Mrs Robinson’s disgrace (La déchéance de Mrs Robinson) – Kate Summerscale

Mrs-Robinson.jpgQuel étrange livre que celui-ci.  J’avoue quand je l’ai ouvert que je ne m’attendais pas du tout à ça.  En fait, je m’attendais à lire un roman, alors qu’il s’agit plutôt d’un document.  Mais raconté avec une réelle trame narrative… bref, je sais, je ne suis pas over claire.  Mais passons!  

 

On nous relate en fait l’histoire vraie de Mrs Isabella Robinson, dame de l’époque victorienne, surtout en fonction du procès en divorce qui aurait fait la manchette à l’époque.  En effet, son mari la traine en cour pour adultère, avec en guise de preuve le journal de celle-ci, trouvé pendant qu’elle était souffrante.  À partir de ce moment, la question se pose : quelle part de vérité y a-t-il dans ces écrits?

 

A travers ce document, c’est surtout un portrait frappant de la justice matrimoniale à l’époque victorienne.  Incroyable de voir à quel point les hommes et les femmes sont traitées différement.  En effet, une femme adultère est coupable… tandis que pour un homme, il faut non seulement qu’il fricote ailleurs, mais aussi qu’il soit cruel ou qu’il abandone son épouse (et surtout que ça ne fasse pas plaisir à celle-ci).  Il en est de même pour l’opinion publique, qui condamne d’un côté et pas du tout de l’autre… bref, c’est terriblement frustrant que de lire tout ça.  Et ça nous rappelle que si oui, on a évolué, le sexisme est toujours présent, quoique d’une manière différente.  Non mais parce qu’elle était son épouse, les journaux intimes de cette dernière lui appartenaient à LUI par la loi… Fou, fou, fou!

 

Nous croisons aussi par hasard Dickens, Darwin et de nombreux autres personnages connus, bien que ceux-ci ne soient pas vraiment essentiels au récit.   Un portrait déconcertant et frappant de l’hypocrisie de l’époque, alors que l’apparence est tout ce qui compte et que la femme est hystérique par définition, le tout campé dans le contexte médical du temps.   

 

Donc, c’est bien fait.   Aucun doute là-dessus.  Pourtant, j’ai dû me forcer pour me mettre à la lecture et pour garder l’intérêt, surtout dans la première partie.  Mauvais timing, peut-être?  Ou alors trop grande prévisibilité du truc?  Quoi qu’il en soit, ça a été pour moi une lecture intéresssante, instructive pour les détails… mais pas passionnante en soi.  Parce que bon, en fait… qui est surpris??

 

C’était donc ma dernière lecture du mois anglais.  Si je n’oublie pas… je vous fais un petit récap demain??

The Moving Finger (La plume empoisonnée) – Agatha Christie

the-moving-finger.jpgJe pense que depuis le temps, je n’ai plus besoin de dire que j’aime Agatha Christie.  Lire ses romans me plonge toujours dans une petite parenthèse surranée et « confortable ». Malgré les meurtres, ceci dit.  Et celui-ci ne fait pas exception à la règle.  J’ai passé un super moment, avec de grands éclats de rire et du swoonage en prime.  Oui oui, je le jure!

 

Cette histoire est officiellement un « Miss Marple » mais celle-ci intervient très tardivement dans le roman. Nous suivons plutôt Jerry et Joanna Burton, exilés dans le petit village de Lymstock, dans la campagne anglaise.  En effet, notre homme vient de se crasher en avion et a besoin de repos, loin de sa vie trépidante à Londres.   Et sa sweet sister Joanna, elle-même en peine d’amour, l’accompagne.  Sauf qu’en frais de tranquilité, disons que ce n’est pas gagné.  Scandale au village: les gens reçoivent des lettres anonymes plutôt désagréables.  Et dans ce petit coin tranquille, ça fait parler.  Imaginez quand quelqu’un se suicide à cause d’elles!

 

Bien entendu, il y a une histoire de vilains dans tout ça mais c’est aussi limite une étude sociologique – à petite échelle – de village de Lymstock, avec ses petits mensonges, ses bassesses et sa vie de village, sans oublier les personnages succulents, de la vieille fille adorable à la femme du curé qui met tout le monde mal à l’aise, en passant par Megan, la jeune fille sauvage d’un notable de la ville.   Et pour moi, c’est complètement jubilatoire.  Que ce soit pour les discussions shakespeariennes (aux opinions ma foi originales), pour la scène digne de My Fair Lady (paraît que c’est mal mais j’adooore ce film), pour les moments soooo cute, les dialogues et les déductions de Miss Marple (qui, comme toujours, voit tout, l’air de rien), ce roman va, je le sens, faire partie de mon Top Agatha!

 

C’était donc mon billet Dame-Agatha pour le mois anglais… et il entre dans mon challenge The Unicorn and the Wasp, que je suis bien la seule à tenir encore, tiens!

 

Mois anglais 2014 - 1

 

Logo Unicorn and the Wasp

Crampton Hodnet – Barbara Pym

Crampton-Hodnet.jpgC’est donc avec ce court roman posthume que j’ai découvert Barbara Pym, auteure anglaise décédée en 1980.   Je retiendrai surtout une atmosphère « village anglais » en plein Oxford, des vieilles dames pas commodes et une envie de relire l’auteur, même si le déroulement de ce roman m’a un peu surprise, j’avoue. 

 

C’est une année universitaire (ou presque) que nous suivrons dans ce roman.  Entre les ventes de charité, les tea parties et les amourettes, la vie de ce coin de pays est agréablement recréée.  Nous rencontrons d’abord Miss Morrow et Miss Doggett, l’une étant la demoiselle de compagnie de la seconde, vieille fille de 70 ans qui compte bien avoir le contrôle sur tout son petit monde, qui a une opinion sur tout et qui considère limite sa demoiselle de compagnie comme un meuble, sans être pour autant franchement désagréable.  Juste un peu, en fait.  Je dois avouer que ce sont les deux personnages que j’ai préférés dans le roman.  Du coup, même si l’histoire des Cleveland est intéressante (j’ai beaucoup les personnages de Mrs. Cleveland et Barbara Bird), moi, j’aurais demandé beaucoup plus de witticisms entre Miss Morrow et Mr. Latiner, l’écclésiaste (je ne maîtriserai jamais les noms en français des divers membres du clergé anglais) et le seul qui traite Miss Morrow comme une égale, d’une certaine façon.  J’aurais aimé voir du « Crampton Hodnet » un peu partout, en fait.  Je ne vous dis pas ce que c’est mais disons que c’est une inside joke entre eux.  

 

Toujours est-il que l’histoire, qui semble concerner au départ davantage Miss Morrow, se détourne soudainement de tout ça pour se concentrer sur les Cleveland, dont le mari, un professeur d’université, se voit épris d’une étudiante éprise de romantisme, qui voit en lui la représentation de l’amour idéal… et platonique.  Entre les tribulations de Francis Cleveland, la réaction du village (tout le monde a vu quelque chose, of course) et celle de sa femme (mrs « keep calm »), toute la deuxième partie du roman est consacré à cet événement, ainsi qu’à la relation de sa fille avec un étudiant, dont, pour Miss Dobbett, le principal attrait est d’avoir une mère qui habite dans un quartier chic de Londres… quelle mère, d’ailleurs!

 

Des histoires d’amour étranges, des personnages hauts en couleur (Miss Morrow est à la fois intelligente et tellement out of it avec ses remarques qu’elle en devient drôle), une légère critique de société… et une bien agréable lecture!

 

mois anglais 2014 2

About a boy (A propos d’un gamin) – Nick Hornby

About a boyUn autre auteur que je découvre sur le tard.  À croire que je n’ai jamais rien lu de ma vie, n’est-ce pas!  J’ai choisi celui-ci pour une raison très simple: Hugh Grant.  Bon, ok, c’est con, parce que je n’ai même pas vu le film.  Mais quel plaisir de lire ce roman en imaginant les expressions « too good to be true » de Hugh Jackman quand il fait son anglais innocent!  

 

C’est l’histoire de deux solitudes qui se rencontrent.  Bon, dit comme ça, ça a l’air déprimant comme tout mais en fait, pas du tout.  Il y a beaucoup d’humour, voire même une certaine légèreté alors que les thèmes traités sont quand même assez sombres: solitude, dépression, bullying, relations familiales et immaturité chronique. 

 

Mais je ne vous ai pas dit de quoi ça parle, hein!  On va corriger ça.  Dans ce roman, on rencontre Will, 36 ans.  Will ne fait rien car son père (ou son grand-père… je ne sais plus) a écrit une chanson de Noël poche… et il vit sur les royalties.  Donc, son but dans la vie, c’est être cool.  Écouter Nirvana dans une voiture sport.  Porter le nouveau truc qui est « in ».  Écouter les bons disques.  Et surtout, ne pas s’engager.  Enchaîner les aventures.  Et un jour, il rencontre une mère célibataire.  Wow, se dit-il… une nouvelle « talle » de femmes à explorer.  Et comment ce charmant personnage fait-il pour rencontrer des mères séparées ou célibataires?  En joignant un club.  Et en se faisant passer pour un papa en manque de son fils pourvu d’une détestable ex.  Oui, je sais.  Pas super intègre comme truc.  Mais quand on est Will… c’est un peu un détail.  

 

Il va donc rencontrer, par événements interposés, le jeune Marcus.  Pour Marcus, ceci va se révéler une bien mauvaise journée.  Genre… pire que d’habitude car son quotidien n’est pas rose.  Trop adulte pour son âge, tout sauf cool… il vient de déménager à Londres et dire qu’il a du mal à s’intégrer serait un euphémisme.  Marcus va donc adopter Will.  Un peu contre la volonté de ce dernier, d’ailleurs…  

 

Bien entendu, on se doute que le type immature va se laisser toucher par Marcus et qu’ils vont se faire grandir l’un et l’autre.  Mais ce n’est quand même pas dégoulinant de guimauve.  Il y a des ratés, c’est plutôt drôle et tout ne se fait pas de façon super fluide.  Difficile de faire autrement quand on est embourbé dans des mensonges et des fausses vérités!   C’est d’ailleurs ce qui m’a plu, tous ces faux pas, ces situations folles, ces réflexions sorties de nulle part.  Et j’ai souri tout au long de ma lecture.  

 

Tout en imaginant Hugh Grant, of course. 

Ce qui ne nuit pas.  

Je conseille pour un bon moment!

Case Histories (La souris bleue) – Kate Atkinson

Case-histories.jpgBon, je sais, je sais, ça aurait dû être publié le 21.  Je l’ai fini le 21.  Mais par une raison étrange – qui échappe à ma compréhension, d’ailleurs – le billet a RE-FU-SÉ de s’écrire tout seul pour être publié à date.  Du coup, me voilà, de bon matin le 23 juin, au soleil, avec mon thé, à rédiger mon billet pour mon tout premier Kate Atkinson.  

 

Je sais, je suis en retard, c’est mal.  Mais en fait, je ne trouvais pas le premier et j’hésitais à commencer une – autre – nouvelle série.  Du coup, j’ai laissé traîner.  Et ce n’est qu’en raison d’une LC – que je n’ai même pas respectée, comme je l’ai dit 3 lignes plus haut, ce qui veut dire que je me répète (encore une fois) – pour que je me décide.  Et sincèrement, je me demande vraiment pourquoi.  C’est un mystère, certes (je ne sais jamais comment traduire « mysteries », mais un joliment écrit, avec en plus une construction fort intéressante.  Ce qui, dans mon cas, n’est pas rien.  

 

Donc.  Un premier Jackson Brodie, détective privé de son état.  Divorcé, sorti de la police, il gère maintenant – assez mollement – sa petite entreprise, tout en rêvant de France.  Il s’occupe de Binky Rain, vieille dame qui perd sans cesse ses chats ainsi que d’un homme qui se croit trompé.  Puis, un jour, apparaissent les soeurs Land, qui veulent qu’il enquête sur la disparition de leur petite soeur Olivia, décédée 34 ans auparavant.  Et Theo, qui veut trouver le meurtrier de sa fille Laura et qui ne vit plus depuis son décès.   Toutes des histoires dont nous avions eu un aperçu d’entrée de jeu, au début du roman, dans les différentes « case histories » dont le titre fait mention.  

 

Pour moi, ce n’est pas l’enquête en soi qui a été l’élément marquant de cette lecture.  Certes, c’est intéressant mais c’est surtout fort bien construit, avec des sauts dans le temps, des retour en arrière, des chapitres qui expliquent un blanc apparu un peu avant dans l’histoire et qui nous avait laissé des points d’interrogation dans les yeux.   Nous passons de la tête d’un personnage à l’autre, nous avons droit à leurs réflexions, leurs divagations.  Les liens se tissent, les choses sont introduites habilement, pas de suprise majeure mais au contraire, un déroulement qui se tient du début à la fin.  Sans compter un personnage fort sympathique de détective qui doit lui aussi dealer avec ses propres fantômes.   Les personnages sont tous profondément ébranlés par ce qui leur est arrivé.  La culpabilité du survivant, qu’on dit.  

 

Malgré tout ça, ce roman est aussi une comédie/drame (parce qu’on passe de l’un à l’autre) de moeurs où la société anglaise et les relations familiales en prennent parfois pour leur rhume.   

 

Bref, une série que je continuerai.  J’aime ce genre de roman!

 

Le mystère de Callander Square – Anne Perry

callander-square.jpgUn Anne Perry, c’est toujours étrangement réconfortant.  Même s’il y a des gens qui meurent, aussi bizarre que ça puisse paraître.   C’est encore le cas pour cette deuxième enquête de Charlotte et Thomas Pitt.   On retourne dans nos pantoufles de ce Londres victorien, où le paraître et l’étiquette sont respectivement roi et reine, quitte à ce que la vérité soit escamotée en quelque part sous un tapis (qui sera, of course, balayé par une soubrette dont les gens de la haute n’ont pas l’intention de tenter d’apprendre le nom).  

 

Charlotte et Pitt sont mariés.  Elle a fait une méga chute dans l’échelle sociale, ayant épousé un simple policier.  Leur histoire personnelle est ici en arrière-plan (bien loin en arrière-plan) d’une enquête de Thomas Pitt… dont Charlotte va, of couse, se mêler, à sa façon.   Dans un quartier huppé de Londres, on trouve des bébés.  Des cadavres de bébés, en fait.  Une servante ayant accouché d’enfants morts-nés?  Une liaison illégitime?  Personne n’en sait trop rien et l’enquête avance à pas de tortue…  

 

Miss Ellison (yep, la demoiselle a repris son nom de jeune fille pour enquêter) est donc référée par sa soeur, Emily, pour aider un ancien militaire à écrire la biographie guerrière de la famille.  Comme Charlotte adore l’histoire et qu’elle en connaît un brin, elle se distrait donc en tentant de faire parler les domestiques… et surtout en ouvrant grand les oreilles.  C’est que ce petit monde n’est pas toujours très sympathique au premier abord.  Souvent snob et craignant par dessus tout pour sa réputation, la bourgeoisie du square voudrait bien que la police s’éloigne un peu.  Entre le couple en deuil, la fille qui fricote avec le valet ou encore le mari qui met la main aux fesses des servantes, disons qu’ils ont bien des choses à cacher.  

 

Je ne vous en dirai pas plus mais si j’ai quand même préféré le premier tome (les autres, je les mélange.. je les lis dans l’ordre, là) et que bon, parfois, ça traîne un tout petit mini-peu, j’ai passé un très bon moment de lecture dans ce quartier fort bien décrit et pittoresque.  On se laisse balader par les événements, on aurait parfois le goût de souffler quelques trucs à l’oreille des enquêteurs… et on s’amuse bien!

 

Un bon moment de détente.  Comme tous les Anne Perry, quoi!

 

Toujours pour le mois anglais!

The king’s General (Le général du roi) – Daphne du Maurier

king-s-general.jpgC’est Bladelor qui m’avait donné envie de lire ce livre il y a loooongtemps.  Fallait juste le trouver.  Chose faite.  Il est trouvé.  Et lu.  Et aimé!  Pourtant c’est un roman différent des autres de l’auteur que j’ai lus à date.  Roman historique avec une touche de gothique, roman d’amour…  un peu de suspense mais beaucoup, beaucoup moins que dans Rebecca, par exemple. 

 

Le roman se situe au 17e, en Cornouailles, en pleine guerre civile anglaise.  L’histoire nous est racontée par Honor Harris, l’héroïne.  Si le premier chapitre est raconté au présent et nous présente une Honor qui sent que sa vie tire à sa fin, nous sommes rapidement projetés dans le passé, au moment où Honor, enfant, rencontre pour la première fois la famille Grenvile, en la présence de Gartred, sa belle-soeur, femme magnifique et cruelle.   Des années plus tard, elle fera la connaissance du frère de celle-ci, Richard, royaliste convaincu et étant définitivement de la même famille que sa soeur, côté caractère…   Et c’est à ce moment que son existence sera bouleversée, et pas seulement sur le plan sentimental.  

 

Il y a donc une histoire d’amour, certes.  Mais une histoire atypique, en pointillés.  Les années passent, les rencontres surviennent, les promesses sont brisées, tout ça sur fonds de guerre et de privations.  Richard Grenviles nous est raconté par Honor, qui l’aime mais qui le voit tout de même tel qu’il est : machiavélique, égocentrique, prêt à tout pour arriver à ses fins.  Très contesté chez les royalistes, souvent détesté des autres généraux, il ne sera pas seulement qu’un atout pour son camp.  C’est donc un sentiment particulier qui se dégage de cette relation, il nous est difficile de la comprendre… et pourtant, ça fonctionne.  

 

C’est aussi l’histoire d’un domaine, Menabily (qui existe pour vrai, qui appartenait vraiment aux Rashleigh et qui a, entre autres, inspiré le Manderley de Rébecca) et de son parcours pendant la guerre.  Il sera tour à tour habité, saccagé, pillé et est en lui-même un personnage du roman.  J’ai lu quelque part que les faits historiques étaient fort réalistes et documentés, ce qui nous permet d’avoir une bonne vision de l’endroit et de l’époque.  Bien sûr, on romantise un peu… mais malgré tout, on ne tombe pas dans l’idéalisation des royalistes ou de la cause.  Le temps passe, il y a des recommencements, des répétitions de l’histoire, des décisions douteuses… bref, la guerre….

 

Maintenant, je vous explique pourquoi j’ai tant aimé.  C’est que dans ce roman, j’ai un peu pensé au roman phare de mon adolescence, Autant en emporte le vent.  J’ai adoré Richard pour cette raison, ainsi que sa soeur Gartred, qui m’a fait fortement penser à Scarlett (oui, c’est une méchante mais je l’ai adorée dans l’histoire… voilà!).  Honor est également un personnage fort, qui refuse de s’apitoyer sur son sort, qui est très réaliste par rapport à elle-même et à ses failles.  Un personnage qui ne se cherche pas d’excuse.  De plus, mine de rien, c’est une histoire qui fait réfléchir.  Sur la guerre et sur la place des femmes dans celles-ci.  Les femmes qui restaient derrière, qui voyaient leurs hommes partir sans savoir s’ils les reverraient, les femmes qui devaient composer avec des soldats, faire vivre le domaine avec presque rien…  et dont peu de gens se souviennent.  

 

Ne serait-ce que pour ça, il faut lire ce roman.  

J’ai adoré!

 

Mois anglais 2014 - 1

 

From Notting Hill to New York… Actually – Ali McNamara

From-Notting-hill-to-NY.jpgDans ce mois anglais, à date, j’avais surtout eu des bonnes lectures.  Il fallait bien que la série se brise hein!  Sinon ce ne serait pas drôle.  Du coup, voilà.  C’est fait.  J’ai bougoné plus qu’autre chose avec ce roman qui se veut drôle mais qui a surtout été pour moi poussif… et vraiment téléphoné. 

 

J’avais pourtant bien aimé le premier tome (oui, ce roman est la suite de « From Notting Hill with love… actually).  Mais faut croire que la recette s’est essoufflée parce que je n’ai pas retrouvé la « cutitude » du premier tome.   Ici, miss Scarlett s’ennuie un peu avec son beau Sean.  Pas qu’elle l’admettrait, non… mais bon, elle se passionne pour twitter et son but dans la vie, c’est maintenant d’avoir des gens célèbres qui lui répondent sur le dit réseau social.  Je ne sais plus trop pourquoi (et ça, c’est mauvais signe), il lui propose d’aller passer une semaine à NY pour voir son père. Et allez savoir pourquoi, notre miss s’est mis dans la tête de retrouver l’origine d’une broche en forme de libellule imitation Tiffany.  Et l’histoire tourne autour de ça.  À NY.  Ce qui nous permet de naviguer d’un site de comédie romantique à l’autre et de (re)visiter NY par procuration, ce qui, techniquement, n’a rien de désagréable.  

 

Sauf que bon.  Bizarrement, ça ne le fait pas.  Du moins, ça ne l’a pas fait pour moi. Dès le début, c’était just too much.  Entre Scarlett qui se retrouve dans une émission télé… parce qu’elle a cru voir Colin Firth (ne posez pas de question… c’est incroyable, improbable… too much, quoi.  Oui, je sais, je manque de vocabulaire.  C’est pas pour rien que je ne suis pas auteur) et Oscar, l’ami gay de service, qui s’habille comme un arc-en-ciel sur l’acide, la coupe est rapidement pleine.  Et une fois arrivée à New York, d’une coïncidence à l’autre, Scarlett a une chance folle, rencontre des gens géniaux (et NON, ce n’est pas parce que je suis jalouse de Bradley Cooper)… et finit quand même par se questionner par rapport à Jamie,  correspondant anglais à NY, aussi dingue de films qu’elle.  

 

Mon problème?  Encore une fois, j’ai tout vu venir.  De loin.  Voire même de très loin.  Si j’ai bien aimé la pirouette finale (so cute), quand même, c’était un brin (voire même beaucoup de brins) trop facile pour une pro comme Scarlett.  Les références sont toujours expliquées en détails et sincèrment, mon avis perso, j’ai trouvé ça limite sans intérêt.  Oui, je sais, je suis vilaine.  

 

Bon, tout de même.  C’est tout plein de NY, tout plein de comédies romantiques, des moments drôles, ça donne envie de se replonger dans nos films doudous… et de faire une virée entre copines à New York, en espérant tomber sur Bradley (mais pas comme il est dépeint dans le roman).  Par contre, une Scarlett que tout le monde aime un peu trop et qui est un peu trop adulée… et un scénario un peu – beaucoup – mince.  

 

Je pense que ça me va.  J’ai assez donné.  Je ne suis vraiment, vraiment pas certaine de lire la suite.

 

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La vie très privée de Mr. Sim – Jonathan Coe

Vie-tres-privee-de-Mr-Sim.jpgOh que je sens que je vais avoir du mal à parler de ce roman!  C’est un Jonathan Coe hein… donc, c’est particulier.  Par définition.  Je vais donc essayer de vous donner envie sans trop en dire… ce qui ne sera pas chose aisée, je le crains!

 

Ce roman, c’est celui de Maxwell Sim, 48 ans.  Maxwell ne va pas bien du tout, en fait.  En congé pour dépression, il tente tant bien que mal de rabibocher sa relation avec son père exilé à l’autre bout du monde (littéralement… genre, en Australie) alors que sa femme a foutu le camp et que sa fille est de plus en plus distance.  Sans doute est-ce pour ça qu’il est fasciné par la relation d’une femme chinoise avec sa fille, alors qu’elles mangent dans un restaurant près de chez son père.   

 

Puis, un jour, on lui offre un emploi dans une compagnie de brosses à dents bio.   Sa mission – s’il l’accepte – (je sais, elle était facile), traverser l’Angleterre au volant d’une Toyota Hybride avec son seul GPS pour compagnie (j’en veux un  avec la voix de David-Chou maintenant) pour aller distribuer ses brosses à dents au bout du bout de l’Écosse.  Rien de moins.  À travers ce périple en solitaire, il aura l’occasion de réfléchir sur ce qui l’a mené là, sur son absence de combat, sur ses blessures et les choses qu’il n’avait pas comprises (et que nous comprendrons d’ailleurs bien avant lui).  C’est limite une recherche archéologique de sa propre vie.  Des bribes nous seront révélées à travers divers témoignages, lettres, essais… et petit à petit, on évoluera avec le personnage dans sa profonde solitude (réelle ou virtuelle) et on comprendra sa distance, sa difficulté à créer des liens.  

 

Le tout, avec des moments hilarants. 

 

Tout ce qui concerne le virtuel m’a fait mourir de rire (la prise de courriels… oh boy, le fou rire… l’histoire du forum… c’est TELLEMENT ça!) et les réflexions de Max, fasciné par un navigateur-imposteur d’il y a longtemps, nous amènent partout et nulle part.  Il réussit à accumuler échec sur échec, à faire tous les mauvais choix… et nous, on le regarde… et on rit.  Oui, c’est vilain, on ne devrait pas.  Mais bon, c’est comme ça.  

 

Je pourrais reprocher l’utilisation double d’un certain twist… mais après avoir tourné la dernière page, tout ce que je voulais… c’était en parler.  De la fin (que je ne suis pas certaine d’apprécier), de ce qu’elle représente, et tout.  Ça doit bien vouloir dire que le roman a atteint son but, non?

 

Mois anglais 2014 - 1

The grass is singing (Vaincue par la brousse) – Doris Lessing

The-grass-is-singing.jpg Doris Lessing est une auteure qui me laisse souvent sans voix.  Une auteure que je dois lire en respirant de temps en temps.  Et en réfléchissant.  Parce que sincèrement, c’est tout une écrivaine.  Avec des mots simples, elle crée un récit terriblement évocateur, où l’on est carrément transporté dans le tourbillon suffocant qui emporte Mary, le personnage principal. 

 

Le roman commence brusquement, avec un avis dans un journal.  Avis qui relate la mort de Mary, tuée par son serviteur Moses (probablement Moïse en français).  Dès le départ, on sait que ça va mal finir.  Et ensuite, on rencontre la même Mary, jeune célibataire en Rhodésie.  Issue d’une famille plus que modeste, elle est parfaitement heureuse comme elle est. Jusqu’à ce qu’elle entende, par hasard, que c’est quand même étrange qu’à 30 ans, elle ne soit pas mariée.  Une phrase.  Une toute petite phrase, qui va déclencher l’action qui va suivre.  Car Mary va se marier avec Dick, pauvre fermier du sud de la Rhodésie et qui, malgré sa bonne volonté et son amour de la terre, est limite incapable comme agriculteur.  

 

En plus de nous raconter l’évolution de Mary, qui passe de l’hyperactivité à la dépression, en passant par toutes les étapes qui y mènent, l’auteur nous ouvre une fenêtre sur cette Afrique coloniale où un racisme profond était ancré dans les moeurs.  Pour être accepté, il fallait adopter la manière de penser des blancs de la place.  Des idées tellement ancrées qu’un blanc pauvre est une menace à leur société, puisqu’ils sont presque « du niveau des noirs ». Le mépris et la crainte des  « natives » est palpable tout au long du roman.  Toute leur façon de vivre, toute leurs croyances sont basées là-dessus.  À part Charlie Slatter, riche fermier, voisin et « mentor auto-proclamé » de Dick, qui n’en a que pour l’argent et se fiche d’apauvrir son sol et sa femme, piquée au vif par le comportement de Mary, nous rencontrerons peu de membres de cette société fermée.  En effet, l’isolement des Turner est presque total et l’auteur réussit à nous refléter les sentiments de chacun des personnages de façon surprenamment aigüe.  La perte d’espoir progressive de Mary nous étouffe, même si elle n’est pas un personnage particulièrement attachant, avec son incapacité à supporter les noirs et son idéalisme enfantin du départ.  

 

À mesure que la peur globale va devenir plus personnelle, l’histoire se déroule de la seule façon possible et le tout donne ce roman profondément dérangeant et déstabilisant, malgré le peu d’action en général.  Y entrer, c’est prendre une grande bouffée de cette chaleur suffocante sous le toit de tôle.  Le personnage de Dick serait inspiré du propre père de l’auteur, pauvre fermier en Rhodésie.  Premier roman de Lessing, écrit à la fin des années 40, on y trouve déjà l’anticolonialisme qui caractérise certaines de ses oeuvres. 

 

À lire.  

Parce que bon, Lessing, elle avait vraiment du talent. 

 

mois anglais 2014 2