi un peu par hasard.  Je n’avais pas lu le premier tome comme dans j’ai mon entourage des bestioles qui aiment beaucoup les monstres divers et variés (Trash Pack et Skylanders sont over-populaires par chez eux), je l’ai quand même sorti rapidement de ma pile.  Après tout, 120 quelques pages, écrites grosseur « lecteur débutant », ça se lit drôlement tout seul!

 

N’ayant pas lu le premier, j’ai déduit un peu qu’il s’agissait de l’histoire de trois enfants, deux frères et leur cousine, Zia.  Ceux-ci ont une grand-mère un peu spéciale… elle a déjà habité Monstroville, une ville bien particulière… et bien malodorante.

 

Ce tome s’ouvre sur un truc hoooorrible pour un enfant: Zia a des poux.  Horreur, malheur!  Peu tentée par les méthodes habituelles, les voilà partis pour Monstroville, chez le coiffeur Brossolu, qui est on ne peut plus ravi de cette visite.  Pas pour les humains, pour les poux!

 

J’ai beaucoup aimé ce court roman et j’ai bien hâte que neveu-Nathan soit assez grand pour pouvoir le lire tout seul, je suis certaine que ça va lui plaire.  Il y a beaucoup d’originalité (j’ai failli m’étouffer quand j’ai compris pourquoi ils étaient si contents de voir arriver les poux), une bonne dose d’humour et beaucoup de gros-monstres-horribles-pas-beaux-qui-puent, ce qui fera, j’en suis certaine, le boheur des petits et moyens cretons.   Ajoutez a ça des idées un peu saugrenues et un style simple et bien adapté au public cible et vous avez une bien jolie série!

 

Du coup, je vais tenter de mettre la main sur le premier tome.  Pour les avoir à disposition quand ce sera le moment!

Piment de cayenne et pouding chômeur (La vie épicée de Charlotte Lavigne – 1) – Nathalie Roy

vie-epicee-de-Charlotte-Lavigne.jpgCe roman, je l’avoue, c’est complètement et totalement à cause de Jules.  En effet, elle voulait ab-so-lu-ment rencontrer l’auteur au dernier salon du livre de Montréal et m’a tellement vanté cette Charlotte Lavigne, qu’elle considérait presque comme une copine que je me suis laissée tenter.   Et j’ai bien fait car j’ai passé un excellement moment avec ce petit monde et surtout avec Charlotte qui, quoiqu’en disent certains, ne me ressemblent pas du tout du tout.   Bon, je suis aussi gaffeuse et mes gaffes sont aussi heu… spectaculaires.  Mais c’est à peu près tout.  Moi et la cuisine, ça fait 2.  Voire même 3. 

 

C’est ce côté qui me faisait un peu peur, en fait.   Moi, la bouffe, vous savez…  je n’y connais rien du tout.  Et si j’aime bien manger, les descriptions de plats ne disent généralement rien à mon palais-pas-connaisseur.   Mais voyez-vous, ici, ça a totalement fonctionné pour moi.  C’est fou ce que ce roman donne faim!  Même que je me suis levée de mon divan et que j’ai fait cuire des pâts, ce qui est pou rmoi le summum de la gastronomie culinaire auto-effectuée.  Comme de quoi tout arrive!

 

Mais expliquons un peu de quoi il s’agit.  Charlotte a 33 ans.  Elle est recherchiste pour Totalement Roxanne, une émission de télé animée par ben… Roxanne, égocentrique au coton qui doit « se faire passer en premier » (gros éclat de rire ici… parce que cet argument est tellement souvent utilisé par ce genre de personne, c’est fou!) et qui en fait voir de toutes les couleurs à son équipe.  Charlotte est un peu – si peu – gaffeuse, a toujours des idées complètement folles, est terriblement intense dans tout, que ce soit dans ses amitiés ou dans ses amours et, surtout, elle adore cuisiner et recevoir.   C’est donc  au rythme de ses soupers (jamais simple… parce que pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué), de ses tentatives amoureuses et de ses projets dingues que passeront ces quelque 400 pages.  Vite.  Très vite. 

 

Charlotte a récemment rencontré Maximilien.  Maxou, comme elle l’appelle.  Pas de doute, ce beau diplomate français est l’homme de sa vie.  Mais entre sa mère cougar, son père à l’autre bout du monde, son meilleur ami gay (oui, je sais… mais don’t worry, ça passe super bien) et sa meilleure copine Aïsha, pas facile de s’intégrer dans son univers.    Vu comme ça, ça peut avoir des allures de Bridget Jones, mais ce n’est pas que ça et surtout, Charlotte est bien plus disons… rapide!   

 

J’ai beaucoup aimé que bien que le roman respecte les codes du genre, plusieurs clichés nous sont épargnés.  Les amitiés féminines ne sont pas parfaites, il y a des pointes de jalousie, des difficultés à l’horizon, ce qui est très réaliste.  Les amours ne sont pas parfaites non plus.  Les gens gaffent, reviennent (ou pas), ils décident de vivre avec l’autre (ou pas) selon ce que celui-ci est réellement.  De faire avec.    Ça change des héros parfaits.  Agréablement. 

 

Un roman frais, pétillant, qui nous fait sourire et passer un bon moment (quoi que la scène dehors à moitié habillée m’a rappelé de cuisants souvenirs, en fait… no comment). 

 

Et je vous ai dit que ça donnait faim?

 

Québec pas en septembre

Les variations Burroughs – Sylvie Nicolas

Variations-burroughs.jpgLa magnifique couverture et le mot « Burroughs » dans la titre a attiré mon attention.  De Burroughs, tout ce que je savais, c’était qu’il était un copain de Kerouak et de Ginsberg et qu’il avait raté, bourré,  une tentative de recréer la légende de Guillaume Tell, tuant ainsi sa femme au passage.   Bon, on en apprend pas plus dans le récit.   Mais n’empêche que cette combinaison de deux facteurs m’a fait découvrir un très beau texte.

 

Entre roman et récit, la narratrice revient à la source.  Et ce sont des fragments, un collage de souvenirs et de réflexions qui ressortent alors qu’elle parle à son frère, celui qui lui a offert une boîte de livres trouvés aux ordures et qui lui a ouvert la voie vers l’écriture. 

 

C’est un texte touchant qui nous est offert mais je me souviendrai surtout de la découverte d’une plume magnifique, d’une prose remplie d’images et de touches poétiques.   Le récit est parfois dur, parfois tendre, rythmé de moments-clés et de lettres à un ancien amour qui refuse d’être oublié.  C’est une narratrice qui tente de se cerner elle-même, de cartographier son territoire dans lequel elle erre un peu à l’aveugle, écrivant malgré tout, parfois même malgré elle-même. 

 

J’ai aussi retenu de belles réflexions sur la traduction, sur l’implication que ça implique.  Sur le besoin d’écrire aussi.  Et la recherche de l’amour d’une mère qui demeure fuyante.   Les courts chapitres forment tout cohérent, lié sans en avoir l’air par certaines phrases, certains motifs.   Allez savoir pourquoi, la scène de la bénédiction m’a tiré des larmes.  Et le choix des textes en exergue est fort judicieux.  Avec un petit coup de coeur pour celui de Vasko Popa, celui de la petite boîte. 

 

Je ne sais si le récit me marquera à long terme, mais une chose est certaine, il m’a fait passer une soirée à fleur de peau, où j’ai songé à la chance que j’avais d’apprécier les petits moments, ces instants d’éternité qui nous tombent dessus sans prévenir et où, surtout, j’ai tenté de tisser ma propre courtepointe de souvenirs d’enfance, où  figurent en bonne place mes parents, le chemin de l’école primaire, ma grand-mère (qui était la grand-mère de tous mes copains) et son appartement rempli de paillettes (au sens propre) ainsi que toute une bande de grands-oncles et de grands-tantes qui faisaient partie de nos vies (c’est ça quand grand-maman habite avec nous) d’enfants. 

 

N’allez pas croire qu’il s’agit d’un simple récit nostalgique.  J’y ai vu une réelle recherche de soi, en tentant une recherche dans les fondations.   Un beau texte.  Une belle lecture.

 

 

Québec pas en septembre

Ce qui ne tue pas – Emilie Turgeon

Ce-qui-ne-tue.jpgJe vous ai déjà dit tout le bien que je pense de la collection Tabou, chez les Éditions de Mortagne.  C’est de la littérature pour ados avec – du moins, je le pense – un objectif à la fois littéraire et éducatif.  Mais rassurez-vous!  Rien de martelé ici.  On ne vous fait pas une morale à 5 cennes.  Jamais.  Mais on retrouve des ados, des ados très très vrais,  dans des situations difficiles ou juste… des situations de l’adolescence.   Pour ceux que j’ai lus, on ne tombe jamais dans le sweet happy tout est parfait et ça va s’arranger comme dans le meilleur des mondes.   Les jeunes évoluent dans un parcours réaliste et dans un monde où personne n’est parfait. 

 

Bref, j’aime la collection. 

 

Et ce roman-ci ne fait pas exception. 

 

Le roman s’ouvre dans une chambre d’hôpital, sur Lili, 19 ans.  Le seul problème, c’est qu’elle ne devait pas se réveiller.   Avec Frankie et Liz, ses deux meilleurs amis, ils avaient choisi de mourir ensemble, de tout laisser derrière, parce qu’ils ne veulent plus de cette vie. Mais voilà, Lili n’est pas morte elle.  Mais elle est seule, seule et blessée, elle doit tout réapprendre.  À marcher, à être autonome, mais surtout à vivre.  Et à vivre avec son secret : ce n’était pas un accident.

 

C’est donc d’un pacte de suicide qu’il s’agit.  Qui a raté pour Lili. Elle se retrouve donc devant des parents épuisés, une soeur aînée trop parfaite… et un long processus de rééducation.  Seule. 

 

Inutile de dire que ce roman m’a énormément touchée.  J’ai eu les larmes aux yeux à plusieurs reprises, pour des conversations qui semblent toutes simples ou encore lors des moments où l’héroïne réalise certaines choses.  Au départ, Lili n’est pas une gentille ado attachante.  Elle est en colère, elle en veut au monde entier, elle est sarcastique et ne voit qu’un côté des choses: le sien.  Elle ne va pas devenir une jeune fille parfaite, loin de là, mais elle va tout doucement sortir de l’adolescence… ou du moins essayer.    J’ai énormément aimé les réactions de son entourage, qui essaie fort fort mais qui restent quand même avec leurs propres problèmes, leur propre humanité.    Un très beau roman, qui sonne juste. Même si Lili est parfois détestable, j’ai réellement eu de la peine pour elle.  Et de l’espoir, aussi.

 

Mon bémol (parce qu’il m’en faut bien un hein), concerne la réadaptation de la jeune fille.   Plusieurs le savent, je bosse en réadaptation.  Pas avec cette clientèle spécifique mais quand même, je sais comment ça fonctionne.  Du moins, chez nous.  Et là, je suis consciente que ma comparaison est biaisée et que peut-être que ce n’est pas partout comme ça au Québec, mais pour ma région, ce n’est pas super crédible comme services.  Une blessure orthopédique grave, un TCC avec des troubles cognitifs, une blessure à la colonne cervicale (pas légère… disons qu’elle est TRÈS chanceuse), et tout ce qu’elle a, c’est de la physio trois fois par semaines, deux heures par séance?   Pas d’éval cognitive, rien?  Pas de TS pour sa famille?  Et le tout à domicile en plus (sérieux, jamais on ne fait de suivi complet à domicile en réadapt dans ma région quand ils peuvent se déplacer… c’est un peu trop coûteux en terme de temps, surtout quand, comme dans ce cas, il ne s’agit pas de travailler avec le contexte de la maison… bref, je passe…).  Sur ça et une autre trame dont je ne parlerai pas ici.  Possible, soit… mais bon!

 

Mais savez-vous quoi?  Le reste du bouquin était tellement bien que j’ai très très facilement passé par dessus ce qui était pour moi des incohérences (et qui sont clairement là pour servir l’histoire) pour me concentrer sur le cheminement et le vécu de Lili et de son entourage, qui m’ont tous fait vivre beaucoup d’émotions. 

 

Et ça, c’est un signe, je dis!

 

Je conseille!

 

Québec pas en septembre

Confiteor – Jaume Cabré

Confiteor-copie-1.jpgOk.  Avertissement.  Je sens que ce billet sera tout sauf cohérent.  Ça vous arrive, vous, de lire une oeuvre littéraire et de vous sentir tout petits petits?  C’est ce qui m’est arrivé avec ce roman.   Il suffit que j’y repense pour être complètement bouleversée, totalement dépassée par ce grand roman.  Ce grand, grand roman.  

 

Je pourrais juste dire « Il faut le lire – il faut le lire – il faut le lire » mais je ne serais alors pas considérée comme une blogueuse sérieuse et légitime n’est-ce pas?   Je vais donc tenter de rassembler mes pensées et impressions et vous en parler un peu plus. 

 

Je pitche mais je vous avertis, avec mes mots, ça n’a l’air de rien.   Ce roman, c’est l’histoire d’Adria.   Ou plutôt C’EST Adria.  Toute son histoire, telle qu’il la raconte à la fin de sa vie, alors que son esprit s’enfuit et qu’il tente de se raccrocher à ce qui lui reste.  C’est sous la forme d’une longue lettre à la femme de sa vie que prends forme cette confession, cet aveu de culpabilité, d’être qui il est, d’être né où il est né.  Mais ce n’est pas que ça.  C’est aussi l’art, la guerre, l’histoire du mal (qui prend ici plusieurs formes), du pardon, de la rédemption (ou pas) de toutes les manières possibles.  Bref, c’est une grande histoire, qui nous balade de siècle en siècle à travers une narration virtuose et parfaitement maîtrisée.  

 

On passe du « je » au « il »  et d’une époque à l’autre dans la même phrase, les personnages se superposent, se répondent, peu importe leur siècle d’appartenance, les questionnements sont constants, soulevés de façon subtile (ce n’est pas le bon mot mais bon…) et les réponses ne nous sont pas imposées.  Jamais dans ces 780 pages je n’ai eu l’impression de me faire faire la morale.  Sous nos yeux défilent des drames, petits ou grands, historiques ou humains, des personnages à la psychologie étudiée, imparfaite, très humains, avec leurs réactions diverses aux événements, avec leurs failles, leurs petitesses.  Et leur grandeur parfois, à leur échelle.    La possible lourdeur est contrebalancée par un humour qui nous surprend au détour d’une page mais aussi pas une très émouvante histoire d’amitié qui reste malgré tous les malgré du monde.    Et par l’amour, toujours l’amour.  Qui prend plusieurs formes.  Malgré ça, nulle facilité dans ce roman, loin de là.  

 

Lire Confiteor (en plus de passer des heures sur internet pour tout savoir des lieux et de ce qui est évoqué), c’est accepter d’être bouleversé, ému, choqué parfois.  C’est en venir à confondre une âme humaine géniale qui s’effrite avec un monastère qui s’efface. C’est de voir l’avenir de l’homme en un violon,  C’est se sentir impuissant, sans voix.  C’est accepter que parfois, nulle rédemption n’est possible.  C’est se sentir emporté par les sentiments, par la fatalité.  C’est devoir refermer le livre parce que c’est juste trop.   C’est accepter de ne pas tout comprendre tout de suite, de voir la toile se tisser lentement mais sûrement sous nos yeux.   C’est se dire, que finalement, l’art est peut-être la seule rédemption possible…

 

Un roman puissant, génial, une oeuvre d’art en soi.   Sans blague.  Lisez-le!

 

PS: Vous savez comment je râle souvent contre les traductions?  Ben celle-là est géniale.  En plus, je lève mon chapeau au traducteur, Edmond Raillard (que je prends la peine de nommer) parce qu’un tel texte, une telle narration, ça a dû être disons… quelque chose!  Bravo!

Théorie de la vilaine petite fille – Hubert Haddad

theorie-vilaine-petite-fille.jpgCe roman, je voulais le lire.  Genre, vraiment.

 

En effet, je suis tombée amoureuse de la plume de Hubert Haddad avec « Le peintre d’éventails » et quand j’ai vu ce nouveau roman, c’est simple, il me le fallait.   J’avais une vague idée de m’être dit qu’en plus, le thème était ma foi fort tentant mais quand je l’ai ouvert, je n’avais plus aucune idée de ce que pouvait être le dit thème.   Du coup, après 50 pages, je me demandais toujours où l’auteur voulait nous emmener.  Idem après 100 pages.  Du coup, j’ai lu le début de la présentation de l’éditeur pour me situer un peu.  Et ensuite j’ai mieux apprécié.  Ce n’est qu’à la toute fin du roman qu’une bizarre d’impression m’est venue en tête.  Un drôle de sentiment de déjà vu…  quelques googlages plus tard, je réalisais qu’en fait, les fameuses soeurs Fox avaient existé « pour de vrai ».   Je pense, en fait, que l’avoir su plus tôt m’aurait davantage fait apprécier le roman. 

 

Entendons-nous, j’ai aimé, hein!  Je n’ai juste pas eu le même coup de coeur que pour Le peintre d’éventails.  Je n’ai pas retrouvé la plume fine et ciselée qui m’avait tant plu dans le premier livre mais l’auteur nous montre plutôt ici une autre palette de son répertoire.  Il réussit à créer une étrange atmosphère, avec des styles contrastants entre les dialogues et la narration dense.  Je suis d’ailleurs de plus en plus curieuse de découvrir toutes les facettes de sa plume!

 

Mais pitchons un peu.  Nous sommes en 1848.  C’est l’histoire des soeurs Fox qui nous est narrée ici, avec un point de vue choisi par Hubert Haddad.  Un point de vue qui peut sembler volontairement flou.  Le roman s’ouvre sur Kate, 11 ans, fille de paysans américains.  Somnambule, la jeune fille prétend entrer en contact avec un esprit, Mister Splitfoot.  Folie?  Supercherie?  Réalité?   Ces coups frappés dans la ferme familiale va devenir la source d’une célébrité étrange et la base du Modern Spiritualism, avec tout ce que ça implique de tables qui tournent, de Ouija et autres trucs du genre.   Et c’est à travers cette lunette que nous verrons défiler plus d’un demi-siècle d’histoire américaine, rythmée, entre autres,  par la guerre de Sécession et l’abolition de l’esclavage.  Exercice ambitieux où nous rencontrons plusieurs personnages réels et revivons par petites touches des événements qui éclipsent bien souvent les soeurs Fox et leur petite histoire à elles. 

 

Car, avouons-le, je n’ai pas réussi à m’attacher à ces trois soeurs. 

 

Toutefois, le portrait d’un monde mouvant, en plein changement, qui se cherche tant au plan idéologique que spirituel est réussi.   Et certains chants et poèmes insérés ça et là m’ont touchée droit au coeur, surtout les chants folkloriques ou les chants des esclaves.  

 

Bref, un roman pas toujours facile à cerner, très bien écrit, mais auquel il faut parfois s’accrocher un peu!